Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/Par mille cruautez amour me tyrannise

XXXIIII.



Par mille cruautez amour me tyrannise,
Et des horreurs de mort il estonne mon cœur,
De souci, de tourment, de peine, de douleur
Il m’agite, destruit, me travaille, me brise.

Ainsi qu’il prisonnier qui desire franchise
Je tasche de fuir de mes seps la rigueur,
Et par quelque malheur finissant mon malheur,
Mon ame delivrer des nœuds où elle est prise.

Je romps doncques mes seps je denoue mes nœuds,
J’estains pour tout jamais les brasiers de mes feux,
Despitant de l’amour l’insolente puissance.

Mais bandeau furieux retire toy de moy,
Qu’amour soit doux ou fier si tiendray-je ma foy,
Car j’ay juré de vivre en son obeissance.