Les Plaisirs de l’ancien régime, et de tous les âges/Introduction
Plaisirs | Frontispice |
INTRODUCTION.
Ce n’est point ici une Religion nouvelle,
un culte moderne, que je viens vous
offrir, aimables Débauchés, qui comptez
pour les plus doux momens de la vie, ceux
que l’on donne aux plaisirs, à la volupté.
Les tendres impulsions de la Nature sont
d’une antiquité égale à celle du genre humain ;
et s’il s’agissait de vous présenter
ici l’arbre généalogique de l’Ode à Priape,
vous le verriez porter sa tige touffue dans
l’Olympe, et ses racines profondes dans
les gorges du Ténare. Les Dieux, les
Déesses, furent donc foutues : c’est un
axiome de la Fable, de cet ingénieux emblème
de la vérité ; à leur exemple, les
demi-Dieux, les Héros, s’abandonnèrent
au penchant de la lubricité. On vit dans
tous les siècles, dans tous les âges, la luxure,
exerçant son inévitable empire sur
tous les individus de l’espèce humaine, physiquement organisée à l’instar des animaux,
le besoin et le desir de la reproduction,
entraînèrent constamment les
objets les uns vers les autres, et disposèrent
les atomes séminaux à une atraction
réciproque ; en sorte que ce n’est rien
avancer de trop, que de faire remonter
la foutaise à l’instant de la création des
hommes.