Les Poètes du terroir T I/Le Lasseur de Ranzay
LOUIS LE LASSEUR de RANZAY
Poète élégant, mais d’osprit et de forme étroitement parnassiens, M. Louis Le Lasseur de Ranzay est né à Nantes le 8 novembre 1856. À son début, il a fait paraître un recueil de poésies, d’expression bretonne, Les Mouettes (Paris, Lemerre, 1886, in-18), « où il tenta de trouver des formes nouvelles pour dire, selon José-Maria de Heredia, le charme de l’amour, la mélancolie du passé et la beauté des choses… » Par la suite, il a donné les Sonnets à la Lune (ibid., 1897, {{in-18}) et fait jouer sur diverses scènes fantaisistes quelques menues productions dramatiques. L’une de ces dernières, Les Larmes de Corneille (Paris, Fasquelle, 1906, in-18), a été représentée à la Comédie française. M. Le Lasseur de Ranzay a collaboré à L’Hermine.
À la pointe du Raz, en plein assaut du vent,
Le pilote a bâti son toit de pierres sèches
Sur un roc balayé de flux par plus de brèches
Qu’un pont désemparé de vaisseau dérivant.
Les jours de grosse mer, debout contre l’auvent
Que l’embrun pluvieux crible d’humides flèches,
L œil au large, le iront tout hérissé de mèches, «
L’ancien croit voir encor fuir le gaillard d’avant.
Et, les nuits, écoutant la brise musicale,
Le marin débarqué pour la dernière escale
Songe qu’il dormait mieux bercé par les grands flots,
Lorsque, étendu sous l’ample envergure des toiles.
Il voyait, à travers les cils de ses yeux clos,
Le navire cingler ad milieu des étoiles.