Les Muses françaises/Princesse de Salm-Dyck

Les Muses françaisesLouis-MichaudI (p. 194-201).

LA PRINCESSE DE SALM-DYCK



Constance-Marie de Théis naquit à Nantes le 7 novembre 1767. Son père, d’une vieille famille picarde, était juge-maître des Eaux et Forêts de la ville et du comté de Nantes. Littérateur estimé, ayant composé lui-même un recueil de contes intitulé le Singe de la Fontaine, il se plut à diriger le goût naissant de sa fille vers les lettres.

À quinze ans, la jeune Constance connaissait plusieurs langues. À dix-huit ans elle composait quelques jolies pièces de vers légers et faciles comme ce Bouton de Rose qu’elle improvisa un jour, à la demande d’amis, sur le vieil air de La baronne. Cette pièce fut mise en musique dix ans plus tard par Pradher et elle devint populaire.

En 1789, Mlle de Théis épousa M. Pipelet de Leury, médecin, fils d’un ancien secrétaire du roi. Les époux vinrent se fixer à Paris et Mme de Leury sut bientôt se créer de belles relations littéraires.

Le 14 décembre 1794 elle fit représenter avec succès, au Théâtre Louvois sa tragédie lyrique : Sapho, avec la musique de Martin.

Aussitôt les sociétés littéraires s’ouvrirent à elle. Mme de Leury fut admise à la Société Anacréontique, au lycée des Arts, dont aucune femme n’avait encore été membre, au lycée des Étrangers, au lycée de la rue de Valois où professait La Harpe.

C’est là, qu’elle lut, en 1801, ses Épîtres à Sophie dans lesquelles elle se montre une féministe ardente, réclamant la place de la femme au soleil et défendant énergiquement les droits de son sexe dans la société.

Tandis qu’elle poursuivait ses succès littéraires, certaines désillusions l’atteignaient dans son ménage. Ses œuvres contiennent les portraits du Mari jaloux et de l’Époux infidèle, portraits qui sont assez significatifs sur les résultats malheureux de sa première union.

En 1802, elle devint veuve et épousa alors le comte de Salm-Dick, ancien comte de l’empire qui fut élevé en 1816 à la dignité de prince. Cette seconde union paraît avoir été particulièrement heureuse et la fin de la vie de Mme de Salm ne fut plus qu’une suite de douces satisfactions.

La plupart des sociétés savantes de France et de l’étranger la comptent parmi leurs membres et elle préside elle-même, en 1842, à la publication de ses Œuvres complètes, qui forment quatre volumes in-8o.

On trouve là, à côté de ses Épîtres, froides et sans véritable inspiration, œuvre de raison plutôt que de sentiment, plus d’une pièce charmante et notamment, le Bouton de rose, auquel, naturellement, elle n’attache aucune importance et qui vaut, à lui seul, toutes ses Épîtres.

On trouve encore là une longue pièce, intitulée Mes soixante ans, dans laquelle Mme de Salm a fixé ses souvenirs et qui contient de fort bons passages.

Mme de Salm a dit elle-même : « Quoique ma vie littéraire ait été en grande partie consacrée à la poésie, j’ai fait aussi plusieurs ouvrages en prose. »

Elle a publié, en effet, un roman : Vingt-quatre heures d’une femme sensible ; un volume de pensées ; des études sur la Vie et les ombrages de Mentelle, sur la Condition des Femmes, etc.

La princesse de Salm est morte à Paris le 13 avril 1845. Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/197 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/198 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/199 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/200 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/201 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/202 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/203