VI


Le thrène courroucé bondissant dans l’espace,
Comme la foudre ailée éclaire, effraie et passe.
Alors dans le silence ému du ciel profond
On entend l’harmonie ineffable que font
Au delà de l’Éther les huit notes lancées
Par le vol frémissant des sphères balancées.
Les Parques, dont le front d’étoile est obscurci
Comme par le réveil d’un immense souci,
Paraissent ralentir leurs tâches éternelles.
Des pleurs de déité coulent de leurs prunelles,
De larges pleurs salés comme le flot des mers ;
Mais pour anéantir les reproches amers
Dont l’homme les obsède en sa douleur bornée,
Elles mènent le deuil d’une autre destinée,
Et Clotho, dont les bras se rouvrent lentement,
D’une plainte inconnue emplit le firmament.