Livre I
XVI. Une cérémonie païenne
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Le soir commençait à tomber lorsque Pardaillan revint à la Devinière. Instinctivement, ses yeux se levèrent vers la petite fenêtre où tant de fois lui était apparu le charmant visage de Loïse. Il eût donné la moitié des écus dont il était devenu possesseur pour être vu dans son beau costume. Mais la fenêtre était fermée.

Le chevalier poussa un soupir et se tourna vers le perron de la Devinière. À gauche de ce perron, il aperçut alors trois gentilshommes qui, le nez en l’air, semblaient examiner attentivement la maison où demeurait la Dame en noir.

— Vous dites que c’est bien là, Maurevert ? fit l’un d’eux.

— C’est là, comte de Quélus. Au premier, la propriétaire, vieille dame bigote, sourde et confite en prières. Le deuxième est à moi depuis ce matin.

— Maugiron, reprit celui qu’on venait d’appeler comte de Quélus, conçois-tu ces bizarres passions de Son Altesse pour de petites bourgeoises ?

— Moins que des bourgeoises, Quélus. Lui qui a la cour !…

— Mieux que la cour, Maugiron : il a Margot !

Les deux jeunes gentilshommes éclatèrent de rire et continuèrent à causer entre eux sans s’occuper de Maurevert, pour lequel ils cherchaient à peine à déguiser un sentiment de mépris et de crainte.

Maurevert s’était éloigné en disant :

— À ce soir, messieurs !

Quélus et Maugiron allaient en faire autant lorsqu’ils virent se dresser devant eux un jeune homme qui, avec une politesse glaciale, mit son chapeau à la main et demanda :

— Messieurs, voulez-vous me faire la grâce de me dire ce que vous regardiez si attentivement dans cette maison ?

Les deux gentilshommes, interloqués, échangèrent un coup d’œil.

— Pourquoi nous posez-vous cette question, monsieur ? fit Maugiron avec hauteur.

— Parce que, répondit Pardaillan, cette maison m’appartient.

Le chevalier était un peu pâle. Mais cette pâleur devait passer inaperçue aux yeux de ses interlocuteurs, qui ne le connaissaient pas. De plus son attitude était d’une extrême politesse.

— Et vous supposez, dit Quélus, que nous aurions envie de l’acheter ?

— Ma maison n’est pas à vendre, messieurs, fit Pardaillan avec un visage immobile.

— Alors, que voulez-vous ?

— Vous dire simplement ceci : je ne veux pas qu’on regarde ce qui m’appartient, et surtout qu’on en rie. Or, vous avez regardé, et vous avez ri.

— Vous ne voulez pas ! s’écria Maugiron en pâlissant de colère.

— Viens, fit Quélus. C’est un fou.

— Messieurs, dit Pardaillan toujours impassible, je ne suis pas fou. Je vous répète que je hais les insolents qui regardent ce qu’ils ne doivent pas voir…

— Mordieu, monsieur ! Vous allez vous faire couper les oreilles !

— Et que j’ai l’habitude de châtier ceux dont le rire me déplaît, acheva Pardaillan. Allez rire ailleurs.

— Ah ! ah ! fit Quélus. Et où diable voulez-vous que nous allions rire ?

— Mais, par exemple, dans le petit Pré-aux-Clercs.

— C’est bien. Et quand ?

— Tout de suite, si vous voulez !

— Non pas. Mais demain matin, vers les dix heures, nous y serons, mon ami et moi. Et vous, monsieur, tâchez de bien rire ce soir. Car il est probable que demain vous ne rirez plus.

— J’y tâcherai, messieurs ! dit Pardaillan qui salua d’un grand geste de sa plume de coq…

Quélus et Maugiron s’éloignèrent dans la direction qu’avait déjà prise Maurevert.

Pardaillan, inquiet et troublé, entra dans la salle de la Devinière, et s’attabla.

« Que diable faisaient là ces deux étourneaux ?… Et l’autre, avec sa figure d’oiseau de mauvais augure !… Seraient-ils venus là pour elle ?… Par les cornes de tous les enfers ! Si cela était !… Mais non, voyons… quelle apparence y a-t-il ?… Elle sort si rarement ! qui l’aurait remarquée ? »

Enfin, bref, le raisonnement aidant, et aussi un bon flacon de vin d’Anjou, Pardaillan parvint à se rassurer, et selon ses habitudes d’observateur, se mit à regarder autour de lui.

Ce soir-là, il y avait grand remue-ménage dans l’auberge. Les servantes dressaient le couvert pour une forte tablée dans une pièce voisine. Maître Landry et ses queux agitaient force casseroles.

— Ah ça ! demanda le chevalier à Lubin, qui le servait, il y aura donc belle et nombreuse société ce soir ?

— Oui, monsieur. Et vous m’en voyez tout joyeux.

— Pourquoi joyeux ?

— D’abord parce que messieurs les poètes sont fort généreux… ils boivent bien, et me font boire.

— Ce sont donc des poètes qui vont venir ?

— Comme tous les mois, le premier vendredi, monsieur le chevalier. Ils se réunissent pour dire des poésies qui me feraient rougir, si je n’étais trop occupé à boire pour écouter.

— Bon. Ensuite ?… Ton autre motif de joie ?

— Ah oui ! Eh bien, c’est que frère Thibaut va venir.

— Le moine ? Est-il donc aussi poète ?

— Non. Mais… excusez-moi, monsieur le chevalier, voici justement… une plume rouge…

Et, sans finir sa phrase, Lubin, qui paraissait fort embarrassé, se précipita au-devant d’un cavalier qui venait d’entrer dans la salle. Ce cavalier avait une plume rouge à sa toque. Il s’enveloppait soigneusement de son manteau qu’il relevait jusqu’au nez. Mais si bien qu’il dissimulât son visage, Pardaillan, qui avait les yeux pénétrants et le regard agile, aperçut un instant ce visage.

— M. de Cosseins ! murmura-t-il.

Cosseins était le capitaine des gardes de Charles IX, c’est-à-dire le premier personnage militaire du Louvre.

Il était de toutes les parades, de toutes les chasses royales. Pardaillan l’avait vu plus d’une fois.

« Qu’est-ce que cette société de poètes dont font partie le capitaine des gardes et le moine Thibaut ? songea le chevalier. Pourquoi est-ce Lubin et non maître Landry qui va au-devant d’un pareil personnage ? »

Et, avec une curiosité surexcitée, il suivit des yeux le manège de Lubin et de Cosseins. Landry, occupé à ses fourneaux dans la rôtisserie, n’avait pas fait attention au nouveau venu, bien que, de la cuisine située à gauche de la grande salle, il pût voir par une large baie ce qui se passait dans l’auberge.

Or, Lubin et le capitaine pénétrèrent dans la salle où les servantes dressaient le couvert.

— C’est ici qu’aura lieu le banquet, messire poète, fit Lubin en essayant vainement de dévisager l’homme à la plume rouge.

— Allons plus loin ! dit Cosseins.

La salle suivante était vide et donnait dans une quatrième salle également vide, mais où des sièges étaient préparés, au nombre d’une quinzaine.

À gauche de cette salle s’ouvrait un cabinet noir. Cosseins y entra.

— Qu’est-ce que c’est que cette porte ? demanda le capitaine.

— Elle ouvre sur l’allée qui longe les quatre salles et aboutit à la rue.

— Nul ne peut entrer par ici ?

Lubin sourit et montra les deux énormes verrous qui maintenaient la porte massive.

— C’est bien. Où se tiendra le moine ?

— Frère Thibaut ? Dans la grande salle, devant la porte du banquet. Oh ! personne n’entrera, et vous pourrez à l’aise vous débiter vos sonnets et vos ballades.

— C’est que, vous comprenez, il y a tant de jaloux qui seraient bien aises de s’emparer de nos productions !

— Oui, des plagiaires !

Cosseins approuva de la tête et, satisfait sans doute de son inspection, retraversa les salles, gagna la porte du salon et disparut.

« Que diable va-t-il se passer ce soir à la Devinière ? » se demanda Pardaillan.

Le chevalier n’était pas homme à perdre son temps en méditation. Il était curieux par nature et par besoin de défense personnelle. Il n’hésita pas et résolut de connaître la vérité que Lubin ignorait selon toute vraisemblance.

Pardaillan connaissait l’hôtellerie de fond en comble.

Il se leva donc sans affectation, appela Pipeau d’un claquement de langue, et pénétra dans la salle du banquet où trois servantes effarées achevaient de mettre le couvert. Il passa rapidement, et entra dans la pièce vide en refermant derrière lui la porte. Puis il atteignit la pièce où étaient rangés des sièges, et enfin le cabinet noir.

Ce cabinet n’était d’ailleurs qu’une sorte de caveau aux murailles en pierre humide, et tout tapissé de toiles d’araignées. Il communiquait avec l’allée par la lourde porte que nous avons signalée, et avec la pièce aux sièges par une porte percée d’un judas dont le treillis disparaissait sous d’épaisses couches de poussière.

Or, ce caveau, c’était l’antichambre des caves de maître Landry.

Dans le fond s’ouvrait une trappe que fermait un couvercle à anneau de fer.

Pardaillan, toujours suivi de son fidèle Pipeau, s’enfonça dans l’escalier qui descendait aux caves, les visita soigneusement, et n’ayant remarqué rien d’anormal, revint s’installer dans le cabinet noir en laissant ouverte la trappe des caves.

Nous le laisserons à la faction volontaire qu’il s’imposait, et nous reviendrons dans la grande salle de l’auberge.

Là, vers neuf heures, apparurent trois hommes très enveloppés et portant à leurs toques des plumes rouges.

Lubin courut au-devant de ces mystérieux personnages et les introduisit dans la salle du banquet.

Dix minutes plus tard, deux autres cavaliers, puis enfin trois nouveaux, tous ayant une plume rouge à la toque, entrèrent à la Devinière et furent conduits par Lubin qui, alors, murmura :

— Huit plumes rouges. Le compte y est !

À ce moment, un moine à barbe blanche, aux yeux sournois, à la figure rubiconde, franchit à son tour le seuil.

— Frère Thibaut, s’écria Lubin en s’élançant à la rencontre du moine.

— Mon frère, dit celui-ci à voix basse, nos huit poètes sont-ils arrivés ?

— Ils sont là, répondit Lubin en désignant la salle du banquet.

— Très bien. Veuillez donc m’écouter, mon cher frère. Il s’agit de choses graves. Vous comprenez. Ce sont des poètes étrangers qui viennent discuter avec les nôtres.

— Mais, mon frère, comment se fait-il que vous soyez mêlé à des questions de poésie ?

— Frère Lubin, fit sévèrement le moine, si notre révérend et vénérable abbé, Mgr Sorbin de Sainte-Foi, a permis que vous quittassiez le couvent pour venir faire ripaille et bombance en cette auberge…

— Frère ! ah ! frère Thibault !…

— Si le révérend, prenant en pitié votre soif inextinguible, vous a donné une preuve aussi extraordinaire de sa mansuétude, ce n’est pas qu’il vous tolère par surcroît le péché mortel de la curiosité !

— Je me tais, mon frère !

— Vous n’avez pas de questions à poser. Ou sinon, vous rentrez au couvent !

— Miséricorde ! Je vous jure, mon frère… mon excellent frère…

— C’est bien. Maintenant, dressez-moi une petite table là, juste devant la porte de cette salle, car je me sens quelque appétit.

Ce disant, frère Thibaut prit une figure moins sévère ; ses yeux s’attendrirent, et il passa le bout de sa langue sur ses lèvres.

— Que vous êtes heureux, frère Lubin ! ne put-il s’empêcher de murmurer.

— Que vous donnerai-je à dîner, mon cher frère ?

— La moindre des choses : une moitié de poularde, une friture de Seine, un pâté, une omelette et des confitures, avec quatre bouteilles de vin d’Anjou… Autrefois, frère Lubin, j’en eusse demandé six ! Hélas ! nous devenons vieux…

Le moine s’installa donc devant la porte, de façon que nul ne pût entrer sans sa permission.

Lorsque Lubin eut apporté sur la table les éléments du repas modeste demandé par frère Thibaut, celui-ci reprit :

— Maintenant, frère Lubin, écoutez-moi bien. Vous connaissez l’allée qui aboutit au cabinet noir ? Eh bien, vous allez vous mettre en sentinelle à la porte de cette allée, sur la rue, jusqu’à ce que je vous en relève.

Lubin, qui voyait s’évanouir tous ses rêves gastronomiques et bachiques, poussa un soupir qui eût attendri un tigre. Mais frère Thibaut ne parut pas s’en apercevoir.

— Si quelqu’un veut entrer dans l’allée, continua-t-il, vous vous y opposerez. Si ce quelqu’un persiste, vous pousserez un cri d’alarme. Allez, mon cher frère, hâtez-vous…

Force fut à Lubin d’obéir.

Alors, frère Thibaut attaqua consciencieusement sa demi-poularde.

La demie de neuf heures sonna.

À ce moment, six nouveaux personnages firent leur entrée dans l’auberge.

— Voici les mécréants ! grogna frère Thibaut. Je suis comme frère Lubin, moi. Je ne comprends pas pourquoi on me force à garder la porte pour des faiseurs de Phébus comme ce Ronsard, ce Baïf, ce Rémy Belleau, ce Jean Dorat, ce Jodelle et ce Pontus de Thyard !…

En grommelant ainsi, frère Thibaut dévisageait successivement les six poètes et se rangeait pour les laisser entrer dans la salle du banquet.

Il va sans dire que l’arrivée des poètes et leur disparition avaient passé inaperçues. Et pour se rendre un compte exact de cette scène, notre lecteur doit se figurer la grande salle de la Devinière pleine de soldats, d’écoliers, d’aventuriers, de gentilshommes ; çà et là, quelques ribaudes : au milieu de la salle, un bohémien qui fait des tours de passe-passe ; les éclats de rire, les chansons, les cris des buveurs qui demandent du vin, de l’hypocras, de l’hydromel, le fracas des pots d’étain et des gobelets qui s’entrechoquent ; enfin toute l’effervescence d’une taverne bien achalandée à la minute où le couvre-feu va sonner, où l’auberge va se fermer et où l’on se hâte de vider un dernier verre.

Les six poètes de la Pléiade (Joachim du Bellay, le septième, était mort en 1560) entrèrent donc sans avoir éveillé la moindre curiosité, et passèrent dans la salle du festin.

Là, Jean Dorat arrêta d’un geste ses confrères, et leur dit :

— Nous voici donc, une fois encore, unis dans la célébration de nos mystères. Je puis dire que nous sommes ici la fleur de la poésie antique et moderne, et que jamais assemblée de plus fiers docteurs en l’art sublime ne fut plus digne de monter au Parnasse pour y saluer les dieux tutélaires. Vous Pontus de Thyard avec vos Erreurs amoureuses et votre Fureur poétique ; vous, Étienne Jodelle, seigneur de la tragédie, avec votre Cléopâtre et votre Didon ; vous, Rémy Belleau, étincelant lapidaire des Pierres précieuses magique évocateur de l’améthyste et de l’agate, du saphir et de la perle ; vous, Antoine Baïf, le grand réformateur de la diphtongue, le prestigieux fabricateur des sept livres d’Amours ; et moi, enfin, moi, Dorat, qui n’ose me citer après tant de gloires, nous voici réunis autour de notre maître à tous, maître de l’antique, maître du présent, le grand et définitif poète qui s’est emparé du grec et du latin pour en forger une langue nouvelle, le fils d’Apollon qui, depuis les temps lointains où je lui appris, au collège Coqueret, l’art de parler comme parlaient les dieux, m’a dépassé de cent coudées, et nous écrase sous le poids de ses Ondes, de ses Amours, de son Bocage royal, de ses Mascarades, de ses Églogues, de ses Gaietés, de ses Sonnets et de ses Élégies… Maîtres, inclinons-nous devant notre maître, messire Pierre de Ronsard !…

Nous croyons devoir faire observer ici que Jean Dorat s’exprimait en latin avec une aisance et une correction qui prouvaient sa parfaite connaissance de cette langue[1]. Les poètes s’inclinèrent devant Ronsard, qui accepta cet hommage avec une majestueuse simplicité. Ronsard, qui était plus sourd que le sonneur de Notre-Dame, n’avait pas entendu un traître mot de la harangue. Mais comme beaucoup de sourds, il n’avouait pas son infirmité.

Ce fut donc du ton le plus naturel qu’il répondit :

— Maître Dorat vient de dire des choses d’une merveilleuse justesse et auxquelles je m’associe pleinement.

— Nunc est bibendum ! Maintenant il faut boire ! s’écria Pontus qui aimait à taquiner l’illustre sourd.

— Merci, mon fils ! dit Ronsard avec un gracieux sourire.

Jean Dorat, avec une imperceptible émotion d’inquiétude, reprit alors :

— Messieurs, je vous ai parlé, il y a huit jours de ces quelques illustres étrangers qui désirent assister à la célébration d’un de nos mystères.

— Sont-ce des poètes tragiques ? demanda Jodelle.

— Nullement. Et même ils ne sont pas poètes. Mais je réponds que ce sont d’honnêtes gens. Ils m’ont confié leurs noms sous le sceau du secret. Maître Ronsard approuve leur admission. Et n’avons-nous pas déjà plus d’une fois toléré parmi nous la présence d’étrangers ?

— Mais s’ils nous trahissent ? observa Rémy Belleau.

— Ils ont juré le silence, répondit vivement Dorat. D’ailleurs, messieurs, ils repartent dès demain, il est vraisemblable qu’ils ne reviendront jamais à Paris.

Pontus de Thyard, qui était mangeur et buveur d’élite, Pontus qu’on appelait le « Grand Pontus » à cause de sa taille herculéenne, mais qui feignait toujours de croire que cette épithète s’adressait à la grandeur de son génie, Pontus dit alors :

— Moi, je trouve qu’on dîne de mauvaise humeur et qu’on digère mal quand…

— Ces nobles étrangers n’assisteront pas à notre agape ! interrompit Dorat. Enfin, je ferai observer qu’on nous suspecte, et que justement la présence parmi nous d’illustres hôtes, au témoignage desquels nous pourrions en appeler, ne servirait qu’à prouver l’innocence de nos réunions. Au surplus, votons !

Les votes, dans cette réunion, se faisaient à la manière des romains qui, dans le cirque, demandaient la vie ou la mort du belluaire vaincu. Pour dire oui, on levait le pouce ; pour dire non, on le baissait.

Avec une vive satisfaction qu’il dissimula, Jean Dorat constata que tous les pouces se levaient en l’air, même celui de Ronsard qui n’avait pas entendu un mot de la discussion.

Alors, les six poètes entonnèrent en chœur une chanson bachique. Et ce fut aux accents de cette chanson (que nous regrettons de ne pouvoir donner ici, vu qu’elle ne nous est point parvenue) qu’ils firent leur entrée dans la salle du fond où se trouvaient déjà les huit inconnus aux plumes rouges.

Ils étaient assis sur deux rangées, comme des gens venus au spectacle.

Tous étaient masqués.

Les six poètes eurent l’air de ne pas les avoir vus.

À peine furent-ils entrés que leur chanson bachique (probablement une sorte de Gaudeamus igitur) se transforma en une mélopée au rythme bizarre qui devait être une invocation.

En même temps, ils se rangèrent sur un seul rang devant le panneau du fond de la salle qui faisait vis-à-vis à la porte du cabinet noir par où on accédait aux caves. C’est contre cette porte que les huit spectateurs masqués étaient assis.

Aussitôt, Jean Dorat ouvrit la porte d’un vaste placard qui occupait tout le panneau.

Ce placard s’évidait profondément en forme d’alcôve.

Et voici ce que les huit spectateurs virent alors.

Au fond de cette alcôve se dressait une sorte d’autel antique. Cet autel, qui était en granit rose, affectait la forme primitive et rudimentaire des grandes pierres qui, jadis, au temps des mystères, servaient aux sacrifices. Mais son soubassement était orné de sculptures à la grecque et de médaillons ; l’un de ces médaillons représentait Phébus ou Apollon, dieu de la poésie ; dans un autre, c’était Cérès, déesse des moissons : un troisième figurait Mercure, dieu du commerce et des voleurs, en réalité, dieu de l’ingéniosité.

Au pied de l’autel, une large pierre également ornée, et creusée d’une rigole.

En avant, un brûle-parfum, sur un haut trépied d’or ou doré.

Sur l’autel, un buste avec une tête étrange, grimaçante d’un large sourire, des oreilles velues, tête de Pan, du grand Pan, souverain de la nature, pour les initiés.

À gauche et à droite de l’autel, étaient accrochées des tuniques blanches et des couronnes de feuillage.

Enfin, par un incroyable mais véridique caprice ou peut-être par un mélange de paganisme et de religion chrétienne d’où certainement était banni tout esprit de profanation, ou peut-être enfin par un singulier oubli, en arrière de l’autel, un peu à gauche, accrochée au mur, très étonnée sans doute de se trouver là, c’était une enluminure représentant la Vierge qui écrasait un serpent !…

Nous devons compléter cet étrange tableau en disant que sur la droite de l’autel s’adaptait un anneau de fer doré, et qu’à cet anneau était attaché un bouc, un vrai bouc, bien vivant, un bouc couronné de fleurs, couvert de feuillages, et qui, pour l’instant, s’occupait paisiblement à brouter des herbes odorantes répandues devant lui.

À peine la porte de l’alcôve fut-elle ouverte que Jean Dorat y entra, décrocha les tuniques blanches et les couronnes et les tendit à ses amis. En un instant les six poètes furent habillés comme des prêtres de quelque temple de Delphes et couronnés de feuillage et de fleurs entrelacés.

Alors, ils se placèrent à gauche de l’autel, et commencèrent, en grec, un couplet modulé sur une musique primitive ; le couplet terminé, ils évoluèrent en file et vinrent se placer à droite de l’autel où eut lieu, sur la même musique, la reprise d’un deuxième couplet, figurant sans aucun doute l’antistrophe, tandis que le premier avait figuré la strophe.

Puis, subitement, tout se tut.

Ronsard s’avança vers un brûle-parfum et y jeta le contenu d’une cassolette qu’il venait de prendre sur l’autel. Aussitôt, une fumée blanche et légère s’éleva dans les airs, emplissant l’alcôve de la salle d’une odeur subtile de myrrhe ou de cinnamome.

Alors, il y eut une reprise en chœur sur une mélopée plus lente.

Puis, tout se tut de nouveau.

Ronsard s’inclina devant le buste grimaçant en élevant les mains au-dessus de sa tête, les paumes ouvertes tournées en l’air. Et il prononça cette invocation !

— Pans, agipans et faunes ! Satyres et dryades ! Oréades et napées ! Vous tous, gentils habitants des forêts, vous qui parmi les chèvrefeuilles, sous l’ombrage des hêtres et des chênes, ballez et sautez sur l’herbe ! Vous, sylvestres amis des arbres, qui vivez libres, fiers et moqueurs, loin des docteurs et confesseurs, loin des pédants maléficieux par qui l’existence est si amère, que ne puis-je me mêler à vos jeux innocents ! Ô dryades aimables, et vous faunes souriants, oh ! quand pourrai-je, moi aussi, me pencher sur le mystère des sources limpides, et, vautré parmi les parfums des forêts, écouter la feuille qui tombe, l’écureuil qui joue, et la musique infinie des grandes branches qu’agitent les vents ! Quand pourrai-je fuir les hommes des cités, la cour trompeuse, les prêtres haineux, les évêques qui de leurs crosses, rêvent d’assommer les innocents, les courtisans, pâles imposteurs, les rois qui sucent la moelle des peuples, les gens d’armes qui vont, arquebuse au poing et ténèbres au cœur, cherchant qui massacrer ! Ô Pan, ô Nature ! c’est à toi que vont les rêves du pauvre faiseur de vers ! c’est toi qu’adore mon esprit, ô Pan créateur, protagoniste des fécondations pérennes, amour, douceur, Vie, ô maternelle Vie qu’insultent les mortelles pensées des hommes ! Reçois les vœux des poètes, ô Pan ! Reçois nos esprits dans ton vaste sein ! Et puisqu’il nous est interdit d’aller vers toi, laisse ton âme pénétrer nos âmes ! Inspire-nous l’amour des espaces libres, des ombrages solitaires, des fontaines bruissantes, ô Pan, l’amour de l’amour, de l’amitié, de la nature, de la Vie ! Et reçois ici notre hommage modeste ! Que le sang de ce bouc te soit agréable et te rende propice à nos rêves ! Que coule donc en offrande expiatoire le sang de cet être qui t’est cher, plutôt que le sang des hommes en offrande aux mortelles pensées des prêtres ! Qu’il coule joyeusement comme le vin coulera dans nos coupes alors que nous boirons à ta gloire, à ta paisible gloire, ô Pan ! à ta beauté souveraine, ô Nature ! à ton éternelle puissance, ô Vie ! à votre séculaire jeunesse, ô napées et oréades, ô satyres et dryades !…

Alors, tandis que le chœur, sur un rythme plus large, reprenait son chant, tandis que Ronsard versait de nouveaux parfums sur les charbons ardents du trépied, Pontus de Thyard, qui était le colosse de Pléiade, s’avança, prit sur l’autel un long couteau à manche d’argent, saisit le bouc par les cornes et l’amena sur la pierre creusée d’une rigole.

L’instant d’après, un peu de sang coula dans la rigole.

— Évohé ! crièrent les poètes.

Le bouc n’avait pas été égorgé comme on pourrait le supposer. Pontus s’était contenté de lui faire une saignée au cou, de façon à accomplir le rite indiqué par Ronsard.

Rendu à la liberté, le bouc se secoua vivement et se remit à brouter ses herbes. En même temps, les poètes s’étaient débarrassés de leurs tuniques blanches, mais avaient gardé sur leur tête leurs couronnes de fleurs.

La porte de l’alcôve fut soudain refermée.

Et les poètes, attaquant le chant bachique qui avait servi d’entrée à cette étrange scène de paganisme, se mirent en file et disparurent dans la salle du festin, où aussitôt on entendit le choc des verres, le bruit des conversations et des éclats de rire.


— Voilà de bien grands fous, ou de dignes philosophes ! grommela le chevalier de Pardaillan.

Nos lecteurs n’ont pas oublié, en effet, que le chevalier s’était introduit dans le cabinet noir, prêt à s’engouffrer dans la trappe de la cave au moindre danger d’être découvert.

Après la disparition des poètes, les huit hommes masqués se levèrent.

— Sacrilège et profanation ! gronda l’un d’eux qui ôta son masque.

— L’évêque Sorbin de Sainte-Foi ! murmura Pardaillan, qui étouffa une exclamation de surprise.

— Et l’on m’oblige, moi, reprit Sorbin, à assister à de telles infamies ! Ah ! la foi s’en va. L’hérésie nous étouffe ! Il n’est que temps d’agir !… Et l’on a donné à ce Ronsard les bénéfices de Bellozane et de Croix-Val ! et le prieuré d’Évailles !…

— Que voulez-vous, monseigneur ! s’écria un autre qui retira également son masque. Dorat est des nôtres. Il nous couvre. Il surveille cette réunion. Où voulez-vous aller ? Chez vous ? Dans une heure, nous étions tous arrêtés. Partout, la prévôté fait bonne surveillance. Ici, nous sommes en sûreté parfaite !

Et, dans celui qui venait de parler ainsi, Pardaillan reconnut Cosseins, le capitaine des gardes du roi !

Il n’était pas au bout de ses surprises.

Car les six autres s’étant démasqués à leur tour, il reconnut avec stupéfaction le duc Henri de Guise et son oncle, le cardinal de Lorraine !

Quant aux quatre derniers, il ne les connaissait pas.

— Ne nous occupons pas, dit le cardinal de Lorraine, de la comédie de ces poètes. Plus tard, nous verrons à étouffer cette hérésie nouvelle… Plus tard, quand nous serons les maîtres. Cosseins, vous avez étudié les lieux ?

— Oui, monseigneur.

— Vous répondez que nous y sommes en sûreté ?

— Sur ma tête !

— Eh bien, messieurs, parlons de nos affaires, dit alors le duc de Guise d’un ton d’autorité. Calmez-vous, monsieur l’évêque, les temps sont proches. Lorsqu’il y aura sur le trône de France un roi digne de ce nom, vous prendrez votre revanche. Je vous ai juré que l’hérésie serait exterminée ; vous me verrez à l’œuvre.

Maintenant les conjurés écoutaient le jeune duc avec un respect exagéré qui eût paru étrange à qui n’eût pas connu le but de cette conspiration.

— Où en sommes-nous ? reprit Henri de Guise. Parlez le premier, mon oncle.

— Moi, dit le cardinal de Lorraine, j’ai fait les recherches nécessaires, et je puis maintenant prouver que les Capétiens ont été des usurpateurs, et que ceux qui leur ont succédé n’ont fait que perpétuer l’usurpation. Par Lother, duc de Lorraine, vous descendez de Charlemagne, Henri.

— Et vous, maréchal de Tavannes ? dit tranquillement Henri de Guise.

— J’ai six mille fantassins prêts à marcher, dit laconiquement le maréchal.

— Et vous, maréchal de Damville ?

Pardaillan tressaillit. Le maréchal de Damville ! celui qu’il avait tiré des mains des truands ! Celui qui lui avait donné Galaor !…

— J’ai quatre mille arquebusiers et trois mille gens d’armes à cheval, dit Henri de Montmorency. Mais je tiens à rappeler mes conditions.

— Voyez si je les oublie, fit Henri de Guise avec un sourire : votre frère François saisi, vous devenez le chef de la maison de Montmorency, et vous avez l’épée de connétable de votre père. Est-ce bien cela ?

Henri de Montmorency s’inclina.

Et Pardaillan vit luire dans ses yeux une rapide flamme d’ambition ou de haine.

— À vous, monsieur de Guitalens ! reprit le duc de Guise.

— Moi, en ma qualité de gouverneur de la Bastille, mon rôle m’est tout tracé. Qu’on m’amène le prisonnier en question, et je réponds qu’il ne sortira pas vivant.

Qui était le prisonnier en question ?…

— À vous, Cosseins ! dit Henri de Guise.

— Je réponds des gardes du Louvre. Les compagnies sont à moi. Au premier signal, je le saisis, je le mets dans une voiture et le conduis à M. de Guitalens !…

— À vous, monsieur Marcel[2].

— Moi, maître Le Charron m’a supplanté dans mon poste de prévôt des marchands. Mais j’ai le peuple avec moi. De la Bastille au Louvre, tous les quarteniers et dizainiers sont prêts à faire marcher leurs hommes quand je voudrai.

— À vous, monsieur l’évêque.

— Dès demain, dit Sorbin de Sainte-Foi, je commence la grande prédication contre Charles, protecteur des hérétiques. Dès demain, je lâche mes prédicateurs, et les chaires de toutes les églises de Paris se mettent à tonner.

Henri de Guise demeura une minute rêveur.

Peut-être, au moment de se jeter dans cette série de conspirations qui devaient aboutir à la sanglante tragédie de Blois, hésitait-il encore.

— Et le duc d’Anjou ? Qu’en ferons-nous ? demanda tout à coup Tavannes. Et le duc d’Alençon ?

— Les frères du roi ! murmura Guise en tressaillant.

— La famille est maudite ! répondit âprement Sorbin de Sainte-Foi. Frappons d’abord à la tête ; les membres tombent en pourriture !

— Messieurs, dit alors Henri de Guise, à chaque jour suffit sa tâche. Nous nous sommes vus. Nous savons maintenant sur quoi nous pouvons compter pour mener à bien notre grande œuvre. Bientôt nous allons sortir de la période préparatoire pour entrer dans la période d’action. Messieurs, vous pouvez compter sur moi…

Ils écoutaient tous et recueillaient avidement ses paroles.

— Comptez sur moi, reprit Guise, non seulement pour l’action, mais pour ce qui doit suivre l’action. Un pacte me lie à chacun de vous ; je le tiendrai religieusement. Je vous donne licence pour promettre à chacun de vos affidés ce qui lui conviendra le mieux selon son ambition et selon l’aide qu’il nous peut apporter : je tiendrai vos promesses. Les temps sont proches. Vous recevrez le mot d’ordre. D’ici là, que chacun reprenne ses occupations ordinaires. Maintenant, messieurs, séparons-nous. Moins nous serons ensemble, moins il sera possible de nous soupçonner.

Alors, tous, l’un après l’autre, vinrent baiser la main de Guise, hommage royal que le jeune duc accepta comme une chose vraiment naturelle.

Puis ils sortirent, en s’espaçant de quelques minutes.

Henri de Guise et le cardinal de Lorraine, les premiers, passèrent dans le cabinet noir.

Cosseins tira les verrous de la porte qui donnait dans l’allée.

À l’autre bout de l’allée, Lubin était toujours en sentinelle.

Puis ce furent Cosseins, Tavannes et l’évêque ensemble.

Puis l’ancien prévôt Marcel sortit avec le gouverneur de la Bastille, Guitalens.

Enfin, Henri de Montmorency, demeuré seul, s’éloigna à son tour.

Alors, la trappe de la cave se souleva, et la tête de Pardaillan apparut. Le chevalier était un peu pâle de ce qu’il venait de voir et d’entendre. C’était un formidable secret qu’il venait de surprendre, un de ces secrets qui tuent sans rémission. Et Pardaillan, qui n’eût pas tremblé devant dix truands, Pardaillan, qui avait tenu tête à un peuple déchaîné, Pardaillan, qui, avec un sourire, avait risqué de s’ensevelir sous l’écroulement d’une maison, Pardaillan frissonna de se sentir maître — ou l’esclave ! — d’un tel secret. Il plia les épaules comme un athlète qui reçoit tout à coup un coup trop rude. Et il envisagea l’effrayante solution.

Ou le duc de Guise apprendrait que la scène de la Devinière avait eu un témoin.

Et dès lors, ce témoin était un homme mort ! Pardaillan ne redoutait pas la mort vue face à face, une bonne lame au poing. Mais ce qu’il redoutait, c’était de vivre désormais en compagnie de cet hôte sinistre qui s’appelle l’Épouvante ! Chaque coin de rue allait lui être un guet-apens ! Chaque borne allait être une embuscade ! Le pain qu’il mangerait contiendrait l’un de ces poisons implacables que Catherine de Médicis avait rapportés d’Italie ! Plus de libre vagabondage ! Plus de franche lippée : la mort partout, la mort sournoise, lâche, et qui guette dans l’ombre !

Ou bien Guise et les conjurés ne sauraient rien…

Et alors, que faire ? Devait-il assister, spectateur impuissant, à la tragédie qui se préparait ? Non ! mille fois non ! Une haine lui venait contre ces conspirateurs… Pardaillan n’aimait pas le roi… Ou plutôt il l’ignorait… Charles IX lui était indifférent. Quel que fût le roi de France, il était son propre roi… Mais vraiment, ces gens lui apparaissaient bien vils ! Quoi ! Ce Cosseins, capitaine des gardes ! Ce Guitalens, gouverneur de la Bastille ! Ce Tavannes, maréchal ! Ce Montmorency, autre maréchal ! Tous, tous, ils devaient au roi leurs places, leurs emplois, leurs honneurs… Tous faisaient partie de sa cour, l’encensaient, l’adulaient ! Et par-derrière ils voulaient le frapper. Cela lui apparaissait comme une chose extrêmement laide, lui qui, d’instinct, avait le culte du beau geste !

Alors, quoi ?… Les dénoncer ?… Jamais, ah ! jamais cela, par exemple ! Il n’était pas l’homme de ces basses besognes.

Ces réflexions passèrent comme un éclair dans l’esprit du chevalier.

Il eut un mouvement des épaules comme pour se débarrasser d’un fardeau.

Et comme la contemplation n’était guère son fait, il se couvrit soigneusement le visage de son manteau et s’élança dans l’allée, juste au moment où Lubin se dirigeait vers lui pour refermer la porte laissée ouverte par Montmorency.

Lubin, à qui frère Thibaut avait fait la leçon, savait que huit personnages, huit poètes, devaient sortir par l’allée. Il avait compté, tout joyeux à l’idée d’aller tenir compagnie à frère Thibaut.

— Holà ! cria-t-il en apercevant ce neuvième personnage qui dérangeait son calcul, que faites-vous ici ?

Mais la stupéfaction de Lubin se changea instantanément en terreur.

Car il achevait à peine de parler qu’il reçut une violente bourrade, laquelle l’allongea de tout son long dans l’allée. Pardaillan sauta lestement par-dessus le gémissant Lubin, et aussitôt il se trouva dans la rue.



Notes modifier

  1. Nous ferons également observer que même lorsqu’ils s’exprimaient en français, en langue vulgaire, ces poètes en particulier, et les divers personnages de notre récit en général, employaient force termes que nous traduisons en « moderne » au fur et à mesure. De là, de nombreux anachronismes dans la bouche de nos héros. Mais il fallait choisir entre la couleur locale et la clarté ; nous n’avons pas hésité. Comme nous l’avons dit à propos de nos précédents ouvrages, nous visons seulement à donner au lecteur une idée de l’état de nos personnages et, en conséquence, des scènes et mœurs de l’époque où ils évoluent. Le reste ne ferait qu’alourdir la narration. Au surplus, hâtons-nous d’ajouter que nous n’avons d’autre prétention que d’intéresser le lecteur à quelques dramatiques épisodes des temps qui ne sont plus. (Note de M. Zévaco.)
  2. Que nos lecteurs n’auront garde de confondre avec Étienne Marcel. (Note de M. Zévaco.)



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