Les Règles de la composition typographique/Titres d’ouvrages

TITRES D’OUVRAGES


Les titres d’ouvrages, de pièces de théâtre, de journaux, noms de navires, de statues, les titres de tableaux cités dans le texte se mettent en italique :

La pièce La Chatte blanche. — J’ai vu Les Rois en exil.
On lit dans Le Figaro. — Le journal Le Temps.
Le transport Bien-Hoa. — Le Vengeur était un vaisseau…

Le premier mot d’un titre prend toujours la capitale :

J’ai vu jouer Les Femmes savantes.

Si l’article qui précède un titre fait partie intégrante du titre, il se mettra en italique avec une capitale :

On lit dans Les Précieuses ridicules.
On lit dans Le Radical.

S’il n’en fait pas partie intégrante, il se mettra en romain sans capitale :

J’ai vu jouer l’Hernani de Victor Hugo.
On lit dans le Télémaque.

Il est d’usage dans un titre d’ouvrage de mettre une capitale au premier substantif, si ce substantif est précédé des articles le, la, les, ou des mots un, une :

Les Femmes savantes.

Si le substantif est précédé d’un adjectif qualificatif, cet adjectif prend la capitale, ainsi que le substantif :

La Folle Journée.

Si l’adjectif suit, il ne prend pas de capitale :

L’Âge ingrat.

Si le titre commence par tout autre mot que le, la, les, un, une ou un adjectif, les mots suivants ne prennent pas de capitale :

De la terre à la lune.
Sur la piste.

On mettra une capitale aux noms des personnages dans les titres des fables ou des ouvrages dramatiques :

Le Renard et les Raisins. — Le Lion et le Rat.
Marceau ou les Enfants de la République.

Les conjonctions ou, et, ni, faisant partie intégrante d’un titre, devront être mises en italique :

La Vie ou la Mort.

On les met en romain lorsqu’elles ne font pas partie intégrante du titre :

Le Théâtre-Français jouera ce soir
Hernani ou Ruy-Blas.

Dans un catalogue, une table alphabétique, quand le ou les premiers mots qui forment l’énoncé sont reportés entre parenthèses après le substantif qui commence la ligne, on met une capitale au premier mot transposé :

Homme (Faiblesse de l’). — Honneur (L’).
Niagara (Les chutes du).

Si les mots mis entre parenthèses font partie d’un titre d’ouvrage, la règle pour l’emploi des capitales dans les titres leur est applicable :

Héloïse (La Nouvelle).
Mort (La Vie ou la).

Dans beaucoup de catalogues de librairie, l’usage — que du reste nous n’approuvons pas — se répand de ne mettre une capitale qu’au premier mot du titre d’ouvrage :

Molière. — Les femmes savantes.
Corneille. — Le menteur.

Ancienne règle des titres d’ouvrages. — Nous croyons devoir donner ici l’ancienne règle pour les titres d’ouvrages. Elle se pratique encore dans quelques imprimeries :

On met en italique les articles le, la, les qui précèdent le titre d’une pièce de théâtre, d’un journal, le nom d’un vaisseau, dans les cas analogues aux suivants :

La pièce intitulée les Deux Gendres est de M. Étienne.
Le journal la Gazette de France.
Le vaisseau le Vengeur.

mais ils se mettent en romain lorsque les mots pièce, journal, vaisseau ne sont pas exprimés :

J’ai vu jouer les Deux Gendres.
J’ai lu dans le Constitutionnel.

ou bien lorsqu’ils sont contractés en du, des :

On dit du bien des Deux Gendres.
La politique du Constitutionnel.

Les partisans de cette ancienne méthode croient voir une faiblesse de la méthode nouvelle en signalant l’anomalie apparente qu’il y a entre notre principe de reproduire le titre dans toute son intégralité et l’obligation où nous sommes de nous soumettre à la contraction de l’article dans les cas suivants :

Le premier acte des Femmes savantes.
La première scène du Cid.

Nous ne pensons vraiment pas que ce soit là une raison pour ne pas donner au titre sa forme réelle toutes les fois qu’il se présente lui-même ainsi.

Nous ferons encore remarquer qu’en fait d’anomalies, la façon ancienne en présente souvent de bien choquantes, comme dans ce cas :

On lit dans le Renard et les Raisins,
où le premier article est en romain et le second en italique.

Nous nous attachons donc à la nouvelle manière, pour laquelle Théotiste Lefevre s’est prononcé — non sans raisons — dans la dernière édition de son Guide du compositeur.

Ce qui se fait dans les journaux. — La règle qui veut que le titre soit reproduit dans toute son intégralité — la seule bonne, à notre avis — n’est pas sans présenter quelque difficulté dans l’application.

Dans la plupart des manuscrits les auteurs ne soulignent pas les titres d’ouvrages et souvent la construction de la phrase sera telle qu’il sera difficile de reconnaître si les articles le, la, les qui sont en tête du titre en font partie intégrante ou non.

Dans les imprimeries de labeur, les volumes étant soumis à plusieurs lectures, il sera toujours facile de s’informer pour les cas douteux.

Mais, dans les journaux, où le temps presse, on a adopté comme règle, pour éviter ces difficultés, de mettre en romain, sans capitale, et dans tous les cas, les articles le, la les qui commencent un titre de journal, d’ouvrage, de navire, de tableau, etc. :

On lit dans le Radical.
On joue ce soir les Femmes savantes.
Il mourut sur le Vengeur.

La distinction même des titres précédés des mots pièce, journal, tableau n’est guère observée et au lieu de :

On lit dans le journal Le Radical,
J’ai vu la pièce Les Femmes savantes,

on voit dans presque tous les journaux :

On lit dans le journal le Radical,
J’ai vu la pièce les Femmes savantes.

Tables alphabétiques. — La règle que nous avons donnée de mettre une capitale au premier mot transposé entre parenthèses n’est pas toujours observée.

Souvent on n’en met aucune dans la partie transposée :

Ivresse (excès d’).

D’autres fois, on fait une distinction et on ne met la capitale que si c’est un substantif qui est le premier mot transposé :

Ivresse (Excès d’). − Ivresse (l’excès d’).

Ces façons sont mauvaises, car la logique veut impérieusement une capitale au premier mot transposé entre parenthèses, qu’il soit substantif, article ou adjectif. C’est le seul moyen d’aider l’œil à rendre au mot transposé sa place naturelle en tête de l’énoncé du titre.

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