Les Trophées/À Leconte de Lisle

Les TrophéesAlphonse Lemerre. (p. iii-iv).
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À LECONTE DE LISLE.



C’est à vous, cher et illustre ami, que j’aurais dédié ces Trophées, si le respect d’une mémoire sacrée qui, je le sais, vous est chère aussi, ne m’eût interdit d’inscrire un nom, si glorieux soit-il, au frontispice de ce livre.

Un à un, vous les avez vus naître, ces poèmes. Ils sont comme des chaînons qui nous rattachent au temps déjà lointain où vous enseigniez aux jeunes poètes, avec les règles et les subtils secret de notre art, l’amour de la poésie pure et du pur langage français. Je vous suis plus redevable que tout autre : vous m’avez jugé digne de l’honneur de votre amitié. J’ai pu, au cours d’une longue intimité, comprendre mieux l’excellence de vos préceptes et de vos conseils, toute la beauté de votre exemple. Et mon titre le plus sûr à quelque gloire, sera d’avoir été votre élève bien aimée. C’est pour vous complaire que je recueille mes vers épars. Vous m’avez assuré que ce livre, bien qu’en partie inachevé, garderait néanmoins aux yeux du lecteur indulgent quelque chose de la noble ordonnance que j’avais rêvée. Tel qu’il est, je vous l’offre, non sans regret de n’avoir pu mieux faire, mais avec la conscience d’avoir fait de mon mieux.

Recevez-le, cher et illustre ami, en témoignage de mon affectueuse gratitude, et comme il serait malséant de clore sans le vœu traditionnel une épître liminaire, quelque brève qu’elle soit, permettez que je vous souhaite, à vous et à tous ceux qui feuilleteront ces pages, de prendre à lire mes poèmes autant de plaisir que j’en eus à les composer.

JOSÉ-MARIA DE HEREDIA