Premières Poésies : 1883-1886Société du Mercure de FranceLes Syrtes. Les Cantilènes (p. 67-68).


CHIMÆRA


J’allumai la clarté mortuaire des lustres
Au fond de la crypte où se révulse ton œil,
Et mon rêve cueillit les fleuraisons palustres
Pour ennoblir ta chair de pâleur et de deuil.

Je proférai les sons d’étranges palatales,
Selon les rites des trépassés nécromants,
Et sur ta lèvre teinte au sang des digitales
Fermentèrent soudain des philtres endormants.


Ainsi je t’ai créé de la suprême essence,
fantôme immarcessible au front d’astres nimbé,
pour me purifier de la concupiscence,
pour consoler mon cœur dans l’opprobre tombé.