Les Muses françaises/Gérard d’Houville

Les Muses françaises : anthologie des femmes-poètesLouis-MichaudII (XXe Siècle) (p. 157-161).




GÉRARD D’HOUVILLE




Marie-Louise-Antoinette de Heredia est née à Paris le 20 décembre 1875. Elle a épousé, en 1896, M. Henri de Régnier. Sous le pseudonyme de Gérard d’Houville, elle a publié trois romans dans lesquels, tout comme dan3 les vers qu’elle a donnés jusqu’ici, elle s"est montrée éprise d’ordre et de clarté classiques.

Les vers de Mme de Régnier ont paru surtout dans la Revue des Deux Mondes, ils seront recueillis bientôt en volume.

A l’apparition de ses premières poésies ce furent de véritables délires de joie dans le clan néo-classique et antiromantique que préside JI, Charles Maurras. Après avoir cité ces deux vers, tirés de l’Ombre :

Le rameur qui m’a pris l’obole du passage
Et qui jamais ne parle aux ombres qu’il conduit.

M. Maurras écrivait : « Quelle noblesse d’agencement ! Quelle simplicité ! D’où nous vient ce génie-enfant qui a su concevoir l’abstrait au milieu d’écrivains qui se noyaient dans le flot du particulier ? Engendrée par un romantique, épousée par un romantique, quel est ce classique naissant ? Ah I petit philosophe, petit sculpteur. Ah ! grand poète, que d’espérances au creux des repos de ces deux grands vers ! »

M. Henri de Régnier un romantique ?  !…

M. Maurras disait encore, continuant le parallèle entre José— Maria de Heredia, M. de Régnier et Gérard d’Houville :

« A la différence de son père, elle préférera la vie des choses à la sonorité des mots. A la différence de son mari, elle cherchera dans la vie des points d’appui solides, dessinés, définis, des idées plutôt que des songes, des mots et des phrases plutôt que des airs de musique ».

M. Charles Maurras n’aurait-il pas pris quelque peu son désir pour la réalité ? Certes Mme de Régnier écrit dans une forme impeccable et très voisine de la perfection classique, mais, si elle est assez distante des romantiques, est-elle véritablement si éloignée des parnassiens $ — Des vers comme ceux-ci :

Son corps svelte vêtu d’une soie à rosaces
Traîne l’obscur velours d’un ourlet empourpré

sont-ils donc tellement dénués d’ « épithètes », de « mots sonores ou colorés » ? ne sont-ils pas admirablement plastiques ? — Au vrai, avec un évident retour vers le classicisme, l’art de Mme de Régnier — sobre, grave, profond — est très voisin de l’art parnassien.

BIBLIOGRAPHIE. — Les poèmes de Gérard d’Houville ont paru sans autre signature souvent que trois étoiles, dans la Revue des Deux Mondes du 1er février 1894, 15 février et 15 juin 1895, 15 décembre 1896, 1er février 1899, 15 décembre 1900, 15 janvier 1902, 15 janvier 1903, 1er janvier 1905, Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/164 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/165 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/166 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/167