Pour les autres éditions de ce texte, voir Nadège.

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 177-181).

NADÉGE.

Au ciel elle a rendu sa vie,
Et doucement s’est endormie,
Sans murmurer contre ses lois.
Ainsi le sourire s’efface ;
Ainsi meurt, sans laisser de trace,
Le chant d’un oiseau dans les bois.

— PARNY. —

XXXV.

Elle est aux cieux la douce fleur des neiges ;
Elle se fond au bord de son printemps.
Voit-on mourir de si jeunes instans !
Mais ils souffraient, mon Dieu ! tu les abréges.

Son sort a mis des pleurs dans tous les yeux !
C’était, on croit, l’auréole d’un ange,

Tombée à l’ombre et regrettée aux cieux ;
D’un peu de vie, oh ! que la mort te venge,
Fleur dérobée au front d’un séraphin !
Reprends ton rang avec un saint mystère ;
Et ce fil d’or, dont nous pleurons la fin,
Va l’attacher autre part qu’à la terre !

SUR SA TOMBE.

Sous les frimas du nord tendre fleur enfermée,
Dans la neige et le sang a germé ton destin,
Lorsqu’aux plis du drapeau de notre vieille armée,
Dieu lui-même abrita ton orageux matin.
L’incendie épura leur vieille et sainte gloire ;
Toi, ton jeune parfum s’exhale vers les cieux.
Nadége ! il restera frais à notre mémoire.
Comme le doux regard où tremblaient tes adieux
À vingt ans.
À vingt ans !