Les Quatre Incarnations du Christ (Recueil)/Préface

Les Quatre Incarnations du Christ (Recueil)


PRÉFACE


Dans la préface de deux recueils de poésies publié l’un en 1852, l’autre en 1862, l’auteur disait à propos du poëme des Incarnations du Christ : « Cet œuvre, qui n’est que le développement de quelques versets d’Isaïe (ch. xi, v. 6-9), est un simple exposé des phases successives de la genèse sociale, déterminées par la manifestation de l’esprit chrétien dans les grands événements de l’histoire jusqu’à la complète réalisation de la parole du Sauveur sur la terre.

« Le premier chant appartient au récit de la vie terrestre du Christ et à l’exposé de sa doctrine ; le deuxième se rapporte à la chute de l’empire romain, c’est-à-dire à l’extinction du foyer du paganisme antique en Europe, et au mouvement des peuples barbares, c’est-à-dire à la diffusion de la doctrine chrétienne sur notre continent ; le troisième nous conduit aux croisades, première manifestation d’une idée commune à tous les peuples de cette partie du monde, ou „ premier événement européen, “ comme dit M. Guizot ; enfin, le quatrième nous introduit dans l’avenir, dans cette ère de plénitude sociale que rêvent tous les poëtes et qu’entrevoient tous les penseurs : tableaux divers dont chacun est le corollaire développé de celui qui le précède, et dont le lien commun est le Juif Errant, symbole de l’homme qui souffre et de l’humanité qui ne mourra qu’à la fin des temps. »

Ce peu de mots lui semble suffire pour faire comprendre l’idée qui a inspiré ce poëme.

À la suite de cet ouvrage le lecteur trouvera soixante-sept nouvelles études rhythmiques, où l’auteur a appliqué la loi de l’accentuation littéraire, sans laquelle aucune poésie lyrique ne saurait correspondre à une musique mesurée quelconque. Parmi ces morceaux, il y en a quelques-uns qui avaient déjà paru dans des recueils précédents, mais qui ont été plus rigoureusement et plus symétriquement articulés. L’auteur y a joint aussi deux extraits de la traduction rhythmée qu’il a faite, avec la collaboration de son ami M. Rongé, de l’opéra de Weber, le Freischütz. Ces morceaux, pense-t-il, serviront à prouver qu’il est possible d’ajuster des paroles à toute mélodie sans la désaccentuer, preuve déjà fournie, du reste, par l’accueil flatteur et presque inespéré qui a été fait en Allemagne, en France et en Angleterre à la traduction rhythmée que les deux collaborateurs ont donnée du Fidélio de Beethoven, de l’Obéron de Weber, du Don Juan, du Mariage de Figaro et de la Flûte enchantée de Mozart.


Bruxelles, 15 décembre 1867.