Les Pleurs/Le Songe
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LE SONGE.
Oui, l’amour vit d’erreurs et de pressentimens.
Eh ! qui ne lui connaît, dans ses vagues tourmens,
Pour irriter sa fièvre ou calmer ses alarmes,
Des superstitions, des augures, des charmes ?
On dirait qu’immortel, ce tyran passager,
À son frêle avenir ne voit rien d’étranger.
XIII.
C’était un songe : il me parlait.
Que sa voix était douloureuse !
« Adieu ! disait-il ; sois heureuse ! »
Et cependant il s’en allait !
Seul au fond d’une vaste plaine,
De loin il me montrait des fleurs ;
Et mes pieds me portaient à peine ;
Et ma voix s’écoulait en pleurs.
Mon cœur s’épuisait à l’attendre ;
Les chemins se changeaient en flots ;
J’exhalais son nom sans m’entendre ;
Je ne criais que des sanglots.
Il regarde, il pleure, il s’arrête.
« Tu le veux, dit-il, me voilà ! »
Des ailes planaient sur ma tête ;
Il était ange… et s’envola !