Les Veillées des maisons de prostitution et des prostituées/Texte entier

LES VEILLÉES

DES

MAISONS DE PROSTITUTION
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INTRODUCTION

Il commençait à se faire tard, les rues devenaient désertes, et comme il n’y avait plus guère d’espoir que quelques amateurs se présentassent encore, les st ! st ! à travers la grille de la porte de l’allée avaient cessé, et la vieille marcheuse, après avoir fermé le volet intérieur, était rentrée dans l’ouvroir auprès des demoiselles qui y étaient rassemblées.

Dans un sérail un peu comme il faut, on nomme assez communément ouvroir une petite chambre au rez-de-chaussée, où celles des prêtresses qui ne servent pas d’échantillon à la porte, s’occupent à travailler, et le plus souvent à ne rien faire, en attendant que les chalands se présentent.

Ce soir-là le sérail se trouvait presque au grand complet, et peu de ces demoiselles étaient dans leurs chambres, parce qu’on n’avait fait que des passes, et que pas un coucheur ne s’était présenté, toutes étaient d’une gaîté folle ; elles riaient de voir pleurer une de leurs compagnes, la petite Constance, fille à tempérament et qui était dans le métier non par intérêt, mais par goût pour le plaisir, et qui se montrait profondément affligée toutes les fois qu’elle se voyait privée du plaisir d’avoir pour la nuit un bon fouteur.

— Mais conçoit-on cette petite sotte-là, de pleurer comme ça chaque fois, dit la blonde Clarisse : eh bien ! quand tu te branlerais toute seule cette nuit, le beau malheur ! ça m’arrive assez souvent à moi, et dieu merci, il te passe assez de vits par les mains et par le con tous les jours pour ne pas te trouver si affectée parce que tu en manques pour cette nuit…

Toutes rirent de la saillie de Clarisse.

Au même moment on frappa un léger coup à la porte de l’allée, et une voix demanda à travers la serrure à la vieille qui était allée voir qui ce pouvait être, si Constance était là.

En entendant prononcer son nom, la jeune personne ne fit qu’un bond de sa chaise dans l’allée, manquant de renverser tout sur son passage et s’empressant de répondre : Oui, mon ange, me voilà.

La marcheuse venait d’ouvrir la porte de l’allée, l’ange entra.

C’était un gros joufflu de cocher de cabriolet, un des attitrés de Constance, qui, à la suite d’une partie d’amis, venait passer la nuit avec elle.

La petite putain lui sauta au cou en l’appelant son sauveur et en lui appliquant sur la bouche le plus lascif baiser, faisant frétiller sa langue amoureusement entre ses lèvres, elle se hâta de prendre la lumière et de monter avec lui chez elle, l’attirant, pour ainsi dire, par le vit le long des escaliers, il lui semblait qu’elle n’arriverait jamais assez tôt à sa chambre, tant elle craignait de voir s’échapper le bonheur qui lui était promis pour cette nuit, qu’elle s’attendait à son grand regret passer seule.

— Une longue privation de vits la rendrait folle, cette petite Constance, dirent les autres quand elle fut partie.

— Elle est bien heureuse, tout de même, dit une petite brune fort éveillée, elle a son affaire. Ah ! ça, qu’est-ce que nous allons faire, mesdemoiselles ? Je ne me sens pas encore envie de dormir : si nous envoyions Nanette auprès de madame pour lui demander sa lanterne magique, ça nous amuserait. Tu nous expliquerais les Tableaux, n’est-ce pas Nanette ?

— Je veux bien, répondit Nanette.

— C’est ça, la lanterne magique ! la lanterne magique ! s’écrièrent à la fois toutes ces demoiselles, et l’ambassadrice monta auprès de madame, qui, se trouvant ce soir-là en bonne humeur, ne fit aucune difficulté de condescendre au désir de ses pensionnaires. Nanette, enchantée du succès de sa démarche, redescendit la lanterne magique, et après avoir tout disposé convenablement, elle commença d’une voix nazillarde l’explication des Tableaux, explication interrompue plus d’une fois par les rires de ses espiègles auditeurs.


PREMIER TABLEAU

A ! fi donc !

La bégueule que vous voyez, et s’écriant : Fi ; donc ! en lorgnant du coin de l’œil le vit que venait de lui exhiber un jeune et joli garçon, est une de ces prudes comme on en voit tant, qui font les difficiles et qui brûlent d’envie d’être foutues. Celle que vous avez sous les yeux, d’ailleurs, n’en est pas à son apprentissage, et si vous voulez vous donner la peine de porter les yeux vers l’endroit où le jeune homme porte les siens, vous remarquerez une fente dont la dimension ne laisse pas le moindre doute que bien des vits et des mieux fournis encore, ont dû passer par là ; l’énormité de cette fente la rend si voisine du trou de son cul, que je défie au moindre morpion, tant petit fût-il, de faire la culbute sans tomber dans l’un des deux.

Aussi vous voyez que le jeune homme, qui de ces sortes d’exclamations sait ce qu’en vaut l’aune, ne se tient pas pour battu, et suivant le proverbe qui dit : à vit bandé point d’arrêt, il continue de trousser les jupes de la donzelle, et nul doute que cette scène qui (j’oubliais de vous le dire) se passe dans le bois de Romainville, ne finisse comme toutes celles de ce genre, c’est-à-dire, par l’intromission du vit de l’homme dans l’énorme vagin que vous voyez. Quant à moi, je lui souhaite bien du plaisir, mais je crois qu’il sera là fort à l’aise, car, foi de vieille putain, je ne crois pas qu’il y en ait une de nous, et même je ne m’en excepte pas, nous ayons une pareille conasse, et je pense qu’à la place du jeune homme, c’est moi qui, à la vue d’un pareil gouffre, aurais baissé pavillon et me serais écriée : Ah ! fi donc !

Ces demoiselles rirent beaucoup de la sortie de Nanette, et l’on passa au deuxième Tableau.



DEUXIÈME TABLEAU

Le passe-temps du Berger.

Ceci vous représente une scène dans les Pyrénées : un berger et une jeune bergère, obéissants à l’instinct de la nature, se polluent mutuellement, et préparent ainsi l’éjaculation de la divine liqueur.

Remarquez comme la petite bougresse tortille de l’œil de plaisir de tenir entre ses mains le membre charnu du montagnard. Toute simple bergère qu’elle est, on voit qu’elle ne donnerait pas ce qu’elle manie en ce moment pour une couronne de duchesse. Voyez quelle agilité, quelle souplesse dans son poignet : on dirait qu’elle n’a jamais fait que cela dans sa vie, et c’est pourtant la première fois que la nature a fait s’entendre ces deux amans ; jusqu’à ce jour ils s’étaient contentés de se regarder de loin et de se branler en secret à l’intention l’un de l’autre. Et lui, le coquin, quel ravissement il éprouve de rencontrer sous sa main une motte ferme et rebondie, de sentir la douce pression des doigts d’une femme glisser le long de son outil, qui n’avait eu jusqu’alors d’autre gaîne que le cul d’une chèvre. Vous riez, mesdemoiselles, et pourtant, croyez-moi, le berger que vous voyez là, a plus d’une fois enculé ses chèvres ; c’est d’ailleurs l’usage ordinaire aux pâtres de ces contrées, vu que le pays, offrant peu de ressources, ils n’ont pas toujours un con sous la main pour satisfaire leur appétit. Pour ce qui est des bergères de ces climats : comme elles sont naturellement ardentes, elles dressent leurs chiens à les gamahucher, et c’est d’elles que nos grandes dames en ont pris la mode ; mode charmante, d’ailleurs, car est-il rien de plus doux, en effet, que la langue d’un chien, et vous figurez-vous, mesdemoiselles, quelles sensations délicieuses on doit éprouver quand cette langue se promène du haut en bas et du bas en haut de notre clitoris, et appelle la décharge. Pour moi, dans mon jeune temps, quand il m’arrivait quelquefois de me livrer à cet agréable exercice, on eut pu me prendre pour hermaphrodite, tant je bandais ; ma lentille se grossissait et s’allongeait d’une manière effrayante, au point de dépasser quelquefois les babines de plus de trois pouces.

Mais passons au troisième Tableau.


TROISIÈME TABLEAU

Ma sœur, le docteur a dit, que je sortirai
quand je ferai bâton.

Scène d’intérieur d’un hôpital militaire ; scène comme on en voit tous les jours dans ces sortes d’endroits : un soldat à qui sa payse a donné ce que les troupiers nomment entr’eux une fièvre de culotte, s’est fait recevoir à l’hospice. Longtemps le pauvre diable a été dans un piteux état ; la payse l’avait soigné et avait été plus libérale dans ses faveurs envers lui : aussi a-t-il vu le moment où le chirurgien-major allait faire tomber la moitié de son engin sous le bistouri. Que de fois il a répété sur son lit de misère ces vers :

Je rumine ces maux que sur son lit endure,
Un pauvre putassier tout frotté de mercure.

Mais enfin la science doctorale a triomphé du mal ; il ne lui reste plus de l’atteinte syphilitique qu’un air de langueur qui s’en va chaque jour ; car à présent :

Son sang purifié coule libre en ses veines,
Et deux globes malins ne gonflent plus ses aines.

Aussi, voyez, quel tendre regard de reconnaissance il jette sur la jeune sœur qui l’a soignée pendant sa maladie. Déjà mon bougre, qui, il y a six semaines jurait de fuir toutes les femmes, et disait qu’il aimerait mieux socratiser tous ses camarades que d’aller s’y faire remordre, convoite sa jolie garde-malade ; il fixe sur la guimpe un œil libertin ; son imagination travaille ; il devine les charmes secrets que la robe de bure lui cache ; il les rebâtit un à un ; tétons rondelets, cuisses fermes, cul potelé, chûte de reins admirable, motte bien rebondie, entourée d’un poil noir et frisé ; rien n’y manque ; la vie revient à l’instrument : de mou et lâche qu’il était depuis l’invasion de la maladie, il devient ferme et menaçant ; il le sent se dresser le long de son ventre ; un sang brûlant court dans ses veines ; sa figure devient pourpre ; son œil s’anime au point que l’innocente religieuse en est effrayée, croyant que c’est un accès de fièvre qui saisit son malade, elle lui demande s’il se sent incommodé : au contraire, répond le malicieux militaire ; jamais je ne me suis mieux porté ; je peux quitter l’hôpital demain, et rejetant au loin draps et couverture : tenez, voyez plutôt, ma sœur, le docteur a dit que je sortirai quand je ferai bâton.

Admirez, mesdemoiselles, combien devant l’imprudence du chenapan, la jeune hospitalière conserve une apparence de tranquillité, quoique fort émue par le spectacle que présente à ses yeux ce vit ferme et rubicond ; elle ne laisse pas apercevoir l’impression que cette vue produit sur elle. Foi de putain, c’est de bien vertueuses filles que les filles de charité !


QUATRIÈME TABLEAU

Le peintre et son modèle.

Nous avons vu tout à l’heure le passetemps des bergers, et il me serait assez difficile de vous expliquer le Tableau que vous avez maintenant sous les yeux sans me répéter : puisque dans un tableau qui a pour titre : le Peintre et son modèle, c’est encore de branlades mutuelles qu’il s’agit, et qu’il n’y a guère de changé que le lieu de la scène. N’importe, je vais toujours essayer.

Ce n’est plus d’une simple et innocente bergère qu’il est question dans ce Tableau ; la putain que vous voyez est une dame de haute aristocratie qui s’est fait foutre par le tiers et le quart, la haute noblesse et le clergé y ont passé d’abord, c’est à présent le tour de la roture, et depuis qu’elle y a tâté, elle y a pris goût ; car de son aveu même : vit de manant vaut mieux que vit de prince. Dans son ardeur de foutre, elle descendra un à un tous les échelons de l’ordre social. Ne croyez pas surtout que ce soit le désir d’avoir son portrait qui l’a conduite chez le peintre que vous voyez. Son portrait, elle l’a déjà fait faire plus de cinquante fois dans toutes les grandeurs, dans toutes les dimensions, à l’huile, en miniature, au pastel, voire même au crayon ; dès qu’elle entend parler d’un peintre de talent, elle s’informe d’abord s’il est joli garçon, et sur l’affirmation, elle se rend chez lui dans le costume le plus coquet, on prend jour pour la séance, et ce jour-là on a la robe la plus décolletée qu’il soit possible, au point de laisser deviner, sinon apercevoir, les deux petites fraises qui ornent les deux plus jolis tétons du monde, en se plaçant pour que le peintre puisse commencer son travail, on arrange sa robe et on laisse voir une jambe faite au tour que recouvre un bas blanc bien tiré ; une douce langueur se peint dans les regards chaque fois qu’ils rencontrent ceux de l’artiste. Bientôt le peintre devine ce qu’on lui veut, car il n’y a plus à s’y méprendre sur la lascivité de ces piquants coups-d’œil. Oh ! alors le feu gagne, l’incendie se communique, et, jetant au loin palette et pinceaux, on jette le modèle sur un sopha, on le trousse, et on lui met en main un autre modèle, modèle qui n’a pas de copie, tant il est énorme, mais il ne le sera jamais trop pour la grande dame, qui bientôt, par de fréquents soupirs, laisse apercevoir combien elle est impressionanelle ; enfin, une mutuelle branlade n’est que le prélude de la scène qui se termine par une vigoureuse fouterie et toute imprégnée du sperme régénérateur. La noble putain prend congé du fouteur roturier, en lui payant largement la séance et en se promettant de lui en donner souvent de pareilles.


CINQUIÈME TABLEAU

Eh bien ! êtes-vous prêt ?

Ce tableau vous représente un de ces vieux célibataires, qui, après avoir usé leur jeunesse dans les plaisirs, et qui, ayant atteint un certain âge, ne veulent plus se marier, dans la crainte d’être cocus, prennent une petite chambrière à leur service. Ordinairement ces sortes de filles, qui se placent chez les vieux garçons, savent que c’est pour tout faire, et il y a des égrillardes qui sont naturellement friandes de ces sortes de conditions. Celle que vous voyez ici, a la mine d’une petite putain fort éveillée, voyez comme elle a retroussé sa chemise jusqu’aux aisselles, pour exposer aux regards de son maître le cul le plus potelé qu’il soit possible de voir. Malheureusement le bon homme n’est pas trop en disposition de la contenter pour le moment ; en vain, il entr’ouvre de temps en temps les petites lèvres du con de la petite personne, en vain manie-t-il ses fesses et les écarte-t-il. Pour dernière ressource, il s’est mis à genoux derrière elle, et les yeux fixés sur tant d’appâts, il s’est mis à saisir son misérable outil lâche et pendant, pour le branloter ; il reste dans son impuissance, et la petite bougresse, qui ressent une ardeur dévorante, commence à s’impatienter, et lui demande, en tournant la tête vers lui : Eh bien ! êtes-vous prêt ? — Tout à l’heure, ma chère petite : ne t’impatiente pas ; a l’air de répondre le vieux bande-à-rebours, en continuant à se polluer, lève davantage la croupe, mon cher ange ; écarte un peu les jambes, pour que mes yeux puissent mieux découvrir le centre des plaisirs. À présent remue un peu les fesses, comme si tu étais en action : cela m’animera, mon chou, et tout à l’heure je serai en état de te le mettre. Là, c’est bien ! Oh ! que tu es obéissante ! je vois le paradis ouvert ; que tes fesses sont blanches et potelées ! que ce petit clitoris est joli ! que ton petit poil est doux et frisé ! que les lèvres de ton joli petit conin sont roses et vermeilles ! Ah ! que tes mouvements sont gracieux ! Encore, encore ! ça vient. Ah ! ah ! mon amie, attends, attends, je vais à toi !

Ne croyez pas pour cela, mesdemoiselles, que l’instrument du vieux barbu aura raidi. Non ; son impuissance est restée la même ; il n’a eu qu’une velléité factice ; car avant d’avoir pu se relever, son foutre a coulé, mais sans rejaillir, sans s’élancer ; les quelques gouttes qu’il en a rendues, sont tombées devant lui, et la pauvre petite, qui en a été pour ses frais, implore au moins le secours du doigt de bonhomme pour l’aider à faire éjaculation du sperme qu’elle sent circuler dans ses veines.


SIXIÈME TABLEAU

Ah ! j’y suis !

Ce Tableau est la contre-partie de celui que nous venons de voir, quoique ce soit encore d’un célibataire qu’il s’agisse, mais celui-ci est encore vert, parce qu’il a su ménager ses feux dans sa jeunesse ; et c’est un gaillard qui, malgré plus de la cinquantaine, ne reculerait pas encore devant la prise d’un pucelage. Comme c’est un homme fort prudent et qui sait qu’une fois qu’on a manié les fesses de sa servante on n’est plus maître chez soi, il n’a pas voulu se donner de joug, et ne prend à son service que des femmes hors d’âge de lui donner l’envie de succomber en tentation.

Mais, allez-vous me dire, quelle est donc cette jeune fille in naturalibus étendue là sur le pied du lit et tournant le dos à l’ennemi ?

Cette jeune fille, mesdemoiselles, est la nièce du monsieur que vous voyez. En bon oncle il a voulu se charger de son éducation, et la leçon représentée ici, est au moins la vingtième de ce genre qu’il lui donne, et plus il l’instruit, plus la petite garce se montre désireuse d’apprendre : aussi est-ce chaque fois une nouvelle position que le paillard fait prendre à sa docile écolière. La manière de foutre, qui les occupe en ce moment, est celle que l’on nomme communément foutre en levrette, et c’est une posture des plus commodes, en ce qu’elle favorise beaucoup le vit, qui peut s’y employer, ainsi dans toute sa longueur, qu’il y est enfoncé jusqu’aux couilles. On a quelquefois un peu de peine à trouver l’ouverture, parce que fort souvent on glisse sur le clitoris au lieu d’entrer droit dans le vagin, qui se trouve un peu plus bas. Pour éviter cet inconvénient, c’est à l’homme à passer une main devant les cuisses de la femme pour entr’ouvrir par devant la route des plaisirs, tandis que de l’autre main il guide son vit par derrière et le place juste à l’embouchure ; c’est ce qu’a fait notre gaillard, qui s’est écrié avec satisfaction : Ah ! j’y suis ! Voyez comme à présent ses deux mains sont placées sur les deux tétons de la petite, dont ils chatouillent les extrémités, tandis que son vigoureux braquement travaille l’intérieur du conin de sa petite personne, qui remue les fesses avec une vitesse incroyable. C’est bientôt de la part de nos deux personnages un chorus d’exclamations : Ah ! mon bon… oncle. — Ma pe… ti…, te nièce ! — Ah ! ah… quel plaisir !… je meurs… attends… attends… dé… chargeons,… en… semble… ah ! ah !…

Et bientôt, sans égard pour la parenté, le foutre de l’oncle et celui de la nièce se mêlent, en les plongeant tous deux dans l’extase la plus complète.


SEPTIÈME TABLEAU

Finissez donc, M. Jules, votre maman
appelle.

Ce tableau vous représente un petit collégien en vacance, et recevant de la femme de chambre de sa mère sa première leçon d’amour ; car, ne vous y trompez pas à l’exclamation de la putain : Finissez donc, M. Jules, votre maman vous appelle : vous pourrez penser que c’est contre son gré que le jeune homme en est venu là, et qu’il n’a tenu aucun compte de la résistance qui lui était faite. Oh ! qu’il n’en est pas ainsi : qu’il a fallu au contraire d’avances de la part de la camériste, pour amener l’adolescent à oser ce que vous lui voyez faire en ce moment ; tantôt c’était une gorge à peine couverte, qu’on montrait à ses yeux, tantôt une jambe faite au tour, qu’on découvrait sous prétexte de rattacher sa jarretière. À la fin, la nature parlant au cœur du jeune homme, il avait fini par lutiner à son tour celle qui le lutinait ; à rendre agaceries pour agaceries.

C’est d’ailleurs le sort de presque tous les jeunes gens de famille de perdre leurs prémices avec les femmes de chambre qui sont dans la maison. Ordinairement ces femmes-là approchent communément de la trentaine, si elles n’ont pas au-delà de cet âge, et alors, si on peut se servir de la comparaison de Gentil Bernard :

C’est le soleil dans son midi.

Leur con n’est qu’une vaste fournaise ; on dirait qu’elles ne respirent que pour foutre, et c’est pour elles un morceau de roi qu’une éducation à faire, de pouvoir manier une petite pine qui n’a pas encore acquis tout son développement et de serrer, de soupeser de petites couilles qui promettent de devenir plus tard un vaste réservoir de semence.

Voyez, comme la bougresse que nous avons sous les yeux tortille de l’œil ; elle en a laisser tomber le plumeau qu’elle tenait à la main, et bien que le vit de son jeune fouteur n’ait pas assez de dimension pour remplir son objet élargi par le fréquent emploi qu’elle en a fait, elle n’en a pas moins de plaisir, et on ne l’entend plus dire : Finissez donc, M. Jules, au contraire, elle serre les cuisses pour mieux engaîner l’outil ; un mouvement convulsif agite ses fesses ; le moment de la crise approche ; elle va recevoir les premiers jets d’un foutre qui n’a encore coulé pour personne ; elle n’a plus d’autre pensée : en vain la mère de l’écolier fait entendre la sonnette, appelle Justine. Bas ! Justine presse sa monture, entr’ouvre sa charnière avec une agilité incroyable en poussant de profonds soupirs et en disant : Va, mon roi ; va, mon ange. Oh ! oh ! quel plaisir tu me fais avec ta jolie petite gogotte… encore,… encore… mon chérubin. Ah !… ah ! ah ! ah !… Et ce n’est qu’après avoir déchargé plusieurs fois et reçu d’abondantes éjaculations du petit bougre, que Justine se trouve tout à fait calme.


HUITIÈME TABLEAU

L’assurance mutuelle.

Ce tableau est ainsi nommé, à cause de l’objet que vous voyez ; la jeune fille, placée à genoux sur le lit, porter à sa bouche, et qui, sous son souffle, prend la rondeur et la consistance d’un vit. Le vulgaire appelle communément ces sortes d’objets redingottes anglaises, parce qu’on prétend que ce furent les Anglais qui, voulant se garantir de l’influence variolique des femmes de l’Inde, en firent les premiers usages. On leur a donné un autre nom plus élégant, et sous lequel on les désigne devant les oreilles les plus chastes : c’est le nom des rubans, et les femmes préfèrent ce nom coquet à l’autre, parce qu’il donne une idée de parure, et le vit étant le dieu des femmes, elles aiment assez tout ce qui rappelle leur culte pour lui.

L’utilité des redingottes anglaises, ou rubans, ne saurait être contestée : ils servent, comme nous l’avons déjà dit, à garantir de la contagion syphilitique l’un ou l’autre sexe ; mais il a en outre pour les femmes l’avantage de les débarrasser de toute crainte de se voir engrossée. La femme, qui trompait son mari, craint d’introduire des bâtards dans le lit conjugal ; la jeune fille qui trompe la vigilance de sa mère, et redoute qu’une subite rotondité ne vienne un jour trahir les tendres faiblesses, en fait également usage. Et ne croyez pas, mes demoiselles, (mais d’ailleurs vous le savez aussi bien que moi), que le plaisir entre deux amants soit moins vif dans l’action du coït, parce que le vit de l’homme sera coiffé de cet objet ; cela n’ôte rien aux douces sensations que l’un et l’autre éprouve ; le frottement des parties n’en est point gêné ; la pélicule dont la redingotte est faite est si fine, qu’une fois adaptée à l’instrument, elle semble en faire partie, car à travers cette pélicule filet, prépuce et jusqu’à l’incarnat de la tête, rien ne disparaît, tout reste, et comme je viens de vous le dire, c’est à peine si l’on s’apperçoit de ce supplément.

Ce n’est qu’à l’instant du spasme amoureux, du délice, au moment où sentant le plaisir circuler dans toutes ses veines et que son foutre va s’élancer, que la femme sent qu’il y a entre sa semence et celle de l’homme un objet qui s’interpose et les empêche de se mêler. Elle ne reçoit pas au fond du vagin le liquide brûlant qui la fait tomber en syncope, mais les embrassements, les étreintes sont les mêmes ; les soupirs n’en sont pas moins fréquents, et les titillations du plaisir moins vives, et après les plus copieuses décharges, con et vit se séparent n’emportant que l’idée du bonheur qu’ils ont goûté, sans qu’il vienne s’y mêler cette tristesse qui jette souvent dans l’âme la crainte de la maternité ou de la vérole.

À l’aide de ce moyen, le jeune couple d’amants que vous avez sous les yeux va se livrer au plaisir en toute sécurité. Voyez comme la petite bougresse sourit à mesure que le vent gonfle la coiffure qu’elle se dispose à mettre sur le priape de son amant qui, fièrement dressé, attend ce vêtement, assurance mutuelle de la santé de tous deux. Le libertin ! Pendant que sa maîtresse s’occupe du ruban, il a retroussé la chemise de lin de la belle et fixe les yeux sur un petit conin à lèvres roses, entouré d’une bordure de poils d’un noir de jais et placé entre deux cuisses d’une blancheur d’albâtre. Cette vue lui donne tant d’ardeur, qu’il a à peine assez de patience pour attendre à commencer la douce affaire, que son vit soit habillé, comme dit la petite personne qui fait mille singeries avec l’instrument avec lequel elle se reporte aux jours de sa naïve enfance et joue comme avec une poupée. Bientôt ce doux badinage les a jeté tous deux dans un tel délire, qu’ils ne peuvent plus se maintenir, et, se plaçant à califourchon sur le vit de son amant, la petite putain fait bientôt jouer ses charnières et soutire au milieu des plus tendres exclamations une décharge qui, sans la redingotte, eût bien pu lui rester sur le cœur, tant elle était lancée avec force.


NEUVIÈME TABLEAU

Ah ! le bon bouillon que j’aurai.

J’aurais de la peine à vous dire auquel des deux personnages que vous voyez, échappe cette exclamation, ah ! le bon bouillon que j’aurais ; si c’est à la putain étendue sur la table de cuisine et qui sent qu’elle va recevoir dans le con une copieuse décharge, que peut-être elle appelle un bouillon, ou au Jean-Jean qui l’exploite et qui jugeant avec raison que sa dulcinée doit être satisfaite de ses vigoureux coups de cul, lui destine le bouillon réparateur de ses forces perdues qu’il voit fumer sur l’angle du buffet, quoi qu’il en soit, un mot sur cette scène.

L’attitude des personnages est des plus burlesques : dans l’ardeur qui les anime ils ne gardent plus aucun ménagement, foutre est ce qui les occupe, le militaire a mis culotte bas pour être plus à son aise et l’a laissé retomber jusque sur ses talons, son schako roule à terre et lui naturellement si propre, si soigneux, n’y fait pas la moindre attention, n’est affairé que du bouillon qui fume et du plaisir que lui donne sa maîtresse, il couve des yeux l’une et l’autre.

On voit qu’il prend goût à la besogne, voyez comme ses yeux sont animés et comme ils brillent de plaisir, ses deux mains sont passées sous les fesses blanches et fermes de sa robuste partenaire, dont la gorge découverte expose à la vue deux tétons de la plus grande beauté, une cuisinière a souvent plus d’appâts qu’une princesse et la cuisinière est un morceau très-recherché du militaire.

Quant à elle, la bougresse, elle ne sait plus où elle en est, c’est à peine si elle a assez de force pour se retenir d’une main à la table, qui est en ce moment le trône des plaisirs, ses yeux sont fermés tant le chatouillement qu’elle éprouve est grand, elle a croisé ses jambes sur les reins de son fouteur, afin d’y joindre plus étroitement, son con n’est plus qu’un vaste réservoir de foutre, il coule à flots, elle rend trois et quatre décharges pour une : Ah !… ah !… s’écrie-t-elle, mon ami… va… va… jusqu’au fond… ah ! ah !… tu me vas au cœur… tu fous comme un ca… pi… taine… comme un ma… jor… oh ! oh !… gé…né…ral… Ce n’est qu’après l’avoir gratifié des plus beaux grades qu’en répétant une dernière fois… Ah ! je n’en puis plus, je me meure !… qu’en sentant le foutre de son amant se mêler au sien, elle en rend elle-même encore une cinquième et copieuse libation.

Quoique les militaires n’ayent jamais que des amours de passade comme ils les appellent, ils font encore une distinction entre les cuisinières bonne enfant et les chipies, les bonnes enfants sont pour eux, celles qui leur repassent de temps en temps une carotte par le trou de lavier (terme militaire), et qui surtout dans les ébats amoureux se laissent injecter le foutre dans le fond du vagin au lieu de désarçonner le cavalier et de retirer l’oiseau de la cage au moment où la semence va s’élancer comme font les chipies. Le militaire aime à avoir naturellement ses franches coudées et ne connaît pas de demi jouissances, aussi la cuisinière, qui craint de se voir engrossée et refuse de recevoir la décharge est-elle rarement sans être abandonnée par son amant après un court laps de temps. Au lieu qu’on a vu des militaires conserver toujours la même particulière pendant tout le séjour dans une garnison et cela sans le moindre désir d’en changer, ni la moindre velléité d’infidélité, parce qu’ils savaient que leur objet aimerait mieux dans l’action sucer jusqu’à la moindre parcelle de leur foutre que d’en laisser tomber une goutte par terre.

Nul doute que la putain que nous avons sous les yeux ne soit du nombre des bonnes d’enfant elle étreint trop amoureusement son cavalier et ses jambes croisées le retiennent trop bien pour que l’on doive supposer qu’elle veuille qu’il se retire au moment de la décharge.

(Ici l’explication des tableaux fut un moment suspendue par un profond soupir de la petite brune qui avait envié une heure avant le bonheur de Constance allant coucher avec son conducteur de cabriolet. Tous les regards se portèrent sur elle et l’on s’aperçut que la petite putain excitée par les tableaux et la lasciveté de leur explication, avait passé une main sous ses jupons et n’avait pu résister au désir de se branler, ce qui lui avait arraché le soupir interrupteur, elle venait de décharger. La gaîté que cet incident avait fait naître chez ces demoiselles étant un peu calmée, Nanette continua en passant au dixième tableau.)


DIXIÈME TABLEAU

Le fâcheux contretemps.

Le tableau foutro-tragi-comique et qui est des plus utiles aux fouteurs, en ce qu’il leur démontre qu’ils ne doivent point conserver d’animaux domestiques dans la chambre pendant qu’ils prennent leurs ébats ; car enfin, mesdemoiselles, que serait-il advenu au malheureux que vous voyez, si le chat au lieu de s’attacher à sa fesse eut jeté ses deux griffes sur les deux pendeloques placées entre ses jambes et nommées testicules, à cause, dit-on, que dans l’action du coït elles servent comme de témoins, mot que l’on exprime en latin (à ce que j’ai appris dans mon jeune temps d’un petit clerc de notaire), par N… Que serait-il advenu dis-je, à notre fouteur, si le malencontreux chat se fut attaqué là. Le mieux qui eut pu lui arriver c’eut été de n’être que châtré.

Supposons un instant, mesdemoiselles, pour donner plus d’intérêt au tableau, que l’homme que nous voyons-là est un de ces soupirants, qui poursuivent de leurs yeux une femme pendant six mois avant d’oser s’expliquer catégoriquement sur leur passion qui lui arrachent ses faveurs une à une, heureux d’avoir pu après trois mois de soins obtenir la permission de déposer un baiser sur ses lèvres, il y a pourtant encore de ces céladons là dans le siècle où nous sommes. Eh bien ! admettons qu’un beau jour échauffé par une pointe de champagne bu dans un dîner avec un ami, il ose se montrer plus pressant avec sa belle et celle-ci lassée du rôle ridicule que son sentimental amant l’aura forcée de jouer si longtemps, se sente pressée de se débarrasser du sperme dont toutes les parties de son corps régorgent, cède à ses instances, qu’arrive-t-il, c’est qu’autant il y aura en plus de fausse pudeur chez la belle jusqu’à ce jour, autant il y a moins de retenue chez elle, quand vient le moment de la défaite et sous prétexte de rendre son amant plus heureux, mais bien plutôt pour obéir à sa propre lascivité, elle se débarrasse de tout vêtement robe, jupe, corset tout tombe, tout disparaît, il ne reste plus que le vêtement obligé que par raffinement de renommée pudique, elle conserve et peut-être aussi parce qu’en se démettant de ce dernier voile de ses charmes, quelques imperfections de nature pourraient frapper les yeux de son amant au lieu que dans l’attitude qu’elle a conservée, il ne voit que cent appas qui lui font tourner la tête ; ici ce sont deux jolis tétons blancs et fermes dont le bouton vermeil appelle le baiser ; en relevant la chemise ce sont des fesses à faire renaître à la vie un mort, des cuisses charmantes et une petite motte, grasse, rebondie, et ombragée d’un duvet de soie au milieu duquel on distingue une petite éminence rosée qui se roidit d’avance sous l’empire d’une voluptueuse pensée, enfant de l’imagination la plus libertine et qui savoure d’avance le plaisir qui lui est promis. Que de trésors offerts aux yeux d’un amant, aussi l’ardeur mutuelle des deux personnages est-elle bientôt au comble, ils se sont disposés à jouir de la suprême félicité par les plus doux préliminaires, chatouillement de langue ; léger branlement du clitoris et pollution élégante et gracieuse de cinq jolis doigts de rose sur le membre de l’homme, rien n’y a manqué, aussi la bougresse que ces bagatelles de la porte ont mises hors d’elle, se laisse-t-elle aller mollement sur son lit en disant, ah ! mon ami… mon bon ami mets le moi, je t’en supplie donc… donne moi… du bonheur comme tu m’aimes.

Aussi passionné, aussi rempli de désirs qu’elle même, il se rend à ses vœux, et déjà braqué à l’embouchure, la tête altière de son vit est prêt à s’engloutir dans le joli étui qui lui est présenté. Mais, ô fâcheux contretemps, le chat qui était occupé à jouer avec une pelote, voyant le fessier de notre homme à découvert et trompé par la couleur qui lui promettait quelque mets de son goût, s’élance et se cramponne à une fesse, ce qui fait jeter un cri terrible au pauvre fouteur, et la douleur se trouvant tout à coup plus forte que le plaisir, il débande avant d’avoir pu pénétrer dans le sanctuaire, tandis que le coup de cul qu’il donne nécessairement en rejettant en arrière, va retentir au con de la déesse qui se pâme, ferme les yeux et décharge au milieu des plus doux ravissements.


ONZIÈME TABLEAU

L’ouvreuse indiscrète,

Le tableau est une des plus plaisantes que nous ayons vus, cette petite figure de vieille entrouvrant la porte et derrière elle cette grande dame jettant dans la loge un curieux coup d’œil, sont d’un effet tout pittoresque ; le personnage qui se retourne au bruit et qui sans désemparer de la place qu’il occupe, maudit l’ouvreuse indiscrette, est heureusement exprimé, quant à la jeune personne à genoux sur le tabouret, les deux bras appuyés sur le velours de rebord de la loge, si elle s’occupe de ce qui se passe derrière elle c’est seulement du vigoureux outil qui la perfore, car pour la porte, elle ne l’a même pas entendu tant elle appartient tout entière aux délicieuses sensations qu’elle éprouve, ses yeux sont fermés, le spectacle est ce qui l’occupe le moins, elle n’est plus au théâtre, que dis-je, elle n’est même plus de ce monde elle est ravie au septième ciel, et si ce n’était de temps en temps un soupir étouffé et le léger frémissement de ses fesses, on la prendrait pour une statue inanimée, elle jouit en silence, c’est une décharge conditionnelle, elle prise le foutre c’est le mot.

C’est qu’aussi le gaillard qui la soigne, la soigne bien et y met toute l’ardeur dont il est capable, et à sa carrière on peut juger qu’il ne manque pas de vigueur.

Mais je vous vois rire, mesdemoiselles, pourquoi, ah ! j’y suis, c’est que vous trouvez que mon personnage ainsi vu par le dos, ressemble beaucoup à…… qu’il a comme lui la tête un peu en…… C’est possible, mais cela ne fait rien au sujet qui nous occupe.

Je vous disais donc que le personnage en question chatouillait la petite personne de la bonne façon et que jamais ce petit con là n’avait été à si bonne fête, en effet, voyez comme il a sa main droite amoureusement passée sous le ventre de la belle, je suis sûr que du bout du doigt il lui frotte doucement le clitoris et fait ainsi deux besognes à la fois, de là les nombreuses décharges de la petite bougresse, car c’est un plaisir bien grand pour elle, une double jouissance de se sentir ainsi à la fois branlée et foutue. Oh ! qu’elle regrette maintenant que ce soit dans cette loge, où des regards curieux peuvent plonger, que soit placé le lieu de la scène dont elle est en ce moment la principale actrice, si elle était chez elle, libre, en tête à tête avec son amant, avec quelle ardeur elle se livrerait à lui, comme elle lui donnerait plaisir pour plaisir, lui rendrait coup de cul pour coup de cul, tandis qu’ici elle est forcée de rester immobile, de recevoir le plaisir sans le donner, toute son attention elle la met à masquer les mouvements de son fouteur ; car si dans la salle on s’apercevait de la moindre chose, si le parterre naturellement plaisant se doutait le moins du monde de ce qui se passe au-dessus de lui, ce serait des cris, des trépignements, oh ! elle en mourrait de honte.

Nous devons supplier, mesdemoiselles, que l’ouvreuse que nous voyons ici a du être diablement distraite pour commettre l’inconcevable bévue dont nos deux intéressants fouteurs ont failli d’être victimes. Car dans presque tous nos théâtres les ouvreuses sont bien dressées à cela, c’est même un des revenants bons de leurs métiers. Si l’on en croit l’article sur l’ouvreuse de loges inséré au tome 4, du livre des Cent et un, que j’ai attrapé dernièrement sur la table de nuit de madame et que j’ai lu, pourvu dit l’auteur de l’article qu’on se montre généreux envers elle on n’a rien à craindre de son indiscrétion, on peut faire tout ce qui plait dans la loge sous entendu foutre et refoutre sans qu’elle s’en inquiète ou vienne vous déranger le moins du monde.


DOUZIÈME TABLEAU

Je veux le père capucin.

Ce douzième et dernier tableau vous représente la supérieure d’un couvent, pressée par trois rivaux également ardents de faire un choix et la bougresse qui n’est pas sotte, au lieu de s’en rapporter à la vue extérieure des trois concurrents veut connaître à fond leurs qualités physiques, c’est pourquoi elle leur commande de mettre toutes pièces à l’air, et ici, remarquez, mesdemoiselles, l’étonnante différence qui existe entre ces trois vits, ils ne sont égaux ni de forme, ni de dimension, ni de longueur, mais le plus extraordinaire des trois c’est sans contredit celui du long et sec jésuite que vous apercevez à votre droite avec son chapeau en forme de lampion sur la tête. C’est une piètre pièce qu’il offre là à la lasciveté de la religieuse, pauvre outil qui en partant de la racine est déjà d’un volume si mince et pour comble de ridicule se termine par la tête en pointe d’asperge. Le ciel vous garde mesdemoiselles, d’un pareil engin il n’y a pas grande jouissance à en espérer, aussi vous voyez qu’en femme qui connaît la valeur des choses. La mère supérieure malgré l’air doucereux et patelin avec lequel le frère Ignace lui présente son morceau, le rejette ; elle pencherait plutôt pour le carme déchaussé qui est au milieu, mais celui-ci présente une autre difformité, son vit est bien gros sans doute, mais il est extrêmement court et puis la tête en est extrêmement large, et présente une surface qu’on ne peut mieux comparer qu’à la surface d’un champignon, ce qui fait craindre à l’abbesse qu’elle en souffrira pendant l’action, car enfin, quelque large que soit un con il a toujours une mesure et quand le calibre du vit qu’on y introduit dépasse cette mesure, il en résulte nécessairement une sorte de douleur qui nuit beaucoup au plaisir que d’ordinaire on doit éprouver dans la copulation. C’est donc au père capucin placé à votre gauche qu’elle donne le prix et le désignant du doigt, en même temps qu’elle retrousse ses cottes et écarte les cuisses : Je veux du père capucin, dit-elle, et c’est qu’en effet, voilà un vit comme il faut quand on veut jouir du plaisir dans toute sa plénitude ; c’est là un vit comme le décrit Piron dans son chapitre général des Cordeliers :

Long, sec, mutin et carré.

Et c’est bien à ce vit qu’on pourrait appliquer ces vers inédits d’un auteur moderne :

Quel maître vit ! c’est mieux qu’un vit de carme
Grosseur, longueur, il a tout amplement.
Qu’on doit bien foutre avec tel instrument,
Et qu’en un con l’on doit faire vacarme.

Parmi les vits elle serait générale
Si l’on devait en former une armée,
Et l’on verrait ce sceptre monacal
En peu de temps digne de renommée.

Oui voilà, Mesdemoiselles, l’engin qu’elle juge le plus convenable de contenter sa convoitise notre abbesse, aussi vous voyez que d’avance ses yeux brillent de plaisir et la vue seule de ce vigoureux membre la fait décharger comme si déjà elle le sentait dans son conin. Toutefois nous devons supposer que la paillarde n’aura pas voulu faire deux malheureux et qu’après avoir assouvi quelque peu sa passion avec le capucin, elle aura tâté également du champignon du carme et de l’asperge du jésuite.


ÉPILOGUE

La revue des tableaux était terminée ; Nanette venait de souffler les lumières placées derrière la lanterne magique quand la petite brune s’écrie :

— Oh ! si tu voulais. Nanette pour finir la soirée nous raconter ton aventure de jeunesse avec ton maître de dessin, tu sais combien nous aimons à t’entendre répéter.

— Oui, oui, s’écrièrent ces demoiselles, le maître de dessin ! le maître de dessin !

— Valentin, dit Nanette, j’aime le souvenir du beau vit que j’eus alors sous les yeux, quoique ce soit toujours avec un nouveau regret que je songe que je fis la sottise de n’en pas jouir : écoutez donc.

J’étais dans ma quinzième année, et un chirurgien qui visitait souvent ma mère avec laquelle il était on ne peut plus intimement lié, voulant me donner des preuves de l’intérêt qu’il me portait, par contre-coup me proposa un maître de dessin de ses amis qui s’offrait de me donner ses leçons gratuitement. J’acceptai avec empressement une proposition qui flattait mon inclination et le maître parut.

Dès la première visite il me donna des preuves non équivoques d’un goût décidé pour moi. Vous avez, me dit-il, une figure qui annonce les meilleures dispositions et je crois, que je pourrai bientôt vous rendre habile dans mon art, puisse-je y réussir de même dans celui d’aimer… Après ce très-petit préliminaire, voulant me dessiner ce qu’on appelle sur modèle il m’en exhiba un d’une grosseur énorme, dont il voulait que je parcourusse de l’œil et de la main toutes les dimensions, j’espère, me dit-il, que peu de maîtres seraient dans le cas de fournir d’aussi bons originaux.

« Une jolie femme qui se décide à embrasser la profession que vous avez choisie, doit bannir ces préjugés d’éducation décorés des grands mots de pudeur, décence, honnêteté, etc. Ses yeux doivent s’accoutumer à tout voir sans être blessés et puisqu’elle sort du cercle habituel et étroit des connaissances ordinaires à son sexe, elle doit y laisser les pusillanimités qui les escortent. Ainsi, croyez-moi, vous avez des dispositions dont il faut profiter. Ne vous bornez pas au petit genre, la nature morte n’offrirait point de ressources à vos talents, jettez vous sur l’histoire ce doit être là l’unique objet de vos études. »

Interdite du discours de mon peintre et de son action, je n’osais ni fuir ni lever les yeux sur lui. Il s’aperçut de mon embarras, voulut en profiter pour me donner cette première leçon dont je comprenais assez l’objet, car en disant ce terrible jettez-vous sur l’histoire, mon audacieux Appelle y joignait le geste. Que vous dirai-je, en véritable sotte et en fille qui ne connaît pas encore le prix des choses, je m’échappai de ses bras malgré les efforts qu’il faisait pour m’y retenir, je me dérobai à la leçon à la morale et surtout à l’énormité du modèle, dont je n’ai jamais vu par la suite de copie fidèle quelques perquisitions que j’aie faites pour m’en procurer.

Que ceci vous serve de leçon, mesdemoiselles, ajouta Nanette, en terminant et ne laissez pas échapper les occasions ; on les regrette toujours, rappellez-vous du proverbe trivial, mais vrai : qui refuse, muse.

Après cette conclusion, ces demoiselles se séparèrent et se retirèrent chacune dans leurs chambres respectives, et il est plus que probable que l’imagination échauffée par les tableaux qui avaient passés sous leurs yeux, plus d’une fit pendant la nuit ce qu’avait fait la petite brune pendant l’explication que donnait Nanette, que plus d’un doigt libertin et joli alla s’égarer sur les clitoris rosés, et fit jaillir d’iceux le foutre, cette divine liqueur, présent des dieux, qui après avoir crée les hommes sert encore à leurs plaisirs.


FIN