Calmann Lévy (p. 14-15).
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IX


Les soirs d’été, aux couchers du soleil, il leur arrivait de monter sur leur toit, qui était en terrasse, à la mauresque. Alors elles échangeaient le bonsoir avec d’autres femmes, qui vivaient comme elles, et qui étaient perchées sur le haut des vieux murs, dardant leurs yeux noirs sur la Kasbah, comme les cigognes des ruines.

Elles voyaient de là toute une série monotone de terrasses blanches, et puis deux choses qui se dressaient tout près d’elles dans le vaste ciel lumineux : l’antique mosquée de Sidi-Abderhaman, avec ses carreaux de faïence verte et jaune aux nuances crues, tranchant sur la chaux sans tache, — et, à côté, la silhouette raide d’un palmier. Au loin, c’était la Méditerranée, unie comme une grande nappe d’azur et, dans la direction de Sidi-Ferruch, un plan de montagnes rouges, sur lesquelles des champs d’aloès marquaient des marbrures bleuâtres.