Les Muses françaises/Tola Dorian
Mme Tola Dorian est Russe. Fille du prince Mestchersky, elle vint très Jeune en France où elle devait épouser M. Charles Dorian.
Mme Tola Dorian entra dans la vie littéraire en donnant des traductions de Shelley {Les Cenci, Hellas, Promithée délivré), traductions qui furent très remarquées et qui lui valurent les précieux éloges de Swinburne, l’illustre poète anglais. — Victor Hugo qu’elle connut dans les derniers temps de sa vie, voulut bien aussi encourager ses débuts en poésie.
Mme Tola Dorian est une personnalité opiniâtre et forte, sa foi en l’art pur et moralisateur est admirable, son activité inlassable. Avec un désintéressement et une confiance jamais démentis, elle a aidé à presque toutes les jeunes entreprises littéraires et dramatiques de ces quinze dernières années. Toutes ces qualités morales, on les retrouve à la base même de son talent d’écrivain, elles concourent à créer son originalité. Sa « langue suggestive et vaporeuse >, où flottent on ne sait « quels roses nuages de l’Orient » — selon les expressions de M. Laurent Tailhade — est opiniâtre et volontaire comme elle-même. Dans ses vers comme dans sa prose, dans le livre comme à la scène, un grand souflBe d’enthousiasme passe et l’idée s’élève vers les plus hauts sommets de l’idéal. Ce que l’on pourrait reprocher au style de Mme Tola Dorian c’est quelquefois un certain manque de clarté et, aussi, l’emploi de néologismes d’un goût douteux. Cela nuit à l’harmonie de la phrase ou du vers. Mais on ne peut que louer la belle sonorité de son verbe, la richesse de ses images poétiques, et le robuste lyrisme de son inspiration.
Mme Tola Dorian qui s’est essayée avec un très louable effort dans tous les genres — poésies, romans, théâtre — n’a pas toujours rencontré le succès que méritait sa ténacité et son talent. Il faut chercher la raison de cela, semble-t-il, dans la valeur même de ce talent qui répugne à la médiocrité et aux banales entreprises. L’amour du beau, le désir de n’aborder que les grands sujets l’ont conduite à tenter la réalisation d’œuvres sans doute trop vastes, trop lourdes pour ses épaules de femme : l’exécution n’a pas entièrement répondu à la conception. Du moins alme-t-on ce courageux écrivain qui ne se contente pas comme tant d’autres de faciles victoires l…
BIBLIOGRAPHIE. — POÉSIE : Poèmes lyriques, A. Lemerre, Paris, 1888, in-18. — Vespérales, Mercure de France, Paris, 1894, petit ln-16. — Roses remontantes, Ollendorfî, Paris, 1897, petit in-16. — Cendres des Anciens Jours, éd. de l’ « Œuvre d’art international ». Paris, in-16, — Poésies complètes, Beaudelot, Paris, 1908, in-18. — Traductions : Les Cenci, Lemerre, Paris, in-18. — Hellas, Lemerre, Paris, in-18. — ROMANS : L’Invincible Race, Pelletan, Paris 1899. — Félicie Ariescal-Qheira, Ollendorff, Paris. — Ames Slaves, Paris, 1890, in-18, — Théâtre : Revanche de l’Aigle, drame en cinq actes. — Domitien. — Le Précurseur. — Georges Carel. — L’Ensorceleuse. — Virginité fin de siècle, drame en quatre tableaux. — Mineur et Soldat. — Mater. — Le Rocfier de Sisyphe. Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/109 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/110 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/111 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/112