Les Pantins des boulevards, ou bordels de Thalie/02-2

Poulet-Malassis (1 et 2p. 37-65).

SECONDE CONFESSION




THÉÂTRE DE L’AMBIGU-COMIQUE


LE COMPÈRE MATHIEU, GEMOND, THIEMET, ET FORTIN, LIMONADIER, TENANT À SON CAFÉ DE l’AMBIGU-COMIQUE L’ENTREPÔT ET LE BUREAU D’ADRESSES DES MAQUEREAUX ET DES COQUINES DU BOULEVARD DU TEMPLE.
le compère mathieu, à Fortin.

Avance-toi, avance, marchand d’eau chaude, et viens me faire ta confession. Je ne doute pas qu’elle ne soit très-agréable au public : qu’as-tu toujours été dans ta vie ?

fortin.

Un débauché, un cocu, un paillard, un usurier, un coquin de la première classe ; enfin, suivant la loi du talion, un homme à rouer, puisqu’il est vrai que j’en ai roué tant d’autres.

le compère mathieu.

Un instant, jeanfoutre ! un instant ; il me paraît que, comme nos coquins d’ecclésiastiques anéantis, tu as oublié les dogmes évangéliques, et que, dans une confession, il faut faire l’aveu des qualités différentes et des circonstances considérables ; ainsi donc, courbe-toi ; allons, bougre, à genoux, et débite ta ratelée.

fortin.

J’ai succédé à Flamand ; je l’ai imité.

le compère mathieu.

Bien ; c’est-à-dire que, comme lui, tu t’es montré fouteur zélé, le maquereau des mises-basses d’Audinot, et qu’en digne scélérat tu as bravé la décence, les préjugés, l’honneur et la raison.

fortin.

J’en conviens, mais mettez-vous à ma place.

le compère mathieu.

À ta place, coquin ! mais tu me prends donc pour un habitant des boulevards ! Je n’ai jamais occupé un aussi infâme poste. Revenons à ce qui nous reste à finir ensemble.

fortin.

Le désir de foutre, autant que l’intérêt, me fit ambitionner d’être pour quelque chose dans la direction du spectacle d’Audinot, et ce fut en foutant madame son épouse, et en prêtant de l’argent à ce lâche gredin, à ce transfuge du Théâtre-Italien, que je parvins à m’assimiler à Arnaud et aux autres coquins qui ont, ainsi que moi, l’honneur de diriger les pantins de l’Ambigu-Comique.

le compère mathieu.

Quoi ! tu as foutu Jeannette Jonglar[1] ?

fortin.

N’en soyez pas fort étonné : je suis à peu près le millième.

le compère mathieu.

On prétend que cette illustre gourgandine, la coryphée du putanisme, parmi toutes les garces publiques dont les bordels de Paris sont empoisonnés, a bien mérité les honneurs de la vétérance.

fortin.

Au moins quatorze chevrons ; si ce n’est pas le nombre des années, au moins c’est par l’usage du plus beau con que la nature ait jamais donné à une femme.

le compère mathieu.

Vieux pécheur, du dois avoir eu bien du plaisir.

fortin.

J’aurais peine à l’exprimer ; et dans cette fouterie charmante, je ne regrette que mon argent ; car en foutant cette aimable bougresse, il fallut me conformer aux règlements établis dans les bordels de Thalie et payer d’avance.

le compère mathieu.

Tu fus donc miché ?

fortin.

Dans toute l’étendue du terme. Eh ! n’ai-je pas une figure à cela ?

le compère mathieu.

C’est vrai. Raconte-moi l’histoire de tes paillardises avec elle, quelles sont maintenant tes fouteries habituelles, et que je me détermine à t’absoudre ou à t’envoyer à tous les diables.

fortin.

Pardon, si je soupire en faisant ce récit ; il m’en coûte ; mais voici le fait : Jeannette était battue par son mari, qui la dédommageait de cette manière de lui avoir donné la vérole ; il lui refusait les nécessités urgentes pour une femme, atours, modes nouvelles ; la bourse en main, je me présentai ; on me reçut, je troussai la déesse, et m’amusai d’abord à baiser son ventre, ses cuisses, sa motte et son con.

le compère mathieu.

Mais au moins bandais-tu ?

fortin.

En fouteur enragé ! Elle exigea d’abord que je la branlasse, comme avait fait Montansier[2], que je la gamahuchasse, comme avait fait Cellerier[3] ; après avoir satisfait à ces deux préliminaires si agréables pour elle, je la foutis, et, foi de lieutenant de la garde nationale, mieux que je n’avais jamais foutu une femme ; mais je jure que vous ne vous attendez pas à l’issue de cette lubrique scène.

le compère mathieu.

Quelle est-elle ?

fortin.

Après avoir bien fêté le con de cette ribaude, elle me présente son cul, oui, son cul, et me dit : Mon cher Fortin, si tu m’aimes, encule-moi ; ce n’est pas assez de t’être satisfait, procure-moi du plaisir : l’intromission d’un vit pénétrant en moi par la porte de derrière, me cause des ravissements inexprimables.

le compère mathieu.

Et en bougre parfait tu la sodomisas ! Je te vois venir.

fortin.

Et pourquoi pas ? Il faut tâter un peu de tout dans la vie.

le compère mathieu.

Et puis, en as-tu foutu quelques autres ?

fortin.

J’ai branlé Julie Diancourt ; j’ai bougrifié Talon ; j’ai foutu la mère de celle-ci ; Duricher m’a branlé le vit, mais maintenant je m’amuse peu aux clitoris des héroïnes de coulisses : depuis que le numéraire est si rare, il faut prendre garde à soi, et j’aime beaucoup mieux gagner sept pour cent, pour escompter un assignat, que de donner un assignat pour gagner la chaudepisse.

le compère mathieu.

Et malgré toutes ces horreurs, tu portes, gredin, les épaulettes de la nation ?

fortin.

Eh ! ne le faut-il pas ? Ce n’est, au fait, et à bien prendre, qu’un jeanfoutre de plus.

le compère mathieu.

Allons, baise la terre.

fortin, obéissant.

Hélas ! quelle différence de ce pavé au cul de ma fouteuse.

le compère mathieu, lui foutant une bénédiction.

Allons, vite, vieux coquin,
Toi, l’horreur de la nature,

Ne va pas, en vrai gredin,
Turelure
Te faire branler l’engin,
Robin, turelure, turelure.

Qu’Audinot, ce scélérat,
Cocu de triste figure,
Ne fasse plus nul éclat,
Turelure,
De sa bougre d’aventure,
Robin, turelure, turelure,

Retourne à ton échaudoir,
Et sans remplir la mesure,
Que ton vit en aspersoir,
Turelure,
Calme ton beau désespoir,
Robin, turelure, turelure.

À Gemond.

Oh ! toi, misérable, il y a longtemps que je te connais !

gemond.

Si cela n’était, vous seriez sans doute le seul ; mais toute publique que soit la notice de mes aventures, elle n’en est ni plus agréable, ni plus méritoire.

le compère mathieu.

Ah ! foutre ! j’en suis bien persuadé ; mais avant que le ciel en courroux fît de toi un sot histrion, tu faisais quelque chose : or, quelle était ta profession ?

gemond.

Décrotteur.

le compère mathieu.

Bravo ! au moins la postérité ne dira pas que d’évêque tu sois devenu meunier.

gemond.

C’est une consolation, car au temps où nous sommes, c’est ce qu’on peut dire à nos seigneurs les jeanfoutres de mîtrés ; mais je n’en fus pas plus habile, puisque je n’ai jamais su lire.

le compère mathieu.

Ah ! pas de réflexions ; au fait en peu de mots, ou, si cela te gêne moins, chante-nous le détail de tes fredaines.

gemond.

Volontiers.

Air : Des plaisirs de Saint-Cloud.

Tout en quittant la sellette,
Je montai sur le tréteau ;
S’il faut que je le répète,
Pareil trait n’est pas nouveau :
De mes confrères l’histoire
N’offrira pas beaucoup mieux ;
Tel quitta la polissoire,
Pour se trouver plus heureux.

Des bandits suivant la trace,
Pour bien remplir mon destin,

En faisant choix d’une garce,
J’unis maquereau et putain :
Et pour terminer ma gloire,
Pour combler mon déshonneur,
J’offris à tous la mémoire
Du plus infâme voleur.

Sans doute une fin tragique
Eût terminé ces beaux faits ;
Mais je fus en Amérique
Former de nouveaux forfaits ;
Dans le con d’une négresse,
Trouvant mille chers plaisirs,
Je fis naître à la bougresse
De vifs et brûlants désirs.

Ne ridez par le visage,
M’entendant parler ainsi ;
Car dans le maquerellage
J’ai, ma foi ! bien réussi :
À foutre le sort destine
Tout mortel ayant un vit ;

Je fais travailler ma pine,
Puisqu’il est ainsi prédit[4].

le compère mathieu.

Il n’y a pas de mal à ça ; continue : je ne vois rien dans ta confession qui soit extraordinaire aux faits et gestes de tes dignes compagnons ; mais, pour pénitence, retiens bien ce que je vais te dire.

Fouts toujours, car c’est la loi :
Le cul, le con est fait pour toi ;
Qu’une aimable coquine…

gemond.

Eh bien ?

le compère mathieu.

Te chatouille la pine,
M’entends-tu donc bien ?

Même air.
Qu’une garce à poil bien frisé,
Par son jeu coquin et rusé,
T’envoie de sa matrice.

gemond.

Eh bien ?

le compère mathieu.

Très-forte chaudepisse :
Ce sera ton bien.

À Thiemet.

Qui es-tu, toi, car tu changes si souvent de figure, qu’on ne sait trop à quoi s’en tenir ; enfin, qui es-tu ?

thiemet.

Ma foi ! je n’en sais rien ; et je puis dire avec le plus fameux fripon que Regnard ait introduit sur la scène :

J’ai fait tant de métiers d’après le naturel,
Que je puis m’appeler un homme universel.

le compère mathieu.

Allons par gradation ; ta naissance ?

thiemet.

Fils d’un jardinier de la Basse-Courtille.

le compère mathieu.

Qui fit de toi ?

thiemet.

Rien qui vaille ; mais aussi je me sers de la devise du fameux Corneille : « Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée. » J’eus une sœur qui mourut à l’époque où la nature voulut en faire une grande fille ; ce fut une perte pour la fouterie, car elle jouissait des plus merveilleuses dispositions. Oh ! la coquine se branlait à merveille !

le compère mathieu.

Tu le sais donc ?

thiemet.

Je l’ai prise au fait.

le compère mathieu.

Et avec quoi se branlait-elle ? était-ce avec son doigt ou la tête d’un vit ?

thiemet.

Non pas, compère, c’était avec la colonne de son lit ; et comme dans le temps où je l’aperçus j’étais un des croûtons qui composait la bergerie de l’écrivain sise rue du Haut-Moulin, c’est-à-dire, un des fieffés garnements de la volière des oiseaux de l’Académie de Saint-Luc, j’en dessinai la posture, telle que je l’annexe à ma confession que je vous dépose par écrit.

le compère mathieu.

Comment ! tu aurais été dessinateur ?

thiemet.

Sans doute, et le plus déterminé polisson de l’engeance lucaine : les Saint-Aubin, dite mâchoire d’ébène, les Garand, les Lenoir, tous étaient mes victimes, et jamais les nobles barbouilleurs du pont n’ont été rongés par de plus sales insectes.

le compère mathieu.

Je le crois ; et tu devins ?

thiemet.

Beaucoup mieux que je n’étais ; j’allais nu-pieds et je mourrais de faim ; j’étais un faiseur de charges, j’en profitai ; je me mis, comme une partie de mes confrères, tels que Boucher, des Variétés, à faire des singeries sur un théâtre où jadis il y avait eu des bamboches.

le compère mathieu.

Et tu n’y restas pas toujours ?

thiemet.

La fouterie m’entraînait ; je fus à Nancy ; j’y foutis la Rouxelloir ; j’escroquai d’Emery, le directeur ; je fis le polichinel devant le maréchal de Stainville, et maintenant je fouts Carline, des Italiens, non en amant titré, mais en paillasson, mais en pantin dont on se sert comme d’un vicomte de Mirabeau des marchandes d’images : on tire la corde, et l’on me fait agir.

le compère mathieu.

Ah ! triple gredin ! tu fouts Carline ?

thiemet.

Par tous les trous : mais la fouterie qui lui convient mieux, celle que la bougresse préfère, celle enfin qui la fait mieux décharger, c’est quand votre serviteur la fout en pantalon.

le compère mathieu.

En pantalon ?

thiemet.

Oui, foutre en pantalon, je ne le dis qu’à vous et à l’oreille ; Carline sacrifia son pucelage et foutit la première fois avec Colaltot, et ce fut sous l’habit de pantalon qu’il la séduisit ; en lui voyant un masque à grand nez, elle jugea, comme jugent à peu près toutes les femmes, sur les apparences, qu’il devait avoir un grand et gros vit. En singe fidèle de son premier fouteur, ma renommée parvint à elle. Lorsqu’au vil taudion d’Audinot elle fut venue, par moi la garce fut bientôt vue, et de fil en aiguille elle ne tarda pas à être foutue ; et comme le dit fort bien Saint-Aubin, la bamboche des associés, qui n’a qu’une jambe et les trois quarts de l’autre, voilà comme ça s’enfile. Il est vrai que je ne la fouts qu’en goudon, mais, en bonne conscience, depuis que Chenard l’a réduite aux pilules antivénériennes pour une pauvre bougresse de fois, il doit lui être permis de prendre ses précautions.

le compère mathieu.

Et qui fouts-tu maintenant ?

thiemet.

Tout ce que je rencontre. Pourquoi ne pas ressembler aux autres ?

Si foutre est l’ouvrage des dieux,
Dans le siècle où nous sommes,
Pourquoi ne pas penser comme eux,
Nous, pauvres bougres d’hommes ?
En dépit de ces calotins,
D’une espèce si fière,
Enconnons toutes les putains,
Qui seront sur la terre.

Je dois dire avec tout fouteur,
Foutre d’un bandalaise,
Vive un con ! Mon vit, de grand cœur,
Entre chaud comme braise ;
En la foutant, ah ! quel plaisir,
Quelle adorable ivresse !
Blâmez donc en moi le désir
De foutre une déesse !


Lorsque je fouts, mon âme aux cieux
Révère la nature,
Et lorsque d’un con tout au mieux
J’admire la structure,
Oui je sens redresser mon vit,
Ferme comme une quille.
Que faire alors ? comme il est dit :
Il faut foutre une fille !

le compère mathieu.

De plus en plus fort. Fouts si tu veux, j’y consens ; mais surtout, en foutant, ne perds jamais de vue ce précepte :

Tout en courant la prétantaine,
Apprends de moi, maître fripon,
Que la plus agréable aubaine
Qu’à tout vit présente un beau con,
C’est lorsque, s’ouvrant sans mesure,
On le voit large et bien fendant,
Rli, rlan,

On doit craindre son égoutture,
Rlan, tan plan,
Tambour battant.

Des gredins augmente la liste,
Prenant le cul d’une catin ;
Que chacune garce à ta piste
Te proclame un homme à putain ;
Sois l’apôtre de la foutaise,
Et d’un vit ferme et triomphant,
Rli, rlan,
Fouts, bougre, j’en serai bien aise,
Mais surtout ne fais point d’enfant,
Rlan, tan plan,
Tambour battant.

Mais quel bruit entends-je ?

thiemet.

C’est une grande partie de notre bande qui vient vous demander audience.

le compère mathieu.

Qu’elle entre ; aussi bien mes oreilles commencent à se fatiguer de pareilles indignités.




PICARDEAU, LA DEMOISELLE TALON, LA DEMOISELLE BOITTE, VARENNES, QUELQUES PAILLASSONS ET GOURGANDINES DE CE THÉÂTRE.
le compère mathieu, à Varennes.

Point de circonlocutions, mauvais sujet, bien peu de mots, et venons au fait ; pilier-né des plus sales bordels, parle.

varennes.

De plus d’une fillette
J’ai captivé l’ardeur ;
Toutes de ma roupette
Ont chéri la vigueur ;

Varennes est un bon drille
Qui, foutant sans repos,
Dans le con d’une fille
Entra toujours dispos.

Si l’on me vit en outre,
Habile en mon métier,
Envoyer faire foutre
Maint et maint créancier,
C’est que de la gredine,
Levant le cotillon,
Pour le bien de ma pine
Je fourrageais son con.

le compère mathieu.

Eh ! pourquoi me plaindrais-je ? Ce jeanfoutre-là ressemble aux autres (À Picardeau.) Eh ! toi, niguedouille, qu’as-tu à me conter ?

picardeau.

Bien des fredaines ; j’en formerais un volume ; mais au moyen de l’abréviation, je vais te satisfaire. Tu vois bien, compère, ces deux demoiselles ?

le compère mathieu.

Oh ! très-bien : l’une est la demoiselle Boitte, et l’autre la demoiselle Talon.

les deux demoiselles.

Fort à votre service.

le compère mathieu.

Grand merci de vos offres obligeantes : je ne suis pas un coureur de bordels. Mais toi, Picardeau, qu’ont de commun les gentillesses de ces deux coquines avec les tiennes ?

picardeau.

Ce qu’elles ont de commun ? elles ont fait mon malheur. Après les avoir foutues toutes les deux avec vigueur, elles m’ont marié avec une gredine, et le tout par reconnaissance.

le compère mathieu.

Comment donc cela ?

picardeau.

Vous l’ordonnez, je vous ferai connaître
Quel est ici mon sinistre destin :
Si pour femme je pris une putain,
Je fus cocu, mais je devais bien l’être.

De celle-ci, de cette aimable gueuse,
Oui, de cette coquine de Talon,
J’avais avant su travailler le con,
Et mon vit seul pouvait la rendre heureuse.

Quand du plaisir je recherchais sur elle
Le doux transport, sur son corps étendu,
Le front auprès d’un trou bien défendu,
Je la foutais d’une façon nouvelle.

Oui, cher compère, telle était ma manière de foutre, et cette autre garce, mademoiselle Boitte que voici, se prêtait à cette manœuvre. Boitte mettait ses coudes sur le traversin, et, se troussant, présentait à mes regards lascifs, ah ! le plus joli cul qu’il soit possible de rencontrer au spectacle ; puis, écartant les cuisses, ma garce déposait sa tête entre les fesses de sa compagne, et ses yeux clignotants chatouillaient les lèvres de sa brûlante matrice. Aussitôt je la troussais, j’ajustais mon vit, et en jouissant du doux plaisir de foutre l’une, je baisais amoureusement les fesses de l’autre. Eh ! ma foi ! c’est très-joli. Si vous n’avez jamais foutu de cette manière, je vous conseille d’en adopter la maxime : vous ne sauriez mieux faire. Bref, je me suis marié par les conseils de ces deux charmantes friponnes ; j’ai été cocu, je le suis tous les jours ; félicitez-moi.

le compère mathieu.

Approchez-vous, bateleurs libertins, bougres et bardaches, catins, tribades et prostituées, maquereaux et fouteurs, directeurs débauchés, buralistes et redoublées coquines d’ouvreuses de loges de l’Ambigu-Comique ; écoutez les décrets du compère Mathieu.

Accourez-tous, braves fouteurs,
Gens sans renom ni sans honneur,
Vous, méprisables cabotins,
Qui près du con de ces putains
Recherchez les plaisirs, les ris,
Dans tous les bordels de Paris.

Suivant la trace d’Audinot,
Ce fouteur, ce laid Godenot,
Chacun de vous perdant crédit,
Pour sa ressource aura son vit,
Et pour partage le mépris
De notre ville de Paris.

Dans le tripot de Nicolet,
Je vais courir, sans nul regret,
Confesser Talon et Mayeur,
Ribié, de ces tonneaux l’horreur,
Et les livrer, par mes écrits,
Aux brouhahas de tout Paris.

  1. Ainsi se nommait, étant fille, madame Audinot. Son père, escroc, roué scélérat, était archer de la connétablie. Monsieur son frère, qui grâce à la douceur des lois, n’a point encore été pendu, existe encore, et la célèbre Jeannette est maintenant au couvent pour la troisième fois, détenue par son mari, qui ne vaut pas mieux qu’elle, après l’avoir cocufié 19,795 fois.
  2. Avocat sans cause, ancien régisseur de ce taudion.
  3. Architecte sans bâtiments, qui a plus foutu de coquines dans sa vie, et à leurs dépens, qu’il n’a fait poser de pierres.
  4. C’est avec la Marseille, rue de Bourbon-Villeneuve, qu’il pratique le plus ce noble emploi.

notes de wikisource modifier

  1. Pour la référence à la Clé du caveau, cf. Les Chansons d’autrefois, p. 323-324 Google