Les Siècles morts/Préface du tome II

Les Siècles mortsAlphonse Lemerre éd.II. L’Orient grec (p. i-xiii).




L’AUTEUR s’efforça, dans un premier recueil de poèmes, d’évoquer les plus anciennes civilisations orientales. Chacune d’elles portait une empreinte profonde et une marque particulière. La Khaldée, l’Egypte, Israël-Kenaan, l’Eran, semblaient surgir dans un isolement farouche. Les guerres établissaient seules entre les races de rapides et sanglants contacts. Les Dieux, maîtres jaloux de territoires immenses ou restreints, ne franchissaient pas les limites de leurs domaines. Chaque ville même s’enorgueillissait déposséder un temple dédié à une divinité spéciale.

Quelles idées étaient communes à ces peuples, dont une splendeur matérielle dérobait encore la barbarie primitive ? Quelle fut, pendant de si longs siècles, l’influence réciproque de l’Egypte et de la Khaldée ? Il est difficile de le préciser. C’est sur Israël et sur la côte Phénicienne que se manifesta seulement l’action diverse, mais très sensible, de ces deux grands empires.

Sans doute, les Phéniciens, par leurs navigations ou leurs caravanes, servirent d’intermédiaires entre les pays les plus éloignés. Par eux s’échangèrent les différents produits, les métaux, les étoffes, le verre, les pierres précieuses. Mais voués au négoce, âpres au gain, les rudes marchands de Tyr et de Sidon durent se préoccuper fort peu de recueillir les légendes cosmogoniques ou les symboles religieux des peuples qu’ils visitaient. Lorsqu’ils achetaient, à Memphis ou à Babylone, la statuette d’une divinité étrange, il est probable qu’ils ne songeaient point à demander l’explication de ses attributs ni même peut-être à s’enquérir de son nom.

Il fallait, pour remplir la mission à laquelle faillirent les Phéniciens, une race choisie, intelligente et curieuse, sans préjugés, pauvre et libre, capable de décerner de plus grands honneurs au sage qui rapportait de ses voyages quelque connaissance nouvelle qu’au stratège qui n’avait conquis que de périssables cités.

Le monde connut cette race divine, fille des plus nobles Dieux qu’il honora jamais, mère de la Sagesse et du Beau, éducatrice des âmes, révélatrice de l’Harmonie, abeille immortelle qui butina sur toutes les fleurs et transforma tous les sucs en un miel si parfumé que les lèvres humaines n’en goûtèrent qu’une fois l’enivrante et glorieuse saveur.

Les Dieux heureux d’Hellas avaient vaincu les monstrueuses divinités de l’Asie ; le Grand Roi et ses hordes avaient fui devant les libres défenseurs de la Grèce. Un chœur merveilleux, fait de toutes les voix héroïques, écho de toutes les poésies, chanta dans Athènes ressuscitée. Des statues parfaites peuplèrent les rampes de l’Acropole, et la grande, la prudente, l’harmonieuse, la divine Pallas se dressa dans l’azur éternel. Le Parthénon fut le sommet sacré sur lequel l’humanité pensante fixe encore ses yeux reconnaissants. Le siècle de Périclès révéla tout ce que l’âme des hommes pouvait contenir d’idéal et d’enthousiasme pour la Beauté.

En même temps que les chefs-d’œuvre naissait une curiosité universelle. Déjà Hérodote, en visitant les sanctuaires de l’Egypte, avait noté certaines analogies entre leurs Dieux et ceux de sa patrie. La Philosophie s’emparait de ces données récentes. C’est une loi reconnue que l’esprit religieux décroît à mesure que grandit l’esprit philosophique. Les Dieux, considérés d’abord comme des êtres de réalité, les Dieux que l’on adore, que l’on supplie, en qui l’on espère, n’apparaissent plus que comme des conceptions abstraites et leur existence même semble subordonnée à celle de l’esprit qui les rêva. Un abîme sépare les Dieux d’Hésiode de ceux d’Euripide. La tradition religieuse et mystique a fait place à la libre et changeante métaphysique.

Mais Platon, mais Aristote étaient morts ; le génie d’Hellas ne leur survivait qu’avec peine. Les rivalités des cités, les luttes intestines, l’arrêtaient dans son vol. Un changement immense, une transformation matérielle et morale étaient nécessaires pour le favoriser encore.

Alexandre conquit le monde.

Certes les nations domptées, l’Egypte, Babylone et la Perse ne pouvaient compter parmi les peuples barbares, Les ruines de leurs palais, leurs inscriptions, leurs sculptures, tous ces vestiges étonnants que notre siècle a rendus à la lumière, attestent un passé glorieux et une civilisation avancée. Mais la liberté manquait à leur art comme à leur pensée. L’Hellénisme ne tenta pas la tâche impossible de restituer une vie factice à leurs religions séculaires ; mais recueillant les dogmes, s’initiant aux mystères, il pénétra les mythes, en interpréta les symboles et en dégagea l’essence,

La vieille Athènes ne se prêta point volontiers à cette évolution de l’esprit grec. Les écoles de philosophie s’y rattachèrent longtemps encore au Lycée ou à l’Académie. Athènes, toujours vénérée comme une mère, était cependant à moitié ruinée. Une autre ville, récente et merveilleuse, offrit aux méditations des sages l’asile de ses écoles royales. Alexandrie, capitale de l’Hellénisme, emporium de l’univers, marché ouvert au commerce du monde, en devint aussi le centre intellectuel. Toutes les sciences, encouragées par les Lagides, y fleurirent en paix à l’ombre du Musée et des Bibliothèques. Astronomie et mathématiques, histoire et géographie, poésie et philologie, études mythologiques ou morales, aucune branche de connaissances ne fut négligée. , pour ainsi dire, aboutissait la pensée humaine.

Les religions diverses et les systèmes étrangers étant mieux connus, leurs points communs apparurent. La critique engendra le syncrétisme. Quelque innombrables que soient les formes des mythes et des doctrines, leur origine humaine est identique. Le fond même des idées religieuses et cosmogoniques est peu vaste : le soleil, grand principe générateur ; l’élément humide, principe fécondé ; la nuit et l’hiver, images de la mort ; le jour et le printemps, images de la vie et de la résurrection des choses. Leur succession régulière symbolise l’action de la nature. Cependant, quel qu’en soit le nom, des forces supérieures, émanées d’un Être invisible, régulateur du monde, ne président-elles pas à l’éternel mouvement ?

L’âme des hommes n’était plus assez jeune ni assez crédule pour se complaire encore aux fables dont les premiers poètes avaient charmé son enfance, ou pour s’émouvoir des mystères dont les sacerdoces t’avaient épouvantée. Toutes les Divinités qui peuplaient l’univers lui semblaient fragiles et comme transparentes. A travers elles, la raison soupçonnait un principe unique, dont elles n’étaient que des manifestations particulières. Tous les Dieux de toutes les races, d’abord reconnus comme frères, unirent bientôt leurs attributs et leurs légendes pour se fondre en un être encore vague et impersonnel, Daimôn plus philosophique que religieux, mais néanmoins actif et universel.

Cette conception de l’unité divine que l’Hellénisme s’efforçait défaire sienne, existait déjà mais sous une forme absolue et théocratique. Israël, armé de sa foi, défendu par sa Thora, soutenu par ses prophètes, avait opposé au Polythéisme sa croyance en un seul Dieu, Après chaque désastre, la Tige de David refleurissait toujours sur les ruines. Longtemps Israël résista à toutes les persuasions comme à toutes les persécutions. Contre les rois Séleucides se dressèrent les princes Haschmonides, Mais la Judée était trop rapprochée de Pergame et d’Alexandrie, pour que l’esprit nouveau n’agitât pas la partie intelligente de la population. Des princes, des pontifes même, prêtaient aux voix étrangères une oreille intéressée. Le temps n’était plus Jérusalem pouvait s’isoler sur ses collines ; des gymnases s’ouvraient ; des statues impies se dressaient sur les places publiques ; tout ce que la vie grecque offrait de charme et de liberté se révélait à Israël, Iahveh se refusait bien à reconnaître des égaux divins ; mais son culte jaloux et les prescriptions étroites de ses cérémonies ne suffisaient plus à quelques-uns de ses adorateurs,

De jeunes Judéens avaient accompli le voyage d’Alexandrie ; des communautés juives les y accueillirent ; leur séjour s’y prolongea ; ils rencontrèrent dans la ville un temple presque semblable à celui de Jérusalem et, séduits peut-être par de belles magiciennes, éblouis par tant de merveilles, flattés aussi de voir leurs livres sacrés étudiés et traduits en grec, ils rapportèrent, avec des mœurs nouvelles, le souvenir de l’éloquence des sophistes et une vague tolérance qu’eussent condamnée les vieux nabis.

Du reste, il en fut alors en Israël comme il en sera toujours dans l’humanité. Si les Juifs hellénisants montraient un esprit plus libre et plus dégagé, la réaction fut d’autant plus violente. Les Hassidim firent retentir contre eux toutes les imprécations des anciens prophètes. Les discussions religieuses cachèrent des compétitions politiques ; deux partis, celui des modérés et celui des intransigeants, ne cessèrent plus de lutter, jusqu’à l’heure la Cité sainte, victime des Zélotes et des Sicaires, s’écroula dans les flammes.

Si Israël subit vraiment l’influence de l’Hellénisme, celle qu’il lui communiqua ne fut pas moindre. Quel fut l’apport réciproque ? D’une part, une morale plus douce et plus personnelle, l’idée de la liberté et de la responsabilité consciente, le sentiment de l’harmonie universelle ; de l’autre, le dogme du monothéisme.

Jamais peut-être à aucune époque, le monde ne traversa une crise religieuse plus grave et plus décisive. Du mélange de la pensée hellénique et de la pensée juive allait naître inconsciemment, dans les bourgs de Judée, une doctrine idéale, fille sans doute de l’Essénisme, dans laquelle l’Orient et l’Occident devaient vivre et se reposer en pleine sécurité, jusqu’au jour la raison, jamais satisfaite, poserait à leur quiétude cette sombre et redoutable question : « O vous, qui, meurtriers d’innombrables Dieux, n’en adorez plus qu’un seul, mortels, est-il un Dieu ? »

Mais voici l’heure grave ; voici l’aube sévère des temps nouveaux ; voici que Iohanan a poussé le dernier cri d’anathème et a salué le Messie d’Israël ; voici que brusquement arraché à son rêve de paix et d’amour, Celui qui vient, le Fils de l’Homme, annonce aux âmes indécises la parole de son Père céleste. Victime expiatoire, il succombe sous la haine politique et la perfidie sacerdotale ; mais le sang qui pleut de son gibet fertilise un sol desséché et fait s’y lever la moisson. Quelques grains étaient tombés çà et , que les femmes inquiètes avaient recueillis par hasard. Tout d’abord, elles aiment ce Dieu nouveau qui pardonne et console ; il meurt, lui aussi ; il est pleuré comme les jeunes Dieux de Phrygie et de Byblos ; elles l’accueillent dans leur cœur comme dans un vague et mystérieux Panthéon. Mais ce que les femmes sentaient sans le pouvoir comprendre. Paul de Tarse le révèle à l’univers : ce Dieu inconnu, qui n’a rien de commun avec les amants mortels des voluptueuses Déesses, c’est le Dieu unique et préexistant, le Rédempteur promis, le Sauveur qui réalise en lui toutes les aspirations de l’humanité vers le Divin éternel. Voulant être adoré en esprit, les œuvres n’ont plus à ses yeux qu’une importance relative ; il appelle à lui les Gentils aussi bien que les Juifs ; la Foi seule est le signe du salut.

Le Christianisme, véritablement fondé par cette prédication de Paul, s’étend chaque jour ; une doctrine s’établit ; des églises prospèrent ; une religion est née. Mais, en même temps qu’elle, s’épanouit la puissance universelle de Rome. Rome qui juge dangereux les adeptes intolérants des cultes étrangers et qui les persécute, Rome devient l’infâme Babylone. Une égale haine anime contre elle juifs et chrétiens ; et presque au même moment, au spectacle des crimes de la Bête, la même indignation fait éclater les anathèmes de l’Apocalypse et la révolte de Jérusalem. Quels accents trouva le Prophète ! Quelles visions terribles il évoqua ! Quelle fureur enflamma les Zélotes ! Quel drame que l’effondrement du Temple !

Rien ne pouvait être plus favorable au développement du Christianisme que cette disparition soudaine du sanctuaire d’Israël. Malgré eux les humbles disciples de Jésus n auraient-ils pas encore tourné bien souvent leurs yeux vers la Maison de Iahveh ? La communauté primitive de Jérusalem ne prétendait-elle pas exercer sa primauté sur les églises récemment fondées ? La ville une fois rasée jusqu’aux fondements, il ne resta d’elle qu’un souvenir qui se transforma bientôt en une espérance. Les Juifs vivaient depuis des siècles dans l’attente d’un Messie victorieux et vengeur, roi d’une Jérusalem toute-puissante. Parmi eux, les moins nombreux, ceux qui avaient cru reconnaître ce Messie en Jésus de Nazareth, se mirent à rêver une Jérusalem céleste ou se réaliserait enfin le règne idéal du Seigneur. Les autres, fidèles à la Loi de leurs pères, attendirent-ils encore réellement le Messie promis ? Qui peut le dire ? Mais ils se bâtirent aussi en esprit, à l’ombre de la Thora, une cité sainte et un temple éternel qui ne devaient s’écrouler désormais ni sous le fer ni dans l’incendie.

Le deuxième volume des Siècles Morts présente le tableau de cette époque de syncrétisme et de transition qui commence à Alexandre et finit à la prise de Jérusalem par Titus. Siècles incertains et troublés, les formes, les mœurs, les actions se mêlent et se confondent comme les mythes et les systèmes. Toutes ces idées, toutes ces croyances dont l’auteur vient de marquer trop longuement les origines et de montrer les développements, sont-elles sensibles dans ce livre ? Les événements qu’elles engendrèrent y apparaissent-ils dans leur connexité ou dans leur diversité ?

L’adieu que les Muses, abandonnant Athènes, adressent à la ville sacrée, fera-t-il comprendre que les grands siècles sont morts et que les Déesses ne retrouveront jamais un asile aussi divin ? Reconnaîtra-t-on dans les Noces Susiennes et dans La Mort de Kalanos une figure de l’union qui se forme entre la Grèce et l’Asie ? Si Les Jeux d’Apollon réussissent à ressusciter la vision d’une Alexandrie somptueuse et savamment poétique, la Jérusalem indignée d’entendre, pour la première fois, les échos de la philosophie hellénique, revivra-t-elle dans les Paroles de Schemouël-bèn-Mikah ? Le songe suprême et presque uniquement matériel, que le poète déroule devant les yeux de Cléopâtre mourante, consola-t-il l’agonie de la fille des rois Lagides, fleur radieuse dont l’éclat éblouit l’univers, dont le souvenir éveille encore un parfum légendaire de grâce et de volupté ? L’aube chrétienne se lèvera-t-elle dans une assez douteuse et vacillante lueur ? Un éclair assez mystérieux déchirera-t-il les ténèbres du Golgotha ? Et, lorsque se seront tues les trompettes de l’Apocalypse, lorsque le silence aura plané sur les ruines de Ziôn, la Jérusalem future surgira-t-elle assez belle et assez durable dans une splendeur assez symbolique ?

Les Poètes et les Érudits répondront-ils avec indulgence à ces questions, comme ils l’ont fait pour le premier volume ? C’est à eux, à eux seuls que s’adresse encore celui-ci.

Ceux que ne rebuta point la lecture de l’Orient antique n’ont à chercher dans l’Orient Grec ni des couleurs aussi vives et aussi tranchées ni des caractères aussi distincts. C’est ainsi qu’aucune des divisions ethniques, adoptées précédemment, n’a pu trouver place ici. Seule, une sorte d’ordre chronologique a guidé l’auteur dans la distribution successive des poèmes.

Moins austère peut-être et moins uniforme que l’Orient antique, l’Orient Grec ne prétend pas davantage à quelque succès. Le Poète n’ignore point la destinée des œuvres semblables à la sienne ; il sait combien les intérêts journaliers s’accommodent mal des rêves antiques et des tentatives d’art pur. Aucune des passions qui agitent la société actuelle n’a d’écho dans ces poèmes ; aucune des formes vulgaires et transitoires ne se réfléchit dans ces vers. Les seuls liens qui rattachent cette humanité morte à l’humanité vivante sont l’angoisse éternelle du mystère et le sentiment religieux d’un idéal toujours inassouvi.


Mais au seuil de ce nouveau livre l’auteur doit, comme naguère, inscrire avec reconnaissance un nom glorieux. M. Leconte de Lisle avait daigné accepter l’hommage des Siècles Morts et les couvrir de son bienveillant patronage, Que le Maître illustre et cher reçoive encore ici le tribut d’une respectueuse et fidèle admiration. Qu’il soit encore permis au plus modeste de ses disciples de répéter tout ce qu’il doit lui-même, tout ce que doivent comme lui à M. Leconte de Lisle, ceux qui gardent, de nos jours, la religion du Beau et l’amour de la Poésie. Être le disciple approuvé d’un tel Maître paraît encore un suffisant titre d’honneur.

L’œuvre du grand Poète est jugée ; elle rayonne à la place qui lui appartient. Tous ceux dont l’âme est assez généreuse pour comprendre et pour aimer, sont unanimes à admirer ces poèmes dont la perfection ne semble point connaître de défaillance. C’est sur cette perfection même qu’il convient d’insister ; c’est par elle que l’influence de M. Leconte de Lisle fut surtout puissante ; par elle qu’il est le véritable maître de tous les vrais et consciencieux poètes. M. Leconte de Lisle apparaît en effet comme la plus haute et la plus pure conscience poétique de ce siècle.

Le vers français lui dut une noblesse unique et une majesté suprême. Par l’harmonie et la fermeté de leur conception comme par l’impeccable exécution de chaque vers, ses poèmes ne sont comparables qu’à ces frises qui se déroulaient majestueusement aux métopes des temples attiques, mais dont chaque détail était aussi finement sculpté que les ornements d’un vase ou les bas-reliefs d’un autel. M. Leconte de Lisle atteignit la perfection parce qu’il y tendit sans cesse et qu’il n’oublia jamais que la Muse est la plus sainte et la plus jalouse des Déesses. Par ses conseils, par son exemple, il nous apprit à considérer comme un sacrilège tout désordre dans la composition, tout relâchement dans la forme, et surtout toute vulgarité dans la pensée. Quelles que soient la valeur et la différence de leurs théories et de leurs œuvres, tous les Poètes ont enfin compris que leur premier devoir était de rêver, eux aussi, la Perfection absolue et de s’en rapprocher par tous leurs efforts.

Un sentiment du Beau désintéressé, une incessante aspiration vers l’Idéal, un respect profond de la règle, une sévère et intacte conscience, tels sont les dons que reçut de M. Leconte de Lisle la génération présente. Et cette génération reconnaissante, qui le vénère et l’admire, salue en M. Leconte de Lisle le glorieux Poète qui lui fit éprouver les plus nobles émotions d’un art essentiellement pur et parfait.

Paris, février 1893.