Les Opalines/Nudité surprise

L. Vanier (p. 41-42).

NUDITÉ SURPRISE

Posés sur l’eau que l’on voyait parmi les branches,
Les nymphéas dormaient, enflammées de fleurs blanches,
Qui, discrètes, brûlaient, ainsi que sur des plats
Des veilleuses sans nombre au lilial éclat.

Et parmi ce concert de petites fleurs ilammes,
Chanteuses d’oraisons, j’aperçus une femme.
Elle était toute nue en sa maturité,
Et prenait un bain d’onde ainsi que de clarté.

Le soleil amoureux, cet échanson d’ivresse,
L’éblouissait à demi d’une ardente caresse.
Des nénuphars groupés autour sortait sans bruit
Sa gorge extasiée ainsi qu’un double fruit.


Dans le frémissement qui s’incline des saules,
Dévots dont les cheveux roulent sur les épaules,
Devant la Nudité qui ne me voyait point,
J’ai plié les genoux et mes doigts se sont joints.