Les Quatre Saisons (Merrill)/Attente

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 187-188).

ATTENTE

Si c’est pour me faire croire à la vie
Que tu viens à ce triste séjour,
Prends la clef d’or, et, les marches gravies,
Ouvre la porte aux pas de ton amour.

Si c’est pour me faire croire à la mort,
Prends parmi tes clefs celle de fer,
Et ferme les fenêtres à l’aurore
Dans la chambre pleine des ténèbres d’hier.


Qu’importe la vie à mon âme ou la mort,
Pourvu que ce soit toi que j’accueille,
Geôlière dont la clef de fer ou d’or
Violera le secret silencieux de mon seuil ?

Mais pourquoi ces paroles dans la solitude,
Ô toi qui ne viendras peut-être jamais
M’éveiller de la voix douce ou rude
Selon que sonnera la cloche des destinées !

La neige a suivi les oiseaux sur le toit,
Et seul habitant de la triste masure,
J’attends toujours la détresse ou la joie
De tes clefs inconnues dans la serrure.