Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges/Texte entier

Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges
Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges(A Londres) (p. Frontisp.-101).


Plaisirs Frontispice
Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Front.
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INTRODUCTION.



Ce n’est point ici une Religion nouvelle, un culte moderne, que je viens vous offrir, aimables Débauchés, qui comptez pour les plus doux momens de la vie, ceux que l’on donne aux plaisirs, à la volupté. Les tendres impulsions de la Nature sont d’une antiquité égale à celle du genre humain ; et s’il s’agissait de vous présenter ici l’arbre généalogique de l’Ode à Priape, vous le verriez porter sa tige touffue dans l’Olympe, et ses racines profondes dans les gorges du Ténare. Les Dieux, les Déesses, furent donc foutues : c’est un axiome de la Fable, de cet ingénieux emblème de la vérité ; à leur exemple, les demi-Dieux, les Héros, s’abandonnèrent au penchant de la lubricité. On vit dans tous les siècles, dans tous les âges, la luxure, exerçant son inévitable empire sur tous les individus de l’espèce humaine, physiquement organisée à l’instar des animaux, le besoin et le desir de la reproduction, entraînèrent constamment les objets les uns vers les autres, et disposèrent les atomes séminaux à une atraction réciproque ; en sorte que ce n’est rien avancer de trop, que de faire remonter la foutaise à l’instant de la création des hommes.


Vignette pour Les Plaisirs de l’Ancien régime, et de tous les âges.
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Bandeau pour Les Plaisirs de l’Ancien régime, et de tous les âges.
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ODE

A PRIAPE,
Par M. Piron.





VERS A L’AUTEUR.



Tout, en lui, d’un Poëte annonce le cerveau ;

Une belle ame encor illustre sa mémoire.

Cet Ecrivain nerveux, saillant, toujours nouveau ;

Fit peu pour nos plaisirs, mais assez pour sa gloire.


SCÈNE

PREMIÈRE.



Foutre des neuf Graces du Pinde,
Foutre de l’Amant de Daphné,
Dont le flasque Vit ne se guinde
Qu’à force d’être patiné.
C’est toi que j’invoque à mon aide,
Toi qui, dans les Cons, d’un Vit roide,
Lance le Foutre à gros bouillons ;
Priape, soutiens mon haleine,
Et pour un moment, dans ma veine,
Porte le feu de tes Couillons.


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Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Illustration.
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SCÈNE

DEUXIÈME.



Que tout bande, que tout s’embrâse,
Accourez Putains et Ribauds.
Que vois-je ! où suis-je ! ô, douce extase !
Les Cieux n’ont point d’objets si beaux :
Des Couilles en blocs arrondies,
Des Cuisses fermes et bondies,
Des bataillons de Vits bandés,
Des Culs ronds, sans poil et sans crottes,
Des Cons, des Tettons et des Mottes,
D’un torrent de Foutre inondés.


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Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Illustrations.
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SCÈNE

TROISIÈME.



Restez, adorables images,
Restez à jamais sous mes yeux ;
Soyez l’objet de mes hommages,
Mes législateurs et mes Dieux.
Qu’à Priape on élève un Temple,
Où, jour et nuit, l’on vous contemple,
Au gré des vigoureux Fouteurs :
Le Foutre y servira d’offrande,
Les Poils et Couilles de guirlande,
Les Vits de Sacrificateurs.


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SCÈNE

QUATRIÈME.



Aigle, Baleine, Dromadaire,
Insecte, Animal, Homme, tout,
Dans les cieux, sous les eaux, sur la terre,
Tout nous annonce que l’on fout.
Le Foutre tombe comme grêle,
Raisonnable ou non, tout s’en mêle ;
Le Con met tous les Vits en rut ;
Le Con, du bonheur est la voie,
Dans le Con gît toute la joie,
Mais hors le Con, point de salut.


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SCÈNE

CINQUIÈME.



Que l’or, que l’honneur vous chatouille,
Sots avares, vains conquérans,
Vivent les plaisirs de la Couille,
Et foutre des biens et des rangs.
Achille, aux rives de Scamandre,
Pille, détruit, met tout en cendre ;
Ce n’est que feu, que sang, qu’horreur ;
Un Con paraît, passe-t-il outre ?
Non ; je vois bander mon Jean-Foutre,
Ce Héros n’est plus qu’un Fouteur.


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SCÈNE

SIXIÈME.



Quoique plus gueux qu’un rat d’église,
Pourvu que mes Couillons soient chauds,
Et que le poil de mon Cul frise,
Je me fous du reste en repos.
Grands de la terre, l’on se trompe,
Si l’on croit que de votre pompe
Jamais je puisse être jaloux ;
Faites grand bruit, vivez au large,
Quand j’enconne et que je décharge,
Ai-je moins de plaisir que vous ?


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SCÈNE

SEPTIÈME.



Des Fouteurs la Fable fourmille ;
Le Soleil fout Leucothoé,
Cynire fout sa propre fille,
Un Taureau fout Pasiphaé,
Pygmalion fout sa Statue,
Le brave Ixion fout la Nue,
On ne voit que Foutre couler ;
Le beau Narcisse, pâle et blême,
Brûlant de se foutre lui-même,
Meurt en tâchant de s’enculer.


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SCÈNE

HUITIÈME.



Socrate, direz-vous, ce Sage,
Dont on vante l’esprit divin,
A vomi peste et a fait rage
Contre le sexe féminin ;
Et pour cela, le bon Apôtre
N’en a pas moins foutu qu’un autre.
Interprétons mieux ses leçons ;
Contre le Sexe il persuade ;
Mais, sans le Cul d’Alcibiade,
Il n’eût pas tant médit des Cons.


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SCÈNE

NEUVIÈME.



Mais voyons ce brave Cynique,
Qu’un Bougre a mis au rang des chiens,
Se branler gravement la Pique
A la barbe des Athéniens.
Rien ne l’émeut, rien ne l’étonne,
L’éclair brille, Jupiter tonne,
Son Vit n’en est point démonté ;
Contre le Ciel sa tête altière,
Au bout d’une courte carrière,
Décharge avec tranquillité.


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SCÈNE

DIXIÈME.



Cependant Jupin, dans l’Olympe,
Perce des Culs, bourre des Cons :
Neptune, au fond des eaux, y grimpe,
Nymphes, Syrènes et Tritons.
L’ardent Fouteur de Proserpine
Semble, dans sa Couille divine,
Avoir tout le feu des Enfers.
Amis, jouons les mêmes farces ;
Foutons tant, que le Con des Garces,
Nous foute enfin l’ame à l’envers.


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SCÈNE

ONZIÈME.



Tysiphone, Alecto, Mégère,
Si l’on foutoit encor chez vous ;
Vous, Parques, Caron et Cerbère,
De mon Vit vous tâteriez tous.
Mais puisque, par un sort barbare,
On ne bande plus au Tartare,
Je veux y descendre en foutant :
Là, mon plus grand tourment, sans doute,
Sera de voir que Pluton foute,
Et de n’en pouvoir faire autant.


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SCÈNE

DOUZIÈME.



Redouble donc tes infortunes,
Foutu sort, sort plein de rigueur,
Ce n’est qu’à des ames communes
A qui tu peux foutre malheur ;
Mais la mienne, que rien n’alarme,
Plus ferme que le Vit d’un Carme,
Rit des maux présens et passés.
Qu’on me méprise et me déteste,
Que m’importe ; mon Vit me reste,
Je bande, je fous, c’est assez.


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SCÈNE

TREIZIÈME.



Honneurs, rangs, dignités, foutaise,
Et toi Crésus, tout le premier,
Tu ne vaut pas, ne t’en déplaise,
Yrus qui fout sur son fumier.
Le Sage fut un Bougre, en Grèce,
Et la Sagesse une Bougresse ;
Exemple qu’à Rome on suivit.
On y vit plus d’une Matrône
Préférer le Bordel au trône,
Lâcher un sceptre pour un Vit.


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SCÈNE

QUATORZIÈME.



Quelle importante raison brouille
Achille avec Agamemnon ?
L’intérêt sacré de la Couille
Briseroit une Garce, un Con.
Sur le fier amour de la gloire,
L’amour du Foutre à la victoire,
Il traîne tout après son char.
Cette puissance, à qui tout cède,
Devant le Vit de Nicomède,
Fait tourner le Cul à César.


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SCÈNE

QUINZIÈME.



Jeunesse, au Bordel aguerrie,
Ayez toujours le Vit au Con :
En foutant, on sert sa patrie ;
Quand on est chaste, à quoi sert-on ?
Il falloit un trésor immense
Pour pouvoir, de leur décadence,
Rétablir les murs des Thébains :
Friné le trouva dans ses coffres,
On sait quelles furent ses offres.
Que servit Lucrèce aux Romains ?


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SCÈNE

SEIZIÈME.



Tout se répare et se succède,
Par ce plaisir qu’on nomme abus :
Homme, oiseau, poisson, quadrupède,
Sans ce plaisir, ne seraient plus.
Ainsi, l’on fout par-tout le monde ;
Le Foutre est la source féconde
Qui rend l’Univers éternel ;
Et ce beau tout, que l’on admire,
Ce vaste Univers, à vrai dire,
N’est qu’un noble et vaste Bordel.


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LA
MESSALINE
EN PLEURS.


Enconner est d’un Dieu,
Se branler est d’un homme.




J’avais cru, Jusqu’ici, qu’on pouvait, étant fille,

De chaque député balancer la Béquille,

Et ne m’attendais pas qu’on aurait, sans façon,

D’une assemblée en Vits, écarté tous les Cons ;

Ni qu’on dût, autre part que sur notre chemise,

Ecrire les exploits de Messieurs de l’église.

Mais puisque, par un sort que je ne comprends pas,

Tous quittent mes autels, s’arrachent de mes bras,

Et méprisant l’honneur de foutre Messaline,

Les lâches, chez le Roi, se font branler la Pine,

Portent à l’assemblée un Vit qui m’était dû ;
Paillards, je vengerai l’injure de mon Cul.

Je veux, aux yeux de tous, paraître toute nue ;

Etaler mes appas, vous éblouir la vue,
Voluptueusement me branler devant vous :

Connaissez Messaline à de semblables coups.

Mon Con rebondissant, ce Con rempli de charmes,

Que vos Vits, tant de fois, arrosèrent de larmes ;

Ce Con, dont chaque Poil est un de vos bienfaits,

Bougres, je vous le jure, est cousu pour jamais :
Et dussent tous vos Vits l’attaquer en escorte,

Ils se verront réduits à baver à la porte ;
Tous, sans exception, auront même destin ;

Vit d’Abbé, Vit de Carme et Vit de Célestin.

Je vous verrais bander et décharger sans cesse ;

Je verrais mon Conin mourir de sécheresse,
Pour éteindre sa soif, je n’implorerais pas

Ceux qui, si lâchement, outragent mes appas :

Et pour ne rien céler, de tout ce que je pense,

Un Ane aurait, Messieurs, sur vous la préférence.

Que les tems sont changés ! momens pleins de douceurs !

La France était fertile en vigoureux Fouteurs !

L’un foutait les Tettons ; l’autre, d’un Vit lubrique,

Le regard effaré, parcourait de sa Pique,

Les dehors enchanteurs d’un Cul mignon et doux,

Qu’un Evêque, souvent, baisait à deux genoux.

Tous foutaient à l’envi, Abbés, Prélats, Chanoines,

Comtes, Barons, Marquis, Nobles, Marchands et Moines.

J’ai même vu Thémis oublier son emploi,
Et, lasse de juger, se branler avec moi :

Et s’il faut, du vieux tems, vous rappeler l’usage,

Des antiques fouteurs vous retracer l’image,

Vous n’en verrez aucun dont les plus beaux écrits,

D’un Con cent fois percé, n’empruntent tout leur prix.

Le bougre d’Alexandre, en partant de la Grèce,

Même aux yeux d’Appollon, trois fois fout la Prêtresse.

Et savez-vous pourquoi le dévot Augustin

Ne parle, en ses écrits, que de l’amour divin ?

Sa doctrine jamais n’eût été si savante,
S’il ne l’avait puisée au Con de sa servante.
Sur ses Fesses assis, cet homme tout de feu,

La Pine dans la main, prêchait l’amour de Dieu,

Et celui du prochain ; car l’un ne va sans l’autre :

Enfin, il eût baisé sa servante et la vôtre,
Ovide qui, si bien, nous parle de l’amour,
N’écrivait que la nuit et foutait tout le jour.

Des Prélats jusqu’ici je n’avais pu me plaindre :

Ces gens de Dieu, munis d’un vigoureux cylindre,

Goûtaient avec transport, dans ces terrestres lieux,

Des plaisirs destinés aux habitans des cieux.

Mais depuis quatre mois, par esprit de bêtise,

Ces Prélats rougiraient de lever leur chemise !

Leur Priape, dit-on, jadis si fort, si fier,
N’oserait maintenant farfouiller un fessier.

Vous vous foutez de moi, canaille des canailles.

Allez vous faire foutre aux Putains de Versailles.

Puissé-je désormais, voir tous vos Vits perclus,

Toujours leur rire au nez et leur cracher dessus ;

Puisse chacun de vous, en sortant de l’office,

Munis de trois poulains et d’une chaude-pisse,

Vainement, près d’un mur, s’efforcer de pisser !

Que j’aurais de plaisir à vous voir grimacer !

En vain vous penserez m’appaiser par vos larmes,

Vos sanguinaires Vits seront pour moi sans charmes :

Vos regrets seront vains, vos remords superflus :

Bon soir, Messieurs, bon soir, vous ne me foutrez plus.


RÉPONSE
DU CLERGÉ,
Dictée par l’Abbé Grécourt.



Depuis quand oses-tu, gueuse de Messaline,

Monstre d’impureté, détestable Coquine,
Reprocher au Clergé que fuyant ton autel,

Moines, Abbés, Prélats, ne vont plus au Bordel ?

Depuis quand ton grand Con, du virus le repaire,
Ose-t-il, contre nous, exaler sa colère ;

Et bravant, sans pudeur, nos Priapes fougueux,

Répandre à gros bouillons son fiel piquant sur eux ?

De la désertion qui cause tes allarmes,

N’accuse que ton Con, qui fait baisser les armes ;

N’en accuse que lui, qui, petit autrefois,

Logeant à peine un Vit, pourrait en loger trois,

Et qui, leur présentant un hiatus immense,
Au lieu de le roidir, les amolit d’avance.

Ce sont-là, vieux chiffon, ce sont-là des motifs

Assez puissans, je crois, pour raccourcir les Vits.

Il me souvient du temps où, dure et rebondie,

Ta Gorge, à tous les Vits, savait donner envie.

Il me souvient encor que ton Cul, blanc et rond,

Suppléait quelquefois l’office de ton Con.

Oui, je te l’avouerai, l’aspect de tant de charmes

Fit pleurer autrefois nos Vits à chaudes larmes :

Ton beau Con, inondé de Foutre épiscopal,
En fait de Cons, alors, n’avait pas son égal ;

Et, dans ces temps heureux, sa charmante ouverture,

Aurait fait décharger un Priage en peinture.
Mais le cuir blanc et doux dont il était garni,

N’offre plus, à nos yeux, qu’un vieux cuir racorni ;

Et ce leger duvet qui couronnait ta Motte,
Devenu poil de Con, est hérissé de crotte.
Ainsi donc, délaissée avec tant de raison,
Prétendrais-tu venger l’injure de ton Con ?

Voudrais-tu que, bravant vérole et chaude-pisse,

Dans ton gouffre un Prélat vînt tremper sa saucisse ?

Voudrais-tu qu’un Chanoine, à Coïon rabattu,

Vînt te laver de Foutre et le Con et le Cul ?

Le plus hardi Fouteur, fût-il même un grand Carme,

N’oserait, sur ton Con, verser la moindre larme.

Alexandre le grand, nous dis-tu d’un haut ton

Quoiqu’occupé d’ailleurs, aima toujours le Con.

Pour nous prouver cela, tu nous chantes qu’en Grèce,

D’Appollon, par trois fois, il foutit la Prêtresse.

Ce n’est pas tout encor, tu nous dis qu’Augustin

N’écrivit jamais mieux qu’auprès de sa Putain.

Ces exemples fameux que je savais d’avance,

Ne feront pourtant pas, pour toi, tourner la chance.

Alexandre, Augustin, foutirent, je le sais ;

Mais que foutirent-ils ? des Cons neufs, des Cons frais.

L’un ne redoutait point que, passant par la Trape,

Chancres, porreaux, poulins, suivissent son Priape ;

L’autre ne craignait pas que de son Vit brûlant

Dût un jour découler un virus purulant.

Va, ton Con n’est pas fait pour recevoir l’hommage

De deux Coïons bénits, d’un Vit de haut parage.

Que mon Membre, plutôt, devienne tout perclus,

Qu’il ne me reste plus une goutte de jus

Que dis-je ! qu’on me coupe le Vit et les Couilles,

Et qu’on en fasse, après, des boudins, des endouilles,

Avant d’en régaler un Con toujours ouvert,

D’où découle, en tout temps, du Foutre jaune et vert.

Outre ces raisons-là, qui sont irréfragables,

Nous en avons, hélas ! qui sont bien plus valables.

Eh quoi ! ne sais-tu pas que, par un coup affreux,

Le sort, en un instant, nous a tous rendus gueux ?

O, jour trop malheureux ! les suppôts de l’église
Sont donc, dès aujourd’hui, réduits à la chemise.

Malgré l’abbé Mauri, l’égrillard sans pareil,

Qui brâillait comme un âne, avec la larme à l’œil,

Le cruel Riquetti sait prouver, sans réplique,

Que les biens du clergé sont à la république,

Qu’elle en peut disposer pour le bien de l’état,

Sans jamais consulter moine, abbé, ni Prélat :

Les députés séduits, entraînés dans le piège,
Décrètent, d’une voix, cet avis sacrilège.

Ah ! qui pourrait bander après un tel forfait !

Les Tétons les plus durs, le Con le plus parfait,

Ne sauraient émouvoir un Vit qui, sur ses Couilles

Tristement étendu, pleure sur les dépouilles
D’un maître qui, jadis faquin et pétulant,
S’échappant du bordel pour aller au boucan

Est maintenant réduit à se branler la Pine,
Pour se désennuyer en passant à Torinne.

Quand on est sans argent, quand on n’a plus le sou,

Il faut fuir le Bordel ou bien passer pour fou.

Voici donc des prélats, l’arrêt irrévocable ;

Et s’il change jamais, que la foudre m’accable !

Tu pourras foutre encore : Savoyards, Crocheteurs

Pourront être flattés de tes sales faveurs.

Mais ceux dont le gros Vit pourra te rendre folle,

Te donneront, au moins, chaude-pisse et vérole,

Les plus braves Fouteurs, au lieu de décharger,

Quand ils seront sur toi, ne feront que baver.

Si, pour les ranimer, tu remues les fesses,

Bien loin de mieux bander, ils auront des faiblesses.
Dévoré de poulains, de chancres et de porreaux,

Ton Cul, jadis si gras, sera réduit aux os,

Tous les Vits, à l’aspect de ton énorme fente,

Reculeront d’effroi, d’horreur et d’épouvante ;

Pour comble de malheur, et pour dernier affront,

Tu te verras réduite à te branler le Con.


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PETITE LEÇON

A MA FLUTE.



Mon Vit ne faites pas la bête,
Gardez-vous de lever la crête ;
Chaque Iris n’est pas la Descay,
Le présent n’est pas le passé ;
La Hollande n’est pas la France,
Ni son clinquant ce qu’on pense :
En vain jettez-vous l’hameçon,
Leyde n’est rien moins qu’Alençon :
Et, de vous travailler sans lucre,
Ce serait profaner un sucre,
Dont Alençon a fait grand cas,
Et que maintenant il n’a pas.
Rengainez donc votre colère,
Toute peine vaut son salaire,
Et cela ne ferait pas bien,
Si vous alliez foutre pour rien.

Vous direz qu’Aminte vous mire,
Mon pauvre Vit, je vous admire,
Par ma foi vous êtes bien fou !
La maussade n’a pas un sou ;
Que son Pucelage l’étrangle,
Avec sa bouche faite en angle,
Et son puant nez de faucon,
Croit-elle qu’on fourre en son Con
Un Vit, dont l’ardeur peu commune,
Vaut tous les trésors de Neptune ?
Non, non ; mon Vit, encore un coup,
Gardez-vous bien d’être si fou.
Rien n’est constant dessus la terre,
La fortune nous fait la guerre ;
Mais j’espère encor quelque jour
Quelques pistoles de l’Amour.
Si les filles de cette ville,
Vous croyaient tellement utile,
Que vous puissiez, en un moment,
Leur donner un contentement
Capable d’éteindre la rage
Que leur cause leur pucelage,
Et perpétuer la douceur
Qu’un simple Vit apporte au cœur,

Je pense bien que leur matrice,
Au travers de leur avarice,
Fendant la presse jusqu’à vous,
Vous demanderait quelques coups,
Et du tranchant de sa languette
Saurait déchirer ma brayette.
Mais, mon Vit, il vous faut songer
Qu’ici vous êtes un étranger,
De qui l’heure n’est pas venue,
Dont la valeur est inconnue,
Et qu’on cherchera, quelque jour,
Aux rayons du flambeau d’amour.
Déjà l’histoire d’Amarante,
La jeune Célimène enchante,
Et Sylvie, Aminte et Cloris,
Frappant du pied sur mes écrits,
Lorsqu’elles vous lisent si brave,
Leur Con bâille, brisant l’entrave,
Pisse le sperme, et de travers
Voit Amarante dans mes Vers.
Hé bien, mon Vit, la patience
Amène tout en abondance ;
J’attends d’elles, de jour en jour,
Quelque cartel de leur amour.

Alors mon Vit, comme un grand maître,
Faites bien peter le salpêtre,
Et marquez, par des faits nouveaux,
Que je n’ai rien écrit de faux ;
Pourvu que l’argent soit leur guide,
Poussez, je vous lâche la bride,
Et moi-même, avecque la main,
Je vous ouvrirai le chemin :
Mais que, comme un engin de balle
Qu’on vent dans Paris, à la halle,
Vous vous donniez pour un florin,
Vous, de qui le nez tout sucrin,
Quand il furette un Con, l’embaume,
Et bondit comme balle en paume,
S’agrandissant comme un compas,
Non, je n’y consentirai pas,
Et je, si vous faites la bête,
Vous jette un sceau d’eau sur la tête.
Çà donc, y dussiez-vous pourrir,
Rentrez chez vous sans discourir,
Et vous nichez sous votre plume,
Jusqu’à ce que l’or vous allume.
C’est ainsi que, dans mon dépit,
Je fais des leçons à mon Vit ;

Que je réprime sa furie,
Qui jusqu’à l’excès est murie ;
Et qu’avec un peu de raison
Je le retiens à la maison.
Pour vous, Messieurs, vous êtes libres,
Si vous connaissez mes calibres,
Capables de vos vitelets,
Gratuitement remplissez-les :
Mais moi, qui n’ai, de la Nature,
Qu’un Vit exempt de la morsure,
Du monstre qui mort comme un chien,
Je ne veux point foutre pour rien.


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VERS GAILLARDS.



Tant j’aime l’amoureux déduit,
Que chaque doigt sur un gros Vit
Vous en seriez bien plus contente,
Outre qu’il n’arriverait pas
Que ces Vits fussent jamais las
A vous payer chacun sa rente.

AUTRES.

Lorsque la belle avait la pâle maladie,
Elle fut consulter les oracles divers,
Voir quel remède était pour garantir la vie ;
Il lui fut répondu : belle fille, ma mie,
Ton remède est écrit à côté de ces Vers.

AUTRES.

Le plaisir que je prends ne peut être petit,
Jamais je ne fous à la nage,
Et la raison, c’est que mon Vit
Ne peut trouver de Con trop large.


Plaisirs Pag. 53
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LE
CHAPITRE GÉNÉRAL
DES CORDELIERS.



Déjà la Renommée avait passé les mers,
Pour aller annoncer à cent Peuples divers
Que l’invincible chef de la gent cordelière
Venait de terminer son illustre carrière.

Déjà, pour faire choix d’un digne Successeur,

De chaque monastère on assemble la fleur,
Et Tolède est choisi pour tenir l’assemblée,
Où doit se réunir l’élite députée.

Le Chapitre commence, il se tient à huis-clos ;

Un Moine, beau parleur, l’ouvre par ce propos :

O vous ! dignes soutiens de toute gueuserie,
Vous, qui faites valoir la sainte momerie,

Qui n’avez pour tout bien, et pour tout revenu,

Que le droit casuel et du Con et du Cul ;

Vous qui, de toutes parts, venez ici vous rendre,

Au saint Généralat vous qui voulez prétendre ;

Vous vous flattez, en vain, que la brigue en ces lieux,

Favorise jamais des vœux ambitieux.

Quiconque ose aspirer à cette grande place,

Ne doit, sur ses talens, attendre aucune grace.

Plus humbles, plus savans, fussiez-vous mille fois,

Plus ardens à gueuser que le grand saint François,

Si vous n’avez des Vits d’une énorme mesure,

Vous devez, de ce rang, vous-mêmes vous exclure,

Le mieux muni de nous doit être Général ;

C’est-là, pour notre choix, le point fondamental.

A notre Ordre, aujourd’hui, donnons un nouveau lustre,

Choisissons, parmi nous, le Vit le plus illustre.

Pères, préparez-vous, voici l’instant fatal,

Qu’il faut mettre au grand jour le sceptre monacal ;

De vos roides Engins montrez la révérence,
Et voyons qui de nous aura la préférence.

Alors, montrant le sien : Voici, dit-il, mes droits,

Et le signe assuré de mes fameux exploits ;

Quoiqu’on en ait tranché, par un malheur funeste,

Pour être Général, voyez ce qui me reste :

Révérends, c’est, je pense, un assez bel hochet.

A son aspect, on croit voir un Vit de mulet.

Saisi d’un saint transport, un vieillard en lunette

S’approche, et, pour le voir, fait une humble courbette :
De près il l’examine, et dit : Par saint François,

Voilà, je crois, de l’Ordre, un des plus beaux anchois.

Mais, d’un air dédaigneux, saisissant la parole,

Père Tapeux soutient que c’est une hyperbole,

Prétendant qu’il n’a pas suffisante grosseur,
Défie, à son égard, le plus rude censeur ;
Et levant, d’une main, sa longue robe brune,

De l’autre, il sort un Vit propre à faire fortune.

A peine le peut-on empoigner d’une main,
Long à proportion, quarré, sec et mutin.
Voilà, dit-il, un Vit, rougissant de colère,

Et non pas ce que vient de nous montrer le Père :

Avec cet outil-là, je peux, sans me gêner,

Fourbir mes douze coups, dont six sans déconner.

Le Chapitre sourit, et prend cette bravade

Pour un discours en l’air, pour une gasconnade ;
Mais le Moine, piqué de cet affront nouveau,

Frappe de son outil vingt fois sur le bureau ;

Cet effort vigoureux fait trembler le Chapitre.

L’on admire, l’on rend justice à votre titre,

Vous méritez beaucoup, lui dit le président,

Père Tapeux, calmez ce noble emportement :

C’est assez, Révérend, contenez ce tonnerre,

Vous avez effrayé tout notre monastère ;
Votre Engin, à son tour, doit être mesuré,
Et, s’il est le plus long, il sera préféré.
Père Examinateur, commencez votre ronde,

Que chacun fasse voir sur quel titre il se fonde ;

Qu’on enregistre tout, la taille et la grosseur,

Qu’on fasse mention exacte de longueur,

Et du tour du bréteur ; sur-tout qu’on examine

Les Couilles et les Vits jusques à leur racine ;

Enfin, ce que chacun montrera de vigueur,

Soit, dans votre examen, produit en sa faveur.

L’examen achevé, il faut que l’on opine ;
Mais, pour l’élection, nul ne se détermine.
Le Père Brise-Motte et Père l’Enfonceur

Ont leurs Engins égaux en longueur, en grosseur,

Egalement bandant, ils ont des reins de diable,

Les couillons sont égaux, enfin tout est semblable ;

Mais comment faire un choix, où tout paraît égal ?

Il faut pourtant que l’un des deux soit Général

Pour nous tirer, dit l’un, de cette incertitude,

Mettons-les, tous les deux, à quelqu’épreuve rude :
Pour choisir sans scrupule et sans prévention,

Faisons venir ici jeune fille et garçon ;

Sur l’un et l’autre sexe exerçons leur courage,

Nous verrons qui des deux prend mieux un pucelage ;

Lequel, en fouterie, est meilleur ouvrier,

En un mot, qui des deux est meilleur Cordelier.

Bientôt après ces mots on présente à la sale
Un jeune Ganymède, une jeune Vestale

Environ de quinze ans, plus belle que le jour,

Tein de rose et de lis, ouvrage de l’Amour.
Chaque Père, en voyant cette jeune fillette,

Sent son bidet tout prêt à rompre sa gourmette.

Le président fait signe au Père l’Enfonceur

De commencer l’épreuve, et grimper su, la sœur.

Sitôt dit, sitôt fait : dessus une couchette

Mise en ces lieux exprès, mon Frocard vous la jette,

Il la trousse, et se met en devoir d’obtenir
Des plaisirs que l’amour ne saurait définir.
Le Père, avec transport, achève sa victoire,
Et tirant du conin son vit couvert de gloire,
Sitôt il le renfonce, et pour dignes exploits,
De l’aveu du tendron, il déchargea six fois,

Six fois sans déconner ; et puis levant sa cotte,

Il fait voir, au grand jour, la plus charmante motte,

La cuisse la plus blanche, et le plus beau conin

Qui se trouva jamais sous jupe de Nonnain.

Le Vit du Moine alors, montrant sa rouge tête,

S’échappe furieux de la sainte brayette,
Ecumant de luxure, il remonte à l’instant.

Jean-Chouard, cette fois, entre plus aisément,

Ce jeune petit con, quoique con de poupée,
Au Moine vigoureux laisse une libre entrée :
Dans ce second assaut, sans plainte et sans douleur,

De l’enfroqué Jean-foutre elle remplit l’ardeur,
Tant et si bien, qu’enfin ne pouvant passer outre,

Il lui laisse le con tout barbouillé de foutre.

Le Père l’Enfonceur, illustre candidat,
Ainsi fut éprouvé pour le généralat.
Le Père Brise-Motte, à son tour sur la scène

Entre, et dit qu’il foutra dix coups tout d’une haleine.

Il essuie le con de cette jeune Sœur,

Et dans trois coups de cul lui cause une douleur,

Qui fait jeter des pleurs à la jeune innocente.

Le Moine sans pitié, dans son ardeur brûlante,

La serre entre ses bras, saisi d’un doux transport,

Sentant son Vit pressé, comme par un ressort,

Change, en tendres soupirs, les pleurs de sa conquête,

Et régale ce Con d’une si belle fête,

Que le cul de la Nonne en sauta de fureur.

Le paillard darde au fond la bénigne liqueur,

Et suivant, sans repos, l’amoureux exercice,

Douze coups, tous portants, son Vit lui fut propice.

La douzaine finie, on crut qu’à cette fois
Le Moine bornerait le cours de ses explois.
On allait opiner, quand ce nouvel Hercule,

Retournant le Tendron, du premier coup l’encule,

Sodomise deux coups, et deux fois déchargeant,

Il retire du cul deux fois son Vit bandant.
Jusques-là Brise-Motte avait eu l’avantage.
Et le Chapitre allait lui donner son suffrage.

Le mien n’est pas pour lui, répond Frère Frappart,

Au choix en question je prétends avoir part,

Et, sur lui, remporter une pleine victoire :

Mon Vit n’est pas si long, Pères, je veux le croire,

Mais, pour foutre, je veux lui damer le pion ;
Je vais vous le montrer sur ce jeune garçon.
Il dit, et sur le champ déculotant le frère,

Aux yeux des Papelards paraît le beau derrière.

Il pousse vivement son Vit sans le mouiller.
Sans effort et sans peine encule l’Ecolier.

Chacun frappe des mains à ce charmant spectacle,

Et l’on tient que le coup approche du miracle ;

Quand le bougre, charmé de l’applaudissement,

Leur dit, sans déconner, je foutrais tout un an :

Le saint homme, en effet, de toute la journée,

Ne cessa de tenir la mazette enculée.
Le Président se lève et recueille les voix ;

Tout est en sa faveur, le Chapitre en fait choix :

Quand un Moine étourdi se saisit de la porte.

Et dit qu’il ne veut pas qu’aucun Cordelier sorte,

Sans avoir déclaré qu’il faut, pour être élu,
Foutre quarante coups soit en con soit en cu.

Appelant de leur choix au plus prochain Concile,

Prétendant d’y montrer qu’il n’est pas moins habile,

Qu’il offre de montrer sa proposition
Mise dans le moment en exécution.

Il sort, ferme après lui : le Chapitre en murmure.

Je veux vous foutre tous, dit-il par la serrure :

Pied ferme et Vit en main, il les prend au guichet.

Les Moines se voyant surpris au trébuchet,
Délibèrent enfin, et la sainte assemblée,
Qui se voit, au passage, à coup sûr enfilée,
Veut bien qu’à ce mutin on présente le cu.
Tout autant il en sort, tout autant de foutu :

Pas un n’en est exempt, pas même la vieillesse :

Le bougre enculé tout d’une même vitesse :

Chaque Moine convient qu’il n’a rien vu d’égal,

Et qu’on ne peut choisir un plus grand Général.



ÉPIGRAMME.



Un Moine à barbe, exploitant bonne Sœur,

Réitérait souvent ce doux labeur.
Ah ! c’est assez, finissons, lui dit-elle,

On sonne au chœur, je vais où Dieu m’appelle.

Eh quoi ! si vite ? Encore un pauvre Ave,
Encor, ma Sœur, et puis je me retire.
Qu’un Ave ? Soit : voyons, je vais le dire ;
Ça faites donc, j’y joindrai le Salve.

AUTRE.

Quand Jean, si rempli d’amitié,
Dit que sa femme est sa moitié,
Je trouve qu’il a bonne grace ;
Car si, dès qu’il est endormi,
Un autre succède à sa place,
Elle n’est à lui qu’à demi.



ÉPITAPHE.



Ci gît le sieur de Manas,
Lequel, de sa propre allumelle,
Se tua, en prenant ses ébats,
Sur le corps d’une Demoiselle ;
Je ne sais, après son trépas,
Par où son esprit s’en alla :
Mais je sais bien qu’on ne va pas
En Paradis par ce trou-là.

AUTRE.

Ci gît l’impudique Manon,
Qui, dans le ventre de sa mère,
Se tournait de telle façon,
Qu’elle foutait avec son père.



LE DÉSAGRÉMENT
DE LA JOUISSANCE.



Enfin, après six mois de peine et de soupirs,

Climène s’est rendue à mes pressans desirs ;

D’un moment tendre et doux j’ai saisi l’avantage.

Mais hélas ! qui l’eût cru ? cette prude sauvage,

Qui tant et tant de fois a refusé me vœux,

A plus foutu de coups que je n’ai de cheveux.

Son con vaste et son cul, font une même fente,

Mon vit en fut frappé d’horreur et d’épouvante ;

Et parcourant au loin cet abîme profond,
En même temps foutit et le cul et le con.

O vous, qui recherchez l’honneur d’un pucelage,

Amans, ne jugez pas du con par le visage.

Les dévotes Beautés qui vont baissant les yeux,

Sont celles plus souvent qui chevauchent le mieux :

Telle, d’un air bigot, vous affronte et vous dupe,

Qui pour un malheureux vingt fois lève sa jupe,

Et faignant de prier, en fermant son volet,
Pour un godemichi quite son chapelet.




ÉNIGME.



Je suis une plaisante chose,
Qui peut avoir environ
Six à sept pouces de long.
Je ne sers point quand on repose,
Quand je pends je suis hors d’emploi ;
Dès qu’on veut se servir de moi,
Alors une main féminine
Me prend, me secoue et badine,
Puis après le jeu me conduit,
Ainsi que mon fidèle guide,
Dans une fente fort humide,
Comme en mon naturel réduit.
Là, j’entre autant que l’on me pousse :
Après mainte et mainte secousse,
Si l’on me retire dehors,
Je suis tout mouillé quand je sors.
C’est par ce plaisant exercice
Qu’au genre humain je rends service ;

Mais si pas malheur rebuté,
Ou trop vainement excité,
On ne peut me mettre en usage,
C’est alors grand bruit au ménage.

O vous tous, qui lisez ici
Le détail de mon savoir faire,

Si vous me devinez, vous pouvez sans mystère

Me nommer ; car de moi vous vous êtes servi.



LA GAGEURE,

CONTE



Gage un écu : je mets le double,
Que tu ne me dis pas pourquoi
Toutes les Femmes pissent trouble,
Disait au Médecin du Roi
Une Dame allerte et gaillarde.
Le disciple de Galien,
Avec surprise, la regarde,
Et ne pouvait répondre rien.
Vas, ne cherche point, c’est folie,
Mais, apprends de moi le secret ;
Tonneau près de la lie,
Ne donne point de vin clairet.




LE CONTRAT DE RENTE,

CONTE.



Jean, quatre mois après sa noce,
Se trouva père, il s’en fâcha ;
Au beau-père il le reprocha,
Lequel lui dit : d’un fruit précoce
Ma femme ainsi me régala :
J’eus fait du bruit plus que trente.
Par un contrat de mille écus de rente,
Mon beau-père me consola.
Ce même contrat, le voilà.
Il doit rester dans la famille :
A votre gendre il conviendra,
Si vous mariez votre fille.


Plaisirs Pag. 73
Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Illustrations.
Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges, Illustrations.




LE
DÉBAUCHÉ CONVERTI.

Par M. Robbé de Beauveset.



Puissant Médiateur entre nous et la femme,

Qui, du plaisir secret, nous ourdissez la trame,

Des feux de Prométhée ardent dispensateur,
Et de la gent humaine éternel Créateur ;

Portassiez-vous encore un plus superbe titre,

Du bonheur de mes jours vous n’êtes plus l’arbitre.

Ce plaisir violent, dont je fus enchanté,

D’un tourment de six mois est trop cher acheté.
Qu’un autre que moi coure après ce vain fantôme,

J’en connais le néant, grace à Monsieur Saint-Côme ;

Et les sacrés réchauds sont l’utile creuset

Où l’or faux du plaisir m’a paru tel qu’il est.

J’ai ruminé ces maux que sur son lit endure
Un pauvre putassier tout frotté de mercure ;

Des conduits salivains, quand les pores ouverts

Du virus repoussé filtrent les globes verts ;

Quand sa langue, nageant dans les flots de salive,

Semble un canal impur qui coule une lessive :

Ah ! que sur son grabat se voyant enchaîné,

Un Ribaud voudrait bien n’avoir pas dégaîné ;

Qu’il déteste l’instant où sa pompe aspirante,

Tira le suc mortel de sa cruelle Amante !
L’œil cave, le front ceint du fatal chapelet,
Le teint pâle et plombé, le visage défait,

Les membres décharnés, une joue allongée,
Sa planète atteignant son plus bas périgée,
Alors, avec David, il prononce ces mots :

La vérole, mon Dieu, m’a criblé jusqu’aux os.

Car, par malum, David entend l’humeur impure

Qu’il prit d’Abigaïl, comme je conjecture,

D’autant que cette femme, épouse de Nabal,

De son mari pouvait avoir gagné ce mal.
Ce Nabal, en effet, est peint au saint volume

Tel qu’un compagnon, propre au poil comme à la plume,

Et qui, quand il trouvait fille de bonne humeur,

De ses bubons enflés méprisant la tumeur,
Lui faisait, sur le dos, faire la caracole,
Eut-il été certain de gagner la vérole.

Aussi, je suis surpris que David, ce grand clerc :

Au fait d’Abigaïl ait pu voir si peu clair :

Certes, besoin n’était d’être si grand prophête.

Ni d’avoir sur son nez la divine lunette,

Pour voir que, de Nabal, tout le sang corrompu

Ayant poivré le flanc qui s’en était repu,
C’était nécessité que son hardi Priape
Eût la dent agacée en mordant à la grappe.

Mais, quoi ! vit-on jamais raisonner un paillard ?

Il prit, les yeux fermés, ce petit mal gaillard,

Dont, quelque temps après, sa flamberge en furie,

Enticha le vagin de la femme d’Urie.
De mes ébats aussi, j’ai tiré l’usufruit :

Mais, grace au vif-argent, mon virus est détruit ;

Mon sang, purifié, coule libre en mes veines,

Et deux globes malins ne gonflent plus mes aînes ;

Du trône du plaisir, les parois resserrés,
Ne laissent plus couler mille sucs égarés ;

Et ce Moine velu, que le prépuce enfroque,

De trois rubis rongeurs voit dérougir sa toque.

Triste et funeste coup ! pouvais-je le prévoir,

Qu’une fille si jeune eût pu me décevoir ?

Deux lustres et demi, qu’un an à peine augmente,

Voyaient bondir les monts de sa gorge naissante ;

Un cuir blanc et poli, mais élastique et dur,
Tapissait le contour de son jeune fémur ;
A peine un noir duvet de sa mousse légère

Couvrait l’antre sacré que tout mortel révère ;

Les couleurs de l’Aurore éclataient sur son tein,

Elle aurait fait hennir le vieux Mufti Latin ;
Un front, dont la douceur à la fierté s’allie,

La firent, à mes yeux, plus vierge qu’Eulalie :

Aussi combien d’assauts fallut-il soutenir,

Avant que d’en pouvoir à mon honneur venir ?
A mon honneur ! jé faux, disons mieux, à ma honte ;

Après deux mois d’égards, de soupirs, je la monte.

Dieux ! quelle volupté, quand, sur elle étendu,

Je pressurais le jus de ce fruit défendu !

Sa gaîne assez profonde, en revanche peu large,

Entr’elle et mon acier ne laissait point de marge ;

Le piston à la main, trois fois mon Jean-chouard,

Dans ses canaux ouverts, seringua son nectar ;

Et trois fois la Pucelle, avec reconnaissance,

Voitura, dans mon sang, sa vérolique essence.

Mais, quoi ! ma passion s’enflamme à ce récit,

De mes tendons moteurs le tissu s’étrécit ;

Mes esprits, dans mes nerfs, précipitent leur course,

Et de la volupté courent ouvrir la source.

Quoi donc ! irais-je, en proie à de vils intestins,

De mes os ébranlés empirer les destins ?
Irais-je sur ces mers fameuses en naufrages,
Nautonnier imprudent affronter les orages ?

Moi qui, comme Jonas, qu’un serpent engloutit,

Ai servi de pâture à l’avide Petit.
Non, de la chasteté j’atteins enfin la cime ;
Là, je rirai de voir cette pâle victime
Que la fourbe Vénus plaça sur ses autels,
Traîner les os rongés de ses poisons mortels.

Que le Ciel, si jamais je vogue sur ce gouffre,

Fasse pleuvoir sur moi le bitume et le souffre ;

Que l’infamant rasoir qui tondit Abailard,
Me fasse, de l’Eunuque, arborer l’étendard,
Si jamais enivré, fût-ce d’une Pucelle,
Mon frocard étourdi saute dans sa nacelle !

Tout visage de femme, à bon droit, m’est suspect ;

Quiconque a salivé, doit fuir à son aspect.

Oui, m’offrît-on le choix des onze mille Vierges,

Jamais leurs feux sacrés n’allûmeraient mes cierges.

Le jaloux Ottoman m’ouvrît-il son Sérail,
Quand j’y verrais à nud l’albâtre et le corail

Briller sur ces beaux corps qu’embellit la Nature,

Mon Priape serait un Priape en peinture.

Je dis plus : quand le Ciel exprès, de mon côté,

Tirerait la plus rare et plus saine beauté,
Dieu sait si la chaleur de cette nouvelle Eve

Dans mon muscle alongé ferait monter la séve ;

Beau sexe, c’en est fait, vos ébats séducteurs

Ne me porteront plus vos esprits destructeurs ;

Je fuirai désormais votre espèce gentille,

Ainsi qu’au bord du Nil on fuit le Crocodile.

Il est temps de penser à faire mon salut ;

L’ame se porte mal, quand le corps est en rut.
Lorsque l’affreuse mort, au sec et froid squelette,

M’aura devant le Juge assis sur la sellette,

Cent mille coups de cul ne me sauveront pas

Du foudroyant arrêt de l’éternel trépas.

C’est vous qui, le premier, avez fait tomber l’homme,

Par l’attrait séducteur de la fatale pomme ;

Mais vos culs, dans l’abyme, en ont plus descendus,

Que ne feraient jamais tous les fruits défendus.

C’est avec vos filets que Satan nous attrappe,

C’est vous qui nous poussez sur l’infernale trappe ;

Vous séduiriez, morbleu, je crois, tous les élus.

Adieu, beau sexe, adieu, vous ne me tenez plus.



LE FRÈRE ET LA SŒUR.



Mon cher frère, disait Sylvie,
Si tu quittais le jeu, que je serais ravie ;
Ne le pourras-tu point abandonner un jour ?
Oui, ma sœur, j’en perdrai l’envie
Quand tu ne feras plus l’amour.

Va, méchant, tu joueras tout le tems de ta vie.


CHLOÉ

ET LE PAPILLON.



Sous un ciel serein et tranquille,
Au sein d’un champêtre séjour,
Loin des vains plaisirs de la Ville,
Et loin des pièges de l’Amour,
Chloé, naïve, jeune et belle,
Voyait couler ses jours heureux,
Aussi beaux, aussi simples qu’elle.
Là, dérobée à tous les yeux
Par les soins d’une tendre mère,
Chloé, sans desirs, sans regrets,
Respirait un air salutaire
A ses mœurs comme à ses attraits.
Le vif éclat qui la colore
N’est que le teint de la pudeur ;
Son oreille n’a point encore

Goûté le poison enchanteur
Des soupirs, des tendres alarmes ;
Elle ignore qu’elle ait un cœur,
Elle soupçonne à peine ses charmes.

Seule, dans le fond d’un bosquet,
Près du crystal d’une onde pure,
Elle assortissait un bouquet,
Pour en composer sa parure :
La belle, d’un air enfantin,
Comparait, avec avantage,
Le lys et la rose à son teint,
Et souriait à son image.

Un Papillon, au même instant,
Déployait ses aîles légères,
Et de ses ardeurs passagères
Promenait l’hommage inconstant ;
Tout l’attire, et rien ne l’arrête :
Il parcourt, d’un air de conquête,
Tous les appas de chaque fleur :
Ici, son audace indiscrète,
De la timide violette

Caresse la vive fraîcheur :
Là, du sein de la tubéreuse,
Sa témérité plus heureuse
Presse l’orgueilleuse blancheur ;
Aussi-tôt, d’une aîle infidelle,
Il court à la rose nouvelle ;
Il baise son bouton naissant,
Et toujours brillant et frivole,
Il paraît, jouit, et s’envole.

Chloé voit l’insecte éclatant :
Et sa parure étincelante
D’azur, de pourpre et de rubis,
Enchante ses yeux éblouis :
Sa petite ame impatiente
Brûle aussi-tôt de s’en saisir ;
Dans le vif transport qui l’agite,
De son jeune sein qui palpite,
S’échappe le premier soupir.

Aussi légères que les gracer
Du rival errant du zéphir
Elle poursuit long-temps les traces :

Souvent, dans son vol incertain,
Il s’arrête : la nymphe agile
Accourt, le guette, étend la main ;
Mais le superbe volatile
Dans les airs s’élance soudain.
Tour à tour, flattée et trompée,
Elle suit sa proie échappée ;
L’infidèle se fixe enfin,
Sur la belle et pâle jonquille.
On dirait que la tendre fleur
Ranime, au gré de son vainqueur,
Le faible éclat dont elle brille :
Du triomphe elle goûte le prix ;
Chloé vole, approche, il est pris.

S’agitant, débattant de l’aîle,
Pour briser sa captivité :
Rendez-moi, dit-il, à la belle,
Ah ! rendez-moi la liberté ;
Rougissez de votre victoire :
Qu’attendez-vous de mes liens ?
Mes aîles font toute ma gloire ;
Quelqu’éclat, voilà tous mes biens ;

Eblouir est ma destinée ;
Je vis sans projet, sans amour,
Et mon existence bornée
N’est que l’amusement d’un jour.

A ces mots, la Nymphe ingénue
S’attendrit pour son beau captif :
Le trouble de son ame émue
Favorise le fugitif.
Il s’échappe : Chloé soupire.
Sur les boucles de ses cheveux,
Balançant son vol amoureux,
Voici ce qu’il ose lui dire :

Seule, en ces lieux, vous respirez,
Chloé, la paix et l’innocence :
Bientôt, loin des jeux de l’enfance,
Dans le monde vous brillerez ;
C’est-là que vous rencontrerez
Un être frivole, infidèle,
Et paré de mille couleurs ;
Il voltige de belle en belle,
Ainsi que moi de fleurs en fleurs,
Je suis, en tout, son modèle.

Ah ! si, vous laissant éblouir,
Vous brûlez, un jour, de jouir
De cette nouvelle victoire ;
D’une si folle ambition,
Chloé, qu’elle sera la gloire ?
Vous aurez pris un papillon.


Vignette pour Les Plaisirs de l’Ancien régime, et de tous les âges.
Vignette pour Les Plaisirs de l’Ancien régime, et de tous les âges.




L’AVE MARIA,

CONTE.



Dans un couvent deux Nonnettes gentilles,

Mais dont l’esprit doux, simple, innocent,
Ne connaissait que le tour et les grilles,
Tenaient un jour propos intéressant
De confidence et d’amitié fort tendre.
Notez qu’aucun ne pouvait les entendre,
L’huis était clos. Fillette de jaser,
De s’appeler et ma chère et ma bonne,
De se donner saintement un baiser,
D’y revenir, sans qu’aucune soupçonne
Que le malin les induit à ce jeu.
Jésus, ma sœur, dit la jeune Sophie,
Qu’on voit en vous les merveilles de Dieu !
Quelle beauté ! vous êtes accomplie :

Voyez ce sein ! le globe en est parfait.
Que ce bouton de rose-là me plaît !
J’y vois la main de la Toute-Puissance.

Et vous, mon cœur, reprit la sœur Constance,

Peut-on vous voir, et ne pas l’adorer ?
Tout est parfait, tout, en vous, m’édifie.
Lors, le pieux examen sur Sophie
Va son chemin. On admire ceci,
Et puis cela ; tant que par aventure
En certain lieu que la folle Nature
Fit à plaisir, l’examen vint aussi.
Pieux élans, obligeamment mystiques,
Naissent alors à cet objet frappant.
Ma chère sœur, l’agréable portique !
Le beau dessin ! qu’il est simple et piquant !
Chez vous, ma sœur, lui répliqua Sophie,
Mêmes appas, mon ame en est ravie ;
Rien de si beau ne s’offrit à mes yeux.
Vous allez rire, il me prend une envie,
C’est de savoir un peu qui de nous deux
A plus petit ce chef-d’œuvre des Cieux.

C’est vous, ma sœur ; non, ma sœur, je vous jure.

C’est vous ! Eh bien, prenons-en la mesure,
Notre Rosaire est tout propre à cela.
On y procède. Eh, bon Dieu ! dit Sophie,
Qui l’aurait cru ? vous l’avez, chère amie,
Plus grand que moi d’un Ave Maria.






LE PREMIER COUP

DE VÊPRES.



Un Cordelier exploitait gente Nonne,
Qui paraissait du cas se soucier :
Prestò, prestò, dit le Cordelier,
Haut le gigot, le coup de Vêpres sonne.
Ne vous troublez, lui répartit la Nonne,
Ami, ce n’est encor que le premier.




LA FILLE CHARITABLE.



Du bon Guillot le Vit se roidissait,
Et le poignait si fort concupissence,
Que dans un coin se manuélisait.
La bonne Alix, curieuse, s’avance,
Voyant jaillir ce sperme merveilleux :
Ah ! quel malheur, lui dit la bonne dame ;
Un peu plutôt j’eusse empêché qu’aux cieux
N’eussiez, impie, escamoté cette ame.




LE JUBILÉ.



Au Jubilé, comme sage,
Je voulais, selon l’usage,
Faire mes dévotions.
Suivant l’ordre du Saint Père,
Je me dépêchais de faire
Trois ou quatre stations :
J’allais d’église en église,
Quand d’un air tout de franchise
Une gueuse m’aborda :
A cette attaque imprévue,
D’abord je baissai la vue,
Mais le Diable me tenta.
Elle me conduit chez elle,
Et je fus, de la Donzelle,
Passablement régalé ;
Si bien qu’en cet exercice
Je perdis le Jubilé,
Et gagnai la chaude-pisse.




La Maîtresse de Plain-chant.



Une abbesse instruisait une jeune novice
Dans le chant propre à la communauté,
Sur certain mot latin dans un pseaume usité,
Qu’elle chantait mal par malice.
Ce mot, à ce qu’un Auteur dit,
Est celui-ci : Conculcavit.
Entonnez bien, lui disait-elle ;
Tenez-moi bien ferme ce Con ;
Haussez le Cul : fort bien la belle,
Un peu plus haut encor : là, c’est bon.
Pour le Vit, faites-le bien long.
De cette syllabe alongée,
Je connais la mesure à fond :
Père Blaise, après le sermon,
Me l’a plus d’une fois montrée.




SERMON

Contre le péché de la Chair.



O mes chers Paroissiens ! ô brebis déplorables !

S’écriait un Curé prêchant contre la chair ;
Si ce péché, qui vous met en Enfer,
Avait des momens plus durables,
S’il pouvait se perpétuer

Cent ans, cinquante, dix, un seulement sans pause,

Même pendant un mois sans discontinuer,
Du moins ce serait quelque chose :

Mais en bien moins de temps vous êtes condamnés.

O nature fragile ! ô faiblesse de l’homme !

Savez-vous en combien votre arrêt se consomme ?.....

Je vous en avertis, pécheurs infortunés :

Et zague, zague, zague, et vous voilà damnés.



LES BELLES JAMBES.



Colin, poussé d’amour folâtre,
Regardait à son aise, un jour,
Les jambes plus blanches qu’albâtre
De Rose, objet de son amour.
Tantôt il s’adresse à la gauche ;
Tantôt la droite le débauche.
Je ne sais plus, dit-il, laquelle regarder ;
Une égale beauté fait un combat entr’elles.
Ah ! lui dit Rose, ami, sans plus tarder,

Mettez-vous entre deux, pour finir leurs querelles.



LES CINQ PONTS.



Les Ponts ont fait époque dans ma vie,
Dit l’Ange en pleurs dans sa célule en Brie ;
Fille d’un Moine et de Manon-Giroux,

J’ai pris naissance au sein du Pont-aux-Choux.

A peine a luit l’aurore de mes charmes,
Que le Pont-Neuf vit mes premières armes ;
Au Pont-au-Change à plaisir je fêtois
Le tiers, le quart, soit noble, soit bourgeois ;
L’art libertin de rallumer les flammes,
Au Pont-Royal me mit le sceptre en main ;
Un si haut fait me loge au Pont-aux-Dames,
Où j’ai bien peur de finir mon destin.




L’EXPÉRIENCE

FAIT LA SCIENCE.



Le jour que Jean se maria,
Et qu’il eut dans la nuit fait rage,
La femme, le matin, me pria
Du reste de son pucelage.
Je la fout de grand courage,
Trois fois, savourant ses beaux yeux ;
Puis me dit, d’un air gracieux :
Ami, ce que je viens de faire,
N’est que pour savoir quel vaut mieux,
Le mariage ou l’adultère.




ÉPIGRAMME.



Au lit de mort, une vieille à confesse,
Qui cinquante ans sous Vénus travailla,
A Bourdaloue exagérait sans cesse,
Les doux plaisirs dont Amour la combla.
Oh ! çà, lui dit l’enfant de Loyola,
Songez à Dieu. — Je le voudrais, dit-elle ;
Mais j’ai toujours un bougre de Vit là,
Même en mourant, qui me fout la cervelle.

AUTRE.

Le Fait, le Droit, qui sur le formulaire,
Depuis long-temps partage les esprits,
Faisaient grand bruit, et on traitait l’affaire
Avec chaleur, lorsque l’on fut surpris
De voir Ninon terminer la querelle,
Et sur le chant trouver ce tour adroit :
Tant qu’il est droit, il n’est pas fait, dit-elle,
Quand il est fait, il cesse d’être droit.




IMPROMPTU

A deux Dames qui étaient à un
Balcon pendant un Orage.



Vous, du haut du balcon,
Qui riez de ma misère,
S’il pleuvait du jus de Couillon,
On vous verrait tous la gouttière.

AUTRE,
A deux Dames qui se parlaient, et dont une prononça gravement le mot peut-être, dit sans s’arrêter :

Mesdames, il n’y a point de peut-être ;
Toute femme qui a foutu aime à l’être.




MON TESTAMENT.



Je veux qu’après ma mort cent Putains toutes nues,

Soient, dessus mon tombeau, cent fois par jour foutues ;

Et que les Cordeliers, en chantant leurs offices,

Aient tous les Vits bandans dans le cul des Novices ;

Et que les Jacobins, en prêchant leurs sermons,

En exhortant les Vits, prêchent contre les Cons :

Et que, sans consulter tant de législateurs,

On partage mon bien aux plus fameux Fouteurs.

Et qu’on donne mes os à des Apothicaires
Pour servir de canul à donner des clistères ;
Afin qu’après ma mort, ainsi que j’ai vécu,
Je sois encore utile au service des culs.