Les Pères de l’Église/Tome 1/Auteurs inconnus/Saint Barnabé


Pour les autres éditions de ce texte, voir Épître de Barnabé.

SAINT BARNABÉ.

DE L’ÉPÎTRE CATHOLIQUE QU’ON LUI ATTRIBUE.


Saint Barnabé était né dans l’île de Chypre, d’une famille de la tribu de Lévi. Saint Luc lui donne le titre d’apôtre. Il s’appelait Joseph. C’est après l’Ascension que les apôtres ont changé son nom en celui de Barnabé, qui signifie consolation. Il avait été condisciple de saint Paul sous Gamaliel. Il signala sa conversion par la vente de tous ses livres, qui étaient fort considérables, et dont il apporta le prix aux pieds des apôtres. Ce fut lui qui présenta Paul à saint Pierre et à saint Jacques, et se porta pour garant de la sincérité de sa conversion. L’Écriture l’appelle un homme bon, plein de foi, rempli de l’Esprit saint. Il reçut à Antioche la mission du Ciel pour aller avec saint Paul prêcher la foi aux Gentils. Cette mission lui fut confirmée dans le concile de Jérusalem, où il avait beaucoup contribué à faire rendre le décret contre les cérémonies légales. Il prêcha avec saint Paul à Antioche, à Séleucie, à Salamine, à Paphos, à Icône, à Lystre, et dans les principales villes de l’Asie mineure. À Lystre, le peuple, encore idolâtre, le prit pour Jupiter, et voulut lui offrir des sacrifices.

La majesté de sa taille frappait de respect, et son extrême douceur lui conciliait tous les esprits.

C’est une tradition appuyée sur d’anciens monuments, qu’après avoir fondé l’église de Chypre, il se rendit à Salamine où il couronna sa vie par le martyre. Son corps fut découvert du temps de l’empereur Zénon, l’an 488. On trouva sur sa poitrine l’Évangile de saint Mathieu, qu’il avait écrit en hébreu de sa propre main.

Ce qui prouve que l’épître qu’on lui attribue n’est pas de lui, c’est que l’Église, qui l’honore comme un apôtre, n’aurait pas manqué de la mettre au rang des livres sacrés et canoniques. C’est la raison que saint Augustin employait pour prouver que les ouvrages attribués par les hérétiques à saint André et à saint Jean n’étaient pas d’eux. « S’ils étaient de ces apôtres, disait ce Père, l’Église les aurait reçus. »

« Quel qu’en soit l’auteur, dit le savant Tillemont, cette épître est assurément digne de vénération, et par l’estime qu’on en a toujours faite, et par sa haute antiquité. »

C’est Origène qui lui donne le nom de catholique, c’est-à-dire adressée à tous les fidèles.

Il la place après les livres canoniques, parmi les ouvrages qui à la vérité ne sont pas des auteurs dont ils portent le nom, mais qui n’ont rien de commun avec les ouvrages supposés par les hérétiques pour appuyer leurs erreurs, et reconnus faux et apocryphes. C’est en ce sens qu’il faut entendre les paroles de saint Jérôme sur cette épître, puisqu’il en recommande la lecture comme très-utile aux fidèles.

Elle ne porte aucun titre et aucune date, mais il est évident par le style et par certains passages qu’elle appartient aux temps apostoliques, et qu’elle fut écrite peu après la ruine de Jérusalem. Elle était déjà fort répandue parmi les fidèles vers le milieu du second siècle.

Elle semble adressée particulièrement aux Juifs hellénistes nouvellement convertis à la foi, mais encore attachés aux cérémonies légales, et peut se diviser en deux parties. Dans la première, l’auteur prouve que les cérémonies mosaïques ont été abolies par la loi nouvelle. Il ramène sans cesse les Juifs au sens spirituel caché sous le voile des figures anciennes qu’il développe et explique avec clarté. Après avoir solidement établi la divinité du Verbe et son humanité, la vie à venir et le jugement dernier, l’auteur tire des inductions utiles à la conduite des mœurs, ce qui forme la seconde partie. L’ordre de cette épître est remarquable. Nous le suivrons fidèlement, en abrégeant tout ce qui est de détail. On y trouve partout une douceur, une onction apostolique. Les grandes vérités du dogme et de la morale sont exposées d’une manière lumineuse et souvent éloquente.

Il suffit de lire cette épître pour se convaincre du mérite de ce monument, et combien il était précieux à conserver.


ÉPÎTRE CATHOLIQUE.


Je vous salue, mes fils et mes filles, au nom de Jésus-Christ qui nous a aimés dans la paix. Je surabonde de joie en voyant vos pieuses et saintes dispositions, et je me félicite moi-même par l’espoir que le bien que je vous fais tourne à mon propre salut. J’enrichis mon trésor devant le Seigneur toutes les fois que je vous communique les grâces que j’en reçois, vous que j’aime en quelque sorte plus que moi-même ; aussi me suis-je hâté de vous écrire afin que rien ne manque à votre foi et à votre science du salut.

Dieu nous a parlé par ses prophètes et initiés par eux dans la connaissance des choses futures. Pénétrons dans le sens de ces divins oracles, dans ce sanctuaire même de la Divinité.

Je vous parlerai non comme un maître, mais comme un d’entre vous, et le peu de mots que je veux vous adresser vous comblera de joie.

Les jours sont mauvais, mes frères, notre ennemi exerce son empire sur ce monde : appliquons-nous donc avec soin à connaître les voies du Seigneur.

La crainte et l’espérance des biens futurs soutiennent la foi ; la vigilance et la fuite des plaisirs sauvent l’innocence. Conservons intactes ces vertus et Dieu sera avec nous ; nous aurons l’intelligence des choses divines, et cette intelligence sera notre joie.


Première partie, toute dogmatique.


Comprenez d’abord l’inutilité des oblations et des sacrifices d’après ces paroles de Dieu lui-même : « Et qu’ai-je besoin du sang de vos boucs et de vos génisses ? Ne venez plus dans mon temple les mains chargées de vos dons : en vain m’offririez-vous la plus pure farine ; j’ai en horreur votre encens et vos solennités. »

Vous voyez, tous les sacrifices de la loi étaient sans prix à ses yeux. C’est de la loi nouvelle, de cette loi de liberté exempte de joug, qu’il attendait la seule oblation qui lui fût agréable.

C’est à nous qu’il parlait dans la personne des Juifs, parce qu’il nous voyait engagés dans la même erreur, lorsqu’il disait : « Le cœur brisé de douleur, voilà le sacrifice digne de moi. » Le Seigneur ne méprise point un cœur contrit et humilié.

Les jeûnes prescrits par la loi auraient-ils plus d’efficacité ? Écoutez comme en parle Isaïe : « Ne jeûnez-vous que pour susciter des procès, pour frapper impitoyablement vos frères ? Cessez de pareils jeûnes, si vous voulez que le Ciel entende vos cris. Est-ce là un jeûne choisi par moi, que l’homme, tous les jours dans la douleur, courbe sa tête comme un jonc, et qu’il dorme dans un cilice et sur la cendre ? Est-ce là un jeûne, et un jeûne agréable au Seigneur ? N’y a-t-il pas un jeûne de mon choix ? Rompez les liens de l’iniquité, portez les fardeaux de ceux qui sont accablés, donnez des consolations aux affligés, brisez les liens des captifs. Alors votre lumière brillera comme l’aurore, vous serez environnés de la gloire du Seigneur ; vous l’invoquerez et il vous exaucera ; à votre premier cri, le Seigneur répondra : « Me voici. »

Admirez ici sa providence et sa miséricorde ; il a voulu que le peuple qu’il donnait à son fils eût, avant tout, un cœur simple et droit. Il nous l’annonce d’avance par ses prophéties, afin que nous n’allions pas, en aveugles prosélytes, nous jeter dans les pratiques orgueilleuses d’un culte tout judaïque.

Ne dites pas : « Mais le testament des Juifs, c’est le nôtre. » L’idolâtrie de ce peuple a rompu l’alliance avec Dieu. N’est-il pas dit que Moïse brisa les tables de la loi qu’il tenait en ses mains ? Il était réservé à la charité de Jésus-Christ de l’imprimer dans nos cœurs, et d’y mettre comme un sceau incompatible par la foi et l’espérance en lui.

Soyez donc des adorateurs en esprit et des temples parfaits consacrés au Seigneur. Veillez, de peur que l’ennemi vous trouvant endormis, ne vous replace sous son joug et ne vous ravisse le royaume de Dieu comme il l’a ravi aux Juifs.

C’est par le sang de son fils que le Seigneur a contracté avec les hommes une nouvelle alliance pour les ramener dans la voie du salut.

Voici ce que dit ce prophète :

« Il a été blessé lui-même à cause de nos iniquités ; il a été brisé pour nos crimes ; il a été mené à la mort comme une brebis ; il est demeuré, sans ouvrir la bouche, comme un agneau, muet devant celui qui le tond. »

C’est à son fils que Dieu avait dit, avant de terminer l’œuvre de la création : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. » Et c’est par ce fils qu’il a voulu nous régénérer. Combien ce Dieu sauveur n’a-t-il pus dû souffrir de se voir ainsi traité par les hommes !

Les prophètes n’ont parlé de lui que d’après le don de prophétie qu’ils avaient reçu de lui-même. C’est pour détruire la mort et prouver la vérité de la résurrection qu’il s’est revêtu d’une chair, et qu’il est venu dans cette chair accomplir la promesse qu’il avait faite à nos pères. Il s’est formé un peuple nouveau. Il a montré, pendant son passage sur cette terre, qu’il était le juge qui viendrait quand il aurait ressuscité tous les hommes. Pour laisser Israël sans excuse et lui prouver combien il l’aimait, il a accompagné sa prédication des plus étonnants prodiges.

Il a surtout manifesté son amour par le choix qu’il a fait de ses apôtres ; il les a tirés du milieu de l’iniquité, parce qu’il venait sauver les pécheurs ; et, par tout cela, il a fait voir clairement qu’il était le fils de Dieu.

S’il ne s’était pas revêtu d’un corps comme nous, aurions-nous été sauvés ? Aurions-nous pu porter sur lui nos regards, puisque nous ne pouvons les arrêter sur le soleil, l’ouvrage de ses mains, destiné à périr ?

« Il a été la pierre, dit le Seigneur, contre laquelle l’ancien peuple est venu se briser ; je la place maintenant pour base de la nouvelle Sion, comme une pierre isolée, glorieuse, angulaire. Ceux qui espèreront en elle vivront éternellement. »

Quoi ! direz-vous, est-ce que notre espérance repose sur une pierre ? Il faut entendre par cette pierre l’humanité entière de Jésus-Christ, sur laquelle le Seigneur a fondé l’édifice comme sur une base solide. Les architectes l’ont rejetée, et Dieu l’a mise à la tête de l’angle. C’est ici le jour admirable que le Seigneur a fait.

Jésus-Christ est encore figuré par la terre promise, où coulent des ruisseaux de lait et de miel. C’est nous qui sommes véritablement introduits dans cette terre délicieuse. On nourrit l’enfance de lait, et Jésus-Christ nous a ramenés à l’état heureux de l’enfance par la régénération qui nous a entièrement réformés.

Cette régénération nous affranchit de la circoncision légale. C’est la circoncision du cœur que Dieu demande de nous. Voici ses paroles : « Que je trouve en vous une loi nouvelle ; ne semez point dans les épines ; soyez circoncis de la circoncision du Seigneur ; ôtez la dureté de vos cœurs et n’endurcissez point votre tête. » Et ailleurs : « Toutes les nations de la terre sont incirconcises de corps, mais ce peuple est incirconcis de cœur. » C’est ainsi qu’il parlait des Juifs.

Vous voyez que Dieu demande une autre circoncision que celle du corps. En effet, les Syriens, les Arabes, les Égyptiens, les prêtres des idoles, ne sont-ils pas circoncis ? Direz-vous qu’ils sont compris dans l’alliance du Seigneur ?

La circoncision du corps était donc la figure d’une autre circoncision toute spirituelle.

Les viandes que Dieu interdisait comme immondes n’étaient aussi que des figures. Elles désignent le péché, dont il faut s’abstenir. Le pourceau signifie le voluptueux, l’oiseau de proie le voleur. Dieu veut qu’on les évite. Les animaux qui ruminent, et qu’il est permis de manger, représentent les justes qui méditent la parole divine ; leur pied fourchu exprime qu’en passant sur cette terre ils aspirent à une vie meilleure.

Ce qui nous affranchit, c’est le baptême et la croix : voyez si Dieu a pris soin d’en tracer des figures. « Ils m’ont abandonné, dit-il en parlant des Juifs, moi qui suis une source d’eau vive. Ils se sont creusé des citernes qui ne retiennent pas leurs eaux. » Et ailleurs : « Heureux l’homme juste qui n’est pas entré dans le conseil de l’impie ! il sera comme l’arbre planté près du courant des eaux, qui donne des fruits en son temps et dont les feuilles ne tombent point. » Remarquez, par l’arbre et par le courant d’une onde pure, le baptême et la croix rapprochés dans une même figure.

Vous les retrouvez encore dans ces paroles d’un autre prophète racontant la gloire de la terre de Jacob : « Un fleuve coulait à droite, au-dessus s’élevait un bel arbre. Qui mangera de ses fruits vivra éternellement. »

La vertu de la croix n’est-elle pas solidement établie par la figure du serpent d’airain que Moïse fit élever dans le désert, et qui guérissait de leurs morsures tous ceux qui le regardaient ?

Moïse priant sur le haut de la montagne, les bras étendus, et donnant la victoire aux Israélites, n’était-il pas la figure de Jésus-Christ attaché sur la croix ? Il n’est point de salut pour ceux qui n’espèrent pas en elle. Quand toutes les figures doivent-elles s’accomplir ? « C’est, dit le Seigneur, quand le bois sera incliné, puis élevé, et que le sang en découlera. »

Puisque la croix nous a ouvert la voie du salut, nous n’avons donc plus besoin des observances légales. Ce qui met au grand jour toute la gloire de Jésus-Christ, c’est que tout se fait en lui et par lui.

Son nom se retrouve dans celui que Moïse impose à Josué, lorsqu’il l’envoie reconnaître la terre promise : « Prenez ce livre en votre main, lui dit-il, écrivez ce que dit le Seigneur : En ces derniers temps, Jésus, fils de Dieu, renversera la maison d’Amalec jusque dans ses fondements. » Et ce Jésus n’est pas ici le fils de Num, mais bien le vrai fils de Dieu qui a paru en ces derniers jours dans une chair mortelle. Et parce que les Juifs devaient dire plus tard que le Messie serait fils de David, le prophète, pour les confondre d’avance, s’explique ainsi : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied. » Vous voyez que le prophète ne l’appelle pas seulement fils de Dieu, mais Seigneur. Que dirai-je de l’héritage et de l’alliance ?

Ce n’est plus aux Juifs, mais à nous, et a nous seulement qu’ils appartiennent ; vous le comprendrez facilement par la prédiction faite à Rebecca, que des deux peuples qu’elle portait dans son sein le plus grand serait soumis au plus petit, et par la bénédiction que Jacob donna à Éphraïm, de préférence à Manassès, son fils aîné.

L’héritage promis, Dieu l’avait donné aux Juifs par Moïse ; mais ceux-ci s’en étaient rendus indignes ; alors Dieu nous a appelés des ténèbres à la lumière, pour faire de nous un peuple saint et nous transmettre cet héritage.

Le véritable sabbat n’est pas non plus celui de la loi. Il est parlé en ces termes du sabbat dès le commencement du monde : « Dieu créa ses ouvrages en six jours, et s’étant reposé le septième, il le sanctifia. » Mes frères, faites attention à ces paroles ; elles signifient que le monde ne doit durer que six mille ans. Car, devant Dieu, mille ans sont comme un jour, ainsi qu’il le dit lui-même. Ces paroles : « Dieu se reposa le septième, » signifient que le fils de Dieu doit entrer dans son repos lorsqu’il aura mis fin au règne de l’iniquité, chassé les impies, changé le soleil, la lune, les étoiles. C’est pourquoi nous passons le huitième jour dans la joie. Et n’est-ce pas aussi en ce jour que ce Dieu est ressuscité d’entre les morts ?

Voilà le véritable sabbat, le seul agréable au Seigneur. Quant à celui des Juifs, c’est ainsi qu’il en parle : « Je ne puis souffrir vos solennités des premiers jours du mois, ni vos jours de sabbat. »

Disons un mot du temple. Comment les malheureux Juifs ont-ils pu mettre en lui leur confiance, et non en Dieu qui les a faits ? Ils semblent l’avoir voulu renfermer dans un édifice de pierre, à l’exemple des Gentils.

Voici comme le Seigneur parle du temple et le déclare inutile : « Qui a mesuré le ciel dans le creux de sa main, et qui, la tenant étendue, a pesé la terre ? N’est-ce pas moi, dit le Seigneur. Le ciel est mon trône et la terre mon marche-pied. Quel palais pouvez-vous me bâtir ? quel est le lieu de mon repos ? »

Vous voyez par là que l’espérance des Juifs est vaine.

L’Écriture dit ailleurs : « Ceux qui ont détruit le temple le rebâtiront eux-mêmes. » N’est-ce pas ce qui est arrivé ?

Les mêmes qui ont renversé le temple le rebâtissent, en élevant à sa place des temples spirituels. Dieu voulait montrer qu’il avait un autre temple dont celui des Juifs n’était que la figure ; que c’est lui-même qui construit cet autre temple et le conduit par degrés à sa perfection. Mais de quelle manière ? Apprenez-le, mes frères. Avant que nous eussions la foi, notre cœur ressemblait aux temples élevés de mains d’homme ; c’était l’asile de la corruption et de la faiblesse, la demeure des démons : il était plein d’idoles. De ce temple immonde s’élève un temple digne de la majesté de Dieu, parce que l’espérance est son sang, et la rémission des péchés fait de nous des créatures nouvelles.

Dieu alors habite réellement dans nos cœurs, par la parole de la foi, par la vocation à la promesse, par la sagesse de ses préceptes. Il parle, il prophétise au dedans de nous ; les esclaves de la mort deviennent des temples incorruptibles ; c’est ainsi qu’un temple tout spirituel est élevé au Seigneur.

Vous avez vu comme toute l’ancienne loi est abolie, comme toutes le observances légales sont devenues inutiles. Passons maintenant à un autre sujet d’instruction.


Seconde partie, toute morale.


Deux voies bien différentes s’ouvrent devant l’homme, celle de la lumière et celle des ténèbres : à l’une président les anges de Dieu, à l’autre ceux de Satan. Dieu est le souverain maître des siècles ; Satan, le prince de ce temps d’iniquités.

Que chacun de nous se hâte, par ses œuvres, d’arriver au terme où aboutit la voie de lumière. Quelles sont les œuvres qui conduisent à cet heureux terme ? Les voici : Vous aimerez le Dieu qui vous a faits ; vous glorifierez celui qui vous a rachetés de la mort. Vous serez simples de cœur et riches d’esprit. Vous ne vous lierez point avec l’homme qui marche dans la mort. Vous aurez l’hypocrisie en horreur.

Soyez humbles, ne vous attribuez pas la gloire. Ne commettez ni fornication ni adultère, ne corrompez pas l’enfance. La parole que Dieu vous a donnée ne sortira jamais de votre bouche pour faire entendre un seul mot impur. Avez-vous à reprendre quelqu’un ? faites-le sans prévention contre la personne.

Soyez doux et paisibles ; aimez le prochain plus que vous-mêmes. Gardez-vous de faire périr l’enfant soit avant, soit après sa naissance. Veillez sans cesse sur votre fils ou votre fille. Que votre cœur ne s’attache pas aux grands ; recherchez plutôt les justes et les humbles. Ne soyez ni inconstants ni doubles en vos paroles : la duplicité est un piége qui conduit à la mort. Vous serez soumis au Seigneur, et vous aurez pour les princes, ses images, une crainte respectueuse.

Vous ne commanderez pas avec amertume à votre serviteur et à votre servante, qui espèrent en un même Dieu.

Vous avez à craindre ce Dieu qui règne également sur nous.

Quand il appelle il ne considère pas les personnes, mais les dispositions que l’Esprit saint met dans les cœurs.

Partagez avec votre prochain tout ce que vous avez, sans rien retenir en propre. Aimez à vous trouver parmi les fidèles ; consolez-les par vos discours et par vos visites, étudiez-vous à sauver des âmes.

Travaillez du moins pour racheter vos péchés. Donnez sans hésitation et sans murmure ; donnez à quiconque vous demande, et vous connaîtrez celui qui sait récompenser. Confessez vos péchés : ne vous présentez pas devant le Seigneur avec une conscience coupable.

Telle est la voie de la lumière ; la voie des ténèbres et de l’aveuglement est oblique et pleine de malédiction, elle est le chemin du supplice et de la mort éternelle. Là sont les maux qui perdent les âmes : l’idolâtrie, l’audace, l’orgueil du pouvoir, l’hypocrisie, la duplicité de cœur, l’adultère, l’homicide, le vol, la jactance, l’apostasie, la ruse, la malice, l’impudence, l’empoisonnement, la magie, l’avarice, le mépris de Dieu.

Ceux qui suivent cette voie persécutent la vertu, haïssent la vérité, aiment le mensonge ; ils refusent de rendre justice à la veuve et à l’orphelin ; ils veillent non dans la crainte de Dieu, mais pour le mal.

La patience, et la douceur sont loin d’eux. Ils ne consultent que l’intérêt. Ils n’ont aucune pitié des malheureux, et ils se mettent peu en peine de celui qui souffre.

Ils ne connaissent point celui qui les a faits. Meurtriers de leurs enfants, ils font périr l’ouvrage de Dieu avant qu’il soit né. Ils détournent leurs yeux de l’indigent, ils écrasent l’affligé. Défenseurs complaisants du riche, juges iniques du pauvre, ils sont de tous les crimes.

Instruits des préceptes du Seigneur, marchons dans cette voie. L’homme qui les observe sera couronné de gloire dans le royaume de Dieu. Celui qui suit une autre voie périra avec ses œuvres. C’est pour cela qu’il existe une résurrection et un jugement. Il approche, mes frères, le Seigneur s’avance, tenant sa récompense à la main. Je vous en conjure : soyez-vous les uns aux autres des guides sûrs, des conseillers fidèles. Bannissez d’entre vous toute hypocrisie.

Que le Dieu maître de l’univers vous donne la sagesse, la science, l’intelligence, la connaissance de ses mystères et la persévérance.

Soyez de véritables disciples du Seigneur ; voyez ce qu’il demande de vous ; faites en sorte d’être sauvés au jour du jugement.

S’il est utile de se souvenir du bien, méditez ce que je vous écris, et souvenez-vous de moi. Je me suis empressé de vous écrire, afin de dilater vos cœurs. Je vous salue, enfants de charité et de paix, que le Seigneur de la gloire et de toute grâce soit avec votre esprit !