Les Prisonniers de guerre en Allemagne
Les Prisonniers de Guerre en Allemagne
Paris, 17 mai. — Le Bulletin des Armées qui paraît aujourd’hui publie un document édifiant qui caractérise bien la mauvaise foi teutonne. C’est un avis affiché en juillet 1915 dans les camps d’Allemagne dont voici le texte :
« Tous les travaux dont les prisonniers de guerre sont chargés seront exigés d’eux au besoin par la force, même quand les prisonniers pourraient avoir l’idée que ceux-ci se rapportent à des opérations de guerre.
« Les prisonniers de guerre ne peuvent faire valoir les règlements et les lois de leur pays car, pendant la durée de la guerre, ils sont soumis uniquement aux lois et règlements martiaux des Allemands. Seul le Gouvernement allemand est responsable des travaux qu’il exige d’eux.
« En cas de refus, les prisonniers subiraient des punitions. Ces punitions sont : la privation de nourriture ; le couchage sous des hangars exposés au vent sans couverture, ni capote ; l’exposition dans des chambres chauffées à des températures de 60 degrés ; des coups de crosse et de baïonnette ; la mise au cachot. »
C’est sous la menace de ces châtiments barbares que nombre de nos compatriotes, des Anglais, des Russes et des Belges ont été contraints de travailler notamment dans les usines de guerre d’Essen, de Bottrop et Glabdeck.
QUI EST CHARGÉ D’UN RAPPORT
SUR LE RÉGIME COMPARÉ
DES PRISONNIERS DE GUERRE
Paris, 17 mai. — Du Petit Parisien :
La question des prisonniers de guerre est une de celles qui préoccupent le plus légitimement l’opinion française.
Nous avons demandé son avis à M. Gratien Candace, qui a été chargé par la Commission des Affaires Extérieures d’un rapport sur le régime comparé des prisonniers de guerre.
— Parmi les mesures les plus troublantes, nous a-t-il dit, qu’ait prises récemment le Gouvernement allemand, on connaît celle des représailles contre les prisonniers dits intellectuels. L’Allemagne prétend que l’autorité française a volontairement employé aux plus durs travaux les prisonniers allemands appartenant aux mêmes professions pour les envoyer dans des camps de représailles.
Il y a ainsi des avocats français qui ont été astreints au travail dans les mines, des professeurs qui dessèchent des marais. Comme de coutume, c’est avec un raffinement de barbarie que l’autorité allemande applique les ordres impériaux.
Pour rassurer les familles, M. Candace nous montre, par de nombreuses lettres, avec quel noble courage les prisonniers français acceptent leur sort.
— Mais nous n’admettrons pas, a-t-il ajouté, que, par une inégalité à rebours, des étudiants, des instituteurs et des magistrats soient, par l’autorité allemande, sélectionnés pour servir de victimes, et qu’on leur réserve des travaux qui compromettent leurs forces, et que l’Allemagne se venge sur eux du refus de la France de se plier à des exigences inacceptables.
Le Gouvernement français, nous le savons, poursuit ce résultat, sans faiblesse ; il adresse des protestations énergiques, menaçant de mesures de réciprocité dont il précise la date et la portée.
L’union sacrée de tous les cœurs résolus sera le meilleur appui de la France dans des revendications légitimes contre l’impuissante barbarie germanique.
Paris, 17 mai. — M. Galli, député, déclare que si l’interdiction de l’envoi de colis aux prisonniers français en Allemagne n’est pas levé dans un délai très bref, le premier devoir du Gouvernement français sera de fermer la frontière aux correspondances des familles boches avec leurs enfants prisonniers en France.