Les Petits poèmes grecs/Anacréon/Fragmens II

Traduction par Ernest Falconnet.
Les Petits poèmes grecs, Texte établi par Ernest Falconnet, Louis-Aimé MartinDesrez (p. 252-253).

Fragmens


Puissé-je mourir, c’est le seul remède aux maux que j’endure.

Moi je ne désire ni la corne d’Amalthée ni de régner cent cinquante ans à Tartessus.

Déjà commence le mois consacré à Neptune : les nuages roulent de noirs torrents d’eau, les tempêtes furieuses se détachent avec des bruits effrayants.

J’ai mangé un peu, j’ai bu de la liqueur de Bacchus ; je touche maintenant les cordes voluptueuses de ma lyre, je célèbre les charmes et les attraits de ma maîtresse.

J’aime et je n’aime point, je suis fou et je suis sage.

Je veux rire et folâtrer avec toi : ton caractère est aimable et ton humeur charmante.

Lorsque je t’écoutais attentivement, bien décidé à fuir l’Amour, ce dieu s’est rendu maître de mon cœur

Jeune beauté, dont les cheveux flottants sont couverts d’un voile tissu d’or, daigne écouter un vieillard.

Je hais et je déteste ceux qui parlent d’un ton élevé, emphatique : savoir garder le silence, voilà la plus belle qualité.

Apporte de l’eau, apporte du vin ; donne-moi des couronnes de fleurs fraîchement écloses. Je ne veux pas combattre plus longtemps contre l’Amour.

L’Amour me donne des ailes légères : je m’élève jusques aux cieux ; mais l’objet de mon ardeur est insensible à mes feux.