Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges/Texte entier
Plaisirs | Frontispice |
INTRODUCTION.
Ce n’est point ici une Religion nouvelle,
un culte moderne, que je viens vous
offrir, aimables Débauchés, qui comptez
pour les plus doux momens de la vie, ceux
que l’on donne aux plaisirs, à la volupté.
Les tendres impulsions de la Nature sont
d’une antiquité égale à celle du genre humain ;
et s’il s’agissait de vous présenter
ici l’arbre généalogique de l’Ode à Priape,
vous le verriez porter sa tige touffue dans
l’Olympe, et ses racines profondes dans
les gorges du Ténare. Les Dieux, les
Déesses, furent donc foutues : c’est un
axiome de la Fable, de cet ingénieux emblème
de la vérité ; à leur exemple, les
demi-Dieux, les Héros, s’abandonnèrent
au penchant de la lubricité. On vit dans
tous les siècles, dans tous les âges, la luxure,
exerçant son inévitable empire sur
tous les individus de l’espèce humaine, physiquement organisée à l’instar des animaux,
le besoin et le desir de la reproduction,
entraînèrent constamment les
objets les uns vers les autres, et disposèrent
les atomes séminaux à une atraction
réciproque ; en sorte que ce n’est rien
avancer de trop, que de faire remonter
la foutaise à l’instant de la création des
hommes.
ODE
A PRIAPE,
Par M. Piron.
VERS A L’AUTEUR.
Une belle ame encor illustre sa mémoire.
SCÈNE
PREMIÈRE.
Foutre des neuf Graces du Pinde,
Foutre de l’Amant de Daphné,
Dont le flasque Vit ne se guinde
Qu’à force d’être patiné.
C’est toi que j’invoque à mon aide,
Toi qui, dans les Cons, d’un Vit roide,
Lance le Foutre à gros bouillons ;
Priape, soutiens mon haleine,
Et pour un moment, dans ma veine,
Porte le feu de tes Couillons.
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SCÈNE
DEUXIÈME.
Que tout bande, que tout s’embrâse,
Accourez Putains et Ribauds.
Que vois-je ! où suis-je ! ô, douce extase !
Les Cieux n’ont point d’objets si beaux :
Des Couilles en blocs arrondies,
Des Cuisses fermes et bondies,
Des bataillons de Vits bandés,
Des Culs ronds, sans poil et sans crottes,
Des Cons, des Tettons et des Mottes,
D’un torrent de Foutre inondés.
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SCÈNE
TROISIÈME.
Restez, adorables images,
Restez à jamais sous mes yeux ;
Soyez l’objet de mes hommages,
Mes législateurs et mes Dieux.
Qu’à Priape on élève un Temple,
Où, jour et nuit, l’on vous contemple,
Au gré des vigoureux Fouteurs :
Le Foutre y servira d’offrande,
Les Poils et Couilles de guirlande,
Les Vits de Sacrificateurs.
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SCÈNE
QUATRIÈME.
Aigle, Baleine, Dromadaire,
Insecte, Animal, Homme, tout,
Dans les cieux, sous les eaux, sur la terre,
Tout nous annonce que l’on fout.
Le Foutre tombe comme grêle,
Raisonnable ou non, tout s’en mêle ;
Le Con met tous les Vits en rut ;
Le Con, du bonheur est la voie,
Dans le Con gît toute la joie,
Mais hors le Con, point de salut.
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SCÈNE
CINQUIÈME.
Que l’or, que l’honneur vous chatouille,
Sots avares, vains conquérans,
Vivent les plaisirs de la Couille,
Et foutre des biens et des rangs.
Achille, aux rives de Scamandre,
Pille, détruit, met tout en cendre ;
Ce n’est que feu, que sang, qu’horreur ;
Un Con paraît, passe-t-il outre ?
Non ; je vois bander mon Jean-Foutre,
Ce Héros n’est plus qu’un Fouteur.
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SCÈNE
SIXIÈME.
Quoique plus gueux qu’un rat d’église,
Pourvu que mes Couillons soient chauds,
Et que le poil de mon Cul frise,
Je me fous du reste en repos.
Grands de la terre, l’on se trompe,
Si l’on croit que de votre pompe
Jamais je puisse être jaloux ;
Faites grand bruit, vivez au large,
Quand j’enconne et que je décharge,
Ai-je moins de plaisir que vous ?
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SCÈNE
SEPTIÈME.
Des Fouteurs la Fable fourmille ;
Le Soleil fout Leucothoé,
Cynire fout sa propre fille,
Un Taureau fout Pasiphaé,
Pygmalion fout sa Statue,
Le brave Ixion fout la Nue,
On ne voit que Foutre couler ;
Le beau Narcisse, pâle et blême,
Brûlant de se foutre lui-même,
Meurt en tâchant de s’enculer.
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SCÈNE
HUITIÈME.
Socrate, direz-vous, ce Sage,
Dont on vante l’esprit divin,
A vomi peste et a fait rage
Contre le sexe féminin ;
Et pour cela, le bon Apôtre
N’en a pas moins foutu qu’un autre.
Interprétons mieux ses leçons ;
Contre le Sexe il persuade ;
Mais, sans le Cul d’Alcibiade,
Il n’eût pas tant médit des Cons.
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SCÈNE
NEUVIÈME.
Mais voyons ce brave Cynique,
Qu’un Bougre a mis au rang des chiens,
Se branler gravement la Pique
A la barbe des Athéniens.
Rien ne l’émeut, rien ne l’étonne,
L’éclair brille, Jupiter tonne,
Son Vit n’en est point démonté ;
Contre le Ciel sa tête altière,
Au bout d’une courte carrière,
Décharge avec tranquillité.
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SCÈNE
DIXIÈME.
Cependant Jupin, dans l’Olympe,
Perce des Culs, bourre des Cons :
Neptune, au fond des eaux, y grimpe,
Nymphes, Syrènes et Tritons.
L’ardent Fouteur de Proserpine
Semble, dans sa Couille divine,
Avoir tout le feu des Enfers.
Amis, jouons les mêmes farces ;
Foutons tant, que le Con des Garces,
Nous foute enfin l’ame à l’envers.
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SCÈNE
ONZIÈME.
Tysiphone, Alecto, Mégère,
Si l’on foutoit encor chez vous ;
Vous, Parques, Caron et Cerbère,
De mon Vit vous tâteriez tous.
Mais puisque, par un sort barbare,
On ne bande plus au Tartare,
Je veux y descendre en foutant :
Là, mon plus grand tourment, sans doute,
Sera de voir que Pluton foute,
Et de n’en pouvoir faire autant.
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SCÈNE
DOUZIÈME.
Redouble donc tes infortunes,
Foutu sort, sort plein de rigueur,
Ce n’est qu’à des ames communes
A qui tu peux foutre malheur ;
Mais la mienne, que rien n’alarme,
Plus ferme que le Vit d’un Carme,
Rit des maux présens et passés.
Qu’on me méprise et me déteste,
Que m’importe ; mon Vit me reste,
Je bande, je fous, c’est assez.
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SCÈNE
TREIZIÈME.
Honneurs, rangs, dignités, foutaise,
Et toi Crésus, tout le premier,
Tu ne vaut pas, ne t’en déplaise,
Yrus qui fout sur son fumier.
Le Sage fut un Bougre, en Grèce,
Et la Sagesse une Bougresse ;
Exemple qu’à Rome on suivit.
On y vit plus d’une Matrône
Préférer le Bordel au trône,
Lâcher un sceptre pour un Vit.
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SCÈNE
QUATORZIÈME.
Quelle importante raison brouille
Achille avec Agamemnon ?
L’intérêt sacré de la Couille
Briseroit une Garce, un Con.
Sur le fier amour de la gloire,
L’amour du Foutre à la victoire,
Il traîne tout après son char.
Cette puissance, à qui tout cède,
Devant le Vit de Nicomède,
Fait tourner le Cul à César.
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SCÈNE
QUINZIÈME.
Jeunesse, au Bordel aguerrie,
Ayez toujours le Vit au Con :
En foutant, on sert sa patrie ;
Quand on est chaste, à quoi sert-on ?
Il falloit un trésor immense
Pour pouvoir, de leur décadence,
Rétablir les murs des Thébains :
Friné le trouva dans ses coffres,
On sait quelles furent ses offres.
Que servit Lucrèce aux Romains ?
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SCÈNE
SEIZIÈME.
Tout se répare et se succède,
Par ce plaisir qu’on nomme abus :
Homme, oiseau, poisson, quadrupède,
Sans ce plaisir, ne seraient plus.
Ainsi, l’on fout par-tout le monde ;
Le Foutre est la source féconde
Qui rend l’Univers éternel ;
Et ce beau tout, que l’on admire,
Ce vaste Univers, à vrai dire,
N’est qu’un noble et vaste Bordel.
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Plaisirs | pag. 33 |
LA
MESSALINE
EN PLEURS.
Enconner est d’un Dieu,
Se branler est d’un homme.
De chaque député balancer la Béquille,
Ecrire les exploits de Messieurs de l’église.
Et méprisant l’honneur de foutre Messaline,
Portent à l’assemblée un Vit qui m’était dû ;
Paillards, je vengerai l’injure de mon Cul.
Etaler mes appas, vous éblouir la vue,
Voluptueusement me branler devant vous :
Ils se verront réduits à baver à la porte ;
Tous, sans exception, auront même destin ;
Je verrais mon Conin mourir de sécheresse,
Pour éteindre sa soif, je n’implorerais pas
Le regard effaré, parcourait de sa Pique,
J’ai même vu Thémis oublier son emploi,
Et, lasse de juger, se branler avec moi :
Des antiques fouteurs vous retracer l’image,
Et savez-vous pourquoi le dévot Augustin
Sa doctrine jamais n’eût été si savante,
S’il ne l’avait puisée au Con de sa servante.
Sur ses Fesses assis, cet homme tout de feu,
Enfin, il eût baisé sa servante et la vôtre,
Ovide qui, si bien, nous parle de l’amour,
N’écrivait que la nuit et foutait tout le jour.
Des plaisirs destinés aux habitans des cieux.
Leur Priape, dit-on, jadis si fort, si fier,
N’oserait maintenant farfouiller un fessier.
Puisse chacun de vous, en sortant de l’office,
RÉPONSE
DU CLERGÉ,
Dictée par l’Abbé Grécourt.
Monstre d’impureté, détestable Coquine,
Reprocher au Clergé que fuyant ton autel,
Depuis quand ton grand Con, du virus le repaire,
Ose-t-il, contre nous, exaler sa colère ;
De la désertion qui cause tes allarmes,
N’en accuse que lui, qui, petit autrefois,
Et qui, leur présentant un hiatus immense,
Au lieu de le roidir, les amolit d’avance.
Suppléait quelquefois l’office de ton Con.
Ton beau Con, inondé de Foutre épiscopal,
En fait de Cons, alors, n’avait pas son égal ;
Aurait fait décharger un Priage en peinture.
Mais le cuir blanc et doux dont il était garni,
Et ce leger duvet qui couronnait ta Motte,
Devenu poil de Con, est hérissé de crotte.
Ainsi donc, délaissée avec tant de raison,
Prétendrais-tu venger l’injure de ton Con ?
Vînt te laver de Foutre et le Con et le Cul ?
Alexandre le grand, nous dis-tu d’un haut ton
Ces exemples fameux que je savais d’avance,
Alexandre, Augustin, foutirent, je le sais ;
Dût un jour découler un virus purulant.
Qu’il ne me reste plus une goutte de jus
Avant d’en régaler un Con toujours ouvert,
Outre ces raisons-là, qui sont irréfragables,
Malgré l’abbé Mauri, l’égrillard sans pareil,
Que les biens du clergé sont à la république,
Les députés séduits, entraînés dans le piège,
Décrètent, d’une voix, cet avis sacrilège.
Tristement étendu, pleure sur les dépouilles
D’un maître qui, jadis faquin et pétulant,
S’échappant du bordel pour aller au boucan
Est maintenant réduit à se branler la Pine,
Pour se désennuyer en passant à Torinne.
Voici donc des prélats, l’arrêt irrévocable ;
Pourront être flattés de tes sales faveurs.
Si, pour les ranimer, tu remues les fesses,
Ton Cul, jadis si gras, sera réduit aux os,
Tu te verras réduite à te branler le Con.
PETITE LEÇON
A MA FLUTE.
Mon Vit ne faites pas la bête,
Gardez-vous de lever la crête ;
Chaque Iris n’est pas la Descay,
Le présent n’est pas le passé ;
La Hollande n’est pas la France,
Ni son clinquant ce qu’on pense :
En vain jettez-vous l’hameçon,
Leyde n’est rien moins qu’Alençon :
Et, de vous travailler sans lucre,
Ce serait profaner un sucre,
Dont Alençon a fait grand cas,
Et que maintenant il n’a pas.
Rengainez donc votre colère,
Toute peine vaut son salaire,
Et cela ne ferait pas bien,
Si vous alliez foutre pour rien.
Vous direz qu’Aminte vous mire,
Mon pauvre Vit, je vous admire,
Par ma foi vous êtes bien fou !
La maussade n’a pas un sou ;
Que son Pucelage l’étrangle,
Avec sa bouche faite en angle,
Et son puant nez de faucon,
Croit-elle qu’on fourre en son Con
Un Vit, dont l’ardeur peu commune,
Vaut tous les trésors de Neptune ?
Non, non ; mon Vit, encore un coup,
Gardez-vous bien d’être si fou.
Rien n’est constant dessus la terre,
La fortune nous fait la guerre ;
Mais j’espère encor quelque jour
Quelques pistoles de l’Amour.
Si les filles de cette ville,
Vous croyaient tellement utile,
Que vous puissiez, en un moment,
Leur donner un contentement
Capable d’éteindre la rage
Que leur cause leur pucelage,
Et perpétuer la douceur
Qu’un simple Vit apporte au cœur,
Je pense bien que leur matrice,
Au travers de leur avarice,
Fendant la presse jusqu’à vous,
Vous demanderait quelques coups,
Et du tranchant de sa languette
Saurait déchirer ma brayette.
Mais, mon Vit, il vous faut songer
Qu’ici vous êtes un étranger,
De qui l’heure n’est pas venue,
Dont la valeur est inconnue,
Et qu’on cherchera, quelque jour,
Aux rayons du flambeau d’amour.
Déjà l’histoire d’Amarante,
La jeune Célimène enchante,
Et Sylvie, Aminte et Cloris,
Frappant du pied sur mes écrits,
Lorsqu’elles vous lisent si brave,
Leur Con bâille, brisant l’entrave,
Pisse le sperme, et de travers
Voit Amarante dans mes Vers.
Hé bien, mon Vit, la patience
Amène tout en abondance ;
J’attends d’elles, de jour en jour,
Quelque cartel de leur amour.
Alors mon Vit, comme un grand maître,
Faites bien peter le salpêtre,
Et marquez, par des faits nouveaux,
Que je n’ai rien écrit de faux ;
Pourvu que l’argent soit leur guide,
Poussez, je vous lâche la bride,
Et moi-même, avecque la main,
Je vous ouvrirai le chemin :
Mais que, comme un engin de balle
Qu’on vent dans Paris, à la halle,
Vous vous donniez pour un florin,
Vous, de qui le nez tout sucrin,
Quand il furette un Con, l’embaume,
Et bondit comme balle en paume,
S’agrandissant comme un compas,
Non, je n’y consentirai pas,
Et je, si vous faites la bête,
Vous jette un sceau d’eau sur la tête.
Çà donc, y dussiez-vous pourrir,
Rentrez chez vous sans discourir,
Et vous nichez sous votre plume,
Jusqu’à ce que l’or vous allume.
C’est ainsi que, dans mon dépit,
Je fais des leçons à mon Vit ;
Que je réprime sa furie,
Qui jusqu’à l’excès est murie ;
Et qu’avec un peu de raison
Je le retiens à la maison.
Pour vous, Messieurs, vous êtes libres,
Si vous connaissez mes calibres,
Capables de vos vitelets,
Gratuitement remplissez-les :
Mais moi, qui n’ai, de la Nature,
Qu’un Vit exempt de la morsure,
Du monstre qui mort comme un chien,
Je ne veux point foutre pour rien.
VERS GAILLARDS.
Tant j’aime l’amoureux déduit,
Que chaque doigt sur un gros Vit
Vous en seriez bien plus contente,
Outre qu’il n’arriverait pas
Que ces Vits fussent jamais las
A vous payer chacun sa rente.
Lorsque la belle avait la pâle maladie,
Elle fut consulter les oracles divers,
Voir quel remède était pour garantir la vie ;
Il lui fut répondu : belle fille, ma mie,
Ton remède est écrit à côté de ces Vers.
Le plaisir que je prends ne peut être petit,
Jamais je ne fous à la nage,
Et la raison, c’est que mon Vit
Ne peut trouver de Con trop large.
Plaisirs | Pag. 53 |
LE
CHAPITRE GÉNÉRAL
DES CORDELIERS.
Déjà la Renommée avait passé les mers,
Pour aller annoncer à cent Peuples divers
Que l’invincible chef de la gent cordelière
Venait de terminer son illustre carrière.
De chaque monastère on assemble la fleur,
Et Tolède est choisi pour tenir l’assemblée,
Où doit se réunir l’élite députée.
O vous ! dignes soutiens de toute gueuserie,
Vous, qui faites valoir la sainte momerie,
Que le droit casuel et du Con et du Cul ;
Favorise jamais des vœux ambitieux.
Le mieux muni de nous doit être Général ;
Pères, préparez-vous, voici l’instant fatal,
De vos roides Engins montrez la révérence,
Et voyons qui de nous aura la préférence.
Et le signe assuré de mes fameux exploits ;
Pour être Général, voyez ce qui me reste :
A son aspect, on croit voir un Vit de mulet.
Prétendant qu’il n’a pas suffisante grosseur,
Défie, à son égard, le plus rude censeur ;
Et levant, d’une main, sa longue robe brune,
A peine le peut-on empoigner d’une main,
Long à proportion, quarré, sec et mutin.
Voilà, dit-il, un Vit, rougissant de colère,
Avec cet outil-là, je peux, sans me gêner,
Le Chapitre sourit, et prend cette bravade
Vous avez effrayé tout notre monastère ;
Votre Engin, à son tour, doit être mesuré,
Et, s’il est le plus long, il sera préféré.
Père Examinateur, commencez votre ronde,
Qu’on fasse mention exacte de longueur,
Enfin, ce que chacun montrera de vigueur,
L’examen achevé, il faut que l’on opine ;
Mais, pour l’élection, nul ne se détermine.
Le Père Brise-Motte et Père l’Enfonceur
Faisons venir ici jeune fille et garçon ;
Lequel, en fouterie, est meilleur ouvrier,
Bientôt après ces mots on présente à la sale
Un jeune Ganymède, une jeune Vestale
Tein de rose et de lis, ouvrage de l’Amour.
Chaque Père, en voyant cette jeune fillette,
Le président fait signe au Père l’Enfonceur
Sitôt dit, sitôt fait : dessus une couchette
Il la trousse, et se met en devoir d’obtenir
Des plaisirs que l’amour ne saurait définir.
Le Père, avec transport, achève sa victoire,
Et tirant du conin son vit couvert de gloire,
Sitôt il le renfonce, et pour dignes exploits,
De l’aveu du tendron, il déchargea six fois,
Qui se trouva jamais sous jupe de Nonnain.
S’échappe furieux de la sainte brayette,
Ecumant de luxure, il remonte à l’instant.
Ce jeune petit con, quoique con de poupée,
Au Moine vigoureux laisse une libre entrée :
Dans ce second assaut, sans plainte et sans douleur,
Le Père l’Enfonceur, illustre candidat,
Ainsi fut éprouvé pour le généralat.
Le Père Brise-Motte, à son tour sur la scène
Il essuie le con de cette jeune Sœur,
Et régale ce Con d’une si belle fête,
Que le cul de la Nonne en sauta de fureur.
Et suivant, sans repos, l’amoureux exercice,
La douzaine finie, on crut qu’à cette fois
Le Moine bornerait le cours de ses explois.
On allait opiner, quand ce nouvel Hercule,
Il retire du cul deux fois son Vit bandant.
Jusques-là Brise-Motte avait eu l’avantage.
Et le Chapitre allait lui donner son suffrage.
Et, sur lui, remporter une pleine victoire :
Mais, pour foutre, je veux lui damer le pion ;
Je vais vous le montrer sur ce jeune garçon.
Il dit, et sur le champ déculotant le frère,
Il pousse vivement son Vit sans le mouiller.
Sans effort et sans peine encule l’Ecolier.
Ne cessa de tenir la mazette enculée.
Le Président se lève et recueille les voix ;
Quand un Moine étourdi se saisit de la porte.
Sans avoir déclaré qu’il faut, pour être élu,
Foutre quarante coups soit en con soit en cu.
Qu’il offre de montrer sa proposition
Mise dans le moment en exécution.
Je veux vous foutre tous, dit-il par la serrure :
Les Moines se voyant surpris au trébuchet,
Délibèrent enfin, et la sainte assemblée,
Qui se voit, au passage, à coup sûr enfilée,
Veut bien qu’à ce mutin on présente le cu.
Tout autant il en sort, tout autant de foutu :
Le bougre enculé tout d’une même vitesse :
ÉPIGRAMME.
Réitérait souvent ce doux labeur.
Ah ! c’est assez, finissons, lui dit-elle,
Eh quoi ! si vite ? Encore un pauvre Ave,
Encor, ma Sœur, et puis je me retire.
Qu’un Ave ? Soit : voyons, je vais le dire ;
Ça faites donc, j’y joindrai le Salve.
Quand Jean, si rempli d’amitié,
Dit que sa femme est sa moitié,
Je trouve qu’il a bonne grace ;
Car si, dès qu’il est endormi,
Un autre succède à sa place,
Elle n’est à lui qu’à demi.
ÉPITAPHE.
Ci gît le sieur de Manas,
Lequel, de sa propre allumelle,
Se tua, en prenant ses ébats,
Sur le corps d’une Demoiselle ;
Je ne sais, après son trépas,
Par où son esprit s’en alla :
Mais je sais bien qu’on ne va pas
En Paradis par ce trou-là.
Ci gît l’impudique Manon,
Qui, dans le ventre de sa mère,
Se tournait de telle façon,
Qu’elle foutait avec son père.
LE DÉSAGRÉMENT
DE LA JOUISSANCE.
Climène s’est rendue à mes pressans desirs ;
Qui tant et tant de fois a refusé me vœux,
Et parcourant au loin cet abîme profond,
En même temps foutit et le cul et le con.
Amans, ne jugez pas du con par le visage.
Et faignant de prier, en fermant son volet,
Pour un godemichi quite son chapelet.
ÉNIGME.
Je suis une plaisante chose,
Qui peut avoir environ
Six à sept pouces de long.
Je ne sers point quand on repose,
Quand je pends je suis hors d’emploi ;
Dès qu’on veut se servir de moi,
Alors une main féminine
Me prend, me secoue et badine,
Puis après le jeu me conduit,
Ainsi que mon fidèle guide,
Dans une fente fort humide,
Comme en mon naturel réduit.
Là, j’entre autant que l’on me pousse :
Après mainte et mainte secousse,
Si l’on me retire dehors,
Je suis tout mouillé quand je sors.
C’est par ce plaisant exercice
Qu’au genre humain je rends service ;
Mais si pas malheur rebuté,
Ou trop vainement excité,
On ne peut me mettre en usage,
C’est alors grand bruit au ménage.
O vous tous, qui lisez ici
Le détail de mon savoir faire,
LA GAGEURE,
CONTE
Gage un écu : je mets le double,
Que tu ne me dis pas pourquoi
Toutes les Femmes pissent trouble,
Disait au Médecin du Roi
Une Dame allerte et gaillarde.
Le disciple de Galien,
Avec surprise, la regarde,
Et ne pouvait répondre rien.
Vas, ne cherche point, c’est folie,
Mais, apprends de moi le secret ;
Tonneau près de la lie,
Ne donne point de vin clairet.
LE CONTRAT DE RENTE,
CONTE.
Jean, quatre mois après sa noce,
Se trouva père, il s’en fâcha ;
Au beau-père il le reprocha,
Lequel lui dit : d’un fruit précoce
Ma femme ainsi me régala :
J’eus fait du bruit plus que trente.
Par un contrat de mille écus de rente,
Mon beau-père me consola.
Ce même contrat, le voilà.
Il doit rester dans la famille :
A votre gendre il conviendra,
Si vous mariez votre fille.
Plaisirs | Pag. 73 |
LE
DÉBAUCHÉ CONVERTI.
Par M. Robbé de Beauveset.
Des feux de Prométhée ardent dispensateur,
Et de la gent humaine éternel Créateur ;
Ce plaisir violent, dont je fus enchanté,
Et les sacrés réchauds sont l’utile creuset
J’ai ruminé ces maux que sur son lit endure
Un pauvre putassier tout frotté de mercure ;
Du virus repoussé filtrent les globes verts ;
Ah ! que sur son grabat se voyant enchaîné,
Tira le suc mortel de sa cruelle Amante !
L’œil cave, le front ceint du fatal chapelet,
Le teint pâle et plombé, le visage défait,
Les membres décharnés, une joue allongée,
Sa planète atteignant son plus bas périgée,
Alors, avec David, il prononce ces mots :
Qu’il prit d’Abigaïl, comme je conjecture,
De son mari pouvait avoir gagné ce mal.
Ce Nabal, en effet, est peint au saint volume
De ses bubons enflés méprisant la tumeur,
Lui faisait, sur le dos, faire la caracole,
Eut-il été certain de gagner la vérole.
Au fait d’Abigaïl ait pu voir si peu clair :
Ni d’avoir sur son nez la divine lunette,
Ayant poivré le flanc qui s’en était repu,
C’était nécessité que son hardi Priape
Eût la dent agacée en mordant à la grappe.
Enticha le vagin de la femme d’Urie.
De mes ébats aussi, j’ai tiré l’usufruit :
Du trône du plaisir, les parois resserrés,
Ne laissent plus couler mille sucs égarés ;
Et ce Moine velu, que le prépuce enfroque,
Qu’une fille si jeune eût pu me décevoir ?
Un cuir blanc et poli, mais élastique et dur,
Tapissait le contour de son jeune fémur ;
A peine un noir duvet de sa mousse légère
Elle aurait fait hennir le vieux Mufti Latin ;
Un front, dont la douceur à la fierté s’allie,
Aussi combien d’assauts fallut-il soutenir,
Je pressurais le jus de ce fruit défendu !
Et trois fois la Pucelle, avec reconnaissance,
De mes tendons moteurs le tissu s’étrécit ;
Et de la volupté courent ouvrir la source.
De mes os ébranlés empirer les destins ?
Irais-je sur ces mers fameuses en naufrages,
Nautonnier imprudent affronter les orages ?
Ai servi de pâture à l’avide Petit.
Non, de la chasteté j’atteins enfin la cime ;
Là, je rirai de voir cette pâle victime
Que la fourbe Vénus plaça sur ses autels,
Traîner les os rongés de ses poisons mortels.
Que l’infamant rasoir qui tondit Abailard,
Me fasse, de l’Eunuque, arborer l’étendard,
Si jamais enivré, fût-ce d’une Pucelle,
Mon frocard étourdi saute dans sa nacelle !
Quiconque a salivé, doit fuir à son aspect.
Le jaloux Ottoman m’ouvrît-il son Sérail,
Quand j’y verrais à nud l’albâtre et le corail
Mon Priape serait un Priape en peinture.
Tirerait la plus rare et plus saine beauté,
Dieu sait si la chaleur de cette nouvelle Eve
Beau sexe, c’en est fait, vos ébats séducteurs
Je fuirai désormais votre espèce gentille,
Il est temps de penser à faire mon salut ;
M’aura devant le Juge assis sur la sellette,
Du foudroyant arrêt de l’éternel trépas.
Par l’attrait séducteur de la fatale pomme ;
C’est avec vos filets que Satan nous attrappe,
LE FRÈRE ET LA SŒUR.
Mon cher frère, disait Sylvie,
Si tu quittais le jeu, que je serais ravie ;
Ne le pourras-tu point abandonner un jour ?
Oui, ma sœur, j’en perdrai l’envie
Quand tu ne feras plus l’amour.
CHLOÉ
ET LE PAPILLON.
Sous un ciel serein et tranquille,
Au sein d’un champêtre séjour,
Loin des vains plaisirs de la Ville,
Et loin des pièges de l’Amour,
Chloé, naïve, jeune et belle,
Voyait couler ses jours heureux,
Aussi beaux, aussi simples qu’elle.
Là, dérobée à tous les yeux
Par les soins d’une tendre mère,
Chloé, sans desirs, sans regrets,
Respirait un air salutaire
A ses mœurs comme à ses attraits.
Le vif éclat qui la colore
N’est que le teint de la pudeur ;
Son oreille n’a point encore
Goûté le poison enchanteur
Des soupirs, des tendres alarmes ;
Elle ignore qu’elle ait un cœur,
Elle soupçonne à peine ses charmes.
Seule, dans le fond d’un bosquet,
Près du crystal d’une onde pure,
Elle assortissait un bouquet,
Pour en composer sa parure :
La belle, d’un air enfantin,
Comparait, avec avantage,
Le lys et la rose à son teint,
Et souriait à son image.
Un Papillon, au même instant,
Déployait ses aîles légères,
Et de ses ardeurs passagères
Promenait l’hommage inconstant ;
Tout l’attire, et rien ne l’arrête :
Il parcourt, d’un air de conquête,
Tous les appas de chaque fleur :
Ici, son audace indiscrète,
De la timide violette
Caresse la vive fraîcheur :
Là, du sein de la tubéreuse,
Sa témérité plus heureuse
Presse l’orgueilleuse blancheur ;
Aussi-tôt, d’une aîle infidelle,
Il court à la rose nouvelle ;
Il baise son bouton naissant,
Et toujours brillant et frivole,
Il paraît, jouit, et s’envole.
Chloé voit l’insecte éclatant :
Et sa parure étincelante
D’azur, de pourpre et de rubis,
Enchante ses yeux éblouis :
Sa petite ame impatiente
Brûle aussi-tôt de s’en saisir ;
Dans le vif transport qui l’agite,
De son jeune sein qui palpite,
S’échappe le premier soupir.
Aussi légères que les gracer
Du rival errant du zéphir
Elle poursuit long-temps les traces :
Souvent, dans son vol incertain,
Il s’arrête : la nymphe agile
Accourt, le guette, étend la main ;
Mais le superbe volatile
Dans les airs s’élance soudain.
Tour à tour, flattée et trompée,
Elle suit sa proie échappée ;
L’infidèle se fixe enfin,
Sur la belle et pâle jonquille.
On dirait que la tendre fleur
Ranime, au gré de son vainqueur,
Le faible éclat dont elle brille :
Du triomphe elle goûte le prix ;
Chloé vole, approche, il est pris.
S’agitant, débattant de l’aîle,
Pour briser sa captivité :
Rendez-moi, dit-il, à la belle,
Ah ! rendez-moi la liberté ;
Rougissez de votre victoire :
Qu’attendez-vous de mes liens ?
Mes aîles font toute ma gloire ;
Quelqu’éclat, voilà tous mes biens ;
Eblouir est ma destinée ;
Je vis sans projet, sans amour,
Et mon existence bornée
N’est que l’amusement d’un jour.
A ces mots, la Nymphe ingénue
S’attendrit pour son beau captif :
Le trouble de son ame émue
Favorise le fugitif.
Il s’échappe : Chloé soupire.
Sur les boucles de ses cheveux,
Balançant son vol amoureux,
Voici ce qu’il ose lui dire :
Seule, en ces lieux, vous respirez,
Chloé, la paix et l’innocence :
Bientôt, loin des jeux de l’enfance,
Dans le monde vous brillerez ;
C’est-là que vous rencontrerez
Un être frivole, infidèle,
Et paré de mille couleurs ;
Il voltige de belle en belle,
Ainsi que moi de fleurs en fleurs,
Je suis, en tout, son modèle.
Ah ! si, vous laissant éblouir,
Vous brûlez, un jour, de jouir
De cette nouvelle victoire ;
D’une si folle ambition,
Chloé, qu’elle sera la gloire ?
Vous aurez pris un papillon.
L’AVE MARIA,
CONTE.
Mais dont l’esprit doux, simple, innocent,
Ne connaissait que le tour et les grilles,
Tenaient un jour propos intéressant
De confidence et d’amitié fort tendre.
Notez qu’aucun ne pouvait les entendre,
L’huis était clos. Fillette de jaser,
De s’appeler et ma chère et ma bonne,
De se donner saintement un baiser,
D’y revenir, sans qu’aucune soupçonne
Que le malin les induit à ce jeu.
Jésus, ma sœur, dit la jeune Sophie,
Qu’on voit en vous les merveilles de Dieu !
Quelle beauté ! vous êtes accomplie :
Voyez ce sein ! le globe en est parfait.
Que ce bouton de rose-là me plaît !
J’y vois la main de la Toute-Puissance.
Peut-on vous voir, et ne pas l’adorer ?
Tout est parfait, tout, en vous, m’édifie.
Lors, le pieux examen sur Sophie
Va son chemin. On admire ceci,
Et puis cela ; tant que par aventure
En certain lieu que la folle Nature
Fit à plaisir, l’examen vint aussi.
Pieux élans, obligeamment mystiques,
Naissent alors à cet objet frappant.
Ma chère sœur, l’agréable portique !
Le beau dessin ! qu’il est simple et piquant !
Chez vous, ma sœur, lui répliqua Sophie,
Mêmes appas, mon ame en est ravie ;
Rien de si beau ne s’offrit à mes yeux.
Vous allez rire, il me prend une envie,
C’est de savoir un peu qui de nous deux
A plus petit ce chef-d’œuvre des Cieux.
C’est vous ! Eh bien, prenons-en la mesure,
Notre Rosaire est tout propre à cela.
On y procède. Eh, bon Dieu ! dit Sophie,
Qui l’aurait cru ? vous l’avez, chère amie,
Plus grand que moi d’un Ave Maria.
LE PREMIER COUP
DE VÊPRES.
Un Cordelier exploitait gente Nonne,
Qui paraissait du cas se soucier :
Prestò, prestò, dit le Cordelier,
Haut le gigot, le coup de Vêpres sonne.
Ne vous troublez, lui répartit la Nonne,
Ami, ce n’est encor que le premier.
LA FILLE CHARITABLE.
Du bon Guillot le Vit se roidissait,
Et le poignait si fort concupissence,
Que dans un coin se manuélisait.
La bonne Alix, curieuse, s’avance,
Voyant jaillir ce sperme merveilleux :
Ah ! quel malheur, lui dit la bonne dame ;
Un peu plutôt j’eusse empêché qu’aux cieux
N’eussiez, impie, escamoté cette ame.
LE JUBILÉ.
Au Jubilé, comme sage,
Je voulais, selon l’usage,
Faire mes dévotions.
Suivant l’ordre du Saint Père,
Je me dépêchais de faire
Trois ou quatre stations :
J’allais d’église en église,
Quand d’un air tout de franchise
Une gueuse m’aborda :
A cette attaque imprévue,
D’abord je baissai la vue,
Mais le Diable me tenta.
Elle me conduit chez elle,
Et je fus, de la Donzelle,
Passablement régalé ;
Si bien qu’en cet exercice
Je perdis le Jubilé,
Et gagnai la chaude-pisse.
La Maîtresse de Plain-chant.
Une abbesse instruisait une jeune novice
Dans le chant propre à la communauté,
Sur certain mot latin dans un pseaume usité,
Qu’elle chantait mal par malice.
Ce mot, à ce qu’un Auteur dit,
Est celui-ci : Conculcavit.
Entonnez bien, lui disait-elle ;
Tenez-moi bien ferme ce Con ;
Haussez le Cul : fort bien la belle,
Un peu plus haut encor : là, c’est bon.
Pour le Vit, faites-le bien long.
De cette syllabe alongée,
Je connais la mesure à fond :
Père Blaise, après le sermon,
Me l’a plus d’une fois montrée.
SERMON
Contre le péché de la Chair.
S’écriait un Curé prêchant contre la chair ;
Si ce péché, qui vous met en Enfer,
Avait des momens plus durables,
S’il pouvait se perpétuer
Même pendant un mois sans discontinuer,
Du moins ce serait quelque chose :
O nature fragile ! ô faiblesse de l’homme !
Je vous en avertis, pécheurs infortunés :
LES BELLES JAMBES.
Colin, poussé d’amour folâtre,
Regardait à son aise, un jour,
Les jambes plus blanches qu’albâtre
De Rose, objet de son amour.
Tantôt il s’adresse à la gauche ;
Tantôt la droite le débauche.
Je ne sais plus, dit-il, laquelle regarder ;
Une égale beauté fait un combat entr’elles.
Ah ! lui dit Rose, ami, sans plus tarder,
LES CINQ PONTS.
Les Ponts ont fait époque dans ma vie,
Dit l’Ange en pleurs dans sa célule en Brie ;
Fille d’un Moine et de Manon-Giroux,
A peine a luit l’aurore de mes charmes,
Que le Pont-Neuf vit mes premières armes ;
Au Pont-au-Change à plaisir je fêtois
Le tiers, le quart, soit noble, soit bourgeois ;
L’art libertin de rallumer les flammes,
Au Pont-Royal me mit le sceptre en main ;
Un si haut fait me loge au Pont-aux-Dames,
Où j’ai bien peur de finir mon destin.
L’EXPÉRIENCE
FAIT LA SCIENCE.
Le jour que Jean se maria,
Et qu’il eut dans la nuit fait rage,
La femme, le matin, me pria
Du reste de son pucelage.
Je la fout de grand courage,
Trois fois, savourant ses beaux yeux ;
Puis me dit, d’un air gracieux :
Ami, ce que je viens de faire,
N’est que pour savoir quel vaut mieux,
Le mariage ou l’adultère.
ÉPIGRAMME.
Au lit de mort, une vieille à confesse,
Qui cinquante ans sous Vénus travailla,
A Bourdaloue exagérait sans cesse,
Les doux plaisirs dont Amour la combla.
Oh ! çà, lui dit l’enfant de Loyola,
Songez à Dieu. — Je le voudrais, dit-elle ;
Mais j’ai toujours un bougre de Vit là,
Même en mourant, qui me fout la cervelle.
Le Fait, le Droit, qui sur le formulaire,
Depuis long-temps partage les esprits,
Faisaient grand bruit, et on traitait l’affaire
Avec chaleur, lorsque l’on fut surpris
De voir Ninon terminer la querelle,
Et sur le chant trouver ce tour adroit :
Tant qu’il est droit, il n’est pas fait, dit-elle,
Quand il est fait, il cesse d’être droit.
IMPROMPTU
A deux Dames qui étaient à un
Balcon pendant un Orage.
Vous, du haut du balcon,
Qui riez de ma misère,
S’il pleuvait du jus de Couillon,
On vous verrait tous la gouttière.
Mesdames, il n’y a point de peut-être ;
Toute femme qui a foutu aime à l’être.
MON TESTAMENT.
Et que, sans consulter tant de législateurs,
Et qu’on donne mes os à des Apothicaires
Pour servir de canul à donner des clistères ;
Afin qu’après ma mort, ainsi que j’ai vécu,
Je sois encore utile au service des culs.