Les Quatre Vents de l’esprit/Le Livre lyrique/« J’ai beau comme un imbécile »
Les Quatre Vents de l’esprit, Texte établi par Gustave Simon, Librairie Ollendorff, , Œuvres complètes de Victor Hugo / Poésie, tome X (p. 273).
XX
J’ai beau comme un imbécile
Regarder dans ma maison,
Si bien qu’on dit dans la ville
Que j’ai perdu la raison,
J’ai beau chercher ; elle est morte.
Elle ne reviendra pas.
Elle est partie, et la porte
Est encore ouverte, hélas !
Je tressaille quand on sonne.
Je l’attends, j’en fais l’aveu.
Où sont ces beaux jours d’automne
Quand elle était là, mon Dieu !
Cette âme s’en est allée.
Elle a fui, moi demeurant.
La nuit, à l’ombre étoilée
Je tends les bras en pleurant.
Je m’accoude à ma fenêtre,
Je songe aux jours révolus.
Hélas ! ce pauvre doux être
Qui chantait, je ne l’ai plus !
Bruxelles, 28 avril 1852.