Les Petits poèmes grecs/Bacchylide/Sur la paix

I.

SUR LA PAIX.

La Paix, déesse immortelle et bienveillante, verse sur la terre l’abondance et les fleurs des beaux vers qui tombent des bouches d’or ; elle relève les autels abattus et profanés. Quand elle est dans tout son éclat, on brûle en l’honneur des dieux les cuisses des bœufs succulents et les épaules des grasses brebis : les jeunes guerriers ne sont plus armés que de cestes ; ils reprennent les jeux du gymnase, leurs flûtes et leurs amours innocents ; ils déposent dans un coin ténébreux leurs boucliers terribles, que les araignées auront bientôt recouverts de leurs toiles. La rouille use leurs haches et leurs épées. Les oreilles ne résonnent plus du bruit effrayant du clairon ; le sommeil plus doux que le miel vient clore doucement nos paupières. Nos sens sont enchantés par des rêves délicieux ; partout recommencent d’agréables festins longtemps interrompus, et les hymnes d’amour retentissent dans nos villes charmées.