Librairie Beauchemin, Limitée (Laurent-Olivier Davidp. 219-220).

joseph-jacques robert


Joseph-Jacques Robert était le chef de la troupe qui, dans la nuit du 3 novembre, entreprit de désarmer les bureaucrates de Saint-Philippe, de Saint-Constant et de Laprairie, et fit le siège de la maison de Walker.

C’était un cultivateur à l’aise de Saint-Philippe. Sa position, son âge et son caractère lui donnaient beaucoup d’autorité parmi les patriotes de cette paroisse. Il était connu depuis longtemps pour un partisan enthousiaste de la cause libérale et de Papineau. Il avait été un des premiers à remettre aux autorités sa commission de capitaine de milice.

Il comprit qu’il ne pouvait échapper à la sentence de mort portée d’avance contre tous ceux qui avaient pris part à l’expédition de La Tortue.

Il ne chercha pas à se sauver, et subit son procès avec indifférence ; il fit peu de questions aux témoins et ne chercha pas à affaiblir la preuve faite contre lui.

Le major Robert était fortement trempé ; il subit avec résignation les conséquences d’un acte qu’il avait cru nécessaire à la cause de la liberté.

Comme tous ceux qui meurent laissant une femme et des enfants désolés, il eut des moments de tristesse profonde, mais la pensée qu’il mourait pour l’indépendance de son pays lui rendait promptement son courage.

Quelques uns de ses amis avaient espéré que son grand âge le sauverait ; mais c’était une vaine espérance.

Le 18 janvier, il monta sur l’échafaud, suivi des deux Sanguinet, de Decoigne et de Hamelin. Lorsqu’il sortit à la suite du bourreau, de la chambre de toilette des condamnés, il aperçut plusieurs patriotes à genoux et fondant en larmes. Il leur dit de se consoler, mais de continuer à prier pour lui et ses compagnons.