Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/Las je souspire en vain puis que sans esperance

XVII.



Las je souspire en vain puis que sans esperance
Je chemine à tastons par le sentier d’amour,

Tout ainsi que celuy qui privé de ce jour
Le desirant tousjours n’en a point la presence.

Sans poids je vay levant de mon sort la balance,
Qui ne s’arreste-point, mais en son quart detour
Remuë incessamment, & detour & retour
Me montre la fortune, en sa vaine inconstance :

Soit ce qu’il en pourra, j’aymeray la rigueur
Du tourment agréable, où demeure mon cœur,
Qu’ores l’espoir abuse, & ores reconforte.

En l’erreur de mes yeux, je conduiray mes yeux,
En mon sort incertain, je verray si les Cieux
Guariront la fureur du mal qui me transporte.