Pour les autres éditions de ce texte, voir Les fleurs.

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 265-268).

LES FLEURS.

Il est si beau de mourir jeune ! et de rendre au Dieu qui nous juge, une vie encore pleine d’illusions !
— M. H. DE LATOUCHE. —

XLVII.

Oh ! de l’air ! des parfums ! des fleurs pour me nourrir !
Il semble que les fleurs alimentent ma vie ;
Mais elles vont mourir… Ah ! je leur porte envie,
Mourir jeune, au soleil, Dieu ! que c’est bien mourir !

Pour éteindre une fleur il faut moins qu’un orage :
Moi, je sais qu’une larme effeuille le bonheur.

À la fleur qu’on va fuir qu’importe un long courage ?
Heureuse ! elle succombe à son premier malheur !

Roseaux moins fortunés, les vents, dans leur furie,
Vous outragent long-temps sans briser votre sort ;
Ainsi, roseau qui marche en sa gloire flétrie,
L’homme achète long-temps le bienfait de la mort !

Et moi, je veux des fleurs pour appuyer ma vie ;
À leurs frêles parfums j’ai de quoi me nourrir.
Mais elles vont mourir… Ah ! je leur porte envie ;
Mourir jeune, au soleil, Dieu ! que c’est bien mourir !