Les Quarante manieres de foutre/Texte entier

À Cythère, Au Temple de la Volupté (p. Frontisp.-72).

Pl. 1
14
La Grenouille à la nage
12
La Jument du Compère Pierre
7
La Basse-Accolade
1
De la bonne mode
2
La Cavalcade
19
La caresse de la tendre Amie
10
Le Monde ouvert et renversé

PRÉFACE.

Lubrique jeunesse, à ma Cour,
Venez prendre leçon d’amour.
Du grand art de la Fouterie,
J’enſeigne tous les agrémens.
C’eſt ici mon Académie ;
Accourez ſans perdre de temps.
Vous qui venez ici vous rendre,
Aiſément vous pouvez comprendre,
Et ma ſcience, & mes leçons ;

Je vais commencer ma carriere,
Et de mes quarante façons,
Ecoutez, voir la premiere.



LES QUARANTE
MANIERES
DE FOUTRE,
DÉDIÉES
AU CLERGÉ DE FRANCE.


Ire FAÇON.

De la bonne Mode.

Comme toutes les filles, même les pucelles, ſavent cette manière ; il eſt inutile

Je crois, de l’enſeigner ici en détail : c’eſt foutre tout bonnement, comme l’ont fait nos pères pour nous donner la vie ; & comme au Village, ſur le gazon, Lucas, fout ſa Bergère : car où na-t-on pas foutu, où ne foutra-t-on pas après nous, à la bonne mode.



IIe. FAÇON.

La Cavalcade.

Il faut d’abord mettre le vit au con, à la bonne mode (s’entend bien roide & bien bandant) ; après quoi la fille doit rapprocher la cuiſſe, & le fouteur, paſſer les genoux deſſous, de manière que le vit ſoit bien ferré, & ne déconne pas : alors celui-ci tape ferme, & la fille tortille du cul, pour hâter l’épanchement. Cette manière eſt ſur-tout avantageuſe à la femme, lorſqu’elle eſt fourbie par un vit gros & long.


IIIe. FAÇON.

La Chinoiſe.

La fille doit replier ſes genoux au-deſſus de ſes hanches enſorte que ſes talons portent ſur ſes feſſes ; alors ſon cavalier t’enconne ſi avantageuſement, qu’il pénétre au plus profond : le jeu conſiſte enſuite de la part de l’un, à culotter vivement, & de la part de l’autre à s’agiter & faire le moulinet avec ſon cul, afin d’exciter ſon fouteur, & recevoir à plein goulot» la douce roſée de la liqueur vivifiante qui l’humecte.




IVe. FAÇON.

A Demi-Lit.

Que le cul de la fille, ſoit avancé le plus poſſible ſur le bord du lit : que ſes jambes ſe croiſent au-deſſus des jarrets de celui qui l’a enconné ; il ne reſte plus qu’à taper ferme. La fille ne doit pas oublier de donner à ſes feſſes, un mouvement périodique, où intermittent.



Ve. FAÇON.

La Catalane.

La fille, couchée ſur le dos, lève les jambes & les cuiſſes, le plus qu’il lui eſt poſſible ; & pour point d’appui, elle prend avec les mains, ſes deux pieds au-deſſus de la cheville, pour mieux préſenter le mont-vénus : alors le champion grimpe ; & comme dans cette poſition, la fille ne ſauroit agiter le cul étant trop écarté du centre de gravité, elle ſe contentera de le tortiller & de faire la Garbalade : pour tous deux, le plaiſir ſera inexprimable, ſur-tout ſi le vit eſt quarré-long.



VIe. FAÇON.

La Sultane.

Il faut que la nymphe, ſe place de manière que ſes cuiſſes ſoient très ouvertes, ſes genoux repliés & ſes pieds ſous les feſſes : qu’il eſt facile alors d’enconner ! pour doubler ſes plaiſirs & celui de ſon fouteur, elle peut lever le cul, claquemurer, tortiller & faire le moulinet. Si elle ſait bien varier ſes mouvemens, c’eſt de toutes les manières, la plus voluptueuſe. Elle fut inventée par une des femmes de Mahomet II. Et lui valut le titre de ſultane favorite.



VIIe. FAÇON.

La Baſſe-Accolade.

La nouvelle Popée, ſe couche ſur le dos, les cuiſſes écartés : on l’enconne à la bonne mode ; puis elle lève les jambes, les croiſe ſur les reins de ſon fouteur, & joue du croupion à force. L’iſſue en eſt la même qu’aux façons qui précédent & ſuivront ; la fille & ſon cavalier ſe pâme & déchargent à l’uniſſon.



Pl. 2
8
Le Moulin-à-vent
26
Tout au vent
13
L’Extrémité
6
La Sultane
11
La douce Empalade
15
Le Rebour de la Cavalcade


VIIIe. FAÇON.

Le Moulin-à-vent.

Il faut ſe placer & enconner comme pour la bonne mode ; enſuite la fille lève ſes jambes alternativement à la hauteur des reins de ſon cavalier, où elle les poſe un inſtant : ce mouvement doit être modéré & ſans interruption. Les jambes ainſi montent & deſcendent ſans ſe rencontrer. Le fouteur reſſent un plaiſir ſingulier.



IXe. FAÇON.

Le Monde renverſé.

Le fouteur doit ſe coucher ſur le dos, le vit roide & dur : la fille ſe place deſſus les cuiſſes ouvertes, & s’enfile elle-même ; enſuite les reſſerre petit-à-petit, & enfin ramène ſes genoux entre ceux de ſon amant ; ſe couche ſur lui, le careſſe avec mignardiſe ; & quand ils ſentent les avant-coureurs du plaiſir par excellence, ils doivent lever le cul enſemble, & s’entraider dans leurs mouvements tantôt lents, tantôt précipités, pour gouter bientôt la perfection du plaiſir ; car ne vous y trompez pas, ce n’eſt que dans l’épanchement du foutre qu’il réſide.



Xe. FAÇON.

Le Monde ouvert & renverſé.

Le cavalier, couché ſur le dos, préſente un vit dur & bien bandant ; (car dans toutes les jouiſſances, ou poſtures, c’eſt toujours la condition ſine quâ non). La fille, comme lui, ouvre les cuiſſes, ſe met à califourchon deſſus ſon vit, & le place, elle-même : le fouteur ſerre ſes cuiſſes ; on ſe careſſe mutuellement ; le talent de la fille eſt de donner à ſes mouvemens des charmes, des graces variées.



XIe. FAÇON.

La douce Empalade.

La fille doit ſe placer à genoux, les cuiſſes ouvertes, & les hanches de ſon fouteur entre deux, de manière qu’elle ſoit aſſiſe ſur ſon cul, dans l’intervalle des jambes de ſon cavalier : dans cette poſition, elle s’enfile elle-même de ſon vit ; ſe dandine deſſus, ſe branle, tourne ſans ſortir du pivot. En un mot foule & refoule en cadence, juſqu’à la ſuprême volupté.



XIIe. FAÇON.

La Jument du Compere Pierre,

La fille ſe met à genoux, les cuiſſes bien écartées, le cul relevé & placé ſur le nombril de ſon fouteur, qui entre dans le brancard & s’y place de façon, que ſes hanches ſe trouvent compriſes entre les cuiſſes de la fille : elle empoigne l’outil joyeux, le met en œuvre, & fait tous les mouvemens que lui inſpirent ſes goûts, & le déſir de foutre & d’être foutue ; il eſt tant de manières de culoter.



XIIIe. FAÇON.

L’Extrémité.

Après que le fouteur a enconné la fille, comme pour la bonne mode, s’il ſe trouve un peu trop au large à ſon gré, qu’il lève une de ſes jambes, & faſſe paſſer une des cuiſſes de la fille entre les ſiennes, alors ſon vit ſe trouvera logé plus à l’étroit ; tous deux fouteront avec plus de plaiſir.

Na. Cette façon eſt peu d’uſage ; elle n’eſt pas flatteuſe : on eſt ou trop mince ou trop large ſouvent la fatalité oppoſe les deux accidens.



XIVe. FAÇON.

La Grenouille à la nage.

La fille, couchée ſur le ventre, reçoit entre ſes cuiſſes bien ouvertes, ſon fouteur à genoux : enſuite elle croiſe ſes jambes ſur les jarrets de ſon fouteur, qui l’enconne bas & roide : le plaiſir qui réſulte de cette poſture eſt commun & égal, mais toute la fatigue, eſt pour le champion qui à beſoin de reins ſouples ; pour nager à pleines voiles, dans cet océan de volupté, la fille n’a qu’à ſe prêter aux mouvemens & laiſſer ramer ſon corſaire… On dira tout ce qu’on voudra, mais ça fait un plaiſir !… c’eſt une volupté…



XVe. FAÇON.

Le Rebour de la Cavalcade.

La fille, ſe couche ſur le ventre, comme dans la poſture précédente, & met ſous elle le traverſin de ſon lit, ſimple ou double, en obſervant qu’il ſoit placé au niveau de ſa motte ; les feſſes ainſi relevées, elle le préſente beaucoup plus beau. Son fouteur ſe couche ſur elle, preſſe ſes cuiſſes entre ſes genoux, & l’enconne ferme. Mais il faut être nerveux & riche en pièces, pour tirer bien partie de cette façon là. Par malheur c’eſt un avantage que tout le monde n’a pas.



XVIe. FAÇON.

Le Rebour de la Chine.

La fille doit être à genoux, le cul ſur les talons, la tête appuyée ſur ſes deux bras, & comme proſternée ſur le lit, enſorte qu’elle offre au vit du fouteur, ſon con bien à découvert. Celui-ci à genoux derrière elle, le lui poſe & l’enfonce avec vigueur. Il eſt sûr que de cette manière, ſi Priape eſt puiſſant de taille & de ſucs, elle ſera foutue d’importance. Car ici tout eſt profit ; & en fait de plaiſir, rien n’eſt à négliger.



XVIIe. FAÇON.

La Levrette.

La fille ſe met ſur ſes genoux, & laiſſe porter ſon corps ſur ſes mains, & préſente ainſi le cul & le con : ſon fouteur ſe met également à genoux derrière elle, le reſte du corps droit ; paſſe une main ſur la croupe de ſa monture, & de l’autre guide ſon brandon dans la grotte de Vénus ; il faut baiſſer pour entrer d’un tems. Cette ; poſture eſt favorable aux courtes ; l’avantage générale eſt pour les gros.



XVIIIe. FAÇON.

La careſſe du tendre Ami.

Le cavalier ſe couche ſur le côté droit, paſſe le bras ſous le col de la fille, met une de ſes cuiſſes ſur ſes hanches : celle-ci prend le vit de ſon fouteur à pleines mains, le fait entrer juſqu’à la racine. On doit attendre le plaiſir ſans le hâter par des mouvemens précipités ; mais une main légere peut jouer ces œufs que Jupiter dépoſa ailleurs qu’au ſein de Léda, quoiqu’on en diſe.



Pl. 3
21
Le Boudeur
non identifié 20
La Boudeuse
(en double pl. 5)
2?
non identifié
22
La Réconciliation
25
La Canne-poule
27
Le Biais
17
La Levrette

XIXe. FAÇON.

La careſſe de la tendre Amie.

Cette poſture eſt abſolument la contre partie de celle ci-devant : la fille y fait le rôle de fouteur, qui joue celui de la fille. Au ſurplus tout s’y pratique de même : elle a autant d’agrément & de gentilleſſe, puiſque le vit n’entre pas moins avant, & c’eſt l’eſſentiel.



XXe. FAÇON.

La Boudeuſe.

La fille tourne le dos à ſon fouteur qui lui prend une de ſes cuiſſes, paſſe la ſienne entre, éleve l’autre ſur ſa hanche & enconne bas & roide ; ſe couche ſur ſes cuiſſes à demi-renverſée, fout de ſuite & s’endort ſur la beſogne. Cette façon n’eſt pas ſans attraits, c’eſt d’ailleurs une bonne recette pour faire un beau rêve.



XXIe. FAÇON.

Le Boudeur.

Cette poſture eſt la répétition de la précédente quant à la poſition ; avec cette différence que c’eſt l’homme qui a le dos tourné, & c’eſt la fille qui place le vit ; deux points la différencient : la fille y perd un bon pouce au moins, & ne s’endort jamais ſur le matin. Vit-on fille dormir le vit au con ?



XXIIe. FAÇON.

La Réconciliation.

Le cavalier & ſa fille, couché ſur le côté en face, s’embraſſent & s’uniſſent de maniere que le vit entre de lui-même ; s’il s’égare, qu’une main féminine le ramene au centre : cela fait, ils ſe ſerrent réciproquement entre leurs bras ; s’allongent ſe replient juſqu’à ce qu’elle ſe trouvent bouche à bouche, ſein contre ſein ventre contre ventre ; enſuite par de legers mouvemens, on attire le plaiſir.



XXIIIe. FAÇON.

Le parfait contentement.

La fille tourne le dos, ſe met ſur le côté, remonte ſes genoux juſqu’à ſon menton, & s’arrondit juſqu’à ce qu’elle ſe ſoit donné la forme d’une pelotte ; enſuite le fouteur ſe couche en travers, place ſon vit en face du con, & l’enfonce juſqu’au poil, de maniere cependant qu’il n’y ait que les deux points intéreſſans qui ſe rencontrent : il eſt maître alors de fournir ſa tâche, ſans s’arrêter, ou de faire une pauſe à moitié-chemin ; tout cela dépend des diſpoſitions dans leſquelles on ſe trouve ; ſi l’on eſt frais on fout ; l’on dort ſi l’on eſt las.



Pl. 4
23
Le parfait contentement
18
La caresse du tendre Ami
16
Le Rebour de la Chine
??
non identifié
5
La Catalane
41
La Gamahucheuse
4
A Demi-Lit
32
La Badine

XXIVe. FAÇON.

L’entrelas dans les deux genres.

Le fouteur & ſa fille ſe couchent l’un & l’autre ſur le côté, une des cuiſſes de l’homme entre celles de la femme, & l’autre pardeſſus, ou bien une des cuiſſes de la femme entre celles du fouteur ; celui-ci enconne ferme & pouſſe de même ; & pour peu que l’un ou l’autre ſe donnent du mouvement, il en réſulte un plaiſir d’autant plus doux, que, dans cette attitude, ils peuvent ſe becqueter à l’aiſe.




XXVe. FAÇON.

La Canne-poule.

La fille ſe met à genoux au bord du lit, proſternée ſur le viſage, & le cul portant ſur ſes talons : le fouteur debout derriere, l’enconne, & entre, s’il veut ſi avant, qu’à peine les couilles paroiſſent-elles : au reſte, cette maniere eſt plus propice à l’amant qu’à l’amante ; auſſi décharge-t-il de bonne grace, ſouvent pluſieurs fois dans la même poſture.



XXVIe. FAÇON.

Tout au vent.

La fille ſe couche ſur le dos, à demi-lit, releve ſes jambes, & les place ſur les deux épaules de ſon fouteur, qui lui plante le vit au con : cette attitude a d’autant plus de charmes pour lui, que pendant tout le temps il jouit de l’attouchement & de la douce friction d’une belle paire de feſſes : c’eſt un bien grand ſtimulant, ſurtout quand elles ſont rebondies, élaſtiques, &c.



XXVIIe. FAÇON.

Le Biais.

La fille ſe couche ſur le dos, & à demi-lit, comme dans la poſture précédente ; mais elle ne place qu’une de ſes jambes ſur l’épaule de ſon fouteur, qui l’enconne à l’inſtant, & laiſſe l’autre pendante, ou bien l’appuie ſur une chaiſe.

Cette maniere eſt délicate & voluptueuſe à tous égards.


XXVIIIe. FAÇON.

La vive Médaille.

La fille ſe couche à demi-corps ſur le ventre, & d’ailleurs reſte ſur ſes pieds : le fouteur, également debout, le lui met par-derriere, reçoit & rend ſecouſſes pour ſecouſſes, juſqu’à ce qu’il ſoit entré le plus poſſible : la fille devant ſerre les cuiſſes, ſelon l’étiquette ; quelquefois dans l’ardeur du plaiſir auquel elle ſe livre entiere, elle l’oublie. Cette maniere n’eſt [pas] commode pour le fouteur, s’il eſt petit ; car ſouvent il faut qu’il ſe tienne ſur la pointe de ſes pieds.




XXIXe. FAÇON.

La main odalique.

Cette façon n’a rien de particulier, & n’eſt effectivement recommandable que parce qu’elle fait partie de l’étiquette des ſerrails François. Au reſte, il ne s’agit que d’enconner la fille tenant ſon fouteur ſur elle, ſoit couché, ſoit autrement, & lui frottant le dos depuis la nuque juſqu’au croupion, le long de l’épine dorſale ; ce qui cauſe un chatouillement délicieux.



XXXe. FAÇON.

La Brouette.

Il faut que la fille ſe couche ſur un lit & ſur le ventre ; qu’elle place le bout de ſes pieds ſur chaque épaule de ſon fouteur, qui prend un des genoux de la fille dans chacune de ſes mains, & les porte ſur ſes hanches : il pouſſe & repouſſe vivement, toujours debout, va & vient comme s’il brouettoit. Cet équipage eſt très-ſolide, quand la cheville ouvriere eſt de taille, & qu’elle eſt entrée avec quelque difficulté : les roues étant d’un long ſervice, on peut ainſi brouetter long-tems.



XXXIe. FAÇON.

Le Cliſtere gaillard.

La fille ſe place ſur le bord du lit comme pour recevoir un cliſtere, c’eſt-à-dire le cul hors du lit, & la feſſe de deſſous tant ſoit peu retirée pour faire bailler le con. Le fouteur debout, à côté, l’enconne doucement & ſans bruit ; ainſi plus d’un mari fut coëffé par ſa moitié ; ainſi la vigilance d’une mere fut trompée par ſa jeune fille, dont la roſe faiſoit tout ſon eſpoir. Cette manière plaît d’autant plus, qu’elle réunit à la douceur de foutre, le plaiſir de le faire à la barbe des ſurveillans jaloux : ſans doute elle a ſes périls ; mais que l’amour trahiſſe le lâche amant qui réfléchit.

J’aurois pu me diſpenſer de peindre cette maniere ; car il y a tant de filles à qui cela démange, tant de garçons qui brûlent de le leur grater, & puis le diable eſt ſi malin, que ce ſeroit une merveille, ſi j’en donnois la première leçon.



XXXIIe. FAÇON.

La Badine.

Le fouteur s’aſſied ſur une chaiſe, s’il eſt déculotté, ſe déboutonne, & baiſſe très-bas ſa culotte ; il vaut mieux l’ôter, ſi l’on prévoit avoir aſſez de tems pour la remettre. La fille ſe met ſur lui à califourchon, le viſage en face de celui qui la careſſe. Elle met l’oiſeau en cage, & par ſes mouvemens excite ſon ramage : elle peut auſſi ſe placer en ſens contraire ; le fouteur paſſe alors ſes mains ſous ſes bras, & ſaiſit les pommes de Vénus.

Na. On ſe plaindra peut-être de la monotonie du texte : toujours enconner, décharger ! j’en conviens ; mais ce n’eſt pas auſſi le but de toutes les poſtures imaginables ; les unes ſont pour ralentir, les autres pour précipiter le plaiſir : le terme eſt le même… Un jour peut-être, en y penſant, ferai-je de tout ceci des tableaux ornés d’un ſtyle plus ſoigné… En attendant, pour vous dédommager, puiſſiez-vous toujours enconner & foutre !



XXXIIIe. FAÇON.

La Myſtérieuſe.

Le fouteur s’aſſeoit ſur une chaiſe, la fille ſe trouſſe & s’aſſeoit auſſi, mais ſur ſes cuiſſes, & lui tourne le dos ; enſuite elle paſſe la main ſous ſa juppe, ſaiſit le joyeux outil & le met en place, & s’enferre elle-même par ſon propre poids, & demeure ainſi accrochée juſqu’à ce que le clou tombe de lui-même ; ce qui ne manque pas d’arriver, tôt ou tard. Dans une voiture, au retour du ſpectacle, de la promenade, d’un bal, combien de filles ont été ainſi foutues, même auprès de la chere maman ?… Galans, faites en ſorte d’être ſouvent cinq dans une voiture, & profitez de la leçon !



XXXIVe. FAÇON.

L’Hercule.

La femme ſe met à califourchon ſur ſon fouteur, aſſis ſur une chaiſe ; elle prend ſon vit à pleine main, le branle juſqu’à ce que, gonflé par les eſprits vitaux, il leve une tête altiere ; enſuite elle le place dans ſon con, & paſſe ſes bras autour du col de ſon amant, qui lui paſſe les ſiens ſous les cuiſſes, & prend le haut de ſes feſſes ; puis ſe leve tout debout, & la fout ainſi en ſe promenant. Pour eſſayer de cette maniere, il faut être fort de reins : c’eſt la plus fatiguante. Petits-maîtres, Hercule ainſi foutoit ; c’eſt aſſez vous dire que c’eſt au-deſſus de vos forces.



XXXVe. FAÇON.

La Sentinelle.

Lorſque l’on a peur d’être pris en flagrant délit, on ouvre la porte à moitié, & la fille s’appuie ſur le chambranle, la tête du côté de l’eſcalier & le corps dans la chambre, à demi-courbé : dans cette poſition, le galant la trouſſe & la fout avec vivacité : la crainte lui donne des forces. Il faudroit être bien malheureux pour être pris après tant de précautions ; d’ailleurs, une porte ouverte met en défaut l’importune curioſité.



XXXVIe. FAÇON.

La Balançoire.

La fille & ſon fouteur s’aſſeoient ſur un lit, vis-à-vis l’un de l’autre, entremêlent leurs jambes ; puis ils rapprochent leurs corps juſqu’à ce qu’ils ſe touchent d’aſſez près pour que le vit puiſſe entrer dans le con ; alors ils ſe prennent par les deux mains, ſe ſoulevent avec précaution, & ſe laiſſent tomber alternativement l’un ſur l’autre, & ſe relevent de même. La durée de ce mouvement périodique dépend de celle de l’érection ; quand la cheville manque, tout ſe doit ſéparer.



Pl. 5
36
La Balançoire
20
La Boudeuse
(en double cf. pl. 3)
24
L’entrelas dans les deux genres
31
Le Clistère gaillard
30
La Brouette
37
Le contresens ou
la Bête à deux têtes
35
La Sentinelle

XXXVIIe. FAÇON.

Le contreſens ou la Bête à deux têtes.

La fille ſe couche ſur le dos, & met un carreau ſous ſes feſſes, pour faire ſaillir davantage la motte ; elle leve ſes cuiſſes, ainſi qu’il eſt preſcrit pour la catalane. Le fouteur ſe met à genoux, & s’appuie ſur ſes mains, marche, à quatre pates à reculons, & montrant ſon cul à la fille, juſqu’à ce que ſon vit ſoit perpendiculaire à ſon con ; il le lui met alors le mieux poſſible, & remue le croupion en tortillant, & diſtile le foutre avec fureur.



XXXVIIIe. FAÇON.

Le rebours de la Bête à deux têtes

Le cavalier ſe couche ſur le dos, le vit en l’air & bien roide ; la fille ſe place ſur lui à contre-ſens, la tête tournée du côté de ſes pieds, en obſervant que ſon con ſoit placé bien vis-à-vis le piquet de ſon fouteur ; elle l’empoigne & le niche elle-même. Il ne reſte plus qu’à entre-aider par des ſecouſſes mutuelles pour le faire entrer plus avant : le plaiſir acquiert de la vivacité à meſure qu’il pénètre davantage.



Pl. 6
38
Le rebours de la Bête
à deux têtes
33
La Mystérieuse
29
La main odalique
40
La Rocambole de Milan
34
L’Hercule
39
La Nourrice

XXXIXe. FAÇON.

La Nourrice.

Une fille qui a de gros tetons, ne laiſſe pas que de flatter la lubricité de ſon amant, lorſque, pour ranimer ſa vigueur mourante, elle lui préſente ſa gorge à foutre. Elle place ſon vit entre deux en forme de bouquet ; rapproche ſes tetons avec ſes deux mains, de maniere que le vit ſoit recouvert & comme empriſonné : l’amant, après bien des mignardiſes, ſent renaître les ailes de ſa flèche, & décoche ſon trait. Bien des gens même déchargent dans cette vallée de lys, n’oſant deſcendre dans la grotte de Vénus.



XLe. FAÇON.

La Rocambole de Milan.

Il faut que la fille ſe mette à genoux ſur un lit, la tête proſternée ſur le matelat & le cul très-élevé ; après lui avoir découvert les feſſes, en avoir un moment contemplé la rondeur, la fermeté, la blancheur, on fait quelques légers ſuçons, le fouteur, avec de la ſalive, mouille ſon vit, le place & l’enfonce dans le cul avec bien moins de réſiſtance que l’on ne croit peut-être ; il fait deux ou trois allées & venues, ce qui met la fille en feu, & le diſpoſe lui-même à décharger abondamment. Cependant il branle la fille avec un doigt, ou elle-même fait cet office ſi elle l’aime mieux. Auſſi-tôt qu’ils ſentent les approches des plaiſirs, le fouteur quitte la priſon où il s’eſt pour un moment renfermé, plonge plus bas, & vas mêler ſon foutre à celui de la fille, qui frémit de volupté.

Na. Comme la rareté met le prix aux choſes & la nouveauté leur prête des agrémens, une fille adroite, pour retenir dans ſes chaînes un amant, ou libéral, ou vigoureux, doit lui reproduire le plaiſir, au fond toujours le même, ſous mille formes différentes. Le plaiſir, entre ſes bras, doit être plus changeant que Protée. Telle fille dût ſa fortune à une poſture inventée à propos ; telle autre eut la vogue pour avoir ſu, nouvelle aurore, rajeunir un Titon dans ſes bras. Vénus n’eſt pas plus belle que Diane, Pallas, ni même les Graces qui marchent à ſa ſuite ; mais Vénus eſt coquette, & ſait découvrir à propos ſa brillante ceinture ; Vénus, a l’empire de la beauté, & ſon temple eſt célebre en tour pays, ses Prêtreſſes par-tout ſuivent ſon exemple ; mais après avoir épuiſé la nature elles ont recouru à l’art. Les Françoiſes, plus timides ou moins ardentes aux plaiſirs, ſe contentent des chemins battus, & bornent toute leur ſcience à quelques mignardiſes, qui tiennent à leur caractère plus lent. Les Georgiennes, les Italiennes, les Créoles nées ſous des climats plus chauds, ont auſſi des ardeurs plus vives : chez elle un deſir ſatisfait, fait naître mille deſirs qui ſurvivent toujours aux plaiſirs, qui ne ſauroit les éteindre ; auſſi ſont-elles plus ingénieuſes pour créer de nouvelles jouiſſances : rien ne les arrête, rien ne les rebute ; la douleur même, le dégoût ne ſuſpendent point la fureur laſcive. La derniere maniere, & celles qui ſuivent, ont été inventées dans ces climats brûlans, où l’art de la volupté eſt une étude.

La signora Marjolana écrivoit à ſon amant, qu’elle croyoit refroidi à ſon égard :

« Tu me quitte ingrat, parce que pour toi j’ai épuiſé l’art des Laïs, des Meſſalines, des Poppées !… Reviens… je t’adore… je brûle… je ſuis toute à toi : depuis le ſommet de la tête juſqu’aux talons, viens me foutre où tu voudras ; à telle partie du corps que je foute, ton vit bandant, ma joie eſt extrême… viens… l’amour nous ſera propice !… viens… je le ſens… déjà mon imagination… je conçois… oui… une nouvelle poſture ! oui ! ſi tu ne crains point mes dents, que ma bouche ſoit pour toi un nouveau con. Avec quels délices tu vas répandre cette liqueur divine ?… Tu t’étonnes ?… Eh quoi, je ne vis que pour foutre. Que le foutre m’abreuve ! Je veux manger, je veux boire… foutre !… Oh ! mon con, pardonne, & ne ſoit pas jaloux ! Tant de fois tu as nagé dans les flots de foutre ! Mais toi, mon doux ami, ſi tant d’ardeur te plaît, viens te pâmer vingt fois ſur mon ſein, d’amour & de volupté ; tu me verras vingt fois mourir & renaître dans tes bras, ranimée par tes baiſers ».

Cette lettre a donné l’idée de la poſture que je vais décrire ; mais pour cet excès de volupté, il faut un excès d’amour.


XLIe. FAÇON.

La Gamahucheuſe.

La fille ſe couche tout de ſon long ſur le dos ; elle écarte ſes jambes aſſez pour recevoir la tête de ſon amant, qui s’eſt étendu ſur elle à plat-ventre ; celui-ci ſouleve enſuite un tant ſoit peu ſon corps, de maniere que ſes cuiſſes peſent légérement ſur les épaules de la fille. Ils ſe chatouillent réciproquement avec les mains ; & quand la fureur d’amour s’empare de la fille, elle prend entre ſes levres le vit de ſon amant, & le branle avec ſa langue, juſqu’à ce que le foutre coule à gros bouillons : cependant d’une main elle badine avec les pelotons de Vénus, & ſon fouteur, (ſi ſa paſſion eſt égale à celle de la Nymphe) darde amoureuſement ſa langue frétillarde ſur le clitoris, ou plus avant ad libitum.


CE A QUOI ON NE S’ATTEND PAS,

CONTE.

Eh vîte un lavement, vîte, Docteur Pancrace,
Ou ma maîtreſſe va mourir !
L’Apothicaire d’accourir,
Et de ſe mettre face à face
Pour opérer. — A l’aſpect du beau cul
De la belle malade,
Pere Cartaut faire incartade,
Et le pharmacopole en ſentir la vertu.
Soudain il prend le change ;
Et, dédaignant le canal de l’anus,
Enfile droit le ſentier de Vénus,
Qu’il gratte comme un ange.
La belle, au mouvement,
Sentit bien la mépriſe ;
Oublia ſa colique, &, dans certaine criſe,
Combien… Monſieur… prend-il par

chaque lavement ?
Un écu, belle enfant.
Que cela ? Fort ſurpriſe,
Et le ſentant toujours dedans :
Monſieur, donnez-m’en cinq, & voici quinze francs.


L’OCCASION FAIT LE LARRON,

CONTE.

Une de ces femmes à ton,
Fort laides de figure,
Mais dont on aime la tournure,
S’attiroit les regards & l’admiration,
A la promenade publique,
Du financier, du greluchon,
De l’épée & du capuchon.
Dans ce lieu de critique
Vint un Gaſcon
D’humeur cauſtique,
Et qu’un mouvement priapique
Soudain pouſſa
Derriere la Déeſſe,
Sa croupe il admira ;
Et ſur ſa feſſe
En idée il poſa
Mille baiſers, je gage :

Du Créateur, ſandis voilà,
Sans contredit, le plus charmant ouvrage !
C’eſt fort bien juſques-là,
Si le devant eſt conforme au derriere ;
Voyons cela.
Et, pour ſe ſatisfaire,
Zeſte il la devança,
Puis, zeſte, il la lorgna,
Puis zeſte il s’écria :
Dieu ! le vilain viſage !
Pour le baiſer qu’il faudroit de courage !
J’aime, ma foi,
Mieux l’autre face.
Et, ſur le champ, derriere elle il repaſſe.
Eh ! parbleu, Monſieur, aimez-moi,
Repartit l’ingénue,
Par où vous m’avez vue.
La leçon plut
Au Gaſcon véridique ;
Il eſt en rut,
Il la met en pratique.
Cela prouve que Belzébuth
D’un Catholique
Fait, quand il veut, un Hérétique.


ÉPITAPHE DE GERVAIS,

Auteur du Portier des Chartreux.

Des bougres, des fouteurs, il écrivit l’hiſtoire ;
Sa plume fut ſon vit,
Ses couillons ſon eſprit,
Le foutre ſon génie, un con ſon écritoire.



LA CHOSE QUI CROIT LE PLUS VITE,

CONTE.

Un pere avoit trois filles
Jeunes, bien faites & gentilles :
Iſabeau, Camille & Suzon,
Voilà leur nom.

Toutes les trois avoient pour l’homme,
Secrettement,
Un vif attachement.
A qui la pomme ?
Intéreſſante queſtion
Que veut réſoudre
Leur cher papa, bon pere au fond.
Un ſoir, après ſouper, faiſant digeſtion,
Il ſurprit le trio qui, s’amuſant à coudre,
Agitoit vivement
Sur le point conjugal mille débats aimables,
Il entrevit par-là les ſuites redoutables
D’un amoureux penchant ;
Fille qui cherche époux, bientôt trouve un amant.
Sans les effaroucher, il leur tint ce langage :
Vous êtes mes enfans :
Je connois vos cœurs & veut lire au-dedans.
Vous voulez toutes trois tâter du mariage,
Et, toutes à la fois,
Ne pouvez, à l’inſtant, jouir de l’avantage
De trouver des partis digne de votre choix.

Je vous aime,
Et j’ai ce qu’il vous faut.
Notre joie eſt extrême.
Que ne le diſiez-vous plutôt !
Comme un éclair partit cette réponſe.
Un moment. Ecoutez, & mes conditions
Ne vous déplairont point. D’abord je vous annonce
Que je ne gêne en rien vos inclinations ;
Enſuite je promets de tenir ma parole.
Ce bon pere étoit drôle
Et d’un naturel gai.
Demain je marierai
Celle de vous qui m’aura dit la choſe
Qui le plus vîte croît.
Je me propoſe
De ne point regarder le droit
D’aîneſſe
Je veux agir d’après cette tendreſſe
Que vous vous témoignez
Sans jalouſie.
C’eſt ma folie.
Soignez
Par conſéquent ce qui vous intéreſſe.

Bon ſoir. Voyez,
Réfléchiſſez,
Il les embraſſe, & puis les laiſſe.
On rentre, l’on ſe couche, & l’on ne peut dormir.
Tant on s’occupe du plaiſir
Que doit néceſſairement faire
Le lendemain la promeſſe du pere.
Voilà trois femelles eſprits
A la torture,
Et trois maris.
Fatigués en peinture.
L’aînée en ſe couchant
Vit deſſus ſa fenêtre
Un bouton de roſe naiſſant
Bon ! dit-elle, demain ce bouton ne peut qu’être
Une roſe certainement.
Ce ſoir je me couche pucelle ;
Demain, par conſéquent,
Je ne le ferai plus ſi je ſuis mariée.
D’un ſi doux eſpoir enivrée
La belle ſommeilla ;
La belle s’éveilla ;

La belle à ſon papa
Courut dire cela :
Agréez cette roſe
Qui n’étoit, hier ſoir,
Autre choſe
Qu’un bouton. Dites-moi : dois-je avoir de l’eſpoir ?
Ton jeu n’eſt pas vilain, ma fille,
Mais on pourroit l’avoir plus beau.
Quand j’aurai vu celui de Suzon de Camille,
Je pourrai prononcer ; à l’inſtant Iſabeau
S’en fut pas trop contente.
Mortelle en ſon attente.
La cadette auſſi-tôt
Entre en criant : mon pere,
Vous me marierez la premiere,
Car j’ai de l’énigme le mot.
Je ſais ce qui croît le plus vîte ;
Je l’ai vu dans la cour,
Venant vous donner le bonjour.
Le plaiſir que j’en ai, fait que mon cœur palpite,
Et que je ne puis vous parler.

Reſpire, ma petite :
Ceſſe de te troubler.
Au pied du mur je paſſe
Et je n’apperçois rien ;
Je repaſſe & je vois un champignon : fort bien !
Tenez, d’ici vous pouvez voir ſa place.
Oh ! ſur mes ſœurs j’aurai le pas !
Cela ſe peut, ma fille ;
Mais il faut que Camille
Diſe ſon mot. Je ne puis pas
Sans l’entendre rien dire,
Suzon, à ce diſcours,
De s’en aller, puis de ſourire.
En voici deux toujours
Qui de filles bientôt peuvent devenir femmes,
Tant le plaiſir s’empare de leurs ames.
Elles s’amuſent aux dépens
De la troiſieme,
Dont l’embarras eſt des plus grands.
Camille eſt en effet dans une peine extrême.
Elle ignore ſon ſort.
Et, pour le décider, n’a que l’amant qu’elle aime

Et dont elle eſt aimée. Un jour de bon accord
Tous deux s’étoient prouvé ce que mâle & femelle
Se prouvent dans certains cas.
Bref, ils s’étoient juré foi d’amour éternelle.
Il s’agit d’un aveu.
Un aveu ſeul peut la tirer d’affaire.
Ce n’eſt pas peu.
Puis à ſon pere
Comment le faire !
L’amour-propre, & l’amour
Régnoient trop ſur ſon ame
Pour lui faire éteindre une flamme
Si durable, en un jour,
En un moment peut-être.
De ſes ſens on n’eſt pas le maître.
C’eſt point conclu ;
C’eſt réſolu.
Papa dira tout ce qu’il voudra dire,
Mais il ſaura,
Sur ce chapitre-là,
Comment Colin a ſu m’inſtruire ;

Comme il s’y prit. Il me pardonnera,
Et pour époux il me le donnera.
La voilà donc en pleurs aux genoux de ſon pere.
Hé bien ! ma fille, qu’as-tu donc ?

Pourquoi pleurer ? Quel point te déſeſpere !

Je ne vis onc
Sans ſujet tant de larmes.
A tes ſœurs rendrois-tu les armes ?
Et ſans combattre cede-tu ?
Non papa, j’ai bien combattu.

Mais… je… ne… ſuis… pas… ſans… alarmes.

Auroit-on flétrit tes charmes ?
T’auroit-on ravi ta vertu ?
Sois franche & compte
Sur ma bonté.
Je vous aurois déjà tout raconté,
Si je n’avois trop honte,
En vérité,
De ma foibleſſe.
J’y ſongeois ce matin…
A quoi ! voyons : à ce Colin.

Papa, vous êtes bon, vous voyez ma détreſſe,
Colin… a… tou… te… ma… tendreſſe…
Et… de… votre énig… me… d’hier…
Cet… objet… à mon cœur ſi cher !
M’a… donné… le… mot… dans… la… grange.

Je n’oſe tout vous dire. Allons, parle mon ange :

Je te réponds de ne pas me fâcher.
Eh bien ! papa… Colin… vint… me… chercher…
L’autre ſemaine.
Je le ſuivis. Nous fûmes nous cacher.

Et puis… il me… fit… voir… dans ſa… brûlante peine.

Un… tout… petit… morceau… de… chair…

Comme le petit doigt… Soudain je le careſſe,

Et crac… en l’air,
Je m’apperçois qu’il dreſſe.

En s’allongeant du double. Il ſuffit, j’y vois clair.

Moi j’y vis trouble.
De Colin l’ardeur redouble.
Il chérit mes appas.
Je l’aime depuis davantage.
Papa, ce ſeroit grand dommage
Si nous ne nous épouſions pas.
Ceſſe de t’alarmer : pour mari tu l’auras.
Sur ſes ſœurs la moins ſage,
Quoique la plus jeune, eut le pas
C’étoit le cas.



LA GARDE-A-PIQUE.

CONTE.

Une soubrette à ſa maîtreſſe
Cacha, tant qu’elle put,
Certaine preuve de groſſeſſe ;
Mais la groſſeſſe enfin parut.
D’où vient cela Marine ?

Madame, un ſcélérat… d’une humeur… libertine…

De force un jour me prit,
Et malgré moi me fit…
Bleſſure là… montrant du doigt la place.
Plus je demandois grace,
Et plus avant ſa main alloit,
Sous mon jupon, dans mon corſet.
J’égratignai le traître,
Je le mordis,
En pieces je faillis le mettre.

Et tout ce qu’il faut faire en tel cas je le fis.

Il ne peut qu’y paroître !
En ce moment,
Madame, ſi vous m’aviez vue,
Comme un diable vraiment
Je me ſuis débattue !
Pas aſſez, & tu vas le voir :

Regarde cet anneau que de mon doigt je tire ;

Eſſaie de pouvoir
Y faire entrer le tiens, l’Agnès de ſourire.
Puis ajuſtant l’index, tâche de l’introduire
Avec vivacité :
Elle pouſſe, l’autre retire ;
Et l’anneau ſans ceſſe agité
En un ſens tout contraire,

Tantôt haut, tantôt bas, de milieu, de côté,

Allant, venant en liberté,
Laſſe la chambriere.
Mais, Madame, comment
Voulez-vous que j’enfile.
Si vous n’arrêtez un moment ?

Ah ! petite imbécille,
Tu le vois à préſent :
T’auroit-on enfilée
Si tu ne t’étois arrêtée ?



QUI COMPTE SANS SON HOSTE, COMPTE
DEUX FOIS,

CONTE.

Un savetier
A ſon métier
Avoit gagné certain bien être.
Il vend ſa charge, & ſur le champ penſe être
Un gros seigneur. Avec bien du bien
On eſt quelque choſe de rien.
Vîte il s’empreſſe
De ſe chercher
Une Maîtreſſe
Dont, ſans rougir, il pût s’amouracher.
Et le voilà,
Tout exprès pour cela,
Qu’il bat la ville & la campagne.
Mais c’eſt en vain ;
De ce vilain

Nulle ne veut devenir la compagne.
En lui tout répugnoit.
Son air craſſeux perçoit
Au travers de ſon opulence.
Car rien n’eſt tel
Comme le naturel.
Dans ſon dépit, il fut conter ſa chance
Au Pere Hilarion,
Carme des Chaux, par conſéquent larron.
Et qui ne fit une pénitence
Près d’un tendron.
J’ai votre affaire
Lui dit le Pere ;
Et ſans façon
Je m’en vais vous conduire
Au but où votre cœur aſpire.
Vous ne tarderez pas
D’avoir pour femme
Morceau friand.
C’eſt un amour que cet enfant.

Elle eſt pleine d’eſprit, de bonnes mœurs & d’ame.

En outre elle a de l’éducation.
Vous en verrez la preuve.

Point ne mentoit,
Puiſqu’il l’avoit
Miſe à l’épreuve.
Et le jupon
De ce tendron
Aux yeux de tout le monde
Le témoignoit ;
Bref, on voyoit
Un tant ſoit peu qu’elle étoit ronde.
C’étoit
Là le chef-d’œuvre
De ce Moine papa,
Qui, de ce côté-là,
De la chair avoit commis l’œuvre.
Quoique cela
N’en voyant rien, à notre Blaiſe
La fille plaît.
Hilarion les met
Tous les deux à leur aiſe,
Et le marché ſe fait.
L’Egliſe y paſſe ;
Et, par ſa grace,
Juſte au bout de cinq mois
De mariage,
ſous la protection du baptême & des loix,

Ayant bien l’âge,
Un beau poupon
Tout rond
De la façon
Du pere Hilarion,
Advint au compte
Du marié ;
Il compte, puis recompte,
Et puis ſe voit forcé
De s’écrier : j’en ai !
Furieux de ſa honte,
Tout ſot qu’il eſt,
Il va trouver le pere.
Parlez donc, s’il vous plaît,
Dites, que dois-je faire.
De la poule & de l’œuf !

Ma femme accouche ; & certes, dans l’affaire.

Je n’ai rien mis. La raiſon eſt fort claire :

Je l’ai depuis cinq mois, & l’enfant en a neuf.

Tout beau compere !

Conſultez vos ſtatuts ſans vous mettre en colere,

Vous ne devez jamais travailler ſur du neuf.
Mon savetier, quoiqu’un peu bête,
Etoit un homme honnête.
Sus, il raiſonne ainſi.

Si je ne ſuis pas pere, au moins ſoyons mari.

Façon de penſer vraiment ſage
Qu’il faut avoir lorſqu’on entre en ménage.



Pl. 8
Les Œufs frais

LES ŒUFS FRAIS,

CONTE.

Un Apprentif du métier de Vulcain
S’aviſa d’être amoureux de la femme
De ſon Bourgeois. Bref, dans ſon ame
Pierrot conçoit paillard deſſein.
Simone en ſage,
Et ſon mari jaloux.
L’une tranquillement en haut fait ſon ouvrage,
Et l’autre en bas faiſant tapage
Forge à grands coups
Clefs & verroux.
Tout en l’aidant mon Pierrot penſe
En lui-même à ſe ménager
Tendre accointance.
Ah çà ce n’eſt pas tout que de forger ;
Il s’agit de manger,

Dit le Darron. Du pain, Simone & du fromage,

A déjeûner & du courage !
Simone va
Vîte au juda ;
Et, ſans cérémonie,
Sort par ce trou
Son mari loup-garou.
Mercis, ma mie.
Juſqu’au genou
Pierrot la lorgne.
Il ne perd pas l’eſprit.
Mais la carogne
Ne répondit
Que d’un œil dur à ſon œil tendre.
Comment s’y prendre ?
Le pauvre gars oublie alors
De faire au déjeûner careſſe,
Tant il étoit dans la triſteſſe
Mais tu fais un drôle de corps,
Dit le Darron en colere :
Voyez donc ce pauvre petit,
Qui demeure ſans appetit
Auprès d’une ſi bonne chere !

J’ai mal au cœur, répond Pierrot
D’un air tout ſot.

Bon, bon, dit le Cyclope en lui frappant l’épaule,

Ton mal ſe paſſera ;
Et la Bourgeoiſe à de quoi pour cela.
Monte là-haut : dis-lui qu’elle te donne
Deux œufs frais, vîte & tôt,
Monte Pierrot.
Votre mari, dame Simone.
M’a dit de vous baiſer deux fois.
Si-tôt dit, il travaille à cette douce affaire.

Je m’en vais, poliſſon, vous donner ſur les doigts,

Et pour le faire

Demandez-lui plutôt : n’eſt-ce pas M. Pierre ?

S’écria le frippon deſſus la ménagère.
Dis-moi donc, eſt-ce vrai
Ce que Pierrot m’ordonne ?
Réponds-moi, mon mari.
Tu me la baille bonne !
Je le prétends ainſi :
Quand je dis oui, c’eſt oui.

Eſt-ce bien deux ? Oui deux, quatre s’il les demande.

Pierrot va donc ſon train, & va toujours qui bande.

Pas mal s’il s’en tira :
Rien ne dure en ce monde.
Du baril qu’il boucha
Comme il ôtoit la bonde,
Une goutte tomba,
Droite par le juda,
Sur le nez du bonhomme,
Qui ſoudain l’avala
En époux économe.
Mon nigaud ! le voilà :
Trouvez-moi ſon ſemblable.
Oh ! le grand innocent !

Apprends, s’écria-t-il, mangeur d’œufs déteſtable,

Que dans l’œuf tout ſe mange, & le jeaune & le blanc.
FIN