Les Renaissances/Lemerre, 1870/Les Cieux nouveaux

Les Renaissances Voir et modifier les données sur WikidataAlphonse Lemerre, éditeur (p. 97-98).
◄  Absag
Matutina  ►


Les Cieux nouveaux

COMME une vaste cible où pleut le fer des lances,
Criblé sous les regards des chercheurs inconnus,


Le firmament, déchu des antiques silences,
Pleure le sang divin d’Hermès et de Vénus.

O mythes glorieux, qu’êtes-vous devenus ?
Du Beau que nous servons éternelles semences !
Devant un peuple obscur d’astres nouveaux venus,
La foule olympienne a fui les cieux immenses.


Trahissant le secret de sa limpidité,
Pour montrer son trésor inerte de clarté
L’azur a déchiré la pudeur de ses voiles,

Et l’homme, revenu de son rêve orgueilleux,
Après avoir compté le troupeau des étoiles,
Prend en pitié le ciel qu’ont déserté les dieux.