Les Quarante manières de foutre/40

À Cythère, Au Temple de la Volupté (p. 42-45).

XLe. FAÇON.

La Rocambole de Milan.

Il faut que la fille ſe mette à genoux ſur un lit, la tête proſternée ſur le matelat & le cul très-élevé ; après lui avoir découvert les feſſes, en avoir un moment contemplé la rondeur, la fermeté, la blancheur, on fait quelques légers ſuçons, le fouteur, avec de la ſalive, mouille ſon vit, le place & l’enfonce dans le cul avec bien moins de réſiſtance que l’on ne croit peut-être ; il fait deux ou trois allées & venues, ce qui met la fille en feu, & le diſpoſe lui-même à décharger abondamment. Cependant il branle la fille avec un doigt, ou elle-même fait cet office ſi elle l’aime mieux. Auſſi-tôt qu’ils ſentent les approches des plaiſirs, le fouteur quitte la priſon où il s’eſt pour un moment renfermé, plonge plus bas, & vas mêler ſon foutre à celui de la fille, qui frémit de volupté.

Na. Comme la rareté met le prix aux choſes & la nouveauté leur prête des agrémens, une fille adroite, pour retenir dans ſes chaînes un amant, ou libéral, ou vigoureux, doit lui reproduire le plaiſir, au fond toujours le même, ſous mille formes différentes. Le plaiſir, entre ſes bras, doit être plus changeant que Protée. Telle fille dût ſa fortune à une poſture inventée à propos ; telle autre eut la vogue pour avoir ſu, nouvelle aurore, rajeunir un Titon dans ſes bras. Vénus n’eſt pas plus belle que Diane, Pallas, ni même les Graces qui marchent à ſa ſuite ; mais Vénus eſt coquette, & ſait découvrir à propos ſa brillante ceinture ; Vénus, a l’empire de la beauté, & ſon temple eſt célebre en tour pays, ses Prêtreſſes par-tout ſuivent ſon exemple ; mais après avoir épuiſé la nature elles ont recouru à l’art. Les Françoiſes, plus timides ou moins ardentes aux plaiſirs, ſe contentent des chemins battus, & bornent toute leur ſcience à quelques mignardiſes, qui tiennent à leur caractère plus lent. Les Georgiennes, les Italiennes, les Créoles nées ſous des climats plus chauds, ont auſſi des ardeurs plus vives : chez elle un deſir ſatisfait, fait naître mille deſirs qui ſurvivent toujours aux plaiſirs, qui ne ſauroit les éteindre ; auſſi ſont-elles plus ingénieuſes pour créer de nouvelles jouiſſances : rien ne les arrête, rien ne les rebute ; la douleur même, le dégoût ne ſuſpendent point la fureur laſcive. La derniere maniere, & celles qui ſuivent, ont été inventées dans ces climats brûlans, où l’art de la volupté eſt une étude.

La signora Marjolana écrivoit à ſon amant, qu’elle croyoit refroidi à ſon égard :

« Tu me quitte ingrat, parce que pour toi j’ai épuiſé l’art des Laïs, des Meſſalines, des Poppées !… Reviens… je t’adore… je brûle… je ſuis toute à toi : depuis le ſommet de la tête juſqu’aux talons, viens me foutre où tu voudras ; à telle partie du corps que je foute, ton vit bandant, ma joie eſt extrême… viens… l’amour nous ſera propice !… viens… je le ſens… déjà mon imagination… je conçois… oui… une nouvelle poſture ! oui ! ſi tu ne crains point mes dents, que ma bouche ſoit pour toi un nouveau con. Avec quels délices tu vas répandre cette liqueur divine ?… Tu t’étonnes ?… Eh quoi, je ne vis que pour foutre. Que le foutre m’abreuve ! Je veux manger, je veux boire… foutre !… Oh ! mon con, pardonne, & ne ſoit pas jaloux ! Tant de fois tu as nagé dans les flots de foutre ! Mais toi, mon doux ami, ſi tant d’ardeur te plaît, viens te pâmer vingt fois ſur mon ſein, d’amour & de volupté ; tu me verras vingt fois mourir & renaître dans tes bras, ranimée par tes baiſers ».

Cette lettre a donné l’idée de la poſture que je vais décrire ; mais pour cet excès de volupté, il faut un excès d’amour.