Les Muses françaises/Lydie de Ricard

Les Muses françaisesLouis-MichaudI (p. 386-391).
LYDIE DE RICARD

Si l’on veut connaître intimement l’œuvre et la vie de Mme Lydie de Ricard, il faut lire la préface émue que M. Louis Xavier de Ricard a écrite pour le recueil : Aux Bords du Lez, — recueil édité par ses soins après que la jeune femme eût été ravie à son affection.

« Morte jeune, dit-il, ce volume est loin de la contenir tout entière. Vers la fin de sa vie, — déjà malade de la maladie (la phtisie) qui devait si cruellement l’emporter et si tôt, — elle rêvait, éprise des légendes et des chansons populaires, d’essayer sous une forme très artiste à la fois, très subtile et très simple, l’éducation des âmes enfantines, — et des féminines presque aussi enfantines, sinon plus. C’était, selon elle, le grand rôle qui appartenait à la femme, de se faire par l’art l’éleveuse de toutes ces âmes, ignorantes ou obscures, et la consolatrice des dévoyés.. Il ne lui fut pas permis de commencer la réalisation de ce rêve. »

Née à Paris en 1850, mariée en 1873, elle mourut en 1878. — Elle s’appelait Lydie Wilson, de son nom de jeune fille. — Son père était d’origine écossaise, et sa mère d’origineflamande. Son père, un commerçant, avait d’ailleurs des goûts artistiques très développés, s’intéressant à la peinture en véritable dilettante ; de son côté, sa mère, nature des plus distinguées, était ime fervente de musique. 4, Ces deux courants, dit M. Louis-Xavier de Ricard, s’unirent en Lydie, qui, tout enfant déjà, — très réfléchie, très observatrice, — témoigna d’une organisation tout spécialement intellectuelle et artiste. Et, dès sa jeunesse, ayant assisté, chez mes parents, à l’éclosion et à. tout le mouvement du Parnasse Contemporain, auditrice très attentive de nos théories et de nos vers, ses préférences allaient directement à nos maîtres, surtout à Leconte de Lisle ; leurs livres que je lu i prêtais, ainsi que ceux de mes amis, décidèrent de ses tendances artistiques, en même temps que, passionnée de justice et de liberté, elle s’enquêtait en toute conscience des problèmes et de leurs solutions. Car ces deux préoccupations — l’art et l’équité — furent toujours son inséparable culte. »

Cependant, entre la peinture, la poésie et la musique, elle hésitait. Mais, après un séjour en Angleterre où elle apprit à. connaître l’œuvre de Shelley et de Robert Burns, finalement ce fut la poésie qui l’emporta : elle s’y consacra dès lors avec passion.

Maintenant, si l’on a quelque étonnement pour son goût des vieux et pittoresques mots français dont s’émaillcnt ses poésies et qui leur donnent une saveur toute moyenâgeuse et un très particulier aspect de tra val artistique, on en trouvera l’explication dans le séjour prolongé qu’elle fit dans le midi. Elle avait suivi son mari â Montpellier et, connue lui, elle s’éprit do r’histoiro languedocienne et de la langue des troubadours dont elle poussa très loin l’étude. Elle composa mêine l)ientôt un certain nombre (le poèmes en dialecte languedocien cpii parurent tour à tour dans la Lausfta.l’Amiunà de Len(jado, d&us la Cigale et dans la Revue des langues romanes. Tous ces poèmes ont été réunis à ses poésies françaises dans le volume Aux bords du Lei, publié en 1891. Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/389 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/390 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/391 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/392 Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/393