Pour les autres éditions de ce texte, voir Le songe.

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 69-72).

LE SONGE.

Oui, l’amour vit d’erreurs et de pressentimens.
Eh ! qui ne lui connaît, dans ses vagues tourmens,
Pour irriter sa fièvre ou calmer ses alarmes,
Des superstitions, des augures, des charmes ?
On dirait qu’immortel, ce tyran passager,
À son frêle avenir ne voit rien d’étranger.

— M. H. DE LATOUCHE. —

XIII.

C’était un songe : il me parlait.
Que sa voix était douloureuse !
« Adieu ! disait-il ; sois heureuse ! »
Et cependant il s’en allait !

Seul au fond d’une vaste plaine,
De loin il me montrait des fleurs ;

Et mes pieds me portaient à peine ;
Et ma voix s’écoulait en pleurs.

Mon cœur s’épuisait à l’attendre ;
Les chemins se changeaient en flots ;
J’exhalais son nom sans m’entendre ;
Je ne criais que des sanglots.

Il regarde, il pleure, il s’arrête.
« Tu le veux, dit-il, me voilà ! »
Des ailes planaient sur ma tête ;
Il était ange… et s’envola !