Œuvres complètes de Saint Augustin, Texte établi par Poujoulat et Raulx, L. Guérin & Cie (p. 309).
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CHAPITRE II.

de la vie bienheureuse. — un livre.

Ce livre de la Vie Bienheureuse, je l’ai composé, non pas après, mais entre mes livres contre les Académiciens. Le jour de ma naissance en fut l’occasion, et il fut achevé en trois jours de discussion, ainsi qu’il l’indique lui-même. Il établit que nous tous, qui nous livrions à cette recherche, nous tombâmes d’accord, que la vie bienheureuse ne peut consister que dans la parfaite connaissance de Dieu. J’ai regret d’avoir accordé plus que je n’aurais dû, à Manlius Théodore, homme d’ailleurs savant et chrétien, à qui j’ai dédié ce livre[1]. Je suis peiné aussi de m’être souvent servi du mot de « Fortune ; » comme également d’avoir dit que durant cette vie, la béatitude n’habite que dans la raison du sage[2], quel que fût l’état de son corps ; tandis que la parfaite connaissance de Dieu, c’est-à-dire la plus grande que puisse posséder l’homme, ne se peut espérer, au témoignage de l’Apôtre, que dans la vie future. C’est cette vie future qui seule doit être appelée bienheureuse, parce que le corps, devenu incorruptible et immortel, sera alors soumis à l’âme sans aucune souffrance et sans aucune résistance. J’ai trouvé dans mon manuscrit ce livre interrompu et fort écourté ; il avait été ainsi transcrit par quelques-uns de nos frères, et depuis que j’ai entrepris la révision actuelle, je n’ai pu encore en recouvrer un texte intégral qui pût me servir à faire des corrections. Ce livre commence ainsi : « Si la volonté même vous conduisait au port de la philosophie. »

  1. Préf. n. 7 et suiv.
  2. Trois. disc.