Les Nuits persannes/Songes d’opium

Les Nuits persanesAlphonse Lemerre (p. 187-223).

SONGES
D’OPIUM

SONGES D’OPIUM


TOURNOIEMENT

à madame ernst


Sans que nulle part je séjourne,
Sur la pointe du gros orteil,
Je tourne, je tourne, je tourne,
À la feuille morte pareil ;
Comme à l’instant où l’on trépasse,
La terre, l’océan, l’espace,
Devant mes yeux troublés tout passe,
Jetant une même lueur ;

Et ce mouvement circulaire,
Toujours, toujours, je l’accélère,
Sans plaisir comme sans colère,
Frissonnant malgré ma sueur.

Dans les antres où l’eau s’enfourne,
Sur les inaccessibles rocs,
Je tourne, je tourne, je tourne,
Sans le moindre souci des chocs.
Dans les forêts, sur les rivages,
À travers les bêtes sauvages,
Et leurs émules en ravages,
Les soldats qui vont sabre au poing,
Au milieu des marchés d’esclaves,
Au bord des volcans pleins de laves,
Chez les Mogols et chez les Slaves,
De tourner je ne cesse point.

Soumis aux lois que rien n’ajourne,
Aux lois que suit l’astre en son vol,
Je tourne, je tourne, je tourne ;
Mes pieds ne touchent plus le sol.
Je monte au firmament nocturne ;
Devant la lune taciturne,

Devant Jupiter et Saturne,
Je passe avec un sifflement,
Et je franchis le Capricorne,
Et je m’abîme au gouffre morne
De la nuit complète et sans borne,
Où je tourne éternellement.



L’HOMME-OCÉAN

à henri de la pommeraye


L’Océan devant moi s’étendait ;
Le soleil reluisait sur la vague ;
Et mon œil au lointain regardait
Onde et feu se mêler dans le vague.

Et du flot ne pouvant fuir l’attrait,
Sur le roc je me mis à plat ventre,
Le cou droit, la prunelle en arrêt,
Le gosier distendu comme un antre.

À ma bouche arriva l’Océan.
Il entra, la prenant pour gouttière.
Il fallait que mon corps fût géant,
Car la mer s’y logea tout entière.

Et voyez ! maintenant c’est en moi
Que commence et finit la tempête ;
Mes poumons aux courants font la loi,
Et le flux retentit dans ma tête.

J’ai les os en corail, et mes reins
Sont remplis de varechs sédentaires ;
Esturgeons, cachalots, veaux marins
Font des bonds à travers mes artères.

Des serpents vont grouillant par monceaux
Dans les flots dont mon cœur est la source ;
La baleine aux évents colossaux
Fait craquer mon échine en sa course.

Et ceci durera jusqu’au jour
Du dernier, du plus grand des désastres,
Quand, la vie ayant fui sans retour,
Au néant rouleront tous les astres.



VÉGÉTATION SOUTERRAINE

à paul lacroix


Dans un précipice,
Très-longtemps je glisse,
Cherchant
Si je suis fantôme,
Ou jouet d’un gnôme
Méchant.

L’abîme m’emporte.
Je trouve une porte
Au bout.
Elle s’ouvre. J’entre
Dans le rocher, centre
De tout.

Là, je vois des lignes
D’animaux indignes
Du ciel,

Oiseaux et reptiles
Aux gueules fertiles
En fiel ;

Multitude immonde
Qui couvrit le monde
Jadis,
Monstres au déluge
Par le divin juge
Maudits.

Plus loin se déroule
Une vaste houle
De feu ;
Dans le milieu bouge
Une hydre au corps rouge
Et bleu.

Ses langues vivaces,
Par mille crevasses,
S’en vont,
En haut, sur la terre,
Lécher le cratère
Qui fond.

À l’entour se range
Un bois d’un étrange
Effet ;
Tout ce qu’il renferme,
De métal qui germe,
Est fait.

C’est de là, pour vivre
Que plomb, fer ou cuivre,
Tout sort,
Puis au loin rayonne,
Selon que l’ordonne
Le sort.

L’immense ramure,
Rendant d’une armure
Le bruit,
Près de la fournaise,
En teintes de braise,
Reluit.

Ce ne sont que voûtes,
Que piliers de toutes
Couleurs,

Des colliers, des fresques
Et des arabesques
De fleurs.

L’argent en rosées
Se mêle aux fusées
D’or fin ;
Cela s’entortille
Et cela pétille
Sans fin.

Mais l’éclat féérique
Et le chimérique
Concert,
Tout dans l’épouvante,
Pour l’âme vivante,
Se perd.

Car parfois une ombre,
Sur les feux sans nombre
Passant,
Sur moi, de la terre,
Verse avec mystère
Le sang.



LE SQUELETTE

à emmanuel des essarts


Coiffé du turban, et dans mon miroir
Venant pour me voir
En grande toilette,
Au lieu de mon corps nerveux où l’on sent
Circuler le sang,
Je vis un squelette.

Je ne pouvais faire aucun mouvement,
Sans qu’exactement
L’autre fit de même.
Brisant mon miroir, j’en pris un second.
Espoir infécond !
J’en pris un troisième.

Toujours le squelette aux orbites creux,
Le squelette affreux
Surgissait en face.
Je me sauve alors, plus prompt qu’un coureur,
Sans qu’à ma terreur
Il soit rien qui fasse.

Sentant à mon front un cercle de fer,
Une soif d’enfer
Me brûlant la bouche,
Je trouve en chemin un lac frais et bleu ;
Pour y boire un peu,
Au bord je me couche.

Dans l’onde où le ciel mire ses oiseaux,
Où des verts roseaux
La fleur se reflète,
Mon image seule échappe à la loi ;
En place de moi,
Surgit un squelette.

Je fuis de nouveau. Le spectre me suit.
À travers la nuit,
Il prend mille formes.

La montagne semble un crâne sans chair.
Les arbres ont l’air
D’ossements énormes.

Même un grand nuage, au milieu du ciel,
Sur le haut duquel
La lune s’arrête,
Présente à mes yeux l’aspect effrayant
D’un squelette ayant
La lune pour tête.



LES CROCODILES

à camille flammarion


Mon empire, c’est le lac Jaune
Plein de crocodiles glacés
Qui font cercle autour de mon trône,
Comme des gardes cuirassés.

Ils rampent sur leur ventre rude,
Ouvrent leur gueule aux longues dents,
En quêtant comme d’habitude
Quelque chose à mettre dedans.

Mais pas un buffle, dans le fleuve,
Baignant à demi son poitrail,
Pas de girafe qui s’abreuve,
Pas de nègre, pas de bétail.

Aussi voyant arriver l’heure
Où ces bêtes mourront de faim,
À leurs plaintes d’enfant qui pleure
Je cherche comment mettre fin.

Et pour calmer une torture
À laquelle je compatis,
Je livre mon corps en pâture
À leurs énormes appétits.

D’abord je m’arrache le foie,
Je le leur jette palpitant.
Un des crocodiles le broie
Et l’engloutit en un instant.

Les intestins viennent ensuite
Le cœur, la rate et les poumons.
Tout cela disparaît plus vite
Que les larves dans les limons.

Les jambes sont des parts plus grosses ;
Les monstres s’y jettent plusieurs.
Mais si profondes sont les fosses
Au ventre de ces fossoyeurs !

Alors dans deux rouges mâchoires
Je plonge mes bras tout entiers.
Comme des lambeaux illusoires,
Deux coups de dent les ont broyés.

Et sans cesse ils ouvrent la gueule
En nombre sans cesse grossi ;
De moi la tête reste seule.
Par pitié je la donne aussi.

Un craquement détruit mon crâne ;
Ma cervelle se sent mourir.
Mais du ciel il faudrait la manne
À ces bêtes, pour les nourrir.

Du fond de l’étrange demeure,
Malgré mon dévoûment martyr,
J’entends, comme avant que je meure,
Le sanglot de la faim sortir.



LA RECHERCHE DU TOMBEAU

à frédéric baudry


J’étais dans la pose où l’on prie,
Au milieu d’une galerie
Pareille aux contes de féerie.

À gauche, à droite, des piliers,
De grands piliers noirs par milliers,
Fuyaient en deux rangs réguliers.

Sur le pavé de mosaïque
Où sont en langue chaldaïque
Les mots divins craints du laïque,

À gauche, la mer qui hurlait,
Entre les fûts au noir reflet,
Jetait son écume de lait ;

À l’opposé, tout semblait vide ;
Le néant, dans l’ombre livide,
Ouvrait une mâchoire avide.

Tout-à-coup voici qu’une main,
Main sans bras, n’ayant rien d’humain,
Se dressa pâle en mon chemin.

Cette main tenait une lampe.
Plus qu’à voir un serpent qui rampe,
L’horreur frissonnait sur ma tempe ;

Et s’échappant je ne sais d’où,
Semblable à la voix du hibou,
Une voix souffla dans mon cou :

Lève-toi ! Prends la lampe sombre.
Le temps est venu, vieux décombre,
D’aller t’enterrer dans cette ombre.

– « M’enterrer ! quel est cet endroit ? »
Et je tâtai mon corps du doigt,
Et je sentis que j’étais froid.

Sur ma dépouille mortuaire,
Comme une œuvre de statuaire,
À plis droits tombait le suaire.

Et la lampe en main, je pus voir
Au côté droit du long couloir,
Un tombeau blanc par pilier noir.

Mais en vain, sans que je m’arrête,
Mouillé, glacé par la tempête,
D’un lit pour moi je vais en quête ;

Avec mon vacillant flambeau,
Entrouvrant mes yeux morts, j’ai beau
Regarder dans chaque tombeau ;

Par Dieu, dans l’allée infinie,
Nulle pierre ne m’est fournie
Où poser ma longue insomnie.

Les tombeaux, en nombre insensé,
Dans lesquels mon œil s’est glissé,
Tous ont déjà leur trépassé !



NÉNUPHARS

à madame la comtesse hugo


Au bord du lac, je rêve et me recueille ;
Le vent du soir incline les roseaux.
En vains regrets mon cœur triste s’effeuille ;
Les nénuphars s’effeuillent sur les eaux.

Les nénuphars s’effeuillent sur les eaux ;
Voguent au large ainsi que des nacelles,
Puis tout-à-coup s’envolent en oiseaux,
Au firmament ouvrant leurs blanches ailes.

Au firmament ouvrant leurs blanches ailes,
Ils vont, ils vont, toujours plus loin des yeux ;
Déjà leurs corps lancent des étincelles.
Chaque oiseau blanc est une étoile aux cieux.

Chaque oiseau blanc est une étoile aux cieux ;
Et maintenant chaque étoile brisée
Tombe et devient, dans l’air silencieux,
La goutte d’eau, perle de la rosée.

La goutte d’eau, perle de la rosée,
Fait refleurir nénuphars et roseaux.
L’ivresse calme, à son tour, s’est posée
Sur mon cœur triste, errant au bord des eaux.



LE LUTH

à émile délerot


Immense tapis d’herbe,
La pelouse est superbe.
À l’entour sont rangés
Des orangers.

Dans le milieu s’élève,
Moins matière que rêve,
Un bloc étincelant
De marbre blanc.

Et sur le bloc énorme,
S’appuie un luth de forme
Plus inconnue encor,
Et tout en or.

À travers un nuage
La lune qui voyage,
Montre parfois ses traits,
Pour fuir après.

Par la lumière blanche
Qui de l’azur s’épanche,
Éclairé tout d’abord,
Le luth ressort.

Et sitôt que la lune
Des cordes touche l’une,
La corde a le frisson
Et jette un son,

Si bizarre et si tendre
Que les nids à l’entendre
Tressaillent, en cherchant
Quel est ce chant,

Si plein de molles choses
Que dans le cœur des roses,
Cela semble un secret
Qu’on surprendrait.

Alors mon corps qui plonge
Dans l’herbe et qui s’allonge,
Et qui pour jouir mieux
Ferme les yeux,

Brisant la loi physique,
Entre avec la musique,
Dans le monde enchanteur,
Sans pesanteur.



L’ORDRE UNIVERSEL

à madame hommaire de hell


Sous une haute colonnade,
Dans un palais de marbre blanc,
Je dirige ma promenade
D’un air auguste et d’un pas lent.

De là je domine une ville
Où tout est marbre également,
Une ville immense et tranquille,
Sous l’azur d’un clair firmament,

Une ville avec ses coupoles,
Ses escaliers, ses ponts, ses tours,
Ses apparitions d’idoles,
Son fleuve au majestueux cours.

Des rochers en amphithéâtre
Où pas un contour n’est heurté,
Élèvent leur cîme bleuâtre
À l’horizon de la cité.

Le long des innombrables voies,
Sur les terrasses et sur l’eau,
La foule s’agite, et ses joies
Font vivre partout le tableau.

Mais à cette magnificence,
Cette gaîté, ce mouvement
Ce qui donne de la puissance
Pour m’attirer magiquement,

Ce n’est pas telle ou telle sorte
De ciel, de ville, d’horizon,
Une foule plus ou moins forte,
Peuplant la rue et la maison ;

C’est l’équilibre, l’harmonie,
L’absence d’une aspérité,
Une impression infinie
D’ordre dans la diversité.

Là rien qui soit trouble ni gêne,
Ni l’ennui que partout ailleurs,
Cause un détail fâcheux qui traîne
Dans les ensembles les meilleurs.

Le temple au seuil garni de marches,
Avec la fontaine est d’accord ;
Le fleuve se marie aux arches
Qui se complètent par le bord.

Et d’après les lois éternelles
Rhythmant ses gestes familiers,
La foule est douce à mes prunelles
Comme un cours d’astres réguliers.



DÉDOUBLEMENT

au colonel staaff


Je suis étendu dans la boue,
Incapable de faire un pas,
Il viendrait la plus lourde roue
Que je ne me lèverais pas.

Contre un poteau mon front s’appuie ;
En haut, un homme est empalé ;
Mordant mes haillons, une truie
Pousse un grognement désolé.

De l’eau tombe, froide et gluante,
D’un ciel noir comme le remords ;
Une vermine remuante
Ronge mon corps pareil aux morts.

Cependant, couverte d’un voile
Qui l’enroule en plis gracieux,
Jetant une lueur d’étoile,
Une forme sort de mes yeux.

Avec lenteur elle s’allonge,
Elle s’éloigne lentement,
Vers mon bourbier privé de songe,
Tournant la tête par moment.

À l’horizon quand elle arrive,
Voici que le noir horizon
D’une immense lueur s’avive,
S’épanouit en floraison.

Parmi les lys à tige fière,
Les jasmins, les rosiers moussus,
Serpente une large rivière ;
Une barque ondule dessus.

Barque à la courbe égyptienne,
Avec figures aux deux bouts.
En poupe, une musicienne
Tient sa harpe sur les genoux.

La forme aux blanches draperies
Sur la barque vient se dresser ;
Parmi les lointaines féeries
Celle-ci se met à glisser ;

Et l’être couvert de mystère,
Au firmament occidental,
S’évapore, loin de la terre,
Sous des portiques de cristal.



LE TRÔNE CÉLESTE

à georges lafenestre


J’ai tant levé les prunelles
Vers les clartés éternelles
Sans fond ni bord,
J’ai si bien percé les voiles
Des sept mystiques étoiles
Qui sont au Nord ;

Sorti de l’humaine voie,
N’éprouvant ni deuil ni joie,
Ni froid ni chaud,
Sans que je boive ni mange,
Sans que jamais rien dérange
Mes yeux d’en haut,

Je les ai tant contemplées,
Les sept gouttes d’eau gelées
De l’horizon ;

Devant leur tremblante flamme,
Depuis si longtemps, j’ai l’âme
En pamoison ;

Que cette foule abrutie
Qui fait encore partie
Du monde vil,
S’il fallait que j’y revinsse,
Me prendrait, tant je suis mince,
Pour mon profil ;

Mais que la troupe céleste,
Voyant l’extase où je reste
Plus droit qu’un pieu,
À travers les airs m’emporte,
Du soleil m’ouvre la porte
Et me fait Dieu.

À présent, c’est moi qui règne ;
Le bas de mon trône baigne
Dans un lac d’or
Où des cent points de l’espace,
L’image des mondes passe
Et passe encor.

Sur ce lac flotte une tête
À la barbe de prophète,
Au front de roi ;
De l’œil une larme coule.
C’est l’ancien Dieu qui s’écroule,
Chassé par moi.

Et cette tête me charme,
Je ne puis de cette larme
Me détourner.
En vain les anges fidèles
Viennent d’un million d’ailes
Me couronner.

En vain je suis la merveille,
L’être immense où tout s’éveille,
Où tout s’endort ;
Je ne vois, ne vois sans cesse
Que la tête à barbe épaisse
Sur le lac d’or.



LA DERNIÈRE GOUTTE

à jules michelet


J’étais en haut d’une colonne,
D’une colonne de feu clair,
Dans l’univers qui tourbillonne
S’allongeant du ciel à l’enfer.

J’avais souffert tant par mon rêve,
Tant goûté de bonheur par lui,
Que le réel manquait de sève
Pour vivre où ce rêve avait lui.

En vain les deuils et les délices
De l’univers illimité
Montaient, innombrables milices,
À l’assaut de ma sommité.

Je conservais ma solitude,
Dédaigneux des créations
Qui flottaient dans l’incertitude
Des incomplètes passions.

Quelquefois du bout de son aile
M’effleurait un type puissant ;
Mais aussitôt mon âme en elle
Trouvait un rêve l’effaçant.

Prenant des allures énormes,
Quand mon œil ne regardait pas,
La volupté montait en formes
Qu’un seul regard jetait à bas.

Pourtant, quand des multiples fièvres
L’espace fut débarrassé,
Que, ma coupe magique aux lèvres,
Je me crus à moi seul laissé,

Tout-à-coup j’aperçus un être
Près de moi debout et muet,
Qu’à demi je crus reconnaître,
Et dont sur moi l’œil influait.

Était-ce la femme adorée,
Jadis morte en pressant mes mains ?
L’être flottait, cîme éthérée
Des plus doux sentiments humains.

Tout mon rêve surgit en face ;
Mais d’orgueil ce rêve était fait.
Sur un dévoûment qui s’efface,
Sa grandeur glissait sans effet.

Et l’être en s’oubliant lui-même,
En mettant à mes pieds son cœur,
Pulvérisait le diadème
De mon égoïsme vainqueur.

Je pris, navré de ma déroute,
Ma coupe sonnant creux déjà,
Et j’en bus la dernière goutte.
Un rêve encor s’en dégagea.

Que devint l’ombre aux airs de femme
Où tressaillait un souvenir ?
Que devient la plus haute lame,
Quand la mer vient à s’aplanir ?

D’un seul miroir tout prend la teinte.
Ainsi je fondis terre et ciel,
Mes luttes, mon orgueil, ma crainte,
En rêve d’amour éternel.