Les Poètes du terroir T I/Paul Sébillot

Les Poètes du terroir du XVe au XXe siècleLibrairie Ch. Delagrave Tome premier (p. 429-430).

PAUL SEBILLOT

(1843)


Ethnographe, traditionniste, peintre et poète, M. Paul Sébillot est né le 6 février 1843, à Matignon (Côtes-du-Nord). Bien que la terminaison du nom de Sébillot ne semble pas indiquer une origine bretonne, ses ancètres étaient Bretons. Sébillot n’est qu’un surnom devenu patronymique. Son père, ainsi que son grand-père et son arriére-grand-père, était médecin. À la famille de sa mére appartenait l’abbé Egault de Saint-René, qui fut, au collège de Dol, l’un des professeurs de Chateaubriand. Nous ne rappellerons pas la carrière laborieuse de M. Sébillot. D’autres y ont pourvu, dont les noms se trouveront mentionnés à la suite de cette courte notice. Nommé en 1889 chef de cabinet au ministère des travaux publics, M. Paul Sébillot fut chargé peu apres, au même ministere, de la direction du personnel et du secrétariat, qu’il conserva jusqu’en 1892 ; il est actuellement entreposeur de tabacs. À ses débuts, M. Sébillot étudia la peinturet exposa quatorze fois aux différents Salons de Paris. Pendant les longs séjours que son métier de paysagiste l’obligeait de faire en Bretagne, il eut l’idée d’interroger les marins et les paysans, et il ne tarda pas à recueillir les matériaux de très curieux ouvrages de folklore. Au commencement de 1880, il fit paraître les Traditions, Superstitions et Légendes de la haute Bretagne (Paris, Maisonneuve, in-8o) et un Essai de questionnaire pour servir a recueillir les traditions, les superstitions et les légendes (ibid., in-8o). La même année, encouragé par un succes très légitime, il publia les Contes populaires de la Haute Bretagne (Paris, Charpentier, in-18) ; puis, en 1881, Contes des paysans et des pécheurs (ibid., in-18), lesquels furent suivis, en 1882, des Contes des marins (ibid., in-18). Vinrent ensuite : Littérature orale de la Haute Bretagne (Paris, Maisonneuve, 1881, in-12) ; Bibliogr. des traditions et de la littérature populaire de la Bretagne (Paris, Revue celtique, 1882, in-8o) ; Traditions et Superstitions de la Haute Bretagne (ibid., 1882, in-12) ; Gargantua dans les traditions populaires (ibid., 1883, in-12) ; Contes de terre et de mer (Paris, Charpentier, 1883, in-18) ; Blason populaire de la France, en collabor. avec H. Gaidoz (Paris, Cerf, 1884, in-18) ; Coutumes populaires de la Haute Bretagne (Paris, Maisonneuve, 1885, in-18) ; Contes des provinces de France (ibid., in-18) ; Bibliographie des traditions populaires des Frances d’outre-mer (Paris, Maisonneuve, 1886, in-8o) ; Supplément au même ouvrage (ibid., 1888, in-8o) ; Les Légendes, Croyances et Superstitions de la mer (Paris, Charpentier, 1886-1887, 2 vol. in-18) ; Contes de la Haute Bretagne (Paris, Lechevalier, 1894, in-8o) ; Légendes du pays de Paimpol (ibid., in-8o) ; Légendes et curiosités des Métiers (Paris, Flammarion, 1894-1896, en fascic.) ; Bibliogr. des traditions de la Bretagne (Paris, Lechevalier, 1896, in-8o) ; Contes et légendes du pays de Gouarec (ibid., 1897, in-16) ; Petite Légende dorée de la Haute Bretagne (ibid., in-12) ; Légendes loc. de la Haute Bretagne (ibid., 1899, in-12) ; Contes des landes et des grèves (Rennes, Caillière, 1900, in-16) : Contes d’Ille-et-Vilaine et Côtes-du-Nord (Paris, Lechevalier, 1900, in-8o) ; Notes sur la légende d’Is (ibid., in-8o) ; Le Folklore de France (Paris, Guilmoto, 1904-1907, 4 vol. in-8o) ; etc.

On lui doit encore deux recueils de poèmes conçus sur des légendes et superstitions bretonnes : La Bretagne enchantée (Paris, Maisonneuve, 1899, in-16) ; La Mer fleurie (Paris, Lemerre, 1903, in-18).

M. Paul Sébillot a collaboré à un grand nombre de publications ; il dirige actuellement la Revue des traditions populaires.

Bibliographie. — Léon Séché, Figures bretonnes et angevines, M. P. Sébillot, etc. ; 1889, in-8o. — Anonyme, Paul Sébillot, notice extr. du Dictionn. intern. des folkloristes ; Paris, G. Colombier, s. d., petit in-8o, etc.



MER FLEURIE


Séduit par les aspects charmants ou grandioses
De l’humide élément qu’il aime avec ferveur,
Le marin a trouvé des mots pleins de saveur
Pour peindre la beauté de ses métamorphoses ;

Il a des termes neufs inconnus à nos proses :
L’Océan lui rappelle un gai parterre en fleur,
Que le printemps orna de sa riche couleur,
Et s’il n’est point ridé, c’est « une mer de roses ».

Sa surface verdâtre, où se mirent les cieux,
Lorsqu’il la voit de loin, représente à ses yeux
L’herbe que les moutons paissent dans la prairie,

Et lorsque le vent frais sème les flots mutins
De bouquets blancs qui font songer aux aubépins,
On dit à Saint-Malo que la mer est a fleurie ».

(La Mer fleurie.)