Les Quatre Saisons (Merrill)/À la même

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 143-144).

À LA MÊME

Certes, je vous aimais au matin de l’année,
Quand les premiers oiseaux remuaient les lilas,
Et que les chants sur vos lèvres n’étaient pas las
D’inviter au bonheur la sourde Destinée.

Mais je vous aime mieux de regrets couronnée,
En cet octobre plein de vents lents et de glas.
Votre Âme est sans espoir, votre voix sans éclats,
Et vous n’osez revoir la terre abandonnée.


Craignez-vous que la mort vous guette à votre seuil,
Pour écouter ainsi, dans des poses de deuil,
Battre, tel votre cœur, l’horloge monotone ?

Oh ! non, n’ayez pas peur de l’ombre en la maison,
Ni d’entendre le Temps qui sonne la saison !
C’est l’heure des fruits mûrs aux vergers de l’automne !