Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 5-8).
ANANAS
Bromelia Ananas L. — Ananassa sativa Lindl.
Fam. des Broméliacées.


Noms étrangers : angl. Pine-apple. all. Ananaspflanze. ital. Ananasso. esp. Ananas, Pina de Indias, Pina de America, port. Ananaz.


Amérique tropicale. — Vivace. — L’ananas paraît avoir été cultivé de tout temps aux Indes occidentales. La culture en a été introduite en Europe dans la seconde moitié du dix-huitième siècle et n’a cessé de se perfectionner depuis lors. Bien qu’elle demande des soins tout particuliers et, jusqu’à un certain point, un matériel spécial, nous n’avons pas cru devoir l’exclure de ce travail, car on peut dire qu’aujourd’hui elle peut se faire partout sans entraîner de dépense excessive.

La plante se compose d’une tige courte, portant de nombreuses feuilles canaliculées, beaucoup plus longues que larges, garnies sur les bords de dents très dures et très aiguës, au moins dans la plupart des variétés. Les fleurs, assez insignifiantes, sont sessiles et réunies tout autour de la tige, au-dessus des feuilles, en un épi allongé, couronné d’un bouquet de feuilles semblables aux autres, mais beaucoup plus courtes. Après la floraison, l’épi tout entier se gonfle et devient charnu, formant à la maturité

Ananas de Cayenne.
réd. au vingtième.

un fruit oblong dont la sur face imite assez bien les écailles d’un cône de pin pignon. C’est cette apparence qui a fait donner au fruit ses noms anglais et espagnol qui signifient l’un et l’autre « pomme de pin ».

Culture. — La culture des ananas demande beaucoup de soins et de précautions, qu’il n’est pas possible de mentionner ici par le détail ; nous en indiquerons simplement les principales opérations, renvoyant pour le reste aux traités spéciaux.

Originaire de pays tropicaux, où la chaleur est presque constante sans être excessive, l’ananas n’exige pas une période de repos annuel. La végétation doit au contraire en être poussée constamment au moyen de la chaleur artificielle. Pour en obtenir de beaux fruits dans le plus court espace de temps possible, il faut faire en sorte que les plantes soient constamment tenues à une température à peu près régulière de 22 à 25 degrés l’hiver et de 25 à 30 degrés l’été. Les bâches à ananas peuvent être chauffées soit au thermosiphon, soit par le moyen de réchauds composés de fumier, de tannée ou d’autres substances végétales en fermentation. Le chauffage au thermosiphon est plus coûteux, mais par contre il permet de régler la température d’une manière bien plus sûre et plus facile.

La multiplication se fait par graines, par œilletons, ou par boutures de couronnes : on appelle couronne le bouquet de feuilles qui surmonte le fruit. Le semis n’est guère employé qu’en vue d’obtenir des variétés nouvelles ; il faut trois ou quatre ans au moins pour obtenir des fruits sur les plantes de semis. Les couronnes ont été longtemps employées pour la multiplication de l’ananas ; on leur préfère aujourd’hui les œilletons, dont l’emploi donne des résultats beaucoup plus rapides. Les œilletons doivent être détachés avec soin, parés à la base, et plantés immédiatement autant que possible avec toutes leurs feuilles. Ceux qui sont pris le plus près de la base des tiges sont les meilleurs. On peut laisser les œilletons attachés à la tige mère après que le fruit en a été coupé, si la saison est peu avancée : ils prennent alors de la force avant d’être sevrés ; mais il est désirable que cette opération ne se fasse pas plus tard que le mois d’août ou de septembre.

La terre qui convient le mieux aux ananas est une terre légère, moelleuse, contenant une forte proportion de matière végétale à l’état fibreux, et ne se battant pas par les arrosements. On peut l’obtenir en mélangeant un tiers de bonne terre avec un tiers de terre de bruyère et un tiers de terreau de feuilles. Ce mélange doit être ensuite enrichi, suivant le besoin, avec du fumier bien décomposé.

Pendant le premier hiver, les jeunes plants sont tenus en bâche aussi près du verre que possible ; pendant l’été, on peut les dépoter et les tenir dans une bâche ouverte, que l’on couvre seulement quand l’abaissement de la température l’exige. A la fin de l’été, on rempote les plantes dans des pots plus grands et on les hiverne de nouveau dans une bâche bien chauffée. Au printemps, la plupart des plantes doivent se préparer à fleurir. On en choisit alors quelques-unes prises parmi les plus belles, pour les faire fructifier en pleine terre en serre, si l’on en a le moyen ; le reste fructifie en pots, et l’on peut échelonner la production en poussant d’abord les pieds les plus avancés, puis les autres successivement, au fur et à mesure des besoins et de l’espace dont on dispose.

En opérant dans les meilleures conditions et avec les variétés les plus précoces, on peut arriver à obtenir des fruits en dix-huit mois, ou même un peu moins, à compter du moment où l’œilleton a été détaché de la plante mère.

Usage. — Le fruit se mange cru, ou apprêté et confit de diverses manières. Les horticulteurs distinguent un assez grand nombre de variétés d’ananas. Les plus estimées sont les suivantes :


I. Variétés à feuilles lisses.


A. de Cayenne ou Maïpouri. Fruit pyramidal, très gros. Variété assez tardive.

A. de la Havane. Bonne variété, mais inférieure à l’A. de Cayenne.


II. Variétés à feuilles épineuses.


1° Variétés hâtives.


A. de la Providence. Fruit oblong ou ovale, d’un jaune rougeâtre, d’une beauté remarquable, et très précoce.

A. du Montserrat. Fruit cylindrique, quelquefois plus large au sommet qu’à la base, de couleur cuivrée ; chair ferme, juteuse et d’une qualité excellente.

A. Enville. Fruit pyramidal, de couleur orangé foncé, couronne petite ; chair jaune pâle, juteuse, parfumée.


2° Variétés de moyenne saison.


A. de la Martinique ou A. commun. Fruit moyen ou petit, orangé ; chair ferme, extrêmement parfumée.

A. comte de Paris. Variété sortie de l’A. commun ; s’en distingue par son fruit beaucoup plus gros et plus beau.

A. de la Jamaïque. Fruit ovale-allongé, brunâtre, de grosseur médiocre, mais à chair ferme, juteuse et très parfumée. Excellente variété pour l’hiver.

A. Enville Pelvillain. Gros fruit pyramidal.

A. Enville Gonthier. Gros fruit cylindrique.

A. pain de sucre. Fruit cylindrique, jaune foncé ; chair jaune, sucrée et parfumée. Il en existe une variété à feuilles rayées de blanc.


3° Variétés tardives.

A. Charlotte Rothschild. Fruit cylindrique ou un peu ovale, jaune d’or ; chair jaune, très juteuse. Bonne variété d’hiver. Plante vigoureuse et prompte à se mettre à fruit.

A. d’Antigoa vert. Bonne variété d’hiver, très juteuse, très parfumée.