Les Règles de la composition typographique/Vers

VERS


On doit composer les vers avec une seule sorte d’espaces ; on fera donc bien de trier ses espaces avant de commencer sa composition.

Si des vers se rencontrent accidentellement dans le texte, on les compose en plus petit caractère et on met le plus long vers au milieu de la justification.

Les vers se renfoncent à droite selon leur nombre de pieds (syllabes).

Le vers de douze syllabes se compose ordinairement sans renfoncement et le renfoncement est d’un cadratin par syllabe en moins pour les autres vers.

C’est-à-dire que :

Le vers de 10 syllabes se renfonce de 2 cadratins
Le vers de 19 syllabes se renfonce de 3 cadratins
Le vers de 18 syllabes se renfonce de 4 cadratins
Le vers de 17 syllabes se renfonce de 5 cadratins
Le vers de 16 syllabes se renfonce de 6 cadratins

Quelquefois on ne renfonce les vers que d’un demi-cadratin par syllabe en moins de douze. Dans ce cas des ordres spéciaux seront donnés par le metteur en pages.

Pour compter le nombre de syllabes d’un vers il faut faire les remarques suivantes :

1oLorsqu’un vers est terminé par la lettre e ou par es ou par ent, la dernière syllabe ne compte pas :

Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible.
É-tant-tout-ce-que-Dieu-peu-ta-voir-de-vi-sible.
É-1tant-2tout-3ce-4que-5Dieu-6peu-7ta-8voir-9de-10vi-11sible12

C’est ce qu’on appelle un vers féminin.

2oLorsque, dans le corps d’un vers, la dernière syllabe d’un mot est terminée par un e muet, et que le mot qui suit commence par une voyelle ou un h non aspiré, la dernière syllabe du premier mot se confond avec la première du suivant pour n’en former qu’une :

L’aurore apparaissait : quelle aurore ? Un abîme.
L’au-ro-r’ap-pa-rais-sait-quel-l’au-ro-r’un-a-bîme.
L’au-1ro-2r’ap-3pa-4rais-5sait-6quel-7l’au-8ro-9r’un-10a-11bîme.12

C’est ce qu’on appelle l’élision.

Nous ferons remarquer que beaucoup de mots s’orthographient d’une façon spéciale dans les vers :

Encor ou encore. — Jusqu’à ou jusques à.

On devra se garder de corriger cette orthographe intentionnelle.

C’est ce qu’on appelle les licences poétiques.

Les diverses parties d’un vers coupé par des interlocuteurs doivent tomber immédiatement à la suite l’une de l’autre.

DON RODRIGUE
Ô miracle d’amour !
CHIMÈNE
Ô miracle d’amour !Ô comble de misère !

Si le vers se trouvait un peu long pour entrer dans la justification, on pourrait rentrer un peu les diverses parties, mais uniformément.

Lorsqu’un vers est trop long pour entrer dans la justification, on en place l’excédent dans le blanc de la marge. Dans quelques éditions économiques on met cet excédent, que l’on précède d’un crochet, dans le blanc de la ligne du dessus ou de celle de dessous, suivant la place disponible.

Quelquefois aussi le vers trop long se compose en caractère plus petit.

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