Les Plantes potagères/Rhubarbe

Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 538-540).


RHUBARBE


Rheum L.
Fam. des Polygonées.


Noms étrangers : angl. Rhubarb. all. Rhabarber. flam. et holl. Rabarber. dan. Rhabarber. ital. Rabarbaro, Robarbaro. esp. et port. Ruibarbo.


Les botanistes rapportent ordinairement les formes cultivées de la rhubarbe au Rheum hybridum Ait., plante originaire de la Mongolie. Il n’est pas certain que dans ces formes cultivées, qui sont loin de présenter des caractères fixes, il ne s’en trouve pas quelques-unes qui descendent, soit directement, soit par croisement, du Rh. undutatum de l’Amérique du Nord, ou même d’autres espèces.

La plante, telle qu’on la cultive dans les jardins, se fait remarquer par ses très grandes feuilles radicales, cordiformes, mesurant jusqu’à 0m,80 de long sur 0m,60 à 0m,70 de large, et portées par des pétioles arrondis en dessous,

aplatis ou canaliculés en dessus, qui peuvent atteindre un diamètre de 0m,04 à 0m,05, avec une longueur de 0m,30 à 0m,40, que des soins particuliers de culture peuvent porter presque au double. Les tiges, grosses et cylindriques, sont creuses, sillonnées ; elles portent de petits rameaux peu développés, dressés, garnis de petites fleurs verdâtres, et ensuite de graines triangulaires relevées sur chaque angle d’une aile membraneuse. Ces graines, au nombre d’environ 50 dans un gramme, pèsent seulement, suivant les variétés, de 80 à 120 grammes par litre. Leur durée germinative est de trois années.

Rhubarbe hybride.
réd. au vingtième.
Rhubarbe.
Pétioles réd. au septième.

Culture. — Les rhubarbes peuvent se multiplier parle semis ; cependant, comme elles sont sujettes, dans ce cas, à présenter d’assez grandes variations dans leurs caractères de végétation, on préfère ordinairement multiplier par division de la souche les pieds qui produisent les plus gros et les plus longs pétioles. La plantation se fait à la sortie de l’hiver, en bonne terre fraîche et profonde, bien ameublie et bien fumée. Les plants sont mis à environ un mètre en tous sens. La récolte des feuilles ne commence qu’au printemps de l’année qui suit la plantation. Les mêmes pieds peuvent produire pendant quatre ans au moins, quelquefois pendant dix et plus, sans que la plantation soit renouvelée. On doit seulement tenir la terre propre de toute mauvaise herbe et donner une bonne fumure tous les deux ou trois ans. Pour augmenter la longueur des pétioles, on met quelquefois au printemps, sur les pieds de rhubarbe, au moment où les feuilles se développent, un grand pot de jardin sans fond, ou un cylindre de poterie, ou un petit baril défoncé. Les feuilles s’allongent naturellement pour arriver jusqu’à la lumière, et les pétioles en deviennent à la fois plus longs et plus tendres. Il est bon, pour empêcher l’épuisement des pieds de rhubarbe, de supprimer toutes les tiges florales aussitôt qu’elles se montrent. Pour forcer la rhubarbe, on enlève les touffes en motte et on les soumet à l’influence de la chaleur artificielle, dans une serre ou dans une bâche, ou sur une couche chaude.

Usage. — On emploie les pétioles charnus de la plante pour faire des confitures ou des tartes. Ce légume est surtout estimé en Angleterre et en Hollande.

Les principales variétés de rhubarbes que l’on regarde comme dérivées du Rheum hybridum sont les suivantes :

Mitchell’s royal Albert, Variété très hâtive, à pétioles gros et longs, d’un goût excellent, égalant, quand ils ne sont pas étiolés, les trois quarts de la longueur du limbe, fortement tachés de rouge sur toute leur surface, plutôt anguleux que cannelés. Feuilles en cœur, amples, à surface boursouflée, mais peu chiffonnées ; limbe vert franc. Cette rhubarbe fleurit abondamment ; la hampe florale est grosse, lisse, très ramifiée et d’un vert uni.

Victoria (Myatt’s), Plus tardive que la précédente. Pétioles très gros et très longs, de bonne qualité. Feuilles plus larges que longues, en cœur ou arrondies, sans pointe, très ondulées sur les bords et très chiffonnées, d’un vert assez foncé et un peu glauque ; pétioles rouges, notablement plus longs que le limbe, cannelés en dessous. Cette variété fleurit très peu.

Monarque (Monarch). Rhubarbe géante, à feuilles en cœur atteignant jusqu’à un mètre de long sur une largeur presque égale, à limbe vert foncé, uni ; pétioles extrêmement gros, égalant à peine la moitié de la longueur du limbe, mais mesurant jusqu’à 0m,08 à 0m,10 de largeur, d’un vert un peu bronzé ou rougeâtre. Variété plutôt curieuse que vraiment recommandable.

Rouge hâtive de Tobolsk. Très hâtive, la plus prompte à pousser au printemps, et celle qui convient le mieux pour la culture forcée. Feuilles relativement petites, en cœur, à pointe obtuse et assez courte, largement ondulées sur les bords, très luisantes et d’un vert franc ; pétioles courts, égalant seulement les deux tiers de la longueur du limbe, très lisses et très rouges. Cette rhubarbe fleurit abondamment ; elle a les hampes vertes, minces, à ramifications très dressées.

On cultive encore quelquefois comme légume la Rh. ondulée d’Amérique (Rh. undulatum L.), espèce distincte qui est hâtive et d’un goût moins acide que les autres rhubarbes. Elle a les feuilles d’un vert clair, très ondulées sur les bords, en forme de cœur assez allongé, mais à pointe presque obtuse ; pétioles minces, égalant à peu près ou complètement la longueur du limbe, lisses, verts, excepté à la base, qui est teintée de rouge sur une longueur de quelques centimètres. Hampes florales très nombreuses, d’un vert pâle uni, à ramifications dressées.

Les autres rhubarbes cultivées sont des plantes ornementales ou médicinales, mais non potagères. On les trouvera décrites dans notre ouvrage « les Fleurs de pleine terre ». Les plus belles sont : la rhubarbe officinale vraie {Rheum officinale H. Bn), la Rh. du Nepaul (Rh. Emodi Wall.), et la Rh. palmée (Rh. palmatum L.) avec sa variété tanghuticum.


ROCAMBOLE. — Voy. Ail rocambole.