Poésies complètes
Lemerre (2p. 168).


XII


LES OIES



Gravement, à la file, elles vont au pâtis,
Le jabot consterné, lourdes, mais empressées ;
D’un rêve d’herbe tendre elles semblent bercées
Et pétrissent la fange à pas appesantis.

Elles ont le bec rude et de grands appétits ;
Il semble que, parfois, au fond de leurs pensées
Revient le souvenir de leurs gloires passées.
Ah ! si le Capitole avait fait des petits !

Elles causent sans cesse entre elles, les commères.
Se font-elles encor de nouvelles chimères ?
Parlent-elles toujours des grandeurs d’autrefois ?

Elles battent de l’aile en se faisant des signes…
Je ne comprends pas bien leur langue, mais je crois
Qu’elles passent leur vie à médire des cygnes.

1885.