Les Races de chèvres de la Suisse/Race Valaisanne à col noir


Bouc, Race Valaisane à Col noir.


Chèvre, Race Valaisane à Col noir.


A. Race Valaisanne à col noir.

Schwarzhalsige Walliser-Rasse.
(Pl. I et II.)

1. Distribution Géographique.

Cette race appelée indifféremment en Valais « Race de Viège » (Vispenthalerziege, Sattelziege ou mieux Schwarzhalsziege, Halsene), tire son origine de la vallée de Viège qui lui a donné son nom. — Elle tend à se répandre de plus en plus et nous la trouvons dans le Hant-Valais jusqu’à Sierre ; quelques troupeaux existent déjà dans la vallée d’Hérens, où peu à peu, ils supplanteront la race chamoisée.

2. Manteau, Taille, Formes et Proportions.

Le manteau donne à cette race quelque chose de particulier et de tout-à-fait caractéristique comparativement aux autres races suisses. — La tête et toute la partie antérieure du corps sont noirs, tandis que l’arrière-train est blanc comme neige ; (Voir figure 1 — 2) les deux couleurs se rencontrent derrière les épaules, au passage de la sangle, formant une ligne de séparation absolument verticale. Les « onglons » des pieds de devant sont noirs, ceux de derrière sont blancs.[1] — Vue à une certaine distance, cette race rappelle un peu celle d’Angora, sans avoir cependant beaucoup d’analogie avec elle. La taille est moyenne, 0,70 — 0,78 m de hauteur au garrot, elle n’atteint son développement complet qu’à l’âge de 4 — 5 ans ; de 5 à 6 ans le poids du bouc dépasse de beaucoup la moyenne. Mâle et femelle sont couverts d’une forte toison, c’est ce qui les rend si robustes et si résistants au froid. Le poil qui recouvre l’épine dorsale du bouc mesure 0,66 cm. Une forte touffe lui descend sur le front et sur les yeux, la barbe est singulièrement longue et fournie, et il n’est pas rare de la voir tomber jusque sur les » onglons « . Cette chèvre est bien bâtie et trapue ; elle a la tête courte, le front et le mufle larges, les oreilles légères, les yeux vifs et intelligents (assez fiers chez le bouc) ; c’est en un mot, le type de l’hôte de la montagne. — Elle a les reins généralement larges, le dos droit, la croupe faiblement inclinée et bien développée, les cuisses fortement musclées, de bons aplombs. — Son cou n’est pas long et bien attaché à l’épaule, la têtine, de grandeur moyenne, est bien faite avec des trayons réguliers.

3. Tempérament et Aptitudes.

Créée pour les hautes montagnes, cette race est incontestablement une des plus robustes, sa force d’endurance l’a fait surnommer « la chèvre des glaciers ». Elle franchit plusieurs lieues pour chercher sa nourriture et rentrer le soir à l’étable, quoique le plus souvent elle passe les nuits en plein air, cherchant un abri sous un rocher.

Si elle prospère à la montagne, elle s’accommode par contre difficilement de la stabulation. Nourrie en plaine pendant l’été elle ne rendrait pas les mêmes services que celle du Toggenbourg ou du Gessenay.

Elle est aussi moins bonne laitière que les deux autres mais toutes proportions gardées, il est impossible d’exiger à la fois autant de sobriété et une abondante production de lait. Cette chèvre s’engraisse très facilement et fournit d’excellente viande.

De sérieux efforts sont faits actuellement en Valais par les soins du Chef du Département de l’Agriculture pour conserver à cette race toute sa pureté tout en lui donnant le plus d’extension possible.

Depuis quelques années cet animal constitue un vrai commerce d’exportation, des troupeaux sont envoyés en France, en Hollande, en Italie, en Allemagne et en Autriche où cette race est très estimée.

Le prix varie de 50 à 80 francs, il est souvent plus élevé lorsqu’il s’agit de sujets supérieurement constitués.

  1. On ne saurait assez recommander aux éleveurs de soigner les « onglons » des chèvres avant de les envoyer dans les hauts pâturages. La croissance rapide de la corne pendant la stabulation déforme le pied et cause une fatigue inutile à l’animal dont elle fausse les aplombs.