Les Petits poèmes grecs/Pindare/Olympiques/IV

IV.

À PSAUMIS DE CAMARINA (1),

Vainqueur à la course aux chevaux(2).

Toi dont la main puissante lance au loin la foudre au vol impétueux, grand Jupiter, les (3) Heures tes filles me rappellent à Olympie pour être témoin de ses illustres combats, et chanter les vainqueurs aux sublimes accords de ma lyre !

Qu’elle est grande la joie de l’homme vertueux à la nouvelle du triomphe d’un hôte qui lui est cher ! Reçois, fils de Saturne, maître souverain de l’Etna mugissante, dont le poids écrase le furieux (4) Tiphon aux cent têtes, reçois ce témoignage de ma reconnaissance, cet hymne consacré au vainqueur d’Olympie et qui doit immortaliser les plus héroïques vertus.

Voici (5) venir Psaumis sur son char de triomphe : le front ceint de l’olivier de Pise, il se hâte de retourner à Camarina sa patrie, pour y recueillir une gloire éternelle. Puissent les dieux exaucer tous les vœux de ce héros dont je célèbre les louanges !

S’il fut habile à dresser les coursiers, il fut encore plus ami des vertus hospitalières et de la paix si favorable au bonheur des cités. Je n’embellirai point mes éloges des couleurs du mensonge : de tout temps l’expérience apprit à juger les hommes.

C’est elle qui jadis vengea le fils de (6) Clymène de l’affront des femmes de Lemnos, lorsque vainqueur à la course, malgré le poids d’une armure d’airain, il s’avança vers Hypsipye pour recevoir de ses mains la couronne triomphale : « Reconnaissez en moi, lui dit-il, ce guerrier aussi brave dans les combats que souple et agile à la course. » Souvent la (7) jeunesse voit blanchir ses cheveux avant les jours fixés par la nature.