Librairie Beauchemin, Limitée (Laurent-Olivier Davidp. 72-73).

ludger duvernay


Ludger Duvernay, descendait d’une famille française établie depuis longtemps dans le pays. Son grand-père était notaire royal et son père, cultivateur. Sa mère était alliée à la famille distinguée des de La Morandière. Il naquit à Verchères, le 22 janvier 1799.

Après avoir reçu la petite instruction qu’on donnait alors dans les écoles élémentaires, il vint à Montréal en juin 1813 et entra comme apprenti dans l’établissement de M. Chs-B. Pasteur, qui publiait alors le Spectateur. Il se livra au travail avec ardeur et entreprit de se faire un chemin dans une carrière bien ingrate aujourd’ui, mais qui alors était presqu’inaccessible.

Après quatre ans d’apprentissage. M. Duvernay allait en 1817 fonder aux Trois-Rivières un journal qu’il appelait la Gazette des Trois Rivières, et qu’il parvint à faire vivre jusqu’en 1822. En 1823, il publia le Constitutionnel qui vécut deux ans. Le 14 février, il épousa Dlle  Marie-Reine Harnois, de la Rivière-du-Loup. En 1826, il établit, dans la ville des Trois-Rivières, l’Argus, et en 1827 il vint se fixer à Montréal et se joignit à l’un des plus grands patriotes et des hommes les plus remarquables de l’époque, l’hon. A.-N. Morin, pour fonder la Minerve.

À partir de cette époque, le nom de M. Duvernay est inscrit sur toutes les pages de l’histoire émouvante de nos luttes politiques. Emprisonné trois fois pour avoir eu le courage de publier dans son journal des articles énergiques à l’adresse des bureaucrates, sa popularité devint très considérable et il ne s’en servit que pour faire triompher la cause de ses compatriotes. Il fut l’un des chefs du parti populaire, l’un des patriotes les plus ardents de cette époque. Sa générosité et sa libéralité, quoiqu’il fût pauvre, son dévouement pour ses amis et pour son pays, le rendaient cher au peuple.

Élu membre de la Chambre par le comté de Lachenaye en 1837, il était obligé, quelques mois après, de s’expatrier pour échapper à l’emprisonnement. Il se réfugia à Burlington où il fonda en 1839 le Patriote. Il revint en Canada en 1842 et rétablit, grâce en grande partie à la générosité de son ami Fabre, la Minerve qu’il continua de publier jusqu’en 1852 dans l’intérêt de la cause libérale dont M. Lafontaine était alors le porte-étendard.

Il mourut le 28 novembre 1852, au milieu des regrets de toute la population canadienne qui n’avait cessé de le regarder comme l’un de ses compatriotes les plus distingués et les plus utiles à la patrie.

L’une de ses plus belles œuvres est la fondation de la société Saint-Jean-Baptiste. Avec quelle satisfaction il doit contempler aujourd’hui de sa tombe les résultats admirables de son œuvre ! C’est en 1833 que M. Duvernay jeta les fondements de cette noble société et la Saint-Jean-Baptiste fut célébrée pour la première fois, l’année suivante. C’est lui qui eut la belle pensée de donner à la société qu’il fondait, dans l’intérêt de notre nationalité, le nom même que nos ennemis nous donnaient par dérision. C’est lui aussi qui choisit la feuille d’érable comme notre emblème national.