Les Petits poèmes grecs/Sappho/Hymne à Vénus

Traduction par Ernest Falconnet.
Les Petits poèmes grecs, Texte établi par Ernest Falconnet, Louis-Aimé MartinDesrez (p. 257).

HYMNE À VÉNUS.

Immortelle Vénus, fille de Jupiter, toi qui sièges sur un trône brillant et qui sais habilement disposer les ruses de l’amour, je t’en conjure, n’accable point mon âme sous le poids des chagrins et de la douleur. Mais plutôt viens à ma prière comme tu vins autrefois, quittant le palais de ton père et descendant sur ton char doré. Tes charmans passereaux t’amenaient de l’Olympe à travers les airs qu’ils agitaient de leurs ailes rapides. Dès qu’ils furent arrivés, ô déesse ! tu me souris de ta bouche divine ; tu me demandas pourquoi je t’appelais ; quels tourmens ressentait mon cœur, en quels nouveaux désirs il s’égarait ; qui je voulais enchaîner dans les liens d’un nouvel amour : « Qui oserait te faire injure, ô Sappho ! S’il te fuit aujourd’hui, bientôt il te recherchera ; s’il refuse aujourd’hui tes dons, bientôt il t’en offrira lui-même ; s’il ne t’aime pas aujourd’hui, il t’aimera bientôt lors même que tu ne le voudrais plus. »

Ô, viens, viens donc aujourd’hui, déesse, me délivrer de mes cruels tourmens ! Rends-toi aux désirs de mon cœur ! Ne me refuse pas ton secours tout-puissant !