Les Métamorphoses, traduction Gros

Pour les autres éditions de ce texte, voir Métamorphoses.

Traduction par Étienne Gros.
Texte établi par J. R. T. Cabaret-DupatyGarnier (p. couv.-619).

BIBLIOTHÈQUE LATINE-FRANÇAISE

LES

MÉTAMORPHOSES

D’OVIDE

TRADUCTION FRANÇAISE DE GROS

REFONDUE AVEC LE PLUS GRAND SOIN

H. CABARET DUPATY

Professeur de l’Université, auteur d’ouvrages classiques

Et

PRÉCÉDÉE D’UNE NOTICE SUR OVIDE

M. CHARPENTIER



DEUXIÈME ÉDITION


PARIS

GARNIER FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS

6, RUE DES SAINTS-PÈRES, ET PALAIS-ROYAL, 213


1866


PRÉFACE




La poésie élégiaque, comme les autres genres de poésie, jeta, au siècle d’Auguste, un vif éclat. Catulle, dans ses pièces légères, d’un travail si délicat et si fin, et où plus de retenue ajouterait encore au charme du tour et de la pensée, avait donné des modèles dans ce genre, et trouvé, en chantant les malheurs d’Ariadne, ces accents profonds de la passion qui, recueillis par Virgile, s’échapperont avec une si touchante tristesse de la bouche de Didon. Tibulle, immortalisé par l’amitié et les vers d’Horace ainsi que par ses propres élégies, avait presque donné à l’expression du plaisir la mélancolie de la passion combattue et attendri l’âme là où les sens seuls semblaient intéressés. Disciple des Alexandrins, de Callimaque, de Philétas de Cos, Properce a pris d’eux cet usage ou plutôt cet abus de l’allusion mythologique, qui trop souvent chez lui vient détruire l’effet d’une expression naturelle ou d’un sentiment vrai : poëte brillant et gracieux, mais qui laisse quelquefois douter si c’est son esprit qui imite ou son âme qui parle le langage de la tendresse. Ovide est de l’école de Properce.

Ovide naquit à Sulmone l’an 45 avant J. C. :

Sulmo mihi patria est, gelidis uberrimus undis.

Grâce aux soins de son père, il reçut de bonne heure une brillante éducation ; il suivit à Rome les leçons des maîtres les plus célèbres, et en profita : « Dès l’enfance, dit-il, les mystères sacrés furent pour moi pleins de charmes, et les muses m’attirèrent en secret à leur culte. » Il céda à cette vocation impérieuse. Son père, qui le destinait au barreau, combattait ce penchant à la poésie : « Pourquoi, lui disait-il, tenter une étude stérile ? Homère lui-même mourut dans l’indigence. » Lui, ébranlé par ces paroles, tâchait de résister à la muse et de répondre au désir paternel.

xxxxxxxxxxxxxxxx Si pectore possit
Excussisse deum…

Mais sa verve l’emportait : les mots venaient d’eux-mêmes remplir le cadre de la mesure, et chaque pensée qu’il exprimait était un vers :

Sponte sua carmen numeros veniebat ad aptos,
Et quod tenlabam dicere, versus erat.

À vingt ans, il remplit les premiers emplois accordés à la jeunesse : il fut créé triumvir. Là, nous dit-il, se borna sa carrière politique. Il y avait bien le sénat en perspective ; « mais son esprit, peu propre au travail suivi, fuyait les soucis de l’ambition, ce les nymphes de l’Aonie le conviaient à goûter de paisibles loisirs, qui toujours eurent pour lui mille charmes. » Il cultiva, il chérit les poètes de son époque : Properce lui lisait ses élégies ; Horace charmait ses oreilles en chantant sur la lyre ausonienne ses odes harmonieuses ; il entrevit seulement Virgile, et Tibulle fut trop tôt ravi à son amitié. Malgré cette complaisance qu’on lui reproche pour les fruits de sa muse, il paraîtrait cependant que, dans les commencements du moins, Ovide chercha à combattre la facilité de son esprit. « Je composai, nous dit-il, bien des pièces ; mais celles qui me parurent trop faibles, je ne les corrigeai qu’en les livrant aux flammes. » Dans la société des poètes illustres que nous avons nommés, le talent d’Ovide se développa rapidement.

Les Héroïdes furent son début. Les Héroïdes sont en quelque sorte le résumé de la légende amoureuse de l’antiquité ; on y entend soupirer toutes les tendresses légitimes et non légitimes : Pénélope à côté d’Ariadne, Canacé et Sapho ; mélange un peu risqué, jeu de l’esprit plutôt qu’émotion du cœur, et où l’ironie semble prendre plus d’une fois la place de la passion.

Les trois livres des Amours succédèrent aux Héroïdes. Ces trois livres, qui d’abord en formaient cinq, comme nous l’apprend l’épigramme qu’Ovide a mise en tête de ce recueil, sont une œuvre spontanée, une image fidèle et vive des impressions personnelles du poète, de ses joies, de ses douleurs, de ces caprices de l’âme et de l’imagination, de ces émotions délicates et fugitives qui souvent, sans cause, font le désespoir ou le bonheur des amants ; thème léger et monotone que l’esprit vif et souple du poète sait varier et enrichir par mille détails charmants, et répéter sans l’épuiser jamais. Dans les Amours, Ovide est plein de grâce, de naturel et de facilité. L’abus de l’érudition, qui, dans les Héroïdes, trop souvent gâte et refroidit le sentiment, ici ne vient pas l’altérer en le rendant prétentieux et faux, en vin

PRÉFACE.

en faisant un trait d’esprit au lieu d’une inspiration du cœur.

Après avoir chanté les Amours, Ovide voulut donner, pour ainsi dire, le code de la tendresse. L’Art d’aimer contient tous les secrets que lui avait révélés une longue et heureuse expérience : comment on trouve une maîtresse, comment on la captive, comment on la conserve, comment on la quitte, tous détails dont n’avaient pas besoin, sans doute, les jeunes gens de famille de Rome, et qui, du reste, n’ont rien de bien délicat. Voulez-vous rencontrer une amante, courez les places publiques, les temples, les spectacles, la ville, la campagne, les eaux de Baies. Eh quoi ? l’amour s’apprend-il ? Pour le faire naître, pour le fixer, y a-t-il des règles ? je ne sais ; mais je doute que l’Art d’aimer d’Ovide, pas plus que celui de Gentil-Bernard, ait jamais fait le bonheur d’un amant. L’Art d’aimer est bien inférieur aux Amours : il y a la différence du souvenir à l’impression. Dans les Amours, le cœur d’Ovide suffit à ses inspirations, son esprit à l’expression d’une passion toujours la même, toujours nouvelle ; dans l’Art d’aimer, les épisodes viennent souvent au secours du poète, et ces épisodes, quelquefois peu décents, ne sauraient racheter par quelques détails ingénieux leur inutilité et leur longueur. Nous ne nous arrêterons pas sur ces premières poésies d’Ovide : M. Jules Janin, dans la brillante étude qu’il a mise en tête d’un volume de cette collection, les a appréciées avec ce goût vif et piquant, cette grâce de critique qui lui sont particuliers.

Ainsi vivait Ovide, heureux de ses vers et de ses amours, et donnant de son art les charmantes leçons ; accueilli, sinon aimé d’Auguste, revêtu de ces honneurs qui pour lui avaient été une distinction sans être une charge, rien ne semblait devoir troubler le calme de sa vie et le bonheur de son avenir, lorsqu’un coup imprévu le vint frapper : PRÉFACE. ix Neosatis hocfuerat : stultus quoquecarmina fecï : Artibusut possemnon rudis esse raeis, Pro quitus exsiliummiseromiliireddita merces. On a souvent comparé le siècle d’Auguste au siècle Louis XIV : mêmes troubles civils, suivis de la même tranquillité ; même gloire littéraire ; même éclat au dehors et au dedans de l’empire. Ces rapprochements sont justes, et même ils pourraient être plus exacts et plus complets ; car les siècles d’Auguste et de Louis XIVne se ressemblent pas seulement à leurs commencements, dans leurs victoires et leurs prospérités, ils se ressemblent encore dans leurs revers et à leur fin. De même que sous la vieillesse de Louis XIV il y eut à l’intérieur une réaction religieuse et des désastres éclatants à l’extérieur, ainsi la dernière partie du règne d’Auguste présente de grandes défaites et un retour de sévérité. Si la France eut son Villeroi, Rome.eut son Yarus. Auguste, sur la fin de son règne, s’occupe de réformer les mœurs ; Louis XIVdonne à ceux qu’il a scandalisés par ses galanteries l’exemple de la dévotion. Commelacour de Versailles, le palais impérial eut ses scrupules de conscience : Ovide fut une des victimes de cette réaction morale, comme chez nous la Fontaine de la réaction religieuse. Dominé par Livie, comme Louis XIV par madame de Maintenon, livré à des pratiques superstitieuses, sans conseil, sans ami, aigri, défiant, Auguste vit aussi périr la moitié de sa famille ; il perdit Marcellus, Octavie et Drusus ; mais, comme Louis XIV encore, le malheur le trouva aussi grand que l’avait trouvé la prospérité. Ce fut dans un de ces moments de sévérité qu’amenaient la vieillesse et les chagrins, dans un accès de réforme morale, qu’Auguste punit Ovide de la liberté de ses poésies. La cause ou du moins le prétexte de l’exil d’Ovide, ce fut l’Art d’Aimer, ouvrage autrefois innocent, mais devenu a. Ï PREFACE. coupable depuis la réaction que nous avons signalée comme un dernier caractère et un fait trop peu observé du règne d’Auguste. Quant aux causes, réelles ou supposées, Ovide en donne deux : la première, il la fait connaître ; il garde le silence sur la seconde : Perdiderunt quura me duo crimina, carmen et error, Altéraisfaeli culpa silendamihi est. Quelle fut donc cette erreur d’Ovide et son crime involontaire ? Témoin indiscret et malheureux des débauches impériales, a-l-il, comme on le dit, surpris le secret des incestes ou des adultères d’Auguste ? On l’ignore. Mais le soin même que prend Ovide de rappeler son erreur prouverait que cette erreur n’a rien d’offensant pour l’honneur et la conscience d’Auguste ; en effet, le moyen de croire que, pour se justifier, pour désarmer le courroux d’Auguste, Ovide lui eût si souvent et sous tant de formes rappelé un souvenir qui devait le faire rougir ? On a fait une autre conjecture : Ovide aurait été nonseulement le témoin, mais le complice des débauches de la famille d’Auguste. Amant trop heureux de Julie, qu’il aurait, dit-on, chantée dans les Amours sous le nom de Corinne, il aurait payé de l’exil l’honneur dangereux de ces faveurs impériales. Celte opinion semble, comme la précédente, démentie par les faits. D’abord elle a, contre elle, les objections que nous avons adressées à celle-ci. N’élait-ce pas également blesser Auguste que de lui rappeler son déshonneur dans celui de sa fille ? Et, si le fait était vrai, comment Ovide pouvait-il l’appeler une simple erreur ? Ensuite, quand Ovide fut exilé, Julie, fille d’Auguste, était déjà reléguée sur un rocher. On a donc pensé qu’il s’agissait, non de la première, niais de la seconde Julie, la petite-fille d’Auguste. Ovide, dit-on, aurait été non PREFACE. xi le complice, mais le témoin des désordres de cette seconde Julie ; témoin indiscret et qui les aurait publiés ou laissé publier par ses amis et ses domestiques : Quid referam eomitumquenefas, famulosquenocentes, nous dît-il lui-même. Je ne garantis pas cette conjecture, mais j’inclinerais à penser qu’entre le bannissement de Julie et l’exil d’Ovide il y a un rapport difficile à prouver, mais très-probable. On entrevoit en effet, dans les aveux comme dans le silence d’Ovide, une atteinte indiscrète, ou peut-être téméraire, à la majesté impériale ; la comparaison que le poète fait de son erreur avec celle d’Acléon. semble indiquer qu’il y a là une divinité blessée. Mais ce secret d’État ou de famille, cette douleur politique ou domestique, est demeurée impénétrable, comme ces secrets qui irriteront éternellement, sans la satisfaire, la curiosité historique. De nos jours, cependant, un traducteur d’Ovide a cherché à donner de la disgrâce du chantre des Amours une nouvelle explication, ingénieuse, sinon plus solide que les autres conjectures. Suivant ce critique, l’exil d’Ovide aurait eu une cause politique et honorable pour le poète : Ovide aurait été, non l’amant de la première Julie, mais le protecteur de son fils, Agrippa Posthumus, héritier légitime de l’empire, immolé aux soupçons de Tibère et de Livie, et condamné par Auguste à un exil où le fit mourir Tibère. Le poêle, dans un de ces moments d’ennui qui assiégeaient la vieillesse d’Auguste, aurait cherché à ranimer, en faveur d’Agrippa, la tendresse et les remords de l’empereur ; ou peut-être, témoin de quelque scène violente et honteuse entre Tibère, Auguste et Livie, il aurait payé par l’exil cette indiscrétion volontaire ou fortuite. Auguste, en effet, se sentit quelque retour de justice, sinon de tendresse, pour soa su PRÉFACE. petit-fils. Accompagné du seul Fabius Maximus, son confident et son ami le plus cher, il visita dans l’île de Planasie le malheureux Agrippa. Tacite nous le représente pleurant avec son petit-fils et le dédommageant, par les témoignages d’une vive tendresse, de ses ligueurs passées et de cet empire que toutefois il n’osait lui promettre, épouvanté qu’il était, au sein même de cette solitude, des violences de Livie. Maxime confia ce secret important à sa femme, et celle-ci à Livie. Pour se punir de son indiscrétion ou pour échapper à Tibère, Maxime se donna la mort, et Ovide s’accusa d’en être la cause. Ovide, compromis par l’amitié de Maxime, fut envoyé en exil. Cependant Auguste allait pardonner à Ovide : CoeperatAugustusdeceptteigiioscereeulpaî. Mais Tibère a prévu les dangers de la clémence et du repentir d’Auguste : Auguste meurt subitement à Noie ; son petit-fils, Agrippa, est tué par un centurion ; sa fille meurt de faim dans l’île Pandataire, sur les côtes de la Campanie. Enfin Julie, petite-fille d’Auguste et sœur d’Agrippa, périt, après vingt ans d’exil, l’an 781 de Rome, à Trimetum (aujourd’hui Tremiti, sur les côtes— de la Pouille). Désormais Tibère règne sans rival et sans crainte. Après tout, les causes véritables de la disgrâce d’Ovide importent peu à la postérité. Ce qui est plus malheureux pour lui que l’incertitude de l’histoire, c’est le peu de dignité qu’il montra dans l’exil : coupable ou innocent, il ne sut ni racheter sa faute, ni ennoblir son malheur par le silence et le courage. Puni aussi pour des vers, J. B. Rousseau soutint mieux sa disgrâce : il refusa de rentrer dans sa patrie sur une ordonnance du régent, qui, en semblant reconnaître son innocence, ne la proclamait pas hautement. Quand la colère d’Auguste vint frapper Ovide et le reléguer à Tomes, il achevait les Métamorphoses. Interrompu PRÉFACE. nu par l’exil dans cette grande tâche, comme Virgile l’avait été par la mort dans son Enéide, il voulut aussi livrer aux flammes ce monument imparfait de son génie : Sic ego non meritos, mecum peritura, libellos Imposuirapidis, visceranostra, rogis, Vel quod eram musas, ut crimina nostra, perosus, Vel quod adhuc crescenset rude carmen erat. Mais des copies s’en étaient répandues dans Rome, et le désir sincère où feint du poète fut trompé. Les Métamorphoses sont l’œuvre capitale d’Ovide. Tous les âges de la poésie, de la philosophie et de l’histoire s’y trouvent réunis et s’y déroulent à nos yeux dans une variété pleine d’ordre et de magnificence. Cosmogonie tout ensemble et théologie, les Métamorphoses offrent le tableau le plus complet de toutes les croyances, de toutes les révolutions de l’antiquité païenne : l’humanité s’y trouve à toutes ses périodes ; le monde antédiluvien, l’état barbare et primitif dans la Thrace ; l’état héroïque dans la Grèce ; l’état civilisé dans l’Italie, où ces transformations successives doivent aboutir à l’histoire romaine et à l’apothéose d’Auguste. Voyez comme le poète se joue agréablement dans cette trame si longue et si diverse ; comme il se complaît dans ces fables sans s’y laisser prendre pourtant ! il échappe aux enchantements dont il nous captive ; magicien habile qui dispose, malgré nous, de notre imagination et ne croit pas aux fantômes qu’il évoque, parce qu’il en a le secret. -Ainsi, parmi les modernes, l’Arioste, se jouant des contes de la chevalerie, comme Ovide s’était joué des fables du paganisme, trahit à chaque instant par un rire malin, par une piquante réflexion, son incrédulité à ces fictions magnifiques qu’il étale à nos yeux. Ce n’est pas le seul trait de ressemblance que l’esprit d’Ovide ait avec l’esprit moderne. Vif, souple, facile, brillant, il a une mobilité qui n’est xiv PREFACE. pas, ce semble, habituelle àl’antiquilé ; et par là aussi il a une physionomie originale. Celte facilité d’imagination l’égaré quelquefois ; car il épuise un sujet, non pas à la manière de Claudien, en l’exagérant et en le conduisant par là à tous les degrés de l’enflure, mais en ne sachant pas s’arrêter dans le développement d’une pensée, d’une expression, d’un sentiment, à celte juste mesure qui esl la vérité dans l’art comme dans la nature. Du reste, une admirable variété de figures, de tours, d’expressions, l’art de présenter sous des formes toujours nouvelles des situations semblables, de rattacher à un même but, de faire concourir à une même fin des fables si diverses et si multipliées, de renfermer dans un même cadre des figures si différentes, telles sont les qualités qu’Ovide possède au plus haut degré, à ce degré où l’esprit est presque le génie. Les Métamorphoses ne sont pas le seul ouvrage que vint interrompre l’exil d’Ovide : les Fastes en ont aussi souffert. Ce poème formait ou devait former douze chants ; Ses ego fastorumscripsi totidemquelibellos ; Cumquesuo finemmense volumenhabet. Idque tao nuper scriptum sub nomine, Coesar, Et tibi sacralum sors mea rupit opus. ’ C’était le dessein du poète ; mais il n’a pu l’accomplir. Dans son exil, il n’a trouvé sur sa lyre que des sons pour la douleur, dans son âme que des inspirations de tristesse. Cette lacune, du reste, qu’il la faille attribuer aux malheurs et au découragement du poète, ou à l’injure du temps, est une des plus grandes pertes qu’ait pu faire l’histoire. Les Fastes sont le monument le plus curieux, les annales les plus pleines et les plus intéressantes de l’antiquité : cérémonies religieuses, antiquités sacrées, origines nationales, mœurs domestiques, traditions populaires, théologies antiques, toute la vie civile, intérieure et publique de Rome, on la trouve dans les Fastes. Ovide a la PREFACE. xv science de Taruspice et du grand prêtre, et c’est avec raison qu’un écrivain appelle les Fastes un martyrologe : Martyrvlogium Ovidii de Fastis ; c’est bien là en effet le livre des saints de l’antiquité, et pour ainsi dire sa légende. Le poème d’Ovide est une des plus attachantes et des plus instructives lectures qui se puissent, faire ; jamais l’érudition ne s’est montrée sous des formes plus agréables et plus ingénieuses ; jamais l’histoire n’a revêtu de plus brillantes couleurs, trop brillantes peut-être, car là, comme dans ses autres ouvrages, Ovide ne sait pas toujours résister à la facilité de son imagination, et cette imagination l’égaré, en lui faisant préférer aux sévères et profondes traditions du Lalium les riantes fictions de la Grèce. L’exil d’Ovide ne fut pas cependant entièrement perdu pour la poésie : les Tristes, les Politiques, charmèrent sa solitude, en ces sauvages et lointaines contrées. Mais, quelque effort que fasse le poète pour retrouver l’inspiration de ses jeunes et heureuses années, il n’y peut parvenir. Sous le ciel sombre et glacé des Sarmates, son riant génie semble s’attrister et s’éteindre ; ses plaintes ne sont pas seulement monotones, ce qui était le défaut presque inévitable du sujet, elles sont froides et prétentieuses : on trouve des traits d’esprit là où on s’attendait à rencontrer l’abandon et la simplicité louchante de la douleur : Ovide semble plus poète que malheureux. Les Héroïdes, les Amours-, l’Art d’aimer, les Métamorphoses, les Fastes, les Tristes, les PontiqueSj tels sont les ouvrages les plus remarquables qui nous restent d’Ovide ; mais ce n’étaient pas là ses’seuls titres à l’immortalité. La souplesse et la vivacité de son génie ne se sont pas bornées à la poésie érolique, à l’épopée, à la poésie didactique et à l’élégie : Ovide fut encore un poëte tragique. Sa Médée se plaçait à côté du Thyeste de Yarius. Quelques autres ouvrages moins importants ont aussi xvi PRÉFACE. exercé la verve et la’facilitè d’Ovide ; tels sont : le Remède d’amour, composé après l’Art d’aimer ; espèce de palliatif à ce poème, et remède pire que le mal ; l’Ibis, petit poème satirique de plus de six cents vers ; la Pêche, en vers hexamètres, dont le commencement manque ; le Cosmétique, en vers élégiaques, que l’on peut regarder comme le complément de YArt d’aimer ; la Noix, élégie contestée, mais qui ne paraît pas indigne de notre poète. Nul auteur ne s’est prêté à plus de genres, et avec plus de grâce et de souplesse. Ovide, pourtant, n’est plus du grand siècle : ingénieux, facile, animé, il continue, mais en les altérant, les traditions du règne d’Auguste ; il est d’une nouvelle génération poétique, brillante encore et heureusement douée, mais moins sobre et moins forte que la première, plus éprise de la forme que sévère sur le fond, sacrifiant trop à l’esprit, nimium amator ingenii sui, et offrant le signe certain de la décadence : le défaut de simplicité et l’abus de la description. Ovide mourut en exil, à Tomes, à l’âge de soixante-deux ans, dix-neuf ans après Jésus-Christ, sans avoir pu obtenir de revoir cette Rome où une noble résignation l’aurait peutêtre plus sûrement rappelé que des flatteries peu mesurées et des prières sans dignité.

J. P. CHARPENTIER.
MÉTAMORPHOSES

LIVRE PREMIER Je veux chanter les métamorphoses. Dieux, qui eu fûtes les auteurs, secondez mon dessein, et conduisez ce long puëuie depuis l’origine du monde jusqu’à nos jours. LE CHAOSCHANCE ES QUATRE ÉLÉMENTS DISHSCTS. I. Avant la nier, la terre et l’immense voûte dos deux, l’univers offrait un aspect uniforme qu’on appela Chaos, masse informe et grossière, amas inerte et confus d’éléments mal assortis. Le soleil n’était pas encore le flambeau du monde, cl la lune ne LIBER HUMUS In novafortauirausmuUUasd ; cereformas Corpora.Di, cceptis, namvosmutasti&et illas, Adspiralemeis, primaqueab originemundi Admeapcrpelmimdeduciletemporacarmeu. C1IAOS 13ÎELEMENT A QUATUOR DISTINCUITlTi. I. Auicmareet telius, et quodtegitomniacoelum, o Unuserat loto natuncvultusin orbe, QucmdixereChaos, rudisindigestuquemoles ; JNecquidquam, nisi puudu » iners, cougeslaque codem iN’oiibenejunctarumdîscordiabemin.nrerum. iNulIusadbucmuudoprcebebatluminaTitan, W réparait pas, dans son cours, les pertes de sa clarté. Tenue en équilibre par son propre poids, la terre n’était point suspendue au sein de l’air, et la mer n’étendait pas ses bras le long de ses vastes rivages. La terre, la mer et l’air, tout était confondu : la terre n’était point fixe, l’eau navigable, l’air transparent. Nul élément n’avait sa forme. Réunis ensemble et antipathiques les uns aux autres, les corps froids, humides, mous ou légers, combattaient les corps chauds, secs, durs ou pesants.

Un dieu, réformant la nature, mit fin à cette lutte : il sépara la terre du ciel, l’eau de la terre, et l’air pur de l’air grossier. Après avoir dissipé les ténèbres et éclairci le Chaos, il leur marqua des places distinctes, et les soumit aux lois de l’harmonie. Le feu subtil des étoiles s’élança vers la voûte céleste, et occupa l’Empyrée. L’air, presque aussi léger, s’empara des lieux voisins. La terre, plus épaisse, reçut les grands corps, et trouva son équilibre dans son propre poids. L’eau, qui la baigne de toutes parts, eut la dernière place et entoura les continents.

Dès que ce dieu, quel qu’il fût, eut débrouillé le Chaos et assigné sa place à chaque élément, pour que la terre fût également arrondie, il lui donna la figure d’un vaste globe ; ensuite il ordonna aux flots de se répandre, de s’enfler au gré des vents en courroux, et de ceindre la terre. Il fit aussi les fontaines, les étangs et les lacs immenses, entoura de rives sinueuses les fleuves rapides, qui, dans leurs cours divers, disparaissent au sein de la terre ou parviennent jusqu’à l’Océan, et, reçus dans ses larges bassins, ne frappent plus d’autres bords que ses rivages. Il ordonna également aux plaines de s’étendre, aux vallées de s’abaisser, aux forêts de se parer de feuillage et aux rochers de s’élever.

Il divisa le ciel en cinq zones, deux à droite, deux à gauche, et l’autre, plus ardente, au milieu d’elles. Il partagea aussi sagement notre globe en cinq régions qui correspondent aux cinq régions célestes. La zone torride est inhabitable. Des neiges profondes couvrent les deux zones voisines des pôles, et, dans l’espace égal qui s’étend à côté de chacune, règne une douce température produite par le mélange du froid el du chaud. Au-dessus se balance l’air, moins léger que le feu, comme l’eau est moins pesante que la terre. C’est le séjour assigné par les décrets du dieu aux nuages, aux tonnerres qui épouvantent le cœur des mortels, et aux vents, pères de la foudre et des frimas.

L’architecte des mondes n’abandonna pas à leurs caprices l’empire de l’air. Aujourd’hui même, quoique retenus par la loi qui marque leurs routes diverses, peu s’en faut qu’ils ne brisent le monde : tant la discorde les désunit ! Eurus fut relégué dans le royaume de l’Aurore, dans l’empire de Nabata, dans la Perse et sur les montagnes frappées des premiers rayons du jour ; Zéphire avoisina Vesper et les contrées que réchauffe le soleil couchant ; l’horrible Borée envahit la Scythie et le septentrion : le pluvieux Auster s’empara des régions opposées qu’assiègent incessamment les humides brouillards. Par delà tous les vents fut répandu l’éther, élément diaphane, sans pesanteur, et dont aucun mélange terrestre n’altère la pureté.

Dès que le dieu eut circonscrit les divers corps dans des limites invariables, les astres, longtemps ensevelis dans le Chaos, commentèrent à resplendir dans le ciel de tout l’éclat de leurs feux. Afin que nulle région ne fût dépourvue des êtres qui lui conviennent, les étoiles et les dieux occupèrent le céleste parvis ; les poissons eurent pour domaine les eaux ; la terre reçut les bêtes sauvages, et les oiseaux fendirent les plaines de l’air. Un être plus noble, doué d’une haute intelligence, et fait pour commander à tous les êtres, manquait encore. L’homme naquit. Soit que le créateur souverain qui organisa l’univers l’ait formé d’une essence divine ; soit que la terre, vierge encore, et naguère séparée des régions supérieures de l’éther, retînt quelque germe de parenté avec le ciel ; le fils de Japhet la détrempa dans les eaux d’un fleuve, la pétrit à l’image des dieux, arbitres du monde ; et, tandis que les autres animaux ont la face courbée vers la terre, il éleva le front de l’homme, lui ordonna de contempler les cieux el de fixer ses regards sur les astres. Grâce à cette métamorphose, la matière, informe et grossière, revêtit la figure humaine jusqu’alors inconnue.


SUCCESSION DES QUATRE ÂGES DU MONDE.


II. L’âge d’or naquit le premier. Sans lois, sans magistrats, il observait de lui-même la justice et la bonne foi. Les châtiments et la crainte étaient ignorés. Des arrêts menaçants ne se lisaient pas sur l’airain, et une foule suppliante ne tremblait pas devant ses juges : les mortels vivaient tranquilles sans leur secours. Le pin n’avait pas encore été détaché de ses montagnes par la hache pour descendre sur la plaine liquide, et aller visiter un monde étranger. Les hommes ne connaissaient que leur horizon. Des fossés profonds n’entouraient point les cités. On n’entendait ni clairons ni trompettes ; on ne voyait ni casques ni épées, et, sans soldats, les peuples, dans le calme de la paix, jouissaient des plus heureux loisirs. La terre, sans y être forcée, sans être déchirée par la herse ou sillonnée par la charrue, prodiguait d’elle-même tous les fruits. Contents des aliments qu’elle offrait sans contrainte, les mortels cueillaient les arbouses, les cornouilles, les fraises des montagnes, les mûres attachées aux ronces épineuses, et les glands tombés du grand arbre de Jupiter. Alors régnait un printemps éternel, et les doux zéphyrs, de leurs tièdes haleines, caressaient les fleurs nées sans culture. Enfin, les guérets, sans être rajeunis par aucun labour, versaient tous leurs trésors, et blanchissaient sous de riches épis. Ici serpentaient des ruisseaux de lait, là des fleuves de nectar, et du creux des vertes yeuses distillait un miel pur.

Cependant Saturne fut plongé dans le sombre Tartare, et le sceptre du monde passa aux mains de Jupiter. Alors commença l’âge d’argent, inférieur à l’âge d’or, mais préférable à l’âge d’airain. Jupiter raccourcit la durée de l’antique printemps. L’hiver, l’été, l’automne inégal et le printemps, aujourd’hui si court, partagèrent l’année en quatre saisons. Pour la première fois, l’air fut embrasé par des chaleurs dévorantes, et l’eau, durcie par les vents, demeura suspendue. Alors, pour la première fois, les hommes cherchèrent des abris. Ils prirent pour asiles des antres, d’épaisses broussailles et des branchages entrelacés d’écorce. Alors, pour la première fois, les semences de Cérès furent ensevelies dans de longs sillons, et les taureaux gémirent sous le joug. À ces deux âges succéda l’âge d’airain, d’un caractère féroce et prompt à livrer d’horribles combats, sans être pourtant criminel. Le dernier âge est l’âge de fer.

Tous les crimes se précipitèrent en foule dans ce siècle impie. Alors s’enfuirent la pudeur, la vérité, la bonne foi. À leur place régnèrent la fraude, l’artifice, la trahison, la violence et la coupable soif de l’or. Sans les bien connaître, le nautonier abandonna sa voile aux vents ; et, après avoir longtemps séjourné sur la cime des monts, les arbres, transformés en vaisseaux, défièrent un abîme inconnu. La terre, jusque-là commune à tous, comme l’air et la lumière, vit le laboureur défiant assigner de longues limites à son champ. C’était peu de demander à la fécondité du sol les moissons et les aliments nécessaires ; on descendit jusque dans les entrailles de la terre ; on déterra ces trésors qu’elle tenait cachés près des ombres du Styx, et qui ne servent qu’à irriter nos maux. Déjà le fer homicide, et l’or, plus funeste encore, avaient paru ; la guerre parut aussi, la guerre qui combat avec eux, et dont la main ensanglantée fait retentir le cliquetis des armes. On vit de rapines. L’hôte redoute son hôte, et le beau-père son gendre. La concorde est rare parmi les frères. Le mari trame la perte de sa femme, et la femme attente aux jours de son mari. Les terribles marâtres préparent des poisons mortels. Le fils cherche d’avance à connaître le terme des années de son père. La vertu est foulée aux pieds, et la vierge Astrée, après tous les Immortels, abandonne la terre arrosée de sang.


crime et punition des géants.


III. L’empire des dieux, malgré sa hauteur, ne fut pas plus en sûreté que la terre. Les Géants, pour le conquérir, entassèrent, dit-on, jusqu’aux astres montagnes sur montagnes. Alors le puissant Jupiter brisa l’Olympe de sa foudre, et renversa le Pélion élevé sur l’Ossa. Tandis que ces affreux colosses gisaient ensevelis sous les masses qu’ils avaient amoncelées, la Terre, inondée du sang de ses enfants, vivifia, dit-on, ce sang par sa chaleur féconde, et, pour conserver la trace de leur origine, en forma d’autres êtres à face humaine. Mais cette race méprisa les dieux, fut altérée de carnage et ne respira que la violence. On reconnaissait qu’elle était née du sang.


lycaon est changé en loup.


IV. Lorsque, du haut de son trône, le fils de Saturne vit les crimes des mortels, il gémit, et, se rappelant l’affreux banquet servi par Lycaon, trop récent encore pour être divulgué, il ressentit un grand courroux, un courroux digne de Jupiter. Il con10 MÉTAMORPHOSES voqua les dieux. Aucun ne. se fit attendre. Il est dans FEmpyrée une voie d’une blancheur éblouissante que l’on découvre par un ciel serein. On la nomme voie laclée. C’est par cette voie que les Immortels se rendent à la superbe demeure du maître du tonnerre. A droite et à gauche, sous des portiques toujours ouverls, résident les dieux du premier ordre. Des places sont assignées çà et là aux divinités inférieures. A l’entrée de ce séjour habitent les dieux puissants et d’un rang élevé. Ce lieu, si un tel langage m’est permis, j’oserai l’appeler le palais de FEmpyrée. Les dieux prennent place dans ce sanctuaire resplendissant de marbre. Aussitôt Jupiter, assis sur un siège qui domine tous les autres, et la main appuyée sur son sceptre d’ivoire, agite trois ou quatre fois sa terrible chevelure qui ébranle la terre, la mer et les astres. Puis il exhale son indignation en ces termes : « Non, l’empire du monde ne me causa point de plus vives alarmes à cette époque fatale où les Géantslevaient leurs cent bras pour s’emparer du ciel. L’ennemi sans doute était redoulable, mais je n’avais affaire qu’à une seule race, el la guerre n’avait qu’un principe. Aujourd’hui, dans toutes les contrées où l’Océan fait Conciliumque vocal.Tenuitmoranulla vocalos. Est viasublimis, coelomanifestasereno, Lacteanomenbabet ; candorcnotabilisipso. Baciter est Superisad magnitecla Tonantis, 170 Regalemque domum.Dextraltevaquedeorum Alrianobiliumvalviscelebranlurapertis. Plebshabitantdiversaloeis.Afrontepotentes Coelicolaî, clariquesuosposuerepénates. Hiclocusest, quem, si verbisaudaciadetur, 173 Haudtimeammagnidixissepalatiacoeli. ErgoubimarmoreoSuperisedererecessu, Celsioripseloco, sceplroqueinnixuseburno, Terrificamcapitisconcussitterquëquaterque Ccesariem, cum qua terrain, mare, sidéra, movit. 180 Talibusinde modisora indignanliasolvil : « Nonegopro mundircgnomagisanxiusilla Tempestalefui, qua cenlumquisqueparabant Injicereanguipedumcaptivobrachiacoelo. Nam, quanquamferas bosliserat, tamenillndab une. l.sS Corpore, et ex una pendebatoriginebellum. Kuncmihi, qua tolumNereuscircumlonatorbem, LIVRE I. il retentir ses flots, je dois anéantir le genre humain. Je le jure par les fleuves des enfers qui baignent les bois du Slyx. J’ai d’abord tout tenté. Mais la blessure est incurable : il faut y porter le fer pour que la partie saine soit préservée du mal. J’ai sous mes lois les demi-dieux, les divinités rustiques, les Nymphes, les Faunes, les Satyres, les Silvains des montagnes. Quoique je ne les juge pas encore dignes des honneurs célestes, ils doivent du moins pouvoir habiter la terre qui leur est échue en partage. Mais, ô dieux immortels ! les croirez-vousà l’abri du danger, lorsque moi, le maître de la foudre, moi qui ai sur vous une autorité suprême, j’ai élé en butte aux pièges du féroce Lycaon ? » Tous les dieux frémirent et demandèrent avec empressement la punition du coupable. Ainsi,’quand une main barbare voulut éteindre ie nom romain dans le sang de César, celle catastrophe imprévue glaça d’effroi le genre humain, et l’univers frissonna d’épouvante. Alors, Auguste, les sentiments des Romains ne te furent pas moins agréables que l’indignation des dieux ne le fut à Jupiter. Lorsqu’il eut, de la voix et du geste, apaisé leurs murmures, et que tous les cris eurent cessé devant sa majesté souvePerdendummortalegenus.Per fluminajuro ïnfera, sub terrasstygielabeniialuco. Cunctaprinstentala ; sed immedieabile vulnus 190 Enserecïdendum, nepars sineeraIrahatur. Suntmihîsemidei, sunt rnslicanumina, Nympboe, Faunique, Satyrique, et monticoloeSilvani. Quosquoniamcoelinondumdignamurhonore, Quasdedimus, certeterras habitaresinamus. 195 Ansalis, o Superi, tutosforecreditisillos, Quummihi, qui fulmen, qui voshabeoqueregoque, Slruxeritinsidias, nolusfcritateLycaon ? » Confremuereomnes, sludiisqueardentibusausum Taliadeposcunt.Sic, quummanusimpiasoevit -200 Sanguineca ? sareoromanumexstinguerenomen, Attonitumtanlîcsubitoterroreruina ; Humanumgenusest, lolusqueperhorruitorbis. Neclibi grataminuspielas, Auguste, tuorum, Quamfuit illa Jovi.Quipostquamvocemanuque

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Murmuracompressit, tenueresilentiacuncli. Subslititut clamor, pressusgTavitateregentis, \1 MÉTAMORPHOSES. raine, il rompit de nouveau le silence : « Le coupable, dît-il, a subi sa peine ; n’ayez, à cet égard, nulle inquiétude. Je vais néanmoins vous apprendre son forfait et son châtiment. Le bruit des débordements de ce siècle avait frappé mes oreilles. Désirant le trouver faux, je descendis du sommet de l’Olympe, et, pour visiter la terre, je cachai ma divinité sous la forme humaine. Il serait trop long d’énumérer les crimes que je rencontrai parlait : la renommée était au-dessous de la réalité. « J’avaisfranchi le Ménale, repaire affreux des bêtes sauvages, leCyîlèneet le frais Lycée, couronné de sapins. Je pénétrai vers Je crépuscule du soir dans le palais inhospitalier du roi d’Àrcadie. J’annonçai la présence d’un dieu. Lepeuple commençait àm’offrir des prières. Lycaonrit d’abord de ces pieux hommages. Bientôt, ajouta-t-il, je saurai, par une épreuve manifeste, s’il est dieu ou mortel, et la vérité ne sera pas douteuse. La nuit, quandj’étais ensevelidans le sommeil, il s’apprête à nvassassïner. Voilàcomment il veut s’assurer de la vérité. C’est peu. II égorge un otage que lui avaient envoyéles Molosses.Il fait bouillir une partie de Jupiterhocilerumsermonesilentiarumpit : « 111equidempoenas, curamhancdiminue, solvil. Ojiodtamenadmissum, quaisit vindicte, docebo. 2l0 Conligeratnostrasinfamiatemporisaures. Onamcupiensfalsam, summodelaborOlympo, Et deushumanalustrosubimagineterras.’ Longamoraest, quantumnoxtesit ubiqucrepcrhim, Enumcrare : minorfuit ipsainfamiavero. 215 « Mamaîatransîeram, latebrishorrendaferarum, Et cumCyllenegelidipinetaLycoei. Arcadosbinesedeset inhospitalectalyranni Ingrodior, iraherentquumsera crepusculanoclem. Signadedivenissedeum ; rulgusqueprecari 220 Coepprat.Irrïdetprimopia votaLycaon. Mox, ait, experiar, deushic, discrimineapeiio, Ansitmortalis ; nec crit dubitabileverum. Modegravemsomnonecopinaperderemorte Meparât : harcilliplacetexperientiaveri. 225 IVeccontenlnseo, missidegéniemolossa Obsidisnniusjugulmnmneroneresolvit ; Alqtieiin seminecesparlimfervenlihusartus LIVRE 1. 13 ses membres palpitants, et rôtir l’aulre sur un brasier. A peine a-t-il servi cet abominablerepas, que ma foudre vengeresserenverseson palais et ses pénales, dignesd’un tel maître. Il fuit épouvanté, et, dans le silence des campagnes, il poussedes hurlemenls et s’efforce en vain de parler. Emporté par sa fureur et par sa soif du carnage, il se jette sur les troupeaux, et il aime encore à s’enivrer de sang. Ses vêtements se changent en poils, et ses bras en jambes. Métamorphoséen loup, il conserve des vestiges de sa première forme. Même couleur, même violence dans les traits, mêmes regards étincelanls, même image de la férocilé. Une seule maison a péri ; mais plus d’une a encouru la même peine. Sur toute l’étendue de la terre règne la cruelle Érinnys. On dirait que les mortels se sont vouésau crime. Qu’ilssubissent tous au plus tôt le châtiment qu’ils méritent. Tel est mon arrêt irrévocable. » Unepartie des dieuxapplauditpar sesparolesau discoursde Jupiter, et ajoute même à sa fureur ; l’autre l’approuve en silence.Cependant la ruine du genre humain exciteparmi eux un regret général. Ils demandent quel sera l’aspect de la terre, veuve de ses hahitanis ; qui portera l’encens sur leurs autels ? Jupiter veut-il Mollitaquis, parlimsubjeclolorruitigni. Quossimulimposuitmensis, egovindiccflamma 250 In dominodignosevertilectapénales. Territusillefugit ; naclusquesilentiaruris F.xululat, frustraqueloquiconalur.Abipso Colligitos rabiem, soliloeque cupidinecandis Vertilurin pecudes, et nuncquoquesanguinegaudet. 2ô.’i In villosabeuntvestes, in cruralaccrli. Fit lupus, et veterisservalvestigiaformas : Caniliescademest, cademviolenliavullu ; Idemoculilucent, eademferilatisimago. Qecidituna domus ; sednondomusuna perire 240 Oignafuit : quaterrapalet, ferarégnaiErinnys. In facinusjurassepûtes.Dentociusomnes, Quasmeruerepâli(sicslat sentenlia)pernas. » DictaJovisparsvoceprobant, stimulosque furenti Adjiciunt ; alii partesassensibusimplenl. 245 Esttamenhumanigenerisjacturadolori Omnibus ; el, qmesit terra1, mortalibusorba>, FormafiHura, rogant ; quissil laturnsin aras li MÉTAMORPHOSES. livrer la terre aux ravages des bêtes féroces ? A ces questions, le maître des dieux répond qu’il s’est réservé de tels soins, et leur interdit toute alarme. Il leur annonce une race d’hommes différente et d’une origine merveilleuse. LUNIVERS ESTSUDHERGE PARLE DELUGE. V. Déjà il s’apprêtait à lancer ses foudres dans toutes les contrées de la (erre ; mais il craignit de voir la demeure sacrée des Immortels s’enflammer par tant de feux, et le monde s’embraser d’un pôle à l’autre. D’ailleurs, il se rappelle que les Destins ont fixé l’époque oit la mer, la terre et le palais des dieux seront dévorés par les flammes, el où l’admirable machine du monde devra périr. Il dépose les Iraits forgés par les Cyclopes, et adopte un autre châtiment. Il veut submerger le genre humain sous les eaux qui tomberont de toutes les parties du ciel. Au même instant il renferme dans les antres d’Éolie l’Aquilonet les autres vents qui dissipent les nuages, et ne laisse souffler que l’Autan. L’Autan s’envole sur ses ailes humides. D’épaissesnuées couvrent son viThura ? ferisneparelpopulandastradereterras ? Taliaqurerentes(sibienimforeCîeteracuroe) 230 flexSuperumtrepidarevetat, soholemque priori Pissimilempopulopromitlitoriginemira. ŒDISHERGITUB DILUVIO. V. Jamqueerat in lolassparsurusfulminaterras ; Sedlimuitne fortesacerlot ab ignibusrether Coneiperetflammas, longusqueardescerctaxis. 2JLJ Essequoquein fatisreminiscilurafforelempus, Quomare, quotellus, correptaqueregiacceli Ardeat, et mundimolesoperosalaboret. Telareponuntur, manibusfabricataCyclopum. Poenaplacetdiversa, genusmorlalesubmidis 2oU Perdere, et ex omninimbosdimitterecoelo. ProlinusoeoliisAquilonemclauditin anlris, Et quaxumquefuganlinduclasflaminanubes ; EmillitqueNolum.MadidisNotusevolatalis, Terrihilempiceatertus caliginevullum. 2fia LIVRE I, 15 sage terrible ; sa barbe est chargée de brouillards ; Fonde coule de ses cheveux blancs ; sur son front siègent les vapeurs ; l’eau dégoutte de ses plumes et de son sein. A peine a-t-il pressé de sa large main les nuages suspendus, que soudain éclate un horrible fracas, et des torrents se précipitent du haut des cieux. La messagère de Junon, nuancée de diverses couleurs, Iris pompe les eaux qui vont alimenter les nuages. Le laboureur éploré voit ses moissons renversées, ses espérances détruites, el le travail d’une longue année s’évanouit en un instant. Le courroux de Jupiter ne r : e borne pas aux ressources de son empire ; Neptune, son frère, lui prêle le secours de ses ondes. Il convoque les fleuves. Dès qu’ils sont accourus dans le palais de leur roi : « Une longue exhortation, dit-il, serait inutile en ce moment. Déployezvos fortes, il le faut ; ouvrez vos demeures souterraines, brisez vos digues, et donnez l’essor à toute la rapidité de vos flots. » Il dit. Les fleuves rentrent dans leurs retraites, repoussent leurs barrières, et d’un cours impétueux s’élancent dans l’Océan. Neptune lui-même frappe la terre de son trident. Elle s’ébranle, el, par celle secousse, ouvre les réservoirs des eaux. Les torrents débordés roulent à travers les campagnes, Barbagravisnimbis ; canisnuitundacapillis : Fronlesedentnebuloe ; rorantpennaîquesinusque. Ulquemanulalapendentianubilapressit, Fit fragor ; binedensifundunturab aHherenimbi. NunliaJunonisvariosindutacolores, 270 ConcipitIris aquas, alimenlaquenubibusaffert. Slernunlursegetes, et deploralacoloni Votajacent, longiquelaborpéritirritusanni. Neccne’ocontentasuo Jovisira, sedillum ,. rimruleusfraterjuvalauxiliaribusundis. 27.’i <"onvocathic amnes.Qui, postquamteclatyranni înlraveresui : « Nonest hortaminelongo Nunc, ait, utendum.Vireseffunditevestras ; Sicopusest ; aperitedomos, ac, moleremola, Fluminibusvestristolasimmiltitehahenas. » 280 Jusserat.Hi redeunt, ac fontibusora relaxant, Et defrenalovolvunturin oequoracursu. Ipsetridentesuo terrampercussit ; al illa Inlromuit, motuquesinuspatefteitaquarum. •Kxspatiala ruunt per aperlosfluminacampos, 2K.’< 10

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emportant à la fois les arbres, les moissons, les troupeaux, les maisons avec leurs habitants, les temples des dieux et les objets sacrés. Si quelque édifice est resté debout, et a pu résister à cet effroyable déluge, son faîte disparaît sous les eaux ; les tours chancellent el s’écroulent dans l’abîme. Déjà la terre et les flots n’offraient plus de différence. Tout était mer, et la mer n’avait plus de rivages. L’un occupe une colline ; l’autre se réfugie dans un canol, et promène "la rame dans les lieux où naguère il vient de conduire la charrue. Celuici vogueau-dessus de ses guérols et de sa chaumière submergée ; celui-là prend un poisson sur la cime d’un ormeau. Si on jelte l’ancre, elle s’arrête dans une verle prairie, el les barques louchent des coteauxcouronnésde vignes. Où la chèvre légère broulait naguère le gazon, repose maintenant le phoque monstrueux. Les Néréides sont surprises de voir sous les eaux des bois, des villes, des maisons. Les dauphins habitent les forêts ; ils bondissent sur leurs cimes, et se heurtent contre les chênes. Le loup nage au milieu des brebis ; Fonde emporte les lions et les tigres. Entraîné par le courant, le sanglier n’est pas plus préservé par Cumquesalisarbustasimul, pccudesquc, rirosquc, Tectaque, cumquesuisrapiuntpenetraliasaeris. Siqua domusmansit, potuitqueresisleretanlo Indejectamalo, culmentamenaltiorhujus Undatcgit, presstequelabantsubgurgilelurres. 200 Jamquemareet tellusnullumdiscrimenhabebant. Omniapontuseranl ; deerantquoquelilloraponio. Occupâthiccollem ; cymbasedetalleradunca, Et dueitremosillicubinuperararat. lïle suprasegeles, aut mersa : culminavilloe, 29J Navigat ; hic summapiscemdeprenditin ulmo. Figilurin viridi, si forslulit, anchorapralo ; Autsubjeclateruntcurvaivinetacarinje ; EL, modoquagracilesgramencarpserecapeline, Nnncibidéformesponuntsuacorporapbocoe. 500 Miranlursubaqualucos, urbesque, domosque, Néréides ; silvasquetenentdclphines, el altis încursantramis, agitataqueroborapuisant. Nallupusinteroves ; fulvosvehitundaleones ; Undavehiltigres ; necviresfitlminisapro, 503 LIVRE I. 17 ses formidables défenses que le cerf par ses jambes agiles ; et, après avoir longtemps cherché un asile pour se reposer, l’oiseau fatigué replie ses ailes et tombe dans la mer. Les plus hautes collines disparaissent dans l’immense débordement des ilôts, et le mouvant abîme, toujours croissant, bat le sommet des montagnes. La plus grande partie des humains périt dans le gouffre des eaux, el ceux qu’elles ont épargnés succombent aux longs tourments de la faim. La Pbocide sépare les champs d’Aonie de ceux qui avoisinent l’Œta, (erre fertile, tant qu’elle fut terre ; mais alors elle faisait partie de l’Océan, et n’était plus qu’une vaste plaine d’eau. Là un mont escarpé fend les airs de son double sommet. On l’appelle Parnasse. Son front s’élève au-dessus des nues. C’est là, quand la mer eut submergé tout le reste, que s’arrêta la petite nacelle qui portait Deucalionet sa compagne. Ils adressèrent leurs hommages aux Nymphes de Corycie, aux divinités de la montagne, et à Thémis, qui rendait alors des oracles. Jamais homme ne fut plus vertueux ni plus jusle que Deucalion ; jamais femme ne fut plus respectueuse que Pyrrha envers les dieux. Dès que Jupiter voit la terre changée en un vaste océan, dès qu’il voit que, de tant de Cruranecablalcprosuntvelociacervo ; Qnoesitisque diuterris, ubi sidèredetur, In marelassalisvolucrisvagadecidilalis. Obruerattumulosimmensalicentiaponli. Pulsabanlquenovîmontanacacuminafluclus. 510 Maximapars undarapîtur : quibusundapepercit, Illoslongadomantinopijejuniavictu. Séparâtaoniosaslaiisrbocisah arvis, Terraferax, dum terra fuit ; sedtcmporein illo Parsmaris, el latussuhitarumcampusaquarum. 5I ; > Monsibiverticibuspetit arduusaslraduobus, NomineParnassus, superatquecacuminenubes. Hicubi Deucalion(namcreloralexeratoequor), Cumconsorletort parvarate vectusadhrcsit, CorycidasNymphas, et numinamonlisadorant, 520 Fatidicamquc Themin, quoeluneoraclaIcnebal. Nonillomeliorquisquam, necamantioraiqui Virfuit, aut illa mefuenliorulladeorum. Jupiterut liquidisstagnarepaludibusorbem, 18 _

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milliers d’hommes el de femmes, il ne reste que ce couple innocent et religieux, il disperse les nuages au soufflede l’Aquilon, et montre la terre au ciel et le ciel à la terre. La mer apaise son courroux. Neptune dépose son trident et calme les ondes. Il appelle Triton, qui élevait au-dessus des abîmes ses épaules couvertes de rouges écailles, et lui commande de faire résonner sa conque bruyante, et de ramener par un signal les flots et les fleuves dans leur lit. Triton saisit à l’instant son instrument en forme de lube recourbé qui va s’élargissant d’une extrémité jusqu’à l’autre. A peine l’a-l-il animé de son souffle, que, du couchant à l’aurore, ses accents retentissent sur tous les rivages de la mer, Alors aussi, appliquée aux livres du dieu dont la barbe distillait encore l’eau, la trompe donvie le signal de la retraite prescrite par Neptune : et soudain elle est entendue sur les eaux qui couvrent la terre, comme sur celles de la mer. Partout où pénètrent ses sons, ils enchaînent les flots. La mer reconnaît enfin ses rivages ; les fleuves rentrent dans leur lit ; les ondes s’abaissent, les collinessemblent sortir du fond de l’abîme ; la terre se découvre, et tous les objets grandissent, à mesure que les eaux Et superessevidelde tôt modomillihusunum, , 52o Elsuperessevidetde tôt modomillibusunam, Innocuosambos, cultoresnuminisambos, Nubiladisjeeit, nimbisqueAquiloneremotis, Et coeloterrasoslendit, et rclberaterris. Necmarisira manet ; positoqueIricuspideLelo « >50 Mulcetaquasreclorpelagi.Supraqueprofundum’ Exslantem, atquenumérosinnalomunceteclum Cffiruleum Tritonavocat, eoncbrcque sonaci Inspirarejubet, fluctusqueet fluminasigno Jamrevocaredate.Cavabueeinasumiturilli 55 ; » Tortilis, in lalumquoeturbinecrescitabimo ; Buccina, quaimedioconcepitut aéraponto, Lilloravocereplet, sub ulroquejacenliaPîirebo. Tumquoque, ut ora dei madidaroranliabarba Contigit, et cecinitjussosinflatareceplus, 5-HJ Omnibusaudilaest telluriset tequorisundis ; Et quibusest undisaudita, coercuitomnes. Jammarelitlushabet ; plenoscapitalveusamnes ; Fluminasubsidunl ; collesexirevidenlur ; Surgithumus ; crescuntlocadecrescentibus undis. 54"< LIVRE I. 19 diminuent. Après de longsjours de désastres, les arbres montrent leurs cimes dépouilléeset, leurs feuilles limoneuses. DEDCALIOX ETPVRRIIAREPEUPLENT LATERRE. VI. L’univers renaissait. En le voyant transformé en un vaste désert où règne partout un profond silence, Deucalion fond en larmes, el parle ainsi à Pyrrha : « 0 ma sœur ! ô mon épouse ! seule femme échappée à la mort ! loi qui m’es unie par une même origine, par la parenté et par les nœudsdu mariage, aujourd’hui le danger resserre encorenos liens. De l’aurore au couchant nous formons seuls le genre humain ; la mer a enseveli tout le reste. Que dis-je ? en ce moment même, nos jours ne me semblent pas loul à fait en sûreté ; des nuages portent encore l’effroi dans mon âme. Chère Pyrrha, quel serait ton destin, si tu eusses échappé sans moi à ce grand naufrage ? Comment, seule, aurais-tu supporté tes alarmes ? qui t’aurait consoléedans ta douleur ? Pour moi, si lu avais péri dans les flots, lu peux m’en croire, je t’aurais suivie, ô mon épouse ! et la mer m’eût englouti avec toi. Puissé-je, par Postquediemlongamnudalacacurainasilvce Oslendunt, limumquetenentm fronderelictum. DEUCALION’ ETPVRRIIA IIITMAXBÎI BEFARAXT GEWTS VI. Peddilusorbiserat.Quempostquamviditinanem, Et desoiatasagerealta silentiaterras, Deueaiion, lacrymisita Pyrrhamaffaturoborlis : o.’itJ « 0 soror, o conjux, o feminasolasupersles, Quamcommunemihigenus.et patrueîisorigo, Deîndetorusjunxit ; nuncipsapericulajungunl ; Terrarum, quascumquevidentoccasusel orlus, Nosduoturbasumus ; posseditcoeterapoiitus. Z’J Xuncquoqucadhucvitfenon estfiducianostra1 Cerlasalis : terrenteliamnumnubilamenlem. Quidlibi, si sinemefalisereptafuisses, Nuncanimi, miseranda, foret ? quosolatimorem Ferremodoposses ? quo consolantedolores ? 5C’. Namqucego, credemihi, si le modopontushaberet, Tesequerer, conjux, et me quoqucpontushaherel. <20 MÉTAMORPHOSES. le même art que mon père, façonner Fargile el lui donner la vie pour renouveler le genre humain ! Seuls (ainsi Font voulu les dieux), nous survivons à la race des mortels, el seuls nous attestons qu’il exista des hommes. » A ces mots, ils répandent des pleurs. Ils songent à invoquer le ciel et à demander du secours aux oracles. Aussitôt ils se rendent anx bords du Céphise, dont les eaux n’étaient pas encore limpides, mais coulaient déjà dans leur lit. Ils versent l’onde sacrée sur leurs vêtements el sur leurs lêlcs ; puis ils dirigent leurs pas vers le sanctuaire de l’auguste déesse. Une mousse hideuse en couvrait le faite, el le feu ne brûlait point sur ses autels. A peine ont—ils touché les degrés du temple, qu’ils se prosternent l’un et l’autre la face contre terre, el baisent, en tremblant, le sol glacé. « Si les prières du juste, disent-ils, fléchissent les dieux et apaisent leur courroux, Thémis, enseigne-nous comment nous pourrons réparer la ruine du genre humain. Montre-toipropice, el daigne secourir notre infortune. » La déesse fut émue el rendit cet oracle : « Sortez du temple, voilez votre lêle, déliez voire ceinture, et jetez derrière vous les os de votre grande mère. » Ils restent longtemps 0 ulinampossimpopulosrepararepaleruis Artibus, atqueanimasformalreinfundereterra.’! Nuncgenusin nohisrestai morlaleduobus. 505 SicvisumSuperis, hominumqueexcmplaman ? mus.K Dixerat, et flebant.Placuitcoelesteprecari Numen, et auxiliumper sacrasquoereresortes. Nullamoraest : adeuntparitercephisidasundas, El nondumliquidas, sicjam vadanota secanles. 570 Indeubi libatosirroraverelîquores Vestihuset capili, ûectuntvestigiasanclce Addeiubradeoe, quorumfastigialurpi Squalebantmusco, stahanlquesineignibusaraï. L’ttempliteligeregradus, procumbitu’.erque 575 Pronushumi, gelidoquepavensdedilosculasaxo. Atqueila : c Siprecibus, dixerunt, numir.ajustis Viciarcmollescunl, si flecliturira deorum ; Die, Themi, qua gencrisdamnumreparabilenostri Arlesit, et mersisfer opem, mitissima, rébus. » 5S0 Motadeaest, sorlemqnedédit : « Disceditetemplo, El velalecapul, cinctasqueresolvitevestes ; 0 ? saqueposttergummagna1 jartateparentis. » LIVRE ï. 21 interdits. Pyrrha la première rompt le silence, et refuse d’obéir à la déesse. D’une voixtremblante, elle la supplie de lui pardonner : elle craint d’insulter aux mânes de sa mère en dispersant ses os. Cependantils réfléchissent aux paroles mystérieusesde l’oracle et les méditent. Enfin îe fils de Prométhée rassure ainsi la fille d’Ëpiméthée : ceOu mon esprit me trompe, dît—il, ou l’oracle est humain, et ne conseille point un sacrilège. Notre grande mère, c’est la Terre. Les pierres, dans ïe corps de la Terre, sont sans doute ses os qu’il nous ordonne de jeter derrière nous. » Quoique ébranlée par cette interprétation, Pyrrha incertaine n’ose encore espérer : tant ils se défient tous deux des célestes conseils ! Mais qu’avaient-ils à craindre en essayant ? Ils s’éloignent, voilent leur tèle, détachent leur ceinture, et, pour obéir à l’oracle, jettent des pierres derrière eux. Ces pierres (qui pourrait le croire, si l’antiquité ne l’attestait ? ) se dépouillent peu à peu de leur dureté, et, en se ramollissant, se prêtent à de nouvellesformes. Bientôtelles s’allongent, deviennent moins insensibles, et prennent imperceptiblement la figure humaine. Tel le marbre, sous les premiers Obstupuercdiu, rumpilquesilentiavoce Pyrrhaprior, jussisquedeasparèrerécusai ; 3SJ Detqucsibiveniampavîdorogatore, pavetquu Laîdercjactalismaternasossibusumbra ?. Inlerearepeluntcajcisobscuralatebris Yerbadalsesortissecum, intersequevolutaut. IndePromethidesplacidisEpimelbidadiclis 5UU Mulcet, et : « Autfallax, ait, est soiertianobis, Autpiasunt, nullumqucnefasoraculasuadcnl. MagnaparensTerraest ; lapidesin corporcTerne Ossarcordici : jactreliospostlergajubemur. » ConjugisaugurioquanquamTitaniamolaest, ô’fo Spestamenin dubioest : adeocceleslibusambu Biffiduntmonilis ! Sedquidtentarenocebit ? Discedunt, velantquecaput, tunieasquerecingunt, Et jussoslapidessua postvestigiamittunt. Saxa(quishoccredat, nisi sit protestevetustas ? ) —iO’J Ponereduritiemcoeperesuumquerigorem, Mollirique mora, mollitaqueducereformani. Mox, ubi creverunt.naturaquemitiorillis f.ontigil, ut quaidam, sicnonmanifesta, videri Formapolestliominis ; sed uti demarmoreccepto -405 2’2

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coups de ciseau, n’offre qu’une ébauche imparfaite. La partie des pierres où un suc liquide se mêle à la substance terreuse se métamorphoseen chair ; la partie solide, que rien ne peut ramollir, se change en os ; les veines conservent la même forme el le même nom. En quelques instants, par la volonté des dieux, les pierres que lança Deucalionrevêtirent la forme de l’homme, el les femmes naquirent des pierres jetées par la main de Pyrrha. Voilà pourquoi nous sommes une race dure— et infatigable : tout en nous révèle notre origine. APOLLON TUELESERPENTPVTHON’. VII. La terre créa spontanémenl les autres animaux avec diverses formes. Lorsque l’eau déposée dans son Sein se fut échauffée aux rayons du soleil, el que la chaleur eut mis en fermentation le limon des marais, le germe fécond des êtres, nourri par un sol vivifiant, s’y développa, comme dans le sein maternel, el prit an y séjournant une forme particulière. Ainsi, quand le Nil fécond quitte les campagnesencore humides et ramène les eaux dans leur Nonexactasalis, rudibusquesimillimasignis. Qutctamenex illisaliquoparshumidasucco, El lerrenafuit, versaest in corporisusum ; Quodsolidumest, Hectiquenequil, mulaturin o^sa ; Quodmodovenafuit, subeodemnominemansil. 410 Inquebrevispalio, Superorumnumine, saxa Missavirimauibusfaciemtraxerevirilem, Elde femineoreparataest femiuajactu. Indegenusdurumsumus, experiensquelaborum, Et documentadamusqua simusoriginenali. ilS PÏTIIOXEJI ÀPOLLO IXTERFIC1T. Vil. Coeleradiversislellusanimaliaformis Sponlesua peperil.Poslquamvelushumorab igné Percaluitsolis, coenumque udtcquepaludes lnlumuereoestu, fecundaquescminarerum, Vivacinutrilasolo, ceu matrisin alvo 120 Crevcrunt, faciemquealiquamcepercmoraudo. Sicubi deseruitmadidosscplcmfluusagros Nilus, et autiquosua fluminareddiditalvco, LIVRE I. ’23 ancien Ut, les ardeurs du soleil échauffent le limon récemment déposé par le fleuve. Alors le laboureur, en retournant la glèbe, trouve un grand nombre d’animaux ; les uns à peine formés et au moment même de leur naissance ; les autres imparfaits, n’ayant pas encore tous leurs membres ; souvent, dans le même corps, une partie vit déjà, tandis que l’autre est une argile grossière. L’humidité et la chaleur combinées sont, en effet, la cause productrice des êtres ; et, quoique le feu soit opposé à l’eau, la vapeur humide engendre tout. Cette union de principes contraires est la source de la génération. Aussitôt que la terre, couverte du limon laissé par les eaux, eut ressenti le feu vivifiant des rayons solaires, elle produisit des animaux sans nombre, rendit aux uns leur ancienne forme, et donna aux autres des formes nouvelles. Elle t’enfanta aussi contre son gré, immense Python ! Serpent inconnu jusqu’alors, lu fus pour les nouveaux habitants du globe un objet de terreur : tant tu occupais d’espace sur la montagne ! Le dieu armé de l’arc, et dont les flèches n’avaient jamais été dirigées que contre les daims et les chevreuils timides, l’accabla de mille traits ; il épuisa presque son carquois pour donner la .ïtherioquorecensexarsilsidèreliinus, Plurimaculturesversisanimaliagiebis i2ô Inveniunt ; et in bis qutedammodocoepta, sub ipsum Nascendispatium ; quoedamimperfecla, suisque Truncovidentnumeris ; et eodemin corporesiepe Altéraparsvivit, rudiset parsalleralellus. Quippe, ubi lemperiemsumpserebumorquecalorqnc, 150 Coucipiunt, el ab his oriunturcunctaduobus ; Quumquesit ignisaquajpugnax, vaporhumidusomnes Rescréât, et discorsconcordiafoelihusaptaest. Ergoubidiluviotelluslutulenlarccenli Solibusielheriis, altoquerecanduilajslti, 155 Ediditinnumerasspecies, parlimquefiguras Reltulilautiquas, parlimnovamonstracreavit. iila quidemnollct, sedte quoquc, maximePylhon, Tumgeuuil ; populisquenovis, incoguilaserpens, Terrercras : Inuturnspaliide montelencbas ! -U0 lianedonsarciteneus, et nunquamtalibusannis Anlc, nisiin dauiiscapreisquefugacibus, usus ; Millegraventlelis, cxbauslaptenepharelra, 24

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mort au monstre, dont les larges blessures laissaient échapper un noir venin ; el, afin de perpétuer la gloire de cet exploit, il institua des jeux qui attiraient un nombreux concours. Cesjeux furent appelés Pythiens, du nom même de ce serpent tombé sous ses coups. Là, de jeunes athlètes, vainqueurs au pugilat, à la course à pied ou à la course des chars, recevaient pour récompense une couronne de chêne. Le laurier n’exislail pas encore ; et, pour fixer sa longue chevelure autour de sa belle tète, Apollon se servait des feuilles d’un arbre quelconque. DAPUNÉ CUAKGÉE ES LAURIER.. Y11I.Le premier objet des amours d’Apollon fut Daphné, lilio du Pénée. Sa passion naquit, non d’un aveugle hasard, mais de l’implacable ressentiment de l’Amour. Le dieu de Délos, fier d’avoir triomphé du serpent Python, l’avait vu tendre les cordes de son arc flexible : « Folâtre enfant, lui dit-il, qu’y a-l-il de commun entre toi el ces terribles armes ? Le carquois esl l’ailpour les épaules du dieu dont les traits infaillibles percent les ennemis ellesbèies sauvages, du dieu qui naguère a terrassé, sous une grêle de IlèPerdidil, effusupcr vuUicranigraveueno. Neveoperisfamampossitdelercvelustas, iij Insliluitsacroscelebricerlainineludos, Pytliiade domilaîserpeulisnominediclos. Hisjuvenumquicumquemanu, pedibusve, rolavc Vkcrat, oesculea ; capiebatfrondishonorem. Nondumlauruscrat, iongoquedeCenliacrine ’-9 Temporacingebalde qualibetarborePboebus. DAPIINK IKLAURUJI CON’VERSA. VIII. PrimusamorPhoebiDaphnepeneia, queinnon Forsignaradédit, sedsa ; vaCupidinisira. Dcliushunenuper, viciaserpentesuperbus, Vidcratadductoflectentemcornuanervo : « Quidquetibi, lascivepuer, cumforlibusarjn : s ? Diseral : ista décenthumerosgestaminanoslros ; Quidarecertaferai, darevulnerapossumushosti ; Quimodo, pestiferoloi jugeraventreprementem, LIVRE I. ’25 ches, le monstrueux Python, dont le corps gonflé de poisons couvrait tant d’arpents. Conlente-toi d’allumer avec la torche je ne sais quels feux, et. garde-toi d’usurper ma gloire. » Le fils de Vénus lui répond : « Ton arc, Apollon, peut tout frapper ; le mien le frappe toi-même. Tu peux triompher de tous les animaux, mais la gloire le cède à la mienne. » A ces mots, il fend l’air de ses ailes rapides, el s’arrête sur la cime ombragée du Parnasse. De son carquois il lire deux flèches d’une vertu différente : l’une chasse l’amour, l’autre le fail naître. Celle-ciesl en or ; sa pointe est acérée et brillante : celle-là est émoussée et garnie de plomb. Le dieu lance ce dernier trait à la fille du Pénée ; avec l’autre, il blesse Apollonjusqu’au fond du cœur. Aussitôlil ressent l’amour ; maisDaplmérefuse le nom d’amanle. Emulede la chasle Diane, elle meltait son bonheur à poursuivre dans les forêtsles bêtes sauvageset àse parer de leurs dépouilles.Unebandelette retenait ses cheveuxépars. Plusieurs demandèrent sa main. Maissa farouche indépendance dédaigna leurs vœux.Ellene se plaisait qu’à parcourir les bois solitaires, sans s’inquiéler de l’amour ni Slravimusinnumeris, lumidumPylhona, sagiltis. io’O Tu face, nescioquos, esloconteutusamores Irritaretua ; nec laudesassereuoslras. «  FiliushuicVeneris : « l’igatluus omnia, Phcebc, Temeusarcus, ait ; quanloqueanimaliacedunl Cunclalibi, lanto minorest lua glorianostra. » 4u’5 Dixit, et elisopercussisaèrepennis ImpigerumbrosaParnassicoustititarec ; Eqnesagilliferaprompsilduo tela pbarelra Diversorumoperum.Fugathoc, facitilludauiorem. Quodfacit, auratume ? t, et cuspidefulgetacula ; 47u Quodfugat, oblusumest, et habetsubarundinepiumbum. Hocdeusin nympbapeneidefixit ; at illo Lxsitapollineastrajeclaperossamedullas. Prolinusaller amat ; fugitaltéranomenamanlis, Silvarumlatebris, caplivarumque ferarum 475 Exuviisgaudejis, innuptrequeoemulaPboebes. Villacoercebalpositossine legecapillos. Multiillampetierc.111aaversatupetenlcs, Impatiensexpersqueviri, nemorumavialustrai ; NecquidHymen, quidAmor, quidsinlconnulra, curai. 480 ’2 ’20 MÉTAMORPHOSES. du joug de l’hymen. Souvent son père lui disait : « Ma fille, tu me dois un gendre. » Souvent il lui disait encore : « Mafille, tu me dois des pelits-fils. » Les belles joues de Daphné se couvraient alors d’une chaste rougeur. Elle repoussail le flambeau de l’hyménée avec autant d’horreur qu’un crime, et, suspendue au cou de son père, qu’elle pressait de ses douces étreintes : « Laissemoi, disait-elle, , ô mon père ! jouir à jamais de ma virginité. C’est une faveur que Jupiter accorda jadis à Diane. » Son père veut exaucer ses vœux : « Maisla beauté, lui dit-il, s’oppose à tes désirs : ils sont combattus par les charmes. » En proie à l’amour, Apollonbrûle de s’unir à Daphné, qui vient de frapper ses regards. Cequ’il désire, il l’espère ; mais il est dupe de ses propres oracles. Semblable à la paille légère qu’on brûle, quand on Fa dépouillée des épis, ou bien pareil à ces haies qui s’aliument, si la torche du voyageur en approche trop près, ou y est déposée aux premiers rayons du jour, Apollonest dévoré par sa passion : tout son cœur s’embrase, et l’espoir nourrit sa stérile flamme. 11contemple les cheveux de Daphné flottant sans art autour de son cou. « Que serait-ce donc, dit-il, s’ils élaienl tressés ? » 11voit ses yeux éliuceler comme deux astres brillants ; il voit sa bouche gracieuse, Sa : pcpalerdixil : « Gencrummihi, filia, debes. «  Saipepalerdixit : s Debesmihi, nata, nepoles. » 111a, velutcrimen, trcdasexosajugales, Pulcbraverecuudbsuffundiluroraruborc ; lnquepatrishlandishaïrenseervicelacerlis : 185 « Damibiperpétua, gcnilorcarisshnc.dixil, Virginilatefrui.DcdithocpaleranlcPianie. » 111equidemobsequitur : « Sedle décorisle, quodoptas, Essevelat, votoquetuo tua formarépugnât. » Phcebusamat, visoequccupilconnuhiaDapbucs ; -itîO Qutequecupit, sperat, suaqueillumoraculafaîlunt. Utquelevésstipulaidemptisadoleuturai\stis ; 01facibussepesardent, quasforlevialor Velnimisadmovil, veljam sublucereiiquitj Sicdeusin flammasabiit ; sicpcctorclolo 495 Urilur, et sterilemsperandonulril amorem. Spectatinornaloscollopendcrecapillos, Et : « Quid, si comanlur ? » ait. Vidctignémicanes, Sideribussimilesoculosjvidctosculajquainon LIVRE I. 27 qu’il ne lui suffit pas do voir ; il admire ses doigts, sa main, ses bras, qui montrent jusqu’au-dessus du coude leurs formes arrondies. Danssa pensée, les charmes cachés sont plus ravissants encore. Plus légère que le vent, elle fuit d’un pas rapide. En vain il la rappelle ; il ne peut la retenir. « Nymphe du Pénée, je t’en conjure, arrête. Ce n’est pas un ennemi qui te poursuit. Arrête-loi, Nymphe.La brebis fuit devant le loup, la biche à l’aspect du lion, et un vol précipité dérobe la colombe aux serres de l’aigle : chacun se soustrait à son ennemi. Mais, si je m’élance sur tes traces, l’Amour en esl cause. Je suis bien malheureux ! Ah ! puisses-tune pastomber ! puissent les ronces ne pas déchirer tes pieds délicats ! Que je voudrais t’épargner de •ladouleur ! Les sentiers où tu cours sont rudes. Modèretes pas, •je t’en conjure ; suspends la fuite ; je modérerai moi-même mon ardeur. Apprends du moins quel est celui que lu as charmé. Je ne suis ni un habitant des montagnes, ni un pâtre hideux, chargé du soin des bœufs ou des brebis. Insensée, lu ne sais pas, non, lu ne sais pas qui tu fuis ; et c’est pour cela que tu fuis. Delphes, Claros, Ténédos et la royale Patare reconnaissent mes lois. Jupiter est mon père. Je révèle le passé, le présent, l’avenir. C’esl Estvidissesalis.Laudatdigilosqus, rnanusque, 500 Brachiaque, et nudosmédiaplusparlelacertos. Si qua latent, meliorapulat.Fugitocioraura 111alevi, nequead lnecrevocanlisverbaresistit : « Nympha, precor, pcnei, mane : noninseqnorhoMis. Nympha, mane.Sicagnalupum, siccervaleoncm, 505 Sicaquilampennafugiunttrépidantecolurnba1, Iloslesquaiquesuos.Amorest mihicausascquendi. Memiserum ! ne pronacadas, indignavelaidi Crurasecentsentes, et simtibicausadoloris. Aspera, qua properas, locasunt.Moderatius, oro, 510 Curre, fugamqueinhibe ; moderatiusinsequaripse. Cuiplaceas, inquirelamen.Nonincolamoiilis, Nonegosum pastor ; nonhic armenla, gregesvn Horridnsohservo.Nescis, temeraria, nescis Quemfugias ; ideoquefugis.Mihidelpbicalellus, 515 Et Claros, el Tenedos, patarieaqueregiaservit. Jupiterest genitor.Per me, quoderitque, fuitque, 28

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moi qui marie la voix aux accords de la lyre. Mesflèchesportent d’inévitablescoups ; mais il en est une plus inévitablequi a blessé mon cœur jusque-là fermé à l’amour. J’ai inventé la médecine. L’univers me proclame son sauveur, et la puissance des simples m’appartient. Hélas ! il n’est point d’herbe capable de guérir l’amour ;’et le père des arts utiles au genre humain n’en relire luimême aucun fruit. » Il veutparler encore ; mais la filledu Pénée fuit d’un pas timide el l’abandonneavant la fin de son discours. Qu’ellelui parut belle alors ! Les vents soulevaient ses vêtements, et se jouaient en sens contraire dans les plis de sa robe ; une brise légère faisaitflotter sur son cou ses cheveux épars, et la fuite rehaussait l’éclat de sa beauté. Le jeune dieu n’a plus la force de lui adresser en vain —deâ paroles de tendresse. Emporté par l’amour, il la poursuit avec ardeur. Tel un chien gaulois qui aperçoitun lièvre s’élance dans la plaine pour le saisir, tandis que sa proie cherche à se sauver. Le chien semble déjà s’en emparer. Le cou tendu, il dévore sa trace. Le lièvre esl sur le poûit d’être pris ; mais il évite la dent de son ennemi près de l’atteindre. Tel est le dieu, telle est la Estque, palet.Perme concordantearminanervis. Certaquidemnostraest, nostralamenuna sagilta Certior, in vacuoqucevulnerapectorefecit. 520 Invenlummedicinameumest, Opiferque perorbem Dieor, et berbarumsubjeetapotentianobis. Hei ! mihi, quodnullisamorest medicabilisberbis ! Necprosuntdomino, quaiprosuntomnibusartes ! J » PluralocuturumtimidoPeneiacursu 525 Fugit, cumqueipsoverbaimperfeclareliquit. Tumquoquevisadecens : nudabantcorporaventi, Obviaqueadversasvibrabantfiaminavestes, El ïevisimpexosrétrodabatauracapillos ; Auctaqueformafugaest. Sedenimnonsuslinelultra 530 Perdrreblanditiasjuvenisdeus ; niquemovehat Ipseamor, r.dmissosequilurvestigiapassu. Ft canisin vacuolcporemquumgailicusarvo Vidit, et hicpraidampedihuspetit, illesalutem. Allerinbresurosimilis, jamjamquelenere 555 Sperat, et extentostringilvestigiaroslro ; AHerin amhiguoest, an sit deprcnsus, et ipsis Morsihus eripitur, tangentiaqueorarelinquil. LIVRE I. 20 Nymphe. Ils volent, poussés, l’un par l’espérance, l’autre par la crainte. MaisApollon, porté sur les ailes de l’Amomyest infatigable et plus agile. Bientôt il va tenir la vierge fugitive : son haleine effleureses cheveuxflottants. Cependantles forces de Daphné s’épuisent. Ellepâlit, elle cède à la fatigue d’une fuite précipitée, et, jetant ses regards sur les eaux du Pénée : « 0 mon père ! ditelle, viens à mon aide, si toutefoisles fleuvesont quelque pouvoir. 0 terre ! engloutis-moi, ou, par une métamorphose, détruis celte beauté trop séduisante qui m’expose à l’outrage. » A peine a-l-elle achevé sa prière, qu’un lourd engourdissement, enchaîne ses membres ; son sein délicat se couvre d’une écorce légère ; ses cheveuxse changent en feuilles el ses bras en rameaux ; son pied, naguère si agile, s’enracine dans le sol ; sa tête devient la cime d’un arbre : son éclat seul lui reste. Phébus l’aime encore. Il pose la main sur sa-tige, et, sous la nouvelle écorce, il sent palpiter un cœur. Il l’embrasse, comme un corps vivant ; il la couvre de baisers ; mais la tige les refuse. « Si tu ne peux être mon épouse, lui dit alors le dieu, tu seras du moins l’arbre d’Apollon. Laurier, tu pareras toujours ma. chevelure, ma lyre, mon Sicdeuset virgoesl : Jiicspe celer, illa timoré. Quitameninsequilur, pennisadjulusAmoris, 540 Ociorest, requiemquenegat, lergoquefugaci Imminel, et crinemsparsumcervicibusafflat. Viribusabsumptîsexpalluitilla ; cita ? que , Vicialahorefugoe, spectanspeneidasundas : « Fer, paler, inquit, opem, si fluminanumenbabelis. 545 Quanimiumplacuit, Tellus, aut hisce, vel istam, Quaifacit, ut ltedar, mutandoperdefigurant. » Vixprecefinira, torporgravisalligatartus. Molliacingunlurlenuiproecordialibro ; In frondentcriées, in raraosbrachiacrescunt ; 550 Pes, modotamvelox, pigrisradicibushîeret ; Oracacumenobit : remanelnitor unus in illa. HancquoquePhcebusamat, positaquein slipitedextra, Sentitadhucïrepidarenovosub coriieepectus. Complcxusque suisramos, ut membra, lacertis, 555 Osculadat ligno ; refugitlamenosculalignum. Cuideus : « Atconjuxquoniammeanonpotesesse, Arboreriscerte, dixit, mca.Sempcrhabebunt Tecoma, le citharai, te noslrai, laure, pharetrai. 50 MÉTAMORPHOSES. carquois. Tu serviras d’ornement aux guerriers du Latium, lorscrue retentiront les cris joyeux de la victoire et que le Capitule verra se déployer ses pompes triomphales. Gardienne fidèle du palais des Césars, tu en ombrageras les portes ; lu protégeras la couronne de chêne suspendue près de loi ; el, comme ma chevelure brille d’une éternelle jeunesse, ton feuillage conservera toujours sa fraîcheur. i> Dès qu’Apollon eut cessé de parler, le nouveau laurier s’inclina, et paru ! agiter sa tèle en signe d’approbation. MÉTAMORPHOSE Il’lO ENGÉNISSE ET DESÏBINXENP.OSEAU. — KORT D’ARGUS. — NAISSANCE D’ÉPAPIJUS. IX. Il est dans l’Hémonieune vallée qu’une abrupte forêt enclôt de toutes parts : on l’appelle Tempe. C’est à travers celle vallée que, sorti des flancs du Pinde, le Pénée roulé ses ondes écumeuses. Sa bruyante cascade soulève un brouillard qui se dissipe en vapeurs légères, et retombe en pluie sur la cime des arbres. Le bruit faliganl de ses eaux retentit au loin. C’est le séjour, la retraite sacrée du fleuve puissant ; c’est là qu’assis au fond d’un Tu ducibuslatiisoderis, quumloefa, Iriumphum 560 Vo.xcanet, el longasvisentCapiloliapompas. Poslibusaugustiseademfidissimacustos Anteforesstabis, mediamquetueberequercum. •Utquemeumintonsiscaputesljuvénilecapillis. Tu quoqueperpetuossempergèrefrondishonores.* 565 FinieratPaian.Factismodolaurearamis Annuit, utquecaput, visaest agitassecaeumen.

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INVACCAM, SYMNX INARUXDINEM.ARGUS NECATUn. NASCITUIt KPAPROS. IX. EstncmusHaimonife, prairuplaquodundiqueclaudit Silva.VocantTempe, per quaiPcneus, ab imo F.fùisusP"indo, spumosisvolvilurundis, 5~0 Dejectuquegravitenuesagifantiafnmos Nubilaconducil, summasqueasperginesilvas Jmplnit, cl sonituplusquamvicinal’atigat. Haiediiinus, baîcscilr-s, hcccsunt penelraliamagni -’ » ~5 AmnisIn hoc, residensfactode cautihnsantro, LIVRE I. 51 antre taillé dans le roc il dicle des lois aux ondes et aux Nymphes qui les habitent. Là se réunissent d’abord tous les fleuves de la contrée, incertains s’ils doivent féliciter ou consoler le père de Daphné. C’étaient le Sperchius, couronné de peupliers, le fougueux Énipée, le vieil Apinadus, le paisible Amphryse el l’Eas. Bienlôt accourent d’autres fleuves, qui, emportés par leur cours impétueux, et las de leurs détours, apportent à la mer le tribut de leurs eaux. Inachus seul est absent. Renfermé dans sa grotte, il grossit les flots de ses larmes. Au comble du malheur, il pleure lo, sa fille, comme s’il l’eût perdue. Il ne sait si elle vit encore, ou si elle est descendue chez les ombres. Mais, ne la trouvant nulle pari, il pense qu’elle n’existe plus. Son imagination lui fait même craindre de plus grands malheurs. Jupiter avait vu lo revenir du fleuve qui lui donna le jour : « Jeune beauté digne de Jupiter, el donl la couche doit rendre heureux je ne sais quel mortel, va dans les bois jouir de la fraîcheur, lui dit-il en lui montrant l’ombrage des arbres. La chaleur est vive, et le soleil occupe le plus haut point de sa course. Si lu crains de pénétrer seule dans la demeure des bêtes sauvages, protégée par un dieu, tu pourras l’avancer jusqu’au fond des bois. Je ne suis pas un dieu Undisjura dabat, Nympbisquecoîentibusundas. Conveniuntilluepopulariafluminaprimum, Neseiagralentur, consolenturneparentem, PopuliferSpercheos, et irrequietusEnipeus, Apidanusquesenex, lcnisqueAmphrç’sos et.€as ; 5SO Moxqueamncsaiii, qui, qua tulit impetusillos, In marededucuntfessaserrorihusundas. Inachusunusabest, imoquereconditusanlro Fletibusaugetaquas, natamquemiserrimusîo Luget, utamissam.Nescit, vitanefrualur, ,’; S5 Ansit apudmânes.Sedquamnon invenitusquam, Essepulat nusquam, atqueanimopcjoraverelur. Viderata patrioredeuntemJupiterlo Flumine.el : « 0 virgoJovedigna, luoquebealum Nescioquemfacturatoro, peto, dixerat, timbras 59ti Aitorumnemorum, et nemorummonstravrraltimbra, Dumcalot, et niediosol est allissimusorbe. Quodsi solalimeslalebrasintrareferarmn, Prirsidetnfa deonemorumsecrelasubibis. 32 MÉTAMORPHOSES. vulgaire : je porte le sceptre puissant des cieux ; c’est moi qui lance la foudre dans les airs. Ne me fuis pas. » Elle fuyail en effet. Déjàelle avait dépasséles pâturages de Lerne et les plaines de Lyrcée, parsemées d’arbres. En ce moment, Jupiter dérobe lo à tous les yeux dans un nuage qui enveloppeau loin la terre, l’arrêle dans sa fuite et triomphe de sa pudeur. CependantJunon abaisseses regards sur la campagne.Elles’étonne qu’un nuage passager ail répandu les ombres de la nuil au milieu du jour. Elle voit que ce n’est pas une vapeur sortie d’un fleuve ou de la surface humide du sol. Elle cherche d’un œil inquiet où esl son époux ; car elle sail combiende fois il fut coupable d’amours illégitimes. Ne pouvant le trouver dans le ciel : « Je m’abuse, dit-elle, ou je suis outragée. />Du haut de FEmpyrée elle s’élancesur la terre, et commande à la nue de se dissiper. Jupiter avait prévu l’arrivée de son épouse, el avail changé la fille d’Inachus en une superbe génisse. Elle est encore belle sous celte forme. Junon l’admire, quoiqu’à regret. Elle s’informe à qui elle appartient, de quel pays elle est, el de quel troupeau, comme si la vérité ne lui était pas connue. Pour mettre fin à ces Necde plèbedeo, sedqui eoelestiamagna 595 Sceplramanuteneo, sedqui vagafulminamitto. Nefugeme ; » fugiebatenim.JampascuaLernse, Consilaquearborihus Lyrceiareliqueratarva ; Quumdeusinduclalalascaliginelerras Occuluit, lenuitquefugam, rapuitquepudorem. 000 IntereamediosJunodespexitin agros, Etnoclisfaciemnehulasfecissevolucres Subnitidomiratadie, nonfiuminisillas Esse, nechumentisentittellureremitti ; Atquesuusconjux, ubi sit, circumspicit, ul quai ij05 Deprensitotiesjamnossetfurla mariti. Quemposlquamccelononrepperit : « Autegofallor, .Autegolaidor, » ait ; delapsaqueab oelheresummo, Conslitilin terris, nehulasquerccederejussil. Conjugisadventumpraisenserat, inquenitenlem 010 Inachidosvultusmutaveratillejuvencam. Dosquoqueformosaest. SpeciemSalurniavaccai, Quanquaminvita, prohat ; necnonet cujus, el unde ; Quovesit armento, veriquasinescia, qnrciil. LIVRE I. 53 questions, Jupiter imagine de dire qu’elle est sortie de la terre. Junon la demandecomme un don. Quelparti prendre ? Il est cruel de livrer l’objet de son amour ; mais un refus serait suspect. La honte lui suggère une résolution ; l’amour l’en détourne. Lahonte eût cédé à l’amour ; mais un don si léger, une génisse refuséeà sa sœur, à la compagnede sa couche, peut faire croire que ce n’est pas une génisse. Maîtressede sa rivale, Junon n’est pas délivréede toute inquiétude. Elle craint Jupiter et de nouveauxlarcins, jusau’à ce qu’elle ait préposé à la garde d’Io Argus, fils d’Arestor. Cent yeux couronnaient sa tête : deux se fermaient tour à tour ; les autres veillaient, sentinelles toujours attentives. Quelle que fût la place d’Argus, ses regards tombaient sur lo ; elle était sous ses yeux, lors même qu’il se tournait du côté opposé.Le jour, il lui permet de paîlre ; mais, quand le soleil est caché sous l’horizon, il l’enferme et attache à son cou d’indignes liens. Les feuillesdes.arbres et des herbes amères lui servent de nourriture ; la couche où repose l’infortunée, c’est la terre que le gazon ne couvre pas toujours ; elle a pour boissonune eau bourbeuse. Veut-ellesupplier Jupitere terragenilammenlilur, ut auclor 615 Desinatinquiri.PetitbancSalurniamunus.. Quidfacial ? Grudelesuosaddicereamores ; Nondare, suspeclum.Pudorestqui suadeatillinc ; Ilinedissuadetamor.Yicluspudoressetamore ; Sed, levési munussœucgencnsquetorique 620 Vaccanegarelur, poteralnonvaccavideri. Pellicedonata, nonprotinusexuitomnem Divamelum, timuilquejovem, et fuitanxiafurti. DonecArestoridre servandamtradiditArgo. L’entumluminibuscinctumcaputArgushabebat. 025 Indesuisvicibuscapiebantbinaquielem ; Ceteraservabant, atquein stationemanebanl. Consliteratquœumquemodo, spectabalad lo : Anteoculoslo, quamvisaversus, habebat. I.ucesinitpasci.Quumsoltelluresuballaest, C30 Maudit, et indignocircumdatvinculacollo. Frondibusarboreis, et amarapascitnrberba ; Proquetoro, terrai, nonsempergramenhabenti, Incubâtinfelii, limosaquefluminapolat.  ! H .

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Argus et lui tendre ses bras, elle ne les trouve plus. Veut-ellese plaindre, des mugissementss’échappent de sa bouche ; elle en redoute le bruit : sa voixl’épouvante. Elle s’approche aussi des rives qui furent souvent le théâtre de ses jeux, des rives de F’Inachus. Dès qu’elle aperçoit ses cornes dans Fonde, , elle frissonne et recule d’effroi. Les Naïadeset Inachuslui-même ignorent qui elle est. Elle suit son père et ses sœurs, se laisse caresser el s’offre d’elle-mêmeà leurs regards surpris. Le vieil Inachus cueille des herbes et les lui présente. Elle lèche ses mains, couvre de baisers les bras de son père, , et ne peut retenir ses larmes. Si elle pouvaitparler, elle implorerait son secours, elle dirait son nom et ses malheurs. Mais, à défaut de paroles, des caractères tracéspar son pied sur la poussière ont révélé sa fatale métamorphose. « Malheureuxque je suis ! » s’écrie Inachus ; et il reste suspendu aux cornes de la génisse plaintive et à son cou d’albâtre. « Malheureux que je suis ! s’écrie-t-ilencore. Es-tu bien ma fille que j’ai cherchée dans le monde entier ? Avantde t’avoir trouvée, ma douleur était plus légère qu’au moment où je le revois. Tu gardes le silence ; la voix IllaeliamsupplexArgoquumhrachiavellct 655 Tendcre, nonhabuitquaihrachiatenderetArgo ; Conatoque querimugilusediditore, Perlimuilquesonos, propriaqueexterritavoceest. Venitet ad ripas, ubiluderesaipesolebal, Inachidasripas.Novaqueut conspexitin unda 640 Cornua, pertimuit, sequeexternatarefugil. N’aidesignorant, ignorâtet Inachusipse, Quaisit.Atillapalremsequitur.sequilurquesorores, Et paliturtangi, sequeadmiranlibusoffert. DecerptasseniorporrexeratInachusherbas. 645 Illa manuslambit, patriisquedat osculapahnis, Necretinetlacrymas ; et, si modoverbasequanlur, Oretopem, nomenquesuum, casusqueloquatur. Pilleraproverbis, quampesin pulvereduxit, Corporisindiciummulalitristeperegit. 650 « Memiserum ! *exclamaipalerInachus ; inquegemenlis t’ornibus, et niveaipendenscervicejuvencai, « Memiserum ! ingeminal.Tunees quoesitaperomnes. Nata, mihiterras ? Tu noninventareperta Lucluseraslevior.Relices, nec muluanoslris 655 LIVRE i. 35 ne repaie ! pas à la mienne. Seulement, du fond de Ion cœur s’échappent des soupirs ; el tout ce que tu peux, c’est de répondre à mes paroles par des mugissements. Et moi, ignorant ton destin, je préparais pour loi la couche nuptiale et les flambeaux d’hyménée ! J’espérais un gendre et des neveux. Maintenantc’esl dans un troupeau que tu dois chercher un époux, c’esl là que tu dois chercher des enfants ; et la mort ne peut mettre un terme à mon chagrin immense ! Je souffre d’êlre immortel. La mort me ferme ses abîmes, el ne laisse à nia douleur d’aulres bornes que l’éternité ! » C’esl aùisi que s’exhale son chagrin. Argus, dont les yeux sont comme autant d’étoiles, éloigne lo, l’arrache des bras .d’un père, et l’entraîne dans d’autres pâturages. Ensuite il va se poster à quelque distance, sur le sommet d’une montagne, d’où il promène partout ses regards. Le maître des dieux ne peut voir plus longtemps la sœur de Phoronée accabléed’une si grande infortune. Il mande le fils que lui donna une brillante Pléiade, el lui ordonne de livrer Argus au trépas. Au même instant, Mercure attache ses ailes à ses pieds, saisit sa baguette puissante qui répand le sommeil, cl revêt sa tête d’un casque. Ainsi paré, il s’élance des deux vers la terre. Là il Dictarefers ; allôtantutususpiriaducis Pectore ; quodqueunum pôles, ad meaverbaremugis. Atlibi egoiguarusthalamosUedasqueparabam ; Spesquefuit generimihi prima, secundanepotum." Degregenunclibi vir, nuncdegregenatushabendus. 66U Necfinircliceltantosmihimortedolores. Sednocetosscdeum ; proeclusaque janualeti .Sternumnoslrosluctusextendilin oevum ! » TaliamoerentistcllalussubmovetArgus, Ereptamquepatrîdiversain pascuanalani 665 Abslrahit.Ipseproculmontissublimecacumeit Occupai, undesedeusparlesspeculclurin opines. NecSuperumreclormalalantaPhotouidosultta Ferrepotesl, natumquevocal, quemlucidaparlu IMeiase/isa csl, leloquedet, imperal, Argumr 670 Parvamoracsl, alaspedibus, virgamquepolenti Sonmiferam sumpsissemanu, tegiraenquecapillis. Ihccubidisposuit, palriaJovenatusab arce Uesilitin terras.Illislegimenqueremovil. 50

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quille son casque, dépose ses ailes et ne garde que sa.baguetlc. Sous l’extérieur d’un berger, il conduit avec elle, à travers un chemin détourné, les chèvres qu’il a enlevées en se rendant auprès d’Argus. Il fabrique un chalumeau et se met à chanter. Ces accents nouveaux ravissent le ministre de Junon. « Etranger, qui que tu sois, dit Argus, lu peux te reposer avec moi sur ce rocher. Nulle part les troupeaux ne trouvent de plus gras pâturages, el lu vois que celle ombre est propice aux bergers. » Le petit-fils d’Atlas s’assied ; il charme par de longs entretiens les heures qui s’écoulent ; el, par ses chants unis aux sons du chalumeau, il cherche à endormir la vigilance d’Argus. Celui-cilutte contre les douceurs du sommeil qui a déjà fermé quelques-uns de ses yeux. Cependant il veille encore. La flûte venait d’être inventée. Il demande comment elle fut découverte. Le dieu lui répond : « Au pied des frais coleaux de PAreadie, parmi les Ilamadryades de Nonacris, était une Nymphe célèbre, ïes compagnes l’appelaient Syrinx. Plus d’une fois elle avait échappé aux poursuites des Satyres el des autres dieux qui habitent les bois sombres ou les plaines de cette contrée fertile. Et posuilpeunas ; tanlummodovirgaretentaest. 675 Hacagit, ut pastor, per déviarura capellas, Dumvenitabduclas, et slrucliscanlatavenis. VocenovacapluscusLosjunonius : c Atlu, Quisquises, hocpolerasmecumconsidèresaxo, Argusail, nequeenimpecorifecundiorullo 6SU Herbalocoest, aplamquevidespastoribusumbram.* SeditAllanliades, et euntemmullaloquendo Delinuitsermonediem.junctisquecanendo Vincerearundinibusservaulialuminatentai. 111ctamenpugnalmollesevinceresomnos ; 685 El, quamvjssoporest oculorumparlereceplus, Parlelamenvigilat ; quoeritquoque(namquereperla Fislulanupercral), quasit rationereperla. Tumdeus : « Arcadia ; gelidissub montibus, iuquit, luler Hamadryadas celeberrimanonacrinas, 6HU Najasunafuit.NymplneSyringavocabanl. Nonsemelel Satyroseluseralilla sequenles, Et quoscumquedeosumhrosavesilva, feraxvc lius babet.Ortygiamsludiis, ipsaquecolcbat LIVRE I. 37 Vouéeau culte de Diane par son goùl pour la chasse el par sa chasleté, elle en portait aussi le costume. Onl’eût confondueavec la fille, de Latone et prise pour elle, si elle n’avait porté un arc de corne, tandis que celui de la déesse est en or ; et même on s’y trompait encore. Au moment où elle revient du mont Lycée, Pan, le front hérissé d’une couronne de pin, la voit et lui parle en ces termes… » Il lui restait à rapporter les paroles du dieu, à dire comment ses vœuxfurent dédaignéspar la Nymphe, qui s’enfuit à travers des sentiers inconnus, jusque sur les bords sablonneux du paisible Ladon ; comment, parvenue là et arrêtée par les eaux, elle conjura ses sœurs de se dépouiller de leur fluidité pour prendre une forme nouvelle ; comment le dieu, croyant saisir déjà la Nymphe, à la place du corps de Syrinx, n’embrassa que des roseaux et leur confia ses Soupirs ;’comment aussi l’air agité dans les roseaux, ayanl produit un son léger, semblable à une plainte, le dieu, charmé du nouvelinstrument et de son harmonie, s’écria : « Voilà le lien de notre éternelle alliance ! » enfin commentdes roseaux, de grandeur inégale, unis par la cire, conservèrent le nom de la jeune Nymphe.Mais, au moment de faire ce récit, Mercure voit les yeux d’Argus se fermer, el le sommeil Virginilaledeam ; ritu quoquccinctaDiana : 695 Falleret, el credipossetLalonia, si non Corneusbuicarcus, si nonforetaureusilli. Sicquoqucfallebat.Redeunlemcollelycaio l’an videtbauc, pinuquecaputpraicinclusaeuta, Taliaverbarefert… » Restabatverbareferre ; 700 Et precibusspretisfugisseperaviaNympham, UonecarenosiplacidumLadonisad amnem Ycueril ; hicilli cursumimpedieulibus undis, Utse mutarent, liquidasorassesorores ; I’anaque, quumprensamsibijamSyringapularct, 70b CorporeproNymphaicalamostenuissepalustres ; Duinqueibi suspirat, motosin arundineventos Effccissesonumtenuem, similemque querenti ; Arlenova, vocisquedeumdulcedinecaplum : « Hocmihiconciliumlecum, dixisse, mauebit ; » "10 Atqueila disparibuscalamiscompagniecène lnlerse junctisnomenleuuisscpuelkc. Taliadiclurus, viditCylleniusomues Succubuisseoculos, adopertaqueluminasomno. 38

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appesantir ses paupières. Soudain il se lait, et rend son sommeil plus profond en promenant sur ses yeux sa baguette magique. Aussitôtla tête d’Arguss’incline. Mercurela frappe avec sa serpe à l’endroit où elle se joint au cou ; puis, il la jette toule sanglante contre un roc escarpéqu’elle rougit. Argus, le voilà donc sans vie. Elle est éteinte, celte lumière qu’absorbaient tes regards, et les cent yeux ne plongent plus que dans l’éternelle nuit. La fille de Saturne les recueille, en parsème les plumes de l’oiseau qui lui est consacré, et les répand sur sa queue comme autant de pierreries étincelantes. Junon éclateaussitôt, et sa colère n’admet point de relard. Elle offrel’horrible Tisiphone aux yeux et à la pensée de PArgienneaimée de Jupiter, et lui inspire une aveugle fureur qui l’emporte errante dans tout l’univers. O Nil ! lu restais pour dernière limite à ses immenses fatigues ! Apeine a-t-elle touché les eaux du fleuve, à peine a-t-elle plié les genoux sur ses bords, que son cou se penche en arrière et sa lête se dresse. Nepouvant élever que ses regards vers le ciel, elle les y tient fixés. Par des soupirs, des. pleurs el un mugissement lamentable, elle semble se plaindre à Jupiter et lui demander la fin de ses maux. Le dieu presse son Supprimitextemplovocem, firmatquesoporem, 715 Languidapermulcensmedicataiuminavirga. Necmora, falcatonulantemvulneratense, Quacolloconfinecaput, saxoquecruenlum Dejicit, et maculâtpneruptamsanguinecautem. Arge, jaces, quodquein lot Iuminalumenbahebas 720 ExstincU’"îest, centumqueoculosnoxoccupâtuna. Excipitïios, volucrisquesuaiSaturniapeunis Collocat, et gemmiscaudamstellantibusimplet. Protinusexarsit, nectemporadislulitirai, Horriferamque oculisanimoqueobjecitErinnyo 725 Pellicisargolica :, stimulosquein peclorecoecos Condidil, et profugamper totumlerruitorbem. l’itimusimmensoreslabas, Nile, labori.* Quemsimulacleligil, positisquein margincripai Procubuitgenibus, resupinoquearduacollo, 750 Quospoluit, soloslollensad sidéravultus, Etgemilu, et lacrymis, et luclisonomugilu CumJovevisaquericsl, linemqueoraremalorum. LIVRE I. 50 épouse dans ses bras, èl la conjure de mettre un terme à sa vengeance. « Ne t’inquièle pas de l’avenir, lui dit-il ; jamais celle rivale ne te causera de chagrin. » Et il veut que le Slyx recueille sa promesse. Junon s’apaise. Io reprend sa première forme, el devienl ce qu’elle fut autrefois. Ses poils tombent, ses cornes disparaissent, l’orbite de ses yeux se rétrécit, sa bouche se resserre, ses épaules et ses mains reprennent leur place, ses pieds s’allongent en cinq orteils ; enfin elle ne conserve de la génisse que son éclatante blancheur. Deuxpieds suffisentà la Nymphe.Ellese redresse : mais elle n’ose parler, dans la crainte de mugir comme une génisse. Elle ne hasarde que des paroles interrompues et timides. Déesse aujourd’hui, elle reçoit les hommages de prêtres nombreux revêtus de lin. On lui donne pour fils Épaphus, né, dit-on, du sang illustre de Jupiter. L’Egypte a joint ses autels à ceux de sa mère. D avait le même caractère et le même âge quePhaéthon, fils duSoleil. Unjour celui-ci, par jactance, ne voulut pas céder à Epaphus, qui s’enorgueillissait d’avoir Phébus pour père. Le petit-fils d’Inachus fut indigné de ses prétentions. « Insensé ! lui dit-il, tu crois aux imConjugisillesuaiconiplexuscollalacertis,. Finiatut poenastandem, rogat : « Inquefùlurum Poncmetus, inquit, nunquamlibicausadoloris Uaiccril ; » et stygiasjubethocaudirepaludes. Utlenitadea est, vulluscapitilla priores, Fitque, quodanlefuit.Fugiunle corporeselai, Cornuadecrescunt, fitluminisarctiororbis, Conlrahiturrictus, redcuntnumériquemanusque, Ungulaquc in quinosdiîapsaabsumiturungucs. Debovenil superesl, formainisi candor, in illa. Oflicioque pedumNymphecontentaduorum Érigilur, metuilqucloqui, ne morejuvencai Mugiat, et timideverbaintermissaretentat. Nuncdealinigeracolilurceleberrnnalurha. UuicEpaphusmaghigenitusdescniiuetandem CrcdiluresseJovis, perqueurbesjunclapatent : Templatenel.Fuithuicanimisaiqualiset onnis SolesatusPhaethon, quemquondammagnaloquentem, Necsibicedentem, Pboeboque parentesuperbum, Nonlulillnacbides, « Malrique, ait, omniadémens 50

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postures de la mère, et tu le glorifiesd’un père qui n’est pas le lien ! » Pbaéthon rougit ; la honte étouffe sa colère ; il court dénoncer cet affront sanglant à Clymène. « Pour comble de douleur, ô ma mère ! dit-il, moi, si indépendant et si fier, j’ai dû garder le silence. Quelopprobre ! j’ai reçu un tel outragesans pouvoir le repousser ! Ah ! si je suis du sang des dieux, effacela tache imprimée à mon illustre origine, el montre que le ciel esl ma patrie ! » A cesmots, ilsejette au coude samère ; illaconjure par sa tête, par celle de Méropset par l’hymen de ses sœurs, de lui faire connaître son père à des signes certains. Touchée des prières de Pbaéthon, ou peut-être plus sensible encore au crime qui lui est imputé, Clymènelève ses bras au ciel, et, les yeux fixés sur le soleil : it Au nom de cel astre, océan de lumière, qui nous écoule el nous voit, je le jure, ô mon fils ! dit-elle, le Soleil que lu contemples, le Soleilqui règle le monde, est ton père. Si je t’abuse, que ses rayons ne se montrent plus à moi, et que ce jour soit pour moi le dernier ! Il ne le sera pas difficilede connaître le palais où tu es né : les portes de l’Orienttouchent à celte contrée. Si lu le désires, monte, et interroge le Soleillui-même. » Credis, el es tumidusgenitorisimagine, falsi. » ErubuitPhaelbon, iramquepndorerepressit, 755 ELluiitad Clymenen Epaphiconviciamalrem. « Qudquemagisdoleas, genilrix, ait, illeegoliber, 111cferoxlacui.Pudetha : copprohrianobis El dicipotuissc, et nonpotuisserepelli. Altu, si modosumcoelestistirpecreatus, 7G0 Edenotamtantigeneris, mequeasserecoelo. » Dixil, -climplicuilmalernohrachiacolio, Perquesuum, Meropisque caput, toedasquc sororum, Tradcrct, oravit, verisibisignaparentis. Ambiguum, ClymèneprecibusPhaelbontis, an ira 765 Molamagisdictisibicriminis, ulraquecoelo Hrachiaporrexit, spectansqueadIuminasolis : « Perjubarhoc, inquit, radiisinsignecoruscis, Nate, tibijuro, quodnosauditqucvidetque ; Hocte, quemspectas, hocte, quitempéraiorbem, 770 Solesalum.Sifictaloquor, negetipsevidendum Semihi, sitqueoculisluxislanovissimanostris. Neclonguslaborestpatrioslibinossepénates : Undeorilur, domusestterraiconlerminanostrte. Si modol’enanimus, gradere, el scilabereah ipso. » 775 LIVRE I. 41 A ces parolesde sa mère, Pbaéthon, transporté de joie, se croit déjà dans les cieux. Il franchit l’Inde et l’Ethiopie, en proie à tous les feux du soleil, et parvient en toute hâte aux lieux que son père éclaire de ses rayons naissants. Emicatextemploiaitusposttaliamatris DictasuaiPbaéthon, el concipitaitherameule ; ^Elbiopasque suos, positosquesub ignibnsIndos Sidereistransit, patriosqueaditimpigerorlus. LIVRE DEUXIÈME PIIAETIIOX DEMANDE A CONDUIRE LE CHARDUSOLEIL. — FRAPPEDELA FOUDRE, ILESTPRÉCIPITÉ DUCIEL. — SESSŒURS SONTCHANGÉES ENPEUPLIERS. I. Le palais du Soleils’élevait sur de hautes colonnes, tout brillant d’or, tout élincelant du feu des pierreries. Un ivoire éclatant en couronnait le faîte, et ses doubles portes d’argent rayonnaient d’une lumière éblouissante. L’art surpassait la matière. Le ciseau de Vulcainy avait représenté l’Océanqui enveloppela terre, la terre elle-même et l’immense voûte des cieux, les dieux de la mer, l’harmonieux Triton, le changeant Protée, Egéon pressant de ses bras les énormes baleines, Doris el ses filles. Les unes semblent nager ; les autres, assises sur un roc, font sécher leurs cheveux LIBER SECUNDUS PIIAETIIOX CURSUS SOURISIMPERIU5I ADDIEÏIPETIT. — FULMINE PF.RCUSSUS F.CŒLO DEJICÏTUR. — J’HAETIIOSTIS SOROT.ES IXPOPULOS NUTANTIT,. I. PiogiaSoliseratsublimibusalla columnis, Claramicanteauro, flammasque imitantepyropo. Cujusebur nitidumfasiigïssummatencbat ; Argentibiforesradiabantluminevalva ;. Materiemsuperabatopus ; namMulciberillie .*> jKquoracaïlarat, médiascingentiaLcrras, Terrarumqueorbem, ccelumque, quodimminetorbi. Cferuleoshabctundadeos : Tritonacanorum. Trotoaqueambiguum, balrcnarumque premenlem /Ega ; onasuisimmaniatergalacertis, . M) Doridaque, et nalas, Quarumparsnare videnlur, Parsin molesedensviridessiccarecapillo ?  ; LIVRE II. ’•' d’azur ; quelques autres voguent sur des poissons. Toutes, sans avoir le même visage, ont.un air de ressemblance qni convientà des sœurs. Sur la terre figurent les hommes, les villes, les foréls, les bêtes sauvages, les fleuves, les Nymphes, el toutes les divinités champêtres. Au-dessus s’élève la sphère brillante des cieux : six constellationssont placées à droite elsix à gauche. Déjàle fils de Clymènea gravi le sentier qui conduit à ce palais. Parvenu dans la demeure de celui qu’il avait hésité à reconnaîlre pour son père, il porte soudain ses pas vers lui ; mais il s’arrête à une certaine dislance pour n’être pas offusquéde son éclat. Couvert d’un manteau de pourpre, Phébus était assis sur un trône resplendissant, d’émeraudes. A droite et à gauche se lenaienl les Jours, les Mois, les Années, les Sièclesel les Heures séparées par des intervalleségaux. Ony voyaitdeboutle Printemps, couronné de fleurs nouvelles ; l’Été nu, portant des guirlandes d’épis ; l’Automne, tout noirci des raisins qu’il a foulés, et le glacial Hiver, hérissé de cheveux blancs. Au milieu de tant de merveilles, le jeune Phaélhon est vivement frappé de la nouveauté de ce spectacle. Le Soleil jette sur lui ce regard qui embrasse l’univers. Piscevebiquaidam.Facièsnonomnibusuna, ^\ecdiversatamen, qualeindecetessesororum. Terraviros, urbesquegeril, silvasque, ferasque, 15 Fluminaque, et Nymphas, el caileranuminaruris. Haiesuperimposilaest coelifulgentisimago, Signaquescxforihusdexlris.totidemquesinistris. Quosimulacclivoclymeneialimiteproies Venit, et inlravitdubitatiteclaparentis, 211 Protinusadpalriossuafert vesligiavullus, Consislilque procul ; nequeenimpropioraferebat Elimina.Purpureavelatusvestesedebal In soliorhoebus, Clarislucenlesmaragdis. Adcxlralaivaque, Dies, el Mensis, et Annus, 25 s.’eeulaque, et posilaispatiisoequalibus Hor.T. Verquenovumslabai, cinctumilorenlecoron.’!  ; Stabatnuda/Estas, et spiceasériagerebat ; Stabatel Autumnus, calcatissordidusuvis, EtgiacialisUiems, canoshirsulacapillos. 5(1 Indelocomédius, rerumnovilatepavcnlem Saloculisjuvenern, quibusaspicitomnia, vidil.  ! À

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« Quel motif ramène en ces lieux, lui dit-il, el qu’y viens-tu chercher, Pbaéthon, ô mon fils ! toi que Ion père ne saurait désavouer ? s II répond : « Flambeau du monde, ô Phébusi ô mon père ! si vous me permettez de vous donner ce nom ; si Clymène ne cache point sa faute sous une apparence trompeuse ; auteur de mes jours, prouvez-moipar un gage infaillible que je suis votre fils, et délivrez-moidu doute qui m’agite. » Il dit. Son père dépose les rayons qui brillent autour de sa lête, l’invite à s’approcher davantage, et, le pressant dans ses bras : « Non, dit-il, lu ne dois pas être désavoué par moi. Clymène ne t’a point trompé sur ta naissance ; et, pour que tu n’en doutes pas, demande-moiun gage quelconque de ma tendresse : lu l’obtiendras. J’en atteste le fleuve par lequel jurent les dieux et que mes yeux ne voientjamais. » Aces mots, Pbaéthon demande la permission de diriger un seul jour le char du Soleilet de conduire ses rapides coursiers. Son père se repent de sa promesse, el, secouant plusieurs fois sa lête rayonnante : « Ta demande, dit-il, a rendu mon serment téméraire. Que ne puis-je le retirer ! Je l’avoue, c’est la seule « Quaiquevioelibicausa ? quidbac, ait, arcepetisli, Progenies, Phaelbon, haudinficiandaparenti ? «  111erefert : c 0 lux immensipublicamundi, 55 Phoebepaler, si dashujusmihinominisusum, NecfalsaClymèneculpamsubimaginecelât ; Pignorada, genitor, perquaitua veraprdpago Credar, et huneanimiserroremdetrahenoslris. » Dixerat.Atgenitorcircumcaputomnemicantos 40 Deposuitradios, propiusqueaecederejussit ; Amplexuque dato : « Nectu meusessenegari Dignuses, et Clymèneveros, ait, ediditortus. Quoqueminusdubites, quodvispetemunus, ut illud, Metribuente, feras.Promissistestisadeslo .15 Disjurandapalus, oculisincognilanoslris. » Vixbenedesierat, currusrogatillepalernos, Inquediemalipedumjus c ! moderamenequorum, Poenituitjurassepalrem, milerquequalerque Concutiens illustrecaput : c Temeraria, dixil, 50 Voxmeafactatuaest. Utinampromissaliccrel Nondare ! confiteor, solumhoctibi, natp, negarem. chose que je le refuserais, ô mon fils ! Je puis du moins te dissuader. Ton vœu n’est pas sans péril. Phaéthon, la tâche où tu aspires est grande : elle ne convient ni à tes forces ni à ta jeunesse. Ton destin est d’un homme, ton ambition est d’un dieu. Sans le savoir, tu veux f arroger une prérogative que n’ont pas même les immortels. Qu’ils soient fiers de leurs privilèges, j’y consens ; mais nul autre que moi n’a le droit de s’asseoir sur mon char de feu. Le maître de l’Olympe lui-même, dont la puissante main lance la foudre terrible, ne saurait le conduire ; et cependant qu’y, a-t-il de plus grand que Jupiter ? La route, à l’entrée de la carrière, est escarpée. À peine, le matin, mes coursiers rafraîchis par le repos peuvent-ils la gravir. Au milieu du ciel, sa hauteur est immense. De ce point, souvent saisi moi-même de terreur, je n’ose jeter les yeux sur la terre et les flots. À son déclin, la pente est abrupte et demande une main sûre. Quand j’y suis parvenu, Téthys, qui me reçoit dans ses ondes, tremble toujours de m’y voir précipité.

« Que dis-je ! le ciel est soumis à une éternelle révolution qui entraîne et fait rouler les astres dans un cercle rapide. Je monte en sens opposé, résistant au mouvement qui emporte tous les

Dissuaderelicet.Nonest tua Inta volunlas. Magnapelis, Pbaéthon, et quasnecviribusislis Muneraconveniant, neclampuerilibusannis. 55 Sorstua mortalis ; nonest morlalequodoptas. Plusetiam, quamquodSuperiscontingercfas sit, Nesciusaffectas.Placeatsibiquisquelicebit ; Nontamenigniferoquisquamconsislerein axe Mevaletexccplo.VasliquoquerectorOlympi, 60 Quiferaterrihilijaculaturfulminadextra, Nonagatboscurrus ; et quidJovemajushabemus ? Arduaprimaviaest, et qua vixmanerécentes Enitanturequi.Medioest allissimacoelo, tîndemareet terrasipsi mihisaipevidere Gj Fittimor, et —pavidatrépidâtformidinepeelus. Ultimapronavia est, et egetmoderaminecerto. Tuneetiam, quaimesubjectisexcipitundis, Neferarin proeceps, Telhyssoletipsavereri. a Adde, quodassiduarapiturverliginecoelum, 70 Sideraquealla trahit, celeriquevoluminetorquet. .Nitorin adversum, necme, qui caitera, vincil 40

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corps célestes, et mon char s’avance par une route contraire. Suppose qu’il te soit confié. Que feras-tu ? Pourras-tu lutter contre l’impétueux mouvement, des pôles el de l’axe des cieux ? Peut-être Ion imagination y place-t-elle des bocages, des villes, des maisons, des temples enrichis d’offrandes. Loin de là : partout des pièges et des monstres sauvages. Lors même que tu ne dévierais pas un instant, il te faudra passer à travers les cornes du taureau tourné du côté de l’Orient, l’arc du Centaure, la gueule menaçante du Lion, les redoutables pinces du Scorpion qui embrassent un long espace, et le Cancer qui couvre l’espace opposé. D’ailleurs, mes coursiers, brûles par le feu qu’ils exhalent de leurs poumons, de leur bouche et de leurs naseaux, ne sont pas faciles à gouverner. Quand leurs esprits s’échauffent, a peine souffrent-ils que je les dirige : leur fougue résiste au frein. « ’Prends garde, ô mon fils ! je l’accorderais une funeste faveur. Puisqu’il en est temps encore, modère tes désirs. Pour l’assurer que tu es issu de mon sang, tu réclames un gage certain : je le l’accorde en tremblant, et mes alarmes paternelles prouvent que l.n es mon fils. Voismon visageattristé ! Que ne peux-tu lire aussi Impelus, el rapidocontrariusevehororbi. Fingedaloscurrus.Quidagas ? poterisnerotatis Obviusire polis, ne te cilusauferataxis ? 75 Forsitanet ïucosillic, urbesque, domosque Concipiasanimo, delubraqueditiadonis Esse.Per insidiasiter esl, formasqueferarur.i ; Utqueviamteneas, nulloqueerroreIraharis, PerlamenadversigradicriscornuaTauri, 8(1 Ihomoniosque arcus, violentiqueora Leonis, Saivaquecircuilucurvautembracbialongo Scorpion, atquealitercurvantemhrachiaCanertîm. Nectihiquadrupèdesanimososignibusillis, Quosin pectorehabenl, quosore el naribuseiïlanl, s5 In prompluregereest. Vixmepatiunlur, ut acre ? lncalucreanimi, cervixquerépugnaihabenis. « Atlu, funesline sim tihimunerisauctor, Natc, cave ; dumresquesinit, tua corrigevota. Scilicet, ut noslrogenilumle sanguinecredas,

! M 

Pignoraccrlapelis ; do pignoraecrfalimendo, Et palriopaleressemetuprobor.Aspicevultus l>re meos, ulinnmqueornlosin pnrlorapn^r » s LIVRE II. 47 dans mon cœurpour y découvrir les soucis qui le dévorent ! Enfin jette les yeux sur tous les biens du monde ; demande un des trésors que renferment le ciel, la terre et la mer : îu n’éprouveras point de refus. Je n’excepte qu’une seule chose, qui, à vrai dire, est moins un don qu’un châtiment ; oui, c’est un châtiment. Phaéton, et non une grâce que tu demandes. Insensé ! pourquoi me serrer tendrement dans les bras ? N’en doute point, je l’ai juré par les eaux du Slyx : les vœuxseront exaucés ; mais puissent-ils être plus sages ! » Tels furent ses derniers avis. Rebelle à la voix de son père, Phaéton persiste dans sa résolution et brûle de diriger son char. Après avoir hésité longtemps, Apollon conduit enfin son fils près du superbe char, présent de Vulcain. L’essieu, le timon et le contour des roues étaient d’or, et les rayons d’argenl. Des topazesel des pierreries semées avec art sur le joug réfléchissaientle vif éclat du Soleil. Tandis que l’ambitieux Phaéton admirait la merveilleuse beautéde l’ouvrage, soudain l’Orient s’empourpre de feux, et la vigilanteAurore ouvre les portes de son palaisjonché de roses. Les étoilesfuient ; Lucifer rassemble leur essaim, et disparaît le Inserere, el palriasintusdeprenderecuras ! Denique, quidquidhabetdives, circumspice, mundu= ; 95 Equetôt ac tantiscoeli, Icrroeqne, marisque Poscebonisaliquid : nullampaliererepulsam. Depreeorhocunum, quodveronominepcena, Nonbonorest ; poenam, Phaetbon, promunere, posci^. Quidmeacollatenesblandis, ignare, l2cerlis ? 100 Nedubita, dabitur, stygiasjuravimusundas, Quodcumque optaris ; sedtu sapientiusopta. » Finieratmonitus.DiclisLamenille répugnât, Propositumque tenet, flagralquecupidinecurrus. Ergo, qua licuit, genitorcunclatus, ad altos 105 Deducitjuvenem, vulcaniamunera, currus. Aureusaxiserat, temoatireus, aureasummai Curvaturarolse ; radiorumargenteusordo. Perjugacbrysolithi, positaiqueexordinegemmai, ClararepercussoreddebantIuminaPhoebo.

! IO 

Dumqueea magnanimusPhaelhonmiratur, opusqne Perspicit, eccevigilrutilopalefcritab ortu PurpureasAurorafores, et plenarosarum Atria.Diffugiuntstellaî, quarumagminaeogit. 48 MÉTAMORPHOSES. dernier de la voûle éthérée. Apollonvoit la terre el le ciel étinceler de rubis, et la lune effacerjusqu’aux extrémités de son croissanl. Aussitôt il commande aux Heures agiles d’atteler ses coursiers. Docilesà ses ordres, les promptes messagères détachent de leur crèche, pour les soumettre au frein, les coursiers vomissant la flamme, et repus d’ambroisie. Le dieu répand alors une essence divine sur le front de son fils, afin qu’il puisse supporter les brûlantes atteintes du feu, et couronnesa tète de rayons. Tuis, laissant échapper de nouveau des soupirs qui présagent son deuil, il reprend ainsi : « Maintenant, du moins, si tu peux suivre les conseilsd’un père, ménage l’aiguillon, ô mon fils ! et serre fortement les rênes. Mes coursiers se précipitent d’eux-mêmes ; la difficultéest de modérer leur ardeur. Évite de diriger ta route le long de la ligne qui coupe les cinq zones. Tracéen ligne oblique el formantune large courbe » un sentier s’ouvre, circonscrit dans les limites des trois zones du milieu. Fuis le pôle austral ainsi que l’Ourse unie aux aquilons, et marche dans cette voie. Les roues de mon char y ont laisséune visible empreinte. Si lu veux dispenser au ciel et à la terre une E-ucifer, et coelistalionenovissimusexit. 115 Atpalerut terras, mundumquerubesccrevidit, Cornuaqueextremtevelutevanescere lunai, JungereequosTitanvelocibusimperatIloris. Jussadeaiceleresperagunt ; ignemquevomenlcs, Ambrosïa ; succosaturos, praisepîbusaltis 120 Quadrupèdesducunt, adduntquesonanliafrcna. Tumpalerorasuisacromedicaminenati Gonligit, el rapidtefecilpalicntiaflammai ; Imposuitquecornairadios, praisagaqueInclus Pectoresoilicitorepetenssuspiria, dixil : 125 « Sipôleshicsallemmonilisparèrepaierais, Parce, puer, stimulis, et fortiusulereloris. Spcntesua properant ; laborestinbihercvolantes. Nectihi direclosplaceatviaquinqueper areus. Sectusin obliquumest latocurvaminelimes, 150 Zonarumquetriumcontenlusfine, polumque Effugiloauslralem, junctamqueaquilonibusArclon. Hacfit iter ; manifestarotaivestigiacernes. Utqueferantoequoset crelumet terracalores, égale chaleur, maintiens le char dans un juste degré d’élévation. Trop haut, tu embraserais le ciel ; trop bas, tu incendierais la terre. Le chemin le plus sûr est entre les deux extrêmes. Prends garde que le char ne l’emporte à droite dans les nœuds du Serpent, et à gauche vers la région inclinée de l’Autel. Reste à une égale distance de ces deux constellations. Je confie le reste à la Fortune. Puisse-l-elle se montrer propice et veiller mieux que loi sur les jours ! Tandis que je te parle, la Nuit humide es) parvenue aux confins de l’Hespérie. Nous ne pouvons plus tarder. On nous attend. Le flambeau de l’Aurore a dissipé les ténèbres. Saisis les rênes, ou plutôt, si ta résolution n’est pas inébranlable, profite de mes avis, et renonce à mon char, tandis que tu le peux, tandis que tes pieds foulent encore la terre et que tu n’es pas encore dans le char où t’appelle un désir insensé. Contente-loi de jouir en sûreté de la lumière, et laisse-moi la dispenser au monde. » Phaéthon, avec toute la fougue de la jeunesse, s’élance sur le char léger et s’y tient debout. Il se plaît à manier les rênes qui lui sont, confiées, et rend grâces à son père, qui lui cède à regret. Cependant les rapides coursiers du Soleil, Pyroeis, Eoiis, Necpremc, necsummummolireperselheracurrum. 155 Alliusegressus, coelesliateclacremabis ; Inferius, terras : mediolulissimusibis. Neute dexteriortortumdeclinetin Anguetn, Nevesinisleriorpressantrola ducatad Arant. Interulrumquetene.Forlunaicaîleramando ; I’, 0 Quaijuvet, et melius, quamtu tihi, consulat, opto. Dumloquor, hesperiopositasin liltoremêlas Humidanoxtetigit.Nonest moralibéranobis. Poscimur : effulgettenebrisAurorafugatis. Corripeloramanu ; vel, si mutabilepeclus

! i.’i 

Estlibi, consiliis, noncurribus, uterenoslris, Dumpotes, et solidiscliamnumscdibus.adstas, Dumquemaieoptatosnondumpromisinsciusaxes. Quailulusspecles, sinemedareIuminaterris. » Occupâtillelevemjuvenilicorporecurrum, 150 Slatquesuper, manibusquedatasconlingerehabenas Gaudet, et invitogratesagitindeparenti. InlereavolucresPyroeis, Eous, el Million, 50 MÉTAMORPHOSES. Ethon et Phlégon, vomissant la flamme, remplissent l’air de leurs hennissements, et frappent de leurs pieds les barrières. A peine Télhys, ignorant la destinée de son petit-fils, les a-t-elle écartées pour leur ouvrir un champ libre dans l’immensité des cieux, que soudain ils prennent leur essor. Balancésdans les airs, leurs piedsfendent les nues, et, portés sur leurs ailes, ils devancent les vents sortis de la même région. Maisle char était léger ; les coursiers ne pouvaientle reconnaître ; le joug n’avait plus son poids ordinaire. Commeon voit vacillerun navire qui manque du lest convenable, comme il erre sur les ondes, ballotté sans cesse à cause de sa trop grande légèreté ; le char du Soleil, privé de son poids, bondit au haut des airs. A ses profondes secousses, on dirait un char vide. Dès que les coursiers s’en aperçoivent, ils se précipitent, abandonnent le sentier battu, et ne courent plus dans l’ordre accoutumé. Pbaéthon frémit : il ne sait de quel côté tourner les rênes confiées à ses soins ; il ne connaît point sa roule ; el, quand il la connaîtrait, pourrait-il commander aux coursiers ? Alors, pour la première fois, les Trions, toujours glacés, s’échauffèrent aux rayons du soleil, et voulurent, mais en vain se plonger dans les flols qui leur sont interdits. Placé près du pôle. Solisequi, quarlusquePhlegon, binnitibusauras Flammiferisimplent, pedibusquerepagulapuisant. 155 QuaiposlquamTethys, falorumignaranepotis, Reppulit, et factaestimmensicopiamundi, Corripuereviam, pedibusqueper aéraniolis Obstanlesfmdunlnebulas, pennisquelevati Praitereuntorlosisdemde partibusEuros. ICO Sedlevéponduserat, nec quodcognoscerc possenl Solisequi, solitaquejugumgravitatecarebat. Utquelabantcurvaijuslo sinepondèrenaves, Perquemareinslabiiesnimiaievilalcferuntnr ; Siconereinsuelovacuosdatin aérasaltus, 1G5 Succutilurque alte, siinilisqueest currusinani. Quodsimulac sensere, ruunt, Iritumquerelinquunt Quadrijugispatium, nec, quoprius, ordinecurrunt. Ipsepavet, necquaeommissasfleclalbabenas,

! Necscitquasit iter ; nec, sisciai, imperelMis. 

170 TumprimumradiisgehdicaluereTriones, Et vetilofrustratenlarunltequoretingi. Qua ? que poloposilaest glacialiproximaSerpens, LIVRE H. 31 glacial, le Serpent, jusque-là engourdi, sans danger pour personne, puisa dans la chaleur une fureur nouvelle. Toi aussi, Bouvier, lu t’enfuis, dit-on, d’effroi, malgrétalenteur à conduire ton chariot. Du haut du ciel, le malheureux Phaélhon voitla terre s’étendre au loin dans un horizon immense. Il pâlit ; ses genoux tremblent soudain ; et, dans un océan de lumière, les ténèbres couvrent ses yeux. Oh ! qu’il voudrait n’avoir jamais guidé les coursiers de son père ! Qu’il regrette de connaîtreson origine et d’avoir obtenu sa demande ! Il aimerait bien mieux être appelé fils de Mérops.Il erre, tel qu’un vaisseau emporté par le souffle impétueux de Borée, quand le pilote vaincu abandonne le gouvernail, se confiant aux dieux et à des prières. Que doit-il faire ? Derrière lui se trouve un grand espace des cieux déjà parcouru ; devant lui, un espaceplus grand encore : sa pensée les mesure l’un et l’autre. Tantôt il regarde le couchant, que le Destin ne lui permet pas d’atteindre ; tantôt il jette les yeux vers l’orient. Quelparti prendre ? il l’ignore, et reste immobile d’effroi. Il ne peut ni lâcher ni serrer le frein ; il ne sait pas même le nom des coursiers. Mille prodiges épars çà et là dans les diverses régions du ciel et des monstres énormes le glacent de frayeur. Frïgorepigraprius, necformidabïlis ulli, Incaluit, sumpsiiquenovasfervoribusiras. 175 Te quoqueturbatummemorantfugisse, Boote, Quamvislarduseras, et te tua plauslratenebant. Ut verosummodespexitab oethereterras ïnfelisPbaéthon, peniluspenitnsquejacenles, Palluit, et subitogenuainlremueretimoré, 1K0 Suntqucoculistenebra ; per tantumlumenoboiUo. El Jamraalletequosnunquamtetigissepatcrnos, .lamqueagnossegenuspigel, et valuisserogandn ; JamMeropisdïcicupiens, ita fertur.ut acla PraicipitipinusBorea, cui viciaremisit 1*v> Frenasuusrector, quamdisvotisquereliquit. (Juidfacial ? mu1tumcoeliposttergarelictum, Anleoculosplusest ; animometiturutrumque. Ktmodo, quosilli falocontingerenonest, Prospicitoecasus ; inlerdumrespicitortus, l’.'tl Ouidqueagatignarus, stupet ; et necfrcnaremittil. Necretinère valet ; necnominanovitcquorum. Sparsaquoquein variopassimmiraculacoe.lo, YaManiniquo videltropidnssimulacraferarum, 52. MÉTAMORPHOSES. 11esl un lieu où les bras du Scorpion s’arrondissent en arc. Sa queue el ses pinces flexibles couvrent l’espace de deux signes. Tout dégouttant d’un noir venin, et prêt à donner la mort de son dard recourbé, il s’offre aux yeux de Pbaéthon. Hors de lui et frissonnant d’épouvante, le jeune homme lâche les rênes. Dès que les coursiers les ont. senties flotter sur leurs flancs, ils errent à l’aventure. Dégagésdu frein, ils se jettent dans des régions jusqu’alors inconnues, et se précipitent où leur fougue les entraine. Ils bondissent jusqu’aux aslres disséminés dans les célestes espaces, et emportent le char à travers les abîmes. Tantôt ils s’élancent au haut de FEmpyrée ; tantôt, de précipice en précipice, ils tombent dans les régions qui avoisinenl la terre. La Lune voit avec surprise au-dessousde ses coursiers courir ceux du Soleil. Les nuages embrasés s’exhalent en fumée ; le feu dévore les sommets les plus élevés ; la terre s’enlr’ouvre, sa surface se dessèche, les pâturages blanchissent, les arbres s’enflamment avec leur feuillage, et les moissons arides fournissent l’aliment de leur ruine au feu qui les consume. C’est peu : remparts, cités, peuples, régions, forèls, monlaEstlocus, in geminosubihrachiaconcavatarcus 195 Scorpios, et caudaflexisqueutrimquelacertis, Porrigitin spatiumsignorummembraduorum. îiunc puer ut nigrimadidumsùdoreveneni Vulneracurvalaminitantemcuspidevidit, Mentisinops, gelidaformidineloraremisit. 200 Quaiposlquamsummumtetigerejacentiatergum, Exspatiant’urequi, nulloqueinbibenteper auras Ignotiercgioniscunt, quaqueimpetusegtt, Hacsinelegeruunt, alloquesubaitberefixis Incursantslellis, rapiuntqueper aviacurrum ; 205 Et modosummapelunt, modoper declivaviasquc Prtecipitesspatioterraipropioreferuntur ; JnferiusquesuisfralernoscurrereLuna Admiralurequos, ambustaqucnubilafumant. Corripiturfiammis, ut quaiquealtissima, tellus, 210 Fissaqueagitrimas, et succisarel ademptis. Pabulacanescunt, eumfrondibusuritur arbos, Materiamque suopraihetsegesaridadamno. Parvaqueror : magnaipereuntcummoenibusurlies, LIVRE II. 53 gnes, loul périt, tout est réduit en cendres, tout jette des flammes. L’incendie dévore l’Athos, le Taurus qui traverse la Cilicie, le Tmolus, FŒta, FIda maintenant aride, et jusqu’alors célèbre par ses sources fécondes ; FHélicon, séjour des chastes Muses, et FHénius, auquel Œagren’avait pas encore donné son nom. Les feux du ciel augmentent sans mesure le volcan de l’Etna ; ils brûlent le Parnasse au double front, l’Éryx, le Cynlhe, l’Othrys, le Rhodope, dégagé enfin de ses neiges, le Mimas, le Dindyme, le Mycaleet le Cithéron, destiné aux fêtes de Bacchus. La Scythie ne trouve point une sauvegardedans ses frimas. Les flammes envahissent le Caucase, l’Ossa, le Pinde et l’Olympe qui s’élève audessus des deux, les Alpes dont la cime se perd dans les airs, et les Apenninsqui fendent les nues. Phaélhon voit l’incendie s’étendre aux quatre coins du monde, et ne peut en soutenir les violentes atteintes. Il respire un air embrasé, comme s’il sortait d’une fournaise profonde, et sent que son char est en proie aux flammes. Enfin les cendres et les étincellesqui volent autour de lui épuisent ses forces, et une fumée ardente l’environne de toutes parts. H ne sait où il est ni où il va, au milieu des épaisses ténèbres qui l’enveloppent, el se laisse Cumquesuis totaspopulisincendiagénies 215 ïn cineremvertunt ; silvaicummonlibusardent. ArdetAlhos, Taurusqueeilix, et Tmolus, et Œle ; Et nuncsicca, priuseeleberrimafontibus, Ide ; Virgineusque Helicon, el nondumoeagrîusHcemos. Ardetin immensumgeminatisignibusMine, 220 Parnassusquebiceps, et Eryx, el Cyntbus, et Olhrys, Et tandemRhodopenivibuscaritura, Mimasque, Dindymaque, et Mycale, natusquead sacraCilhairon. NecprosuntScythiaisua frigora.Caucasusardet, OssaquecumPindo, majorqueambobusOlympus ; 525 Aerioeque Alpes, et nuhiferApenninus. TuneveroPbaéthoncunctise partibusorbem Aspicitaecensum, nec tantossustinetoestus ; Ferventesque auras, velute fornaceprofunda, Oretrahit, currusquesuoscandesceresentit. 250 Etncquejam cineres, ejeclatamquefavillam Ferrepolest, calidoqueinvolviturundiquefumo ; Qnnqueeat, aul ubi sit, piceacaligineleclus,

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emporter an gré des rapides coursiers..Alors, dit-on, le sang attiré à la surfacedu corps donna aux Ethiopiens une couleur d’ébène. La Libyeperdit ses sources par cet embrasement.LesNymphes, les cheveux ôpars, pleurèrent leurs fontaines et leurs lacs. La Béotiechercha Dircé ; Argos, Amymone ; Ephyre, les sources de Pirène. Les fleuvesdont la nature a séparé les rives par un large lit ne furent pas à l’abri. Le Tanaïs vit fumer ses ondes, ainsi que le vieux Pénée, le Caïcus, voisin du mont Teulhranle, le rapide Isménus, FÉrymanlhequi baigne Psophis, le Xanthe destiné à un nouvel embrasement, les eaux dorées du Lycormas, le Méandre qui se joue dans son lit sinueux, le Mêlas que boivent les Mygdons", et l’Enrôlas qui baigne, le Ténare. Alors s’enflammèrent PEuphrale qui arrose Babylone, FOronle, l’impétueux Thermodon, le Gange, le Phase et Pister. L’Alphée bouillonna, et les rives du Sperchius s’embrasèrent. Les flammes fondirent l’or que roule le Tage. Dans la Méonie, sur les rives mêmes qu’ils faisaient retentir de leurs chants, les cygnes qui peuplent le Caystrepérirent au milieu de ses ondes brûlantes. Le Nil épouvanté s’enfuit aux confins du monde, et cacha sa source, qui reste encore inconNcscil, cl arbitriovolucrumraptaturequorum. Sanguinelumcrcdunlin corporasummavocalo, 255 , £lhiopumpopulosnigrumtraxissecolorem. TumfactaestLibye, raptishumoribusoeslu, Arida ; lumNymphcepassisfontesque, lacusque Dcflcvere comis.QuaîrilBoeotiaDircen, ArgosAmymoncn, Ephyrepirenidasundas. • 240 Necsorlilalocodistantesfluminaripas Tulamanent.MediisTanaisfumavitin undis, Peneosqucsenex, leutbranleusque Caicus, Et celerIsmenos, cumpsopbaicoErymanlbo, ArsurusqueiterumXanlbus, llavusqueLycormas, 245 QuiquerecurvatisiuditMaiandros in undis, Mygdoniusque Mêlas, el loenariusEnrôlas. Arsitet Eupbralesbabylonius, arsilOrontcs, Thermodonque cilus, Gangesque, cl Phasis, et Islcr. usinât Alphcos ; ripaisperebeidesardent ; 250 QuodquesuoTagusamnevehit, Huitignibus, aurmn ; Et quaimaioniascelebrarantcarminéripas, FlumineaivolucresmediocoluereCayslro. Nilusin exlremumfugitperterritusorbem, Occuluilquc capul, quodadbuclatet ; ostiaseplein 255 LIVRE II. 55 nue. Les sept bouchesde ce fleuvedesséché se transformèrent en sepl vallées sans eau. Le même incendie consuma, autour de l’Jsmarus, FJIèbreet le Strymon, et, dans PHespérie, le Rhin, le Rhône, le Pô et le Tibre, appelé à lenir l’univers sous ses lois. Partout la terre fut sillonnée de fentes, au travers desquelles pénétra jusqu’au Tarlare la clarté du jour qui épouvanta le tyran des ombres et sa compagne. La mer se resserra. Les côles qu’elle couvrait devinrent des plaines de sable aride. Les montagnes, jusqu’alors cachées sous les eaux, surgirent, et, augmentèrent le nombre des Cycladeséparses çà et là. Les poissons se réfugièrent au fond des abîmes ; les dauphins n’osèrent plus élever au-dessus des flots leur croupe recourbée, ni, suivant leur coutume, bondir dans les airs ; les phoques, couchéssur leur dos, flottèrent sans vie à la surfacede la mer. Nérée lui-même, dit-on, ainsi que Doris et ses filles, se cachèrent dans leurs antres brûlants. Trois fois Neptune, le front menaçant, voulut montrer ses bras au-dessus des eaux ; trois fois il ne put supporter le contactde l’air. Cependantla Terre, qu’entoure l’Océan, placée entre les eaux de la mer et les sources appauvriesdes fleuves qui s’étaient cachés dans les entrailles de leur mère, élève au-dessus, des flols sa lèle Pulvcrulenlavacant, septemsinefiuminevaîles. FerscademismaricsIïebrumcumStrjmonesiccat, Hcsperiosque amnes, Rhenum, Rhodanumque Padumque, Cuiqucfuit rerumpromissapotentia, Tibrim. Dissilitomne solum, penetratquein Tarlararimis 260 Lumen, el infernumlerretcumconjugeregem. Et marecontrahilur, siccoeque estcampusarenoe, Quodmodopontuseral ; quosquealtumtexeratoequor, Exsistuntmontes, et sparsasCycladasaugent. Imapetunlpisecs.necse superoequoracurvi £05 Tollereconsuetasaudentdelphinesin auras. Corporaphocarumsuinmoresupinaprofundo Exanimatajacent.IpsumquoqueNereafamaest, Doridaque, et natas, tepidislaluissesubanlris. TerNeplunusaquiscumtorvohrachiavullu 270 Exsercreaususerat, 1ernonlulitaerisaîslus. AimatamenTellus, ul eratcircumdataponlo, Interaquospelagi, contractosque undiquefontes, Quisecondiderantn opaea ?. visceramalris, 5(3

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naguère si fécondeet maintenant aride. Elle met sa main devant son front. Par une forle secousse qui l’ébranlé jusqu’en ses fondements, elle s’abaisse d’un degré au-dessous de sa place ordinaire, et d’une voix altérée elle exhale ces plaintes : « Souverain maître des dieux, si telle est ta volonté, si j’ai mérité mon malheur, pourquoi ta foudre resle-t-elle oisive ? Destinée à périr par le feu, puissé-je périr par le tien ! Je me consoleraisde succomber sous les coups d’un père. A peine ma bouche peut-elle proférer ces paroles (la chaleur étouffait sa voix). Regarde mes cheveux consumés par la flamme ; regarde mes yeux et ma bouche inondés de cendres brûlantes. Voilàdonc ma récompense ! Voilàle prix de ma fécondité et de mes largesses ! moi qui laisse déchirer mon sein par le soc et la herse ! moi qui souffre mille douleurs durant toute l’année ! moi qui dispense aux troupeaux le feuillage, aux mortels une nourriture bienfaisante et aux dieux l’encens ! Suppose que j’aie mérité ce désastre : mais les flots et ton frère Fontils mérité ? Pourquoi, placées sous son trident par l’arrêt du Destin, les mers rétrécies voient-ellesleurs ondes refoulées si loin du céleste parvis ? Si ton frère ni moi nous ne pouvons te fléchir, songe du moins au ciel, ton domaine. Regarde de l’une à l’autre Suslulitomniferoscollotenusaridavullus ; 275 Opposuilque manumfronli, magnoquetremore Omniaconcutienspaulumsubsedil, el infra, Quamsoletesse, fuit, siccaqueita vocelocutaesl : « Si placethocmeruique, quid, o, tuafulminacessant, Summedeum ? Liceatperiturteviribusignis 280 Ignéperiretuo, clademqueauctorelevare. Vixequidemfauceshtccipsain yerbaresolvo (Presseraioravapor) ; lostosen aspieecrines, lnqueoculistanlum, tantumsuperora favillai. Ilosnemihifructus, huneferlilitatishonorent 2Î-Î5 Offîciique refers, quodaduncivulneraaratri, Rastrorumquefero, totoqueexerceoranno ? Quodpecorifrondes, alimentaquemilîa, fruges, Humanogeneri, vobisquodlura minislro ? Sedlamenexitiumfacmemeruisse ; quidundai, 200 Quidmeruitfrater ? Curillitraditasorlc iEquoradccrescunl, et ab oitherelongiusabstint ? Quodsi necfralris, necte meagraliatangit, At coelimisererelui. C.ircumspicc utrumque : LIVRE M. .-.7 extrémité : aux deux pôles s’élève la fumée de l’incendie. Si le feu les consume, Ion palais va crouler. Atlas lui-même chancelle : à peine ses épaules soutiennent-elles l’axe du monde blanchi par la flamme. Si les mers, si la terre et le palais des cieux périssent, nous allons retomber dans l’ancien Chaos. Dérobe aux ravages du feu ce qui reste’encore, et veille au salut de l’univers. » Elle dit, et, , ne pouvant plus supporter la chaleur ni parler davantage, elle retiré sa lête dans son propre sein el la cache dans des antres voisins de l’empire des ombres. Le suprême arbitre du monde prend à témoin les dieux et Pbébus même, qui avait confié son char à Phaélhon, que tout, s’il ne prévient ce désastre, va succomber au plus cruel destin. II se rend dans la plus haute région du ciel d’où il se plaît à couvrir la terre de nuages, à faire gronder le tonnerre el à lancer la foudre. Mais il ne trouve point de nuées dont il puisse envelopper la terre, plus de torrents qu’il puisse faire descendre du ciel. Il tonne, et, balançant la foudre à la hauteur de son front, il en frappe l’imprudent conducteur, lui enlève à la foisla vie et le char, et éteint dans la flammeles ravagesde l’incendie. La frayeur égare les coursiers. Fumaiulerquepolus ; quossi viliaveritignis, 205 Atriavestraruent. Allasen ipselaborat, Vixqucsuis humeriscandentemsuslinetaxent. Si fréta, si terraipereunt, si regiacoeli, lu Chaosanliquumconfundimur.Eripeflammis, Siquidadhucsuperest, et rerumconsulesumime. » 500 DixerathîccTcllus ; nequeenimlolerarevaporcm Ulteriuspotuit, necdicereplura, suumquc Rcltulilos in se, propioraqueManibusantra. AIPaleromnipolensSuperoslestatus, el ipsiini Quideddratcurrus, nisi opemferai, omniafalo 50o Inleriluragravi.Summampetitarduusarcein, Undesoletlatisnubesinducereterris, Undemovettonilrus, vibralaquefulminajactal. Sedneque, quaspossetterrisinducere, nubes Tunehabuit, nec, quoscoelodimitteret, inibres. 510 lnlonat, cl dexlralihralumfulmcuab aurc Misitin aurigam, parilerqucanimaquerotisque Expulit, el saiviscompescuitignibusignés. Conslcruanlur equi, el, salluin contrariafacto, 58

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Ils bondissent en sens contraire, dérobent leur lête au joug, brisent les rênes el s’en délivrent. Ici gil le frein, là l’essieu arraché du limon, ailleurs les rayons des roues fracassées, plus loin les débris du char qui voleen éclats. Pbaéthon, la chevelure en flammes, roule dans un tourbillon de feu. Une longue traînée lumineuse marque sa chute au sein des airs. Ainsi tombe ou semble quelquefois tomber une étoile sous un ciel sans nuages. Le majestueux Éridan le reçoit, loin de sa patrie, dans l’hémisphère opposé, el baigne dans ses ondes son visage fumant. Les Nymphes de l’Hespérie déposèrent dans un tombeau sou corps noirci par la foudre, et inscrivirent ces vers sur le marbre : Ici de Pbaéthonlu voisle monument. Infortunémartyrd’uneardeurtéméraire, S’il ne put dirigerles coursiersde sonpère, Danssonprojetdu.moinsil périt noblement. Son père, plongé dans la douleur, couvrit son front d’un voile funèbre. Si l’on en croit la renommée, un jour s’écoula sans soleil, el n’eut d’autre clarté que celle de l’incendie. Ce désastre eut-ainsi son utilité. Clymène d’abord exhale toutes les plaintes que peul inspirer une pareille catastrophe. Puis, en habits de deuil, hors Collajugoeripiunt, abruptaquelorareliuquunl. olo Illicfrenajacent, illictemonerevulsus •Axis ; in bacradiifraclarumparterolaruin, Sparsaquesunt laielacerivestigiacurrus. AlPhaelhon, rutilosflammapopulanteeapillos ; Volviturin praiceps, longoqueper aératractu 520 Fertuf, ut interdumde coeloStellasereno, Etsinon cedidit, poluitcccidissevideri.

; Quemprocula patriadiversomaximusorbe 

ExcipitEridanus, fnmantiaqueabluitora. NaidesHesperiaitrifidafumantiaflamma 525 Corporadant Lumulo, signanlquehoccarminésaxum : Kllic silusest Pbaéthon, currusaurigapatcrni ; Quemsi nonlenuil, magnistamenexciditausis. «  Nampalerobducloâluctumiserabilisajgro Condideralvultus, et si modocredimus, uniiin 350 Issediemsinesoleferunt : incendialumen Praibebaut, aliquisquemaiefuitususin illo. AtClymène, poslquamdixitqutecumquefuerunt In lantisdicendamalis, lugubris, et amens, LIVRE 11. 5’J d’elle-même el se meurtrissant le sein, elle parcourt l’univers ; elle cherche les restes inanimés ou du moins les os de son fils. Elle ne trouve que ses os ensevelissur une côle étrangère. Là, elle se prosterne, baignede ses pleurs le marbre où le nom de Pbaéthon est gravé, et y applique avec tendresse sa poitrine découverte. Les lléliades lui offrent avec le même amour, commedons funéraires, leurs gémissements et leurs larmes ; elles se déchirent aussi le sein. Quoique Phaéton ne puisse entendre leurs cris lamentables, nuit el jour elles l’appellent et restent penchéessur sa tombe. La lune avait déjà quatre fois rempli son disque de lumière, depuis que les filles du Soleil, suivant leur coutume (car la douleur était devenue une habitude pour elles), faisaiententendre de lugubres clameurs, lorsque Phaéthuse, la plus âgée de toutes, voulant se prosterner, se plaignit que ses pieds n’étaient plus flexibles. Empresséed’accourir auprès d’elle, la blanche Lampétie se sent tout à coup enchaînée à la terre. Unetroisième, en voulant s’arracher les cheveux, détachedes feuilles de sa tête. L’une gémit de voir ses jambes changées en un tronc immobile, el l’autre de voir ses bras allongés en rameaux. Tandis qu’elles s’étonnent, Fécorce forme une ceinture autour de leurs flancs, et, par Ellanialasinus, tolumpercensuilorbem ; 555 Exanimesque arlusprimo, inoxossarequirens, Piepperitossatamenperegrinacondilaripa, lncubuilqueloco ; nomenquein marmorclectum Perfudillacrymis ; et aperlopcctorefovit. Â’ecminusHeliadesfletus, et inaniamorli 540 Munera, danllacrymas, et caistepcctorapalmis, NonauditurummiserasPhaelhontaquerelas, Noclediequevocant ; adsternunlurque sepulcro. Lunaquaterjùnctisimpleratcornibusorbenl ; Illaimoresuo, naminoremfeceratusus, 34-5 Plangoremdcdcranl.E queisPbaethusasororUni Maxima, quumvellelterraiprocumberc, questaest Uiriguissepedes.Adquamconatavenire CandidaLampétie, subilaradiéeretentaest. Tcrlia, quumcrinemmanibuslaniarepararct, 550 Avellitfrondes.Haieslipitecruraleneri, l !  ! adoletfierilongossuahrachiaramos. Dumqucea miranlur, complcctituringuinacorlci, 60

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degrés, emprisonne leur sein, leurs épaules el leurs bras. Leur bouche seule reste intacte et répète le nom de leur mère. Mais que pouvait leur mère, si ce n’est courir çà et là où l’égarement l’emportait, et, pendant qu’il en était temps encore, unir ses baisers à ceux de ses filles ? C’était trop peu : elle essaya de retirer leur corps du tronc de l’arbre, et d’en briser avec ses mains les tendres rameaux. Mais il en tomba des gouttes de sang, comme d’une blessure. « Arrête ! je t’en conjure, ô ma mère ! s’écria chacune de ses filles en se sentant blessée ; arrête, je l’en conjure ! dans cet arbre c’est notre corps que tu déchires : adieu ! » L’écorce étouffa ces dernières paroles. De là viennent les larmes qu’elle distille, et qui, durcies par le soleil, tombent en rayons d’ambre de leurs branches naissantes. Le fleuve les recueille dans ses eaux limpides, et les porte aux femmes du Làlium, qui en font leur parure. CVCXUS CHANGÉES CÏGKE. 11.Ce prodiges’opéra sous les yeux de Cycnus, fils de Slhénélus. Le sang de ta mère vous unissait, ô Phaéthon ! mais l’amitié forma entre vous un lien plus étroit. Dégoûté de l’empire (car les peuples Perquegradusulerum, peetusque, humerosque, mauusque Ambit, et exstabanttantumoravocantiamatrem. 555 Quidfaeiatmater, nisi, quotrabalimpetusillam, Hueeat, alqucilluc, et, dumlicet, osculajungalï Nonsalisest : truncisaveherecorporatentai, Etlenerosmanibusramosabrumpere ; al indc Sauguineaî manant, tanquamde vulnere, gulUc. 500 « Parce, precor, mater, qutecumqueest sauciaclamai ; Parce, precor ; uostrumlanialurin arborecorpus ; Jamquevale. » Cortexin verbanovissimavenil. Indefluuntlacrymce, slillalaquesolerigescunt Deramiseleclranovis.Quailucidusamnis 5Co Excipil, et nuribusmiltitgeslandalalinis. CÏCNUS HUTATUR INOLOREM. H. AdfuilbuicmotistroproiessUieneleiaCycnus, Quilibimalernoquainvisa sanguinejunclus, Mentelamen, Phaelhon, propiorfuit. 111ereliclo, LIVRE II. 01 de la Ligurie el de grandes cilés obéissaient jadis à ses lois), il avait fait redire ses accents plaintifs aux vertes rives de FÉridan, à ses ondes el aux arbres dont ses sœurs venaient d’augmenter le nombre. Sa voix d’homme devint grêle ; des plumes blanches remplacèrent ses cheveux ; de sa poitrine s’élança un long cou, et une membrane vermeille unit ses doigts ; des ailes couvrirent ses flancs ; sa bouche fit place à un bec arrondi. Cycnusfut changéen un oiseau jusqu’alors inconnu. Il ne se confie ni à l’air ni à Jupiter. Dans son cœur vil le souvenir des feux injustement lancéspar le maître du monde. Il habite les étangs el les vastes marais. Son aversion pour le feu lui fait choisir une demeure dans un élément contraire. Cependantle Soleil, en deuil et dépouillé de son éclat, tel qu’il csl durant une éclipse, poursuit de sa haine la lumière, le jour et lui-même. Il s’abandonne à la douleur, et à la douleur se joint la colère. Il refuse —d’éclairer le monde. « Depuis l’origine des siècles, dit-il, mes destins ont été assez agiles. Je ne veuxplus de travaux sans terme et sans honneur. Qu’un autre conduisele char de la lumière. S’il ne se présente personne,.si tous les dieux s’avouent impuissants, que Jupiter le guide lui-même. Du moins, NainLigurumpopulos, et magnasrexeralurbes, 570 lmperio, ripasviridesamnemquequerelis Eridanumimplerat, silvamquesororibusauctam ; Quumvoxest lenualaviro, camequecapillos Dissimulantplumai, collumquee pectorelongum Porrigitur, digitosqucligatjuncturarubentes, 575 Pennalatusvestit, tenetos sineacumineroslrum. Fit novaCycnusavis, nec se coeloquc, Joviquc Crédit, ut injustemissimernorignisab illo, Stagnapetit, patulosquelacus ; ignemqueperosus, Quaicolal, elegitcontrariafluminaflammis. 580 SqualidusintereagenitorPhaelhontis, et expcrs lpsesui decoris, qualis, quumdéficitorhem, Essesolet, lucemqueodil, sequeipso, diemque, Dalqucanimumin luclus, et luclibusadjicilirani, Ofliciumque negatmundo. « Salis, inquil, ab a ; vi 5S5 Sorsmeaprincipiisfuit irrequiela, pigclquc Aclorumsinefinemihi, sine honore, lahorum. QuilibetalleragatportantesIuminacurrus. Sinemoest, omnesquedei nonpossefalenlur, 0 :’.

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tandis qu’il essayera de tenir mes rênes, il déposera sa foudre, qui ravit les enfants à leurs pères. Quandil aura éprouvé la fougue de mes coursiers enflammés, il saura qu’il ne mérila pas la mort, celui qui ne put s’en rendre maître. » A ces mots, autour de lui se pressent tous les dieux. D’unevoix suppliante ils le conjurent de ne point plonger l’univers dans les ténèbres. Jupiter lui-même s’excuse d’avoir lancé ses feux ; mais, comme souverain, aux prières il ajoute la menace. Phébus rassemble ses coursiers encore effarouchéset halelanls de frayeur. 11les domple el les châtie avecle fouet et l’aiguillon ; car, dans sa fureur, il leur impute et leur reproche la mort de son fils. CALISTûCUAXGÉE EXOlJfi.SE. III. Le souverain maître du monde parcourt la vaste enceintedes cieux, el il examinesi leurs fondements, ébranlés par Factionpuissante du feu, ne menacentpoint ruine. Quand il les voil fermes el dans toute leur solidité primitive, il contemple la terre et ses désastres. Sa chère Arcadiesurtout éveille sa sollicitude. Il rend un libre cours aux fontaines et aux fleuves qui n’osaient encore lpseagal ; ut saltein, dumnostrastentaihabenas, 590 Orbalurapatresaliquandofulminaponat. Tumscict, ignipedumviresexperluscquorum, Nonmeruisseuecem, qui non benerexeritillos. » TaliadicentemcircumslanlomniaSolem Numina ; nevevelitlenebrasinducererébus, , 505 Supplicevocerogant.MissosquoqueJupiterignés Excusât, precibusqueminasregalileraddit : Colligitameutes, et adhucterrorepaventes Pboehusequos, stimuloquedomanset verberéstevit ; Saivilenim ; natumqueobjectât, et imputâtillis. 400 CALISTO IXURSAM CONVERSA. 111.Atpaleromuipotens ingenliamoeniacoeli Circuit, et, ne quidlabefaclumviribus ignis Corruat, explorai.Quaipostquamfirma, suique Roborisessevidet, terras, hominumquelahores Perspicil.Arcadiaîtainenest impensiorilli i.4’: 5 Curasuie ; fonlesque, el nondumaudentialabi LIVRE II.’ 65 couler ; il couvre la terre de gazon, les arbres de feuillage, et commande aux bois flétris de reprendre leur verdure. Dans ses courses fréquentes, ses yeux se fixent sur une nymphe de Nonacris, et l’amour le consume de tous ses feux. Elle ne s’occupait ni à filer la laine, ni à parer sa chevelure de mille atours. Une simple agrafe retenait les plis de sa robe, et une bandelette blanche ses cheveux épars. Le javelot ou Tare à la main, elle marchait sur les pas de Diane. Jamais le Ménalen’avait vu de nymphe plus chère à cette déesse’. Maisquelle faveur est durable ? Le Soleil avait déjà franchi la moitié de sa course, quand la nymphe entra dans une forêt que la hache avait toujours respectée. Elle détachele carquois de son épaule, détend son arc flexible, et se couche sur le gazon, la tête appuyée sur son carquois orné de mille couleurs. Jupiter, la voyant fatiguée et sans gardien : « Monépouse, dit-il, ignorera ce larcin ; mais, dût-elle en être instruite, que m’importent ses querelles ? » Tout à coup, prenant les traits et le costume de Diane : « Jeune compagne, dit-il. sur quels monts as-tu chassé ? » La nymphe se soulèvesur le gazon : « Salut, dit-elle, déesse plus puissante à mes Fluminarestituit ; dat terrasgramina, frondes Arboribus, loesasquejubetrevîresceresilvas. Dumredit, itquefrequens, in virgmenonacrina ÏÏoesit, et accepticalueresubossibusignés. 410 Nonerat bujusopuslanammolliretrahendo, Necposituvariarecomas.Ubifibulaveslem, Villacoercueratnegleelosalbacapillos, lit modol<evemanujaculum, modosumpseralarcum, Mileserat Pboebes.NecMoenalon attigitulla Al" Gratiorbac Trîvioe ; sed nullapolcnlialongaest. liîteriusmediospatiumsolaltusbabebal, Quumsubitîîlanemus, quodnullacecideratrclas. Exuithicliumeropliarelrara, lenlosqueretendit Arcus ; inquesolo, quodteseratherba, jacebal ; /J23 Et piclamposilapharetramcervicepremebal. Jupiterut viditfessam, et custodevacantem :

  • Hoccorlcconjuxfurlum mcanesciet, inquil :.

Aut, si rescieril, sunt o, suntjurgialanti ? h ProtinusinduilurfaciemcultumqueDiana ?, 42." Alqueait : « Ocomilum, virgo, parsuna mcarum. In quibuses venatajugis ? » Decespilevirgo Selevai, et :’Suivenumen, mejudice, disit, 04

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yeux que Jupiter ; oui, j’oserais l’affirmer en sa présence. » Le dieu sourit en l’écoutant : il aime à se voir préférer à lui-même. Il l’embrasse ; ses baisers peu modestes n’annoncent point la bouche d’une vierge. Au moment où elle s’apprête à raconter dans quelle forêt elle a chassé, il la presse dans ses bras et se décèle par un crime. Elle résiste, autant du moins que le peut une femme. Plût au ciel que celle lutte, ô Junon ! se fût engagéesous tes yeux : tu aurais pardonné. La vierge combat. Mais quelle vierge, quel homme peut résister à Jupiter ? Il remonte vainqueur dans FEmpyrée.La Nymphemaudit la forêt témoin de son déshonneur. En la quittant, peu s’en faut qu’elle n’oublie d’emporter son carquois, ses flèches el l’arc qu’elle y avait suspendu. Escortée du chœur des Nymphes, Diane gravit les hauteurs du Ménale, fière du carnage des bêtes qu’elle vient de frapper. Elle aperçoit la Nympheet l’appelle. Calisto recule, et craint d’abord que Jupiter ne soit caché sous les traits de la déesse. Mais, quand elle voit les Nymphesmarcher à ses côtés, elle ne redoute plus de piège et se mêle à leur troupe. Hélas ! qu’il est difficilede ne point laisser lire sa faute sur son front. ! A peine lève-t-elle les yeux. Elle Audiatipselicet, majusJovc. « Ridët, et audit ; Etsibipraîferrise gaudet, et osculajungit, 430 Necmoderatasatis, necsic a virginedanda. Quavenataforetsilvanarrareparantem lmpedilamplexu, necse sinecrimineprodit. Illaquidemcontra, quantummodofeminapossil, Aspiceres utinam, Saturnia, mitioresses ! 455 Illaquidempugnat ; sedquaisuperarepuella, QuisveJovempoteral ? SuperumpetitoetheraVictor Jupiter.Huicodionemusest, et consciasilva. ’ Endepedemreferons, paîneest oblilapharclram Tollerecura£elis, et, quemsuspendcral, areum. .440 Ecce, suocomilatachoroDiclynnaper allum Mainaloningrcdiens, cl ctcdesuperbaferarum, Aspicilbanc, " visamquevoeat.Cîamalarefugil, F.ltimuitprimo, ne Jupiteresselin illa. SedpostquampariterNymphasineederevidit, 415 Sensilabasscdolos, numcrumqueaccessitad hariim. Heu ! quamdifficileest crimennon proderevulttt Vixocu’.os aliollitbumo ; nec, ut aillesolebat, LIVRE II. 05 n’ose plus, comme aulrefois, prendre rang à côtéde la déesse, ni marcher à la tête de ses compagnes. Elle garde le silence, et la rougeur de son visage révèle la tache imprimée à sa pudeur. Si Diane n’eût été vierge, elle eût pu remarquer mille vestiges de sa honte. Les nymphes les remarquèrent, dit-on. Le disque delà lune se levait pour la neuvième fois à l’horizon, lorsque la déesse qui préside à la chasse, fatiguée par la chaleur du soleil, porta ses pas dans un frais bocaged’où s’échappait avec un léger murmure un ruisseau roulant sur un sable fin. Elle admire la beauté du site, et de ses pieds effleure la surface de l’eau. Après en avoir aussi admiré la limpidité : « Nous sommes ici, dit-elle, sans té-" moins. Quittons nos vêtements, et baignons-nous dans Fonde. » La sœur de Parrhasius rougit. Déjàtoutes ont déposé leurs voiles : seule elle diffère encore. Tandis qu’elle hésite, ses compagnesdétachent sa robe. Son déshonneur paraît alors au grand jour, hiterdite, elle veut de sa main en cacher les indices : « Fuis loin de nous ! lui dit la déesse du Cynthe, et ne souille point celle onde sacrée ! » En même temps elle lui ordonne de se séparer de ses compagnes. Depuis longtemps l’épouse du puissant Jupiter connaissail ce nouvel affront ; mais elle avait différé sa terrible vengeancejusJunctadetelateri, neclotoest agmineprima. Sedsilet, et ltesidat signaruborepudoris. 450 Et, nisiquodvirgoest, poteratsenlireDiana Millenotisculpam.Nympbaisensisseferunlur. Orberesurgebantlunariacornuanono, Quumdeavenatrix, fraternisIanguidaflammis, Nactanemusgelidum, dequocummurmurelabens 455 lbat, et allritasversabatrivusarenas. Utlocalaudavit, summaspedeconligitundas ; Hisquoquelaudatis : « Proculest, ait, arbiteromnis. Nudasuperfusislingamuscorporalymphis. » Parrbasiserubuit.Cuncttcvelaminaponunt. 4G0 L’namorasquoerit.Dubitantiveslisademptaest. Quaposita, uudopatuitcumcorporccrimen. Attonilai, manibusqueulerumcelarevolenti : « I proculhinCj.dixit, necsacrospolluefontes, » Cynthia ; dequesuojussitsecederecoelu. 465 SenserathocolimmagnimalronaTonantis, Disluleratque gravesin idoneatemporapoenas. 06

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qu’au moment propice. Le délai n’est plus permis. Areas(el.c’est ce qui allume le courroux de Junon) a déjà reçu le jour d’une, rivale. Elle attache sur cet enfant ses regards irrités : « Infâme adultère, dit-elle, il ne te manquait plus que de mettre au monde un fils pour divulguermon déshonneur par ta fécondité, et donner la preuve publique du crime de Jupiter, qui doit m’appartenir tout entier. Cene sera pas impunément : je le ravirai celle beauté dont lu es éprise, et.qui allume aucœur de mon époux une flamme criminelle. » A ces mots, se plaçant devant elle, Junon la saisil par les cheveuxet la terrasse. Calisto lut tend ses bras suppliants. Mais, au même instant, ses bras se hérissent de poils noirs ; ses mains, armées d’ongles aigus, se recourbent, el lui servent de pieds : sa bouche, qu’admira Jupiter, devient large el hideuse ; et, afin que ses prières touchantes ne fléchissent pas son cœur, Junon lui ravit la parole.Deson gosier sort une voix rauque, furieuse, menaçante et terrible. Elle est changée en ourse, et garde ses premiers instincts. De continuels gémissements attestent sa douleur. Ses mains, sous leur nouvelle forme, s’élèvent vers le ciel. Sa Causamoralnullacsl : et jampuerAreas, idipsum IndoluitJuno, fueralde pellicenalus. Quosimulobvertitstevamcumluminementem : Y/0 KScilicelhocunumrestabat, adultéra, dixil, Elfecundafores, Héroïqueinjuriaparlu Nota, Jovisquemeilestalumdedecusesset. Ilaudimpuneferes.Adirnamlibinempefiguram, Qualibi, quaqueplacesnoslroimportunamarilo. » 475 Dixil, et, adversaprensisa frontecapillis, Slravithumipronam.Tendebathrachiasupplex ; lïrachiacoeperuntnigrisborrescerevillïs, Cnrvariquemanus, el aduncoscrescerein ungues, Ofiicioque pedumfungi, laudalaquequoudam -ISO OraJovi, latofierideformiaricin. Nevcprecesanimos, et verbapolentiaficelant, Posseloquicripilur.Voxiracunda, minaxqur’, Plenaquelerrorisraucodegullureferlur. Mensanlïqualamenfactaquoquemansitin ursa : ^5 Assiduoque suosgemituteslaladolorcs, Qualcvcumquo manusad crelumet sidératollii. LIVRE II. 07 voix ne peut plus sans doute reprocher à Jupiter son ingratitude ; mais elle-nela sent, pas moins dans son cœur. Que de fois, n’osant se reposer seule dans la forêt, n’erra-l-elle pas devant la demeure et dans les champs qu’elle possédait jadis ! Que de fois ne fut-elle pas poursuiviesur les rochers par les aboiements d’une meule ! Anciennechasseresse, elle fuit d’épouvante devant des chasseurs. Souvent elle se cache à la vue des bêles sauvages, oubliant ce qu’elle est. Ourse, elle frissonne devant les ours qui parcourent les montagnes, el redoute les loups, quoique son père se trouve parmi eux. Cependant, sans connaître sa mère sortie du sang de Lycaon, Areas compteprès de trois lustres. Tandisqu’il poursuit les hôtes des forêts, tandis qu’il choisit les bois les plus favorableset entoure de filets les bosquets d’Érymanthe, il rencontre sa mère. Elle s’arrête à sa vue et semble le reconnaîlre ; de son côté, il rebrousse chemin. Les yeux de l’ourse s’attachent sur lui, fixes el immobiles. Areas ne la reconnaît pas. Il tremble ; et, comme elle veut s’approcher davantage, il s’apprête à plonger dans son sein un dard meurtrier. Le maître des dieux écarte le trait, les enlèvel’un et l’autre, et prévient le coup parricide. Un tourbillon lngralumqueJovem, nequeatquumdicerc.sentit Ah ! quoties, solanonausaquiesceresilva, Antodomum, quondamquesuiserravitin agris ! 490 Ah ! quotiesper saxacanumlatratibusactaest, Venatrixque meluvenantumterritafugil ! Saipeferislaluitvisis, oblitaquidesset ; L-rsaque conspectosin monlibushorruitursos ; Perlimuitquelupos, quamvispaferessetin illis. A% F.ccclycaoniaiproiesignaraparenlis, Areasadesl, 1erquinqueferenatalibusactis. Duniqueferassequitur, dumsalluseligilaplns, Nexilibusque plagissilvaserymanlhidasambil, lneidilin matrem.QuaireslilitArcadeviso, 50 :  ! Et cognoscentisimilisfuît. Illerefugit, Immotosquc œulosin se sinefinetenenlem Ncsciusexlimuil ; propiusqueacr.oderoaveuli Vulnificofueralfixuruspectoratelo. Arcuilonuiipolens, parilerqucipsosquenefasqu,. 5U5 OS , MÉTAMORPHOSES. rapide les emporte à travers les espaces, el les place dans le ciel, où ils forment, deux constellationsvoisines. Junon, indignée de voir sa rivale briller parmi les astres, descend dans la mer, séjour de la blonde Téthys eldu vieil Océan, que révèrent eux-mêmes les dieux. Ils s’informent des motifsde sa visite : « Vousme demandez, dit-elle, pourquoi, reine des dieux dans FEmpyrée, je suis venue près de vous ? Une autre occupe mon trône dans les cieux. Qu’on m’accuse d’imposture, si, lorsque la nuit couvriral’univers, vous ne voyez (et c’est là ce qui déchire mon cœur)des étoiles nouvellement reçues dans le ciel paraître à l’endroit où un cercle, placé à l’extrémité de l’axe du monde, l’entoure de son étroit circuit. Esl-il un homme qui n’ose insulter Junon ou qui redoute sa haine, lorsque seule je. sers en voulant nuire ? Yoilàl’effet de mon courroux ! Oh ! que mon pouvoir est grand ! Je n’ai pas vouluqu’elle restât mortelle, et la voilà déesse ! C’estainsi que je punis les coupables : tant ma force est terrible ! QueJupiter lui rende son ancienne beaulé ; qu’il lui Ole celte forme sauvage, comme il fit autrefoispour la sœur de Phoronée, qu’Argos avait vue naître. Pourquoi ne Fépouserait-ilpas, après avoir chassé Junon ? Pourquoi ne la recevrait-il pas dans ma Suslulil, et céleriraplosper inaniavento Imposuitcoelo, vicinaquesidérafecit. InlumuitJuno, postquamintersidérapellex Fulsit, et ad canamdescenditin aiquoraTclbyn, Œeanumque senem, quorumreverentiamovil 510 Sapedeos, causamquevitescilanlibusinfit : « Quairilis, ailhereisquarereginadeorum Sedibushncadsim ? Prome tenetaltéracoelum. Menliar, obscurumnisinoxquumfeceritorbem, Nnperhonoratassummo, meavulnera, coelo 515 Videritisstellasillic, ubicirculusaxem Ullimusexlrcmumspatioquebrevissimus ambil. Estvero, curquisJunonemlcederenolit, Offeusamque tremat, quaiprosimsolanocendo ? En egoquantumegi ! quamvaslapotcnlianostrac : -l ! 520 Essehominemvetui ; faclaest dea.Sicegopâmas Sonlibusimpono, sicest meamagnapotestas. Vindicelantiquamfaciem, vultusqueferinos Detrahat, argolicaquodin antel’horonidefecit. Curnonet puisaducatJunone, meoque Î.25 LIVRE II. (59 couche, el ne prendrait-il pas Lycaon pour beau-père ? Maisvous, si l’injure faite à celle donl vous avez nourri l’enfance vous touche, fermez vosflotsd’azur aux sept Trions ; repoussez une constellation placée par l’infamie au céleste séjour, et qu’une vile adultère ne souille pas vos chastes ondes ! » LECORBEAU PERDLABLANCHEUT. DESONPLUMAGE, ET DEVIENT KOIR. IV. Les dieux de la mer font un signe d’approbation. La fille de Saturne s’élance dans les airs, portée sur son char rapide que traînent des paons dont les plumes, teintes du sang d’Argus, brillent de riches couleurs, depuis l’époque récente où le corbeau perdit tout à coup par sa loquacité son ancienne blancheur pour se couvrir d’un manteau noir. Jadis sou plumage aux reflets d’argent ne le cédait ni au duvet sans tache des colombes, ni à l’oiseau vigilant dont la voix devait sauver le Capitule, ni au cygne qui aime à se jouer dans les eaux. Sa langue le perdit, et son babil fil succéder à sa blancheur primitive la couleur d’ébène. L’Hémonieentière n’avait pas de beauté plus célèbre que Coronis, née à Larisse. Elle te plut, dieu de Delphes, du moins tant Collocelin thalamo, socerumqueLyeaonasuraat ? Atvos, si loestecontemptustangitalumnoe, GurgitecairulcescplemprohibeteTrioncs, Sideraquein coelo, stuprimercede, recepla Pellite, ne purotingaturin oequorepellex.o 550 CORVUS FITEXAI.EONIGER. IV. Dimarisannnerant.IïahiliSaturniacurru Ingrediturliquidumpavonibusaéra pielis, TarnnuperpictisC.TSOpavonibusArgo, Quamlu nupereras, quumcandidusanle fuisses, Corveloquax, subilonigranlesversusin alas. 535 Namfuit htecquondamniveisargenteapennis Aies, lit oequarettolassinelabecolumbas, NecservaturisvigiliCapitoliavoce Cederetanserihus, nec amantifluminaçycno. Linguafuit damno : linguafacienlelo^uaci, 540 i ! uicoloralbuserat, nuncest conlrariusalbo. Pulcbriorin tola, quamlarissaiaCoronis, Nonfuit Hannonia.Placuitlibi, Delphice, cf-rte, 70

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qu’elle fui chaste ou que tu ne remarquas pas ses infidélités ; mais elles n’échappèrent pas à l’oiseau de Phébus. Inexorabledélateur, il allait révéler à son maître un coupable mystère, quand arriva près de lui l’indiscrète corneille, curieuse de tout apprendre, hislruitedu sujet de son voyage, elle lui dit : « Tu ne suis pas la roule convenable.Ne méprise pas mes prédictions. Considère ce que j’ai été, et ce que je suis. Apprendscommentj’ai mérité mon sort. Monmalheur, lu le verras, est né de ma fidélité. Jadis, Pallas avait renfermé dans une corbeille d’osier Érichthon venu au monde sans mère, et l’avait confié aux trois filles de Cécrops, en leur prescrivant de ne jamais pénétrer son secret. Cachéesous le léger feuillage d’un ormeau touffu, j’épiais leurs actions. Deux d’entre elles laissèrent exactement fermée la corbeille confiée à leurs soins : c’étaient Hersé et Pandi’ose. La troisième, Aglaure, se moqua de ses timides sœurs, et détacha les nœudsde la corbeille, où elles virent un enfant et un serpent couchéprès de lui. Je rapportai celle action à la déesse. Pour prix de mon zèle, la protection de Minerveme fut, dit-on, retirée, elje cédai ma place, à l’oiseau fiela nuit. Monchâtiment doit apprendre au peuple ailéà ne point Dumvelcastafuit, velinobversala.Sedaies Sensitadulteriumpboebcius.Ulquelatentcm 545 Delegerelculpamnonexorabilisindex, , Addominumlendebatiler. Quemgarrulamoli : Consequitur pcnnis, sciteturut omniacornix. Audilaqueviaicausa : « Nonutilecarpis, .

Inquit, iter. Nespernemèreprtesagialinguai. 550 Quidfuerim, quidsimque, vide ; meritumquerequiro. Invenïesnocuissefidem.Namtemporequodam PallasErichlbonium, prolemsinemairecreatam, Clauseratactaiotextadeviminecista, Virginibusque tribus, geminodeCecropenatis, 555 Hanelegemdederat, sua ne secrefâvidèrent. Abditafrondelevidensaspeculabarah ulmo, Quidfacerent.Commissaduaisinefraudetuenlur, PandrososalqueHerse.Timidasvocalunasorore : Aglauros, nodosquemanudiducit ; at intus 500 Infantemquevident, apporreclumquo draconem. Actadecerefero.Proquomihigratialalis Reddilur, ul dicarlutelapuisaMinervrc, Et ponarposlnoclisavcm.Meapoenavolucres LIVRE II. 71 se compromettre par ses indiscrétions. Ce n’esl, je pense, ni de son propre mouvement, ni en cédant à des instances qu’elle me choisit. Vous pouvez le lui demander à elle-même. Malgré sou courroux, elle ne saurait me démentir. « Au sein de la Phocide, l’illustre Coronéeme donna le joui’. Ma naissance est connue : je sors d’un sang royal. De riches prétendants briguèrent ma main : garde-toi de me mépriser. Mabeauté fit mon malheur. Je me promenais lentement, selon ma coutume, sur le rivage de la mer. Le dieu des flols me vit et brûla d’une vive flamme. Lorsqu’il eut consumé en vain ses prières et ses douces paroles, il recourut à la violence et me poursuivit. Je pris la fuite, j’abandonnai le terrain solide, el je me fatiguai à courir inutilement sur le sable qui cédait sous mes pas. J’invoquai les dieux et les hommes. Mavoix ne rencontra pas d’âme sensible. Une vierge seule eul pitié d’une vierge et vint à mon secours. J’élevai mes bras au ciel. Je les sentis se couvrir légèrement d’un noir duvet. J’essayai de repousser mes vêtements loin de mes épaules. Hs étaient changés en plumes qui avaient jeté sous ma peau de profondesracines. Je voulus me frapper le sein : je n’avais Admonuissepotest, ne vocepericulaquairanl. 565 At, nuto, non ultro, necquidquamtaie roganlem Mepetiit.Ipsalicethocex Palladequoeras. Quamvisirala est, nonhocirala negabit. a Namme pbocaieaclarustellureCoroiieus, Notaloquor, genuit ; fueramqueegoregiavirgo, 570 Divilibusque procis, ne mecontemne, petebar. Formamihinocuit.Namquumper lilloralenlis Passibus, ul solco, summaspatiarerarena, Vidit, et incaluitpelagideus. Utqueprecando Temporacumblandisconsumpsitinaniaverbis, 575 Vimparai, el sequilur.Fugio, densumquerelinqu ; i Litlus, et in mollinequicquamlassorarena. Indedeoshominesquevoco ; neccontigilullum Voxmeamorlalem.Motaest provirginevirgo, Auxiliumque tulit. Tendebambrachiacoelo ; 580 Bracbiacoepcruutlevibusnigresecrepcnni>. Rejicereex humerisvestemmolibar ; at illa Plumaerat, inquecutemradiéesederalhua » . Plangerenudameisconabarpeclorapalinis ; 72

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plus ni mains ni poitrine. Je courais, et le sable ne retenait plus mes pas. Je m’élevais à la surface de la terre. Bientôt mon essor m’emporta dans les airs, et je devins la compagne irréprochable de Minerve. Maisqu’importe cet honneur, si, changée en oiseau pour un crime horrible, Nyctimène me remplace ? Eh quoi ! Patientai dont Lesbosretentit n’est point parvenujusqu’à vous ? Vous ignorez qu’elle a souillé la couche paternelle ? Elle est oiseau maintenant ; mais la consciencede sa faute lui fait fuir la vue des hommes el la clarté du jour. Elle cache sa boule dans les ténèbres, et tous les oiseaux la chassent des régions de l’air. i> Elle dit. Le corbeau lui répond : « Que tes sinistres paroles retombent sur loi ! Je dédaigne les vains présages. » Sans quitter sa première route, il va raconter à son maître qu’il a vu Coronis dans les bras d’un jeune Thessalien. A la nouvelle de ce crime, le dieu, qui la chérit, laisse tomber sa couronne de laurier. En même temps ses traits changent ; le luth s’échappe de ses mains ; il pâlit. Le cœur enflammé de courroux, il saisit ses armes, tend son arc, et d’un trait inévitable frappe le sein qu’il pressa tant de fois sur son sein. Coronis blessée pousse un cri, et relire le fer Sednequejam palmas, necpectoranudagerebain. 585 Currebam ; nec, ut ante, pedesretinebatarena ; Sedsummaloiiebarhuino.Moxactaper auras Evebor, et datasumcornesinculpataMinervai. Quidtamenhocprodest, si dirofactavolucris Criminc, Nyclimene nostrosuccessithonori ? 5’JO An, quaiper totamres est notissimaLesbon, Nonaudiiatibiest, palriumlemerassecubile Nyctimcnen ? Avisilla quidem ; sedconsciaculpte, Conspectum lucemquefugit, tenebrisquepudorein Celât, et a cunclisexpelliluroelheretoto. «  505 Taliadicenti : ftTibi, ait, revocamina, corvus, Sinl, precor, islamalo ! Nosvanumspernimusornen. » Neccoeplumdimittililer, dominoquejacentem CumjuvenehaimoniovidisseCoronidanarrai. Laureadelapsaesl, audilocriminc, amanti ; 000 Elparilervultusquedeo, plectrumque, colorque Excidit.Utqueanimuslumidafervebatab ira, Armaassuelarapil, flexumquea cornibusarcum Tendit, et illasuo lotiescumpectorejuncla lndcvituloIrajecilpectoralelo. 605 Icladeditgemitum, Iractoquca vulnereferro LIVRE II. 75 de sa blessure. Des flots de sang rougissent son corps d’albâtre. « Puissé-je, dit-elle, avoir assouvi la vengeance, ô Phébus ! Mais j’aurais voulu d’abord être mère. En me frappant seule, la mortimmole aujourd’hui deux victimes. » A ces mots, sa vie s’échappe avec son sang, et sur son corps inanimé s’étend le froid de la mort. Apollon se repent trop tard de sa cruelle vengeance. Il maudit à la fois sa folle crédulité et son aveugle courroux ; il maudit, l’oiseau qui lui a révélé la faute de Coronis et le sujet de son indignation ; il maudit la cordede son arc, son arc lui-même, sa main el les flèches qu’elle a témérairement lancées. 11 relève Coronis, la réchauffe contre son sein, et, par des secours tardifs, essaye de triompher du Sort. Maisil a beau épuiser les ressources de son art, ses efforts sont vains. Il voil s’apprêter le bûcher et briller la flamme qui doit dévorer les restes de son amante. Alors des sanglots (car les larmes ne peuvent baigner le visage d’un dieu) s’exhalent du fond de son cœur. Ainsi gémit la génisse devenue mère, lorsqu’elle voil un bras vigoureux frapper avec la masse retentissante la lête de son tendre nourrisson. Apollon répand sur le sein de sa victime d’inutiles parfums, l’embrasse et Caudidapuniceoperfuditmembracruore, Et dixil : « Poluiprenastibi, Pboebe, dédisse, Sedpeperisseprius : duonuncmoriemurin una. » Hacleuus, et parilervifamcumsanguinefudit : 610 Corpusinaneanimaifriguslelhaleseculumest. Pomitetheu ! seropoeneccrudelisamanlem ; Seque, quodaudierit, quodsic exarserit, odil. Odilavem, perquamcrimencausamquedolendi Scirecoactuserat ; nervumque, arcumque, manumque 015 Odil, cumquemanu, lemerarialela, sagittas. Collapsàmque fovet, seraqueopevinecrefata •Nititur, et medicasexercetinanilerarles, Qu : eposlquamfrustratenlala, rogumqueparari Vidil, et arsurossunreraisignihusarlus, 620 1univerogemilus(nequeenimcoelesliatingi Oraliccllacryinis), allôde cordepelitos Edidil ; haudaliter, quamquum, spectantejuvenca, Laclcnlisvituli, dcxlralibralusab aurc, Temporadiscussitclarocavamallcusictu. 625 UtlamenineTatosin pectorafuditodores, 5 74

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s’acquitte des devoirs commandés par un injuste trépas. Toutefois H ne peut souffrir que le même feu réduise en cendrés le fruit de son amour. Il le retire des flammes et du sein de sa mère pour le porter dans l’antre de Chiron. Le corbeau, qui attendait la récompense de son fidèle récit, ne compta plus, par l’ordre d’Apollon, au nombre des oiseaux distingués par la blancheur de leur plumage. OCYRIIOK WÉTAMORPHOSÉE ENCAVALE. V. Le monstre cependant se réjouissait d’avoir un nourrisson d’une race divine : l’honneur inhérent à sa tâche faisait son orgueil. Tout à coup, arrive, les cheveux flottant sur ses épaules, la blonde fille du Centaure qu’autrefois la Nymphe Chariclo enfanta sur les rives d’un fleuve rapide et qu’elle nomma Ocyrhoé. Elle ne se çonlenta pas d’apprendre les secrets de son père ; elle prédisait l’avenir. A peine a-t-elle conçu dans son âme une fureur prophétique ; à peine, échauffée par le dieu qu’elle portait dans son cœur, a-t-elle vu l’enfant : « Grandis pour le salut du monde, jeune enfant ! dit-elle. Souvent les mortels te devront l’existence. Et déditamplexus, injuslaquejusta pcregit, Nonlulit in cinereslabi suaPboebuseosdcin Semiua ; sednatumflammisuleroqueparenlis Eripuit, geminiquelulit Cbironisin anlruin ; 630 Speranlemque sibinonfaleccproimialinguai, Inler avesalbasveluitconsidèrecorvum. OCÏR1IŒ MUTAT DRINEQDAM. V. Semiferintereadivinteslirpisalumno Loetuserat, mixtoqueonerigaudehathonore. Eccevenitrulilishumerosprolectacapillis 055, FiliaCentauri, quamquondamNymphaChariclo, Fluminisin rapidiripiscnixa, vocavit Ocyrhoeif.Nonhcccarlescontentapaternas Edidicissefuit ; falorumarcanacanehat. Ergoubivalicinosconcepilmeulefurores, 640 Incaluilquedco, quemclausumpcctorehabebat, Aspicilinfanleiu, « lotiquesaluliferorbi Cresce, puer, dixit.Tibise morlaliasoepe LIVRE II. 75 Il le sera donné de ranimer les morts. Mais, pour l’avoir essayé une fois, en dépit du courroux des dieux, la flamme de ton aïeul l’empêchera de le tenter encore. Dieu, lu deviendras un corps inanimé ; puis dieu, en quittant une dépouille mortelle ; et deux fois tu verras renaître les destins. Toi aussi, tendre père, toi qui n’es plus mortel, et que le Sort a doté d’une vie qui doit se prolonger dans tous les temps, lu désireras pouvoir mourir, lorsque le venin d’un serpent cruel, se glissant dans Ion corps à travers une blessure, sera pour loi une source de douleurs. Immortel, les dieux le rendront sujet à la mort, et les trois Parques trancheront le fil de les jours. ; > Il lui restait d’autres mystères, à dévoiler. Elle pousse un soupir du fond de son cœur, et des larmes sillonnent ses joues. « ies Deslinsm’en empêchent, dit-elle ; je ne puis parler davantage ; la voix m’abandonne. Mon art devait-il m’altirer ainsi le courroux des dieux ? Oh ! qu’il eût mieux valu ignorer l’avenir ! Déjà la forme humaine semble m’être ravie ; déjà l’herbe me plaît pour pâture ; déjà l’instinct m’entraîne dans de vastes prairies : mon corps, comme celui de mon père, prend la forme du cheval. Mais Corporadcbehunl.Animastihireddereademplas Faseril ; idquescmeldisindignantihusausus, 64.5 Possedare hociterumflammaprohiberisavila. Equcdeocorpusfiesexsangue ; deusque, Quimodocorpuseras ; el bis tua falanovabis. Tuquoque, carepaler, nonjam morUilis, et tevis Omnibusul maneas, nascendilegecreatus, 650 Posscmoricupieslum, quumcruciahcredirai Sanguineserpentisper sauciamembrareceplo ; Tequeex oelernopatientemnuminamortis Efficient, triplicesquedeoetua fila résolvent ; » Restabatfatisaliquid.Suspiratab imis 655 Pectoribus, lacrymaique genislabunturobortài, Atqueila : « Proevertunt, inquit, me fata, vctorque Pluraloqui, vocisquemeceproecludilur usus. Nonfuerantàrles tanli, qucenuminisiram Conlr3xeremihi ; Mallemnesciêsefuturs ; 660 Jammihi suhducifacièshumanavidelur ; Jamcibusherbaplacel ; jam latis currerecampis Impelusest : in equam, cognalaquecorporaverlor. 76. MÉTAMORPHOSES. pourquoi la métamorphose, entière chez moi, est-elle incomplète chez lui ? » Tellesétaient ses plaintes. Ses dernières paroles furent à peine intelligibles : tant elles étaient confuses ! Bientôt on n’entendit plus ni des paroles humaines, ni le hennissementd’une cavale, mais un son qui cherchait à l’imiter. Peu d’instants après, elle pousse de véritables hennissements ; ses bras s’agilent sur le gazon ; ses doigts se tiennent, el ses ongles réunis s’arrondisse !  ! t en un léger sabot ; sa bouche s’agrandit, son cou s’allonge, le bas de sa robe traînante se change en queue, el ses cheveux épars forment la crinière qui flotte à droite sur son ccu. Elle prend en même temps une voix et une figure nouvelles, et tire un no.1veau nom de sa métamorphose. BATTUS MÉTAMORPHOSÉ ENPIERRE. VI. Fondanten larmes, le filsde Philyraimplorait en vain ton secours, dieu deDelphes.Tu ne pouvaisenfreindre les ordres du grand Jupiter ; et, quand lu l’aurais pu, tu n’étais point près de lui. Tu habitais l’Élide et la Messénie.Tu étais alors revêtu d’une peau de berger. Ta main droite portait une branche d’olivier sauvage, et la Tolatamenquare ? paterestmihinempebiformis. » Taliadicentiparsest extremaquerelai 665 Inlellectaparum, confusaqueverbafuere, Moxnecverbaquidem, necequaisonusillevidelur, Sedsimulantisequarn ; parvoquein temporecerlos Edidilbinnilus, et hrachiamovitin herhas. Tumdigiticœunt, el quinosalligatungues G70 Perpeluocornulevisungula ; crescitel oris, Et collispalium ; longteparsmaximapalloe Caudafit ; utquevagicrinespercollajacebaul, lu dextrasabierejubas ; pariterquenovalaest Et vox, et faciès ; nomenquoquemonslradederc. 675 BATTUS MUTATIIB INLAP1DEM. VI.Flebat, opemqueluamfrustraPhilyreiushéros, Delpbice, poscebaLNamnecrescindercmagni JussaJovispoleras ; nec, si reseindereposses, Tuneaderas : Elin, messaniaque arvacolebas. Illuderatlempus, quote pastoriapellis 6S0 Tcxit, onusqueluit dexlroesilveslrisoliva ; LIVRE II. 77 gauche une flûte formée de sept roseaux d’inégale grandeur. Tout entier à l’amour, tu faisais tes délices de ton chalumeau, lorsque des génisses s’avancèrent, dit-on, sans gardien, dans les champs de Pylos. Le fils de Maïales voit, et, grâce à son adresse, les dérobe et les cache au fond des bois. Ce larcin ne fut remarqué de personne, excepté d’un vieillard connu dans les campagnes voisines : on l’appelait Battus. Il était chargé de garder les bois, les gras pâturages du riche Néléeet ses nobles cavales. Mercure le redoute. D’une main caressante il le tire à part, et lui dit : « Qui que tu sois, étranger, si Ton réclame ces troupeaux, réponds que tu ne les a point vus. Pour un tel service, reçois cette génisse superbe. » 11la lui donne. L’étranger l’accepte en ajoutant : « Retiretoi sans crainte.Cettepierrerévéleraplutôtquemoi ton larcin. » En même temps il lui montre une pierre. Le fils de Jupiter feint de s’éloigner. Bientôt il revient avec une voix et une figure nouvelles. « Berger, dit-il, as-tu vu des génisses errer dans ces campagnes ? Aide-moià découvrir ce larcin. Tu recevras pour récompense une génisse et un taureau. » Le vieillard, gagné par l’appât d’un double salaire, lui répond : « Vousles trouverez derrière ces Àllerius, disparseptenisfîslulacanuis. Dumqueamorest curoe, dumte tua fistulamulcet, îneustcdiUcpyïiosmemorauturin agros Processisseboves.YidetbasatlantideMaia GS5 Natus, et arie sua silvisoccultâtabactas. Senscrathocfurtumnemo, nisï notusin illo Ruresenex : Battumviciniatotavocabant. Divitishic saltushc-rbosaque pascuaNeleî, Nobîliumque grègescustossei’vabatequarum. 6D0 ÏÏunclimuit, blandaquemanuseduxit, et illi. : « Quisquises, hospes, ait, sï fortearmenlarequiret Hoecaliquis, vidissenega.Keugratiafacto Nullarependatur, nitidamcapeproemiavaccam.s Etdédit.Accepta, vocesbas reddidithospes : G95 « Tutuseas. Lapisistc priustua furtaloquatur. » Et lapidemostendit.SimulâtJovenatusabire. ÏJoxredit, et, versaparitercumvocefigura : c Rustice, vidïstisi quashoclimite, dixit, Ire boves, fer opemfurtoquesilentiademe. 700 Junctasuopreliumdabiturtibifeminalauro. » Atsenior, poslquaramercesgeminala : « Subillis 78

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montagnes. » Ellesy élaient en effet. Le petit-fils d’Atlas se mit à rire : « Perfide, c’est moi que tu trahis, lu me trahis moi-même ! » dit-il ; et il changeale parjure vieillard en une pierre dure qu’aujourd’hui même on appelle pierre de louche. Depuis ces temps anciens elle est marquée d’une tache d’infamie qu’elle n’a point méritée. AGLAURE CHANGÉE ENROCnER. Vfl. De Pylos, Mercureprend son vol, et ses regards découvrent les champs de Munychie, la contrée chérie de Minerve el le bois qui couronne le Lycée. Ce jour-là, suivant l’antique usage, de chastes vierges portaient sur leurs tôles, dans le sanctuaire de Pallas paré pour celle solennité, des corbeilles chargées de pures offrandes. A leur retour, le dieu les voit. Dès lors il quitte la ligne droite el se replie sur lui-même. Tel, dans son rapide essor, quand il aperçoit les entrailles d’une victime, le milan trace un circuit dans les airs, tant que la crainte l’inquiète et que les prêtres environnent l’autel ; il n’ose s’éloigner el plane avidement autour de la proie qu’il espère. Ainsi, dans son vol, le dieu de Montihus, inquit, erunt ; » el erant sub montibusillis. RisilAtîantiades, et : « Memihi, perfide, prodis ? île mihiprodis ? » ail ; perjuraquepectoravertit 705 In durumsilicem, qui nuncquoquediciturIndex ; Inqueniliilmeritovelusest infamiasaxo. AGLAUROS IXSAXUSl 011RIGESCIT. VII. Minese susluleratparibusCaduciferalis, Jilunyehiosque volansagros, gratamqueMinervoe Despcclabalhumum, cultiquearbuslaLycei. 710 Illa fortediecasttedemorepuellas Verticesuppositofeslasin Palladisorées Pura coronatisporlahantsacracanislris. Indereverlentesdeusaspicilaiesilerque Nonagitin rectum, sedin orbemcurvateumdem. 715 Ulvolucrisvisisrapidissimamiluusextis, DumLimet, cl densicircumslantsacraministrî, Flectilurin gyrum, neclongiusaudetabire, Spemquesuammolisaviduscircumvolatalis LIVRE II. 79 Cyllène tourne au-dessus des murs d’Acte en décrivant le même cercle. Autant Lucifer éclipse les étoiles par son éclat, autant la blonde Phébé t’éclipse toi-même, ô Lucifer ! autant Hersé, par ses attraits, efface toutes les vierges. Elle est à la fois l’ornement de celle fêle et de ses compagnes. A la vue de tant de charmes, le fils de Jupiter s’arrête immobile. Suspendu dans les airs, il s’enflamme comme le plomb qui, lancé par la fronde, vole et s’embrase en sillonnant les nuages où il rencontre des feux inconnus. Il change de roule, et, sans se déguiser (tant il se fie à ses charmes ! ), il quille le ciel pour se diriger vers un aulre point. Sa beauté, quoique parfaite, puise dans l’art un pouvoir nouveau. Il arrange ses cheveux, il fait flotter avecgrâce sa chlamyde sur ses épaules, pour qu’elle étale à tous les yeux For el sa riche broderie de pourpre ; sa main tient la baguette légère qui appelle ou bannit le sommeil ; ses ailes brillent à ses pieds. Au fond du palais de Cécropsétaient trois appartements que décoraient l’ivoire el l’écaillé. Le tien, Pandrose, se trouvait à droite, celui d’Aglaure à gauche, et celui d’Hersé au milieu. Aglaure s’aperçut la première de l’arrivée de Mercure. Elle osa lui demander SicsuperactceasagilisCylleniusarces 7’20 Inclinâtcursus, et easdomcircinatauras. Quantosplendidior, quamcetera sidéra, fulget Lucifer ; et quanLo, te, Lucifer, aureaPhûibe ; TantovirginihuspraislanlioromnibusHerse Ibat, eralquedecuspompaicomitumquesuarum. 725 ObslupuilformaJovcnalus, et ailherependens Nonsecusexarsil, quamquumbalcaricaplumbum Fundajacit ; volâtillud, et incandescitcundo, Et, quosnonhabuit, sub nubibusinvenitignés. Vertititer, cceloquepetitdiversarelicto, 750 Necse dissimulât : tantaest fiduciaformai ! Quaiquanquamjusla est, cura tamenadjuvatillam, Permulcelquecomas, chlamydcmque, ut pendeataple, Collocat ; ut limbus, tolumqueapparealaurum ; Ut toresin dextra, quasomnosducitet arcel, 755 Virgasil ; ut tersisniteantlalariaplantis. Parssécrétadomuscborecl lestudinecultos Trèshabuitlhalamosquorumtu, Pandrose, dexlrum, Aglauroslicvum, médiumposséderaiHerse. Qu : ctenuil laivum, venientemprimanolavit 740 Mercurium, nomenquedei scilaricrausaest, 80

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son nom et le motif de sa présence. Le petit-fils d’Atlas et de Pléioné lui répondit : « Je suis le dieu qui porle à travers les airs les ordres de mon père ; et mon père, c’est Jupiter lui-même. Je ne t’alléguerai point de vains prétextes. Seulement, sois fidèle à ta sœur, et consens à voir des neveux dans mes enfants. Je viens pour Hersé. Je l’en supplie, favorisema flamme. » Aglaure le regarde avec ces mêmes yeux qui naguère pénétrèrent le secret de Minerve. Elle demande pour ce service une somme considérable, et presse le dieu de sortir du palais. La déesse de la guerre lui lance un regard menaçant. Les profonds soupire qui s’exhalent de son cœur fonl tressaillir sa forte poitrine et l’égide qui la protège. Elle se souvient qu’Aglaure d’une main profane dévoila le mystère, lorsque, —contrela foijurée, elle porta les yeux sur le fils du dieu de Lemnos qui venait de naître sans mère. Elle sent qu’Aglaure va gagner la faveur du dieu el de sa sœur, tout en s’enrichissanl par l’or qu’exige sa cupidité. Aussitôt elle se dirige vers le palais de l’Envie souillé d’un sang noir. Sa demeure se cache au fond d’une valléeinconnue du soleil, inaccessible à tous les vents, triste, glacée d’un froid léthargique, El causamadvenlus.Cuïsic responditAtlantis Pleionesqucgenus : « Egosum, qui jussaper auras Verbapatrisporto.Paterest mihiJupiteripse. Necfingamcausas : tu tanlumfidasorori 7.15 Essevelis, prolisquemeaimalerteradici. Hersecausaviai.Faveas, oramus, amanli. » Aspieithuneoculisisdem, quihusahdilanuper VideraiAglaurosflavaisécrétaMinerae ; Proqueminîsteriomagnisibiponderisaurum 750 Postulai, lntereatectisexcederecogit. Vertitad banctorvideabellicaluminisorbem, Et fantopenitusIraxitsuspiriamotu, Utparilerpeclus, positamquein pectoreforli .fëgidaconcuteret.Subitbancarcanaprofana 755 Delexissemanu, tum quumsinemairecreatam Lcmnicolai stirpemcontradatafoederavidil ; Et gratamquedeoforejam gralamquesorori, Etditemsumpto, quodavarapoposceril, auro. Protinuslnvidiai, nigrosqualcnlialabo, 760 Tectapelil.Domusestimisin vallibusanlri Abdila, solecarens, nonulli perviavenlo, Trislis, cl ignaviplenissimafrigoris, el qun LIVRE II. St toujours privée de feu el chargéede brouillards. Parvenue à ce séjour, la déesse guerrière s’arrête devant la porte (car il ne lui est pas permis d’entrer) et la frappe du bout de sa lance. A l’instant la porte s’ouvre. Minerve voit l’Envie couchée dans son antre et dévorant des vipères, aliment de ses fureurs. Elle détourne les yeux. L’Enviese lève lentement de terre, abandonnedes reptiles à demi rongés, et se traîne d’un pas languissant. A la vue de la déesse, dont la beauté et les armes rehaussent la majesté, elle gémit et met sa figure en harmonie avecses profonds soupirs. La pâleur siège sur ses traits ; son corps est décharné ; jamais son regard ne se fixe ; ses dents sont tarlreuses et livides ; le fiel gonfle son cœur ; sa langue distille des poisons ; le sourire ne paraît sur ses lèvres qu’à l’aspect des malheurs. Tenueen éveilpar mille soucis, elle ne ferme jamais ses paupières. La prospérité humaine la fait sécher de dépit. En déchirant autrui, elle se déchire ellemême : elle est son propre bourreau. QuoiqueMinervel’abhorre, ellelui adresse ce peu de mots : « Répands ton venin dans le cœur d’une des filles de Cécrops ; je le veux : Aglaure est son nom. » Ignevacetsemper, çaliginesemperabundet. Hueubipervenitbellimetuendavirago, 765 Constititantedomum, nequeenimsuecederetectis Fashabet, et poslesexlremacuspidepuisât. Concussaipatuerefores.Videtintusedentem Vipereascarnes, vitiorumalimentasuorum, Invidiam, visaqueœulosavertit.Atilla’ 770 Surgithumopigre, semesarumque relinquit Corporaserpentum, passuqueinceditinerli. Utquedeamvidit, formaquearmisquedecoram, Ingemuit, vultumqueimaadsuspiriaduxit. Pallorin oresedet ; maciesin corporeloto ; 775 Nusquamrectaacies ; liventrubiginedénies ; Pectorafellevirent ; linguaest suffusaveneno ; Risusabest, nisi quemvisimoveredolores ; Necfruilursomno, vigilaeibusexcitacuris ; Sedvidetingratos, inlabeseitquevidendo, 780 Successushominum ; carpilqueel carpiluruna, Suppliciumque suumest. Quamvislamenodcralillam, Talibusaffalaest brevilerTritoniadictis :’ « Inficetabetua natarumCecropisunam ; Sicopusest : Aglaurosea esl. » HaudpluraIncula, 785 D. K3

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Aussitôt elle s’enfuit en repoussant la terre t’.u bout de sa lance. L’Envie suit la déesse d’un œiloblique, et fait entendre un soupir qui atteste le déplaisir qu’elle éprouve de travailler pour Minerve. Elle s’arme d’un bâton hérissé d’épines, el marche couverte d’un sombre nuage. Partout où elle passe elle foule sous ses pieds les fleurs, dessèche les gazons et abat les hautes cimes. Peuples, cités, familles, tout est infeclé de son souffleimpur. Enfin elle aperçoit la ville de Minerve, que le génie, l’opulence el la paix rendent heureuse et florissante. A peine retieiil-elie ses pleurs, parce qu’elle n’y voil rien de lamentable. Dès qu’elle est entrée dans l’appartement de la fille de Cécrops, elle accomplitles ordres de Minerve. Elle applique sur le sein d’Aglaure sa main ensanglantée, remplit son cœur de pointes déchirantes, lui souffle un poison mortel, et fait circuler dans sa poitrine un noir venin qui pénètre jusqu’à la moelle de ses os. Afin de resserrer dans un même cadre toutes les causes de ses souffrances, elle rassemble sous ses yeux Hersé, son heureux hymen el le dieu dont la beauté l’a charmée. En même temps elle amplifie tout ce qui est capable d’exciter dans le cœur d’Aglaure une jalousie secrète qui la déFugit, et impressatelluremreppulilhasla. Illa, deamobliquofugicntemlumiuecernens, Murmuraparvadedi !, successurumque slinervai Indoluil ; baculumquecapitquodspineatotum Vinculacingebant.Adopertaque nubibusalris, 790 Quacumqueingredilur, florentiaprolerilarva, Exuritqueherhas, et summacaeumïnacarpit, Afflaluquesuopopulos, urhesque, domosque Polluil ; et tandemtritonidaconspicilarcem, Ingcniis, opihusque, et festapacevirentem ; 795 Vixquetenel lacrymas, quianil lacrymabilecernil. SedposlquamtbalamosinlravitCecropenalce, Jussa-facit, pectusquemanuferruginetincta Tangit, et bamatisproecordiasenlibusimplet, Inspiratquenocensvirus, piceumqueper ossa S00 Dissipât, et mediospargitpulmonevenenum. Ncvemalispatiumcausaiper laliuserrent, Germanamanteorulos, forlunatumque sororis Conjugium, pulcbraquedeumsub imagineponit. Cunclaquemagnafacil, quibusirrilala, dolore 805 LIVRE II. S5 chire. L’infortunée gémit dans des tourments de nuit et de jour ; elle cède à un poison lent, ainsi que la glacefond aux rayons d’un soleil d’hiver. Le bonheur d’Hersé la mine comme le feu consume sourdement les plantes épineuses sans qu’elles jettent de flammes. Souvent elle voulut mourir pour n’être pas témoin de l’hymen de sa sœur ; souvent elle voulut le révéler comme un crime à la sévérité de son père. Enfin, assise à la porte du palais, elle attend, pour le repousser, le dieu qui s’avance du côté opposé. En vain emploie-t-il les caresses, les prières el les plus douces paroles : « Cesse, lui dit-elle ; je ne m’éloignerai d’ici qu’après l’en avoir chassé. — J’y consens, » réplique aussitôt le dieu de Cyllène ; el de sa baguette il frappe les portes ciselées. Aglaure veut se lever ; mais les membres qui plient quand nous nous asseyons, enchaînés par un engourdissement invincible, ne peuvent se mouvoir. Elle lâche de se redresser, mais les articulations de ses genoux se raidissent ; le froid circule dans son corps, et ses veines, privées de sang, perdent leur azur. Comme un cancer incurable étend ses ravages et gagne insensiblement les parties saines, ainsi les glaces de la mort, pénéCecropisoccultomordetur ; et anxianocle, Anxialucegemil ; lentaquemiserrimatabe Liquitur, ut glaciesincertosauciasole. Felicisquebonisnon seciusuritur Herses, Quamquum spinosisignissupponilurherbis, 810 Quainequedanl flammas, leniquevaporecrcmanlur. Stcpemorivoluit, ne quîdquamtaievïderet ; Saipe, velulcrimen, rigidonarrareparenti. Deniquein adversovenientemliminesedit Exclusuradeum.Cuiblandimenla,’precesque, 815 Verbaquejactanlimitissima : « Desine, dixit. Hincegome non sumnisite moturarepulso. » « Stemus, ait, pacto, veloxCyllenius, islo. » Cailalasqueforesvirgapatefecit.Atilli Surgoreconantipartes, quascumquesedendo 820 Flectimur, ignavanequeuntgravitatemoveri. Illaquidemrecto pugnatse atlolleretrunco ; Sedgenuumjuncturarigel, frigusqueper artus Labilur, et pallentamissosanguinevente, fjtqucmalumlaie soletimmedicabilecancer 825 Serperc, et illaisasvjtialisadderepartes ; Si

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trant peu à peu dans le cœur d’Aglaure, ferment le canalde la vie et de la respiration. Elle ne fil aucun effort pour parler. L’eût-elle tenté, sa voix n’aurait plus trouvé d’issue. Déjà son cou était pétrifié ; son visage avait durci. Elle étail changée en une statue assise. La pierre même n’était plus blanche : son âme l’avait noircie. JUPITER, SODSLArORJIED’U.XTAUREAU, ENLÈVEEUROPE. Vni. C’est ainsi que le petit-fils d’Aliaspunit les insolents propos d’une fillejalou.se. Aussitôtil quille la contrée que Pallas décore de son nom, et, balancé sur ses ailes, il rentre au céleste séjour. Son père le prend à pari, et, sans lui parler de l’amour, objet de son nouveau message : « Fidèle ministre de mes volontés, lui dit-il, ô mon fils ! hàle-toi de voler vers la terre avec la vilesse accoutumée. Rends-loi dans celle contrée qui regarde ta mère, à notre gauche, et que ses habitants appellent Phénicie Emmène jusqu’aux bords de la mer ce royal troupeau que lu vois paître au loin sur la montagne. » Il dit, el déjà les taureaux chassés dans la plaine cheminent vers le rivage, où la fille du puissant roi Siclethalishiemspaulatimin pectoravenit Vilalcsqucvias, et respiraminaclausil. Necconataloquiest ; nec, si conatafuisset, Vocishaberetiter. Saxumjam collatenebat, 850 Oraquedurueranl, signumqueexsanguesedebaf. ’ . Neclapisalbuserat ; suamensinfeceratillam. JUPITER, SUMPTA TAURISPECÏE, EUROPAM RAPIT. VIII. Hasubiverborumpoenasmentisqueprofanes CepitAtlanliades, diclasa Palladeterras Linquit, et ingrediturjaelalisxlhcrapennis. 855 Sevocathunegenitor, neccausamfassusamoris : <tFideminisler, ait, jussorum, nate, meorum, Pellemoram, soliloquecelerdelaberecursu ; Quoiqueluammatremtellusa parlesinislra Suspicit, indigena ; Sidonidanominedicunt, 840 Hancpelé ; quodqueproculmontanograminepasci Armentumregalevides, ad liftoraverte. » Diîit, el expulsijamdudummontejuvenci Lillorajussapetunt, ubimagnifiliarégis LIVRE II. S5 de la contrée avait coutume de jouer au milieu des jeunes Tyriennes, ses compagnes. La majesté et l’amour ne s’accordent guère et ne vont point ensemble. Aussi, déposant son auguste sceptre, le père et le maître des dieux, qui lient dans sa main la foudre terrible, et qui d’un signe ébranle le monde, revêt la forme d’un taureau. Confonduparmi les troupeaux d’Agénor, il mugit et promène sur le tendre gazonses belles formes. Il esl blanc comme la neige qui n’a pas encore été foulée par un pied rustique, ni amollie par l’humide Aquilon. Ses muscles se gonflent sur son cou ; son fanon se balance avec grâce ; ses cornes sont petites, mais semblent polies par la main d’un artiste, et brillent plus qu’une pierre précieuse. Son front n’a rien de menaçant, son œil rien de terrible : la douceur règne dans tous ses traits. Lafille d’Agénor admire la beauté de ce taureau ; elle s’étonne qu’il ne respire point les combats. Cependant, malgré la douceur de l’animal, elle n’ose d’abord le toucher. Bientôt elle s’en approche, et présente des fleurs à sa bouche d’albâtre. Son amant tressaille de joie, et, en attendant le bonheur qu’appellent ses vœux, il baise la main de la princesse. A peine peut-il contenir Ludcre, virginibustyriiscomilala, solebat. 8i5 Nonbeneconveniunt, necin unasedfimorantur Majeslaset amor.Sceptrigravilaterelicta, 111epalerreclorquedeum, cuidextratrisulcis Ignibusarmataesl, qui nutu concutitorbem, Induiturfaciemtauri, mixtusquejuvencis S50 Mugit, et in tenerisformosusobambulatherbis. ^uippecolornivisest, quamnecvestigiaduri ^aleaverepedis, necsolvitaqualieusAuster. Collatorisexstant ; armispaleariapendent ; Cornuaparvaquidem, sedquaiconlenderepossis S55 Factamanu, puraquemagisperlucidagemma. Nullaiin fronleminai, necformidabilelumen ; Pacemvultushabet. MiraturAgcnorcnata, Quodtamformosus, quodproelianullaminelur. Sed, quamvismilem, meluitconlingereprimo. SCO Moxadit, el lloresad candidaporrigilora. Gaudctamans, et, dumveniatsperalavoluplas, Osculadat manibus.Vixab ! vixctcleradiffert. SO

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ses transports. Il joue, il bondit sur le vert gazon. Tantôt il reposesur le sable son corps éblouissant ; tantôt, après avoir insensiblement dissipé la frayeur d’Europe, il présente son poitrail à ses caresses ; tantôt il lui permet d’enlacer à ses cornes de fraîches guirlandes. Enfin la princesse, ignorant quelle esl sa divine monture, ose s’asseoir sur le taureau. Le dieu alors s’éloigne de la terre et du rivage. Peu à peu il baigne sur le bord de Fonde ses pieds trompeurs. Bientôt il pénètre plus avant, el emporte sa proie au travers des flots. Europe, effrayée, tourne ses regards vers les bords qu’elle a quittés malgré elle.— Sa main droite lient une corne du laureau, la gauche s’appuie sur sa croupe, el les plis onduleux de sa robe flottent au gré des vents. Et nuncalludit, viridiqueexsultalin herba ; Nunclalusin fulvisniveumdeponitarenis ; S65 Paulalimquemetudemplo, modopectoraproebet Virgineaplaudendamanu ; modocornuaserlis Impediendanovis.Ausaest quoqueregiavirgo, Nesciaquempremeret, tergoconsidèrelauri. Tumdeusa terra, siccoquea littore, sensim 870 Falsapedumprimisvestigiaponilin undis. Indeabitullerius, mediiqueper aiquoraponti Ferl proedam.Pavethtec, litlusqueablalareliclum Respicit, et dextracornuinlenet, alleradorso Imposilaest : iremulaîsinuanturflaminevestes. 875 LIVRE TROISIÈME AGKKORORDONNE A CADMUS DE CI1ERCI1ER SA FILLEQUIL VIENT DEPERDRE. — COMBAT DECADMUS AVECUNDRAGON. I. Déjàle dieu, dépouillé de la trompeuse forme du taureau, s’était fait connaître, et habitait la Crète, lorsque le père d’Europe, ignorant dans quelle région avait été transportée sa fille, enjoignit à Cadmus de la chercher ; et, se montrant à la fois père tendre et cruel, le menaça de l’exil s’il ne la trouvait pas. Cadmus erre jusjusqu’aux limites du monde. Maisqui pourrait découvrir les larcins de Jupiter ? Réduit à fuir sa patrie pour se dérober au courroux de son père, d’une voix suppliante il implore l’oracle d’Apollon, et lui demande quelle terre il doit habiter. « Une génisse, répond le dieu, s’offrira seule à tes regards dans les campagnes. Jamais elle n’a porté le joug, ni traîné ia charrue. Prends-la pour guide, LIBER TERTIUS AGENOR CADMO IMPERAT UTFILIAMAMISSAM QIMiRAT. — CADMUS Ct*îlDRACOXE COLI.UCT.VTUR. I. Jamquedeuspositafallacisimaginetauri, Seconfessuserat, dicUeaquerura tenebal, Quumpaler ignarusCadmoperquirereraplam împerat, et poenam, si non inveneril, addit Exsilium, factopiuset sceleraluseodem. 5 Orbepererrato, quisenimdeprenderepossit " FurtaJovis ? profuguspatriamque, iramqueparcntis sr VilatAgenorides, Pboebiqueoraculasupplex %, Consulit, et quaisit lellushabitanda, requirit. Y * Bostibi, Phoebusait, solisoccurretin arvis, 10 \ JXullum passajugum, curviqueimmunisaratri. 88

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et, dans la prairie où tu la verras se reposer, fonde une ville et donne à la contrée le nom de Béotie. » A peine descendu de l’antre de Castalie, Cadmus voit s’avancer lentement et sans gardien une génisse dont le cou ne porte aucune empreinte du joug. 11marche sur ses traces d’un pas rapide, et adore en silence le dieu qui lui ouvre une route. Déjàil avail franchi les bords du Céphiseet les champsde Panope. La génisse s’arrête, lève vers le ciel son large front orné de cornes superbes, et remplit l’air de mugissements. Puis, tournant ses regards vers ses compagnes qui la suivent, elle se couche, et de ses flancs presse le tendre gazon. Cadmusremercie le dieu, baise celte terre étrangère, el salue ces montagnes et ces plaines inconnues, n s’apprête à offrir un sacrificeà Jupiter, et ordonne à ses compagnons d’aller puiser de l’eau vive pour.les libations. Là s’élevait une. antique forêt que la hache avait toujours respectée. Au milieu était une caverne couverte d’épaisses broussailles. L’entrée présentait une basse voûte en pierres. Il en sortait une source abondanle.Au fond de cette caverne était caché le dragon, fils de Mars.Sa crête avait l’éclat de For ; la flamme Hacducecarpevias, el, qua requieveritherba, Moeniafaccondas, boeotiaqueillavocalo. » VixbenecastalioCadmusdescenderatantro, IncustoditamlenLevidctire juvencam, 15 Nullumservitiisignumeerviccgerentem. Subsequitur, pressoquelegilvestigiagressu, Auctoremque vitePboebumlacilurnusadorât. JamvadaCephisi, Panopesqueevaseratarva. Eosstelit, et tollensspaliosamcornihusaltis 20 Adcoelumfrontem, mugilibusimpulitauras. Atqueita, respicienscomitéssua tergasequentes, Procubuit, teneraquelatus submisitin herba. Cadmusagitgrates, peregrinaique osculaterrai Figit, et ignotosmontes, agrosquesalutat. 25 SacraJovifacturuserat.Jubetire ministros, El peteree vivislibandasfontibusundas. Silvavêtusstabat, nullaviolatasecuri. Est specusin medio, virgisac viminedensus, Efficienshumilemlapidumcompagibus arcum, 50 Uberibusfecundusaquis.Hocconditusantro Martiusanguiserat, cristispraisignisel auro. LIVRE III. SO jaillissait de ses yeux ; son corps était gonflé de venin ; il dardait un triple aiguillon, et sa mâchoire était armée d’une triple rangée de dents. A peine les Tyriens ont-ils porté leurs pas dans celte funeste forêt, à peine l’urne, jetée au sein des eaux, a-t-elle relent), que le noir serpent avance hors de l’antre sa longue lête, et fait entendre d’horribles sifflements. L’urne échappe de leurs mains ; le sang se glace dans leurs veines, et un subit effroi agile tous leurs membres. Le reptile replie en mille anneaux sa croupe flexible, et décrit en bondissant des orbes immenses. Plus de la moitié de son corps se dresse dans les airs et domine la forêt. Vu dans toute son étendue, il égale en grandeur le serpent qui sépare les deux Ourses. Aumême instant, soit que les Tyriens s’apprêtassent à combattre ou à fuir, soit que la crainte paralysât leurs dards el leurs pas, il déchire les uns de ses morsures, et enlace les autres de ses longs anneaux, ou les tue de son souffle impur. Le Soleil, au plus haut point de sa course, avait enfin rétréci les ombres. Le fils d’Agénor s’étonne du relard de ses compagnons et cherche la trace de leurs pas. Il a pour vêtement la dépouille Ignemicanloculi, corpjslumetomneveneno, Tresquevibrantlinguce, Iriplicislant ordinedentés. Quemposlquamlyrialucum’degenteprofecti 55 Infaustoletigeregradu, demissaquein undas Urnadéditsonitum, longumcaputextulitantro Cairuleusserpens, borrendaquesibilamisit. F.ffluxere urnaimanibus, sanguisquerelinquit Corpus, et altonilossuhitustremoroccupaiarlus. 40 111evolubilibussquamososnexibusorbes Torquet, et immensossallusinuaturin arcus ; Acmédiaplusparlelevésereclusin auras Despicilomnenemus : tanloqucest corpore, quanto, Si tolumspectes, geminasqui séparâtArctos. 45 Necmora, Phoenicas, siveilli lelaparabant, Sivefugam, siveipselimorprohibe-bal utrumquo, Occupaibosmorsu, longiscomplexibusillos ; Hosneeatafflalosfuncstitabeveneni. Feceralexiguasjamsol altissimusumbras. 50 Quoemorasit sociismiraturAgenorenalus, Vesligalqueviros.Tegimendereptaleoni 90 MÉTAMORPHOSES. d’un lion, pour armes une lance au fer élincelanl, un javelot, et son courage, préférable à toutes les armes. Il entre dans la forêt. A la vue des victimesque la mort vient, de frapper, et du vainqueur qui les couvre de son vaste corps, en léchant de sa langue ensanglantée leurs horribles blessures, il s’écrie : « Je serai votre vengeur, mes fidèlesamis, ou je partagerai votre sort. » A ces mots, il soulève un bloc énorme, et, par un effort suprême, parvient à le lancer. Le choc de celle masse eûl ébranlé des remparts couronnés de superbes lours. Cuirassépar ses écailles et sa peau noire contre les coups les plus vigoureux, le serpent’resla sans blessure. Mais sa.peau, malgré toute sa dureté, ne peut résister au javelot qui s’ouvre un passage à travers sa soupleépine, et s’y fixe en laissant tout le fer dans ses entrailles. Transporté, de douleur, le monstre replie sa tête sur son dos, regarde sa plaie, et mord le dard qui s’y tient immobile. Il fait mille efforts pour l’ébranler en tout sens, et semble près de l’arracher ; mais le fer reste cramponné à son corps. A sa fureur ordinaire s’ajoute en ce moment la douleur de sa blessure. Les veines de son gosier se gonflent de sang ; une blanPclliseral, lelumsplendentilanceaferro, El jaculum, leloqueonimusprtestanlioromni. Ut nemusintravil, lethalaquecorporavidit, 55 Vieloremque supraspaliosicorporishoslem, Tristiasanguinealambentemvulneralingua : « Autultorveslrai, fidissimacorpora, mortis, Autcornes, inqùit, cro. » Dixit, dextraquemolarem Sustulil, eLmagnummagnoconaminemisit. 60 Illiusimpulsuquumturribusarduacelsis îlceniamolaforent, serpenssinevulneremansit, Loricoeque modosquamisdefensus, et alrai Duriliapeliisvalidoscuiereppulitictus. Atnonduriliajaculumquoquevineitcadem, G5 Quodmediolenlaifixumcurvaminespinai, Constilit, el lolodescenditin iliaferro. 111e, doloreferox, caputin suatergarclorsit, Vulneraqueaspexit, fixumquebastilemomordit. Idque, uhivi mullaparlcmlabefecilin omnem, 70 Vixtergoeripuit, ferrumlamenossibuslueret Tumvero, poslquamsolilasaccessitad iras Plagarecens, plenistumueruntgutluravenis, LIVRE III. 91 che écume découle de ses lèvres venimeuses ; la terre est broyée sous ses écailles bruyantes, el l’air esl infecté du souffle qui s’échappe de sa gueule infernale. Tantôt son corps se recourbe en spirales immenses ; tantôt il se dresse comme un peuplier ; quelquefois d’un vaste bond il s’élance, tel qu’un rapide torrent grossi par les orages, el de son poitrail il renverse les arbres qu’il rencontre. Le fils d’Agénor recule un peu, et, avec sa peau de lion, soutient les assauts’duserpent, il oppose son javelot à sa gueule menaçante. Le dragon furieux attaque l’acier par d’impuissantes morsures el y brise ses dents. Déjà de son palais empesté le sang commençait à couler et à rougir le gazon. Mais la blessure élait légère. Tant qu’il se dérobe aux atteintes en reculant sa tète, les coups, détournés par ce mouvement, ne peuvent faire une entaille profonde. Enfin le fils d’Agénor enfonce le fer dans le gosier du serpent, le presse sans relâche, jusqu’à ce que le monstre s’appuie contre un chêne, et que son cou et l’arbre soient percés en même temps. Courbé par le poids du dragon, le chêne gémit sous ses coups de queue. Tandis que Cadmus contemple le corps giganlesSpumaquepestiferoscircumfluitalbidarictus ; Terraquerasa sonatsquamis ; quiquehalilusexit 75 Orenigerstygio, vitiatasinficitauras. Ipsemodoimmensumspirisfacienlibusorbem Cingilur ; interdumlongatraberecliorexit. Impetenuncvaslo, ceuconcitusimbribusomms, Fertur, el obstantesprolurbalpectoresilvas. 80 CeditAgenoridespaulum, spolioqueleonis Suslinetincursus, instantiaqueora retardât Cuspidepratenla.Furilille, el maniaduro Vulneradat ferro, frangilquein acuminedentés. Jamqueveneniferosanguismanarcpalalo 85 Coeperat, et viridesasperginetinxeralherbas. Sedlevévulnuserat, quiase relrahebatab ictu, Loesaque colladahatrétro, plagamquesedere Ccdendoarcehal, neclongiusire sinebat ; DonecAgenoridesconjeclumin gultureferrum 90 Usquesequenspressit, dumrétro, quercuscunli Obstitil, et fixaest parilercumroborecervix. Pondèrescrpenliscurvalaest arbor, el imai Parteflagellarigemuitsuaroboracaudoe. Dumspaliumviclorvicliconsidérâthostis, 95 92

MÉTAMORPHOSES
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que de son ennemi vaincu, tout à coup une voix se fait entendre. On ne peut reconnaître d’où elle est partie ; mais elle profère ces mois : « Pourquoi, fils d’Agénor, regarder le serpent que lu viens de tuer ? On te verra’aussi sous la forme d’un serpent. » Longtemps saisi d’effroi, Cadmuspâlit, se trouble ; son sang se glace cl ses cheveux se dressent sur sa tête. DESSOLDATS NAISSENT DESDENTSDUDRAGON TUÉPARCADMUS. ïï. Cependantla protectrice de Cadmus, Pallas, descendue de la voûte azurée, lui ordonne de remuer la terre el d’y semer les dents du dragon, d’où doit naître un peuple nouveau. 11obéit ; il trace des sillons avecla charrue, et dépose dans la terre les dents destinées à produire des hommes. Aussitôt (ô prodige incroyable ! ) la glèbe commenceà se mouvoir. Du milieu des sillons surgit d’abord une forêt de lances ; bientôt des têtes s’agitent sous des casques brillants ; ensuite apparaissent des épaules, des poitrines, des bras chargés d’armes, et toute une moisson d’hommes couvertsde boucliers. Ainsi, dans lesjeux solennels, quand se déploie la toile du théâtre, les statues semblent, s’élever. Elles montrent d’abord Voxsubitoaudita.est, nequeerat cognoscerepromptum, Unde ; sedauditaest : « Quid, Agenorenate, perempluin Serpenlemspectas ? et lu speetabereserpens. » Illediu pavidus, paritercummentecolorem Perdiderat, gelidoquecoma ? terrore rigebant. 100 E BEXTJBUS DRACONIS OCCISIMILITES ENASCUX’ICB. II. Eccevirifautrix, superasdelapsaper auras, Pallasadest, motaiquejubet supponereterrai Vipereosdentés, populiincrementafuturi. Paret, et, ut pressosulcumpatefecitaratro, Spargithumijnssos, mortaliasemina, dentés. 105 Inde (fideroajus ! )glebtecoeperemoveri, Primaquede sulcisaciesapparuithaslaî. Tegminamoxcapilumpictonutanliacono, Moxhumeripectusque, onerataquehrachialelis Exsistunl, crescilquesegesclypealavirorum. 110 Sic, ubi tollunturfestisaulteatheatris, Surgeresignasoient, primumqueostenderevullum, LIVRE III. . 95 leurs têtes, el peu à peu le reste du.corps, jusqu’à ce que, par degrés insensibles, on les découvre en entier, et qu’on aperçoive leurs pieds sur le bord de la scène. Effrayé par Ces nouveaux ennemis, Cadmus allait saisir ses armes : « Ne les prends pas, s’écrie un des enfants de la terre, et ne te mêle pas à des combats impies, n A ces mots, il frappe de son épée un de ses frères, et tombe à son tour sous un javelot. Celui qui Fa tué ne survit pas longtemps à sa victime, et rend le souffle qu’il vient de recevoir. La même fureur s’empare du peuple entier. Des frères d’un jour s’entr’égorgent avec leurs propres armes, el ces guerriers éphémères heurtent déjà de leurs poitrines palpitantes leur mère ensanglantée. Il n’y en eul que cinq qui survécurent. De ce nombre fut Échion. Par le conseil de Minerve, il mit bas les armes. Il demanda et donna à ses frères un gage de paix, el ils s’associèrent aux travaux de Cadmus pour fonder la ville que Foracle d’Apollonleur avait ordonné de bâtir. ACTÉON MÉTAMORPHOSÉ ENCERF. III. Déjà s’élevaient les murs de Thèbes ; déjà lu— pouvais, ô Ciderapaulatim, placidoqueeduclateuore Totapatent, imoqucpedesin margineponunt. TerrilusbostenovoCadmuscaperearmaparabal : Mo « Necape, de populo, quemterra crcaverat, unus Exclamât, nec te civilibusinsèrebellis.a Atqueita lerrigenisrigidode fralribusunum Cominusenseierit ; jaculocaditeminusipse. Hicquoque, qui letbo dederat, nonlongiusillo 120 Vivit, et exspirat, modoquasacceperat, auras, Exemploque pari fuit omnisturba, suoque Mariecaduulsubitiper mutuavulnerafratres. Jamquebrevisspatiumvit » sortitajuventus SanguineamIrepidoplangebanlpectorematrem, 125 Quinquesuperslilibus, quorumfuit unusEchion. Is suajecithumi, monituTritonidis, arma, FratemaîqueGdempacispetiitque, deditque. Hosoperiscomitéshabuitsidoniushospes, Quumposuitjussampboebeissorlibusurbem. 150 ACTJiON IXCËIIVUU COKVEI1TITUK. llL JamslabantThebai.Poterasjam, Cadme, vidcri 94 • MÉTAMORPHOSES. Cadmus ! paraître avoir trouvé le bonheur dans l’exil : l’hymen t’avait donné pour gendre à Marset à Vénus. Ajoute à cel honneur l’illustre sang de la compagne, tant de fils, lanl de filles, gages de votre, tendresse, et une postérité nombreuse, toute brillante de jeunesse. Mais, hélas ! c’est le dernier jour qu’il faut toujours attendre ; et nul homme ne doit être appelé heureux avant que la mort l’ail placé sur le fatal bûcher. Au milieu de tant de prospérités, ô Cadmus ! ta première douleur le vint de ton fils. Son front fut chargé d’un bois étranger, el ses chiens se désaltérèrent dans le sang de leur maître. Cependant, à dire vrai, le hasard seul fui coupable : ton fils n’eut poinl de crime à se reprocher. Quelcrime pouvait-on imputer à une erreur ? H y avait une montagne baignée du sang des bêles fauves. Déjà le soleil, au milieu de sa course, avait raccourci les ombres, et s’élevait à une égale distance de ses deux limites, lorsque le jeune Actéon dit simplement à ses compagnons errant dans des sentiers détournés : « Amis, nos toiles et nos armes sont teintes dU sang des animaux : la fortune aujourd’hui nous a été propice. Demain, dès que l’Aurore ramènera le jour sur son char vermeil, nous reprendrons nos travaux. En ce moment le soleil est à une égale Exsiliofelix : socerilibiMarsqucVcnusque Cbnligerant.Hueaddegenusde coujugetanla, Tôtnatos, natasque, el, pignoracara, ncpoles, Hbsquoqucjamjuvenes.Sed, scilicet, ullimasemper 155 Exspectandadicshomini, diciquebeatus Anteobitumnemosupremaquefuneradébet. Primaneposintertoi res libi, Cadme, secundas Causafuit luclus, alienaquecornuafronli Addila, vosquecanessaliataisanguineherili. 1-iO Al benesi quairas, Fortunaicrimenin illo, Nonscelusinvenies.Quodenimsceîuserrorhabebat’? Monserat, infectusvdriarumcïfedeferafum. Jàmquediesrerummédiasconlraxeratumbras, El sol ex oequomêladistabâlutraque, 1-15 Quumjuvenisplacidoper dévialustravaganles ParticipesoperumcompellatHyanliusdre : « Linamadent, comités, ferrumquecruoreferarum. Forlunamquedieshabuitsalis.Alleralucem QuumcrocciseveelarôtisAurorareduect, 150 Propositumrepetarausopus.NuncPboebusutraque LIVRE ïïl. 95 distance des deux hémisphères, et sa chaleur brûlante entr 1 ouvre le sol. Remettez vos courses et pliez vos filets. » Dociles à ses ordres, ses compagnons suspendent leur chasse. Là s’étendait la vallée de Gargaphie, que les pins et les cyprès couvraient de leur ombre. Elle était sous la protection de Diane chasseresse. Au fond de celte vallée s’ouvrait une grotte obscure, tout à fait étrangère à l’art, mais la nature l’avait imité en cintrant la pierre-ponce et le tuf léger. A.droite murmurait une source dont les eaux limpides se promenaient à Taise entre deux rives bordées de gazon. G1est dans leur pur cristal que Diane, fatiguéede la chasse, aimait à plonger ses chastes appas. Â peine y est-elle arrivée, qu’elle remet à la Nymphechargée de veiller sur ses armes son javelot, son carquois et son arc détendu. Une secondereçoit la robe dont la déesse s’est dépouillée. Deuxautres détachent la chaussure de ses pieds. Plus adroite que ses compagnes, la fille de risménus, Crocalé, noue les cheveuxépars sur le cou de Diane, tandis que les siens flottent en désordre. Néphélé, Hyalé, Rhanis, Psécaset Phialé puisent de l’eau etTépauchent de leurs urnes profondes. Tandis que la fille de Titan se baignait, selon sa couDistatidemterra, flndïtquevaporibusarva. Sistiteopusproesens, uodosaquetollitelina. » Jussavirifaciunt, intermitluntquelaborem. Valliserat piceiset acutadensaeupressu, U>S NomineGargaphie ; succinctajcuraDiana :. CUjusin exlremoest antrumnemoralerecessu, Artelaboratumnulla.Simtilaveratartem îngenîonaturasuo ; nampumicevivo, Et levibustophîsnativumduxcratarcum. 1G0 FonssoData dexlra, tenuiperlucidusunda, Marginegramineopatulosincinetushiatus. Hicdeasilvarumvenatufessa, solebat Yirgineosartusliquïdoperfundererore. Quopostquamsubiit, JNympharum tradidituni iG’ô Armigera ; jaculum, pharetramque, arcusquerelenlos. Altéradepositresubjecitbrachiapalke. Vincladuaîpedibusdémuni ; namdoctiorillis IsmenisCrocale, sparsosper collacapillos Colligitin uodum, quamviscratipsasolutïs. 170 E\cipiuullaticeiuKephelequc, llyalequo, llh’anisque, Et Psecas, et Pbiale, iundunlquecapacibusurnis." Dumquuibi pevluitursolilaTitanîalympha, 90 MÉTAMORPHOSES. lume, dans celte fontaine, le fils de Cadmus, qui avait interrompu ses travaux, porte soudain ses pas errants dans le bocageinconnu, el pénètre jusqu’à la grotte pour y subir sa destinée. Il venait d’entrer dans le réduit où cette fontaine répand une fraîche rosée, lorsque les Nymphesaperçoivent un homme. Dans leur état de nudité, elles se frappent le sein el remplissentaussitôt le bois de leurs cris. Elles se pressent autour de Dianeel lui font un remparl de leurs corps. Maisla déesse, plus grande qu’elles, les domine de toule sa lête. Comme on voit Un nuage frappé des rayons du soleil se nuancer de diverses couleurs, ou le front de l’Aurore prendre une teinte vermeille, ainsi rougit Diane dès qu’un homme Fa vue sans vêtements. Quoique entourée de ses nombreuses compagnes, elle s’incline et détourne son visage. Ses flècheslui manquent. Elle puise del’eau, la jette à la figure du profane qui l’a outragée, et, en arrosant sa lête de l’onde vengeresse, lui annonce ainsi l’infortune qui le menace : « Maintenant, va dire, si tu le peux, que tu m’as nie sans voile. » A ces mots, elle fait croître sur le front d’Acléon le bois du cerf agile, elle alEcceneposCadmi, dilataparlelaborum, Per uemusignolumnoncertispassibuserrons, l^ô Pervenitin lucum : sicillumfataferebant. Qui’simulintravilrorantiafontibusautra, Sicuterant, visouudaisuapectoraNymphai Percussereviro, subitisqueululalibusomne Impleverenemus, circumfusaique Pianam ISO Corporibus lexcresuis ; lamenaltiorillis Ipsadeaest, colloquetenussupereminetomncs. Quicolorinfeçtisadversisolisabictu Nubibusessesolet, autpurpureaiAurorai ; Is fuitinvultuvisaisinevesteDiante. 185 Quiequanquamcomitumlurbaest stipala : uarLin, In latusobliquumtamcnadslilit, oraquerclro Flexil ; et ut vellctpromptashabuissesagiitas, Quashabuit, sicbausitaquas, vullumqucvirilcu Perfudit ; spargensque comasullricibusundis, 100 Addidilhoeccladispnenunliaverbafulurai : « Nunclibimeposilovisa’mvelamincnarres, Si polcrisnarrare, licet. » Necjiluramiiiata, Pat sparsocapitivivaciscornuacervi, LIVRE III. 97 longe son cou, affile ses oreilles, remplace ses mains par des pieds, ses bras par des jambes grêles, et enveloppe son corps d’une fourrure tachetée. De plus, elle lui inspire la peur. Le pelil-fils d’Aulonoé prend la fuite, et s’étonne lui-même de la rapidité de sa course. A peine a-t-il vu sa ramure dans les eaux qu’il avait coutume de parcourir, il veul s’écrier : « Malheureux’ » Maisla parole expire sur ses lèvres. H pousse un gémissement : ce fut son seul langage, el des larmes baignèrent ses traits nouveaux. H ne conserva que son ancien instinct. Quelparti prendre ? Relournera-t-il dans sa royale demeure, ou se cachera-l-il au fond des bois’.' Tandis qu’il flotte entre la crainte el la honte, ses chiens l’aperçoivent. Mélampeet l’intelligent Ichnobatès, l’un venu de la Crète et l’autre de Sparte, donnent le premier signal par leurs cris. Bientôt accourent, plus prompts que le vent, Pamphage, Dorcéeet Oribase, tous trois de l’Arcadie, le vigoureux Nébrophone et le féroce l’héron avec Lélape ; Ptérélas aux pieds légers et Agré à l’odorat fin ; Hylée, blessé naguère par un sanglier farouche ; Napé, issue d’un loup ; Péménis, qui jadis veillait sur les troupeaux ; Ilarpye, accompagnéede ses. Dalspaliumcollo, summasquecacuminataures ; 195 Cumpedibusquemanus, cumlongishrachiamutât Cruribus, et velatmaculosovelierecorpus. Àddiluset pavorest. Fugitauloneiushéros, Et se laniceleremcursumiralurin ipso. Utverosolitissua cornuaviditin undis, ’200 Memiserum ! dicturuseral : voxnullaseculaesl. Ingemuil ; voxilla fuit ; lacrymaiqueper ora Nonsuafluxerunt : menslanluinpristinamansit. Quidfacial ? rcpelatnedomumet regaîiatecla ? Anlateatsilvis ? limorhoc, pudorimpeditillud. ’2U5 Dumdubilat, viderecanes ; primusqueMelampus, Icbnobalesque sagax, latratusignadedere, Gnosiuslcbnobalcs, sparla’nagenteMelampus. Inderuuntalii rapidavelor.iusaura, Pamphagus, et Dorpeas"et OTfbasus, Arcadesomnes ; 210 Ncbrophonosque^vjileVs>J.dt’ lîux « ufilLajlapeThcron, Et pedibusPtêi’e4aï,.erTîarib’us ùyljsvAgre ; Uylaiusquc fero^uperpercussusalMrppq, Dequelupocommenta pape, necudcsqâesecula Poemenis, et îîâïiscopi^ataiHarpyàSuobus, 215 \’•> : / 0 98 ’ MÉTAMORPHOSES. deux petits ; Ladou de Sicyone, aux maigres flancs, Dromas, Canacê, Sticlé, Tigris et Alcé ; le blanc Leucon, le noir Asbole, le robuste Lacon, l’impétueux Aëllo, Tboùs, l’agile Lycisca et son frère Cyprius ; Harpale, dont la tête noire porte une tache blanche ; Mélanée, Lachné au poil hérissé, Labros, Agriodos, Ilylaclor à la voix perçante, nés d’un père crétois el d’une mère laconienne, et beaucoup d’autres qu’il serait trop long de nommer. Celle troupe affamée de butin se précipite à travers des rochers escarpés d’un abord difficile ou sans accès. Actéon fuit dans ces mêmes lieux où souvent il avaitpoursuivi les bêtes fauves. Hélas ! il fuit ses compagnons. Il veut élever la voix pour leur dire : « Je suis Actéon, reconnaissez votre maître ! » Maisles paroles lui manquent. Des aboiements seuls retentissent dans l’air. Mélanchélèsest le premier qui le blesse au dos ; puis Théridamas ; Orésilrophos l’atteint à l’épaule. Ils étaient partis après les autres ; mais, en coupant la montagne par un chemin de traverse, ils les avaient devancés tous. Tandis, qu’ils retiennent leur maître, la meule entière arrive et déchire Actéon. La place enfin manque aux blessures. Il gémit ; et, si ses accenls ne Et substriclagerenssicyoniusiliaLadon, Et Dromas, et Canace, Slicleque, et TigriSjel Alcc, Et niveisLeucon, el villisAsbolusalris, Praivalidusquc Lacon, et cursufortisAello, Et Thous, et CyprioveloxcumfralreLycisce, 220 Et nigrammediofrontemdistinctusab albo Harpalos, et Melaneus, hirsutaquecorporeLachne ; Et pairedicUeo, sedmairelaconidcnati, Labroset Agfiodos ; el acutaivocisHylactor ; QUosque referremoraest. Eaturba cupidincprtedai 225 Perrupes, scopulosque, adiluquecarenliasaxa, Quavia difûcilis, quaqueesl via nulla ; feruntur. 111efugit, perquaifueratlocascepesecutus. Hdu ! famulosfugitipsesuos.Clamarelibellât : « Aclteonegosum ; dominumcognoscitcvestriim. « 

! ^5Ô 

Verbaanimodesunt : fesonallalratibusoetber. PrimaMelanchaites in lergovulnerafecil, ProximaThéridamas, OrésilrophosHaiâilin arnio. Tardiusexieranl, sedper Compendia montis Aniicipàtaviaest. Dominum relinenlibusillis, 2ô :  : Caiteraturbacoit, conferlquein corporedoutes. Jam locavulneribusdesunt.Gémitille, sonumque, LIVRE III. 99 sont pas d’un homme, un cerf du moins ne saurait les faire entendre. Ses tristes plaintes remplissent les montagnes qui lui sont connues. Il fléchit les genoux, et, dans l’altitude d’un suppliant, à défaut de bras qu’il puisse tendre, il promène autour de lui ses regards en silence. Ses compagnons, sans le reconnaître, pressent, comme à l’ordinaire, la troupe alerte par leurs exhortations. Ils cherchent Actéon, et tous à l’envi l’appellent, comme s’il était absent. Il entend son nom et reloimie la têle, quand ils se plaignent de son absence et de sa lenteur à venir contempler la proie qui lui est offerte. Sans doute il voudrait être absent ; mais il est là. Il voudrait être témoin des exploits de sa meule, sans en ressentir les cruelles morsures. Les chiens, l’entourant de tous côtés, plongent leurs gueules dans le corps de leur maître changé en cerf, el le mettent en lambeaux. Ce ne fut qu’en exhalant sa vie à travers mille blessures qu’il apaisa, dit-on, le courroux de Diane. AMOUR DEJUPITERTOURSÉMÉLÉ. — JUNONSEVENGEDESARIVALE. IV. Le bruit de cette aventure fut diversement accueilli. Les uns trouvèrent la déesse trop cruelle ; d’autres approuvèrent sa Et, si nonbominis, quemnon tamenederepossit Cervus, habet, moestisquerepletjuga notaqucrelis ; Et genibussupplexpositis, similisqueroganti, 240 Cireumferttacitos, lanqnamsua hrachia, vultus. Atcomitésrapidumsolitishortalibusagmen Ignariinstiganl, oculisqueActoeona quairunl, EtvelutabsentemcerlalimActaionaclamant. Adnomcncaputillorefert, ut abessequeruntur, 245 Neccapereoblataisegnemspeclaculaproedai. Velletabessequidem ; sed adesl, vellelqueviderc, Nonetiamsentireeanumferafactasuorum. Undiquecircumstant, mersisquein corporeroslris, Dilacerantfalsidominumsubimaginecervi. 250 Nec, nisifinitaper plurimavulneravila, Ira pharetrataifertursaliataDiana ;. JUPITERSEMELE AREET. JUXORIVAI.E5I ULCISCITUK. IV. Rumorin ambiguoest. Aliisviolentioroequo Visadeaest ; aliilaudanl, dignamquesevera 100 MÉTAMORPHOSES vengeance et la proclamèrent digne de son austère virginité. Chaque opinion s’appuya sur des motifs plausibles. Seule, l’épouse de Jupiter n’exprima ni éloge ni censure : elle pensa plutôt à se réjouir du malheur de la famille d’Agénor. La haine qu’elle conçut pour sa rivale de Tyr retomba sur ses descendants. Au premier outrage qui l’avait allumée s’ajouta un outrage nouveau. Elle s’indigna que le sein de Sémélé renfermât un gage de la tendresse du grand Jupiter, et elle prononça ces paroles amères : « Que m’est-il revenu de toutes mes plaintes ? C’est ma rivale même que je dois attaquer. Je la perdrai, si je mérite d’être appelée la puissante Junon, si je suis digne de porter un sceptre élincelant de pierreries, si je suis la reine des dieux, la sœur et l’épouse de Jupiter : du moins en suis-je la sœur. Maispeut-être des plaisirs furlifs suffisent à ma rivale, et l’affront fait à ma couche n’aura duré qu’un moment. Non, non : elle a conçu (il ’ me manquait cet affront), et elle porle dans ses flancs un témoignage certain de ma honte. Elle veut que Jupiter la rende mère, quand moi-même j’eus à peine cet honneur ! tant elle se fie à sa beauté ! Je la ferai tourner à sa perle. Je renonce à être la fille de Saturne, si son Jupiler ne la précipite pas au fond du Styx ! » A ces mots, elle s’élance de son trône, et, voilée d’un nuage Virginilalevoeant. ; parsinvenitutraquecausas. 255 SolaJovisconjuxnon tamculpetneprobetne Eloquitur, quamcladedomusab Agenoreductai Gaudet ; el a lyria collectumpellicetransfert In generissociosodium.Subiteccepriori Causarecens, gravidamquedoletde seminemagni 260 EsseJovisSemelem.Tumlinguamad jurgiasolvit : « Effcciquidenimlotiesper jurgia ? dixil. Ipsapelendamihiest. Ipsam, si maximaJuuo Bitevoeor, perdam, si me gemmanliadexlra Seeptrateneredecet, si sumregina, Jovisque 265 Et soror, et conjux ; ccrtesoror. At, puto, furto est Contenta, et thalamihreviscsl injurianoslri. Concipit(id deerat), manifestaquecriminaplcno Fert utero, et mater, quodvixmihicontigituni, DeJovevult lîeri : lanlaest fiduciaformai ! 270 Fallateamfaxo ; necsiinSaturnia, si non AbJovemersasuostygiaspenelrabitad undas. » Surgitab bissolio, fulvaquerccondilanuhe, LIVRE III. 101 d’or, elle se rend à la demeure de Sémélé. Avant de dissiper l’obscurité qui la dérobe aux yeux, elle prend les traits d’une vieille, couvre ses tempes de cheveuxblancs, ride son visage, courbe son corps et s’avance d’un pas tremblant. Elle prend aussi une voix caduque. C’est Béroé elle-même, la nourrice que Sémélé reçut d’Epidaure. L’entretien s’engage. Après de longs détours, le nom de Jupiter arrive enfin. Alors la déesse soupirant : « Je voudrais bien, dit-elle, que votre amant fût Jupiter : mais je craius tout. Souvent sous le nom des dieux des mortels ont souillé de chastes couches. D’ailleurs, il ne suffit pas qu’il soit Jupiter : demandez un gage de son amour. S’il est véritablement le roi des cieux, exigezque la majesté et la puissance donl il esl revêtu, quand il se rend auprès de la superbe Junon, le suivent dans vos bras ; qu’il y vienne revêtu de l’appareil de sa grandeur. » Tels furent les conseils donnés par Junon à l’innocente fille de Cadmus. Elle réclamade Jupiter un gage d’amour, sans le désigner : « Choisis, lui répond le dieu, tu n’éprouveras pas de refus ; et, pour que tu ajoutesplus de foi à mes paroles, je prends à témoin le Styx, effroi des dieux et dieu lui-même. » Sémélése réjouit de ce qui doit la perdre. Devenuetrop puissante, et près de périr par la complaiLimenaditScmeles.Necnubesanîeremovit, Quamsimulavitanum, posuitquead temporacanos, 275 Sulcavitque cutemrugis, et curvatrcmenli Membratulit passu.VocemquoquefeciLanilem ; Ipsaquefit Reroe, Semelesepidaurianulrix. Ergoubi, eaplalosermone, diuqueloquendo, AdnomenvenereJovis, suspirat, et : « Oplem 2S0 Jupiterut sit, ait. Metuotamenomnia.Multi Nominedivorumlhalamossubierepudicos. NectamenesseJovissalisest.Detpignusamoris, Simodoverusis est ; quantusque, el qualisab alla Junoneexcipitur, lanlus, talisquerogato 2S5 Deltibicomplexus, suaqueanle insigniasumal. » TaiibusignaramJunoCadmeidadictis Formarat.UogalillaJovcmsinenominemunus. Cuideus :’<Elige, ait ; nullampaliererepulsam. Quoquemagiscredas, slygiiquoqueconsciasunlo 290 Numinalorrentis : limoret deusilicdeorum. » Lailamain, nimiumquepotens, perituraqueamantis G. 102 MÉTAMORPHOSES. sance de son amant, elle répond : « Que la pompe où le voit la fille de Saturne, quand lu viens goûter dans ses bras les douceurs de l’amour, te suive auprès de moi ! » Le dieu voulut lui fermer la bouche, mais déjà ces paroles indiscrètes s’étaient envolées dans les airs. Il gémit ; mais il ne lui est point possible d’annuler le vœu de Sémélé, ni de rétracter son serment. Le cœur attristé, il remonte dans les cieux. D’un signe de lête.il rassemble des nuages où sa main a mêlé la pluie, les éclairs, les vents, le tonnerre et la foudre inévitable. Autant qu’il peut il essaye d’affaiblir ses armes. 11ne lance point les feux qui terrassèrent Typhoée aux cent bras : ils seraient trop terribles. Il esl une autre foudre plus légère, et dans laquelle les Cyclopesmirent moins de courroux, de flamme et de fureur. Les Immortels l’appellent foudre de second ordre. Le dieu la saisit, et pénètre dans le palais d’Agénor. Une simple mortelle ne put supporter le fracas qui ébranle’les cieux. Elle périt dévorée par les flammes qu’avait allumées son amant. L’enfant, encore informe, fut retiré du sein de sa mère, et, s’il est permis de le croire, un lien l’attacha, faible encore, à la cuisse de Jupiter. 11y resta tout le lemps qu’il devait passer dans le sein maternel. La ObsequioSemele : « QuaiemSaturnia, dixit, Te soletamplecti, Venerisquumfendusinilis, Damihite lalem. » Voluitdeusora loquentis 295 Opprimere : exieratjam voxproperatasub auras. Ingemuit, nequeenimnonhaieoptasse, nequeille Nonjurassepotest.Ergomoestissimus allum .libéraconscendit, nutuquesequentiatraxit Nubila ; queisnimbos, immixlaquefulguravenlis 500 Addidil, et lonilrus, et inevitabilefulmen. Quatamenusquepotest, vires"sibi demeretenlat ; Nec, quocentimanumdejeceratignéTyphoea, Nuncarmatureo : nimiumferiLatisin illo. Est aliudleviusfulmen, cuidextraCyclopum 505 Sievitite, flammaiqueminus, minusaddidilirai. TelasecundavocantSuperi.Capililla, donmmque Inlratagenoream.Corpusmorlaletumullus Nontulit ailherios, donisquejugalibusarsit. ImpeiTcctus adbucinfansgenilricisab alvo 510 Eripilur, patrioquetener, si credercdignum, Insuiturfemori, maternaquetemporacomplet. LIVRE III.- ; 105 sœur de Sémélé, Ino, entoura furtivement son berceau des premiers soins. Il fut ensuite confié aux Nymphes de Nysa, qui le cachèrent dans leurs grottes et le nourrirent de lait. TIRESIASAVEUGLE ETDEVIN. V. Tandis que ces événements s’accomplissent dans l’univers par la loi du Destin, et que ie berceau de Bacchus, né deux fois, csl à l’abri de tout danger, Jupiter, égayé par le nectar, quitta, dit-on, les graves occupationsde son empire pour s’abandonner à desjeux folâtresavecJunon, libre alors de tout souci. « Sansdoute, lui dil-il, la volupté a pour vous plus de douceurs que pour les hommes. — Non, » répond-elle. Ils conviennentde s’en rapporter à la décision de l’habile Tirésias, initié aux plaisirs des deux sexes. D’un coup de bâton il avait frappé deux énormes reptiles accouplés dans une verte forêt. Tout à coup, ô prodige ! changé en femme, il conserva sa nouvelleforme pendant sept automnes. Dansle huitième, il vit les mêmes serpents. « Si les blessures que vous recevezsont assez puissantes pour changer le sexe de votre ennemi, je vais, dit-il, vous frapper encore. » A peine les a-l-il FurtimillumprimisInomaterleracunis Educal.IndedatumNympbainyseidesanlris ’ Occuluere suis, laclisqusalimentadcdore. 5i5 TIRESIAS ETC/ECUS ETVATES. V. Dumqueea per terrasfatalilegegeruntur, " TulaquebisgenitisuntincunabulaRacchi, ForteJovemmemorant, diffusumneclare, curas Seposuissegraves, vacuaqueagitasseremissos CumJunonejocos, et : « Majorveslraprofcctoesl, 520 Quamquaicontingatmaribus, dixisse, voluptas. » Illanegat.Placuit, qucesit sententiadocti QuierereTiresiai.Venushuicerat ntraquenota. Namduomagnorumviridicœunliasilva Corporaserpentumhaculiviolaveraticlu ; S25 Dequevirofactus, mirabile ! femina, seplem Egerataulumnos.Octavorursuseosdem Vidit, et : « Estveslrscsi lantapotenliaplagai, Dixit, ulauctorissorlemin contrariamulet, Nuncquoquevosferiam. » Percussisanguibusisdem 550 104

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frappés de nouveau, qu’il reprend sa forme première et semble naître une seconde fois. Choisipour arbitre dans ce joyeux débat, Tirésias adopte l’avis de Jupiter. La fille de Saturne en éprouva, dit-on, une douleur trop vive et peu en rapport avec la cause qui l’avait provoquée. Elle condamna les yeux de son juge à une éternelle nuit. Maisle maître suprême du monde (car aucun dieu n’a le droit d’anéantir l’œuvre d’un autre dieu) lui accorda la science de l’avenir en échange de la lumière qui lui élait ravie, et allégea sa peine par cet honneur. ÉCHŒSTCHANGÉE ENSON, NARCISSE ENFLEUR. VI. Au sein des villes d’Aonie, remplies de sa renommée, Tirésias donnait des réponses toujours infailliblesau peuple qui venait le consulter. La brune Liriope fut la première qui reçut la preuve de son talent pour révéler l’avenir. Jadis le Cépbise l’enlaça de ses ondes ; et, tandis qu’elle élait enfermée dans ses, plis sinueux, il en triompha par la violence. Decette Nymphe, modèle de beauté, naquit un enfant, dès lors digne d’être aimé de ses compagnes, et qu’on appela Narcisse. Elle demanda à Tirésias si cet enfant devait parvenir à une longue vieillesse. « Oui, répondit-il, s’il ne se Formapriorrediil, genitivaquerursusimago. Arbiterhic igitursumptasde litejocosa, DictaJovisfirmat.GraviusSaturniajuslo, Necpro maleriaferturdoluisse, suique JudicisalternadamnavitIuminanocte. 555 Atpateromnipolens(nequeenimlicetirritacuïquam Facladei fecissedeo), prolumineadempto Scirefuluradédit, pcinamqueîevavithonore. EcnoHTJTATUR INVOCEM ; XARCISSUS INFLŒEM. VI. Ilieper aonias, famaceîeberrimus, urbes Irreprehensadabatpopuloresponsapelenti. 540 Primafidevocisquerata ; tentaminasumpsit CoirulaLiriope.Quamquondamfluminecurvo Implicuit, claustequesuisCephisosin undis Vimtulit. Enixaest uteropulcherrimapleno Infantcm, Nymphisjamnuncquiposselamari, 545 Narcissumquevocat.Doquoconsullus, an esset Temporamaturaivisuruslongasenectai. Fatidicusvates : « Si se nonvidprit, » inquit. LIVRE III. 105 voit pas. » Longtempsl’oracle parut menteur ; niais il fut justifié par l’aventure qui mit fin aux jours de Narcisse, par le genre de sa mort et par son étrange délire. Déjà le fils de Cépbise avait ajouté une année à ses trois lustres : l’enfance et la jeunesse semblaient l’embellir à la fois. Une foule de jeunes gens et de Nymphes brûlaient pour lui. Mais, comme aux grâces de l’âge il joignait de cruels dédains, il répudia tous leurs vœux. Un jour qu’il poussait dans ses toiles des cerfs timides, il fut’ aperçu par la Nymphequi ne peut se taire quand on lui parle, et qui ne sait point parler la première, Écho, dont la voix redit les sons. Alors c’était une Nympheel non une simple voix, Nymphe bahillarde, il esl vrai, mais qui, commeà présent, répétait seulement les dernières paroles. Junon l’avait réduite à cet état, parce qu’au moment où elle aurait pu surprendre les Nymphesdans les bras de Jupiter sur la montagne où résidait Écho, celle-ci plus d’une foisl’avait adroitement retenue par de longs entretiens pour donner aux Nymphesle temps de fuir. La fille de Salurne découvrit l’artifice. « Tu ne pourras te servir longtempsde cette langue qui m’a trompée, lui dit-elle : bientôt l’usage de la voix te sera Vanadiuvisaestvoxauguris.Exitusillam, Resqucprohaî, lelhiquegenus.novilasquefuroris. 550 Jamque1erad quinosunumCephisiusannum Addiderat, poleratquepuerjuvenisquevideri. Multiillumjuvenes, multaicupiercpuellai. Sedfuitin leneralamdira superhiaforma, Nulliillumjuvenes, nulla ; letigerepuellaî. 355 Aspicithune, trepidosagitantemin reliacervos, VocalisNymphe, qua ; necreticereloquenti, Necprioripsaloquididicit, resonabilisEcho. CorpusadhucEcho, nonvoxerat, et lamenusum Garrulanonalium, quamnunchabel, orishabebat, 5G0 Rcdderede mullisul verbanovissimaposset. FeccrathocJuuo, quia, quumdeprendereposset SubJovesa ; pesuoNymphasin montejacenles, Illadeamlongoprudenssermonetenebat, DumfugerentNympha ;.PostquamSaturniasensit : 5G5 c Hujus, ait, lingual, quasumdelusa, potestas Parvatibidabilur, vocisquebrevissimususus. » 106

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ravi. » L’effet suivit la menace. Écho reproduit les derniers sons de la voix, et rapporte les paroles qu’elle entend. A peine Narcisse, errant dans les bois, a-l-il frappé ses regards, qu’elle s’enflamme et suit furtivement ses pas. Plus elle s’en approche, plus son cœur s’embrase. Ainsi une torche soufrée s’allume au contact du feu. Que de fois elle voulut l’aborder d’une voix caressante et lui adresser de tendres prières ! Mais la nature s’y opposait et lui défendaitde commencer. Toutefoiselle lui permit de recueillir les accents de Narcisseet —de lui répondre à son tour. Par hasard l’enfant séparé de ses fidèles compagnonss’écrie : e Quelqu’un est-il près de moi ? — Moi, » répond Écho. Narcisse reste immobile de surprise. Après avoir promené ses regards de tous côtés : « Viens, » dit-il à haute voix. Écho appelle celui qui l’appelait. Narcissese retourne, et, ne voyant personne : « Pourquoi me fuis-tu ? » ajoute-t-il ; et son oreille reçoit autant de paroles que sa bouche en a proféré. Trompé par la voix, image, de la sienne : « Unissons-nous, » poursuit-il. A ces mots, que la voix d’Écho dut aimer à redire plus que tous les autres, elle répond : « Unissons-nous ! » Et ses désirs interprètent favorablement ces Requerainasfirmal.Tamenbcecin fineloquendi Ingeminatvoces, auditaqueverbareportât. Ergoubi Narcissum, per dévialustravagantem, 570 Vidit, et incaluil, sequiturvestigiafurtim. Quoquemagissequitur, flammapropiorecalescit ; Nonaliter, quamquumsummiscircumlilatoedis Admolamrapiunlvivaciasulphuraflammam. Qquotiesvoluilblandisaccedcredictis, 575 Et mollesadbiberepreces ! Naturarépugnât, Necsinit incipiat ; sedquodsinit, illaparalaesl Exspcclaresonos, ad quossua verbaremiltal. Fortepuercomitumseductusabagminefido, Dixerat : Ecquisadest ? et, Ailest, responderatEcho. 5S0 Hicstupet ; ulqueaciempartesdimisitin omnes, Voce, Veni, clamâtmagna.Vocatillavocanlem. Pespicit, el nullorursusveniente, Quid, inquit, Meftigis ? et totidem, quoddixit, verbarecepit. Perstat, et alternaideccplusimaginevocis, 5S5 Huecoeamus, ait ; nulliquclibenliusunquam Responsurasono, Coeamus, rettulitEcho. Et verbisfavetipsasuis ; egressaquesilvis LIVRE III. 107 paroles. Elle sorl du bocage el court, ravie d’un tendre espoir, presser dans ses bras Narcisse, qui fuit et se dérobé par la fuite à ses embrassements. « Plutôt mourir, dit-il, que de m’abandonner à tes désirs ! » Écho ne redit que ces paroles : « M’abandonner à les désirs. » Méprisée, elle se retire dans les forêts, et cache sous le feuillage la rougeur de son front. Depuis ce moment elle habile les antres solitaires ; mais dans son cœur vit l’amour sans cesse irrité par un refus. D’éternels soucis épuisent et consument son corps, la maigreur flétrit son visage, toute sa substance se dissipe dans les airs ; il ne lui reste que la voix et les os. Sa voix s’est conservée ; ses os ont pris, dit-on, la forme d’un rocher. Ensevelie au fond des bois, elle ne parait plus sur les montagnes, mais elle s’y fait entendre à tous ceux qui l’appellent : c’est un son qui vit en elle. Ainsi Echo et d’autres Nymphes, nées au sein des ondes ou sur les montagnes, et, avant elles, une foule de jeunes gens, furent en butte aux dédains de Narcisse.Une victimede ses mépris, levant ses mains vers le ciel s’écria : « Puisse-t-ilaimer et ne jamais posséder l’objet de son amour ! s Rhamnusie exauça cette juste prière. Ibat, ut injiceretsperatobrachiacollo. Meiugit, fugiensquc, manuscomplexibus aufert : 390 Ante, ait, emoriai’, quams’iltibicopianoslri. Rettulitillaniliil, nisi, SUtibicopianoslri. Spretalatet silvis, pudibundaque iïondibusora Pi’Otegit, cl solisex illovixitin antris. Sedtamenlioeretamor, crcscilquedolorerepulsoe. 39o Atténuantvigilescorpusmiserabilecura :, Adducitque cutemmacies, et in aérasuccus Corporis.omnisabit : vostantumatqueossasupersunt. Yoxmanet ; ossaferunllapidistraxisselîguram. Indelatct silvis, nulloquein montevidetur. 400 Omnibusauditur : sonusest qui viviLin illa. Sicbanc, sic alias, undisaut montibusorlas, LuserathicÏS’ymphas ; siccoetusantcviriles. Indemanusaliquisdespectusad aîtheralollens : « Sicametistclicet, sicnon potiaturamato ! * 405 Dixcrat ; as.-ieusitprecibuslîhainuusiajustis. 108

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11y avait une limpide fontaine aux ondes argentées. Jamais les bergers, ni les chèvresrepues sur la montagne, ni tout autre troupeau, ne s’y étaient.désaltérés ; jamais oiseau, ni bête sauvage, ni rameau détaché d’un arbre, n’en avait troublé le pur cristal. Elle étailbordée d’un gazon dont ses eaux entretenaient la fraîcheur, et d’un bois qui la rendait impénétrableaux ardeurs du soleil. Narcisse s’étend sur la rive, fatigué de la chasse et épuisé par la chaleur. Ravi de la beauté du site et de la limpidité de la source, il veut élancher sa soif ; mais une autre soif se déclare. Tandis qu’il boit, épris de son image qui frappe ses regards, il aime une ombre vaine et lui prêle un corps. Il reste en extase et immobile devant son portrait : on dirait une statue en marbre de Paras. Couchésur le gazon, il contemple ses yeux semblables à deux astres, sa chevelure digne de Bacehuset d’Apollon, ses joues d’adolescent, son cou d’ivoire, sa bouche gracieuse, son teint parsemé de lis et de roses. Il admire les charmes qui le font admirer. Imprudent ! c’est à lui-même que ses vœuxs’adressent ; c’est lui-même qu’il loue, lui-même qu’il recherche ; el les feux qu’il allume le consument lui-même ! Qued’inutiles baisers il imprime sur celle onde tromponserat illimis, nitidisargenteusundis, Quemnequepastores, nequepasloemontecapellaï Contigerant, aliudvepecus ; quemnullavolucris, IVecferaturbarat, nec lapsusab arboreraraus. 410 Gramenerat circa, quodproximusbumoralebat, Silvaque, soleîacumpassuratepescerenullo. Ilic puer, et studiovenandilassuset oestu, Procubuit, faciemqueloci, fontemquesecutus. Dumquesitim sedarecupit, sitis altéracrevit. 415 Dumquebibit, visaicorreptusimaginefonnaî. Remsinecorporeamat ; corpusputatesse, quodumbraest. Adstupetipsesibi, vultuqueimmoluscodem Hoeret, ut e parioformalummarmoresignuni. Spectathumippsilusgeminum, sua lumina, sidus, 420 Et dignosBaccbo, dignoset Apollinecrines, Impubesquegênas, et eburneacolla, decusque Oris, el in niveomixtumcandorcruborem ; Cunctaqucmiratur, quibusest mirabilis.Ipse Secupitimpnidens, et qui probat, ille probatur ; 425 Dumquepetit, petitur ; parilerqueincendil, et ardel. Irrita fallaciquotiesdedUosculafonli ! LIVRE III. Î09 peuse ! que de fois ses bras s’y plongent pour saisir le col qu’il a vu, sans pouvoir embrasser son image ! il ne sait ce qu’il voit ; mais ce qu’il voit excite en lui mille feux ; ses désirs s’accroissent, irrités par son illusion. Insensé, pourquoi vouloir t’emparer d’un objet qui le fuit ? Cet objet que tu recherches n’existe pas ; cet objet que tu aimes, si tu tournes la tête, va s’évanouir. Le fantôme que tu vois, c’est ton ombre réfléchie ! Sans consistance par elle-même, elle vient et subsiste avec toi ; elle s’éloignerait avec toi, si tu pouvais t’éloigner. Mais ni la faim, ni le besoin de repos, ne sauraient l’arracher de ce lieu. Couchésur le tendre gazon, il contemplecette idole sans pouvoirs’en rassasier, et sa contemplationle lue. Enfinilse soulève, et, tendant les mains vers lesarbres qui l’entourent : « Quel amant, ô forêts : s’écrie-l-il, fuljamais plus malheureux ? vous le savez, vous qui avez souvent offert à l’amour un mystérieux abri. Vous souvient-il, après tant de siècles qui ont passé sur vos léles, d’avoir vu, dans celte longue période de temps, un amaul dépérir comme moi ? Une beauté me plaît, je la vois ; mais cel objet qui me plaît et que je vois, je ne puis l’atteindre. Un amant peut-il être le Inmédiasquoties, visumcaptanliacollum, Bracbiamersitaquas, nccse deprenditin illis ! Quidvideat, nescit ; sed, quodvidet, uritur illo ; 450 Atqueoculosidem, qui decipit, incitâterror. Crédule, quidfrustrasimulacrafugaciacaptas ? Quodpetis, est nusquam ; quodamas, avertere, perdes, lsta repercussa 1, quamcernis, imaginisumbraest. Nilbabetista sui, tecumquevenitquc, manclquc ; 455 Tecumdiscedat, si tu discederepossis. KonillumCereris, nonillumcuraquietis Abstrahereindepotest ; sed opacafususin berba Spectatinexpîetomendacemlumineformam, Perqueoculospéritipsesuos.Paulumquelevalus, 440 Adcircumstantestendenssua bracbiasilvas : ftEcquis, io silvoe, crudelius, inquit, amavit ? Scitisenim, et multislatebraopportunafuistis. Ecquem, quumveslraîlot agantursreculavilce, Quisictabueril, long » } meminislisin ajvo ? 445 Et placet, et video ; sedquodvideoque, placelque, Kontameninvenio : lantuslenelerror amanlemI 110 MÉTAMORPHOSES. jouet d’une telle erreur ? Pour comble de chagrin, il n’y a entre nous ni vaste nier, ni dislance, ni montagnes, ni remparts, ni barrière ! Un peu d’eau nous sépare. L’objet de mon amour brûle d’être dans mes bras. Toutesles fois qu’à travers l’onde limpide mes baisers ont cherché à le saisir, il a relevé la tête et s’est approché de moi. Ma main semble le loucher. L’obstaclele plus faible s’oppose à noire bonheur. Ah ! qui que tu sois, sors de celte onde ! Pourquoi, tendre objet de ma flamme, le jouer de moi ? pourquoi me fuir, quandje cours après toi ? Certes, ni ma beauté, ni mon âge, ne méritent de tels mépris ; moi-même, je fus aimé des Nymphes. Tes yeux respirent l’amour, et me donnent je ne sais quel espoir. Quand je tends mes bras vers toi, lu me tends les liens ; lu réponds à mon sourire ; souvent même, quand j’ai pleuré, j’ai surpris dans tes yeux une larme : les signes reproduisent les miens, el, si je dois en juger par les mouvements de ta jolie bouche, lu me parles ; mais mon oreille ne peut recueillir tes accents. Je suis en toi, je le sens ; mon image ne me. trompe point. Je me consumemoi-mêmeet je nourris la flammeque j’emporte avec moi. Quel parti prendre ? Dois-jete prier, ou attendre que tu me pries ? Maisque demander ? Ce que je désire est en moi : j’éprouve la pauvreté au sein de la richesse. Ah ! que ne Quoqueinagisdoleam, necnosmareséparâtingénu, Kecvia, uecmontes, necclausismoeniaporlis. Exiguaprobibemuraqua : cupitipseteneri. Î50 ï\am, quoliesliquidisporreximusosculalymphis, Hiclotiesad meresupino’nititurore. Posseputestangi : minimumestquodamantibusobslat. Quîsquises, bueexi ! quidme, puer, unice, fallis ? Quovepetilusabis ? certenecforma3necaîlas Î55 Estmea, quamfugias ; et amaruntmequoqueNympluc. Spemmihi, nescioquam, vultupromittisamico ; Quumqueegoporrexitibi bracbia, porrigisuitro. Quumrisi, arrides ; lacrymasquoquesa ? -penotavi, Melacrymante, tuas ; nictuquoquesignaremitlis ; i’JO El, quantummotuformosisuspicororis, Verbirefers, auresnonpcrvcnïenlianoslras. In te egosum, sensi ; necinemeafailliimago. Urc-ramoreraei ; fiaiiimasmoveoqueferoque. Quidfaciain ? roger, annerogem ? quiddeinderogabo ? ib’5 Quodcupiomecumesl, inopemnie copiafecil. LIVRE III. III puis-je me séparer démon corps ! Vœunouveau dans un amant, je voudrais être loin de l’objet de mon amour ! Enfin la douleur épuise mes forces ; il ne. me reste plus que quelques moments à vivre. Je m’éleins au*seuil de la vie ; mais la mort ne m’est point pénible : elle va m’affranchir de ma douleur. Puissé-je voir se prolonger les jours de celui que je chéris ! Unis par des liens indissolubles, nous exhaleronsensemble le dernier soupir. » Il dit, et dans son délire il revient consfdérer la même idole. Ses larmes troublent la limpidité de l’eau, et l’agitation qu’elles produisent obscurcit ses traits. En voyantl’image s’éloigner : « Où fuis-tu ? s’écria-l-il ; oh ! reste, cruel, n’abandonne pas l’amant qui t’adore. Laisse-moi contempler ces traits que je ne puis toucher, et fournir un aliment à ma triste fureur. » Au milieu de ces plaintes, il déchire ses vêtements, et meurtrit de ses belles mains sa poitrine, qui se colore d’une rougeur légère sous ses coups redoublés. Ainsi les fruits unissent la pourpre à l’albâtre ; ainsi la grappe à demi mûre se nuance d’un éclat vermeil. Dès que Narcisse aperçoit son image défigurée dans l’onde redevenue limpide, son illusion l’abandonne. Semblableà la cire qui fond 0 ulinamnostrosecederecorporepossem ! Votuminamantenovum : vellem.quodamamusabosseL Jamquedolorviresadimit, nectemporavilaî Longameaisuperant, primoqueexstinguorin a ; vo ; 470 Necmibimorsgravisestposiluromortedolorcs. l ! ic, quidiligitur, vellemdiulurnioressel. Nuucduoconcordesanimamoriemurin una. » • Disit, et ad faciemrediitmalesanuseamdem, Et lacrymisturbavitaquas, obscuraquemoto 475 Beddilaformalacuest. Quamquumvidissetabirc : (iQuofugis ? o remane ; necme, crudelis, amantem Dcsere, clamavit.Lieeat, quodlangefenon est, Aspicere, et miseropraberealimentafurori. » Dumquedolct, summaveslemdeduxitab ora, 4’? 0 Nudaqueniarmoreispcrcussitpeclorapaîmis ; Pectoratraxerunltenuempercussai’uborem, Nonaliter, quampomasoient, quaicandidaparte, Parlerubenl ; aut, ut variissoletuvaracemis Ducerepurpureum, nonduinruatura, colorem. /_83 Quaisimulaspexitliquefaclarursusin uuda, Nonlulil ullcrius.Sed, ut inlabescercflavai 112 MÉTAMORPHOSES. devant un feu léger, ou bien au givre du malin qui disparaît aux premiers rayons du soleil, il dépérit consumé d’amour, et peu à peu sa flamme secrète le dévore. Déjà son teint n’est plus ssmé de lis et de roses. Il perd sa santé, ses forBes, ses grâces qui le charmaient naguère, même les formes séduisantes qu’aima jadis Écho. En le voyant dans cet étal, malgré sa colère cl son ressentiment, la Nymphe gémit, et toutes les fois que le malheureux Narcisse s’était écrié : « Hélas ! » la voix d’Écho avait répété : a Hélas ! » Lorsque de ses mains il avait frappé sa poitrine, elle avait reproduit le bruil de tous les coups. Les dernières paroles de Narcisse, en jetant, selon sa coutume, un regard dans l’onde, furent : « Hélas ! enfant que j’ai en vain chéri ! » Écho répéta ces paroles. « Adieu, » dit-il ; « Adieu, r ) épondit-elle. Sa tête languissante pencha sur la verdure, et la nuit ferma ses yeux encore épris de sa beauté. Lors même qu’il fut descendu au ténébreux séjour, il chercha encore son image dans ies eaux du fetyx.Les Naïades pleurèrent leur frère, el coupèrent leurs cheveux pour les déposer sur sa tombe. Les Dryades le pleurèrent aussi. Echo redit leurs gémissements. Déjà le bûcher, la torche funèbre, le Igncleviccroe, matutinaiquepruince Soletepentesoient ; sic attenualusamore Liquitur, et creoopaulatimcarpiturigni. 490 Et nequejamcolorest mixtocandorerubori ; Necvigor, et vires, et qusemodovisaplacebant, Neccorpusremanet, quondamquodamaveratEcho. Quoetamenut vidit, quamvisiratamemorque, ludoluit ; quoliesquepuermiserabilis, Eheu ! 493 Diierat, haïeresonisiterabatvocibus, Eheu ! Quumquesuosraanibuspercusseratille lacertos, Basequoquereddebalsonitumplangoriseumdem. Ultimavossolilamfuit hoecspeetanlisin undam : Heu ! frustradilectepuer ! lotidemqueremisit 500 Verbalocus ; dictoqueYalc, Voieinquitet Echo. Illecaputviridifessumsubmisitin herba ; Luniinanoxclaudit, dominimirantiaformam. Tumquoquese, postquamestinfernasedereceptus, Jn ^îygiaspeclabataqua.Planxeresorores 505 Naides, et sectosfralriposuerecapilios ; Plauxcreet Dryades ; plangenlibusassonatEcho. Jamquerogum, quassasquefaces, feretrumqueparahant. LIVRE III. 113 cercueil, tout était prêt. Mais, à la place du corps de Narcisse, on trouva une fleur d’un rouge pourpre, couronnée de feuilles blanches. PÉNTIIF.E, APRESLAMETAMORPHOSE DESMATELOTS EXDAUPHINS, CITARGE BACCHUS DECHAISES. — ACAUSEDECECRIME, ILESTMISEXLAMBEAUX PARLESBACCHAMES. Vîï Le bruit de cet événement, répandu dans les villes de la Grèce, rendit justement célèbre le devin Tirésias : sa renommée s’étendit au loin. H essuya pourtant les mépris de Penlhée. Ce fils d’Eehion, qui, seul dans la famille de Cadmus, était irrévérent envers les dieux, rit des paroles prophétiques du vieillard, el lui reprocha les ténèbres où il était plongé et la cause du malheur qui lui ravit la lumière. L’augure, secouant sa tête blanchie : « Que lu serais heureux, lui dit-il, si, privé comme moi de la lumière, tu ne voyais pas les fêles de Bacchus ! Unjour, et il n’est pas loin, je le le prédis, le jeune fils de Sémélé, "Bacchus, viendra dans ces lieux. Si lu n’élèves pas un temple en son honneur, lu joncheras la terre de tes lambeaux, et tu souilleras de Ion sang les forêts, la mère et tes sœurs. Maprédiction s’accomplira ; car lu Nusquamcorpuserat. Croceumpro corporeGorets Inven’unt, foliismédiumcingenlibusalbis. 510 PENTHEtJS KAUTIS IKDELPH1XOS HUTATIS, DACCHUSI VINCULIS ALLIGAT

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ŒIDFACINUS A BACCHIS DISCERPITDR. VII. Cognilares merilamvatiper achaïdasurbes Atluleratfamam, nomenqueerat augurisingens. SpernitEehionidestamenhune, exomnibusunus Conlemplor Superum, Pentheus, proesagaque ridet Verbaseni*.lenebrasqueet clademlucis ademptoe 515 Objicil.Illemoveusalbenliatemporacanis :

  • Quamfelixesses, si tu quoqueluminislîujus

Orbus, ait, Hères, necbacqhiasacravideres ! Jamquediesaderit, jamquehaudproculauguroresse, Quanovushue veniat, proiessemeleia, Liber. 520 Quemnisi templorumfuerisdignatushonore, Millelacerspargerelocis, et sanguinesilvas Foedabis, matremquetuam, matrisquesorores. 11-1 METAMORPUOSES. ne croiras pas Bacchus digne des honneurs divins. Alors lu le plaindras que, malgré la nuit qui m’environne, j’aie trop bien lu dans l’avenir. » A ces mots, le fils d’Échion repousse le devin. Cependantl’événement justifie ses paroles, el ses prédictions s’accomplissent. Bacchus arrive, et les champs retentissent de cris joyeux. La foule se précipite. Hommes, femmes, filles, grands et petits, accourent confondus à ses nouveaux mystères. « Enfants d’un dragon, nobles rejetons de Mars, s’écrie Penlhée, quel délire s’empare de vous ? Eh quoi ! l’airain battu par l’airain, des trompes et des prestiges magiques, ont-ils donc tant de pouvoir ? Des hommes que n’épouvantent ni l’épée guerrière, ni le clairon, ni les bataillons armés de javelots, sont aujourd’hui vaincus par des cris de femmes qu’agile l’ivresse, par ce vil troupeau que transporte un vain bruit de tambours ! Votre conduite me confond, vieillards. Après avoir longtemps parcouru les mers, vous avez fondé Tyr et fixé dans ces lieux vos Pénateserrants ; et maintenant vous seriez prisonniers sans combattre ! Et vous, impétueux jeunes gens, vous que la fleur de l’âge rapproche de moi, vous qui devriez porter les armes et non le thyrse, vous dont le front devrait être couvert Evenienl ; nequeenimdignaberenumenhonore, Mcquesub bis tenebrisminiumvidisscquereris. » 525 TaliadicentemprolurbatEcbionei-, alus. Dictafidessequitur, responsaque vatisaguntur. Liberadesl, festisquefremuntululatibusagri : Turbaruunt, mixtcequevirismauresque, mn’usque, Vulgnsque, proceresque, ignotaad sacraferuntur. 550 « Quisfuror, anguigeme, proiesmavorlia, vestras Altonuitmentes ? Pentbeusait. iEranelanlum , Ererepuisavalent, et aduneotibiacornu, El magicaifraudes, ut, quosnonbeîligereiiM’s, Nontuba terruerint, non strictisagminalelis, 553 Femineoevoces, et molainsaniavino, Obscenique grcges, et inaniaLympana vincant ? Vosne, senes, mirer, qui, longaper icquoravecli, HacTyron, bacprofugosposuislissedePénales, NuncsinitissineMarteeapi ? Vosne, acrioroetas, 310 0 juvenes, propriorquemeoe, quosarmalencre, NonIhyrsas, galcaquetegi, nonfronde, decebat ? LIVRE III. , 115 d’un casque et non de feuillage, je vous en conjure, souvenez-vous de votre origine. Ayezle courage de ce dragon qui seul fit tant de victimes. Il succomba pour une fontaine et pour un lac ; vous, sachez vaincre pour l’honneur de votre nom. Il mit à morl des héros ; vous, chassez des lâches, et ressuscitez la splendeur de votre race. Si les Destins ne veulent pas que Thèbes reste longtemps debout, du moins que le bélier et le bras d’hommes courageux fassent crouler ses murs ; que le fer el la flamme retentissent sur ses ruines. Alorsnotre malheur sera pur de tout crime ; alors nous pourrons déplorer notre sort au grand jour, et nos larmes couleront sans honte. Eh quoi ! Thèbes deviendrait aujourd’hui la conquête d’un faible enfant qui n’aime ni la guerre, ni les armes, ni les coursiers, et ne se plaît qu’à parfumer ses cheveux, à se parer mollement de couronnes, ou à se vêtir de pourpre et d’or ! Bientôt, si vous l’abandonnez, je saurai le forcer de reconnaître la faussetéde son origine et de ses mystères. Acrisius aura eu le courage de mépriser une divinité mensongère, et de fermer à son approche les portes d’Argos ; et Penthée, et Thèbes entière, trembleront devant cet étranger ! Parlez à l’instant (il s’aEste, prcccr, rnernores, qua sitisstirpccreali ; llliusqueaniraos, qui multosperdidituuus, Sumilcserpentis.Profontibusillelacuque 313 Interiit ; at vosprofamavincitevestra. Ille déditlethofortes ? Vos, pellitemolles, Et patriumrevocatedecus.Sifatavetabaut Starediu Tbebas, ulinamtormenlavirique Moeniadiruerenl, ferrumqueignisquesonareut ! 550 Essemusmiserisinecrimine, sorsquequerenda, Noneelandaforet, lacrymoeque pudorecarercnl. Atnunca pueroThebaicapienturinermi, Quemnequebellajuvanl, nectela, necususequorum ; Sedmadidusmyrrhacrinis, mollesquecoronai, 555 Purpuraqne, el pictisintextumvestibusaurum. Quemquidemegoactutum, modovosabsistile, cousin Assumplumque pnlrem, commenlaque sacrafaleri. AusatisAcrisioest animi, contemnerevanum Numc-n, et argolicasvenienliclaudereportas, 560 PenlhealerrebitcumtolisadvenaThebis ? 14G

MÉTAMORPHOSES
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dressait à ses compagnons) ; partez, et amenez ici le chef de cette troupe chargé de chaînes. Obéissezà l’instant. » Cadmus, son aïeul, Alhamas et tous les siens l’accablent de reproches, et s’efforcenten vainde l’apaiser. Les conseils redoublent sa violence ; sa fureur s’irrite et s’accroît sous le frein qui l’arrête. Ainsij’ai vu un torrent, lorsque rien ne gênait son cours, s’écouler doucement avec un léger murmure. Maisdes arbres ou des rocs entassés s’opposaient-ils à son passage, il écumait, il bouillonnait : l’obstaclele rendait furieux. Cependant les soldats reviennent couverts de sang. Leur maître leur demande où est Bacchus. Ils répondent qu’ils ne l’ont point vu. « Mais, ajoutentils, voici un de ses compagnons, un de ses ministres, que nous avons surpris célébrant ses mystères. » En même temps ils lui livrent, les mains liées derrière le dos, celui qui jadis avait quitté l’Étrurié pour suivre le dieu. Penlhée jette sur lui des yeux irrités et terribles. A peine peutil différer son supplice. « Tu vas mourir, dit-il, et ta mort servira de leçon aux autres. Fais-nous connaître ton nom, tes parents, ta patrie, et raconte-nous pourquoi lu célèbres des mystères nouIle cili (famulisliocimperat), ite, dueemquc Attrahilebuevinctum.Jussismorasegnisabeslo. » Huneavus, huneAlhamas, hune coeteraturba suorum Corripiuntdictis, frustraqueinhiberelaborant. 3fî3 Acrioradmoniluest, irrilaturquerelenla, Et crescilrabies : remoraminaque ipsanocebant. Sicegotorrenlem, qua nil obstabateunti, Lenius, et modicostrepiludecurrerevidi. Atquacumquetrabesobstruclaquesaxalenebant, 570 Spumeus, et fervens, et ah objicesoevioribat. Eceecruenlatiredeunt, el, Bacchusubiesset Qua ; rentidomino, Bacelmmvidissenegarunt. Hunedixere, tamencomitem, famulumquesacrorum Cepimus ; et traduntmanibusposttergaligatis, 575 Sacradeiquondamtyrrhenagentesecutum. AspicithuneoculisPentheus, quosira tremendos Fecerat, et quanquampoenoevixtemporadiffert : « 0 perilure, tuaquealiisdocumentadalure Morte, ail, ede tuumnomen, nomenqueparentum, 580 Et patriam, morisquenovicur sacrafréquentes. LIVRE III. 117 veaux. » L’étranger lui répond sans se troubler : « Monnom est Acétès, et la Méoniema patrie. Je suis né de parents obscurs. Monpère ne m’a laissé ni champs labourés par des taureaux vigoureux, ni brebis à la riche toison, ni troupeaux de bœufs. Il était pauvre lui-même. A l’aide de lignes et d’hameçons, il amorçait le pojsson et le tirait vivant du sein des flots. Son industrie était toute sa fortune. Lorsqu’il m’eut instruit dans son art : « Re « çois, me dit-il, les richessesque je possède, loi l’héritier elle « successeurde mes travaux ; » et, en mourant, il me laissa les eaux pour héritage : c’est tout ce que je puis appeler mon patrimoine. Bientôt, pour ne pas rester éternellement enchaîné aux mêmes rochers, j’appris à gouverner les navires avec la rame. J’observai l’astre pluvieux de la chèvre Amalthée, la constellation de Taygète, les Hyades, l’Ourse, les demeures des vents et les ports propicesaux vaisseaux. « Un jour, me dirigeant vers Délos, j’approche.des côtes de Naxos, et la rame me conduit heureusement au rivage. Je m’élance d’un bond léger, el je foulele sable humide. La nuit s’écoule. Dèsque l’Aurore ouvre ses portes vermeilles, je me lève, j’engage , mes compagnons à apporter de l’eau vive, et je leur montre le Ille metuvacuus : c Nomenmihi, dixit, Acoetes ; Patria, Mïeoniaest ; humilide plèbeparentes. Nonmihi, qua : duricolorentpalerarvajuvenci, Lanigerosve grèges, nonullaarmenlareliquit. 5S5 Pauperet ipsefuit, linoquesolebatet haino Decipere, et calamosalicntesducerepisces. Arsillisua eensuserat.Quumtraderetarfem : « Accipe, quasbabeo, studiisuccessoret havres, « Dixit, opes ; » moriensquemihinihilillereliquit, 590 Praiteraquas : unumiioepossumappellarepaternum. Moxego, ne seopulisboereremsemperin isdem, Addidiciregimen, dexlramoderanle, carinEe Flectere ; et olenioesiduspluvialeCapella ;, Taygetenque, HyadasqueoculisArctouquenotavi, 595 Ventorumque domos, el porluspuppibusaptos. « FortepetensDelon, Diictellurisad oras Applicor, et dexlrisadducorlitloraremis. Doquelevéssaltus, udasqueinnitorarenai, Noxuhiconsumplaest. Aurorarubeseereprimum 601) Ccrperat.Exsurgo, lalicesqueinferrerécentes 118 MÉTAMORPHOSES. sentier qui mène aux fontaines. J’étudie ce que présage le vent qui souffle de la hauteur voisine ; j’appelle mes compagnons, el je reviens vers mon navire, « Nousvoilà, » s’écrie Opheltèsavant tous ; et, fier de la proie qu’il a trouvée dans les champs déserts, il s’imagine conduire un enfant d’une beauté virginale, el qui, appesanti par le via et le sommeil, semble chanceler et^le suivre à peine. J’examine ses vêtements, sa figure, sa démarche. Je.n’y remarque rien qui annonce un mortel. Je révélai alors mes pressentiments à mes compagnons : « Je ne sais, leur dis-je, quel dieu « se cache sous les traits de cet inconnu ; mais ils décèlent un dieu. « Ah ! qui que lu sois, sois-nouspropice, soutiens-nous dans nos « dangers, et pardonne à mes compagnons. — Cessede prier pour « nous, » s’écrie Diclys, le plus prompt à s’élancer aux antennes ou à se glisser le long des cordages.Libys, le blond Mélaninequi dirige la proue, et Alcimédonapplaudissent, ainsi qu’Epopée, qui commandait ou arrêtait le jeu des rames et encourageait les matelots. Tous les autres l’imitent : tant la soif du butin les aveugle ! « Non, je ne souffrirai pas qu’un fardeau impie profane ce vais<iseau, m’éeriai-je ; c’est à moi surtout qu’appartient ici le droit de Admoneo, monstroqueviamquEeducatad undas. Ipse, quidauramihitumulopromiltatah allô, Prospicio, comilesque voco, repetoquecarinam. « Adsumusen, » inquitsociorumprimusOpheUes ; G05 Utqueputat, pnedaradesertonactusin agro, Virgiueapuerumducitpcr littoraforma. Ille, merosomnoquegravis, titubarevidetur, Vixquesequi.Spectocullum, faciemque, gradumque. Nilibi, quodpossetcredimorlale, videbarn. G10 Et sensi, et dixisociis : « Quodnumenin isto « Corporesit, dubito ; sedcorporenumenin isto est !

  • Quisquises, o faveas, nostrisquelaboribusadsis.

« Hisquoquedesveniam. — Pro nobismilleprccari, » Diclysait, quononaliusconscendere summas GI5 Ociorantennas, prensoquerudenterelabi. HocLibys, hocfiavus, pronelutela, Melanthus ; HocprobalAlcimédon, et, qui requiemqucmodumque VocedahatremisanimorumhortatorEpopeus. Hocomnesalii : proedaitamcoecacupidoest ! 020 i Nonlamenbancsacroviolaripondèrepinuin <•Perprliar.dixi ; parshicmihimaximajuris. » LIVRE III. 119 « commander. » Je me poste à l’entrée pour en défendre l’accès. La fureur s’empare de Lycabas, le plus audacieux des matelots, el qui, banni de l’Étrurie, expiait dans l’exil un horrible homicide. Je résiste. D’un coup de poing vigoureux il me frappe à la gorge, et.d’une secousseil m’eût jeté dans la mer, si, malgré mon étourdissement, je ne me fusse cramponné aux cordages. La troupe sacrilège approuvecelle violence.AlorsBacchus(car c’était Bacchus), comme si les cris eussent interrompu son sommeilet rappelé sa raison enseveliedans le vin : « Que faites-vous, dit-il, et pourquoi « ces clameurs ? Matelots, apprenez-moi comment je suis ici. Où « voulez-vousme transporter ? — Ne crains rien, réplique le pi « lote, et dis-moidans quel port tu veux aborder : lu seras déposé « où tu le désires. — Dirigezvotre course vers Naxos, répond Bac « chus. Làest ma demeure : vous y trouverez un sol hospitalier. » Leur bouche mensongère jure par la mer et par toutes les divinités que son vœusera exaucé ; et ils m’ordonnent d’abandonner la voile aux vents. Naxosétait à droite ; je dirigeai le vaisseau de ce côté. Chacuns’écrie : « Quefais-tu, insensé ? Quel est ton aveuli glement, Acétès ? Tourne à gauche. » Lesuns (c’étaitle plus grand Inqueadituobsisto.Furilaudacissimus omui DenuméroLycabas, qui tuscapuisusab urbe Exsilium, dirapoenamprocaïde, luebal. 625 Is mihi, dumresto, juveniligulturapugtio Rupit, et excussummisisselin oequora, si non Hsesissem, quamvisamens, in funerelentus. Impiaturbaprobantfactum.TumdeniqueBacchus (Bacchusenimfuerat), veluticlamoresolutus 050 Sitsopor, atquemeroredeantin pectorasensus : « Quidfacitis ? quisclamor ? ait : qua, dicite, nautîe, « Hueopeperveni ? quomedéferreparatis ? « —Ponemetum, Proteus, et quoscontingereporlus « Edevelis, dixit ; terrasislerepetila. l » 55 « —Naxon, ait Liber, cursusadvertitevestros. « illa mihidomusest ; vobiserithospitatellus. » Pir inarefallaces, perqueomnianuminajurant Sit ; fore, mequejubenlpicuedarevêlacarin ; r\ DfxtcraNaxoserat.Dextramihilinteadanli : 640 " « Quidfacis, o démens ? quiste furor, inquit, Aeoete,

  • Prosequi ? que, tenel ? loevampelé. » Maximauutu 120
MÉTAMORPHOSES
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nombre) m’indiquent leur pensée par des signes ; les autres me l’expliquent à l’oreille. Immobile d’horreur : « Qu’unautre prenne « le limon ! i>m’écriai-je ; et je me dérobai à un ministère de crime et d’astuce. Tousme gourmandeht, tous éclatent en murmures : « Notre salut va-l-il dépendre de toi seul ? » me dit Éthalion, un des matelots. A l’instant il saisit le gouvernail, commande à ma place, et s’éloignede Naxospour gagner le rivage opposé. « En ce moment le dieu, d’un air moqueur et comme s’il eût seulement alors découvert l’artifice, du haut de la poupepromène ses regards sur la mer ; puis, feignant de pleurer : « Ce ne sont o pas là, nochers, les rivages que vous m’avezpromis ; ce n’est pas « la terre que j’ai demandée. Par quel crime ai-je mérité un pareil « traitement ? Jeunes et nombreux, quelle gloire trouvez-vousà « tromper un enfant ? » Déjàmes larmes coulaient ; la troupe impie se rit de mes pleurs, et fend les flots sous les coupsredoublés de la rame. Ici je pris à témoin de la vérité de mon récit, quoiqu’il parût peu vraisemblable, le dieu lui-même ; et il n’en est pas de plus puissant. Le vaisseau resta immobile, comme s’il se fût trouvé à sec dans une rade. Lesmatelots surpris persistent à baltre Parsmihisignificat ; pars, quidvelit, auresusurrai. Ohslupui : « Capialquealiusmoderamina,

» dixi ;

Mequeministerioscelerisqueartisqueremovi. 645 Increpora cunctis, totumqueimmurmuratagmen. E quihus^Ethalion : « Tescilicetomnisin uno « Noslrasaluspositaest, aitï » Et subitipse, meumque Bxpletopus, Naxoquepetitdiversarelicta. a Tumdeusilludens, tanquammododeniquefraudem650 Senserit, e puppipontumprospectâtadunca. Et flentisimilis : « Nonhaiemihilittora, nautss, « Promisislis, ait ; non haiemihiterra rogataest. « Quomeruipcenamfacto ? Quaigîoriavestraest, « Sipuerumjuvenes, si multifallitisunum ? » 635 Jamdudumflebam.Lacrymasmanusimpianoslras Kidet, et impellitproperantibusaîquoraremis. Per tibinuncipsum{necenimpraisenliorillo Est deus), adjuro, lam metibi verareferre, Quamverimajorafîde.Stelitïequorepuppis 660 Haudaliter, quamsi siccumnavaleteneret. Illiadmirantesremorumin verbereperstant, LIVRE III. 121 la mer avecleurs rames ; ilsdéploient les voiles, el s’efforcentd’accélérer leur marche par ce double secours. Le lierre embarrasse les rames, les entoure de ses flexibles rameaux, el mêle la pourpre de ses grappes mûres à la blancheur des voiles. Bacchusluimême, le front couronné de raisins, brandit son thyrse orné de pampres. À ses côtés gisent des spectres terribles, des tigres, des lynx et des panthères. « Les nautoniers se précipitent dans l’onde, troublés par un verlige ou par la peur. Médonest le premier dont le corps commence à prendre des nageoires et à se plier en arc. « Quellemétamor « phose ! n lui dit Lycabas ; et, tandis qu’il profère ces mots, sa bouche s’agrandit, son nez s’élargit, et sa peau durcie se couvre d’écaillés. Libys s’efforce de retourner la rame ; mais il voit ses mains se rétrécir et se changer en nageoires. Un autre veut saisir les câbles enlacés par le lierre ; mais il n’a plus de bras ; il tombe au fond de la mer, et son corps cambré se termine en une queue semblableà une serpe ou au croissant de la lune. Detous côtés ils bondissent et font rejaillir les flots ; tour à tour ils s’élancent de Yelaquededucunt, geminaqueope curreretentant. Impediunthederairemos, nexuquerecurvo Serpùnt, et gravidisdistinguuntvêlacorymbis. 665 Ipse, racemiferisfronlemcircumdalusuvis, Pampineisagitâtveïalamfrondibushastam. Quemcircatigres, simulacraqueinanialyncum, Pictarumquejacentferacorporapantherarum. « Exsiluereviri(sivehoc insaniafecit, • 670 Sivelimor), primusqueMedonnîgrescerepinnis Corporedepresso, et spinaicurvaminafiecti Incipit.KuicLycabas : « In qusemiracula, dixit, « Yerteris ? » et lati rictus, et pandaloquenlï Nariserat, squamamquecuLisdurataIrahehat. 075 AlLibys, obstantesdumvult obvertereremos, In spatiumresiliromanusbrèvevidit, el illas Jamnonessemanus, jampinnaspossevocari. Allerad intortoscupiensdaie brachiafunes, Bracbianonhabuit, truncoquerépandusin undas 6S0 Corporedesiluit ; falcalanovissimacaudaest, Qualiadividuaisinuantureornualunse. Undiquedantsaltus, multaqueasperginerorant ; Emergunlqueiterum, redeuntquesu ! )oequorarursus ; 125

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Kabîme et s’y replongent ; ils nagent en groupes, -se livrent.à mille jeux, et rejettent l’onde par leurs, larges naseaux. Des vingtnochers que portait le navire je restais seul. La frayeur agile et glace mes sens. A peine suis-je rassuré par ces paroles du dieu : « Bannis, toute crainte et gagne lerivage.de Naxos. » Arrivé dans ceUe île, j’allume la flamme sur un autel, et je célèbre les mystères de Bacchus. , « —J’ai longtemps prêté l’oreille aies longs discours, dit Penthêe, afin que ce délai pût calmer ma colère. Matelots, saisissez à l’instant cet étranger ; faites-lui subir les plus cruels tourments, et plongez-le dans la nuit infernale : » Acétès est entraîné sur-lechamp et renfermé dans un cachot. Mais ; tandis qu’on préparait la flamme et le fer, terribles instruments de son supplice, les portes, dit-on, s’ouvrirent— d’elles-mêmes, el d’elles-mêmes les chaînes tombèrent de sesmiains. Le fils, d’Échion persiste. Il n’ordonne plus d’aller, il court lui-même sur le Cithéron, qui, choisi pour les mystères sacrés, retentit des chants et des cris aigus des Bacchantes. Ainsi qu’un, généreux coursier frémit et respire le feu des combats, lorsque l’airain sonore a donné le siInquechoriluduutspeciem, lascivaquejactant 6S5 Corpora, et acceptumpâlulism3renaribusefflant. Demodoviginli(lotenimralis illaferebat), Restabamsolus.Pavidumgelidumquetremeoti Corpore, visquemeumiirmaldeus : « Excute, dicens, « Cordemetum, Diamquetene. » Delatusin illam, 690 Accensisaris, baccheiasacrafrequento. • : —Proebuimus longis, Pentheus, ambagibusaures, Inquit, ul ira moraviresabsumerepossel. Praicipitemfamulirapilehune ; crucialaquediris Corporalormentisslygia ; demillilenocti. » 695 Prolinusabslractussolidis-tyrrhenusAcoeles Clauditurin leclis ; et, dumcreduliajussie Instrumentanecïs, ferrumqueignisqueparantur, Sponlesua patuissefores, lapsasquelacerlis Sponlesua, famaest, nullosoivente, calenas. 700 PerstalEchionides ; necjamjubet ire, sedipse Vadit, ubi, electusfaciendaad sacra, Cilhrerou Cantihuset clarabacchantumvocesonabal. Ul frémitacerequus, quumbellicusacrecauoro Signadédittubicen, pugnjequeassumilamorem ; 705 LIVRE III. 123 gnal de la guerre, Penthée, au bruit des hurlements qui se prolongent dans les airs, sent redoubler sa fureur. Vers le milieu de la montagne, est une plaine qu’entoure une forêt, mais dont l’enceinte, sans arbres, s’offre libre à l’œil qui la contemple. Là, tandis que Penthée porte un regard profane sur les mystères, égarée par le délire, Agavesa mère lui jette, avant toutes les autres, son thyrse qui le biesse.’ « Évohé, s’écrie-l-elle, accourez, mes sœurs. Ce sanglier énorme qui erre dans nos campagnes, c’est moi qui veux le frapper. » La troupe furieuse fond sur le malheureux Penthée. Toutesensemble, ellesle poursuivent, tremblant enfin, enfin moins emporté dans son langage, — se blâmant el s’avouanl coupable. Atteint d’un coup mortel : « Viens à mon secours, dit-il, Autonoé, loi la sœur de ma mère ; laisse-toi fléchir par l’ombre d’Actéon. » Elle ignore ce que fut Actéon, el coupe la main droite du suppliant. Ino lui enlève l’autre. L’infortuné n’a plus de bras qu’il puisse.tendre vers sa mère ; mais, lui montrant ses membres mutilés : « Regarde, ô ma mère ! » dit-il. A ce spectacle, Agavepousse des cris affreux, et livre ses cheveux Penlheasic ictusiongisululatibusa2ther Movit, et audiloclangorerecanduitira. Monteferemedioest, cingentibusultimasilvis. Purusab arboribus, speclabilisundiquecampus. Hicoculisillumcernenlemsacraprofanis 710 Primavidet, primaest insanoconeitamotu, PrimasuummissoviolavitPenlheaIhyrso Mater : « Io, g3minoe, clamavit, adeste, sorores. Illeaper, in noslriserrât qui maximusagris, Illemihiferiendusaper. » Ruitomnisin unum 715 Turbafurens.Cuncloecœunt, cuncloeque seqr.unlur Jamtrepidum, jamverbaminusviolentaloquentem, Jamse damnante-m, jam se peccassefalenlem. Sauciusille tamen : « Fer opem, materlera, dixit, Autonoe ; moveanlanimosActceonis umbrai. » 72(3 ïlla, quid Aclaion, nescit ; dexlramqucprecanti Abstulit.Inoolacerataest altéraraptu. Nonhahetinfelixquaimatribracbiatendal ; Truneasedostendensdisjectiscorporamembris : « Aspice, mater, » ait. VisisululavitAgave, 725 Collaquejaclavit, movitqueperaéracrinem, 124

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aux caprices des vents. Elle prend dans ses mains ensanglanitées la tête de son fils récemment abattue, et s’écrie : « Évohé ! mes compagnes, celle victoire est mon ouvrage ! » Lèvent froidl de l’automne ne frappe et ne détache pas plus vite les feuilles qui tiennent à peine à la cime des arbres que les mains cruelles des Bacchantes ne dispersèrent les membres de Penthée. lnslrmites par cet exemple, les Tliébaines célèbrent les nouveaux mystères, offrent l’encens et déposent leurs hommages sur les autels consacrés à Bacchus. Avnlsumque caputdigitiscomplexacruentis Clamai : « Io, comités, opushaecVictorianostrumest. » Noncitiusfrondesaulumnofrigoretactas, Jamquemaiehserentesalta rapîtarborevenlus, 730 Quamsuntmembravirimanibusdireplanefandis. Taîibusexemplismonitae, novasacrafréquentant, Thuraquedant, sanctasquecolunlIsmenidesaras. LIVRE QUATRIÈME ALCITHOK ETSESSŒURS REJETTENT LECULTEDEBACCHUS. — AVENTUP.E DEPYRAME ET HETHISBÉ. — AMOURDE MARSET DEVÉNUS. — AMOUR D’APOLLON ETDELEUC0TH0É. — AMOUR DESALUACIS ETn’iIERMAPIIROD1TE. — LESTILLESDEMINVAS MÉTAMORPHOSÉES ENCHAUVESSOURIS, ETLEURSTOILESCHANGÉES ENTAMPRES. I. Cependant la fille de Minyas, Alcilhoé, ne croit pas devoir adopter le culte de Bacchus.Toujours téméraire, elle soutient qu’il n’est pas fils de Jupiter. Ses sœurspartagent son impiété. Le prêtre ordonne de célébrer les mystères ; il commande aux maîtresses et aux esclavesd’abandonner leurs travaux, de couvrir leur sein d’une fourrure, de délier les bandelettesqui attachent leurs cheveux, d’orner leur front de couronnes el leur main d’un thyrse entouré de pampres. En même temps il annonce que le courroux du dieu sera terrible, s’il reçoit une offense. Les mères et les filles LIBER QTJARTUS AI.CJT1IŒ ETSORORES CONSTASTER BACCI1I SACRA COXTEMNUNT. — PïnAMIET TUtSEES, SIARTIS ETVESERIS, APOLLPNIS ETlEÏÏCOTnŒS, SALMACIS ETHERMAPHRODITIS ASIORES.MITiEIDES ISVESPERTIUOXES J1UTAT.C, EARUÎIgUETELiEIXVITEM ETPA5IPINOS. I. AtnonAlcilhoéMinyeias orgiaeenset Accipiendadei ; sedadhuetemerariaBacchum ProgeniemnegatesseJovis, soeiasquesorores Impietatishabct.Festumcelebraresacerdos, ïmmunesoperumdominasfamulasquesuorum, Peclorapelletegi, crinalessolverevittas, Sertacomis, manibusfrondenlessumerethyrsos, Jusserol, et saivamloesiforenuminisiram Vaticinatus erat.Parentmatresquenurusque ; 120

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obéissent ; elles déposent leur fuseau, leur corbeille et leur toile inachevée ; elles offrent de Fencens et invoquent le dieu sous le nom de Bacchus. de Bromius, de Lyéus, de fils du feu, de dieu deux fois né, le seul qui ait eu deux mères. Elles ajoutent les noms de Nyséen, deThyonée à la longue chevelure, de Lénéus, de père du joyeux raisin, de Nyctélius, dTacchus, d’Éléleus, d’Évan, et tous les autres noms que (e prodiguent, ô Bacchus ! les villes de la Grèce. « Tajeunesse, disent-elles, est toujours dans sa Heur. Tu jouis d’une éternelle adolescence.Ta beauté te distingue au céleste séjour, et ton front, quand il n’est plus armé de cornes, a une grâce virginale. L’Orient Test soumis jusqu’aux bouches du Gangequi arrose les noirs Indiens. Dieuvénérable, Penthée et Lycurgue, armé d’une hache, ont expié sous tes coups leur sacrilège audace. Tu précipitas les Tyrrhéniens au fond des abîmes. Tu soumets à un double joug les lynx parés d’un frein brillant. Sur tes pas marchent les Bacchantes, les Satyres et le vieillard aviné dont un bâton soutient les pieds chancelants, ou qui vacille sur le dos cambré de son àne. Partout où tu passes retentissent les cris des jeunes gens, les voix des femmes, les bruyants tambours, l’airain concaveel le hau’Telasque, calatbosque. infectaquepensarepomint ; 10 Thuraquedant ; Bacchuniquevocant, Bromiumque.. Lyaumique, Ignigenamque, satumqueilerum, solumquebimalrom. Additurbis ivyseus, indelonsusqucThyoneus, ELcumLenajogenialisconsiloruvoe, Nyeteliusque, Eleleusqueparens, etlacchus, et Evan ; 1,’i Et qumprcelereaper graiasplurîmagentes Nomma, Liber, habes : « Tibieuimineonsumptajuventa-- ; Tu pueraîlernus, tu formosîssimus alto Couspiceriscoelo ; tibi, quumsine cornibusadstas, Yirgineumcaputebt.Orienstibiviclus, ad usque -20 DecolorexlrcmoqualingiturindiaGange. Penthealu, venerande, bipenniferumque Lycurgum Sacrilegosmaclas ; lyrrbenaquemitlisin oequor Corpora ; tu bijugumpictisinsigniofrenis Collapremislyncum ; BacchajSalyriquesequuntur ; 23 Quiquesonex.ferulatitubantesebriusartus Suslinct, aut pandononforLiterboerelascllo. Ouacuinqueingrederis, clamorjuvenilis, et unn Femina » voees, impulsaquetympanapalmis, Concavaque a ; rasonant, Jongoqueforamine bu\us. 50 LIVRE IV. 127 bois. Les Thébainesimplorent ta protection et célèbrent tes fêtes. Seules, au fond de leurs demeures, les filles de Minyas, profanant ton culte par des travaux hors de saison, filent la laine, font tourner leurs fuseaux, façonnent des tissus et excitent leurs esclaves à l’ouvrage. L’une d’elles, tirant le fil qui s’allonge entre ses doigts déliés, s’écrie, tandis que les autres Thébaines interrompent leur travail pour de vains mystères : « Nousque Pallas, déesse plus sage, retient en ces lieux, mêlons aux utiles occupations de nos mains divers entretiens qui les allègent. Qu"unrécit nous empêche de sentir la longueur du temps et charme nos oreilles. » Ses compagnes applaudissent à ce projet et la prient de commencer. Elle cherche dans son esprit quel sujet elle pourra choisir parmi tous ceux qui lui sont connus. Doit-elleconter ton aventure, loi qu’honore Babylone, Dercétis, toi que les peuples de Syrie croient résider au fond de leurs lacs sous la forme d’un habitant de l’onde ? Dira-t-elle comment sa fille, transformée en oiseau, passa sur de hautes tours ses dernières années ; comment une Naïade, par ses chants et.par la vertu trop efficacedes simples, changea des jeunes gens en poisPacalus, mitisque, rogantIsmenides, adsis ; Jussaquesacracolunl.Sola ; Minyeidesintus, Inlempestiva turbautesfeslaMinerva, Autducuntlanas, aut staminapolliceversant, Authoerenttelle, famulasquelaboribusurgent. T » .’j E quibusuna levideduceuspollieeiilum, Dumcessantaliaï, commentaque sacrafréquentant, « Nosquoque, quasPallas, meliordea, detinel, inquil, Utileopusmanuumvariosermonelevemus ; Perquevicesaliquid, quodtemporalongavideri 4U Nonsinat, in médiumvacuasreferamusad aures. » Diclaprobant, primamquejubentnarraresorores. Illa, quide multisréférât, namplurimanorat, Cogitât ; et dubiaest, de le, babylonia, narrel, Perci.’li, quamversasquamisvelantibusartus i : > StagnaPaloeslinicreduntcclebrassefigura ; Anmagisut sumptisilliusfiliapennis F.xlremos aitis in turribusegeritannos ; Naisan ut cantu, nimiumquepotenlibuslierbis, Verteritiu lacilosjuvenilîacorporapisces, îi() 1-2S

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sons, et subit à son tour la même métamorphose ; comment enfin l’arbre qui portait des fruits blancs en porte de noirs, depuis qu’il fut teint de sang ? Cedernier sujet lui plaît, parce qu’il n’a rien de vulgaire : et, tout en filant sa laine, elle commence ainsi : « Pyrame, le plus beau des jeunes gens de son âge, et Thisbé, qui éclipsait toutes les vierges de l’Orient, habitaient des maisons voisines, dans le lieu où, dit-on, Sémiramis entoura sa ville superbe de remparts cimentés de bitume. La cause de leur première liaison et de ses progrès fut ce voisinage. Le temps accrut leur amour. Ils auraient allumé le flambeau d’un hymen légitime, si leurs parents ne s’y étaient opposés. Néanmoins ils ne purent empêcher que le même feu n’embrasât leurs cœurs également épris. Leur amour n’était connu de personne : il s’exprimait par des gestes et par des signes. Mais, plus leur flamme était cachée, plus l’incendie était violent. Une fente légère existaitdans le mur qui séparait leur demeure, depuis le jour où ce mur fut construit. De temps immémorial personne ne l’avait remarqué. Maisque ne voit pas l’amour ? Tous la vîtes les premiers, vous qu’il inspirait, el vous en files un porte-voix. Par là vous pûtes, sans bruit et sans danger, vous adresser mille tendres paroles. Donecidempassaest ; an, quaipomaalbaferebat, Utnuncnigraferatconlactusanguinisarbor. limeplacel ; bancquoniamvulgarisfabulanon est, Talibusorsamodis, lanasua filasequente : « Pyramuset Thisbe, juvcnumpulcherrimusaller, Vj Altéra, quasOrieusbabuit, proelatapuellis, Contiguastc-nueredomos, ubidicituraltam CoctilibusmûriscinsisseSémiramisurbem. Kotitiam, primosquegradusviciniafecit. Temporecrevitamor ; taîdaîquoquejure coissent, GO Sedveluerepatres.Quodnonpotuerevetarc, Exoequocaptisardebantmentibusambo. Consciusomnisabest ; nutu signisqueloquuntur ; Quoquemagistegitur, teclusmagisoestualignis. Fissuserat lenuirima, quamduxeratolim, G5 Quumlicretpariesdomuicommunisutrique. ld vitiumnullipersaîculalonganolatum, (Quidnon sentitamor ? )primisensistis, amantes, Etvocisfecistisiler ; lutajqueper illud Murmureblandiliasminimotransiresolebant. 70 LIVRE IV. 129 Souvent Thisbé d’un côté et Pyrame de l’autre s’arrêtaient près de cette ouverture pour respirer tour à tour leur haleine. « Mur « jaloux, disaient-ils, pourquoi t’opposer à notre amour ? Que l’en « coûterait-il de permettre à nosbras de s’unir ? Si ce bonheur est « trop grand, pourquoi ne pas laisser du moins un libre passage à « nos baisers ? Cependant nous ne sommes pas ingrats : oui, c’est « par toi, nous aimons à le reconnaître, que le langagede l’amour « parvient à nos oreilles. » Après s’être inutilement plaints des difficultés de leur position, le soir, ils se dirent adieu, el tous deux imprimèrent sur le mur des baisers qui ne parvenaient point à leur but. « Le lendemain, à peine l’Aurore a-l-ellechasséles astres de la nuit, à peine les rayons du soleil ont-ils dissipé la rosée qui humectait le gazon, qu’ils se retrouvent au rendez-vous. D’abord, à voixbasse, ils exhalent mille plaintes. Puis ils décident qu’à la faveur du silence de la nuit ils tenteront de tromper leurs gardes el de quitter leur demeure, résolus, dès qu’ils en auront franchi le seuil, à sortir de la ville. Afinde ne pas errer à l’aventure dans la campagne, ils devront se réunir près du tombeau de Ninus et se cacher sous l’arbre qui l’ombrage. Là, en effet, sur les bords Sa ; pe, ul consliteranl, bineThisbe, Pyramusillinc, Inqueviceinfueralcaplatusanbelitusoris : « Invide, dicebant, paries, quidamantibusobslas ? « Quantumeral, ut sineresnostolocorporejungi ? « Autbocsi nimiuffi, velad osculadandapateresl 75 « Necsumusingrati : tibi uosdeberefatemur, « Quoddatusest verbisad arnicastransitusaures. » Taliadiversanequicquamsedelocuti, Subnoctemdisere, Arale ; partiquededere Osculaquisquesuoe, nonpervenientiacontra. 1>0 « PosteranocturnosAuroraremoveratignés, Solqucpruinosasradiissiccaveratberbas. Adsolitumcoierelocuni.Tummurmureparvo Mullapriusquesti, slatuunt, ut noctesilenti Fallerecustodes, foribusqueescederetentent ; 85 Quumquedomoexicrint, urbisquoqueclaustrarelinquant. Ncvesit errandumlatospatiantibusarvo, Conveniaut ad LustaNini, lateanlquesubumbra Arboris.Aj’boribi, niveisuberrimapomis, •130 yiÉTA.ÎilORl’HÛSES. d’une fraîche fontaine, s’élevait un grand mûrier chargé de fruits plus blancs que la neige. Celle convention les comble de joie. Le jour, qui semble fuir lentement, se plonge enfin dans les flots, el de ces mêmes flots la nuit s’élance. Thisbé profite des ténèbres pour faire tourner adroitement la porte sur ses gonds, el sort en trompant ses gardes. Couverted’un voile, elle parvient au tombeau de Ninus, et s’arrête sous l’arbre désigné. L’amour lui donne de l’audace. Tout it coup une lionne, la gueule encore rougie du sang des bœufs, va étancher sa soif à la source voisine. Aux rayons de la lune, Thisbé la voit au loin, et d’un pas tremblant elle fuit pour se cacher dans un antre obscur. En fuyant, elle laisse tomber le voile qui flottait sur ses épaules. La iârouehe lionne, après s’être désaltérée dans la fontaine, se dirige vers la forêt. Elle rencontre sur son chemin le léger vêtement, et le déchire de sa gueule ensanglantée. « Pyrame, sorti plus tard, remarque les traces de la bête féroi.e profondément empreintes sur le sable. La pâleur couvre son front. Bientôt il aperçoit aussi le voile de Thisbé teint de sang : « La « même nuit, dit-il, verra mourir deux amants ; et. cependant « Thisbé méritait une longue vie ! Le criminel, c’est moi. Oui, Arduaraoruserat, gelidoconterminafonli. 00 Paclaplacent ; et lux tardedecederevisa Pnccipitaturaquis, et aquisnoxsurgitab isdeiiii Callidaper tenebras, versatocardine, Thisbé Egreditur, fallitquesuos ; adoperlaqueyultuni Pervenitad tumulum, diclaquesub arboresedit. f’" » . . Àudacemfaciebatarnor.Veniteccerecenli Ctedeleoenaboumspumantesoblitarictus, Deposilurasitimvicinifontisin unda. Quamproculad lunoeradiosbabyloniaTbisbe Vidit, et obscurumtrepidopedefugilin antruiu ; 10t) Dumquefugit, tergovelaminalapsarelinquit. Ut loeas ; cvasitimmullacompeseuitunda, Dunireditin silvas, invenlosforlesineipsa Orecruentalotenueslaniavitamictus. Seriusegressus ; vesligiaviditin alto 105 Pulverecerlafene, toloqueexpalluitore l’yramus.Utverovestemquoquesanguineliiitlam Repperit : « Uiiaduosnos, inquil, perdetamantes ; « E quibusillafuitlongadigtiissimavita. LIVRE IV. tôt « infortunée, c’est moi qui t’ai perdue, moi qui t’ai conseillé de « venir, la nuit, dans ces lieux redoutables ; et je ne m’y suis « point rendu le premier ! Ah ! mettez mon corps en lambeaux el « déchirez sous vos cruelles morsures mon cœur coupable, lions « qui habitez ce roc sauvage. Maisle lâche seul désire lu mort. » A ces mots, il emporte le voile de Thisbé, le dépose à l’ombre de l’arbre désigné, et, couvrant ce vêtement chéri de ses larmes el de ses baisers, il s’écrie : « Reçois aussi mon sang ! » Aussitôt il plonge dans son cœur le fer dont il est armé, et, en mourant, le relire de sa blessure encore fumante. 11 tombe à la renverse, et son sang jaillit dans les airs. Ainsi un tube de plomb fendu lance au loin l’eau qui s’échappe par son ouverLure, et qui siffle en se frayant un passage. Les fruits de l’arbre, teints par cette pluie de sang, deviennent noirs, et sa racine, qui eu est humectée, rougit la mûre suspendue à ses rameaux. « Thisbé n’est pas encore libre de toute crainte ; et cependant, pour ne pas causer à son amant une attente trompeuse, elle revient et le cherche avec ardeur. Elle brûle de lui raconter les terribles dangers qu’elle a courus. Elle reconnaît le lieu ; mais le « Nostrauocensanimaest. Egote, miseranda, pereini, 110 i In locaplenamelusquijussinoctevcnires ; « Necpriorhue veni ! Nosirumdivellitecorpus,

  • Et sceleralaferoconsumitevisceramorsu,

fi0 quicumquesub bacbabitalisrupe, leoncs ! etSedtimidiest optarenecem. » VelaminaThisbcs 115 Tollit, et ad paclaïsecumferl arborisumbram. Utquedéditnouelacrymas, déditosculavesti : trAccipenunCjinquit, noslriquoquesanguinisliaiistus. «  Quoqueerat acciuetusdemittitin ilia ferruin. Necmora, fervenlimoriense vuîueretrasil. 1"20 Utjacuilresupinushumi, cruoremicataile. Nonaliterquamquunivitialofislulaplumbo Scindilur, et tenuesstridenteforaminelonge Ejaculaturaquas, atquciclibusaérarumpil. Arborcifoetusaspergineeaxlisin atram Vl’ô Verlunlurfaciem, madefactaque sanguineradix. Puniceotingitpendentiamoracolore. « Ecce, inetu nondumposilo, ne fallutanniulciii, Illaredit, juveuemqueoculisanimoquerequirit, Quantaquevitaritnarrarepericulageslit. lô’J 152 MÉTAMORPHOSES. changement sut.venu dans l’arbre et dans la couleur du fruit lui cause de l’incertitude. Elle hésite, ne sachant plus si c’est le même arbre. Soudain elle aperçoit un corps palpitant sur la terre ensanglantée. Elle recule, plus pâle que l’albâtre, et frémit comme la mer quand un souffleléger en ride la surface. Bientôt, reconnaissant l’objet de son amour, elle frappe sa poitrine de coups affreux qui résonnent au loin, s’arrache lescheveux, presse Pyramedans ses bras, pleure sur sa blessure, el mêle ses larmes avec son sang. Puis, imprimant des baisers sur son front glacé : « Pyrame, s’é « crie-l-elle, quel malheur t’a ravi à ma tendresse ? Pyrame, ré « ponds-moi. Cher ami, c’est Thisbéqui l’appelle. Entends sa voix « el relève la tète. » Au nom de Thisbé, il ouvre ses paupières déjà appesanties par la mort, revoit son amante, et les referme. Thisbé reconnaît son voile, et voit le fourreau d’ivoire sans son épée : « Ah ! dit-elle, c’est par amour pour moi que lu t’es donné « la mort, infortuné ! Moi aussi, j’ai un bras assez courageux « pour trouver le trépas. Oui, l’amour me donnera assez de force « pour me percer d’un glaive. Je te suivrai. On dira : Elle fut la « cause déplorable de sa perte et l’accompagnadans le tombeau. -Ulquelocum, et versamcognovitin arboreformant, Sicfacitincertampoiuicolor, hoeret.Anlracsit, Dumdubilat, tremebundavide-tpulsarecruenlum Membrasolum, relroquepedemlulit ; oraquebuxo Pallidioragerens, exhorruit, ajquorisinstar, 155 Quodtremit, exiguaquumsummumstringituraura. Sed, postquamremoralasuoscognovitamores, Percutitindiguosclaroplangorelacerlos ; Et laniatacomas, amplexaquecorpusamatum, Vulnerasupplevitlacrymis, lletumquecruori 1-iO Miscuit, et gelidisin vultibusosculafigens : « Pyrame, clamavit, quiste mihicasusademit ? « Pyrame, responde.Tuate, carissime, Tbisbe « Nominat.Exaudi, vultusqueatloliejacentes.M AdnomenThisb’esoculos, jam mortegravatos, 145 Pyramuscrexit, visaquerecondiditil’a. Quoepostquamveslemquesuamcognovil, et ense Viditebur vacuura : « Tua te manus, inquil, amorque « Perdidit, infelix ! est et mihifortisin unum « Hocmanus ; est et ainor : dabithicin vulneruvires. ISO « Prosequarexstinclum, lelhiquemiserrimadicar « cCausacoinesquclui. Quiquea me morterevelli, LIVRE IV. 135 a Hélas ! la mort seule pouvait l’éloigner de moi ; elle ne le pourra « plus. AJi ! du moins exaucez cette prière, vous trop malheureux « parents de Thisbé et de Pyrame.L’amour et la dernière heure les « ont enfin réunis. Ne leur enviezpas le bonheur de reposer sous « la même tombe. Et toi, arbre dont les rameaux ne couvrent « maintenant que les restes de Pyrame, et qui vas bientôt couvrir « aussi les miens, porte toujours les marques de notre trépas. « Que tes fruits, emblème de deuil, attestent à jamais que deux « amants t’ont baigné de leur sang ! » Elle dit, et enfoncedans son cœur la pointe de l’épée toute fumante encore du sang de Pyrame. Leurs vœux furent entendus des dieux et de leurs parents. Le fruit de l’arbre, parvenu à sa maturité, prit la couleur du sang, el leurs cendres furent enfermées dans la même urne. » La Minéideavaitachevéson récit. Aprèsun court intervalle, Leucoiioé prend la parole. Ses compagnesl’écoutent en silence. « Le Soleil, flambeau du monde, a aussi ressenti l’amour. Racontons les amours du Soleil. Ce dieu, dit-on, fut le premier témoin du commerce adultère de Vénuset de Mars : c’est lui qui, le premier, voit tout. Indigné de ce crime, il découvre au fils de Junon les o lieu ! solapoleras, poterisnecmorterevelli. <iHoctamenamborumverbisestoterogali, « 0 multummiseri, meusilliusqueparentes, ’ loo t Ut, quosserusamor, quoshoranovissimajunxil, a Componilumulononinvidealiseodem ! « Atlu, "quairamisarbormiserabilecorpus « Nunctegisunius, moxes tecturaduoruni, « Signatene exdis ; pullosque, et luctibusaptos 1G0 KSemperhabefoetus, geminimonumenlacruoris.t Dixit, et aptalopectusmucronesubimum Incubuitferro, quodadbuca caidetepebat. Votatamenleligcredeos, letigereparentes. Namcolorin pornoest, ubipermaluruit, aler ; iGo Quodquerogissuperest, una requiescitin urna. » Desierat, mediumquefuitbrèvelempus, et orsaest llicereLeuconce : vc-cemtenueresorcres. fcHunequoque, sidercaqui tempérâtomnialuce, CcpitamorSolem ; So ! isreferemusamores. 1~0 PiiuiufadulteriumVeneriscumMarteputatur Uicvidissedeus : videthicdeusomuiapiimus. Indoluitfacto, Junonigeneeque mai’ilo 154 MÉTAMORPHOSES. infidélités de sa compagne et l’asile qui en est le théâtre. Sa raison lui échappe, el le fer qu’il travaille tombe de ses mains. Il fabrique aussitôt de minces chaînes d’airain, des lacets et des filets imperceptibles qui ne le cèdent, en finesse ni au tissu le plus délicat, ni à la toile qu’Arachné suspend aux solives. Il fait en sorte qu’ils puissent se rapprocher au plus léger mouvement, à la moindre pression, et en enveloppe avec adresse Je lit des deux amants. A peine Vénus et son complice sont-ils réunis dans la même couche, que Vulcain les surprend dans ces liens nouveaux et les enlace au milieu de. leurs embrassements. Aussitôt il ouvre les portes d’ivoire de son palais et fait entrer les dieux. Vénus el Mars paraissent, enchaînés et confus. Plus d’un dieu malin aurait voulu être confus à ce prix. Les Immortels éclatèrent de rire, et celte aventure servit longtemps d’entretien à la céleste cour. « La déesse de Cythère lire de celte révélation une mémorable vengeance : elle veut qu’à son tour celui qui a trahi ses mystérieuses amours soit trahi dans des amours semblables. Quepeuvent, ô fils d’Hypériôn ! la beauté, ta chaleur et tes rayons ? Sans doute tes feux brûlent au loin la terre, mais toi-même tu brûles Furtatori, furtiqueiocuromonstravit.Atilli El mens, et quodopusfabrilisdextratenebat, 17o Escidit.Extémplogracilesex airecalenas, Hetiaque, et laqueos, quailumînafallerepossint, Elimat.Nonilludopustcnuissimavincant Slamina, nonsummoqutependetaraneatigno. Utquclevéstaclusmomentaqueparvasequantur, if>0 Eflicit, ellecto circumdalacollocatapte. Ut veneretoruinconjuxet adulterin unum, Arleviri, vinclisquenovarationcparalis, In mediisambodeprensiamplexibus haïrent. Lemniusexlemplovalvaspatefeciteburnas, 1S3 Admisitque deos.Illijacuereligali Turpiter, atquealiquisde dis nontrislibusoptai Sicfieriturpis.Superirisere, diuque Haiefuit in lotonolissimafabulucoelo. «  « ExigitindiciimeriloremGylbereiapoenam ; 1’"' luquevicesillum, teetosqui lajsitamores, Loeditamorepari.Quidnunc, Hyperionenate, • forma, calorquetibiradiataquelumiraprosunt ? Nempeluisomnesqui terrasignibusuns,

LIVRE IV. 155 d’un feu nouveau. Tes regards doivent tout embrasser, et tu ne vois que Leucolhoê. Tu fixes sur une seule vierge tes regards que réclame le monde entier. Tu parais trop tôt aux portes de l’Orient ou tu descendstrop tard dans l’onde ; et, tandis que tu l’arrêtes pour la contempler, tu prolonges le jour dans la saison des frimas. Quelquefoistu t’éclipses. Le mal qui ronge ton cœur se décèle sur ton front, et l’obscurité qui le couvre épouvante les mortels. Tu pâlis, et cependantla lune ne vient pas se placer entre ton disque et la terre, dont elle est plus voisine que toi. C’est ta passion qui l’imprime cette pâleur : tu n’aimes que Leucolhoê. Clymèneel Rhode ne régnent plus sur loi, ni la Nymphe célèbre par sa beauté et qui donna le joui’à Circé dans l’ile dvEa ; ni Clytie, qui, malgré tes mépris, aspirait encore à la couche, et dans ce temps même ressentait une profonde blessure. Denombreuses rivales furent oubliées pour Leucolhoê, qu’enfanta la belle Eurynome dans la région d’où nous viennent les parfums. Elle grandit. Sa mère, qui effaça toutes les beautés, est à son tour effacéepar sa fille. Les Àchéméniensreconnaissent les lois d’Orchamus, son père, septième rejeton de l’antique Bélus.

  • Sous le ciel de l’Hespérie sont les pâturages des coursiers du

Urerisignénovo ; quiqueomniacerneredebes, 19") Leucothoenspeclas, et virginefigisin una, Quosmundodebes, oculos.Modosurgiseoo Temporiuscoelo, modoseriusincidisundis. Spectandique morabrumalesporrigishoras. Defieisinterdum, viliumquein luminamentis -200 Transit, et obscurusmorlaliapecloraterres. Nec, tibi quodlunaiterrispropiorisimago Obstiterit, pâlies : facithuneamoristecolorent. Diligisbancunam ; necte Clymeneve, Rhodosve, Nectenetaiiea ; gcnilrixpulcherrimaCirées, 20î> Quoeque tuosClytie, quamvisdespecta, petebat Concubilus, ipsoqueillogravevulnusbabebat Tempore.Leucolhoêmultarumobliviafecit, Genlisoderiferaiquamformosissima partu EdiditEurynome.Sed, postquamfiliacrevil, 210 Quammaletcunclas, lammatremfiliavieil. Resitacboemenias urbespalerOrcliamus, isque Septimusa priscinumeraturorigineBeli. « \xe sub besperiosunt pascuaSoliscquorum. 156

MÉTAMORPHOSES
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Soleil. L’ambroisie y croit à la place du gazon. Après leurs fatigues journalières, elle esl leur nourriture et rafraîchit leur vigueur. Tandis qu’ils se repaissent de ces sucs célestes, la nuit accomplit sa révolution, et le dieu pénètre dans l’asile de son amante sous les traits d’Eurynome, sa mère. Au milieu de douze compagnes, il voit Leucolhoê qui, à la clarté d’une lampe, fait tourner son fuseau entre ses mains actives. D’abord il lui donne de tendres baisers, comme une mère à sa fille chérie ; puis il ajoute : « Il s’agit d’un’secret. Esclaves, retirez-vous, et n’ôtez c pas à une mère le droit de parler seule à sa fille. » Elles obéissent. Le dieu, se voyant sans témoins : « Je suis, dit-il, celui qui « mesure la longueur de l’année. C’est moi qui vois tout et par « qui la terre voit tout : je suis l’œil du monde. Crois-moi, tu me « plais. » La Nymphetremble ; la crainte, qui fait tomber sa quenouille et ses fuseaux de ses doigts, rehausse encore sa beauté. Apollonà l’instant reprend sa première forme et sa splendeur ordinaire. Effrayée de ce changement soudain, mais vaincue par l’éclat du dieu, Leucothée cède à la violence sans proférer aucune plainte. « Son bonheur fait envie à Clytie, qui n’avait pu renoncer encore Ambrosiam pro grammehabent : ea fessadiurnis 215 Membraministeriisnulril, reparatquelabori. Dumqueibi quadrupèdescoelestiapabulacarpunt, Noxquevicemperagit, tbalamosdeusintrat amatos, Versusin Eurynomesfaciemgenitrieis, et inler BissexLeucothoen famulasad lnminacernit 220 Laiviaversaloducentemstaminafuso. Ergoubi, ceumaler, caroedéditosculanatai : « Res, ait, arcanaest.Famuloe, discedile, neve t Eripitearbitriummatrisecrelaloquenli. » Paruerant, thalamoquedeussine testerelicto : 22u « Illeegosum, dixit, quilongummeliorannum, « Omniaqui video, per quemvidetomniatellus ; « Mundioculus : mihi, crede, places. « Pavetilla, meluque Et coluset fususdigiliscecidereremissis. Ipsetimordecuit.Neclongiusille moratus, . 230 In veramrediitfaciem, solitumquenitorem. Atvirgo, quamvisinopinoterrilavisu, Victanitoredei, posilovimpassaquerelaest. « IiividitClylie, nequeenimmoderalusin illa LIVRE IV. 157 à sa tendresse pour le Soleil. Dans sa fureur jalouse, elle veut dévoiler un commerceadultère et court le révéler à Orcltanius.Cruel et sans pitié, Orchamus se montre inflexible aux prières de sa fille. Elle a beau lever ses bras vers le Soleil, et s’écrier qu’il a triomphé d’elle par la force ; son père, toujours inexorable, renferme dans la terre, et entasse par-dessus un grand monceau de sable. Les rayons du Soleille dispersent, et t’ouvrent, ô Nymphe ! une issue par laquelle ton front ensevelipourra se faire jour. Mais lu ne peux plus relever ta tête accablée sous le poids qui t’oppresse, et ton sang s’arrête dans tes veines. Ondit que jamais, depuis l’incendie qui dévora Phaéthon, le maître des agiles coursiers dujoui-ne vil de plus douloureux spectacle.D’abord, par la vertu de ses rayons, il essaye de ranimer la chaleur dans les membres déjà glacés de son amie. Maisle Destin s’oppose à ses efforts. Alors il répand sur les restes de Leucothoé et sur le sable qui les recouvre un nectar odoriférant. Puis, après de longues plaintes, il dit : « Tu monteras pourtant au ciel ! » Soudain les membres de la Nymphe, humectés de l’essence divine, se ramollissent, et le sol est inondé de parfums. Une tige qui recèle l’encens pousse insensiblement des racines dans les entrailles de la Solisamorfuerat, slimulataquepellicisira 255 Vulgatadulteriuui, ùiffamalumque parenti rndicat.Illeferox, immansuetusque precantcm, Tendentemque manusad luminaSolis, et, « Ille « Vimtulitinvitai, » dicentem, defodilalla Crudushumo, tumulumquesupergrarisadd : tarenai. 210 DissipâthuneradiisHypcrionenatus, iterquo Dattibi, quopossisdefossospromerevultus. Nectujampolerasenectumpondèreterroe Tollere, Nymplia, caput, corpusqueexsanguejacebas. Nililloferturvolucrummoderatorequorum 243 Poslphaelhonleos vidissedolentiusignés. Illequidemgelidosradiorumviribusarlus, Siqueat, in vivumleutetrevocarccalorem. Sed, quoniamlanlisfatumconalibusobstal, Nectareadoratosparsitcorpusquelocumque, 2o0 Multaquepraiquestus : « Tasgestamenauhera, » dixit. Protinusimbutumcceleslinectarecorpus Delicuit, terramquesuomadefecilodore ; Virgaqueperglebassensimradicibusaclis 158 MÉTAMORPHOSES. terre, et brise en s’élevant la barrière que le tombeau lui oppose. « Quoique l’amour pût excuser le ressentiment de Clytie, et le ressentiment sa révélation, le— père du jour ne parut plus auprès de cette Nymphe, et il cessa de l’aimer. En proie à sa folle passion, elle dépérit loin de ses compagnes qu’elle ne pouvait souffrir. Sans abri, sans vêtement, les cheveux épars, elle resta nuit et jour couchée sur la terre, et, durant neuf jours, sans boire ni manger : elle ne se reput que de la rosée et de ses larmes. Jamais elle ne se souleva de terre, contemplant sans cesse le dieu dans sa course el fixant toujours ses regards sur lui. Son corps s’attacha, dit-on, au sol. Une pâleur mortelle couvrit son corps changé en une lige sans couleur. Sa tête devint une fleur pareille à la violette, et, quoique retenue par sa racine, elle se tourne vers le Soleil, qu’elle adore même après sa métamorphose. » Elle dit, et celle aventure merveilleuse captive les Nymphes. Les unes en nient la possibilité ; les autres soutiennent que les dieux véritables peuvent tout ; mais Bacchus n’est pas de ce nombre. Quand le silence est rétabli, la parole est donnée à Alcithoé. En promenant la navette à travers son tissu, elle s’exprime en ces termes : Thurea surrexit, tumulumque cacumine rupit. 255 « AtClytien, quamvisamorexcusaredolorem Indiciumquedolorpoterat, nonampliusauctor Lucisadit, Venerisquemodumsibifecilin illa. , Tabuitexillodementeramoribususa, Nympharumimpatiens, et, subJove, noetedieque 200 Sedithuinonuda, nudisi.icomptaeapillis ; Perquenovemluces, expersuudaiquecibique, Roremero, lacrymisquesuisjejuniapavit, Necse movithumo.Tanlumspeclabaleunlis Oradei, vultnsquesuosfleelebatad illum. 2G5 Membraferunlhoesissesolo, partemquccolons Luridusexsanguespallorconvertitin l.eivas. Est in parlerubor, violaiquesimillimuso : a Flostegil.Illasuum, quamvisradicetenetur, Verlilurad Solem, mutataqueservat.amoreiîi.

270 Dixeral, el factummirabileceperataures. Pars iieripotuissenegant, pars omniaveros Possedeosinemorant ; sednonet Bacchusin illis. PosciturAlcilhoé, postquamsilueresorores. Qu ; e, radiostanlispercuirensslaminatelx : « 75 LIVRE IV. 159 « Je tairai les amours trop connues du berger Daphnis, né sur le monl Ida, et changé en rocher par la colère d’une amante jalouse : tant l’amour allume de fureur ! Je ne dirai pas non plus comment, par un renversement des lois de la nature, Scylhon fut tour à tour homme et femme. Toi, Celmis, aujourd’hui diamant, et jadis nourricier fidèle de Jupiter encore enfant ; et vous, Curetés, nés d’une pluie abondante ; et toi, Crocus, changé avec Smilax en deux petites fleurs, je vous passe aussi sous silence. Je vais, mes amies, captiver vosesprits par l’attrait de la nouveauté. « Apprenezpourquoi Salmacisest mie source détestée dont l’eau, par son contact funeste, énerve les membres. On en ignore la cause, mais les effets sont connus. Un enfant, né des amours d’Hermès el d’Aphrodite, fut nourri par les Nymphes dans les antres de l’Ida. Il était facile de reconnaître à ses traits les auteurs de ses jours. C’est d’eux qu’il tira son nom. A son troisième lustre, il quitta les montagnes qui l’avaient vu naître ; et, loin de l’Ida où il fut élevé, il se plut à errer dans des lieux inconnus et à visiter des fleuves nouveaux : sa curiosité allégeait ses fatigues. Il parcourut aussi les villes de la Lycie et celles de la Carie qui l’avoisine. Il « Vulgatoslaceo, dixit, pastorisamores Daphnidisidaii, quemNymphepelHcisira Contulitin saxum : fantusdolorurit amantes ! Necloquor, ut quondamnaturaîjure novato Ambiguusfueritmodovir, modofemina, Scylhon. 2S0 Tequoque, nuncadamas, qu.ondamfidissimeparvo, Celmi, Jovi, largoquesatosCuretasab imbri. EtCrocon, in parvosversumcumSmilaceflores, Proetereo, dulciqueanimesnovitatetenebo. < ; Undesit infamis, quaremaiefortibusundi<

  • &5

Salmacisenervel, tactosqueremolliatartus, Discite.Causalalet ; vis est notissimafontis. HercuriopuerumdivaCythereidenalum Naidesideisenulriveresub antris. Cujuserat faciès, in qua materquepaterque 290 Cognoscipossent : nomenquoquetraxitabillis. Is, triaquumprimumfecitquinquennia, montes Deseruitpatrios, Idaquealtricerelicla, Ignoliserrareloeis, ignolavidere Fiumiuagaudebal, studiominuentelaborein. 295 Illeetiamlyciasurbes, Lycioeque propinquos 140

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y trouva un lac dont le cristal laissait voir le sol au fond des eaux. Là, point de plantes marécageuses, ni d’algues stériles, ni de joncs aigus : l’onde en est limpide. Ce lac est bordé de gazonfrais et d’herbes toujours vertes. Une Nymphe l’habite. Inhabile à la chasse, elle n’est accoutumée ni à tendre l’arc, ni à suivre un cerf à la course. Seule parmi les Naïades, elle n’est point connue de l’agile Diane. On raconte que ses compagneslui disaient souvent : « Salmacis, prends le javelot et le carquois, el mêle à tes « loisirs le rude exercice de la chasse. » Elle dédaigne le javelot et le carquois, et ne se soucie point de mêler à ses loisirs le rude exercice de la chasse. Tanlôt elle baigne dans Fonde pure son corps gracieux ; tantôt, avecle buis du Cytore, elle démêle ses cheveux en consultant le miroir des eaux sur ses atours. Quelquefois, couverte d’un voile diaphane, elle repose sur un lit de feuillesou de gazon. Souventelle cueilledes fleurs. Peut-être en cueillait-elle aussi lorsqu’elle vit le jeune berger. En le voyant, elle désira de le posséder. « Avantde s’approcher de lui, malgré toute son impatience, elle Carasadit.Videthicslagnumlucenlisadimum Usquesolumlymphai.Nonilliccannapaluslris, Necstérilesulva ;, necaculacuspidejunci. Perspicuusliquorest ; slagnilamenullimavivo 300 Cespitecinguntur, semperquevirentibuslierbis. Nymphacolit ; sednecvenatibusapla, necarcus Flecterequaisoleat, néequaicontenderecursu. SolaqueNaiadumcélerinonnotaDianai. Saapesuasillifamaest dixissesorores : 505 c Salmaci, veljaculum, velpictassumepharelras, fcEt tuacumdurisvenatibusotiamisce. » Necjaculumsumit, necpictasillapharetras, Necsuacumdurisvenatibusotiamiscet. Sedmodofontesuoformososperluitarlus ; 310 Soepecyloriacodeducitpectinecrines, Et quidse deceat, spectatasconsulitundas. Nuncperlucenticircumdatacorpusamiclu, Mollibusaut foliis, aut mollibusincubâtlierbis. S ; epelegitdores ; et lunequoqueforlelegebal, 515 Quumpucrumvidit, visumqueoplavithabere. « Nectamenani-îadiit, etsi properabatadiré, LIVRE IV. Uî soigne sa parure, l’examine d’un air coquet, et compose son visage de manière à paraître belle. « Enfant, lui dit-elle, tu mérites « d’être pris pour un dieu. Si lu es un dieu, tu peux être l’Amour. « Si tu es un mortel, heureux ceux qui t’ont donné le jour ! heu « reux est ton frère, heureuse est ta sœur, si tu en as une ; heu « reuse est la nourrice qui l’offrit son sein ; plus heureuse encore « et plus puissante celle qui est ta compagne, ou pour qui tu al « lumeras le flambeau d’hyménée ! Si tu l’as choisie, accorde « moi pourtant un bonheur furtif. Si ton choix n’est pas fait, « puissé-je le fixer et partager ta couche ! » A ces mots, la rougeur couvre les traits du jeune berger, qui ne connaît p^s encore l’amour, et lui donne une grâee.éiouvelle.Telle est la couleur des fruits exposésau soleil, cellede l’ivoire empourpré, ou l’éclat vermeil de la lune, lorsque l’airain, sonore l’appelle en vain sur la terre. La Nympheveut au moins obtenir un de ces baisers qu’une sœur reçoit de son frère. Déjàelle allait saisir le cou d’albâtre d’Hermaphrodite : « Cesse, ou je fuis, dit-il, et je te laisse seule « en ces lieux. » Salmacistremble : « Etranger, soislibre et maître « de cet asile, » répond-elle ; et elle feint de se retirer. Mais, sans Quamse composuit, quameircumspexit amictus, Et finxifc vullum, et méruitformosavideri. Tunesicorsaloqui : « Puero dignissimecredi 520 « Essedeus ; seutu deuses, potesesseCupido ; « Siveestmortaîis, qui te genuerebeati, « Et fralerfelix, et fortunalaprofecto « Si quatibi sororest, et quaidédituberanutrix. e Sedlongecunctis, longcquepotentiorillis, 525 « Siquatibisponsaest, si quamdignabereta ? da. « Haeetibi sivealiquaest, measit furtivavoluptas ; c Seunullaest, egosim, thalamumque ineamuseumdem.* Naisab lus tacuit.Pueriruborora notavil, Nesciaquidsit anior ; sed et erubuissedeeebat. 550 Hiceolorapricapendenlibusarborepomis, Auteboritincloest, aut subeandorerubenti, Quumfrustrarésonantoeraauxiliarialunaî. PoscentiNymphaisinefinesororiasaltem Oscula, jamquemanusad eburneacollaferenli : 555 « Desine, velfugio, leeumque, ait, istarclinquo. » Salmacisextimuit : « LocaquehteetibilibéraIrado, c Hospes, » ait ; simulatquegradudiscedereverso. 142 MÉTAMORPHOSES. détourner de lui ses regards, elle se cache dans un bosquet et s’y tient à genoux. L’enfant, avec la légèreté de son âge, persuadé que personne ne l’observe dans cette solitude, va et revient, baigne dans l’eau transparente la plante de ses pieds et les plonge jusqu’aux talons. Bientôt, séduit par la douce température de l’onde, il dépouille le fin tissu qui envelopperon corps délicat. « Salmacis tombe en extase devant les charmes qui la frappent, et brûle d’une flamme qui étincelle’dans ses yeux. Ainsise réfléchit dans un miroir le disque brillant du soleil. A peine, dans son impatience, peut-elle voir différer son bonheur. Elle veut l’embrasser ; elle-ne maîtrise plus son délire. Hermaphrodite lui donne un coup léger, et se précipite dans Tonde. Ses bras, qu’il agite tour à tour, brillent à travers le cristal des eaux, comme une statue d’ivoire ou des lis éblouissants sous le verre diaphane. « Je triom « plie ! il est à moi ! » s’écrie la Naïade. A l’instant elle rejette ses vêtements, s’élance au milieu des flots, saisit Hermaphrodite qui résiste, et, malgré ses efforts, lui ravit des baisers. Ses mains jouent autour de sa poitrine, qu’il cherche en vain à lui dérober : Tumquoquerespiciens, fruticumquerecondilasilva Delituit, flexumquegenusubmisit.Atille, 540 Utpuer, et vacuisut inobservatusin herbis, Uueit, et hincillue ; et in alludentibusundis Summapedum, taloquetenusvestigialingit. Necmora, lemperieblandarumeaptusaquarum, Holliadetenerovelaminacorporeponit. 345 « Tumveroobstupuit, nudsequecupidineformai Salmacisexarsit ; flagrantquoqueluminaNymphes, Nonaliter, quamquumpuronitidissimusorbe OppositaspeculireferilurimaginePhoebus. Vixquemorainpalitur, vixjam sua gaudiadifferl. 550 Jam cupitamplecli, jamse maieconlinelamens. Ille, cavisveloxapplausocorporepalmis, Desilitin latices, allernaquebracbiaducens In liquidistranslucetaquis, ul eburneasi quis Signategatclaro,’velcandidalilia, vitro. 555 « Vicimus ! en meusest ! » exclamâtNais, el, omni Vesteproculjacta, mcdiisimmittiturundis, Pugnacemque tenet, luclanliaqueosculaearpit, Sulijectatque manus, invilaquepeclorai.-ingii. LIVRE IV. 145 elle l’enchaîne dans ses bras. H a beau lutter pour se sousiraire à ses embrassements, elle l’étreint comme le serpent enlace la tête el les pieds du roi des oiseaux qui l’emporte au haut des airs, et replie sa queue autour de ses ailes étendues. Tel le lierre embrasse le tronc d’un peuplier ; tel encore le polypesaisit au fond de l’onde son ennemi, el l’enveloppe tout entier dans ses flexibles lacets. Le petit-fils d’Atlas résiste et refuse à la Nymphe le bonheur qu’elle attend. Ellele presse, et, dans la plus viveétreinte, suspendue à son cou, elle s’écrie : « Tu résistes en vain, cruel, tu « ne m’échapperas pas ! Dieux, ordonnez que jamais rien ne le sé « pare de moi, ni me sépare de lui ! » Sa prière est exaucée.Leurs corps s’unissent el se confondent. Ainsideux rameaux croissent sous la même écorce et grandissent ensemble. Hermaphrodite ei la Nymphe, étroitement embrassés, ne sont plus deux corps distincts. Us ont mie double forme ; mais on ne peut les ranger ni parmi les femmes ni parmi les hommes. Sans être d’aucun sexe, ils semblent les avoir tous les deux. Hermaphrodite, voyant qu’au sortir des eaux, où il est descendu homme, il n’est homme qu’à El nunchacjuveni, uunccircumfunditur illac. 560 Deniquenilentemcontra, elabiquevolentem Implieal, ut serpens, quamregiasustinetaies, Snblimcmque rapit ; pendonscaputilla pedesque Alligal, el caudaspatiantesimplicatalas. Ulvesoienthederailongosinlexeretruncos ; 5G5 Utquesubo » quoribusdeprensumpolypushoslcm Continet, ex omnidimissisparteOagellis. PerslatAtlantiades, sperataqucgaudiaNymplue Denegal.Ulapremit ; commissaque corporetolo Siculinhairebal : « Pugneslied, improbe, dixit, 570 « Nontameneffugies.lia dijubealis, et istum « Nulladiesa me, necme diducatab isto. » Votasuoshabueredeos.Nammixladuoruni Corporajungunlur, faciesqueinducilurillis Uua, velutsi quis conductacorticerainos 575 Crescendojungi, pariterqueadolescerecernai. Sicubicomplexucoieruntmembratenaci, Necduo sunl, cl formaduplex, nec feminadici, N^cpuerul possinl, neulrumqueel ulrumqucvideutur. Ergoubi se liquidas, quovir descenderal, undjs 5S0 Scmimarcinfocissevidet, molitaquein illis ï44

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demi, el que ses membres ont perdu leur force, lève ses bras vers le ciel, et s’écrie d’une voix qui n’est plus virile : « 0 mon « père ! ô ma mère ! accordez une grâce à voire fils qui lire son « nom de vous deux. Que tout homme, après s’être baigné dans « ces eaux, n’ait, quand il en sortira, que la moitié de son sexe ! KPuissent-elles, en le touchant, lui ravir soudain sa vigueur ! » Les auteurs de ses jours furent sensibles à ce vœu ; ils l’accomplirent et donnèrent à celte source une vertu mystérieuse. » Ainsifinit le récit. Cependantles filles de Minyaspoursuiventleur travail, méprisent le dieu et profanent sa fête. Toula coup d’invisibles tambours font entendre un sourd murmure ; la trompette el l’airain concave retentissent ; la myrrhe et le safran exhalent leurs parfums. 0 prodigeincroyable ! les toilescommencentà verdir et les tissus flottants à se changer en feuilles de lierre. Une partie se transforme en vignes, la laine fait place aux ceps ; des pampres sortent des fuseaux, elles grappes se revêlent d’un écial vermeil. On était arrivé à ce moment qu’on ne peut appeler ni la lumière ni la nuit, et qui sert de limite entre le jour et une obscurité douteuse. Soudain le toit s’ébranle ; des torches répandent une vive Menibra, manustendens, sedjauinonvocevirili, Hermophroditus est : « Nalodatemuneraveslro, c Et pater, et genitrix, amborumnomenhabeuti, « "Quisquisin hosfontesvir venerit, cxeatinde 585 « Semivir, et tu-lissubitomollescatin undis.v Motusulerquepareus, natirata verbabiformis Fecit, et incerlofonlemmedicaminetinxit. » irmiseratdiclis, et adliucminyeiaproies Urgetopus, spcrnitquedeum, festumqueprofanal, Tympanaquumsubitononapparcntiaraucis Obstrepuere sonis, et aduncotibiacornu, Tinnulaqueoerasonant ; redolentmyrrhaiquecrociquc, Resquehdemajor ! coeperevirescereteloe, Inquehederaifaciempendonsfrondescereveslis. 5’J0 Parsabit in viles, et quaimodofilafuerunt, Palmilcmulantur ; destaminépampinusexil ; Purpurafulgorempictisaccommodâtuvis. damquediesexactuserat, tempusquesubibat, Quodtu nectenebras, necpossisdicereluceiu, 40U Sedcumlucetamendubiaiconliuianoctis. Tectarepentequati, pingucsquearderevideulur LIVRE IV. 145 clarté, des feux étincelanls brillent au loin dans le palais, où l’on croît entendre des hurlements affreux de bêtes féroces. Les Minéides se dispersent aussitôt et se cachent de tous côtés dans le palais fumant pour se dérober à l’éblouissement de l’incendie. Tandis qu’elles cherchent une retraite, leurs membres rétrécis se couvrent d’une membrane, et des ailes légères remplacent leurs bras. Les ténèbres ne permettent pas de voir comment elles ont perdu leur première forme. Ce n’est pas à l’aide d’un plumage qu’elles volent : des ailes d’un lissu transparent les soutiennent dans l’air. Elles veulent parler ; de leur faiblecorps s’échappe une faible voix et des cris aigus expriment seuls leurs plaintes. Elles habitent les maisons el non les forêts. Ennemies du jour, elles ne volent que la nuit, et empruntent leur nom de Vesper. 1KŒTNÉLICERTE CHANGÉS ENDIEUXMARINS, ETLEURSCOMPAGNES EXROCHERS ETENOISEAUX. H. Thèbes retentissait alors du nom de Bacchus. La tante de ce nouveau dieu proclamait partout sa redoutable puissance. Parmi les filles de Minyas, une seule n’eut à souffrir que les maux causés Lampades, et rutiliscollucereignibusaides, Falsaquesaivarumsimulacraulul^referarum. Fumidajamdudumlatitantper lectasorores, 405 Diversoequc locisignésac luminavitant. Dumquepetuntlatebras, parvosmembranaper arlus Porrigitur, tenuiqueinducitbracbiapenna ; Nec, qua perdiderintveteremralionefiguram, Sciresiuunt tenebrai.Nonillasplumalevavil, 410 Sustinueretamense perlueentibusaiis ; Conatiequeloqui, miiriniampro corporevocem Emiltuut.peraguntquelevistridorequerelas. Teclaque, non silvas, célébrant ; lucemqueperosai Koclevolant, seroquetrahunta vesperenomen. 415 1X0ETMELICEP.TA IXDE03Î1AEIS0S TBAKSFOllilATI, lit’EORU.M FAMULJÏ INSAXàETVOLUCUES. 11. TumvetolotisDacchimemorabileThebis Numcrierat, magiiasquenovimaterleravire ? Narrâtubiquedei ; de totqucsororibusexper= liu doloriserat, uisi quemfreeresoroie*. 140

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par ses sœurs. Junon remarqua conihien elle étail fière de ses enfants, de la couche d’Alhamas, el de l’honneur d’avoir un dieu pour nourrisson. Transportéede dépit : « Le fils d’une adultère, se dit-elle, a pu métamorphoserles matelots de Méonieet les plonger dans Fonde. 11a pu faire déchirer un enfant par les mains de sa mère, et donner aux trois fillesde Minyasdes ailesjusqu’alors inconnues ; et Junon serait réduite à nourrir dans les larmes son impuissante douleur ! Dois-jem’en contenter ? Sont-ce là les bornes de mon empire ? Bacchusm’apprend ce queje dois faire. Onreçoit desleçons même d’un ennemi. Le meurtre de Penthée montre assez ce que peut la fureur. Pourquoi, excitée par cet exemple, Ino ne se précipiterait-ellepas dans les mêmes égarements ? » Il est un sentier en pente, ombragépar des ifs funèbres. A travers un silence profond, il conduit aux demeures infernales. Là s’élèvent les vapeurs des eaux dormantes du Styx. C’est par là que descendentlesombresnouvellesdes morts qui ont reçu les honneurs delasépulture. LaPâleuret un froidglacialhabitentceséjouraffreux, où gisent les mânes récemment arrivés, ne sachant ni quelleroute mène à la cité que baigne le fleuve des enfers, ni où se trouve le redoutable palaisdu noir Plulon. Milleavenueset des portes ouAspicithancnatis, thalamoqueAlhamanlishabentem 420 Sublimesanimos, et aiumnonumine, Juno ; Nectulil, et secum : « Poluitde pelliceuatus Vcrleremaioniospelagoqucimmergerenaulas, Etlaeerandasuainaiidarevisceramalri, Et tripliccsoperirenovisïlinycidasalis ; 425 NilpoleritJuno, nisiinultoslleredoîores ? IdquemihisaLisest ? Haieunapotenlianostraest ? Ipsedocel, quidagam.Pasest el ab hostedoccri. Quidquefurorvaleat, penlheacredesatisque Acsuperostendit.Curnon slimulelur, calque 450 Percognatasuisexemplafuroribusino ? » Est viadeclivis, funeslanubilataxoj Ducitad infernasper mutasilentiasedes. Styxnebulasexhalâtiners, umbraiquerécentes Dcscendunlillac, simulacraquefunclasepulcris. 45ii Pallor, Ilieinsquctenentlaie locascnla ; novique, Quasit iter raaues, stygiamquodducitad urbem, Ignorant, ubisit nigriferaregiaDilis. Millecapaxadilus, cl aperlasundiqueportas LIVRE IV. 147 vertes de toutes parts conduisent à cette villeimmense. Semblable• à l’Océan qui reçoit les fleuves de tous les points de la terre, elle admet toutes les âmes. Jamais trop étroite pour la foule qui s’y presse, elle ne la sent pas même approcher. Detous côtésse promènent de pâles fantômes sans chair et sans os. Lesuns assiègent le tribunal, d’autres le palais du souverain des ombres ; plusieurs se livrent aux occupations qu’ils eurent durant leur vie. La fille de Saturne consent à quitter les célestes demeures pour descendre dans ce lieu : tant la haine et la colèrela dominent ! A peine y est-elle entrée, le seuil tremble sous ses pieds sacrés ; Cerbère dresse sa triple gueule et fait résonner sa triple voix. Junon appelle les filles de la Nuit, divinités implacableset terribles. Assisesdevant la porte d’airain qui ferme le Tartare, elles peignaient leurs cheveuxhérissés de noirs serpents. Dèsqu’elles reconnaissent la reine des deux à travers les ténèbres, elles se lèvent. Leur demeure se nomme la région du crime. Là Tilyus couvre de son corps sept arpents, et repaît de ses entrailles la fureur d’un vautour ; là, Tantale, lu ne peux saisir l’eau, el les fruits’qui pendent au-dessus de la lète disparaissenttoujours ; et toi, Sisyphe, tu cherches à retenir ou à pousser le roc prêtàrouUrbsbnbet.Utquefrelumde lolafiumiuaterra, 440 Sicomnesanimaslocusaccipitille, nec ulli Exiguuspopuloest, turbamveaccederesentit. Errantexsanguessinecorporeet ossibusumbrai ; Parsqueforumcélébrant, parsimileclalyranni, Parsaliasarlcs, antiquaiimitaminavitac. 445 Sustinetire illuc, coeleslisederelicla, (Tanluinodiisirmquedabat ! ) SaturuiaJuno. Quosimulinlravil, sacroquea corporepresaum. Ingeinuitlimen, tria Cerberusextulitora, Et 1reslalralussimuledidil.Illasorores 450 .Noctevocatgenitas, graveet implacabilenumen. Garccrisailleforesclausasadamanlesedebant, Dequesuisatrospeclebanlcrinibusangues.

» 

Quainsimulagnoruntinler caliginisumbras, Surrexeredeai.Sedessceleralavocatur. 455 ViscerapraibebatTilyoslaniauda, novemque Jugeribusdisteutuserat.Tibi, Tantale, iiullaj LcprcuduiiLur aquai ; quaiqueimminet, effugitarbor. Autpetis, aut urgesruiturum, Sisyphe, saxum. 148

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1er. Là Ixion tourne sur sa roue, et tour à tour se poursuit et s’évite. Là, pour avoir osé donner la mort à leurs époux, les filles de Bélus puisent l’eau qui s’échappe sans cesse. La fille de Saturne leur lance des regards farouches, surtout à Ixion, el ensuite les porte sur Sisyphe. « Pourquoi, dit-elle, parmi ses frères est-il seul condamné à un supplice éternel, tandis que le superbe Alhamas habile un riche palais, lui qui toujours affichadu mépris pour moi, ainsi que son épouse ? » En même temps elle exposele sujet dé sa haine et de son voyage.Elle annonce qu’elle veut que le palais de Cadmus ne reste pas debout, et que les trois sœursinfernales entraînent Alhamas au crime. Ordres, promesses, prières, •ellea recours à tout, et sollicite vivement les trois déités. Tisiphone, tout émue, secoue alors ses cheveux blancs, et, rejetant en arrière les couleuvressuspendues autour de son front : « De longs discours, répond-elle, sont superflus. Regardez vos ordres comme accomplis.Sortez de cet odieux empire, et allez respirer un air plus pur. » Junon se retire triomphante. Avant qu’elle rentre dans les deux, la fille de Thaumas, Iris, répand sur elle une eau lustrale VolvilurIxion, et se scquiturquefugilque. 4G0 Molirique suislethumpatruelibusausaî, Assiduerepelunt, quasperdant, Bclidesundas. QuosomnesaeiepostquamSaturniatorva Vidit, et anleomnesIxiona, rursus ab illo Sisyphonaspiciens : « Curhice fralribus, inquil, 4G5 Perpétuaspalilurpeenas ? Alhamanlasuperhum Regiadivesliabet, qui mecumconjugesemper Sprevit ? v et exponitcausasodiiqueviaique, Quidquevelit.Quodvellet, erat, ne regiaCadmi Staret, et in facinustraherentAlhamanlasorores. 470 lmperium, promissa, precesconfundilin unum, Solticitatque deas.SicheeeJunonelocuta, Tisiphcnecanos, ut erat lurbala, capillos Movil, et obslanlesrejecilab orecolubras. Atqueita : « Nonlongisopusesl ambagibus, iulit. 475 Faclapula, quaicumque jubés.Inamabileregnum Desere, tequerefercoelimeliorisad auras. » LielaredilJuno.Quamcoeluminlrareparantcni RoralisluslravitaquisThaumanîiasIris. LIVRE IV. 1M qui la baigne comme une rosée. Aussitôt l’implacableTisiphone s’arme d’une torche ensanglantée, et revêt un manteau rougi de sang. Desserpents entrelacés forment sa ceinture. Elle sort de sa demeure. A ses côtés marchent le Deuil, l’Effroi, la Terreur, et la Démenceà la face mobile. Elle s’arrête sur le seuil du palais d’AIhamas. Les portes tremblèrent, dit-on, et leurs battants d’érable se couvrirent d’une couleur blafarde. Le Soleils’enfuit. L’aspect du monstre épouvanta l’épouse d’Albamas et Alhamas lui-même. Ils veulent quitter le palais. La cruelle Furie s’y oppose el ferme toutes les issues. Elle étend ses bras enlacésde serpents et secoue sa chevelure. Les couleuvres s’agitent bruyamment, pendent sur son épaule, sifflent en glissant autour de ses tempes, distillent leur venin et dardent leur aiguillon. Tisiphone détache de sa tête deux serpents et les lance de sa main homicide. Ils errent sur le sein d’Ino et d’Alhamas, qu’ils infectent de leur souffle impur. Ils épargnent leurs corps, et font souffrir à leurs cœurs les plus cruels tourments. Tisiphone avait aussi apporté avec elle de subtils poisons, tels que l’écume vomiepar Cerbèreet le venin de l’hydre de Lerne, les vaguestransports, les aberrations, les crimes, Necmora, Tisiphonemadefaclam sanguinesumil 4S0 Importunafaccm, fluidoquecruorerubentein Induiturpallam, torloqueincingituraugue, Egrediturqueùomo.Luctuscomilantureuntem, Et Pavor, et Terror, trepidoqueInsaniavultu. Limiueconstiterat.Postestremuisseferuntur 4C3 £olii, pallorqueforesinfecitacernas ; Solquelocumfugit.Monstrisexlerrilaconjux, TerritusestAlhamas ; tectoqucexireparabant. Obslititinfclis, aditumqueobseditErinnys ; Nexaquevipereisdistendonsbracbianodis, 490 Caisariem excussit.Motaisouuerecolubrai ; Parsquejacenthumeris, parscireumlemporalapsre Sibiladant, saniemquevomunl, linguasqueeoruscant. Indeduosmediisabrumpitcrinibusangues, Pestiferaquemanuraptosimmisit.Atilli 49Tlnoosquesinus, athamanteosque pererrant, Inspirantquegravesanimas ; necvulneramembris Ullaferunt : mensestquaidirossentiatictus. Atluleratsecumliquidiquoquemonslraveneni, Oriscerbereispumas, et virusEchidnai, 500 Erroresquevagos, cajcaiqueobîiviamentis. 150

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les pleurs, la rage et la soifdu meurtre. Elle en composa un horrible mélange, et les fit bouillir dans un vase d’airain avec de la ciguë et du sang nouvellement répandu. Les deux époux frémissent. La Furie verse dans leur cœur ce poison infernal, et l’insinue jusqu’au fond de leurs entrailles. Puis elle fait tourner rapidement sa torche, qui décrit un cercle de feu. Sûre de sa victoire et de l’accomplissement de sa tâche, elle regagne la demeure du puissant roi des ombres, et dénoue les serpents attachés à sa ceinture. Tout à coup, en proie à la fureur, le fils d’Ëole s’écrie au milieu de son palais : « Allons, mes amis, tendez vos filets dans ces bois. Je viens d’apercevoir une lionne avec ses deux lionceaux, n L’insensé prend sa compagne pour une lionne et suit la trace de ses pas. Sur le sein maternel, Léarque riait et tendait ses petits bras vers son père. Athamas le saisit, le fait tournoyer deux ou trois fois dans les airs comme une fronde, et en brise impitoyablement les os contre les murs. Alors, par l’effet de la douleur ou du poison répandu dans ses veines, Ino pousse des hurlements. Hors d’elle-même, elle fuit, les cheveux épars, l’emportant dans ses bras nus, jeuneMélicerte ! « Évohé, Bacchus ! n s’écrie-t-elle. A ce El.sce’.us, et lacrymas, rabiemque, et eoedisamorem, OmniaIrita simul.Qua ; sanguinemixtarccenli Coxeratoerecavo, viridïveri-atacicuta. Dumquepaventilli, vertitfuriaievenenum 50b Pectusin amborum, proecordiaque intimarnovit. Tumfacejactataper cumdernsrepiusorbem, Consequiturmotosvclœilcrignibusignés. Sicviclrix, jussiquepplens, ad inaniamagni BegnareditDitis, sumptumquerecirigilurangucni. 510 ProlinusjEolidesmédiafuribundusin auîa Clamât : « Io ! comités, bis reliatenditcsilvis. Hicmodocumgeminavisaest mihiproieicoena. » Utquefera ;, sequiturvesligiaconjugisamens, Dequesinu malrisridentem, et parvaLonrcbum 51U Bracbialendentem, rapit, et bis lerqueper auras Morerolatfonda ;, rigidoqueinfanliasaxo Discutitossaferox.Tumdeniqueconcitamater (Sei ! dolorhocfecit, seu sparsicausaveneni), Exululal, passisquefugitnialesanacapillis ; Kl2Q Tequeft-rensparvumnudis, Melicerln, lacerlis, Evoc, tiacchelsonat.BaccbisubnomincJuno LIVRE IV. 451 nom, Junon souriant : « Voilà, dit-elle, comment il le paye des soins donnés à son enfance. » Un rocher dominait la mer. Son pied, creusé par les vagues, le protégeait contre les tempêtes. Sa cime escarpée s’allongeait au-dessus des ondes. Ino trouve des forces dans son délire. Elle gravit ce rocher, et, inaccessihle à la crainte, elle se précipite dans la mer avec son fardeau précieux. Sa chute fait bouillonner les dois. CependantVénus, touchée des maux que sa pelile-fille souffre injustement, cherche à désarmer Neptune par cette prière : « Roi des eaux, toi dont l’empire ne le cède qu’à celui du ciel, je le demande une grande faveur. Prends pitié des miens que tu voistourmentés sur les vastesmers de i’Ionie. Admels-lesau nombre des dieux de ton royaume. Je dois moi-même de la reconnaissance à la mer, s’il est vrai que j’ai été formée de l’écume au fond des abîmes, et que je porte un nom grec qui atteste celle origine. » Neptune lui accorde sa demande par un signe de tête. Il dépouilleMélicerleel sa mère de leur mortalité, les revêt d’une majesté auguste, et change à la fois leur nom et leur figure. L’une devientLeucolhée, et l’autre le dieu Palémon. Lescompagnesd’Lnosuivent ses traces autant qu’elles peuvent. Risil, et : « IIosususpraislattibi, dixit, alumnus. » Immineta}quoribusscopulus.Farsimacavatur Fluclibus, et lectasdefemhlab imbribusimdas ; 525 Summariget, frontemquein apertumporrigitrequor. Occupâthune, viresinsaniafeceraf, Ino ; Sequesuperpontura, nullolardalatimoré, Mittil, onusquesuum : percussarecanduilunda. AtVenusimmerilceneplismiseratalaborcs, 550 Sicpatruoblanditasuoest : « 0 numenaquarum, Proximaouicoelocessil, Neptune, potestas, Magnaquidemposco.Sedtu misereremeorum, Jaclariquoscernisin Ionioimmenso, Et disaddetuis.Aliquaet mihigraliapontoest, 555 Si tamenin dio quondamconerelaprofundo Spumafui, graiumquemanetmihinomenab illa. » AnnuitoranfiNeptunus, et abstulitillis Quodmorlalefuil, majeslatemque verendam Imposuil, nomenquesimulfacicmquenovavit, 540 Leucolhecque deumcummairePaloemona dîxit. Sidonirecomités, quantumvaluere, seculoe 152 MÉTAMORPHOSES. Elles voient la dernière empreinte de ses pas au sommet du rocher ; et, ne doutant plus de sa mort, elles meurtrissent lem’sein, pleurent la famille de Cadmus, déchirent leurs vêtements et s’arrachent les cheveux. La reine des dieux, injuste et trop cruelle envers une rivale, est jalouse de ces démonstrations, et ne peut supporter leurs plaintes. « Je ferai de vous, dit-elle, le plus grand monument de ma vengeance. » Sa menace est bientôt accomplie. Celle qui portait à Ino le plus vif attachements’écrie : « Je suivrai la reine au fond de la mer. » Elle veut s’y jeter ; mais tout mouvement lui est interdit, et elle reste fixée au rocher. Une seconde tente de frapper encore son sein ; mais ses bras résistent à ses efforts. Une autre étend ses mains sur les eaux ; et ses mains, changées en pierre, demeurent immobiles. Une quatrième enfin essaye de s’arracher les cheveux ; mais elle sent en même temps ses doigts et ses cheveuxdurcis sur son front. Chacune garde l’attitude où ces changementssont venus la surprendre. Quelques-unes, métamorphoséesen oiseaux, effleurent d’une aile légère la surface des ondes. Signapedum, primoviderenovissimasaxo. Necdubiumde morteratai, cadmeidapalmis Deplanxeredomum, scissa ; cumvestecapillos. 545 Ulqueparumjustai, nimiumquein pellicesieva ;, ïnvidiamfeceredeie, conviciaJuno Nontulit, et : « Faeiamvosipsasniaxima, disit, Sa ; vitioe monumentamece. » Rcsdictasccutaest. Kamqua ; proecipue fueratpia : « Prosequar, inquit, 550 In frétareginam ; » saltumquedatura, moveri Iîaudusquampotuit, scopuloque afûsacohai’sit. Altéra, dumsolitotentaiplangoreferire Pectora, lentatossentitriguisselacertos. Illa, manusut fortetetenderatin marisundas, 555 Saseafactamanusin easdemporrigilundas. Hujus, ut arreptumlaniabalvertieecrinem, Duratossubitodigilosin crinevideres. Quoquïequein gcsludeprenditur, hajsitin illû. Parsvolucresfacta ;, qua ; nuncquoquegurgilcin illo 5G0 ^quoradeslringuntsummislsmenidesalis. LIVRE IV. 153 NliTAÎIOP.PlIOSE DECADMUS ET D’HERHIOKE EXSEIirENTS. in. Cadmus ignore que sa fille et son petit-fils sont au nombre des divinités de la mer. Accabléde chagrin, vaincupar mille maux et par tous les prodigesdont il fut le témoin, il quitte la ville qu’il vient de fonder, comme s’il était poursuivi, non par sa fortune, mais par une fatalité attachée à ces lieux. Après avoir longtemps erré, il touche enfin aux limites de l’IUyrie avecson épouse, compagne de son exil : Là, sous le poids des revers el des années, ils rappellent les premières infortunes de leur familleet les retracent dans leurs entretiens. « Etait-il donc consacré à un dieu, dit Cadmus, le serpent que perça ma lance, et dont, en m’éloignant de Tyr, j’enfouis les dents au sein de la terre qui n’avait jamais reçu de pareilles semences ? Si, pour le venger, la colère des dieux est si manifestement tombée sur moi, puissé-je voir mes membres s’allonger comme ceuxdu serpent ! » 11dit, et ses membres prennent la forme du reptile. Il voit sa peau durcir et se couvrir d’écaillés ; son dos noir est parsemé de taches d’azur. Il s’appuie sur sa poitrine et rampe ; ses jambes confonduesensemble se recourbent CADMUS ETItERMIOXE IN4XGIIES COMMUTiNTlin. III. NescitAgenorides natam, parvumquenepotem ^Equorisessedeos.Lucluseriequemalorum Victus, et o=tentis, qua ; plurimaviderat, exil Conditorurbe sua, lanquamfortunalocorum, 5G5 Nonsuase premeret, longisqueerralibusactus, Contigitillyricosprofugacumconjugefines. Jamquemalisannisqucgraves, dumprimaretractant Fatadomus, relegunlquesuossermonelabores : « NumsacerillemeaIrajccluscuspideserpens, 570 Cadmusail, fueritlum, quumSidoneprofcclus Vipereossparsiper humum, r.ovasemina, dentés ? Quemsi curadeumtamcerlavindicatira, Ipseprccorserpensin longamporrigaralvum, » Dixil, et, ut serpens, in longamlendilnralvum, 575 Duratoeque cuti squamasincreseercsentif, Nigraquecxrulcisvariaricorporagutlis ; In pcctusquecadilpronus, commissaquc in unum Paulalimterctisinuanturacuminecrura. iU MÉTAMORPHOSES. par degrés en une queue flexible. 11ne lui reste que ses bras : il les tend vers sa compagne. Des larmes coulent sur son visage, qui a encore la forme humaine. « Approche, ô mon épouse ! approche, infortunée ! dit-il. Tandisque je conservequelque chosede l’homme, touche-moi. Prends celle main, puisqu’elle me reste, et que le serpent ne m’a pas envahi tout entier. » Il veut parler encore ; mais sa langue se divise tout à coup en deux, et, malgré lui, les paroles lui manquent. Le sifflement est le seul interprète de ses plaintes : la nature ne lui permet plus d’autres sons. Uermione se frappe le sein, et s’écrie : « Cadmus, attends. Infortuné ! dépouille celle forme hideuse. Cadmus, qu’est-ce donc ? où sont les pieds ? où sont les épaules et les mains ? Tandis que je parle, que devient la figure, ton teint et tout ce.qui fut en toi ? Dieux ! pourquoi ne me changez-vouspas aussi en serpent ? » Elle dit. Le reptile lèche le visage de son ancienne compagne, s’approche de son sein chéri, comme s’il la reconnaissait, la presse de ses étreintes, et veut, comme autrefois, s’attacher à son cou. Tous ceux qui l’entourent (ce sont ses compagnons) sont effrayés ; mais Uermione caresse la tête brillante du serpent surmontée d’une crête. Soudain ils forment un couple de reptiles qui Rrachiajam restant : qua ; restant, bracbiatendit, 580 Et laerymisper adhuchumanafluentibusora : « Accède, o conjux, accède, miserrima, dixit ; Dumquealiquidsuperestdeme, meLange ; manumquc Accipe, dummanusest, dumnonlotumoccupâtanguis. » Illequidemvultpîuraloqui ; sedlinguarepente 5K3 In partesest fissaduas ; necverbavolentï Sufficiunt ; quotiesquealiquosparâtederequestus, Sibilat : bancilli vocemnaturarelinquit. Nudamanuferionsexclamâtpeeïoraconjux : « Cadme, mane, loquebis infelixexuemonstris. 590 Cadme, quidhoc ? ubipes ? ubisuntbumeriquemanusque ? Et color, el faciès, et, dumloquor, omnia ? Curnon Mequoque, coelestes, in eamdcmverlilisanpuem ?  !.• Dixcrat.Illesua ; lambebalconjugisora, Inquesinuscaros.veluticognosceref, ibal, 595 i Et dabatamplexus, assuetaquecollapelebat. Quisquisadest(aderantcomités), terrelur.Atilla Lubricapcrmulcelcrislaticolladraconis, Et subitoduosunt, juncloquevolumineserpunt. LIVRE IV. 153 déroulent ensemble leurs anneaux, jusqu’à ce qu’ils se soient enfoncés dans la forêt voisine. Aujourd’hui même ils ne fuient point l’homme et ne lui font aucune blessure. Pleins de douceur, ils se souviennent de ce qu’ils furent jadis. ATLASESTCHANGÉ ENMONTAGNE. IV. Cependantils trouvaient de grandes consolations de celte mélamcrphose dans leur pelit-fils, qu’adorait l’Inde vaincue et dont la Grèce honorait les exploits par des temples érigés à sa gloire. Seul, un descendant d’Abas, sorti du même sang, Acrisius, le repousse des murs d’Argos ; seul il porte les armes contre le dieu, et refuse de le regarder comme fils de Jupiter. Il refuse également ce nom à Persée, qu’une pluie d’or fit naître du sein de Danaé. Bientôt Acrisius (tant la vérité est puissante ! ) n’est pas moins fâché d’avoir offenséle dieu que d’avoir méconnu son pelit-fils. L’un est déjà reçu dans les célestes demeures ; l’autre, portant la tête d’un monstre célèbre, hérissée de serpents, fend l’air de ses ailes bruyantes. Tandis qu’il planait en vainqueur au-dessus des sables de la Libye, des gouttes de sang tombèrent du front de la Gorgone. La Donecin appo=ilinemorissubierelatebras. G00 Nuncquoquenecfugiunthominem, necvulncreIxdunt, Quidquepriusfuerint, pïaeidirnemmeredracones. ATLAS IX MONTE » ! COXVEItTIïIÏR. IV. Sedtamenambobusversa ; solatiaforma ; Magnaneposfueral, quemdebellatacolebat India, quempositiscelebrabatAchaiatemplis. 605 SolusAbantiades, ab originecretuseadem, Acrisiussuperest, qui moenibusarceaturbis Argolica ;, contraquedeumferatarma, genusque NonputetesseJovis ; nequeenimJovisesseputabat Persea, quempluvioDanaeconceperatauro. C1U MoxtamenAcrisium(tantaest prasenliaveri ! ) Tainviolassedeum, quamnonagnossenepotem, Poenilet.Impositusjam coeloest aller ; at aller, Vipereireferensspoliummemorabile monstri, Aéracarpebatlencrumstridenlibusalis. C15 Quumquesuperlibyeasviclorpenderctarenas, Gorgoneicapitisgutla ; ecciderecruenta ;. 150

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terre les reçut, les anima et les changea en autant de reptiles divers. De là sont nés les serpents qui remplissent et infestent cette contrée. Bientôt, emporté çà el là dans l’espace par des vents contraires, il vole tel qu’un sombre nuage. Du haut des cieux il voit la terre s’étendre au loin el l’univers fuir sous ses pieds. Trois fois il aperçoit l’Ourse glacée et les bras du Cancer. Il est entraîné, tantôt vers l’occident, tantôt vers l’orient. Enfin, quand le jour louche à son déclin, il craint de se confier à la nuit, et s’arrête au-dessus des régions de l’IIespérie soumises au sceptre d’Atlas. Il se livre quelques instants au repos, — jusqu’à l’heure où Luciferramène les feux de l’Aurore, et l’Aurore le char du Soleil. Là règne le fils de Japet, Atlas, que sa taille gigantesque élève au-dessusde tous lesmortels.Il lientsous ses lois la contrée reléguée aux confins du monde, ainsi que la mer qui ouvre ses flotsaux coursiers haletants du Soleil, el offreun asile à son char. Sesinnombrables troupeaux de brebis et de bœufserrent dans les prairies, . el son domaine n’est point gêné par un empire voisin. Là le feuillage, les branches et les fruits des arbres brillent de l’éclat de l’or. Quashumusexceptasvariosanimavitin angue^ ; Dndefrequensillaest, infestaqucterra colubris, Indeper immensumventisdiscordibusaetus, Cr2U Nunchue, nuncilluc, exemplonubisaquosre, Fertur, et es altoseductasielherclonge Despectatterras, tolumquesupervoîatorbem. TergelidasArctos, ter Cancribracbiavidit ; Sa : pesub occasus, sa ; peest ablatusin ortus. 625 Jamquecadenledieveritusse crederenocti Constilithesperio, regnisAllantis, in orbe ; Exiguamque pelitrequiem, dumLuciferignés EvocetAurora ;, currusAuroradiurnos. ïîic hominumcunctosingenticorporepra ; stans G50 IapctionidesAtlasfuit. Ultimatellus Regesubhoc, et ponluserat, quiSolisanhelis jSEquora subditequis, et fessosexcipilaxe>. Millegrègesilli, lolidemqueormenlaperherbas Errabanl, et humumvicinianullapremebant. G55 Arborea ; frondes, auroradiantevirenles, Exauroramos, ex auropomalegebant. LIVRE IV. 157 « Frince, lui dit Persée, si lu liens à une illustre naissance, Jupiter est mon père. Si lu as de l’admiration pour les hauts fails, tu admireras les miens. Je te demandel’hospitalité et le repos. » Allas gardait le souvenir d’un ancien oracle de Thémis qui, sur le-Parnasse, lui dévoilaen ces mois l’avenir : « Allas’un jour tes arbres seront dépouillésde leurs pommes d’or, et celte proie fera la gloire d’un fils de Jupiter. » Effrayé de cet oracle, Atlas entoura ses vergers de solides murailles, préposa à leur garde un énorme dragon, et éloigna tous les étrangers des frontières de son empire. Dominéalors par la même crainte : « Fuis loin d’ici, répond-il ; ni la gloire de tes prétendus exploitsni Jupiter lui-même ne pourraient le sauver. » Il joint la violenceaux menaces, lente de chasser de son palais Persée, qui hésite et lui parle avecautant de douceur que de fermeté. Plus faible (car qui pourrait égaler la force d’Alias ? ) Persée lui réplique : « Puisque tu dédaignes mon amitié, reçois ta récompense. » Au même instant il se détourne à gauche et lui présente la hideuse face de Méduse. Le colosse est soudain changé en montagne. Sa barbe et ses cheveux deviennent des forêts, ses épaules et ses mains « Ilospes, ait Perseusilli. seuglorialangit Te generismagni, generismihiJuuiterauetor ; Sivees miralorrerum, miraberenosiras. GiO lïospiliumrequiemquepelo. » Memorilleveluslce Sortiserat.ThemisbancdederatParnassiasorlem : « Tempus, Atla, veniet, tua quospoliabiturauro Arbor, et hunepr.xda ; titulumJovenatushabebil. » Id meluens, solidispomariaclauseratAtlas 64ÎÎ Momibus, et va=lodederat„crvandadraconi, Arcebatque suisexternosfinibusomnes. îlincquoque : « Vadeprocul, nelongegloriarerum Quasmentiris, ait, longetibiJupiterabsit. » Vimqueminisaddit, foribusque expelleretentât G50 Cunclantem, et placidismiscenlemfortiadielis. Viribusinferior(quisenimparessetAtlanti Viribus ? ) : « Atquoniamparvitibigratianoslraest, Accipemunus, » ail ; la ; vaquca parteMédusa 1 Ipseretroversussqualentiaprodidilora. G55 Quanluseral, nionsfaclusAllas.Jambarbacom.xque In silvasabeunl ; jugasunthumerique, manusque ; 15S

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des coteaux, sa têle la cime du mont, ses os des pierres : enfin tout son corps prend un immense accroissement, et le ciel (dieux, vous l’avez ainsi voulu) repose sur lui avec ses myriades d’étoiles. PERSÉEDÉLIVREANDROMÈDE. V. Eole avait renfermé les vents dans leur prison éternelle, et Lucifer, qui appelle les hommes au travail, brillait au ciel du plus vif éclat. Persée reprend ses ailes el les attache à ses pieds. Il s’arme d’un glaive recourbé, et fend d’un vol rapide les plaines de l’air. Il néglige autour de lui et au-dessous de lui des pays immenses pour fixer ses regards sur les peuples d’Ethiopie et les champs de Céphée. Là l’innocente Andromède, par ordre du cruel Ammon, expiait le vaniteux langage de sa mère. En voyant ses mains attachées à un rocher sauvage, si une brise légère n’eût agité ses cheveux, si des larmes n’eussent coulé de ses paupières tremblantes, Persée l’aurait prise pour une statue de marbre. A son insu, un feu soudain l’embrase. Il reste immobile, et, ravi de tant de charmes, il oublie presque de battre des ailes. Quodeaputantefuit, summoe : t in montecacumen ; Ossalapisfiuul.Tumparlesauclusin omnes, Grevitin immensum(sic, di, staluistis), el omne 6G0 Cumtôt sideribusccelumrequievitin illo. ANDROÏIEDAM LIBERAT PERSEUS. V. ClauseratIîippotadcsoelernocarcereventos, Admonitorque operumcoeloclarissimusailo Luciferortuserat. Pennisligatilleresumptis Parteab utraqucpedes, leloqucaceingilurunco, GG5 Et liquidummotislalaribusaéralindit. Gentibusinnumeriscircumqueinfraquerclictis, /Elhiopumpopulos, eephciaconspicitarva. Illieimmerilammaterna ; penderelingure Andromeûan poenasimmilisjusscratAmmon. G7U Quamsimulad durasreligatambracbiacautcs ViditAbanliades, nisi quodlevisauracapillos Moverat, et trepidomanabantluminaficlu, Marmoreum ratus essetopus.Trahitinsciusigncs, Et stupel, et visa ; correplusimagineforma ;, 075 Pâmesuasqualereest oblifusin nere pennas. LIVRE IV. 159 A peine s’est-il arrêté, il s’écrie : « Non-, tu n’es pas faite pour ces chaînes, mais pour celles qui unissent des amants. Apprends-moi ton nom, celui de ces contrées, et pourquoi lu portes ces fers. » D’abordelle garde le silence. Vierge, elle n’ose parler à un homme. De ses mains elle eût caché son front modeste, si elles eussent été libres. Elle ne peut que pleurer, et ses yeux se remplissent de larmes. Persée redouble ses instances. Pour ne pas être soupçonnée de cacher un crime par son refus, Andromèdefait connaître son nom, sa patrie, et le fol orgueil que la beauté avait inspiré à sa mère. Son récit n’était pas encore achevé quand soudain Fonde frémit : un monstre s’élève sur la vaste mer, et couvre de son corps une place immense. La jeune fille pousse un cri. Son père éploré et sa mère éperdue étaient là, tous deux consternés, surtout sa mère ; mais ils ne pouvaientlui offrir d’autre secours que des larmes dignes de son infortune et des cris de désespoir. Ils serrent dans leurs bras leur fille enchaînée. « Vousaurez bien le temps de pleurer, dit l’étranger. Il ne nous reste qu’un instant pour la sauver. Si je briguais sa main, moi Persée, fils de Jupiter et de la captive que l’or rendit Utstetit : « 0, dixil, nonistisdignacatenis, Sedqnibnsinterse cupidijunganturamantes, Panderequirent ! nomenterroequetuumque, Et cur vinclagéras. » Primosiletilla, necaudet GSO Appellarevirumvirgo ; manibusquemodestos Celassetvultus, si nonreligatafuisset. Lumina, quodpotuit, lacrymisimplevitoboriis. Samiusinslanti, suane deliclafateri Nollevideretur, nomenterrxquesuumque, 6S5 Quanlaquematerna ; fueritfiduciaforma ;, Indicat ; et nondummemoratisomnibus, unda lnsonuit ; veniensqueimmcnsobelluaponto Eminet, et latumsubpeclorepossideta ; quor. Conclamat virgo.Genitorlugubris, el amens 690 Malcradest ; ambomiseri, sedjustiusilla, Necsccumauxilium, seddignostemporefletus, Plangoremque ferunt, vinctoquein corporeadha ? rcnl, Qitumsichospesait : « Lacrymarum longamanere Temporavospolerunt : adopembrevishora ferendamest. 095 lianeegosi peteremPerseusJovenatus, et illa QuamclausamimplevitfecundoJupiterauro, 1-60

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féconde ; moi, vainqueur de la Gorgone au front hérissé de serpents, el qui, porté sur des ailes, osai traverser les plaines de l’air, sans doute parmi tous mes rivaux je serais choisi pour gendre. A ces nobles titres, je veux, si les dieux me favorisent, ajouter un bienfait. Pour qu’elle m’appartienne, mon bras s’engage à la sauver. » Les parents acceptent. Qui eût pu balancer ? Ils pressent Persée et lui promettent, outre la main de leur fille, un royaume pour dot. Cependant, telle qu’un vaisseau sillonne les ondes, quand il est poussé par le bras vigoureux de jeunes rameurs, la poitrine du monstre bat et divise les flots. Il y avait à peine entre le rocher et lui la dislance que franchit le plomb lancé par la fronde. D’un bond Persée s’envole dans les airs. Son ombre se réfléchit sur la surface des eaux. Le monstre l’aperçoit el s’abat sur elle avecfureur. Ainsi que l’oiseau de Jupiter, dès qu’il voit dans la plaine un serpent étaler au soleil son dos azuré, l’attaque par derrière, et, pour que le reptile ne tourne point contre lui son dard meurtrier, plonge dans les écailles de son cou ses implacables serres ; Persée, du haut des nues, fond d’un vol précipité sur le monstre Gorgonisanguieomce Perseussuperalor, et alis jEtheriasaususjactalisire per auras, Pra ; ferrercunctiscertegêner.Adderetantis 700 Dolibuset meritum, faveantmodonumina, tento. Ut measit, servaUmeavirtule, paciscor. » Aceipiuntlegem(quisenimdubitaret ? )et orant, Promittuntquesuperregnumdolale, parentes. Eece, velutnavis, proefixoconcitarostro, 705 Sulcalaquas, juvenumsudantibusaclalacertis, Sicfera, dimotisimpulsupectorisundis, Tanlumaberatscopulis, quantumbalearicalorlo Fundapotestplumbomediitransmitterecoeli ; Quumsubitojuvenis, pedibustellurercpulsa, 710 Arduusin nubcsabiit.Ut in aiquoresummo Umbraviri visaest, visamfera sxvitin umbram. UlqueJovisprcepes, vacuoquumviditin arvo FncbenlemPhoebolivenliaterga draconcm, Occupâtaversum ; neu sa ; varetorqueatora, 715 Squamigeris avidosfigitcervicibusungues. Siccélerifissumproecepsper inanevolatu LIVRE IV. . 101 qui frémit, el enfonce dans son flanc droit son cimeterre jusqu’à la garde. Atteint d’une large blessure, le dragon tantôt s’élève dans les airs, tantôt disparait dans l’onde, tantôt se roule comme le sanglier furieux qu’effrayent les aboiementsdes chiens. D’un essor rapide, Persée échappe à ses morsures cruelles. Sur le dos du monstre couvert d’écaillésépaisses, sur ses flancs ou sur sa queue effilée comme celle d’un poisson, partout où son glaive recourbé peut trouver accès, il le frappe de mille coups. L’animal vomit des flots rougis de sang, et en humecte tellement les ailes de Persée ; que ce héros n’osail plus s’y fier, quand il aperçut un roc dont la cime s’élevait au-dessus de la mer lorsqu’elle est calme, mais qui disparaissait dans la tempête. Il en fait son point d’appui, et, saisissant de la main gauche le sommet du rocher, de l’autre il plonge, plusieurs fois le fer dans les flancsdu monstre. Des cris et des applaudissements retentissent sur le rivage et montent aux célestesdemeures. Transportés d’allégresse, Cassiope et Céphée, père d’Andromède, saluent Persée du nom de gendre et.le proclament le défenseur et le sauveur de leur famille. Objet Tergafera ; pressit, dextroquefremenlisin armo Inachidesferrumcurvotenusabdidithamo. Vulnereia ; sagravimodosesublimisin auras 720 Altollit ; modosubdilaquis ; modomoreferocis Verratapri, quemturba eanumcircumsonalerrel. Illeavidosmorsusvelocibuseffugitalis ; Quaquepatent, nunc tergacavissuperobsilaconclus, Nunclalerumcoslas, nuncqua tenuissimacauda 725 Desinitin piscemfulcatoverberatense. Belluapuniceomixloscumsanguinefluctus Orevomit.Madueregravesasperginepenna ;, Necbibulisultra Perseustalaribusausus Credere, conspexitscopulum.Cuivcrlieesummo 750 Stantibusexitaquis, operilurab a ; quoremolo. .Nixuseo, rupisquelenensjugaprimasinislra, Terquaterexegitrepetitaperiliaferrum. Litloracumplausuclamorsuperasquedeorum Implevcredoruos.Gaudent, geneiaunque salutant, 755 Auxiliumque domusservaloremque fatentur Cassiope, Cepheusquepaler.Hesolulacatenis 162,

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et récompense de cet exploit, Andromède s’avance, dégagée de ses chaînes. Le héros lave dans l’onde ses mains victorieuses ; et, pour que le dur gravier ne blesse point la tôle de Méduse hérissée de serpents, il couvre la terre d’un lit de feuilles sur lesquelles il étend des plantes marines, et y place la tête de la fille de Phorcys. Ces plantes, fraîches encore, et d’une nature spongieuse, en ressentent aussitôt la vertu et se durcissent à son contact —. leurs rameaux et leurs feuilles éprouvent une roideur extraordinaire. Les Nymphesde la mer essayent le même prodige sur plusieurs branches, et, charmées de le voir toujours reproduit, elles en jettent plusieurs fois les semences dans les eaux. Aujourd’hui la même vertu se retrouve dans le corail : il durcit au contact de l’air, et sa lige, flexible dans l’onde, se pétrifie hors des flots. PERSÉEÉPOUSEANDROMÈDE. VI. Persée élève en l’honneur de trois dieux (rois autels de gazon : l’un à gauche pour Mercure ; l’autre à droite pour toi, vierge belliqueuse, et celui du milieu pour Jupiter. Il immole à Minerve une génisse, à Mercureun veau, et à loi, souverain des dieux, un Inceditvirgo, pretiumqueet causalaboris. Ipsemanushauslavictricesabluitunda, Anguiferumque caputdura ne ljcdatarena, 740 Mollitbumumfoliis, natasquesub cequorevirgas Sternit, et imponitPborcynidosora Médusa ;. Virgarecens, bibubqueetiamnumvivamedulla, Vimrapuitmonslri, tacluqueinduruithujus, Percepilqueriovumrniniset fronderigorem. 74 ; > AtpelagiiVympha ; factummirabiletentant Pluribusin virgis, cl idemcontingeregaudent, Seminaqueex illisitérantjaelalaperundas. Nuncquoquecuraliiscademnaturaremansit, Duritiemtactocapianlut ab aère, quodque 750 Vimenin aîquoreerat, fiâtsupera ; quorasoxum. ANDROÎtERAM PERSEUS UXOREM DUCIT. VI. Distribusillefocostolidemde cespitoponit. LrcvumMercurio ; dexlrumtibi, bellicavirgo ; AraJovismédiaest.MactalurvaccaMinerva ;  ; Alipedivilulus ; taurns ! ibi, suinmedeorum. 755 LIVRE IV. 103 taureau. Aussitôt il emmène Andromède, qui, même sans dot, lui suffit pour prix d’un si grand exploit. L’IIyménée el l’Amour allument leurs flambeaux. Milleparfums s’exhalent du feu sacré. Des guirlandes sont suspendues aux lambris. Le pipeau, la lyre, la flûte et les chants s’unissent pour fêler le bonheur des époux. La porte s’ouvre, l’or brille au loin dans les vastes portiques du palais. L’élite des Éthiopiens prend place au somptueux banquet préparé par le roi. Le festin s’anime, et un vin généreux échauffe les esprits. Le fils de Danaé s’informe des mœurs et des usages de cette contrée. Le fils de Lyncéelui répond. Après avoir satisfait à ses questions : « Maintenant, intrépide Persée, ajouta-t-il, dismoi, je t’en prie, par quelle audace et par quel stratagème lu as tranché celle lôte hérissée de serpents. « — Au pied du frais Atlas, réplique le pelit-fils d’Agénor, est un lieu protégé par un roc énorme. Al’entrée habitaient deux sœurs, fillesde Phorcys, qui n’avaient qu’un œildont elles se servaient tour à tour. Au moment où l’une le remettait à l’autre, je m’en emparai par ruse, en substituant adroitement ma main à celle qui devait le recevoir ; et, à travers des sentiers cachés, détournés, ProlinusAndromedan, et-tantipramiafacti Indotalarapit.TiedasHymena ; us Amorque Praicipiunt.Largissalianlurodoribusignés ; Serlaquedépendentleelis ; lolique, lyraquc, Tibiaque.et canttis, animifeliciala ; ti 7C0 Argumenta, sonant.P, eseratisaureavalvis Atrialolapaient, pulchroqucinstructaparalu •Cephenum proceresineunlconviviarégis. Postquamepulisfuncti, generosimunereBacclii Diffudereanimos, cultusquehabitusquelocorum 705 Qua ; ritAbanliades. Qua ; rentiprotinusunus NarrâtLyncides, moresquehabitusquevirortim. QUEC simuledocuit : « Nunc, o fortissimo, dixil, Fare, precor, Perseu, quantavirlute, quibusque Artibusabstuleriscrinitadraconibusora. » 770 NarrâtAgenorides, gelidosubAtlantejaei-nlcm Esselocum, solidastutummuuimincmolis ; Cujusin inlroitugeminashabitassesororcs Phorcydas, uniusparlitasluminisusum. Id se solerlifurtim, dum traditur, asln. 775 Suppositacepissemanu ; perqueabditalonge, 104 MÉTAMORPHOSES. obstrués d’épaisses forêts et de rochers affreux, j’arrivai jusqu’au séjour des Gorgones. Çàet là, dans les champs et sur toutes les routes, je vis des hommes el des animaux changésen pierre par l’aspect de Méduse.Ses traits hideux s’offrirent aussitôt à mes regards, mais réfléchispar le bouclier suspendu à ma main gauche, et, tandis que le monstre et ses serpents étaient ensevelisdans le sommeil, je séparaisa tête de son cou. Pégase, porté sur des ailes rapides, et son frère Chrysaor, naquirent, alors du sang de la Gorgone. » Persée raconte ensuite quels horribles dangers l’ont menacé dans sa longue course, quelles mers, quels pays il a vus du haut des cieux, quels astres il a effleurés de ses ailes, et achève son récit plus tôt qu’on ne le désire. Un des conviveslui demande pourquoi, seule parmi ses sœurs, Méduseavait des serpents mêlés à ses cheveux. Il répond : « Ce que vous me demandez mérite d’êlre raconté : en voici la cause. Célèbrepar sa beauté, celte fille de Phorcys fut recherchée par une foule de prétendants jaloux de l’obtenir. Sa chevelureétait son plus bel ornement. J’ai rencontré des hommes qui m’ont assuré l’avoir vue. Le souverain des mers attenla, dit-on, à son honneur dans un temple de Minerve. Dcviaque, et silvishorrentiasaxafragosis Gorgoneas leligissedomos ; passimqueper agros, Perqueviasvidissehominumsimulacra, ferarumque In silicemex ipsisvisaconversaMédusa. 7S0 Setamenhorreuda ;, clypeiquodla ; vagerebat ALÏ-G repercusso, formaniaspexisseMédusa :. Dumquegravissomnuscolubrasque ipsamquetenebat, Eripuissecaputcollo ; pennisquefugacem Pegason, et fratrem, matrisde sanguinenatos. 7S5 Addiditet longinonfalsapericulacursus ; Qua ; fréta, quasterrassubse vidissetab alto, Et quaîjactatistetigissetsidérapennis. Anleexspectalum tacuittamen.Excipitunus E numéroprocerum, quoerens, cursolasororum 795 Gcsserilallernisimmixtoscrinibusalignes. Hospesait : < Quoniamscitarisdignarelatu, Accipequoesiticausam.Clarissimaforma, Multorumque fuit spesinvidiosaprocorum Illa, necin totaconspeclior ullacapillis 790 Parsfuil.Inveni, quise vidissereferrent. HancpelagireclortemploviliasseMinerva ; LIVRE IV. 103 La fille de Jupiter détourna les yeux, el couvrit de son égide sa chaste figure. Mais, afin de ne pas laisser un pareil allenlal impuni, elle changea les cheveux de la Gorgone en serpents affreux. Aujourd’hui même, pour frapper ses ennemis d’épouvante, porte la déesse sur son sein les serpents qu’elle fit naître. » Dicitur.Aversaest, et castosoegidevultus NalaJovistexit ; ncvehocimpunefuUset, Gorgoneum turpescrinemmulavitin hydros. ’ S00 Nuncquoque, ut altonitosformidinelerreathostcs Peclorein advirso, quosfecit, susliucl3ngues. » LIVRE CINQUIÈME PERSEECHANGE PHINEEETSESCOMPAGNONS ENROCHERS. I. Tandis que le héros, fils de Danaé, raconte ces aventures aux Éthiopiens assemblés autour de lui, les clameurs de la multitude remplissent les portiques du roi. Ce n’étaient point des chants de fête en l’honneur de l’hyménée, mais un bruit annonçant la fureur des combats. Tout à coup à la joie du festin succède le tumulte. Ainsile courroux des’vents trouble le calme de la mer en bouleversant les flots. Ala tête des turbulents, est le téméraire auteur de celle guerre, Phinée, brandissant son javelot de frêne, armé d’airain. « Me voici, dit-il, me voici prêt à venger l’épouse qui m’est enlevée. Ni tes ailes, ni Jupiter que lu prétends s’être changé en or, ne pourront le dérober à mes coups. • 11allait lancer son javelot. « Que fais-tu ? lui crie Céphée. Queldélire, ô mon frère ! LIBER QUINTUS PllINEl-M CHUSUISPERSEUS SAXEUSI liRDDIT. ]. Dumqueea Cephcnummediodanaeïushéros Agminecommémorai, frémilu regaîîalurbaï Alriaeoinplenlur.îvccconjugialiafesla QuicanaL, csl.clamor, sedquiferanunliclarmat Inquerepenlinosoonviviavci’salumultus \\ Assimilarcfrelopnssis, quodsccvaquiclum Venlorumrabiesmolisexaspéraiundis. Primusin his Phincus, bellitemerariusauclor, Fraxineamquatiensoerataïcuspidishaslam : « En, ail, eu aJsumprccrcploeconjugisullor. 10 î\’ccmiliite pennrc, necfalsumversusin aurum Jupiter, cripient. » ConanlimillereCcpheiis : « Quidfacis ? exclamât ; quaite, germauu, fur., ni.au LIVRE V. 1C7 te pousse au crime ? Voilàdoncla récompense de ses glorieux services ! C’est ainsi que tu le payes d’avoir sauvé ma fille ? Si lu veux savoir la vérité, ce n’est point Persée qui t’a ravi Andromède, c’est l’implacablecolère des Néréides ; c’est Ammonadoré sous les traits d’un bélier ; c’est le monstre qui traversait les flots pour venir se repaître de mes entrailles. Elle te fut enlevée dès qu’elle dut mourir. Cruel, aurais-tu préféré qu’elle pérît ? et ma douleur pourrait-elle alléger la tienne ? N’est-ce donc pas assez qu’elle ait été chargée de chaînes en ta présence, sans que tu lui aies porté aucun secours, toi, son oncle el son prétendant ? Faut-il encore le plaindre qu’un autre l’ait sauvée, et lui dérober son salaire ? Si celte récompense le parait belle, que n’allais-lu la saisir sur la pointe des rochers ? Laissemaintenant celui qui l’a conquise, celui qui a préservé ma vieillessed’une perte cruelle, jouir du prix convenu et si bien mérité. Comprendsenfin que ce n’est pas à loi, mais à une mort certaine qu’il est préféré. » Phinéereste muet ; mais il jette tour à tour ses regards sur son frère et sur Persée, sans savoir sur lequel doivent tomber ses coups. Après un instant d’hésitation, il lance, avec toute la force que lui donne la fureur, son impuissant javelot contre Persée. Siensagitin facinus ? merilisnehaiegratiatantis Rc-ddilur ? bacvilamservatiedoterepeudis ? 13 QuamtibinonPerseus, verumsi quieris, ademit, SedgraveNereidumnumen, sedcornigerAiunion, Sedquicvisecribusvenicbalbelîuaponlo Exsalurandameis.Illotibitemporcraptaest, Quoperilurafuit ; nisisicrudelisid ipsum 20 Exigis, ut perçai, lucluquelevaberenostro. Sciliccthaudsalisesl, quod, te spécialité, revinctaest ; Et nullamquodopempalruussponsusvetulisli ; Insuper, a quoquamquodsifservala, dolebis, Proeiniaquc cripics ? Quiesi tibi magnavidentur, 25 Exillisscopulis, ubi cranlafiixa, pelisses ? Nuncsine, qui peliit, perquemIiiecnonerbusenectus, Ferre, quodet meritiscl voceest paetus ; cumque Nontibi, sedcerhepradaUnnintelligemorli. » Illenihilconlra ; sedet hune, et Perseavultu 50 Allernospeclans, petatluuicignorai, an illum ; Cuiicl : iUisque brevi, contorlamviribuslu^lam, Quanta ? ira dabat, nequicquamin Perseamisil. 108

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Au moment où le Irait se fixe dans la couche du héros, Persée se levait. Transporté de colère, il l’eût relancé pour en percer le cœur de son ennemi, si Phinée ne se fût abrité derrière un autel, qui prolégea indignement un coupable.Cependantle trait ne s’enfonce pas en vain dans le front de Rhélus. Il tombe, el, quand le fer esl retiré de son crâne, il palpite et baigne de son sang la table dressée près de lui. Alorsla fureur des soldatsne connaît plus de bornes. Ils lancent leurs traits. Plusieurs prétendent que Céphéeet son gendre ont mérité la mort. MaisCéphéea déjà franchi le seuil de son palais, attestant la justice, la bonne foi el les dieux protecteurs de l’hospitalité, que ce désordre éclate malgré lui. Pallas apparaît : elle couvre de son égidele fils de son frère et soutient son courage. Parmi les compagnons de Phinée était l’Indien Alhis. Limnale filledu Gange, lui donna, dit-on, le jour dans sa grotte de cristal. II était d’une grande beauté que rehaussait encore sa riche parure, et comptaità peine seize ans. Il portait une robe de pourpre ornée de franges d’or, et son cou était paré d’un collier du même métal, lin baudeau nouait ses cheveux parfumés de myrrhe. Il savait frapper du javelot les objets les plus éloignés, et mieux encore Utstetitilla toro, stratis tumdeniquePerseus Exsiluit, teloqueferoxiuimicaremisso 55 Pectorarupissel.nisipostaltariaPhineus Issel, et (indignum ! )sceleratoprofuitara. FrontetamenRhoetinonirritacuspisadhoesit. Quipostquamceeidit, ferrumqueexosserevulsumest, Palpitai, et posilasaspergitsanguinemensas. 49 Tumveroindomilasardescitvulgusin iras, Telaqueconjiciunt ; et sunt, quiCepheadicant Cumgenerodcberemori.Sedliminelecti ExicratCepheus, testatusjusque, fidemque, Hospitiiquedeos, ea se prohibentemoveri. 45 BellicaPallasadest, et protegitaigidefratrem, Dalqueanimos.EratindusAtbis, quemflumincGange EditaLimnatcvilreispcperissesub antris Creditur, egregiusforma, quamdivilecultu Augebal, bisadhucoclonisinlegerannis ; 50 Indutuschlamydem tyriam, quamlimbusobibat Aureus ; ornabantauratamouiliacollum, Et madidosmyrrhacurvumcrinalecapilio » . Illequidemjaculoquamvisdislaulianiisso LIVRE V. 109 lancer les flèches. Il tendait son arq flexible, lorsque Persée l’atteignit d’un tison qui fumait au milieu de l’autel, el lui fracassa , la mâchoire. En le voyant, si beau naguère el maintenant baigné dans son sang, l’Assyrien Lycabas, qui lui était uni par les liens du plus tendre amour et n’en faisait point mystère, pleure Athis frappé d’un précoce trépas. ïl saisit l’axe qu’avait tendu son ami : « Combats avec moi, lui dit-il. Tu ne te réjouiras pas longtemps de la mort d’un enfant. Eile l’altirera plus de haine que de gloire. » Il n’avait pas encore achevé ces mots, que la flèche s’élance de la corde. Persée l’évite, el le Irait reste suspendu aux plis de son vêtement. Il lève sur la têle de son ennemi son cimeterre éprouvé par la mort de Méduseel l’enfonce dans son sein. Lycabasmourant tourne vers Athis ses yeux déjà plongés dans la nuit du trépas. Il se penche sur lui, et emporte aux enfers la consolation d’avoir uni sa mort à celle de son ami. Cependant le fils de Méthion, Phorbas de Syène, et le. Libyen Amphimédon, brûlant de combattre, sont tombés dans le sang Figeredocluserat, sedtenderedoctiorarcus. 55 TumquoquelenlamanuflectentemcornuaPerseus Stipite, qui médiapositusfumabatin ara, Perculit, et fractisconfuditin ossibusora. Huneubi laudatosjactantemin sanguinevultus AssyriusviditLycabas, junctissimusilli C0 Et eomes, et verinondissimulaloramoris, ’ Postquamexbalantemsub aeerbovulnerevitam DeploravitAUiin.Quosille tetenderatarcus Arripit, et : « Mecumtibi sint certamina, dixit ; Neclongumpuerifatolielabere, quoplus GJ> Invidia ;, quamlaudis, habes.. Haïeomniauouduni Dixerat, emicuitnervopenctrabiletelum ; Vitatumquetamensinuosavestepependit. Yertitin huneharpenspeclaLamccedeMedusrc Acrisioniades, adigitquein pectus.Alille 70 Jam moriens, oculissub uoetcnatantibusatra CircunispexitAlbin, sequeacclinavilin illum, Et tulitad mânesjunclajsolaliamortis. LcceSyeniles, geuilusMelhioue, Phorbas, Et LibysAmphimédon, avidicoimuillcrepuguani. 7b 10 •170

MÉTAMORPHOSES
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qui fume au loin sur le parvis. Ils veulent se relever ; mais ils sont frappés, l’un dans le flanc et l’autre à la gorge. Le fils d’Actor, Erilhus, armé d’une hache terrible, s’était soustrait au glaiverecourbé du héros. Maisprès de là étail un cratère d’un poids énorme et ciselé en relief. Persée le soulèvede ses deux mains el en écrase son ennemi, qui vomit des flots de sang el tombe expirant dans la poussière. Polydémoii, descendant de Sémiramis, Abaris, né sur le Caucase, et Lycélussur les bords du Sperehius, Elyx à la longue chevelure, Phlégias et Clytuspérissent sous les coupsdu filsde Danaé, qui fouleaux pieds des monceauxde victimes.Phinée craint de combattre de près un pareil adversaire ; il lui lance son javelot. Le trait s’égare et va frapper Ida, qui s’est en vain abstenu de combattre et n’a suivi aucun drapeau. Regardant d’un œilfarouche le cruel Phinée : « Puisque lu veux, lui dit-il, m’enlraîner dans celle lulle, défends-toi, Phinée, contre l’ennemi que lu viens de provoquer. Reçoisblessure pour blessure. » Déjàil s’apprêtait à lui renvoyer le fer arraché de son sein. Maisle sang s’épuise dans ses veines, et il tombe expirant. Sanguine, quolelluslate madefaclatepebai, Concideranl lapsi.Surgonlibusobslititensis, Alteriuscoslis, juguloPhorbantisadaclus. Atnon AetoridenErilhou, cuilalabipennis Tclumerat, hamaloPerseuspetitensc.Sedaltis £0 Exstanlcmsignis, mulUequein pondèremassai, Ingenlemmauibuslollitcrateraduabus, lnlïegilqueviro.lïutilumvomitillecruorem, Et resupinushurauramoribundoverticepuisai. IndeSemiramioPolydtemona sanguineerclum, SJ Caucasiumque Abarin, Sperchionidenquc Lycelum, IntonsuinquecomasElyceu, Phlegiamque, Clylumque Sternil, el adstruelosmorientumcalcatacervos. NecPhincusaususconcurrerecominushosli, lntorquetjaculum, quoddetuliterrorin idan, 90 Experlemfrustrabelli, et noutraarmaseoulum. IlleluensoculisiminitemPbinealorvis : « Quandoquidem inparles, ait, allralior, accipe, l’iiincu, Quemfccislihosteni, peusaquehocvulnercvulnus. » .lamquereinissurusIractumdecorporetclum, t’o Sanguinedefectoscecidilcoliopsusin artus. LIVRE V. -171 Alors Odilès, qui occupe la première place après le roi, périt sous l’épée de Clymène. Ilypsée frappe Prolénor, et Lyncidas Ilypsée. Au milieu d’eux parait le vieil Emalhion, connu par son amour pour la justice et par son respect envers les dieux. Les années l’empêchent de combattre ; mais il combat de la voix, et, parcourant tous les rangs, il maudit cette lutte impie. Tandis qu’il embrasse l’autel de ses mains tremblantes, Chromis avec son épée lui tranche la tête, qui roule dans les feux sacrés. Là sa voix à demi éteinte profère des imprécations, et )e souffle de la vie s’exhale au milieu des flammes. Après lui, les deux frères Brothéas et Ammon, que le ceste eût rendus invincibles, si le ceste pouvait triompher de l’épée, sont immolés par la main de Phinée, ainsi que le prêtre de Cérès, Ampycus, dont le front est ceint d’un bandeau éclatant de blancheur. Et toi, fils de Japet, lu n’étais point destiné à ces jeux sanglants. Voué à un ministère de paix, lu devaisunir la voix aux accords de la lyre pour célébrer la joie des festins el les jours de fête. Commeil se tenait à l’écart, son innocent archet à la main, Petlalus lui dit avec un rire moqueur : « Vafaire entendre aux mânes le reste de tes chants ; » et il lui plonge dans la tempe gauche la pointe de son épée. Le chantre HicquoqueCephenumpostregemprimusOdites EnsejacetClymeni.ProtenoraperculitHypseus ; ïïypseaLyneides.Fuitet grandoevus in illis Emalhion, oequicullor, timidusquedeorum. 100 QuemqUoniamprohibentannibellarc, loquendo Pugnat, et incessit, scelerataquedevovetarma. HuicChromisamplexotremulisaltariapalmis DemetiLensecaput, quodprotinusinciditara ; Atqucibi semianimiverbaexsecrantialingua 105 Edidit, et mediosanimamexspiravitin ignes. llincgeminifratres, Broteasqueet creslibusAmmon învicti, vincisi possentcoeslibusenses, Phineaeccideremanu ; Cererisquesaeerdos Ampucus, albentivclalustemporavitta. 110 Tuquoque, lapetide, non bos adhibendusin usus, Sedqui, pacisopus, citharamcumvocemoveres, hissuserascclebraredapes, festumquecanendo. Cuiproculadslanli, plecirumqueimbellelenenli, Pettalus : c I, ridens, stygiiscanecoelera, dixit, 115 îîanibus, » et lievomucronemtemporefigit. 172 MÉTAMORPHOSES. tombe en laissant errer ses doigts mourants sur les cordes de sa lyre, et il expire en faisant entendre de plaintifs accents. Le fier Lycormasne laisse point son trépas impuni. Il arrache un des poteaux de la porte à droite, et en brise le crâne de Pett-alus, qui succombecomme un taureau sous le bras du sacrificateur. Pélalès, né sur les bords du Cinyps, fail une tentative pareille. Mais, au même instant, sa main, percée par la lance du LibyenCorythus, resle fixéeà la porte. Tandis qu’elle y est retenue, Abas lui plonge son épée dans le flanc. Il ne tombe pas ; il expire suspendu par la main. Là périssent aussi Mélanée, qui avait suivi le parti de Persée, et Dorilas, le plus riche habitant du paysdes rîasamons. Nul, dans celte contrée, ne possédait plus de terres el ne recueillait autant de blé. Le fer pénètre obliquement dans l’aine, où les coups sont mortels. A peine le Baclrien Halcyonée, qui l’a blessé, le voit-il rendre l’âme au milieu des sanglots et rouler ses yeux mourants, qu’il lui dit : « L’espaceque couvre ton corps te restera seul de tes immenses domaines ; » et il abandonne son cadavre. Mais Persée vainqueur retire le javelot de la blessure toute fumante, et le lui lance. Le fer, en atteignant le Concidit, et digilismorienlibusilleretentat Filalyra, casuquecanitmiserabilecarmen. NonsinithuneimpuneferoxcecidisseLycormas, Raplaquededextrorobustarepagulaposti, 120 Ossibusilliditmédia : eervicis ; at ille Procubuitterra, mactalimorejuvenci. Demerelentabatlieviquoqueroborapostis t’inyphiusPelâtes.Tentantidexlerafixaest CuspidemarmaridoeCorylhi, lignoqueeohoesit. 125 îÏEerentilalushausitAbas ; nec corruilille, Sedretinentemanummoriense postepependit. Slerniluret Helaneus, perseiacastraseculus, Et nasamoniacPDorylas difissimusagri ; DivesagriDorylas, quononpossederataller 150 Lalius, autlotidemlollebatfarcisacervos. llujusin obliquomissumstetitinguineferrum. Lethiferillelocus.Quempostquamvulnerisauctor Singuîlantem animam, et versantemluminavidit BaclriusHalcyoneus

: « Iîoc, quodpromis, inquit, habeto 155 

Delotagrislerrae, » corpusqueexsanguereliquit. Torquetin hunehaslamcalidode vulnereraplam LIVRE V. .175 BacCrienau nez, lui traverse le crâne. Lafortune secondele héros. Il étend, sous deux coups différents, Clylius et Clanis, nés de la même mère. D’un bras vigoureux il perce de part en part les cuisses de Clylius, et blesse Clanisà la bouche. Il terrasse encore Céladon de Mendès, Aslrée dont la mère naquitenPalesline, et dont le père était inconnu ; Ethion, qui, jadis habile à prévoir l’avenir, fut alors trompé par le vol d’un oiseau ; Thoacte, écuyer de Phinée, et Agyrtès, souillé d’un parricide. Cependant il reste plus de sang à verser qu’il n’y en a de répandu : tous les bras veulent immoler Persée. De toutes paris il est assailli par des combattants ligués pour une cause injuste et criminelle. Il n’a d’autres soutiens que son beau-père, dont l’amour est impuissant, sa nouvelle épouse et sa mère, qui remplissent le palais d’affreuses clameurs étouffées par le bruit des armes et les cris des mourants. Bellone arrose de flots de sang le palaisdéjà profané et renouvelle toutes les horreurs des combats. Phinée et ses mille compagnons fondent sur Persée. Autour de lui, devant ses yeux et à ses oreilles, siffle une grêle de traits. Il appuie son VictorAbanliades, médiaqucenarerecopia Cervieeexactaest, in partesqueeminetambas. Dumquemanumfortunajuvat, Clytiumque Claninque 140 llalresatosunu, diversovuinerei’udit. NamClytiiper ulrumquegravilibratalacerto Fraxinusaclafémur ; juculumClanisoremomordit. Œciditet Céladonmendesius ; occiditAstreus, Mairepalestina, dubiogenïtorecreatus ; 145 ^Elhionque sagaxquondamvenlui’avidere, Tuneavedeceptusfalsa, regisqueThoactes Armiger, et eoesogenitoreinfamisAgyrtes. Plustamenexhaustosuperest ; namqueomnibusunum Opprimereest animus.Conjuralaundiquepugnant 150 Agminaprocausameritumimpugnantefidemque. Hacpro parlesocerfrustrapius, et novaconjux, Cumgénitrice, favenl, ululatuqueatriacomptent. Sedsonusarmorumsuperat, gemilusquecadenlum ; TollulosquesemelmultoBellonapénales 155 Sanguineperfundit, renovataquepraliamiscet. CircumeuntunumPbineus, et milleseeuti Pliinea.Telavolanthibernagrondineplura Pralerutrumquelatus, pralerqueet lumen, et aures. 10. •174 MÉTAMORPHOSES. dos contre une grande colonne de marbre, et, sûr qu’il ne peut plus être surpris par derrière, il fait face aux ennemis, et résiste à toutes les altaques. A gauche, il a en têle Molpéede Chaonie ; à droite, l’Arabe Élhémon. Comme un tigre, pressé par la faim, lorsqu’il entend de deux vallonsopposésle mugissementdes bœufs, ne sait où il doit courir de préférence, et voudrait s’élancer vers les deux côtés à la fois ; Persée, incertain s’il doit se porter à droite ou à gauche, frappe Molpéeà la jambe et se contente de le mettre en fuite. Élhémon ne lui laisse point de repos. Emporté par sa fureur, et brûlant d’enfoncer dans le cou de Persée son épée jusqu’à la garde, il l’attaque sans mesurer ses forces ; mais l’épée vole en éclats, et sa pointe, repoussée par la colonne, vient se plonger dans la gorge de son maître. Le coup néanmoins ne lui donne pas la mort. Élhémon chancelle el tend vainement, ses bras désarmés. Persée le frappe du cimeterre que lui donna Mercure. Voyant enfin sa valeur près de succomber sous le nombre, le héros s’écrie : « Puisque vous m’y forcez, j’implorerai le secours d’un ennemi. Détournezvos regards, ô mes amis ! s’il en est ici Applicatbinehumerosad magnsesaxacolummc, 1G0 Tulaquetergagerens, adversaquein agminaversus, Sustinelinstantes.Installantpartesinislra ChaoniusMolpeus, dextranabatamsEthemon. Tigrisut, ouditisdiversavallcduorum Exstimulalafamémugitibusarmenlorum, 1G5 Nescitulropoliusruât, et ruere ardetulroque ; SicdubiusPerseus, dextralaivaneferatur, Molpeatrajeclisubmovitvulnerecruris, Contentusque fugaest.NequeenimdaltempusEthemon, Sedi’urit ; et, eupiensaltodarevulneracollo, 170 Noneircumspcclisexactumviribusenscm Fregit, et extremapercussrepartecolumme Laminadissiluit, dominiquoin gulturefixaest. Nontamenadlethumcausassalisiliavalenlcs Plagadedit.TrcpidumPerseus, et inermiafrustra 175 Bracbiatcndenlemcyllenideconfoditharpe. Verumubivirtutemturba ? succumbercvidit : « Auxilium, Perseus, quoniamsic cogilisipsi, Dixit, ab hoslepelam.Vultusavertileveslros, LIVRE V. 175 pour moi ; » et en même temps il présente la tête de la Gorgone. « Cherche ailleurs un adversaire qui se laisse effrayer par de vains prestiges, » répond Thescélus. Mais, au moment où sa main s’apprêtait à lancer un trait fatal, immobiledans cette attitude, il est changé.en une statue de marbre. A ses côtés, Ampyxdirige son glaive contre la poitrine du magnanime Lyncidas. Sa main va le frapper ; mais, tout à coup pétrifiée, elle ne peut se mouvoir eu aucun sens. Kilée, qui se prétend fils du Nil, et qui sur son bouclier avait gravé en argent et en or les sept bouches de ce fleuve, dit à Persée : « Regarde le berceau de ma famille. Tu emporteras chez les ombres une grande consolation en tombant sous les coups d’un illustre ennemi. » Les derniers sons de sa voix sont étouffés ; sa bouche entr’ouverte semble vouloirparler ; mais elle n’offre plus d’issue à la parole. « C’est votre lâcheté, et non la tète de la Gorgone, qui enchaîne vos bras ! leur crie Éryx. Accourezavec moi, et faites mordre la poussière à ce jeune présomptueux qui n’a.pour armes que des enchantements. » Il veut s’élancer ; ses pieds restent attachés à la terre. Il n’est plus qu’un rocher immobile, sous les traits d’un guerrier en armes. Si quis amicusadest, » el Gorgonisextulitora. ISO « Qufcrealium, tua quemmoveantmiracula, :, dixit Thescélus ; utquemanujacuîumfataleparabat Millere, in hochoesitsignumde marmoregcstu. ProximushuieAmpyxanimiplenissimamagni PectoraLyncidoegladïopetit ; inquepetendo 1S5 Dexleradiriguit, née citra mota, necultra. AtNileuS ; quise ge.nilumseptcmpliceNilo Emenliluserat, clypcoquoqueHumiliaseptem Argentopartim, partimcielaveratauro : a Aspicc, ait, Perscu, nostraiprimordiagenlis. 190 Magnaferestacitassolatiamorlisad umbras Alantdcecidisscviro. » Pars ultimavocis In mediosuppressasonoest ; adapertaqucvelle Oraloquicredas, necsunl ea perviavcrbis. Increpathos : « Vitioqucanimi, noncrinibus, inquil, 195 Gorgoneistorpelis, Eryx.Incurrilemecum, Et prosternitebumijuvenemmagicaarmamovenlem.

» 

Incursuruserat : tenuit vestigiatellus, Immotusquesilex, armalaquemansilimago. lïô . MÉTAMORPHOSES. Ceux-cidu moins méritaient leur châtiment. Maisun des soldats de Persée, Aconlée, en combattant pour lui, regarde la Gorgone, et tout à coup il est transformé en rocher. Astyage le croit encore vivant, et le frappe de sa longue épée, qui rend des sons aigus. Tandis qu’il demeure stupéfait, il subit la même métamorphose, et la surprise est empreinte sur ses traits de marbre. Il serait trop long de dire tous les noms des soldatsde Phinée. Deux cents avaient survécu au combat ; deux cents furent pétrifiés à l’aspect de la Gorgone. Rhinée déplore alors celte guerre injuste. Maisque faire ? il ne voit que des statues dans des altitudes diverses. Il reconnaît ses compagnons, les appelle par leur nom, el invoque leur secours. Il ne peut en croire ses yeux, et porte sa main sur ceux qui se trouvent près de lui : c’était du marbre. Il détourne la tête, et, d’un air suppliant, il tend ses bras en signe de défaite : « Tu triomphes, dit-il, ô Persée ! Éloigne ce monstre terrible ; écarte cette tête de Médusequi change en rocher ; écarte-la, je t’en conjure. Ce n’est ni la haine ni la soif de commander qui m’ont pousséà cette guerre : je n’ai pris les armes que pour une épouse. Ri tamenex meritopcenamsubierc.Sedunus 200 MileseratPersei, pro quodumpugnat, Aconleus, Gorgoneconspeclasaxoconcreviloborlo. QuemratusAstyagesetiamnumvivere, longo Enseferit.Sonuittinnitibusensisaculis. Dumstupet, Astyagesnaturamtraxiteamdem, 205 Marmoreoque manetvultusmirantisin ore. Nominalongamoraest médiade plèbevirorum Dicere.Biscentumreslabantcorporapugnoe ; Gorgonebiscentumrigueruntcorporavisa. PoenitetinjustinuncdeniquePhineabelli. 210 Sedquidagat ? Simulacravidetdiversafiguris ; Agnoscitque suos, et nominequemquevocatos Poscilopem ; credcnsqueparum, sibi proximalangit Corpora : marmorerant.Averlilur, atqueila supplex Confessaque manus, obliquaqucbracbiatendens : 215 « Vincis, ait, Perseu.Removeferamonstra, tuceque Saxificos vultus, qua ? cumque ea, toileMedusoe ; ’folle, precor.Nonnosodium, regnivecupido Compulitadhélium : proconjugemovimusarma. LIVRE V. m Tes droits sont fondés sur tes services, el les miens sur le temps. Je me repens de ne pas l’avoir cédé. Vainqueur intrépide, laissemoi la vie : tout le reste est à toi. » En proférant ces paroles, il n’ose lever les yeux sur celui que sa voix implore : « Pusillanime Phinée ! répond le héros, je puis me rendre à ta prière et l’accorder une faveur d’un grand prix pour leslâches. Soissans crainte ; tu l’obtiendras : le fer n’abrégera point tes jours. Que dis-je ? tu seras un monument à jamais respecté par le temps. Dansle palais de mon beau-père, tu t’offriras sans cesse aux yeux de mon épouse, el l’image de celui qui lui fut destiné sera pour elle une consolation. » Il dit, et tourne la lêle de la fille de Phorcys du côté où Phinée portait ses regards tremblants. En vain s’efforcet-il encore de l’éviter : son cou se roidit, et les larmes durcissent dans ses paupières. La peur respire dans tous ses traits : sous le marbre, son air est humble, sa main suppliante et son front résigné. Causafuit merilismeliorlua, temporenostra. 220 Noneessissepiget.Nihil, o forlissime, praler lianeanimamconcèdemihi : tua caiterasunlo. » Taliadicenli, nequeeum, quemvocerogabat, Bespicereaudenti : « Quod, ait, timidissimePliineu, Et possumtribuisse, et magnummunusinertiest, 225 Ponemetum, tribuam : nulloviolabereferro. Quinetiammansuradabomonumentaper fevum ; lnquedomosocerisemperspectaberenoslri, Ut mease sponsisoleturimagineconjux. » Dixil, et in partemPhorcynidatranstulitillam, 250 Adquamse trepidoPhineusobverteralore. Tunequoqueconantisuafleclerelumina, cervix Diriguit, saxoqueoculorurninduruithumor. Sedtamenos timidum, vultusquein marmoresupplex, Submissoeque manus, faciesqueobnoxiamansit. 255 178 MÉTAMORPHOSES. rr.BTUSETPOLVDECTE CIIANGÉS EKROCHERS. — MÉTAJIORriIOSE DESTILLES HEriértiisnx TIES ; — D’UNENFANTEXLÉZARD ; — D’ASCAL.VPHE EN HIBOn ; — DECÏANEET D’ARÉTIIUSF, EN FONTAINES ; — DE LYKCUS ENLVNX. — ENLÈVEMENT DEPR0SERP1NE. — VOYAGES DECÉRÈSET DETR1PIOLÈ5IE. II. Vainqueur, le petit-fils d’Abas rentre avec sa compagne au foyer paternel. Malgréles torls de son aïeul, pour le venger il attaque Prélus qui prit les armes contre son frère, le mit en fuite et s’empara de la ville de Danaé. Mais ni ses armes, ni la citadelle dont il s’était rendu maître par un crime, ne peuvent le faire triompher de l’aspect terrible du monstre hérissé de serpents. Et toi, qui règnes sur la petite île de Sériphe, ô Polydecle ! ni la valeur du jeune héros, éprouvée par tant d’exploits, ni ses fatiguesne peuvent te désarmer. Toujours cruel, lu nourris une haine implacable ; car la haine injuste esl sans terme. Tu rabaissesmême sa gloire, et tu ne crois pas à la mort de Méduse, c Je vais le prouver qu’elle est vraie, dit Persée. Amis, détournez les yeux. » Il élève la tête de Méduse, et, sans effusion de sang, il changele roi en rocher. PRŒTUS ETPOLÏDECTES INSAXACOXVERTUMTJR

: — PIERIDES 

INPICAS ; — récitix STELLIOXEM ; — ASCALAPIIOS IS UDEOXEM

; — CÏANEETARETHUSA 

IXFOXTES ; LTXCUS INLÏXCEM. ÇAPTDS PnOSEBPIKJE.CEP.ERIS ET TMPTOLEHI r-EREGItlNATIONES. IL ViclorAbantiadespatrioscumconjugemuros Intrat, et immerilivindexullorqueparentis. AggrcditurProetum ; namfralreper armafugato Acrisioneas Proetuspossedcratarces. Sednecopearmorum, nec, quammaieceperat, arce, 240 Torvacolubriferisuperavitluminamonstri. Tetamen, o parvrcrcctor, Polydecta, Seriphi, Necjuvenisvirtus, per tôt spectalalahores, Necmalamollierant.Sedinexorabiledurus Exercesodium ; neciniquafinisin iraest. 545 Detrcctsseliamlaudes, ficlamquciledusre Arguisesseneccm. « Dabimustibipignoraveri. Parcileluminibus, » Perseusait, oraqucrégis Oremédusa » silicemsinesanguinefecit. LIVRE V. 179 Pallas avait jusqu’alors accompagné son frère né d’une pluie d’or. En ce moment, enveloppée d’un nuage, elle quitte Seriphe, laissant à droite Cylhnos et Gyare. Par le chemin qui lui parait, le plus court au-dessus des flots, elle se rend à Thèbesel vers l’Hélicon, séjour des chasles Muses. Elle s’arrête sur ce mont, el, s’adressanl aux doctes sœurs : « J’ai entendu parler, leur ditelle, de la nouvelle source qu’un coursier ailé a fait jaillir sous son pied vigoureux. Elle esl l’objet de mon voyage. Je veux contempler celle merveille, après avoir vu naître ce coursier du sang de sa mère. » Uranie lui répond : « Quel que soit le motif qui vous engageà visiter nos demeures, ô déesse ! vousportezlajoie dans notre âme. La renommée dit vrai : Pégase est le père de celle source. » A ces mots, elle conduit Minerve vers l’onde sacrée. La déesse admire longtemps la fontaine qu’un coursier a fait jaillir en frappant la terre. Elle promène ses yeux autour de ces bois antiques, des grottes el des prairies entaillées.de mille fleurs. Elle complimente les filles de Mnémosyne sur leurs travaux et sur leur séjour. L’une d’elles lui parle ainsi : « Oui, si votre courage ne vous avait appelée à de plus hautes Hactenusaurigena ; comilemTritoniafratri 250 Sedédit.IndecavacircumdatanubeSeriphon Deseril, a dextraCylhnoCyaroqucrelictis. Quaquesuperpontumviavisabrevissima, Thcbas, Virgineumque lleliconapetit.Quomontepolita Constitit, et doclassic est affalasorores : 255 « Famanovifontisnoslraspervenitad aures, Duramcdusaiiquemprapetisungularupit. Is iniliicausaviai.Yoluimirabilemonstrum Cernere ; vidiipsummaternosanguinenasci.& ExcipitUranie : « Quoecumque est causavidendi 200 lias tibi, diva, domos, animogratissimanostroes. Veralainenfauiaest, el Pcgasushujusorigo Fùntis ; » et ad laticesdeducitPalladasacros. Qua : miraladiufaclaspedisiclibusundas, Silvarumlucoscircuinspicitantiquarum, 205 Anlraque, et innumerisdisliuclasfloribusberbas ; Fclicesquevocatparitersludiique, locique Mnemonidas, quamsic affalaest una sororum : « 0, nisile virlus opéraad majoiatuli » cl, 180

MÉTAMORPHOSES
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entreprises, vous vous seriez mêlée à nos chœurs. Vous ne vous trompez pas en donnant à nos occupations et à notre asile des éloges mérités. Noire sort serait prospère, sans les inquiétudes qui nous agitent. Maisest-il un rempart assuré contre le crime ? Tout effrayedes cœursde vierges. A mes yeux est toujours présent le barbare Pyrène, et je n’ai pu reprendre encore mes sens. Le cruel —inondait de soldats thraces les plaines de Daulis et de la Phocide qu’il tenait injustement sous le joug. Sous allions aux temples du Parnasse. 11nous vit avancer et nous rendit de perfides hommages : « Filles de Mnémosyne (car il savait notre nom), « arrêtez-vous, dit-il. Ne craignez pas, je vous en conjure, de « chercher sous mon toit un abri contre l’orage et la pluie « (il pleuvait en effet). Souvent les dieux entrèrent dans les plus « modestes demeures. » Entraînées par ces paroles el par l’orage, nous cédons à ses vœux : nous franchissons le seuil de son palais. La pluie ne tombait plus, l’Autan avait fui devant les Aquilons ; le ciel étail pur et sans nuages. Nousvoulons nous éloigner. Pyrène ferme les portes, et s’apprête à user de violence. Nousne l’évitons qu’en nous élevant sur des ailes. Il monte au haut d’une In partemvenlurachoriTrilonianoslri, 270 Verarefers ; meriloqueprobasarlesque, locumque ; Et gralamsortem, tutcemodosimus, habemus. Sed, vetilumest adeosceleriuihil.Omniaterrent Virgineasmentes, dirusqueanteora Pyreneus Yertitur ; et nondummetolamenterecepi. 275 Dauliathreiciophoceaquemiliterura Ceperalilleferox, injuslaquerégnatenebat. Templapetebamusparnassia.Viditeuntes, Noslraquefallaciveneratusnuminacultu : « Mnemonides(cognoratenim), consistile, dixit ; 280 « Necdubitate, precor, teclogravesiduset imbrem « (InibcreraU, vitaremeo.Suliiereminores « SoepccasasSupcri. » Dicliset temporemoUe Annuimusque viro, primasqueinlravimusaides. Desierantimbres, victoqueAquilonibusAuslro 2S3 Fuscarepui’galofugiebantnubilacoelo. Impclusire fuil.Clauditsua teclaPyreneus, Viniqueparai, quamnossumpliseffugimusalis. Ipseseculurosimilissletitarduusarce : LIVRE V. tSl tour, comme pour nous suivre : « Quelle que soit votre route. « dit-il, ce sera la mienne ; » et, dans le transport qui l’égaré, il s’élance du faîte de celte tour. U tombe sur la tête. Son crâne s’entr’ouvre, et, dans sa chute, il baigne la terre de son sang criminel. » La Muse parlait encore, lorsqu’un bruit d’ailes retentit dans les airs : une voix, qui semblait dire adieu à la déesse, descendit du haut des branches. La fille de Jupiter lève les yeux el cherche d’où parlent les sons distincts qui ont frappé son oreille. Elle croit avoir entendu la voix d’un homme : c’était celle d’un oiseau. Au nombre de neuf, des pies, déplorant leur destinée, s’étaient perchées sur les arbres el imitaient le langage humain. Minerve s’étonne, el la Muse poursuit : « Naguère vaincues dans un combat, celles que vous entendez ont augmenté le nombre des oiseaux. L’opulent Piérus leur donna le jour dans les champs de Pella. Elles eurent pour mère Évippé de Péonie, qui, neuf fois féconde, invoqua neuf fois le secours de Lucine. Ses filles, fières de leur nombre, en conçurent un fol orgueil. A travers les villes de l’iïémonie et de l’Achaïe, elles vinrent jusqu’ici nous provoquer par ces insolentes paroles : « Cessezde séduire un ignoc raiit vulgaire par vos doux accents. C’est avec nous, si vous « Quaqueviaest uobis, erit et mihi, dixit, eadem ; c 2S0 Sequejacitvecorse summieculminelurris, Et eaditin vultus, discussiqueossibusoris Tundithumummorienssceleratosanguinetinetam. » Musaloquebatur : penniesonuereper auras, Voxquesalutanlumramisveniebatab allis. 295 Suspicil, et linguaîquieril, tamcertaloquentes, Uudesonenl ; hominemque putat Jovenataloculuiu. Aieseral, numeroquenovem, suafalaquetenlcs, laslilerantramisimitantesomniapicie. Mirantisic orsadeoedea : « Nuperet islrc 500 Auxeruntvolucremviciaicertamineturbam. Pierosbas genuitpelhcisdivesiu arvis. PieonisEvippematerfuil, Illapoteuleui Luciuainnovies, noviesparilura, vocavit. intumuitnumérostolidarumlurba sororum ; 505 Perquelot hoemonias, et per toi ocbaidasurbes lïuc venit, et lali committuntproeliavoce : * « Desiniteindoctumvanadulcedinevulgus « Fallere.Nobiscum, si qua est fiduciavobis. il 182

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« avez quelque assurance, qu’il faut vous mesurer, filles de Thes « pie. Vous ne l’emportez sur nous ni pour l’art ni pour la voix, « et nous vous égalons en nombre. Vaincues, vous devrez nous « abandonner l’Hippocrène et l’Aganippe. Si nous succombons, « nous vous abandonnerons l’Émalhie jusqu’aux plaines glacées « de la Péonie. Les Nymphes seront juges de ce combat. » Une telle lutte élail honteuse ; mais il eût paru plus honteux de céder. Les Nymphes choisies pour arbitres jurent par les fleuves, et se placent sur des sièges taillés dans le roc. Aussitôl la Piéride, qui proposa le défi sans consulter le sort, chante la guerre des dieux, exaile mal à propos la gloire des Géants et rabaisse celle des habitants de l’Olympe. Elle raconte comment Typhoée, enfant de la Terre, fit trembler les Immortels, qui prirent tous la fuite jusqu’à ce que, épuisés de fatigue, ils s’arrêtèrent en Egypte sur les bords du Nil. Elle ajoute qu’il les y poursuivit, et que les dieux alors se cachèrent sous des figures d’emprunt. « A leur tête, dit-elle, élail Jupiter, depuis ce temps adoré en Libye, sous le nom d’Ammon aux cornes recourbées ; Apollonse transforma en corbeau, le fils de Sémélé en bouc, la sœur de « Thespiadescertatedese.Necvoce, necarte 510 KVincemur ; tolidemquesumus.Velceditevictce « Fontemedusiro, et hyanleaAganippe ; « Velnosemathiisad Paiouasusquenivosos « Cedemuscampis.DirimantcertaminaNympha ;.

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Turpequidemcontendereerat ; sedcederevisum 515 Turpius.Electaïjurant per fluminaNymphoe, Factaquede vivopresseresediliasaxo. Tune, sinesorteprior, qucese cerlareprofessaest, BellacanitSuperum ; falsoquein honoreGigantas Ponil, el exlenuatmagnorumfactadeoruin, 524) Emissumque imade sedeTyphoeaterra Coelitibusi’eeissenietum ; cunclosquedédisse Tergalugaj, doneefessosaigypliatellus Cepcril, et scplemdiscrelusin osliaNilus. HuequoquelerrigenamvenisseTypboeanarrât, 525 Et se mentitisSuperoscelasseliguris : « Duxquegregis ; dixit, lit Jupiter.Undcrecurvis NuncquoqueformalusLibysest cumcornibusAunnoii ; Doliusin corvo, proiessemeleiacapro ; LIVRE V. 183 Phébus en chatte, la fille de Saturne en génisse blanche, Vénus en poisson et Mercure en ibis. » Tels sont les chants qu’elle fit entendre en mariant sa voix aux sons de la lyre. « Les Nymphes nous pressent de commencer. Maispeut-être le temps et le loisir vous manquent pour prêter l’oreille à nos accords. — Hâtezvous, dit Pallas, de nie raconter le sujet de vos chants ; » et elle s’assied à l’ombre d’un riant bocage. La Muse reprend : « Une seule soutient tout le poids du combat. » Calliopese lève, et, rassemblant ses cheveux enlacés de lierre, elle fait vibrer sa lyre plaintive, et de ses accords elle accompagnece récit : « Cérès fut la première qui ouvrit la terre avec le soc de la charrue, la première qui nous donna le blé et des aliments doux ; ce fut elle aussi qui nous apprit les lois. Tout est un bienfait de Cérès. Je veux chanter ses louanges. Puissé-je faire entendre des accents dignes d’elle ! car elle est digne de mes chants. La grande ile de Trinacrie couvre les restes d’un Géant, et de son poids énorme écrase Typhoée, qui osa aspirer au céleste séjour. Il lutte contre cette masse, et s’efforce mille fois de se relever. Maissa. main droite est placée sous le Pélore, voisin de l’Ausonie ; sa FêlesororPhoebi ; niveaSalurniavaeeaj 550 PisceVenuslatuit ; Cylleniusibidisalis. » Uactenusad citharamvocaliamoveratora. « PoscimurAonides ; sed forsitonotianonsunt, Necnoslrisproeberevacattibicantibusaurem. — NedubilaveslrUmquemihireferordinecarmen, s 555 Pallasait, nemorisqueleviconseditin unibra. Musarefert : « Dedimussummamcerlaminisuni.a Surgit, et immissoshederacollectacapillos Calliopequerulasprsctenlatpollicechordas, Atquehoecpercussissubjungitcarminanervis : oL’S « PrimaCeresuncoglebasdimovitaratrOj Primadéditfruges, alimenlaquemitiaterris ; Primadéditleges : Cererissumusomniamunus. Iilacanendamihiest. Utinammododicerepossem Carminadignadeoe ! cerledeacarminédignaest. oi.j Vastagiganlcisinjectaestinsulamembris Trinacris, et magnissubjc-clum molibusurgct /EtheriasausumsperareTypboeasedcs. Nitilurillequidem, pugnatqueresurgeresiepe ; Dextrasedausoniomanusesl subjeclaPeloro ; 530 184 MÉTAMORPHOSES. gauche, sous tes pieds, ô Pachynï el ses jambes sous le Lïlybée ; l’Etna pèse sur sa tête. C’est par le sommet de cette montagne que Typhoée lance des tourbillons de sable, et’de sa bouche terrible vomit un torrent de feu. Souventil tente de soulever le fardeau, et de secouer les villes et les monts entassés sur son sein. La terre tremble sous ses efforts. Le roi des enfers craint qu’elle ne soit déchirée par une large ouverture ; et qu’en pénétrant dans son empire le jour n’épouvante les ombres. La peur d’un tel désastre lui avait fait quitter son ténébreux palais, et sur son char, tramé par de noirs coursiers, il parcourait d’un œil attentif les fondements de la Sicile. « Après s’être assuré que rien ne chancelle, il cessede craindre. Tandis qu’il erre de tous côtés, la déesse qui règne sur l’Ëryx l’aperçoit du haut de ce mont. Elle embrasse l’Amour et lui dit : « Otoi, mon appui, ma force et ma puissance, ô mon fils ! prends a ces traits qui domptent les cœurs, et frappe d’une flèchelégère « le dieu à qui le sort assigna le dernier des trois lots de Fem « pire du monde. Tu subjugues les dieux du ciel et Jupiter lui « ’même, les divinités de la mer et le roi qui les tient sous son Loeva, Pachyne, tibi ; Lilybajocrurapremunlur^ DcgravatMinacaput, sub qua resupinusarenas Ejectât, flammaraqueferovomitore Typhœus. Saeperemoliriluclaturpondératerrai, Oppidaque, et magnosevolverecorporemontes. 55b Indelremittellus, et rex pavetipsesilenlum, INepateat, laloquesolumrelegaturhiaiu, Immissusquediestrépidanteslerrcatumuras. HaacmetueusclademLenebrosasedetyrannus Exierat, curruqueatrorumvectusequorum, oO) Ambibatsiculoecautusfundaminalerne. « Postquamexploralunisalisest, locanullaJabari’, Depositiquc melus, videthuneErycinavaganlem Montesuorésident, nalumquoamplexavolucrem : « Arma, manusquemea ;, mea, nate, potenlia, dixit, Ôl>L> « Illaquibussuperasomnes, capelela, Cupido, « ’Inquedeipecluscoloresmoliresagillas,

  • .Cuitripliciscessîlforlimanovissimaregtii.

KTuSuperos, ipsumqueJovem, tu numinapouti GViciadoutas, ip^umquerégitqui numinapunli. 570 LIVRE V. 183 « sceptre. Pourquoi l’enfer nous échappe-l-il ? pourquoi ne pas « l’ajouter à ton empire et à celui de ta mère ? Il s’agit de la « troisième partie du monde. Dansle ciel (voilà le fruit de notre « patience), déjà on nous méprise. La puissance de l’Amour et « la mienne s’affaiblissent. Nevois-tu point Pallas et Dianerebelles « à mes lois ? Il en sera de même de la fille de Cérès, si nous « mollissons : elle nourrit cette espérance. O mon fils ! si notre « commun empire me donne quelques droits sur toi, unis la « déesse à son oncle. » Ainsi parla Vénus. Cupidon ouvre son carquois. Au gré de sa mère, parmi les mille flèches qui le. garnissent, il choisit la plus acérée, la plus sûre, la plus docile à l’impulsion de son arc. Il le courbe sur son genou, et plonge un trait dans le cœur de Pluton. « Nonloin des murs d’Enna est un lac profond qu’on appelle Pergus. Le Cayslre, dans son cours, ne retentit pas du chant de plus de cygnes. Il est couronné d’arbres qui l’enveloppent d’une ombre épaisse et le rendent impénétrable aux rayons du soleil. Leur feuillagerépand une agréable fraîcheur. La terre, toujours humide, est émaillée de fleurs brillantes. Là règne un printemps ’ « Tartaraquidcessant ? Curnonmalrisqueluumque o Imperiumprofers ? Agilurparslerliamundi. « Et lamenin coelo{quaijampalienlianostraest ! ) « Spernimur, ac mecumvireslenuanturAmoris. r Palladanonnevides, jaculatricemque Dianam r>7o « Abseessisse mihi ? Cererisquoquefiliavirgo, a Sipatiamur, erit ; namspesaffectâteasdem. « Attu, pro sociosi qua est meagratiaregno, « Jungedeampatruo. » DixitVenus.Ille pliarelram Solvit, el, arbilriomatris, de millesagittis Iï80 Unamseposuit, sedqua necacutiorulla, .\ecminusincerlaest, necqucemagisaudiatarcum ; Oppositoque genucurvavitflexilecornu, InquecorhamatapercussitarundineDitem. « Iïaudproculennieislacusest a moenibusaltoe, 58o XominePergus, aquoe.A’onillopluraCayslros Carminacyenorumlabenlibusauditin undis. Silvaeoronataquas, cingenslalusomne, suisque Frondibus, ut vélo, phoebeossubmovetictus. F’igoradanl ram/ ; lyrioshumushumidaflores. 390 180

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éternel. Dans ce bocage Proserpine se livre à mille jeux. Elle y cueille la violette el le lis éclatant de blancheur. Elle s’empresse, comme une ieune fille, d’en remplir sa corbeille el son sein ; elle brûle d’en amasser plus que ses compagnes. Unseul instant suffit à Pluton pour la voir, l’aimer et la ravir : tant l’amour est prompt l La déesse effrayée appelle d’une voix plaintive sa mère et ses compagnes, mais plus souvent sa mère. Elle déchire les longs plis de sa robe, et les fleurs qu’elle a cueillies s’en échappent. Touchante ingénuité de son âge ! cette perte surtout attriste son cœurvirginal. Le ravisseur précipite son char : il anime ses coursiers en les désignant, par leur nom, el en secouant sur leur cou et sur leur crinière leurs sombres rênes. Il franchit les lacs profonds, les étangs des Paliques d’où s’exhale l’odeur du soufre qui bouillonne au sein de la terre enlr’ouverte, et les champs où les Bacehiades, originaires de Corinthe, baignée par deux mers, assirent une ville sur des ports inégaux. « Entre Cyaneet Aréthuse, sortie de Pise, coule une mer resserrée dans une gorge en forme de croissant. Là réside Cyane, qui donna son nom au lac, et fut célèbre parmi les Nymphes de Pcrpetuumverest. QuodumProserpinaluco Ludit, et aul violas, aut candidalilia carpil, Dumquepuellaristudiocalathosquesinumqtie Implet, et icqualescerlatsuperarelegendo, Pîenesimulvisaest, diîeclaque, raplaqueDili : 59S Usqueadeoproperaturamor ! Dealerrilamcrslo Et malrem, et comités, sed malrerasrepius, ore Clamât ; et, ut summaveslemlaniaralab ora, Collectifloresîuniciscecidereremissis ; Tanlaquesimplicitaspuerilibusadfuitannis, 400 Haiequoquevirgineummoviljacluradoîorem. iïaptoragitcurrus, et norninequemquevocalos ExhorUilur equos ; quorumper collajubasque Kxcutitobscuratinclasferruginehabenas ; Perquelacusaltos, et olentiasulfureferlur 4lXi StagnaPalicorum, rupla ferventiaLerra ; El quahacebiadie, bimarigeilsorlaCorinllio, Inleriniequalesposueruntmoeniaporlus. « Est médiumCyanes, et pisceicArethusoe, Quodcoitanguslisinclusumcornihusa ; quor. 410 Hicfuit, a cujusstagnumquoquenominediclumesl. Inler ? icelidasCyaneceleberrimaNymphas, LIYRE V. 187 Sicile. Elle se montre au-dessus des flots jusqu’à la ceinture et reconnaît le dieu : « Vous n’irez pas plus loin, dit-elle. Arousne « pouvez, en dépit de Cérès, devenir son gendre. Il fallait demander « Proserpine el non la ravir. S’il m’est permis de comparer le petit « au grand, moi aussije-fusaimée d’Anapis.Mais, si je lui donnai ma « main, je cédai à ses prières, et non, comme celle-ci, à la peur. • » Elle dit, et, étendant ses bras, elle s’oppose à la marche de Pluton. Le fils de Saturne ne peut contenir sa colère. Il presse ses terribles coursiers, et d’un bras vigoureux plonge son sceptre au fond des eaux. La terre ébranlée lui ouvre un chemin jusqu’au Tartare, et reçoit son char, qui s’engloutit dans l’abîme. Cyanedéplore l’enlèvement de la déesse et l’injure faite à son onde. Elle renferme dans son cœur sa douleur inconsolable, fond en larmes et s’évanouit dans ces mêmes eaux, placées naguère sous sa garde inviolable. Ses membres s’amollissent, ses os deviennentflexibles, et ses ongles perdent leur dureté ; les parties les plus souples de son corps, ses cheveuxnoirs, ses doigts, ses jambes, ses pieds, sont les premières qui deviennent liquides ; car, pour, ces membres déliés, la métamorphose en une onde fraîche est rapide. Ensuite Gurgilequa ; modiosummatenusexstilitalvo, Agnovitque deum : « Neclongiusibitis, inquit. e Nonpotesinvita ; Cererisgêneresse.Roganda, 415 « Nonrapiendafuit. Quodsi componeremagnis « Parvamihifasest, et me dilexitAnapis. « Exoratatamen, nec, ut hajc, exterritanupsi. » Dix.it, et, in parlesdiversasbracbiatendens, Obstitit.HaudultratenuitSaturniusiram, 420 Terribilesquehorlatusequos, in gurgïtisima Contortumvalidoseeplrumregaleiacerto Condidit.Ictaviamtellusin Tartarafecit, Et pronoscurrusmediocratèrerecepit. AtCyane, raplamquedeam, contemplaque fontis 42o Jura sui moerens, inconsolabile vulnus Mentegerittacita, lacrymisqueabsumituromnis ; Et quarumfueratmagnummodonumen, in illas Extenuaturaquas.Hollirimembravideres, Ossapati flexus, unguesposuisserigorem. 450 Primaquede tolalenuissimaqusequeliquescunt, Caeruleïcrines, digitique, et crura, pedesque ; Nambrevisin gelidasmembrisexilibusundas 188 MÉTAMORPHOSES. son dos, ses épaules, ses flancs, son sein, se transforment en petits ruisseaux ; enfin le sang s’éclaircit dans ses veines et se change en eau : il ne reste plus rien que la main puisse saisir. « Cependant la mère de Proserpine, inquiète sur le sort de sa fille, la cherche en vain dans toutes les contrées de la terre et jusqu’au sein des flots. Ni l’aurore, déployant sa chevelure vermeille, ni Yespe me l’ont vue s’arrêter. Elle arme ses mains d’un tison allumé dans l’Etna, et le porte sans relâche au milieu des froides ténèbres. Quandle soleil a effacéla clarlé des étoiles, elle cherche sa fille, depuis les régions où cet astre se lève jusque dans les contrées où il se couche. Accabléede faligue, elle éprouve une soif brûlante, et aucune source ne s’offre pour l’éteindre. En ce moment elle aperçoit une cabane cachée sous le chaume, el frappe à sa modeste porte. Une vieille sort et voit la déesse, qui lui demande à boire. Elle lui offre un doux breuvage, composé d’eau et de farine séchée au feu. Tandis que Cérès se désaltérait, un enfant, à l’air dur et insolent, s’arrêta devant elle, et se prit à rire en l’appelant gourmande. La déesse en fut offensée. Avant d’achever ce breuvage, Cérèsjette le reste sur l’enfant qui parlait Transitusest.Poslhîectergumque, numérique, latusque, Pectoraquein tenuesabeuntevanidarivos. 455 Deniqueprovivoviliatassanguinevenas Lymphasubit, restatquenihilquodprenderepossis. ŒIntereapavidoenequicquamfiliamatri Omnibusest terris, omniquoesitaprofuudo. lllamnonrutilisveniensAuroracapillis 440 Cessanlemvidit, nonHesperus.Illaduabus Flammiferapimismanibussuccenditab /Etna, Perquepruinosastuîit irrequielatenebras. Eursus, ut aimadieshebelaratsidéra, natam Solisad occasum, solisquoerebaiab ortu. 445 Fessalaboresitimcollegerat, oraquenulli Colluerantfonles, quumtectamstraminevidit Forteeasam, parvasqueforespulsavit.Atinde Proditanus, divamquevidet, lymphamque rogauli Dulcedédit, toslaquodcoxeratantepolenta. 4S0 Dumbibitilladatum, duripueroris et audax Constititantedeani, risitque, avidamquevocavit. Offensaest, nequeadhucepotaparle, loquentem Cumîiqnidomixlaperfuditdivapolenta. LIVRE V. 189 eicore. Soudain sa ligure se couvrit de taches ; ses bras firent place à deux pattes, et une queue termina son corps. Rapetissé, pour qu’il ne pût nuire, il n’était plus qu’un lézard. La vieille, surprise de celle métamorphose, versa des pleurs et voulut porter sa main sur lui. Maisil s’enfuit dans un endroit obscur et reçut le nom de Stellion, qui convient à la couleur de sa peau parsemée d’étoiles. « Il serait trop longde dire quelles terres et quelles mers parcourut la déesse. L’univers manquait à ses recherches. Elle revient en Sicile, el, l’explorant de nouveau, elle arrive auprès de Cyane. Si celte Nymphen’avait été transformée, elle aurait tout raconté. Maiselle essaye en vain de parler : elle n’a plus ni bouche, ni langue, ni aucun moyende se faire entendre. Elle donne pourtant des indices certains en montrant à la déessela ceinture de sa fille, qui, tombée par hasard dans l’onde sacrée, flotte à sa surface. Cérès la reconnaît aussitôt. Alors, comme si elle apprenait pour la première fois l’enlèvement de Proserpine, elle arrache ses cheveux épars, et se frappe le sein à coups redoublés. Elle ne sait encore où est sa fille, et cependant elle se plaint de la (erre enCombibitosmaculas, et, qua modobracbiagessil, 45ÎS Crurageril ; eaudaestniulatisaddiiamembris ; lnquebrevemformam, ne sit vis magnanocendi, Conlrahitur ; parvaqueminormensuralacertaest. Mirantem, flentemque, et langeremonsliaparanlcm Fugitanum/latebramquepetit ; aptumquecolori 4fi0 Nomenhabet, variisstellatuscorporaguttis. « Quasdeaper terras, et quaserraveritundas, Dicerelongamoraest : quoerentidefuitorbis. Sicaniamrepetit, dumqueomnialustrâteundo, Venitet ad Cyanen.Ea, ni mutatafuisset, 4GJ Omnianarrassel ; sedel os, et linguavolenli Dicerenonadorant, nec, quoloquerelur, habebat. Signalamenmanifestadedil, notamqueparenti, llloforlelocodelapsamgurgitesacro, l’ersepboneszonamsummisostenditin undis. 470 Quamsimulaguovit, lanquamlumdeniqueraplam Scisset, inornatoslaniavildivacapillos, Et repetHasuispercussitpeclorapjlmis. Hecsciladbuc, ubisit, terraslanicnmrrepalomnes ; 11. 190 MÉTAMORPHOSES. lière, l’accuse d’ingratitude, et la déclare indigne de la fécondité qu’elle lui donne. Elle accuse surtout la Trinacrie, où elle trouve la trace de son malheur. Sa main irritée brise les charrues qui retournent la terre. Dans son courroux, elle fait également périr le laboureur el le bœuf, compagnon de ses travaux ; elle défend aux sillons de rendre ie grain qui leur fut confié, et le corrompt jusque dans son germe. La fertilité de ces campagnes, vantée dans l’univers, s’épuise à l’instant. Dèssa naissance, le blé expire, tantôt sous les rayons brûlants du soleil, tantôt sous des torrents de pluie. Les astres, les vents, exercent une maligne influence. Des oiseaux affamésdévorent les grains déposés dans la terre. L’ivraie, le chardon el le funeste chiendent étouffent les moissons. « En ce moment Àréthuse lève la tête au-dessus de ses eaux qui d’abcrd ont arrosé l’Élide. Elle écarte de son front sa chevelure humide, et dit : O vous qui avez cherché Proserpine, « votre fille, dans l’univers entier, vous, mère de tous les fruits, « mettez un terme à vos immenses faligues, el ne poursuivez pas « de vos terribles vengeances une contrée fidèle. Elle ne les a « pas méritées : c’est contre son gré qu’elle a livré passage au Ingralasquevocal, necfrugummuneredignas, 47o Trinacriamantealias, in quavesligiadamni Repperil.Ergoilliesievaverlentiaglebas Fregilaralramanu, pariliqueiralacolonos Ruricolasque bovcslelhodédit, arvaquejussit Falleredepositum, vitialaqueseminafecit. 480 Fertilitasterne, lalumvulgataper orbem, Cassajacet.Primissegstesmoriunturin herbis ; Et modosolnimius, nimiusmodocorripitimber ; Sideraque, ventiquenocent, avidaïquevolucres Seminajaetalegunt ; lolium, tribuliquefatigant 485 Triliceasmesses, et inexpugnabilegramen. « TumcaputeleisAlpheiasextulitundis, Rorantesque comasa fronteremovitad aures, Atqueait : « 0 toto quaîsila ; virginisorbe, « Et frugumgenitrix, immensossislehibores, 490 « Nevelibifida ; violeulairascercterra ;.

  • Terranibilîneruil, patuitqueinvita raphia ;. LIVRE V.

191 o ravisseur. Si je vous implore, ce n’est point pour ma patrie. <iIci je suis étrangère ; ma patrie est Pise. Sortie de l’Élide, j’ai « trouvé dans la Sicile une hospitalité qui me l’a rendue plus « chère que toute autre contrée ; et, sous le nom d’Aréthuse, j’y « ai fixé mes pénates ; j’en ai fait mon séjour. Apaisez votre co « 1ère et daignez l’épargner. Je pourrai plus tard vous raconter « comment je change de demeure, comment, me frayant une « roule sous les mers, j’arrive jusqu’à Orlygie. Mais, avant « tout, bannissez vos soucis et reprenez votre calme. La terre « m’offre un chemin dans ses antres profonds, et, après les avoir « traversés, je relève ma tète en ce lieu, où je revois les aslres qui « s’étaient dérobés à mes regards. En roulant mes eaux dans ces o régions souterraines, près des gouffres du Styx, j’ai vu votre fille. « Elle était triste, et portait encore dans ses traits l’empreinte de c la frayeur. Maiselle règne ; elle est la souveraine du ténébreux « empire, la puissante compagne du dieu des enfers. » « A ces mois, Cérès, immobile comme un marbre, reste longtemps plongée dans la stupeur. Lorsque le délire a fait place à sa douleur profonde, elle remonte sur son char, et se dirige vers les c Necsumpropatria supplex : bue hospitaveni. " Pisamihipatriaest, et ab Eliùeduciuiusortum. t Sicamamperegrinacolo ; sedgratioromni 495 « Roecmihiterra soloest. Hosnunc Arethusapénates, « Hanchabeosedem, quamtu, mitissima, serva. « Motalocœur sirn, tanliqueper aequorisundas « AdveharOrtygiam, venietnarratibusbora « Tempestivameis, quumtu curisquelevala, B00 Î Et vultusmelioriseris. Mihiperviatellus

  • Pra ; betiter, subterqueimasablatacavernas

« Hiccaputaltollo, desuelaquesidéracerno. <Ergo, dum slygiosub terrisgurgilelabor, t Visatua est oculisillic Proserpinanostris, 505 t Illaquidemtristis, necadbucinterritavultu, t Sedreginatamen, sedopacimaximamundi, ’Sedlameninféraipollensmatronatyranni. » « Materadaudilasstupuit, ceusaxeavoces, AtloniUeque diu similisfuit. Utquedolore 510 Puisagravigravisest amentia, curribusauras 192

MÉTAMORPHOSES
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cieux. Le visagebaigné de pleurs, les cheveux épars et le désespoir dans l’âme, elle s’arrête devant Jupiter : « C’est pour « mon sang et pour le tien que je viens l’implorer, dit-elle. Si « la voix d’une mère est impuissante, que le sort de ma fille « louche son père. Je t’en conjure, quoique je lui aie donné le « jour, ne sois pas indifférent à son malheur. Après de longues « recherches, je l’ai enfin retrouvée, si, à les yeux, c’est la reu trouver qu’être plus certaine de l’avoir perdue ; si c’est la re « trouver que savoir où elle est. Quema fille me soit rendue ; je « ne me plaindrai point de son enlèvement ; car la fille de Jupiter « ne doit pas être l’épouse d’un ravisseur, si toutefois ma fille « a encore quelque droit. » Jupiler lui répond : « Elle est lou « jours le gage de notre tendresse et l’objet de notre sollicilude. « Maisdonnons aux choses leur véritable nom. Cet enlèvement « n’est pas un outrage ; il est plutôt l’œuvrede l’amour. Nous « n’aurons pas à rougir d’un tel gendre, si lu consensà l’accepter, « 6 déesse ! Sans parler de ses autres litres, quelle prérogative « d’avoir Jupiter pour frère ! Que dis-je ? rien ne lui manque. Le « sort seul l’a placé au-dessous de moi. Cependant, si tu as vive « ment à cœurd’arracher ta fille de ses bras, elle rentrera dans Exitin a ; therias.Ibi toto nubilavultu AnteJovempassisstetitinvidiosacapillis : « Proquemeosupplexveniotibi, Jupiter, inquit. « Sanguine, proquetuo. Sinullaestgratiamalris, 515 e Natapatremmoveal ; neusit tibicura, preeamur, « Viliorillius, quodnostroestéditaparlu. « En, quoesitadiutandemmihinatareperlaest, « Si reperirevocas, amitlerecertius ; autsi, « Scireubisit, reperirevocas.Quodrapla, feremus, 5*20 « Dummodo reddateam ; nequeenimproedone marito « Filiadignatua est, si jammeaûliadignaest. «  Jupiterexcepit : « Commune est pignusonusque « Natamihitecum.Sed, si modonominarébus « Addereveraplacel, nonhocinjuriafactum, 525 « Verumamorest.Nequeerit nobisgênerille pudori ; « Tumodo, diva, velis.Ut desintcaHera, quantumest « EsseJovisfratrem ! Quid, quodneccseleradésuni, « Necceditnisisortemihi.Sedtantacupido

» Si tibidiscidiiest, repetetProserpinacoelum, 

530 LIVRE V. 195 « l’empire célesle, pourvu qu’aux enfers aucun aliment n’ait ap « proche de ses lèvres. Tel est l’arrêt des Parques. » « 11dit. Cérès est décidée à ramener sa fille de l’empire de Pluton ; mais les Destins s’y opposent. Proserpine avait enfreint la loi qui lui interdisait toute.nourriture. En parcourant les jardins du Tarlare, elle avait innocemment cueilli une grenade sur un arbre chargé de fruits, et mangé sepl graines tirées de sa pâle ccorce. Ascalaphe seul en avait été témoin. Célèbre parmi les Nymphes de l’Averne, Orphné, aimée de l’Achéron, lui donna, dit-on, le jour dans une grotte sombre. Il avait vu Proserpine, et, par une cruelle révélation, il empêcha son retour. La reine de l’Érèbe indignée changea le délateur en oiseau sinistre, arrosa son frontde l’eau du Phlégéthon, et lui donna un bec, des plumes, et de grands yeux. Dépouilléde sa première forme, il se couvrit d’ailes fauves. Sa tête grossit, ses ongles s’allongèrent et prirent une forme recourbée. A peine agite-t-il les ailes paresseuses qui remplacent ses bras. Il n’est plus qu’un oiseau hideux, prophète de malheur, un triste hibou, messager de funestes présages. « Dumoins Ascalaphepeut paraître avoir mérité un pareil ciià « Legetamencerta, si nullosconligitillic « Orecibos ; namsic Parcarumfoederecautumest. «  « Dixerat.Atf.ererieerlumest educerenalam. Nonita falasinunl, quoniamjejuniavirgo Solverat, et cullisdumsimplexerrâtin horlis, 555 Puniceumcurvadecerpseratarborepomum, Sumptaquepallentiseptemde corticegrana Presseratoresuo.Solusqueex omnibusillud VideratAscalaphus, quemquondamdiciturOrpbne InteravernaleshaudignolissimaNymphas, 540 ExAcheronlesuofurvispeperissesubanlris. Vidit, et indicioreditumcrudelisademit. IngemuitreginaErebi, testemqueprofanam Fecitavem, sparsumquecaputpblegelbontidelynfyha rostrum, et plumas, et grandialuminaverlil. 545 ille sibiablalusfulvisamiciturab alis ; Inquecaputcrescit, longosqnereflecliturungues, Vixquemovetnalasper inerliabracbiapennas ; Foedaquefitvolucris, venlurinunlialuclus, Ignavusbubo, dirummorlalibusomen. 550 « llic lamenindiciopcenam, lingnaqnevideri 19i

MÉTAMORPHOSES
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liment par sesrévélations indiscrètes. Maisvous, fillesd’Achéloûs, pourquoi ces ailes et ces pieds d’oiseaux avecvos traits de vierges ? Serait-ce parce qu’au moment où Proserpine cueillaitles fleurs du printemps vous formiez son cortège, ô Sirènes ! Vous l’aviez en vain cherchée sur toute la terre. La mer devait être aussi témoin de votre sollicitude, et vous désirâtes pouvoir traverser les flots, soutenues par des ailes comme par des rames. Les dieux vous exaucèrent. Vous vîtes soudain voire corps se couvrir de plumes ; et, pour que votre chant, fait pour charmer les oreilles, ainsi que votre éloquence ne fussent point perdus, vous conservâtes vos traits de vierges et la voix humaine. « Arbitre entre son frère el sa sœur infortunée, Jupiter divisa l’année en deux portions égales, et ordonna que Proserpine, tour à tour divinité dans deux empires, passerait six mois auprès de sa mère el six autres auprès de son époux. Tout à coup un changement s’opère dans l’âme et sur les traits de Cérès. Naguèreson front pouvait paraître triste, même à Pluton. Dès ce moment, la joie l’épanouit. Tel le soleil, d’abord couvert d’un épais nuage, se montre radieux, quand il est dégagédu voile qui l’enveloppait. Commeruissepotest.Vobis, Acbeloides, unde Plumapedesqueavium, quumvirgiuisorageratis ? Anquia, quumlegeretvernosProserpiuaflores, ïn comitumnuméromixUe, Sirènes, eratis ? 555 Quampostquamtolofrustraqua ; sistisin orbe, Protinusut vestramsentirentaiquoracuram, Possesuperfluctusalaruminsistereremis Optastis ; facilesquedeosbabuistis, et artus Vidislisvestrossubitisfiavescerepennis. SCO Netamenillecanor, mulcendasnatusad aures, Tantaquedosorislinguoedeperderetusum. Virgineivultus, et voxhumanaremansit. « Atmédiusfratrisquesui moesloeque sororis Jupiterex aiquovolventemdividitannum. 565 Nuiicdea, reguorumnumencommuneduorum, Cummaireest totidem, lotidemcumconjugemenses. Yerliturextemplofaciès, et mentis, et oris. Nam, modoqurepoteratDitiquoqueraoeslavideri, La ; ladea ; fronsest, ut sol, qui teclusaquosis 570 Niibihusantefuil, viclisubi nubibusexil. LIVRE V. 195 « La bienfaisante Cérès, après avoir retrouvé sa fille sans crainte de la perdre une seconde fois, veut savoir, Aréthuse, quel est le motif de ton voyage, et pourquoi tu es une source sacrée. Ses.ondes se taisent. La Naïadelève sa tèle au-dessus des flots. De sa main elle essuie ses cheveux d’azur, et raconte les anciennes amours d’Alphée : « Je fus une des Nymphes qui habitent l’A « chaïe, dit-elle. Aucuneautre ne montra plus d’ardeur pour chas « ser dans les bois, ni pour tendre les filets. Jamais je n’ambi « tionnai la gloire de la beauté ; je n’aspirais qu’à celle du cou « rage. Cependantje passais pour belle ; mais je n’aimais point « les louanges prodiguéesà mes attraits ; et, tandis que les autres « Nymphess’enorgueillissaientde leurs charmes, dans ma simpli « cité, je rougissais des miens : plaire était un crime à mes yeux. « Excédéede fatigue, je revenais, il m’en souvient, de la forêt « de Stymphale. La chaleur était extrême, et ma lassitude la ren « dait plus accablante encore. Je rencontrai un ruisseau qui rou « lait lentement et sans murmure. Il était si transparent jusqu’au « fond de son lit, que, dans son imperceptible cours, on pouvait « y compter les cailloux dispersés sur le sable. Des saules et des a peupliers, humectés de ses eaux, répandaient sur la rive inclinée « ExigitaimaCeres, nata securarecepta, Qua ; tibicausavia ;  ? cursis, Arethusa, sacerfous ? Conticuereunda ;.Quarumdeasustulitalto Fontecaput, viridesquemanusiccatacapillos 575 Fluminiseleiveteresnarravitamores : « ParsegoNympharum, qua ; suntin Acbaide, dixit, « Unafui ; necmestudiosiusaltérasaltus « Legit, necposuitsludiosiusaltéracasses.. KSed, quamvisformisnunquammihifamapetitaest, .580 « Quamvisfortiseram, formosa ; nomenhabebam. c Necmeamefacièsnimiumlaudatajuvabat ; <fQuaquealisegauderesoient, egorusticadote « Corporiserubui, crimenquepiacerepulavi. « Lassarevertebar, memini, slymphalidesilva. 585 « iEstuserat, magnumquelaborgeminaverata ; stum. « Inveniosinevorliceaquas, sinemurmureeuntes, « Perspicuasimo, per quasnumerabilisaile KCalculusomniserat ; quastu vixire pulares. « Canasalictadabant, nutritaquepopulusunda, 5^0 « Spontesua natasripis declivibusumbras. 196 MÉTAMORPHOSES. « un ombrage naturel. J’approchai, et d’abord je mouillai dans <il’onde la plante de mes pieds. Ensuite je me baignai jusqu’au « genou. C’était trop peu : je détachai mes légers vêtements, je « les suspendis aux saules flexibles, et je me plongeai nue au « sein de l’eau. Je la frappai de mes mains, je la divisai de mille « façons en me jouant, et j’agitai mes bras dans tous les sens. « J’entendis sortir du ruisseau je ne sais quel bruit. Saisie d’ef « froi, je m’arrêtai près du bord voisin : Oùfuis-tu, Arélhuse ? me « dit Alphée du milieu de ses eaux ; où fuis-lu ? répète sa voix « sourde. Je m’échappai sans vêtements : ils étaient sur la rive c opposée. Il me poursuit et brûle davantage. L’état où il m’a <ssurprise lui paraît propice à ses désirs. Plus je me hâte, plus, « dans son délire, il me presse vivement. Ainsi la colombe, d’une « aile tremblante, fuit l’épervier ; ainsi l’épervier serre de près la « colombe tremblante. Mesforces me suffisaient encore pour pé « nélrer jusqu’aux murs d’Orchomène et de Psophis. Je franchis « le Cyllène, les vallons du Ménale, le frais Érymanthe, et j’ar « rivai dans l’Élide. Alphéen’était pas plus agile que moi ; mais je a ne pouvais longtemps soutenir ma course fugitive : mes forces a s’épuisaient, tandis que mon amant était accoutumé à de Ion « Accessiprimumquepedisvestigiatinxi ; « Poplitedeindetenus.Nequeeocoutenta, recingor, « Molliaque imponosalici velaminacurvai, « Nudaquemergoraquis.Quasdumferioquetrahoque 595 « Millemodislahens, excussaquebrachiajacto, « Nescioquodmediosensisub gurgilemurmur, « Territaqueinsistopropiorismargineripa ;. <tQuoproperas, Aretbusa ? suis Alpheusab undis, « Quoproperas ? iterumraucomihidiseratore. G00 « Sicuteram, fugiosine vcslibus.Altéravestes « Ripameashabuit.Tantomagisinslatet ardet ; « Et quianudafui, sumvisaparatiorilli. « Sicegocurrebam, sic meférusillepremebat, teUtfugereaceipilrempennatrépidantecolumba ;, 005 « Ut soletaccipitertrépidasagilarecolumbas. « Usquesub Orchomenon, Psophidaque, Cylleneuque, .

  • Mamaliosque

sinus, gelidumqueErimantbon, et Elin « Curreresustinui.Necmevelociorille ; < Sedlolerarediu cursusego, viribusimpar, CIO « Nonpoteram ; longipatienserat illelaboris. LIVRE V. 197 « gués fatigues. Cependant je courus à travers des plaines, des « montagnescouronnées de forêts, des pierres, des rochers et des « lieux sans chemin. « Le soleil était derrière moi. Je vis une grande ombre pré « céder mes pas. Peut-être était-ce une illusion née de la peur ; o mais certainement j’entendis avec effroi la marche bruyante « d’AIphée, et je sentis le souffle impétueux de sa bouche sur la « bandelette qui nouait mes cheveux. Harassée de fatigue, je « m’écriai : Diclynne, je suis surprise. Vole au secours de la « Nymphechargée de porter les armes, celle à qui tu confiassou « vent ton arc, tes flèches et ton carquois. » La déesse, touchée « de ma prière, jette sur moi un des nuages dont elle était char « gée. A peine en suis-je enveloppée, que le fleuve me cherche « dans ses flancs caverneux. Deux fois, sans le savoir, il tourne « autour de moi ; deux fois il m’appelle : Aréthuse, Arélhuse ! « Quelssentiments s’élevèrent alors dans mon âme troublée ! Je « fus comme la brebis qui, au fond de son étable, entend les « loups frémir ; ou comme le lièvre qui, blotti sous un buisson, « voit la meute ennemie sans oser faire le plus léger mouvement. « Alphée ne s’éloigne pas encore, parce qu’il n’aperçoit au delà BPer tamenet eampos, per operlosarboremontes, e Saxaquoqueet rupes, et quavianulla, cucurri. « Solerat a tergo.Vidipracederelongam « Anlepedesumbram, nisisi timorilla videbal ; G15 c Sedcertesonituquepedumterrehar, et ingens « Crinalesvittasafflabatanheîitusoris. « Fessaiaborefuga ;  : « Feropem, deprendimur, inquam « Armigera ;, Dictynna, tua ;, cui siepededisti c Ferretuosarcus, inclusaquetelapharetra. » 020 « Motadeaest, spissisqueferense nubibusunam « Mesuperinjecit.Lustrâtcaligineteclam c Amnis, et ignaruseircumcavanubilaquasrit, « Disquelœum, quomedeatexerat, insciusambit, « Et bis, io Àrelbusa, io Arelbusa, vocavit. 62a fiQuidmihituneanimimisera ; fuil ? Annequodagnieest, « Siqua luposauditeircumslabulaalta frementes ? « Autlepori,.quiveprelalenshosliliacernil « Oracanum, nullosqueaudetdarecorporemotus ? o Nontamenabscedit, nequeenimvestigiaceruit G30 198

MÉTAMORPHOSES
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« de celieu aucune trace de mes pas. Ses regards se fixent sur le « nuage où je suis cachée. Je me sens inondéed’une froide sueur, « et des gouttes limpides découlentde mon corps. Partout l’eau Hjaillit sous mes pieds ; elle tombe de mes cheveux, et je suis « changée en fontaine plus vite encore que je ne vous raconte « celte métamorphose.Le fleuve reconnaîtdans l’onde son amante « adorée. 11dépouille la forme humaine dont il s’était revêtu, et a reprend sa forme liquide pour s’unir à moi. Diane ouvre la <iterre. Plongéedans ses antres obscurs, je roule jusqu’à Ortygie ; « et, dans cette île qui me plaît, puisqu’elle porte le nom de ma « bienfaitrice, je reparais enfin à la clarté des deux, ji « Ainsiparle Arélhuse.La déesse des guérels attelle à son char deux dragons, leur impose le frein, et s’élance entre la terre et le ciel. Le char léger descend dans la ville de Pallas. Cérès le confie à Triptolème, el lui remet des semences, en lui ordonnant d’en jeter une partie dans des terres incultes, et le reste dans celles qui seront de nouveau cultivéesaprès un long repos. Bientôt le jeune Triptolème a franchi dans les plaines élhérées l’Europe et l’Asie. Il s’arrête sur les frontières de la Scylhie. Là régnait Lyncus. Il se rend au palais de ce prince, qui lui fiLongiusire pedum.Servatnubemquelocumque. « Occupâtobsessossudormihifrigidusartus, « Cairuleieque cadunttolode corporegutla ;  ; « Quaquepedemmovi, manatlacus ; equecapillis « Roscadit, et eilius, quamnunctibifactarenarro, 655 « In lalicemmulor.Sedenimcognoscitamatas « Amnisaquas ; positoqucviri, quodsumpserat, ore, « VerliLurin proprias, ut se mihimisceat, undas. « Déliarumpitlmmum.Ca ; eisegomersacavernis « AdvehorOrlygiam.Qua ; mecognomine diva ; CÎO KGratamea ; superaseduxitprimasub auras. «  « llacArelbusatenus.Geminosdeafertilisangues Curribusadmovit, frenisquecoercuitora, Et médiumcoeliterroequeper aéravectaest ; Atquelevemcurrumtritonidamisilin arcem 645 Triplolemo ; partimquerudidataseminajussit Spargerehumo, partiraposttemporalongarésultai. JamsuperEuropensublimiset.Asidaterras Vectuseratjuvenis.Scylhicasadvertiluroras. RexilliLyncusoral.Régissubit, illepénates. 630 LIVRE V. 199 demande d’où il vient, d’où il est, quel est son nom et le but de son voyage. « Mapatrie, dit-il, est la célèbre Athènes. Je m’ap « pelle Triptolème. Pour me rendre en ces lieux, je n’ai traversé « ni la mer sur un vaisseau, ni la terre à pied : je suis venu par « la roule de l’air. Je vous apporte les présents de Cérès. Ké « pandus dans de vastes champs, ils produiront d’abondantes « moissonset de doux aliments. » Lebarbare Lyncus, jaloux d’être lui-même l’auteur d’un si grand bienfait, offre à Triptolème l’hospitalité ; et, dès que son hôte est appesanti par le sommeil, il s’apprête à l’égorger. Mais, au moment où il allait lui percer le sein, Cérèsle changeaen lynx, et ordonna au jeune Athéniende lancer de nouveau ses coursiers sacrés dans les airs. « La Musela plus âgéed’entre nous avait fini ses doctes chants. Les Nymphes, d’une voix unanime, décernent la palme aux déités qui habitent l’IJélicon. Nos rival.es vaincues se vengent par des injures. « C’est donc trop peu, leur dit Calliope, d’avoir mérité « votre châtiment en vousmesurant avec moi ! A cette faute vous " ajoutez l’outrage. Mapatience est à bout. Je saurai vous punir « et satisfaire mon ressentiment. » Les filles de l’Émathie sourient et méprisent ces menaces. Elles s’efforcent de parler et Quaveniat, causamquevia ;, nomenquerogatus, Et palriam : fiPatriaest clara ; mihi, dixit. -AlhenoD ; fiTriptolemusnomen.Veninecpuppeper undas, « Necpedcper terras : patuitmihiperviusa ; lber. « UonaferoCereris, lalosqua ; sparsaper agros 655 « Frugiferasmesses, alimentaquemiliareddanl. » îîarbarusinvidit ; lantîqueut munerisauetor Ipsesit, hospitiorecipit, somnoquegravalum Aggredilurferro.Conautemligcrepectus LyucaCeresfecit, rursusqueper aéramisit GGO Mopsopium juvenemsacrosagitarcjugales. « Finieratdoclose nobismaximacantus. AtNympha ; vieisscdeas, Heliconacolenles, Concordidixere.sono.Conviciavicta ; Quumjaccrent : « Quoniam, dixit, eerlaminevobis Glj5 ’ Supplicium meruisseparumest, malediclaque nilpa ; « Addilis, et nonest palienlialibéranobis, « Ibimusin poenas, et quo vocalira, sequemur.>< RidentEmathides, spernuntqueminaciaverha ; Conalaïque loqui, el magnoclamoreprolervas 670 200 MÉTAMORPHOSES. de lever sur nous leurs insolentes mains en poussant de grands cris. Mais elles voient des plumes se faire jour à travers leurs ongles, et leurs bras se munir d’ailes. Elles voient, l’une après l’autre, leur bouche se changer en un bec dur. Elles deviennent des oiseaux d’une nouvelle espèce qui vont peupler les forêts. Elles veulent frapper leur sein ; mais leurs bras, en s’agilant, les soulèvent el les tiennent suspendues dans les airs. Métamorphosées en pies, elles remplissent les bois de leur bavardage. Sous cette forme, elles conservent leur ancien caquet, un babil rauque et une incurable démangeaison de parler. » Intenlaremanus, pennasexireper ungues Aspexeresuos, operiribracbiaplumis ; Alteraquealteriusrigidoconcrescere roslro Oravidet, volucresquenovasaccederesilvis. Dumquevoiuntplangi, per bracbiamotalevata1, C75 Aèrependcbanl, nemorumconvicia, pica ?. Nuncquoquein alitibusfacundiapriscaremansil, Ptaucaquegarrulilas, sludiumqueimmaneloquendi.

  • LIVRE

SIXIÈME AKACIINE METAMORPHOSEE EXAI1A10KEË. 1. Pallas avait prêté une oreille attenlive à ce récit : elle avait applaudi aux chanls des filles d’Aonie et à leur juste courroux. « C’esl peu de louer, se dit-elle. Menions*d’être louées à notre tour, el ne laissons point sans vengeance l’outrage fait à noire divinité. » Dèsce moment elle ne songe qu’à perdre la jeune Méonienne qui rivalisait, disait-on, avec elle dans l’art de travailler la laine. Arachnéne devaitsa célébrité ni au lieu de sa naissance, ni à sa famille, mais à son talent. Son père, Idmon de Colophon, gagnait sa vie en teignant la laine de la pourpre de Phocée. Elle avait perdu sa mère, qui, sortie des rangs du peuple, était aussi obscure que son époux. Malgré son humble naissance, par son industrie Arachné avait acquis de la renommée dans les villes de LIBER SEXTUS ARACHXE IXARAXEAJI MOTATA. I. PrajbueraLdictisTrilonialalibusaurem, CarminaqueAonidum, juslamqueprobaveral iram. Tumsccuin : <cLaudareparumest ; laudemurel ipscc, Numinanecspernisinepcenanoslrasinanms. » Mtcoaiuique animumfatisinlendilÀrachnes, o Quamsibilanificainoncederelaudibusarlis Audier.il.Konilla îoco, necoriginegentis Clara, seâ arlc, fuit.Paterhuiccolophonius ldmon, riiocaicobibulaslingebalniuricelanas. Occidcralmater ; sed et ha, icde plèbe, suoifuc 10 .’Kquavirofucrat.Lydiastamenillaper urbes Quscâicratstudionomenmemorabile, quamvis 202

MÉTAMORPHOSES
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la Lydie, et habitait le modeste bourg d’ïïypèpes. Pour voir ses merveilleux ouvrages, souvent les Nymphesdu Tmolus abandonnaient leurs coteaux couronnés de \ignés ; souvent aussi les Nymphes du Pactolequittaient leurs eaux. Ellesaimaient à considérer ses tissus, non-seulement quand ils étaient achevés, mais lors même qu’elle y travaillait : tant elle y mettait de grâce ! Soit qu’elle arrondit la laine en pelotons, soit qu’en entrelaçant les fils avecart, elle formât une toile aussi moelleuse que la nue, soit qu’elle fit tourner son rapide fuseau entre ses doigts légers, soit enfin qu’elle brodât à l’aiguille, on l’eût prise pour l’élèvede Pallas. Cependant elle repoussait ce litre comme un outrage. « Qu’elle entre lice avec moi, élit—elle.Vaincue, je me soumettrai à tout. » Minerveprend les traits d’une vieille, couvre son front de faux cheveux blancs, et courbe son corps débile sur un bâton. Puis elle adresse ces mots à sa rivale : « La vieillesseest loin de n’apporter que des maux. L’expérience est le fruit tardif de l’âge. Ne dédaignez pas mes avis. Aspirez à la gloire de surpasser tous les mortels dans votre art ; mais cédez à une déesse. Implorez d’une voix suppliante le pardon de vos imprudents blasphèmes. Oi’tadomoparva, parvishabilabatHypoepis. Hujusut aspicerentopusadmirabile, sa ; pe DeserueresuiNympba ; vinetaTymoli ; 15 DeserucresuasNympha ; pactolidesundas. Necfaclassolumveslesspeclarejuvabat ; Tumquoque, quumfièrent : tantusdécoradfuitarti ! Siverudemprimoslanatnglomerabatin orbes, Seudigilissubigebatopus, repetilaquelongo -0 Yelleramollibatnebulasa ; quantiatractu, Siveleviterelemversabatpollicefusum, Seupingebatacu, sciresa Palladedoclam. Quodtamenipsanegat ; tanlaqueoffensamagistra : « Cerlel, ait, niecum.Nihilest, quodviciarccubcm. » 25 Pallasanumsimulât, falsosquein temporacanos Addit, et inhYmosbaculoquoquesustinetarlus. Tumsicorsaloqui : « Nonomniagrandiora ; las, Qua ; fugiamus, babet.Serisvenitususabannis. Consiliumne spernemeum.Tibifamapclatur 50 Inlermorlalesfacieuda ; niaxinialame. Codedea ;, veniamqueluis toincrariadictis LIVRE VI.

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Désarmée par vos prières, elle vous raccordera. » Arachné lui lance un regard farouche, quitte sa toile, et peut à peine contenir son geste. La colère éclate dans ses traits. Elle réplique ainsi à la déesse, sans la reconnaître : « Insensée ! ton grand âge t1égare. On ne gagne rien à vivre trop longtemps. Va compter ces sornettes à ta bru ou à ta fille, si tu en as. J’ai assez de sagesse. N’attends rien de tes conseils : je ne changerai point. Pourquoi ne vient-elle pas elle-même ? pourquoi fuit-elie le combat ? —La voici ! » s’écrie la déesse ; et, à ces mots, dépouillant ses traits de vieille, Pallas se montre dans tout son éclat. Les Nympheset les femmes de Lydie se prosternent. Arachné seule n’est point émue. Elle éprouve néanmoins une impression de respect, et, malgré elle, ses joues se couvrent d’une soudaine rougeur qui s’évanouit à l’instant. Ainsile ciel s’empourpre au lever de l’aurore, et blanchit bientôt aux rayons du soleil. Arachnépersiste. Sa folle ambition l’entraîne à sa perte ; car la fille de Jupiter accepte le déli. Elle renonce aux conseils et commence la lutte. Au même instant, chacune à part étend ses iils déliés sur un Supplicevoceroga : veniamdabitillaroganti. » Aspieithauctorvis, inceplaqucfilarelinquil, Vixquemanumretiuens, confessaque vuihbusirum, SD Talibusobscuramreteculaest Palladadictis : « Mentisinops, longaquevenisconteclasenecla, Et ilimiumvixissediu nocel.Audialislas, Siqua tibi intrusest, si quaest libi filia, votes. t’oasiliisatisest in memihi.Neveraonendo 40 Profecisseputes : cademsenlenlianobis. Curnoa ipsavenit ? cur hoecccrlamiuavital. ; » Tumdea : « Venit. » ait ; formamqueremovitanilem, Pailadaqueexhibuit.YeneranlurnuminaKympliiu, Mygdonidesquc nurus.Solaest nonterritavirgo ; ii » Sedtamenerubuit, subilusqueinvitanolavit Orarubor, rursusqueevauuil, ut solctaer Purpureusfieri, quumprimumauroramovelur, Iît brèveposlLernpuscandescercsolisabortu. Perslalin inccplo, slolidoeque cupidhiepalniaj 50 Insua fatamil. NequeenimJovenatarécusât, iVecmonululUruis, necjam cerlaminadii’fert. Ilaudmora.consiatunldîversispailibusoinhiu, 204 MÉTAMORPHOSES. métier soutenu par deux traverses. Leurs agiles navettes courent à travers la toile que travaillent, leurs doigts, et dont le peigne resserre la trame. La robe repliée autour de leur sein, toutes deux s’empressent et font mouvoir leurs mains savantes : le désir de vaincre éloigne la fatigue. La laine teinte de la pourpre tyrienne forme le fond avecde légèresnuances. Tels, réfléchispar un nuage, les rayons du soleildécrivent dans le ciel un arc immense, brillant de mille couleurs variées. Maisle passage de Tune à l’autre est imperceptible : tant les nuances se rapprochent sans se confondre ! Toute la toile est parfiléed’or, et reproduit une ancienne histoire. Minerve brode la colline consacrée à Mars près de la ville de Cécrops, et le débat auquel donna lieu jadis le nom de la contrée. Les douze grands dieux, placés autour de Jupiter sur des sièges élevés, brillent dune majesté auguste. Les traits de chaque Immortel le font aisément reconnaître. Dans l’image de Jupiter, tout respire la grandeur royale. Debout, le roi des mers frappe de son redoutable trident un roc escarpé. De son flanc entrouvert il Et graciligeminasintenduntstaminételas. Telajugovinctaest ; stamensecernitarundo. oo Inseriturmédiumradiissubtemenacutîs, Quoddigiliexpediunt, atqueinler staminaductuin Percussoferiuntinsectïpectinedentés. Ulraquefestinant, cinctoeque ad peeloravestes, Bracbiadoctamovent, studiofallentelaborem. flD llîic et lyriumquoepurpurasensitahenum, Texitur, et tenuesparvidiscriminisumuroe, Qualisab imbresolctpercussussolibusarcus Inûcereingentïlongumcurvaminecoelum, In quodiversinileantquummillecolores. ii’o Transitasipsetamenspectantialuminafallit. Usqueadeoquodtangitidemest ! tamenultimadislanU lllicet lentumfilisimmittituraurum, Et vêtusin teladeduciturargumenlum. CecrcpiaPallasscopulumMavortisin arce 7(1 Pingit, et anliquamdeterne nomineliteni. Dissexcoelestes, mcdioJove, sedibusaltis Augustegravitatesedent.Suaquemquedeoruin Inscribitfaciès.Jovisest regalisimago. Staredeumpelagi, longoqueferiretridentc 7ri Asperataxafaut, medioquec vulneresaxi LIVRE VI. 205 fait jaillir un coursier pour placer la contrée sous sa protection. Pallas se représente avecun bouclier et une lance aiguë. Elle couvre son front d’un casque, et arme sa poitrine de l’égide. Elle peint la terre frappée de sa lancé, et produisant le pale olivier chargé de fruits. Les dieux sont dans l’admiration. La victoire de la déesse couronne son ouvrage. Cependant, pour que des exemples apprennent à sa rivale quel prix elle doit attendre de son incroyable audace, sur quatre points de son tissu elle trace quatre combats remarquables par la vivacité du coloris et l’exiguïté des figures. Dans un angle, c’est Ilémus et son épouse, Rbodope de Thrace, aujourd’hui montagnes couronnées de frimas, autrefois mortels orgueilleux, qui s’arrogèrent les noms des plus puissantes divinités. Dans un autre, c’est la triste destinée de la mère des Pvgniées. Junon la vainquit, el, après l’avoir changée en grue, elle lui ordonna de faire la guerre à ses sujets. Au troisième angle figure Ântigone, qui osa se mesurer avecl’épouse du grand Jupiter. _ La reine des dieux la métamorphosa en oiseau. La gloire d’Ilion, sa patrie, et de Laomédon, son père, ne put la sauver. Changée en cigogne éclatante de blancheur, elle s’applaudit encore avec E^siluisseferum, quopignorevindiceturbern. Atsibidatclypeum, dat aeutoecuspidishaslam ; Datgaleamcapiti ; defcnditura ? gidcpeclus. Percussamque sua simulâtde cuspideterrain 80 Proderecumbaccisfoetumcanentisolivoe, Mirariquedeos : operiVictoriafinis. Ul tamenexemplisintelligatoemula]audis, Quodpretium.speretpro lamfurialibusausis, Quattuorin partescertaminaqualluoraddit S.’i Claracoloresuo, brevibusdislinclasigillis. TbreiciamRhodopenbabctangulusunus, et lkeino : i, Nuncgelidosmontes, mortaliucorporaquomlum. Kominasummorumsibiqui tribuercdeorum. Altérapygmicaifatumraiserabilematris 00 Parshabel.HancJunovictamcerlaminejussit Essegruem, popuiisquesuisiiidicercbclluni. Pingitet Anligonen, ausamconteiiderequondam CummagniconsorteJovis.QuamregiaJuno Jn volucremvertit.NecprofuitIlionilli, C\’j l.aonicdonve paler, suniplisquin candidapcimis lp.a sibiplaudatcrépitanteticoniarostru. 12 206 MÉTAMORPHOSES. bruit. Cinyras, privé de sa famille, remplit le dernier coin du tissu. Il embrasse les marches du temple, formées des membres de ses filles, et, étendu sur la pierre, il semble verser des pleurs. Le pacifique olivier borde le tableau. Tel en est le plan. La déesse le termine par l’arbre qui lui est consacré. La jeune Méoniennepeint Europe trompée par l’image d’un taureau. Oncroirait que l’animal est vivant el la mer véritable. Laprincesseparaît tourner ses regards vers la terre qu’elle vient de quitter, appeler ses compagnes, craindre l’atteinte des flots qui rejaillissent vers elle, el retirer ses pieds timides. Arachné représente aussi Astérie dans les serres d’un aigle vainqueur, Léda reposant sous les ailes d’un cygne, Jupiter caché sous la forme d’un Satyre pour rendre mère de deux enfants la belle Anliope, ou sous celle d’Amphitryon, pour le séduire, Alcméne. Elle le peint changé en pluie d’or pour tromper Danaé ; en feu pour gagner la fille d’Asopus ; en berger pour triompher deMnémosyne, ou en serpent pour ravir Proserpine. Là, Neptune, sous les traits d’un taureau menaçant, tu presses de les flancs la jeune Éolienne ; tu deviens l’Énipée pour donner le jour aux Aloïdes, et bélier pour séduire la fille de BiQuisuperestsolusCyniranhabetaugulusorbuin. Isquegradustempli, natarummembrasuarum, Amplectens, saxoquejacens, lacrjmarevidelur. 10 ! ) Circuiteslremasoleispacalibusoras. Is modùsest, operiquesua facitarborefinenii Moeonis elusamdésignâtimaginetauri ËuropemVerumtaurum, frétaveraputares. Ipsavidebalurterrasspectarerelictas, lOli Et comitésclamaresuas, lactumquevereri Assilienlisaquce, timidasquereducereplantas. Pecitet Asterienaquilaluctanteteneri ; FecitolorinisLedamrecubaresub alis. Addidit, ul Salyricelatusimaginepulclirain no JupiterimpleritgeminoNycleidafoetu ; Amphitryonfuerit, quumte, Tirynthia, ccpit ; Aureusut Danaen ; Asopidaluseritigneus ; MnemosyneD pastor ; variusDeoidaserpens. Tequoquemutatumtorvo, Keplune, juvenco ilo Virgineiu oeoliaposuit.Tu visusEnipeus GignisAloidas : ariesBisaltidafallis : LIVRE VI. 207 saltus. Sous la figure d’un coursier tu fais sentir tes ardeurs à la bienfaisante mère des moissons, à la blonde Cérès ; sous la forme d’un oiseau, tu les fais partager à la mère du coursier ailé, à Méduse, dont la lêle est hérissée de vipères, et à Mélanthesous celle d’un dauphin. Arachnédonne à tous les personnages et à tous les lieux les traits qui leur appartiennent. Là on voit Apollon tour à tour sous un extérieur rustique, couvert du plumage d’un épervier, de la peau d’un lion ou du vêtement d’un berger pour séduire Issé, la fille de Macarée. Là Bacchus, sous la trompeuse image d’un raisin, abuse Erigonè ; et Saturne, sous celle d’un coursier, devient père du centaure Chiron. Autour du tissu flotte, comme une bordure déliée, un lierre flexible entrelacé de fleurs. Ni Pallas ni l’Envie ne pourraient rien blâmer dans cet ouvrage. Minerveen éprouve un dépit profond, et brise la toile où l’aiguille a réproduit les faiblesses des dieux. Sa main tient, encore la navette du mont Cytore. Elle en frappe trois ou quatre fois la tête de la fille d’Idmon. L’infortunée ne peut supporter cet outrage. Dansson’désespoir, elle se pend à un lacet pour s’étrangler. Pallas la voit, et, par compassion, adoucit son destin. « Vis, lui dit-elle ; mais, pour expier ton audace, tu resteras ainsi suspendue. Et le, ilavacomas, frugummilissimamater, Sensitequum ; te sensitavemcrinitacolubris Materequivolucris ; sensitdelphinaMelanlbo. 150 Omnibusbis faeiemquesuam, faciemquelocorum Reddidit.Est illicagrestisimaginePboebus ; Ulquemodoaccipitrispennas, modotergaIronie Cessent ; ut pastorMacareidaluseritIssen ; Liberut Erigonenfalsadeceperituva ; IIS lit SaturnusequogeminumChironacrearit. (Jllimapars lelfe, lenuicircumdalalimbo, Nexilibusfloreshederishabelinlertextos. NonilludPallas, nonilludcarpereLivor Possitopus.Doiuitsuccessuflavavirago, 130 Et rupitpictas, coelestiacrimina, vestes. Ulquecyloriacoradiumde montelenebat, Ter, qualer, idmonioefrontempercussitArachnes. Kontulit infelix, laqueoqueanimosaligavil Guttura.PendentemPallasmiseralalevavit, 155 Atqueila : « Vivequidcrn, pendetamen, improba, dixit. 208

MÉTAMORPHOSES
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La même peine (ne te fialte pas d’un meilleur avenir) est imposée à tes descendants jusqu’à la postérité la plus reculée. » A ces mots, elle s’éloigne en secouant une herbe arrosée de sucs magiques. Tout à coup les cheveux d’Araclmé tombent, atteints du fatal poison. Son nez et ses oreilles disparaissent, sa têle se rapetisse, tous ses membres se resserrent ; des doigts effilés s’attachent à ses flancs el lui servent de jambes. Le reste du corps forme son ventre, d’où elle lire les fils pour la toile que, sous le nom d’araignée, elle ourdit comme autrefois. XIOBÉ, TOURS’ÊTREPRÉFÉRÉE A LATONE, ESTCHANGÉE ENROCHER. 11. La Lydie entière frémit. Le bruit de cet événement se répandit dans les villes de la Phrygie, et la renommée en remplit l’univers. Niobé, avant son hymen, avait connu Arachné, lorsque, vierge encore, elle habitait la Méonieet le mont Sipyle. Mais, à ses yeux, c’était une fille vulgaire, et le châtiment qui lui avait été infligé ne l’engageait ni à céder aux dieux,."1 à modérer son langage. Tout alimentait sa fierlé, les talenls de son époux, sa noblesse jointe à celle de la famille d’Amphion, et la vaste Lexqueeadempoenso(ne sis securafuturi), Dictaluo generi, serisquenepolibusesto. Postea discedenssuccishecateidosherba ! Spargit ; el extemplotristimedicamine tacloe 140 Defluxere coma), cumquebis et naris, et auris ; Fitquecaputminimum, toloquein corporeparvaest ; In latereexilesdigilipro cruribushoerent. Caîteraventerbabet, de quotamenillaremillit Slamcn, cl antiquasexercetaraneatelas. 143 MODESELATOX.E PK£FEIÎTETIXSAXU5I OBIIURESCIT. II. I.ydiatotafronn’l, Pbrygîoeque per oppidafacti Rumorit, et magnumsermonibusoccupâtorbem. AntesuosKiobeIbalamoscognoveratillam, TumquumMoeoniam virgoSipylumquecolebal. Neclamenadmonitaest poenapopularisAraclmes 15(1 Ccderecoelilibus, verbisqueminoribusuti. Multadabantanimos.Sedenimnecconjugisart’s, Necgenusamborum, magniquepotenliaregni, LIVRE VI. 209 étendue de son empire. Néanmoins tous ces avantages ne lui inspiraient pas autant d’orgueil que ses enfants. Niobé aurait été la plus heureuse des mères, si elle avait moins cru à son bonheur. La fille de Tirésias, Manto, qui lisait dans l’avenir, avait, dans un transport divin, fait retentir la ville de ces paroles : « Thébaines, accourez en foule. Offrezà Latone et à ses deux enfants de l’encens et des prières. Couronnez-vous de laurier. Tel est l’ordre de Latone. » On obéit. Toutes les Thébaines parent leurs têtes de feuillage, et jettent dans le brasier sacré l’encens dont la fumée se mêle à leurs voix suppliantes. Cependant Niobé s’avance, entourée d’un cortège nombreux. L’or éclate sur ses riches broderies. Belle, malgré la colère, elle agite sa tête majestueuse. Ses cheveux flottent sur ses épaules. Elle s’arrête ; et, quand elle a fièrement promené autour d’elle un superbe regard : « Quelle folie, s’écrie-t-elle, de préférer les divinités qu’on vous annonce à celle que vous voyez ! Pourquoi ces autels consacrés à Latone, lorsque l’encens ne brûle pas encore en mon honneur ? J’ai pour père Tantale, qui seul s’est assis à la table des dieux, et pour mère la sœur des Pléiades ; j’ai pour Sicplacuereilli, quamvisea cunctaplacebant, Utsua progenies ; et felicissimamatrum 155 DictaforetNiobe, si nonsibivis.afuisset. NamsalaTiresia, venturiproescia, Manto Permédiasfuerat, divinoconcilamolu, Vaticinalavias : « Ismenides, ite fréquentes, EtdateLatonoe, Latonigenisque duobus, 160 Cumprecethurapia ; lauroqueinnectitecrinem. OremeoLatonajubet. » Paretur ; et omnes Tbebaidesjussissua lemporafrondibusornant, Thuraquedantsancliset verbaprecanliaflammis. EccevenitcomilumNiobeceleberrimaturba, 105 Vestibusintextopbrygiisspectabilisauro, Et quantumira sinit, formosa ; movensquedecoro Cumcapiteimmissosbumerumper utrumquecapillos Conslitit ; utqueoculoscircumtulitalla superbos : « Quisfuroraudilos, inquit, proeponere visis 170 Coelesles ? aut eur colilurLalonaper aras ? Numenadhuesineihuremeumest ? mihiTantalusauctor, CuilicuitsolïSuperorumtangeremensas ; 42. 210

MÉTAMORPHOSES
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aïeul maternel le puissant Allas, dont la tête supporté la voûte des cieux, et pour aïeul paternel Jupiler ; je me glorifie aussi de l’avoir pour beau-père. La Phrygie tremble sous mes lois ; je règne dans le palaisde Cadmus. Les murs élevés par la lyre d’Amphion, et le peuple qui les habite, nous reconnaissent pour maîtres, moi elmon époux. De quelque côté que se portent mes yeux, ma famillem’offre desressources immenses. Enfinma beauté est digne d’une déesse. Ajoutez à tant d’éclat sept filles, autant de fils dans la fleur de l’âge, et bientôt sept gendres et sept brus. Cherchezmaintenant la source de mon orgueil. Osezme préférer la fille de je ne sais quel Titan Céus, Latone, qui, pour accoucher, ne put trouver jadis un coin sur toute la terre. Le ciel, la terre et l’onde refusèrent un abri à votre déesse. Elle erra exiléedans l’univers, jusqu’au moment où, par pitié, Déloslui dit : « Nous « sommes étrangères, toi sur la terre, moi sur l’onde ; » et ellelui donna un flottant asile où Latone mit au jour deux enfants, à peine la septième partie de ceux qui me doivent la vie. Je suis heureuse : qui pourrait le nier ? je le serai toujours : qui oserait en douter ? Monbonheur repose sur l’abondance de mes biens. Pleiadumsororest genitrixmihi ; maximusAtlas Estavus, oetberiumqui fert cervicibusaxem ; 175 Jupiteraller avus ; soceroquoquegloriorillo. Megéniesmeluuntpbrygire ; meregiaCadmi Subdominaest ; (idibusquemeicommissamariti Moeniacumpopulisa mequeviroqueregunlur. In quameumque domusadverloluminaparlera, ISO Immensaïspectanluropes.Accediteodem Dignadeiefaciès.Ffucnatasadjiceseptem, Et totidemjuvenes, et moxgenerosque mirusque. Qualiténunc, habeatquamnoslrasuperbiacausam. NescioquoqueaudefesalamtitanidaCoeo lSo Latonampr.-eferremihi, cui maximaquondam Exicuamsedemparilurreterrancgavil. Neccrelo, nechumo, nec aquisdeavestrarecopiaest. Exsuleral mundi ; donecmiseralavagantem : c Pospilatu terriserras, ego, dixil, in undis ; » 11-0 Inslabilomque locumDelosdédit.Illaduobus Factaparens, uteriparsest ha ? cseptimanoslri. Suml’elix : quisenimnepelhoc ? felixquemanebo ; Hocquoquequi ? diibilel ? Tulammecopiafecil. LIVRE VI. 2H Je suis trop haut pour que l’adversité puisse m’atteindre. Elle aurait beau me ravir mie grande partie de ce que je possède, elle me laisserait beaucoup plus encore. Mes biens sont à l’abri de toute crainte. Supposezque, de ce peuple d’enfants, quelques-uns me soient enlevés ; celle perle ne saurait me réduire à deux comme Latone. Combien elle risque de les voir mourir ! Hâtez-vous d’abandonner ces autels, et quittez le laurier dont vous avez ceint, vos têtes. » Les Thébaines le déposent et laissent le sacrifice interrompu. Du moins, un dernier hommage’leur est permis : elles adorent Latone à demi-voix. La déesse indignée adresse ces paroles à ses deux enfants sur le haut du Cynlhe : « Eh quoi’.moi, voire mère, si fière de vous avoir donné le jour, moi, qui ne devais céder qu’à Junon, je me vois .disputer le titre de déesse ! Ces autels, que tous les siècles m’ont consacrés, vont m’êlre interdits, ô mes entants ! si vousne me prêtez voire appui. Encore n’est-ce point ma seule douleur. Acet horrible sacrilègela fille de Tantaleajoute l’insulte. Elle ose placer ses enfants au-dessus de vous ; elle ose prédire (puisse un tel malheur retomber sur sa tête ! ) que bientôtje serai sans enfants, et sa langue impie a renouvelé les blasphèmes de son père. » Latone allait Majorsum, quamcui possitfortunanoeere ; 195 Multaqueul eripiat, mullomibiplurarelinquet. Excesseremetummeajam bona.Fingitedemi Huicaliquidpopulonatorumpossemeorum ; Nontamenad numerumredigarspoliataduorum, Lalona ; turbaî.Qucequantumdistalab orba ? 203 Ite sacris, properalesacris, laurumquecapillis Ponitc. » Depoaunl, infectaquesacrarelinquunl, Quodquelicet, tacitovcneranturmurmurenumen. Indignaladea est, summoquein verticeCynthi, Talibusest dictisgeminacumproielocuta : 205 KEn egovestraparens, vobisanimosacreatis, Et, nisiJuïïoni, nullicessuradearum, Andeasim, dubilor ! perqueomniasoeculacullis Arceor, o nati, nisi vossuccurritis, aris. Necdolorhic solus : diroconviciafacto 210 Tanlalisadjeeit, vosqueest poslponerenatis Ausasuis ; el me (quodin ipsamreccidat ! )orbam Dixit, et exbibuitlinguamsceleralapateruam. » 21.2 MÉTAMORPHOSES. ajouter la prière : « Cessezvos plaintes, dit Phébus. Le châtiment se fait trop attendre. » Phébé tient le même langage. D’un vol rapide ils fendent l’air et descendent, enveloppés d’un nuage, dans la cité de Cadmus. Près des murs s’étendait au loin une large plaine sans cesse foulée par les chevaux. Le sol s’était ramolli sous leurs pas et sous les roues des chars. Une partie des sept fils d’Amphion s’élance sur de généreux coursiers, pressent leurs flancs couverts de housses de pourpre, et prennent en main les rênes garnies d’or. L’un d’eux, Ismène, l’aîné de tous, fait caracoler son cheval, et soumet au frein sa bouche écumante. Tout à coup il s’écrie : « Je suis mort ! » et il est frappé d’un trait au milieu de la poitrine. Sa main glacéelaisse échapper les renés, et il tombe sur le flanc en glissant peu à peu îe long de l’épaule droite de son cour-. sier. Près de lui, Sipyle a entendu l’air frémir du bruit d’une flèche. Il lâche la bride aussi promptement qu’à la vue d’un nuage pluvieux un pilote fuit et déploie toutes les voilespour recueillir jusqu’au moindrevent. Sipylea beau abandonner les rênes, AdjecturaprocèsoralhisLatonarelatis : « Desine, Phoebusait, poenoe moralonga, querelas. 215 DixitidemFhoebe, celeriqueper aéra lapsu Contigeranttecticadmeidanubibusarcem. ’ Planuserat, latequepatenspropemoeniacampus, Assiduispulsalusequis, ubi lurba rolarum, Duraqucmollierantsubjectasungulaglebas. 220 ParsibideseptemgenitisAmpbionefortes Conscenduntin equos, tvrioquerabentiafuco Tergapremunt, auroquegravesmoderanturhabf-nas. E quibusïsroenos, qui malrisareiaaquondam Primasua ? fuerat, dumcertumflectitin orbem ’2_."i Quadrupèdescursus, spumantiaqueora coercct : « Heïmihi ! » conclamat, mcdioquein.pecloreii\u^ Telagerit, frenisquemanumorieuteremissis, In latusa dexlropaulatimdelluitarmo. Proximus, auditosonituper inanepharelraï, 2~J0 lYenadabatSipylus, velutiquumprasciusimbrU IS’ubefugitvina, pendentiaqueundiquerector Carbasadeducit, ne qua leviseflluataura, Frenadabat.Dantemnonevitabiletclura LIVRE VI. 215 le trait inévitable le poursuit ; la flèche tremblante reste attachée à son cou, et la pointe sort par son gosier. Penché sur l’encolure de son cheval qu’emporte un rapide essor, il roule le long de la crinière, et rougit la terre de son sang. L’infortuné Phédimus et Tantale, héritier du nom de son aïeul, quittent la course pour se livrer à la lutte chérie de la jeunesse. Déjà ils entrelaçaient leurs bras et heurtaient leurs poitrines, lorsqu’un trait s’échappe de l’arc tendu, et les perce tous deux corps à corps.-Ils poussent ensemble un gémissement, se tordent de douleur, roulent à terre, ferment leurs yeux mourants et rendent ensemble le dernier soupir. A.cet aspect, Alphénon se déchire la poitrine, et vole pour recevoir dans ses bras leurs corps déjà glacés ; mais il succombeen remplissant ce pieux devoir. Le dieu de Délosl’atteint d’un trait mortel. Il retire le fer dont la pointe recourbée entraîne une partie du poumon, et perd la vie avec son sang. Le jeune Damasichthon reçoit plus d’une blessure. Atteint à l’endroit où commencent la jambe et le pli du jarret, tandis qu’il essaye d’arracher la flèche fatale, une autre Consequitur, summaquetremenscervicesagitla 255 Ha ? sit, et exstabatnudumde guttureferrum. Ille, ut erat promis, per collaadmissajubasque Yolvilur, et calidotelluremsanguinefoedat. Phaîdimusinfelis, et avitinominisboeres Tanlalus, ut solitofînemimposuerclabori, 240 Transierantad opusnîtida3juvénilepaloeslra, Et jam contulerantarctoluclantianexu Pectorapectoribus, quumtentoconcilacornu, Sicuterantjunctî, trajecitutrumquesagitta. ïngemueresimul, simulincurvatadolore 245 Membrasoloposuere, simulsupremajacenles t Luminaversarunt, animamsimulesbalarunt. AspicitÀlpbenor, laniataquepectoraplangens Advolal, ut gelidoscomplexibus allevetarlus, Inquepiocaditofficio ; namDeliusilli 250 Intimafatiferorumpïtprcecordîaferro. Quodsimuleduelum, parsest pulmonisin hamis Erula, esumqueanimacruorest effususin auras. AtnonintonsumsimplexDamasichtbona vulnus Adfîcit.Ictuserat, quacrusesseincipit, et qua 255 Mollianervosusfaeitinternodiapoples ; Dumquemanutentâttrabereesitiabiletelum, 211 MÉTAMORPHOSES. s’enfonce profondément dans sa gorge, et, repoussée par le sang qui jaillit, avec force, elle s’ouvre au loin un passage dans l’air. Le dernier filsd’Amphion, Ilionée, dont les prières devaient rester impuissantes, lève ses bras vers le ciel : « O dieux ! s’écrie-l-il (ignorant qu’il ne devaitpasles invoquertous), épargnez-moi ! » Le dieu à l’arc redoutable fut touché de sa prière ; mais le trait était déjà parti. Toutefoisla blessure qui lui ravit le jour fut peu douloureuse : la flèche n’était pas descendue bien avant dans son cœur. Le bruit de ces malheurs, l’affliction de tout un peuple et. les larmes de ses amis apprennent à Niobé quels maux l’ont si soudainement accablée. Elle s’étonne que les dieux aient pu les accomplir ; elle s’indigne qu’ils l’aient osé, et que leur empire s’étende si loin. Car Amphionlui-même, en se perçant le sein, avait en même temps mis fin à sa vie et à ses douleurs. Quant à Niobé, hélas ! combien elle était différente de cette Niobéqui naguère éloignait le peuple des autels de Latone, et portait fièrement ses pas au milieu de Thèbes ! Alors son bonheur faisait envie à ses amis. Maintenant, objet de pitié, même pour ses ennemis, elle se jette sur les restes glacés de ses fils, et les couvre indisAlteraperjugulumpennistenusactasagittaest. Expulithancsanguis, sequeejaculatusin alhim Emicat, et longeterebralaprosilitaura. 2GI) UllimusIlioneusnon profecturaprecando Brachiasuslulerat : « Diqueo ! » communileromnes Drxeral(ignarusnonomnesesserogandos), « Parcite1 » Motuserat, quumjamrevocabiletelum Konfuit, Arciteneus.Minimotamenocciditille 2B3 Vulnere, nonailepercussocordesagitta. Famamali, populiquedolor, lacrymoequo suorum Tarnsubitoematremcerlamfeecreruinai, Hiraqtempotuisse, irascenlcmque, quodausi HoccsscntSuperi, quodtantumjuris baberent. 270 KampaterAmpbion.fcrroper pectusadaclo, Finieralmoriensparitcrcumlucedolorem. Heu ! quantumhoecÎS’iobeKiobedistabatab illa, Qurcmodolatoispopulumsubmoveralaris, Et mcdiamtuleratgressusresupinaperurbem, 275 Invidiosasuis.Atnuncmiserandavelhosli, C.orpnribus gclidisincumbit, et ordinenullo LIVRE VI. 215 tinctement de ses derniers baisers. Elle s’en détache pour lever ses bras livides vers lé ciel : « Repais-loi de ma douleur, cruelle Latone, s’éerie-l-elle ; oui, repais-loi de ma douleur ; rassasie de mon deuil ton cœur féroce et tes entrailles barbares. Je meurs sept fois. Triomphe, mon ennemie ; enorgueillis-toide la victoire. Maisoù est donc cette victoire ? Dansmon infortune, je possède plus que toi dans ta prospérité. Même après tant de coups, je l’emporte encore sur toi. » Elle dit. La corde de l’arc résonne de nouveau. Tous, excepté Niobé, frissonnent d’effroi. Son audace grandit avecses malheurs. En habits funèbres et les cheveux épars, ses filles entouraient la couchede leurs frères. L’une d’elles lente de retirer le fer plongé dans sa poitrine. Aussitôt sa tête retombe sur son frère, et elle expire. Une autre veut consoler sa malheureuse mère. Elle perd soudainla voix. Son corps s’affaissepercé par une main invisible, et sa bouche se ferme en rendant le dernier soupir. Celle-cimeurt en cherchant vainement à fuir ; celle-là succombe dans les bras de sa sœur. L’une se cache, l’autre est saisie d’épouvante. Six avaient subi le trépas, atteintes de blessuresdifférentes. Uneseule Osculadispensainatossupremaperonmes, Aquibusad ccelumïiventiabracbiatendons : • : Pascere, crudelis, nostro, Latona, dolore, -M Pascere, ait, satiaquemeotuapectoraluclu, Corqueferumsalia, dixit.Perfuueraseptem Efferor.Exsulla, viclrixqueinimicaIriumpba. Curaulemvictrix ? Misera ? mibiplurasupersunl, Quamtibifeiiei.Posltoi quoquefuncraviuco. » 285 Dixerat.Insonuitcoulenlonervusab arcu, Qui, piraterÏNiobenunam, conterruitomnes. Illamaloest audax.Slabantcumvestibusatris Antetorosfralrumdemissocriuesorores. E quibusuna, trabensboerenliaviscèrelela, 230 Impositofralri moribundarclaoguitore ; Altéra, solarimiseramconalapareiltem, Conlicuitsubito, duplicataquevulnerec ; ecoest, Oraquecompressit, nisipostquamspiritusexil. Hoecfrustrafugienscollabitur ; ilia sorori 295 lnimcrilur : lalelliajc ; illamtrepidarevideres. Sexquedatislellio, diversaquevulnerapassis, 216

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survivait. Sa mère lui fait un rempart de son corps et la couvre de ses vêtements. « Laisse-moi cette fille,’s'écrie-l-elle, la seule qui me reste, la plus jeune de toutes ; d’un si grand nombre, je demande la plus jeune, la seule qui vit encore. » Tandis qu’elle prie, la tendre victime rend l’âme, et Niobé se voit seule au milieu de ses fils, de ses filles et de son époux moissonnés par la la mort. Tant d’infortunes l’ont rendue insensible. L’air n’agite plus ses cheveux, son teint est pâle, ses yeux sont fixes, ses traits mornes : rien ne vil plus en elle. Sa langue se glace dans son palais durci, et le mouvement cesse dans ses veines. Son cou ne peut plus se plier, ses bras faire aucun gésle, ni ses pieds marcher ; ses entrailles même se pétrifient. Elle pleure pourtant. Un violent tourbillon l’enveloppe et l’emporte dans sa pairie. Là, placée sur le sommet d’une montagne, elle est toujours humide, el des larmes baignent encore le marbre dont elle a pris la forme. MÉTAMORPHOSE DESPAYSANS LÏCIENSEXGRENOUILLES. III. Dès lors, hommes et femmes, tous redoutèrent le courroux d’une si puissante divinité, tous s’empressèrent d’honorer la Ulliniarestabal, quamlotocorporemater, Tolavestetegens : « Unam, minimamquerelinquc ; Demullisminimamposco, ciamavit, el unam. «  500 Dumquerogat, pro quarogat, occidit.Orbaresedit Examinesinlernatos, ualasque, virumque, Diriguilquemalis.riullosraovelaura cjpillos ; In vullucolorest sinesanguine ; luminamoe=lis Stautimmolagenis : niliilest in imaginevivi. 505 Ipsaquoqueiuleriuscumdurolinguapalato Congelât, cl vena : desisluntposscmoveri ; ftecflcclicervix, necbracbiaredderegestus, Necpesire potest ; intra quoqueviscerasaxumc ? t. Fiellamen, et validicircumdataturbinevenli 510 In patriatnraptaest, ubifixacacuniinemonlis Liquitur, et lacrymasetiamnumniarmoramanant, LVCllUUSIICIIXIUXASYKBSI. ] ! i. Tumverolaulimauifestymuuminisiram Fcminavirquelinienl, cultuqueimpeusiusoimios LIVRE VI. 217 grande déesse qui enfanta deux jumeaux ; et, comme d’ordinaire, cette aventure récente fit remonter aux anciennes. L’un des compagnons de Niobé s’exprima en ces termes : « Jadis les paysans de-la fertile Lycie ne méprisèrent pas non plus impunément Latone. Le prodige que je vais raconter, peu connu parce qu’il concerne des hommes vulgaires, n’est pas moins surprenant. J’ai vu moi-même le lac et les lieux qu’il a rendus célèbres. Appesanti par l’âge et incapable de supporter les fatigues de la roule, mon père m’avait prié de lui amener des bœufs de la Lycie, en me donnant un guide né dans cette contrée. Nous parcourions ensemble les pâturages, quand tout à coup nous vîmes au milieu du lac un autel antique, noirci par la fumée des sacrificeset entoure de roseaux tremblants. Mon guide s’arrêta, et, saisi d’effroi, il murmura ces paroles : Sois-nous propice. Je répélai à voix basse les mêmes paroles. Je lui demandai si cet autel était consacré aux Naïades, à un Faune ou à un dieu du pays. Il me répondit : a Cet « autel, mon jeune ami, n’appartient pas à une divinité des mon « tagues, mais à la déesse que la reine des dieux exila autrefois « de l’univers. A peine Délos, vaincue par ses prières, lui offrit-elle « un asile, lorsque, dans ses courses légères, cette île errait à Magnagerneiiipar.’e veneranturnuminadivoe ; 515 Otquefit. a factopropiorepriorarenarrant. E quibusunus ait : « Lycioequoqueferlilisagris Haudimpuncdeainveteresspreverecoloni. Uesobscuraquidemest ignobililatevirorum, Miratamen.Vidiproesensstagnumquelocumque 520 Prodigionotum.Kammejamgrandioraivo, Impaliensquevioegenitordeducerelectos Jusseratindeboves, gentisqueilîiuseunti Ipseducemdederat.Cumquodumpascualuslro, Eccelacusmedio, sacrorumnigrafavilla 525 Aravêtusstabat, tremuliscircumdalacannis. Reslitit, et pavido, Faveasmihi, murmuredixit Duxmeus ; et simili, Faveas, egomurmuredixi. .Naiadum, Faunineforettamenara rogabam, Indigeniene dei, quumtalia reddiditbospes : 53U ttiSonhac, o juvenis, monlanumnumenin ara est. « Illasuamvocathanc, cuiquondamregiaJuno « Orbeminlerdixit.Quamvix erraticaDelos EOranlemaccepit, tumquumlevisinsulanabal. 13 218

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« la surface des flots. Là, couchée entre un palmier et l’arbre de « Pallas, elle mit au jour deux jumeaux, en dépit de leur impla « cable marâtre. Devenue mère, elle s’éloigna de celte île pour « échapper à Junon, emportant sur son sein ses deux enfants, qui « sont rangés parmi les dieux. Parvenue aux confins de la Lycie « où naquit la Chimère, tandis que le soleil embrasait la terre de « ses feux, Latone, fatiguée d’une longue marche, se sentit dévo « rée d’une soif ardente au milieu d’un air enflammé, el ses en" fanls altérés avaient tari son sein. Elle aperçut par hasard un « petit lac au fond d’une vallée. Les paysans coupaient sur ses « bords l’osier, le jonc et l’algue amie des marais. La fille de Céus « approche, s’agenouille et se penche pour se désaltérer dans « l’onde fraîche. Les paysans l’en empêchent.. La déesse leur « adresse ces paroles : « Pourquoi m’interdire celle eau qui appartient à tout le « monde ? La nature n’a point voulu que le soleil, l’air et l’eau « fussent la propriété d’un seul. Chacun a le droit de puiser ici. « Cependantje vous demande ce droit comme une grâce. Je n’al « lais point me baigner pour me remettre de mes fatigues ; j’al « lais étancher ma soif. En vousparlant, ma bouche devient aride, « Illic, incumbeuscumPalladisarborepaîma ;, 555 « EdiditinvitageminosLatonanoverca. < ; HincquoqueJunonemfugissepuerperaferlur, « Inquesuoportassesinu, duonumiua, natos. « Jamquecbimajriferai, quumsol gravisureretarva. « Finibusin Lyciai, longodeafessalabore 540 « Sidereosiccalasilimcollegitab aislu, t Uberaquecbiberantavidilaclanlianati. « Fortelacummediociisaquoeprospexitin imis « Vailibus.Agrestesillicfrulicosalegebant « Yiminacumjuncis, gratamquepaludibusulvam. 545 « Accessit, posiloquegenuïilania terrain <rPrcssit, ut bauriretgeiidospoturaliquores. « .Ftusticaturbavêtant.Deasic affalavêtantes : c Quidprohibetisaquis ? Ususcommunisaquarum. « NecsolompropriumKalura, nec aéra fecit, 550 « Nectenuesundas.Adpublicamuneraverii. « Quoetamen, nt detis, supplexpeto : i\onegonbstros TAbluerehicartus, lassataquemembraparabam c Sedrelevaresitim.Caretos humoreloqvtentis, LIVRE VI. 210 « mon palais se dessèche, et ma voix peut à peine se frayer un « passage. Celte eau sera pour moi du nectar, et je proclamerai « que je vous dois la vie ; oui, vous me la donnerez en me per « mettant de boire. Laissez-vousfléchir par ces enfants suspendus « à mon sein, qui voustendent leurs petits bras » (ils les tendaient « en ce moment). Quelscœurs ces louchantes paroles de Latone « n’auraieut-elîes point attendris ? Cependant la foule, insensible « à sa prière, s’obstnie à l’empêcher de boire. On la menace, on « l’insulte, si elle ne s’éloigne. Bien plus, chacun trouble l’eau « de ses pieds et de ses mains, et bondit malignement de tous « côtés pour remuer la vase jusqu’au fond du lac. La colère sus « pend la soif. La fille de Céus ne descend plus à d’indignes « prières. Elle n’abaisse plus son langage au-dessous de celui « d’une déesse. Mais, levant ses mains au ciel : « Vivezà jamais « dans ce lac, » dit-elle. Ses vœuxsont accomplis. Ces hommes « grossiers s’y précipitent avec joie. Tantôt ils plongent sous les « eaux, tantôt ils montrent leur tête au-dessus de l’étang, ou « nagent à sa surface. Souventils se reposent sur la rive, souvent « ils s’élancent de nouveau dans l’onde. Leur langue s’aban « El fauce-sarent, vixqueestvia vocisin iiiis. 555 « Hauslusaqua ; mihinectarerit, vilamquefatebor s Accepissesimul ; vilamdederitisin unda. « Uiquoquevosmoveanl, qui Dostrobrachiatendunt « Parvasinu. (Etcasutendebanlbrachianali.) -iQuemnonmandadeoepotuisseolverbamovere ? 560 « Hitamenorantemperstautprohibere, îninasquc, « Niprœulabscedal, conviciaqueinsuperaddunt. <tNecsalishoc, ipsosetiampedibusqueman’uque « Turbaverelacus, imoquee gurgitemollem RUucilluclimumsaltumoverenialigno. 565 « Dislulitira sitim.Nequeenimjam filiaCtei c Supplicatindignis, necdiceresuslinetultra

  • Verbaminoradea ; toliensquead sidérapalmas,

e Sternumslagno, dixit, vivatisin islo. =Eveniuntoptaladeaa.Juvatissesubundas, 570 ’• Et modoIotacavasubmergeremerabrapalude, n Nuncproferrecaput ; summomodogurgitenare ; « Sa : pesuperripamstagniconsidère ; saîpe « •In gelidosresilirelacus ; et nunc quoqueturpes « Lilihusexercentlinguas ; pulsoquepudore, 37S donne encore à des propos grossiers, et, jusque sous les eaux, ils essayent de cyniques sarcasmes. Déjà leur voix devient rauque, leur gorge s’enfle, et leur bouche élargie vomit l’injure. La tête et les épaules se confondent, le cou disparaît ; le dos est vert, le ventre blanc, et forme la plus grande partie de leur corps. Métamorphosés en grenouilles, ils sautent dans le marais fangeux. »

MARSYAS CHANGÉ EN FLEUVE.

IV. « A peine mon guide, dont j’ignore le nom, eut-il achevé le récit de cet événement funeste aux paysans de la Lycie, qu’un autre rappela le châtiment infligé par le fils de Latone au Satyre vaincu dans le combat de la flûte due à Minerve. « Pourquoi m’écorchez-vous ? s’écriait-il. Ah ! déplorable témérité ! Ah ! fallait-il que la flûte me coûtât si cher ? » Tandis qu’il pousse ces cris, sa peau lui est arrachée : son corps n’est qu’une plaie ; le sang coule de toutes parts ; ses nerfs sont mis à nu. On peut voir à découvertle mouvement de ses veines, les battements de son cœur, et compter ses fibres dans sa poitrine. Les Faunes,


Quamvissint sub aquamalediceretenlanl.

  • Voxquoquejamraucaest, iuQaiaquecollatumcscuui,
  • Ipsaquedilatantpalulosconviciarictus.

<•Tergacaputlanguut ; collainterceptavidenlur ; « Spinaviret ; venter, parsmaximacorporisalhcl ; SSO t Limosoquenovtcsaliuntin gurgiterame. « 

HARSÏAS FIT F1BVIUS.

IV. <iSicubi nescioquislyciadegénievirorum •llellulitcxilium, Salyrireminiscituraller, QuemIritoniacaLalousarundineviclum Affecitpeeua. « Quidme rnihidetrabis ? inquiL. 585 « Abpiget ! ah nonest, clamabat, tibialanti1 » Glamauticutisest summosdereplaper arlus ; Necquidquamnisi vulnuserat ; cruorundiquemanal ; Delectiquc patentnervi ; trepidtequesineulla Pellemicaiitveuai ; salicntiaviscerapossis, 500 Et perlucenlesnumerarein peclorefibras. Illumruricoloe, silvarumîiuniina, Fauni, des champs et des forêts, les Satyres ses frères, Olympus, déjà célèbre, et les Nymphes, le pleurèrent, ainsi que ceux qui font paître sur ces montagnes les brebis et les bœufs. La terre fut baignée des larmes qu’elle reçut et qu’elle conserva dans ses fécondes entrailles. Après les avoir changées en eau, elle les ramena dans la région des airs, d’où elles retombèrent pour former le plus limpide fleuve de la Phrygie, le Marsyas, qui se rend à la mer par une pente rapide.

PHLOl’SPLEBKENIOBÉ. — LESDIEUXLUIDO.NXEXT UNEÉFAULIÎ D’IVOJKE. V. Après ce récit, on revint aux malheurs dont Thèbes avait été le théâtre ; on pleura Amphionmort avec ses enfants. La colère éclata contre Niobé. Pélopsseul, dit-on, déplora son sort. En déchirant ses vêtements jusqu’à la poitrine, il montra une épaule d’ivoire. A l’époque de sa naissance, celte épaule était de chair commela droite ; elle avait la même couleur. Bientôtaprès, ses membresfurent mis en lambeaux par son père ; mais on prétend que les dieux les réunirent de nouveau. Ils avaient été retrouvés, à l’exception d’un seul, dont l’absence laissa entre la gorge et le Et Salyrifratres, et tunequoqueelaru*Olympus, Et Nymphceflerunl, et quisquismontibusillis Lanigerosquegrègesarmentaquebucerapavit. 595 Ferlilisimmaduit, madefactaque terracaducas Concepitlacrymas, ac venisperbibitimis. Quasubi fecitaquam, vacuasemisitin auras ; Indepelensrapidumripisdeclivibusaiquor, Marsyanomenhabet, rhrygia ! liquidissimusamnis.s 400 MODESFLETPELOPS. — CUIDATUR HUMERUS EBURSEOS. V. Talibusextemploredit ad praisenliadictis Vulgus, et exstinclumcumslirpeAmpbionalugent. Materin invidiaesl ; tamenlianequoquediciturunus ITessePelops, humeroque.suasad pectorapostquam Deduxilvestes, eburostendissesinislro. 40t> Concolorhic humérus, nascendilempore, dextro, Corporeusque fuit. Manibusmoxcsesapaternis Membraferuntjunxissodeos, aliisquerepertis, Quilœusestjugulimédiussummiquelacerli 222 MÉTAMORPHOSES. bras un vide que remplit une pièce d’ivoire. Par re bienfait, Pélops recouvra tous ses membres. CHANGEMENT DETÉEÉEEXHUPPE, DE PHILOMÈLE ENKOSSIGKOL, DEPB.0CNÉ ENHIEOXDELLE. VI. Les princes voisins se réunissent, et les villes d’alentour supplient leurs rois de les secourir. C’étaient Argos, Sparte, Myeènes où devaient régner les Pélopides, Calydon, qui n’était pas alors en butte au terrible courroux de Diane, la fertile Orchomène, Corinthe, célèbre par son airain, la fière Messène, Patras, l’humble Cléones, Pylos où régna Nélée.Trézène, que ne gouvernail pas encore Pitthée, les villes renfermées dans l’isthme battu par deux mers, et celles que, du haut de cet isthme, on aperçoit au delà. Qui pourrait le croire ? Athènes resta seule impassible. La guerre l’empêcha de payer la dette de l’humanité. Des légions barbares avaient franchi les mers et porté l’épouvante dans les murs de Mopsus. Térée, roi de Thrace, accouru au secours d’Athènes, les avait mises en déroute, et s’était fait un grand nom par cette Defuit.Impositumest non eomparentisin usum 410 Partisebur ; factoquePelopsfuit integeriîlo. TEREUS IXUPUPAlî TRANSFORMATUR, PHILOSICLA INLIISC1SWH, PROCNE Ih"IllP.UNDIXEM. VI. Finitimiprocereseœunt, urbesquepropinqua ; Oraveresuosire ad solatiareges, Argosque, et Sparte, peîopeiadesque MyeenEe, Et nondumtorvaiCalydoninvisaDianoe, 415 Orchomenosque ferax, et nobilisoereCorynlhos, Messeneque ferox, Patrceque, humilesqueCleonai, Et neleaPylos, nequeadhucpiltheiaTroezen, Quaiqueurbesalia ; bimariclaudunturab istlimo, ExteriusquesiUebimarispectanlurab islhmo. 120 Crederequispossit ? soliecessatisAlhena ;. Obstititofficiohélium, subvectaqueponlo Barbaramopsopiosterrebantagminamuros. TreiciusTereushaccauxiliaribusarmis Fuderat, el clarumvincendonomenbabebat. 423 LIVRE VI. 225 victoire. Indépendamment de ses immenses richesses el de ses nombreux sujets, il descendait du dieu Mars. Aussi Pandion lui donna-t-il la main de Procné. Maisni l’Hymen, ni Junon, ni les Grâces, ne scellèrent cette union. Les Euménidesallumèrent leurs torches à un bûcher, et préparèrent leur couchenuptiale, au chevet de laquelle vint se reposer un sinistre hibou qui s’était abattu sous leur toit. C’est sous de tels auspicesque s’unirent les deux époux ; c’est sous.de tels auspices qu’ils donnèrent la vie à un enfant. La Thrace les entoura d’hommages el rendit grâces aux dieux. Elle voulut que le jour où Térée reçut la main de la fille de l’illustre Pandion, et celui où Itys vint au monde, fussent des jours de fête : tant l’avenir est enveloppéde nuages ! Déjàle soleil avait achevécinq foissa révolution, lorsque Procné, avec l’accent de la tendresse, dit à son époux : « Si j’ai quelque empire sur ton âme, permets-moi d’aller auprès de ma sœur, ou obtiens qu’elle vienne ici en t’engageant à la ramener en peu de temps à mon père, Si je te dois le bonheur de la voir, tu auras de grands droits à ma reconnaissance. » Térée fait lancer les vaisseaux à la mer ; il met à la voile, et, grâce à ses rameurs, il touche QuemsibiPandionopibusquevirisquepotentem, Et genusa magnoducentemforteGradivo, ConnubioProcnesjunxit.KonpronubaJuno, NonIlymenERUs adest, illi nonGratialecto. Euménideslenuerefacesde funereraptas ; 450 Euménidesstraverclorum ; tectoqueprofanus Incubuitbubo, thalamiquein culminesedit. MacavesuntjunctiProcnéTereusque ; parentes Iîaeavesuntfacti.Gratataest scilicetillis Thracia, disqueipsigratesegere, diemque, 45a Quaquedataest claroPandionenatatyranno, Quaqueerat orlusItys, feslamjusserevocari : Usqueadeolatetutilitas ! JamtemperaTitan Quinqueperautumnosrepelitiduxeratanni, QuumblanditaviroProcné : « Sigratia, dixit, 440 Ullameaest, velnievisendaimillesorori, Velsororhueveniat.RediLuram temporeparvo Promittessocero.Magnimihinuminisinstar Germanam vidissedabis. » Jubetilleearinas In frétadeduci ; veloque, et rémigeporlus 445 224

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aux ports d’Athènes et entre dans le Pirée. Arrivé chez son beaupère, il lui serre la main, et l’entretien commencesous d’heureux auspices. D’abord Térée fait connaître le motif de son voyage et le désir de son épouse. Il s’engage à ramener promplemenf Philomêle de la Thrace. Dans ce moment, elle paraît, riche de brillants atours, plus riche encore de sa beauté, telles que les Naïades et les Dryadesse montrent, dit-on, au milieu des forêts, sans avoir toutefois une aussi magnifique parure. A la vue de la jeune princesse, Térée brûle comme une moisson mûre qu’on incendie, ou comme des feuilles et du foin sec dont on approche le feu. Auxcharmes qui l’attirent se joint l’aiguillon de l’amour : tant le cœur de Térée est prompt à s’enflammer ! Il est entraîné à la fois par la passion el par l’ardeur du sang. Il cherche à corrompre les vigilantes compagnesde Philomèle el sa fidèle nourrice ; il essayede la séduire elle-mêmepar de riches présents, et lui offre son royaume. 11l’enlèvera, et, après l’avoir ravie, il soutiendra une guerre terrible pour la garder. Il n’est rien que n’ose son amour effréné ; sa flamme ne peut plus se renfermer au fond de son cœur. Déjàtout délail’importune ; il reCccropiosinlrat ; l’imaquelittora langit. Ul primuinsoceridatacopia, dexleradexlnc Jungitur, et fauslocommitlituronlinesermo. Coeperat, advântuscausam, mandatareferre Cunjugis, et celeresmisssespondererecursus. 450 EccevenitmagnodivesPhiiomelaparatu, Divitiorforma, qualesaudiresolemus Kaidaset Dryadasmediisincederesilvis, Simododesilliscultussimilesqueparatus. KonsecusexarsitconspectavirgineTereus, 455 Quamsi quiscanisignemsupponataristis, Autfrondem.’positasque cremetfoenilihusherbas. Dignaquidernfaciès ; sedet huneinnalalibido Eistimulat, pronumquegenusregionibusillis In Veneremest : flagratvitiogentisquesuoque. 400 Impetusestilli, comilumcorrumperecuram, Kutricisquefidem ; neenoningenlibusipsam Sollicitaredatis ; tolumqueimpendereregnum, Autrapere, et scevoraplamdefenderebello ; Et nihilest, quodnoneffrenoxaptusamore 4G5 Ausil ; neccapiuntinclusaspectoraûammas. Jamquemorasmaiefert, cupidoquereverliturore LIVRE VI. 225 vient avec ardeur aux désirs de Procné ; et, sous leur voile, ce sont les siens qu’il exprime. L’amour le rend éloquent. Ses instances sont-ellestrop vives, c’est Procné qui l’exige. Il emploie même les pleurs, comme si elle les avait commandés. Dieux ! quel abîme de ténèbres que le cœur humain ! Les effortsde Térée pour exécuter son crime prennent l’apparence du dévouement : il se glorifie de son forfait.Que dis-je ? Philomèleelle-même s’associeà ses désirs ! Deses bras caressants elle presse les épaules de son père ; elle demande en même temps, pour et contre ses intérêts, qu’il lui soit permis de se rendre auprès de sa sœur. Térée la contemple el l’enveloppede ses regards. Les baisers qu’elle donne à son père, ses bras qu’elle enlace à son cou, tout est pour Térée un aiguillon et un feu qui alimente sa fureur. Toutes ses étreintes filiales lui font souhaiter d’élre son père : ce titre n’éteindrait pas une incestueuseflamme. Pandioncède aux prières de ses filles. Philomèle s’abandonne à la joie et rend grâces à son père. Infortunée ! elle voit le bonheur, pour sa sœur et pour elle, dans ce’qui doit être pour l’une et l’autre un sujet de deuil ! Phébus n’avait plus qu’un étroit espace à parcourir. Déjà sec coursiers frappaient de leurs pieds la région du couchant. Un MandataadProcnes, et agitsua votasubillis. Facundumfaciebatarnor ; quoliesquerogabat Ulteriusjuslo, Procnenita velleferebat. 470 Addiditet lacrymas, tanquammandassetet illas. ProSuperi ! quantummorlaliapectoracaica ; NoctishabentîIpsoscelerismolimineTereus Credituressepius, laudemquea criminesumit. Quid, quodidemPhilomelacupil ? patriosquelacerlîs 475 Blandatenenshumeros, ut eat visura.sororem, Perquesuam, contraquesuam, petitusquesalulem. SpectateamTereus, prieeontreclalque videndo ; Osculaque, el collocircumdalabrachiacernens, Omniapro stimulis, facibusque, ciboquefuroris 480 Accipit ; et quotiesampleclilurillaparenlem, Esseparensveiiet : nequeenimminusimpiusess t. Vinciturambarunigenitorprece.Gaudet, agilque Illapalrisgrates, et successisseduahus Id pulat infelis, quodcrit lugubreduabus. 485 JamlaborexiguusPboeborestabat, equique PulsabantpedibusspatiumdeclivisOiympi. 226

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banquet est servi avecune pomperoyale, et le vin esl versé dans des coupesd’or. Puis chacun va goûter les douceurs du sommeil. Le roi de Thrace, quoique séparé de sa belle-sœur, brûle d’amour pour elle. 11 se rappelle ses traits, son port, ses gestes. Quant aux charmes secrets, son imagination seconde ses désirs. Il attise lui-même ses feux, et sa passion lui ôte le sommeil.Le jour brille. Pandion saisit la main de son gendre prêt à partir, et lui recommande sa compagneen versant des larmes. « Je te la confie, ô mon gendre bien-aimé ! un pieux motif m’y oblige.Mes deux filles l’ont voulu ; lu l’as voulu toi-même. Au nom de la bonne, foi el de l’amitié, au nom des dieux mêmes, je t’en conjure, veille sur elle avec l’amour d’un père. Hâte-toi de me rendre l’appui et la consolation de ma vieillesse. Tout délai sera trop long pour moi. Et toi, Philomèle (c’est assez que la sœur vive loin de nous), si tu as quelque tendresse pour Ion père, presse ton retour. » Aces mots, il couvre sa fille de baisers, et de douces larmes coulentde ses yeux. Il prend la main de Térée et celle de sa fille, comme un gage de foi, et les serre dans la sienne. Il les charge de porter de tendres baisers à Procné et à Itys, qui vivent Regalesepulcemeusiset Bacchusin auro Ponitur.Hincplacidodantursua corporasomno. Atrexodrysius, quamvissecessil, in illa 400 jEstuat ; et repelensfaciem, motusque, manusque, Qualiavultfingit, quoenondumvidit, et ignés Ipsesuosnutrit, curaremovenlesoporcm. Luxerat, et, generidextramcomplexuseuntis, Pandioncomilemlacrymiscommendat obortis : 495 « Uancego, caregêner, quonianipiacausacoegif, Etvoluereambaivoluislilu quoque, Tereu, Dotibi.Perquefidem, coguataquepectorasupplex.. PerSuperosoro, patriotuearisamore ; Et mihisollicitailenimendulcesenecla ; 500 Quamprimum (omniscrit nobismoralonga), remiltas. Tu quoquequamprimum, salisest prœulessesororem, Sipietasullaest, ad me, Pbilomela, redito. » Mandabat, pariterqueSUEC déditosculanaloe, ’ Etlacrymalmitesintermandatacadebant. 505 Utquefidepignusdextrasutriusquepoposcit, Inlersequedatasjunxit ; natamquenepotemque Absentes, memoriprosejubetoresnlutent ; LIVRE VI. 227 loin de lui. A peine leur a-t-il dit adieu d’une voix entrecoupée de sanglots,.que déjà la crainte fait naître de tristes pressentiments dans son âme. Cependant Philomèle est montée sur le vaisseau peint de riches couleurs ; la rame fend les flots, et la terre s’éloigne. « Je triomphe, s’écrie Térée, j’emporte avec moi l’objet de mes vœux ! » Le barbare, tressaille de joie et ne peut contenir ses transports. Son regard ne se détourne pas un rnoment.de sa victime. Ainsi, quand l’oiseau de Jupiter emporte un lièvre dans ses serres recourbées et le dépose dans son aire, sa proie ne saurait fuir, et le ravisseur aime à la contempler. Déjàle voyage est achevé, déjà les matelots fatigués quittent leurs vaisseaux et s’élancent sur leur rivage. Térée entraîne la fillede Pandion dans un gîte cachéau milieu d’une antique et sombre forêt. Là il l’enferme, pâle, tremblante, livrée à mille craintes, fondant en larmes et demandant où est sa sœur. Il lui dévoile alors ses infâmes désirs, et triomphe, par la violence, d’une vierge commise seule à sa garde, et dont la faible voix ne cesse d’implorer en vain son père, sa sœur, et surtout les dieux. Philomèle est saisie d’effroi. Telle une brebis timide, Supremumque vale, plenosingultibusore, Visdixit, timuitquesuaiproesagiamentis. 510 UtsemelimpositaestpieUePbilomelacarinoe, Admotumque frelumremis, tellusquerepuisa : « Vicimus, exclamât ; mecummeavolaferuntur ! » Essultalqueanimo, vixel sua gaudiadiffert Barbarus, et nusquamlumendelorquetabilla. 5ÎS Nonaliter, quamquumpedibusproedalorobuncis DeposuitnidoleporemJovisaiesin alto, Nullafugaest capto ; spécialsua proemiaraptor. Jamqueitcr effecluin, jamquein sua litlorafessis Puppibusexieranl, quumrex Pandionenalam 520 lnslabulaallatrahit, silvisobscuravetustis ; Atqueihi pallentem, Irepidamque, et cunctalimentem, Etjam cumlacrymis, ubisit germana, roganlem, Includit ; fassusquenefas, et virginem, et unam Visuperat, frustraclamatosoepeparente, 525 Srepesororesua, magnissuperomniadivis. IllaIremil, velntagnapavens, quresaucia.cani 228

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après s’être dérobée aux morsures d’un loup dévorant, ne se croit pas à l’abri du danger ; telle une colombe dont les plumes ont été rougies de son sang tremble encore et redoute les serres cruelles dont elle a senti l’étreinte. Enfin, revenue à elle-même, Philomèle arrache ses cheveux épars, meurtrit ses bras, et, dans son désespoir, les mains levées au ciel : « Monstre de cruauté et de barbarie ! s’écrie-t-elle ; quoi ! ni les ordres de mon père, ni ses pieuses larmes, ni le souvenir d’une sœur, ni ma virginité, ni les droits de l’hymen, rien n’a pu l’émouvoir ! Tu as tout profané. Je suis la rivale de Procné, el Térée’est l’époux de deux sœurs ! Ah ! je ne méritais pas cet excès d’infamie ! Que ne m’ôtes-lu la vie, perfide, pour combler la mesure du crime ? Ah ! que ne me l’as-lu ôtée avant un horrible inceste ? je serais descendue pure dans le séjour des ombres ! Si pourtant de tels attentats n’échappent point aux regards des dieux, s’ils ont quelque puissance, si tout n’a point péri avecmoi, un jour je serai vengée ! Moi-mêmeje braverai la honte pour publier ton forfait. Si je le puis, j’irai le raconter à l’univers. Si je suis renfermée dans les bois, je ferai retentir de mes plaintes les forêts el les rochers témoins de mon malheur. Que les dieux m’exaucent, Oreexcussalupi, nondumsibituta videlur ; Utquecolumba, suomadefaclissanguineplumis, Jlorreladbuc, avidosquetimelquibusbaseraiungnes. 550 Moxubi mensrediit, passoslaniatacapillos, Lugentisimilis,’ coesispiangorelacerlis, Intendenspalmas : « Prodiris, barbare, factis, Pro crudelis ! ait ; nec te mandataparenlis Cumlacrymismoverepiis, neccura sororis, 555 Necmeavirginifas, necconjugialiajura ? Oninjaturhasti : pellexegofactasororis, Tu geminusconjux.Nonhîecmihidébitapâma. Quinanimamliane, ne quodfacinustibi, perfide, reslet, Eripis ? atqueùlinarafecissesantenefandos 540 i Concubitus ! vacuashabuisseinciïministimbras. Si tamenloecSupericernunt, si numinadivum Suntaliquid, si nonperieruntomniamecum, Quandocumque mihipoenasdabis.Ipsa, pudore Projecto, tua factaloquar.Si copiadelur, 545 In populosveniam.Si silvisclausatenebor, lmplebosilvaset consciasaxaquerelis. LIVRE VI. 229 s’il en est au ciel qui entendent ma voix ! » Ces menaces excitent dans l’âme du tyran féroce un courroux et un effroi qui l’égarent. II tire du fourreau le glaive suspendu à sa ceinture, saisit Philomèle par les cheveux et lut enchaîne les mains sur le dos. L’infortunée lui présente la gorge. A la vue de l’épée, elle avait espéré la mort. Mais, tandis que, transportée d’indignation, elle répète incessamment le nom de son père et fait un dernier effort pour parler, Térée lui serre la langue avec des pinces el la coupe jusqu’à sa "racine. La langue tombe, et, sur la terre qu’elle rougit de sang, elle palpite et murmure. Ainsi la queue d’un serpent mutilé s’agite et cherche, en mourant, à se rejoindre au resle du corps. Après cet attentat, on dit que Térée (je ne puis le croire) flétrit encore plus d’une fois sa victime de ses embrassemenls. Souillé de tels forfaits, il ose paraître devant Procné. Celle-ci, en voyant son époux, demande sa sœur. Térée pousse des gémissements simulés, et annonce faussement la mort de Philomèle. Ses larmes confirment son récit. Procné arrache de ses épaules ses vêtements brillants d’or. Elle prend le deuil, élève un cénotaphe, et offre des— présents funèbres à celle qu’elle croit Audiathoecoetlier, el sideusullusin illoest ! » Talibusira feripostquamcommotatyranni, Necrninorbacmêlasest.Causastimulâtesulraque, 550 Quofuit accinctus, vaginalibérâtensem, Ârreplamquecoma, flexisposttergalacertis, Vinclapâli cogit.JugulumPbilomelaparabat, Spemquesucemortisvisoconceperatense. Illeindîgnanti, et nomenpatrisusquevocanli, 555 LuclantiqueIoqui, compressantforcipelinguam Ahstulilensefero.Radixmicatultiraalingupo, Ipsajacet, terraïqueIremensimmurmuratatrpo ; Ulquesaliresoletmutilalaecaudacolubroe, Palpitât, et moriensdominaivesiigiaquoeril. 500 Hocquoquepostfacinus(vixausimcredere.)fertur ScCpesua lacerumrepetisselibidinecorpus. SustinetbacProcnenposttalia factareverti. Conjugequoevisogermanamquaerit.Atille Datgemilusficlos, commentaquefuneranarrai ; 505 Et lacrymalfecerefidem.VclaminaProcné Deripitex humeris, auro fulgentialato, lnduilurquealrasvestes, et inane sepùlcrum 250

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descendue chez les morts. Elle pleure, mais ce ne sont point des’ larmes qu’exigent les deslins de sa sœur. Le soleil avait traversé les douze signes. Que peut Philomèle ? Desgardes s’opposent à sa fuite, et des rochers forment les murs de sa prison. Sa bouche muette ne saurait révéler son infortune. Biaisla douleur est inventive, et le malheur enfante le génie. Suivantl’usage de celle contrée, elle dispose sur une toile des fils rouges et des fils blancs pour dénoncer le crime de Térée. Dèsque l’ouvrage est achevé, elle le donne à une des femmes de sa sœur, et l’invite par un geste à l’apporter à sa maîtresse. Celle-ciexécute ses ordres, sans deviner le mystère. L’épouse du cruel tyran déroule le tissu, et apprend la déplorable aventure de sa sœur. Surprise d’un attentai aussi abominable, elle garde le silence. La douleur étouffe sa voix. Quellesparoles pourraient, suffire à son indignation ? Sans répandre d’inutiles larmes, elle s’élance, prête à tout, et ne respire que la vengeance. C’était l’époque où les femmes de la Thrace célébraient les orgies. La nuit préside à ces fêtes. Le Rhodope retentit, alors des Conslituit, falsisquepiaculamanibusinfert, Et lugel, non siclugendoefatasororis. 570 Signadeusbis sexacloluslraveratanno. QuidfaciatPhilomela ? fugamcuslodiaclaudit : Structarigentsolidoslabulorummoeniasaxo. Osmutumfacticaretindice.Grandedolori Ingeniumest, miserisquevenitsolertiarébus. 575 Staminabarbaricasuspenditcallidalela, Purpureasquenotasfilisintexuitalbis, Indiciumsceieris ; perfectaquetradidituni, Ulqueferat dominaigeslurogat.Illarogala Pertulitad Procnen ; necseit, quidtradatin illis. 5S0 Evolvitvestessaivimalronatyranni, Gerraanaeque sucecarmenmiserabilelegit, Et (mirumpoluisse), silet : dolororarepressit. Verbaquequcerentisalisindignanlialingucc Defuerunt ; nec ûere vacat ; sedfasquenefasque 585 Confusuraruit, poenoeque in imaginetotaest. Tempuserat, quosacrasoienttrietericaBacchi Sithonioecplebrarenurus.Noxconsciasacris ; NoctesonatRhodopetinnitibusairisacufi ; LIVRE VI. • 251 sons aigus de l’airain. La reine sort de son palais au milieu des ténèbres. Avec l’ajustement prescrit pour ces fêtes, elle a pris le costume des Bacchantes. Son front est couronné de pampres ; la peau d’un cerf pend à son côté gauche ; un thyrse léger repose sur son épaule. Suivie d’un nombreux cortège dans les bois qu’elle parcourt, la terrible Procné, en proie à tous les transports de la douleur, imite les prêtresses de Bacchus. Elle arrive près de la demeure secrète où Philomèle est retenue, pousse des hurlements, crie Évoé, brise les portes, enlève sa sœur, la revêt des insignes de Bacchus, cache ses traits sous le lierre, et l’entraîne, hors d’elle-même, dans son palais. A peine la malheureuse Philomèle a-t-elle touché le seuil sacrilège, elle frémit d’épouvante, et son visage se couvre de pâleur. Procné la mène dans un réduit isolé, lui ôte les vêtements destinés aux orgies, et découvre son front qui rougit de honte. Elle la presse dans ses bras ; mais Philomèle n’ose lever les yeux devant une sœur dont elle se croit la rivale. Les regards attachés à la terre, elle voudrait jurer, en invoquant les dieux, que la violence a seule imprimé une tache à son honneur. Le geste remplace la voix. Noetesua est egressadomoregina ; deique 590 Ritibusinslniitur, furialiaqueaccipilarma. Vitecaput tegitur ; latericervinasinistre Yelieradépendent ; humeroIevisincubâtbasta. Concitapersîlvas, turbacomilanlesuarum, TerribilisProcné, furiisqueagitatadoloris, 505 Baeche, tuas simulai.Venitad slabulaaviatandem, Exululatque, Evoequesonat, portasquerefringit, Germanamque rapit, rapuequeinsigniaBacchi Induit, el vultushederarumfrondibusabdil, AttonitamqueIrahensiutrasua liminaducit. GUO Ut sensitletigissedomumPhilomelanefandam, Horruitinfelix, totoqueexpalluitore. NaclalœumProcné, sacrorumpignoradémit, Oraquedevelatmisera ; pudihundasorori ; Amplexuque petit.Sednonatlollerecontra 005 Sustinetbtecoculos, pellexsibi visasororis. Dejectoquein humumvuitu, jurare volenti, Testariquedeos, pervimsibidedecusillud illatum, pro vocemanusfuit. Ardet, et iram 252 •

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Procne, enflammée de colère, et ne pouvant plus se contenir, arrête les pleurs de Philomèle : « Ce ne sont point des larmes qui doivent nous venger, dit-elle, mais le fer, ou tout autre moyen plus terrible encore. Je suis résolue à tout entreprendre, ma sœur. Ou je mettrai le feu à ce palais, et je précipiterai le perfide Térée au milieu des flammes, ou je ferai tomber sous le fer sa langue, ses yeux et les membres qui t’ont ravi l’honneur ; -ou bien, par mille blessures je lui arracherai son âme criminelle. Je suis prête à frapper, un grand coup ; mais je ne sais comment assouvir ma vengeance. » Tandis qu’elle exhale sa fureur, Ilys accourt près de sa mère. Cet enfant lui indique ce qu’elle peut oser. Elle lui lance un regard farouche : « Ah ! dit-elle, quelle ressemblanceavec ton père 1 » Sans en dire davantage, elle se prépare à un crime exécrable, et concentre sa colère au fond de son cœur. Cependantl’enfant s’approche, salue sa mère, jette autour de son cou ses petits bras, et mêle des baisers à ses naïves caresses. Procne s’attendrit ; son courroux est suspendu. Malgréelle, des larmes mouillent ses yeux. Elle sent chanceler son cœur de mère. Alors, contemplant tour NoncapitipsasuamProcne, flelumquesororis. 010 Corripiens : « Konest lacrymishic, inquit, agendum, Sedferro, sedsi quidhabes, quodvincerefcrrum Possit.In omaencfasegome, germana, paravi, Autego, quumfacibusregaliatectacremaro, ArtificemmediisimmillamTcreaflammis ; G13 Autlinguam, aut oculos, aut quoetibimerabrapudorem Abslulerunt.ferrorapiam ; aut per ruinera-mille Sdntëmânirhonïexpellam.Magnumqûodcumquëparavi. Quidsit adbucdubito. » PeragitdumlaliaProcne, AdmatremveniebalIlys.Quidpossitabillo -C2 ! ) Admonitaest ; oculisquetuensimmitibus : « Abï quam Essimilispatri ! a dixit. Kecplura locula, 1Tristeparât facinus, lacitaqueexajstuatira. Uttamenaccessitnalus, matriquesalulem Âttulit, et parvisadduxitcollalacerlis, 6-23 Mixtaqueb’andiliispueriiibusosculajunxit, Jlotaquidemestgenitrix, infraclaqucconslilitira, Invitiqueoculilacrymismaduerecoactis. Sedsimulex nimiamalrcmpielalelabare LIVRE VI. 233 à tour son fils et sa sœur. « Pourquoi, dit-elle, l’un m’adresse-l-il de douces paroles, tandis que l’autre resle muette ? Si l’un me nomme sa mère, pourquoi l’autre ne me nomme-t-elle pas sa sœur ? Vois quel homme a reçu la main, fille de Pandion. Tu dégénères : la pitié pour un époux tel que.Térée est un crime. » Au même instant, elle enlève Ilys, comme, sur les bords du Gange, un ligre emporte un jeune faon dans l’épaisseur des bois. Dès que Procne est arrivée au fond du palais, l’enfant lui tend les bras, et, prévoyantson malheur, il s’écrie, en se jetant à son cou : Ma mère ! ma merci Procne, sans détourner les yeux, lui plonge un poignard dans le sein. Un seul coup suffisaitpour lui donner la mort ; mais Philomèle le frappe aussi à la gorge. Son corps palpitant conservait encore un souffle de vie. Elles le mettent en lambeaux, en font bouillir une partie dans des vases d’airain, et placent le reste sur des charbons ardents. Le palais ruisselle de sang. Procne cache son crime à Térée et lui fait servir ce mets. Feignant un banquet où, suivant l’usage d’Athènes, son époux seul peut assister, elle ordonne au cortège du roi et à ses esclaves Scnsit, ab hocitemmest ad vultusversasororis ; 650 Inquevicenispectansambos : « Cur admovet, inquil, Alterblanditias, raptasiietaltéralingua ? Quamvocathic matrem, cur non vocatillasororem ? Cuisis nuplavide, Pandionenata marito. Dégénéras

: scelusestpietasin conjugeTereo. » 

G5J Necmora, traxitItyn, velutigangeticaeervaï Lactentemfoetumpersilvastigrisopacas. Utquedomussitaepartemtenuereremotam, Tendentemque manus, et jam sua fatavidcntem, Et Jf/ff/er, maltrl clamantem, et collapetenlem, 0-tO EnseferitProcne, lateriquapectusadhaîret, Néevultumavertit.Satisilli ad fatavelunum Vulnuserat ; jugulumferroPbiiomëlaresolvif. Vivaqueadhuc, anima : quealiquidretinentiamemlira Diîaniant.Parsindecavisexsultatahenis, G43 Parsverubusstridet.Manantpenetraliatabo. ïlis adhibetconjusïgnarumTereamensis, Et palriimorissacrummentila, quoduni Kassit adiréviro, comitésfamulosqueremovil. 231 MÉTAMORPHOSES, de se retirer. Térée, assis sur le trône de ses aïeux, se repail de son sang et engloutit dans son sein ses propres entrailles. « Amenez-moi Itys, » dit-il : tant il est plongé dans les ténèbres ! Procne ne peut dissimuler sa cruelle joie. Impatiente de lui apprendre son malheur : « Celui que tu demandes est avec loi, » répond-elle. Térée promène ses regards autour de lui et cherche son fils. Tandis qu’il le cherche et l’appelle sans cesse, Philomèle, les cheveux épars et ivre de sang, s’avance et jette la tête sanglante d’Itys à la tête de son père. Jamais elle ne désira plus vivement qu’alors de pouvoir parler pour exprimer son allégresse. Le roi de Thrace repousse le banquet avec des cris affreux, et du fond des enfers il évoque les implacables Furies. Tanlôl il voudrait retirer de ses flancs entr’ouverts les membres de son fils qui lui ont servi d’horrible aliment ; tantôt il pleure et s’appelle le malheureux tombeau de son fils ; tantôt, l’épée à la main, il poursuit, les fillesde Pandion. Oneût dit que, portées sur des ailes, elles se balançaient dans les airs : elles volaient en effet. L’une se réfugie dans les bocages ; l’autre voltige sous nos toits. Les traces de ce meurtre ne sont pas encore effacées sur leur sein : leur plumage est empreint de sang. Térée, indesedenssolioTereussublimisavito GbO Yescitur, inquesuamsua visceracongeritalvum. Tantaquenoxanimiest : « Uynhue arcessile, » dixit. DissimularenequitcrudeliagaudiaProcne ; Jamquesua : cupiensexsisterenuntiacladis : « Intusbabes, quodposcis, » ait. Circumspiciliile, G.H3 Aiqucubisit quoeril ; qurerenli, iterumquevocanti, •Sicuteratsparsisfurialicoedecapillis, Prosiliit, ItyosquecaputPhilomelacruenlum Misitin ora patri ; nec leniporemaluitulio Posseloqui, et meritistestarigaudiadictis. 660 Thraciusingenlimensasclamorerepellit, Yipereasquecietstygiade vallesorores ; Et modo, si possit, reseratopectorediras Egerereindedapes, demersaquevisceragestil ; Fletmodo, sequevocatbustummiserabilenali ; GG5 KuncsequiturnudogenitasPandioncferro. CorporaCecropidum pennispenderepulares : Pendebantpennis.Quarumpetitaltérasilvas, Altératectasubit.Nequeadhucde pectorecoedis Effluserenotoe, signataquesanguineplumaest. 670 LIVRE VI. 235 transporté de douleur et altéré de vengeance, est aussi changé en un oiseau. Son front est paré d’une aigrette, et son bec, d’une_ extrême longueur, prend la forme d’un dard. Cet oiseau se nomme huppe. Sa tête paraît armée. Ce désastre hâta la fin de Pandion : il descendit au Tartare avant d’avoir atteint le terme d’une longue vieillesse. BOUÉEENLÈVEORITUTE.IL ENA DF.DXFILS, CALAIS ET ZÉTÈS, oni FORENTAUSOMBRE DESARGONAUTES. VII. Le sceptre et les rênes de l’empire passèrent dans les mains d’Éreehlhée, monarque aussi célèbre par sa justice que par la puissance de ses armes. Il avait quatre fils et autant de filles. Deux étaient d’une égale beauté. Tu fus l’une d’elles, Procris, ei l’heureux Céphale, issu du sang d’Éole, avait obtenu ta main. MaisTérée et ses Thraces nuisirent à l’amour de Borée. Sa tendresse pour Orilhye fut impuissante, tant qu’il aima mieux l’obtenir par des prières que par la violence. Enfin, voyant.que la douceur n’aboutissait à rien, il frémit de celle fureur terrible qui le caractériseet ne lui appartient que trop. Dansson juste courroux, il s’écria : « Pourquoi ai-je quitté mes armes, l’impétuosité, la llle doloresuo, poena}quc cupidincvelox, Vertiturin volucrem, cui slantin verticecrislaï ; Prominetimmodicumproïongacuspiderosfrum. NomenEpopsvolucri : facièsarmatavidetur. Hicdolorante diem, longajqucexlremascnectoe G7 :’i Tempora, tarlareasPandionamisitadumbras. ORITI1ÏAM BOREAS RAPIT, ATQUEEXFAPTACALAIN PROCREAT ET7.ETO, QUIFŒRUXT EXARGOXAUTIS. VII. Sceplraloci, rcrumquecapitmoderaoeen Erechlhcus.. Jusliliadubium, validisnepolcnliorarmis. Quattuorillequidemjuvenes, totidemquecrearat Feminea)sorlis.Sederat par formaduarum, 680 E quibusJEolidesCephalusteconjugcfe : ix, Procn, fuit. BoreaîTereiisThraccsquenocebant ; Dilectaqucdiu caruitdeusOritbyia, Dumrogat, elprecibusmavult, quamviribus, uti. Astubi blanditiisagiturnibil, horridusira, GS5 Quoesolilaest illi, nimiumquedomestica, vento ; Etmerilo, dixit : « Quidenimmeatelareliqui, 236 MÉTAMORPHOSES. force, la colère et la menace ? Pourquoi ai-je recouru à la prière, qui n’est pas faite pour moi ? La violence est mon partage. Par elle je dissipe les sombres nuages ; par elle je bouleverse les flots, je renverse les robustes chênes, je durcis la neige et j’envoie la grêle sur la terre. Si, dans les plaines de l’air qui sont mon domaine, je rencontre mes frères, je lutte avec de tels efforts, que notre choc fait gronder le tonnerre el jaillir les éclairs du sein’des nues. C’est moi qui, pénétrant dans les entrailles de la terre, et soulevant fièrement mon dos dans ses cavernes profondes, épouvante les ombres et fais chanceler l’univers. J’aurais dû faire valoir ma puissance en demandant une épouse ; j’aurais dû employer la violence, el non la prière, pour devenir le gendre d’Érechlhée. » A peine.Borée a-t-il proféré ces paroles ou d’autres non moins superbes, qu’il secoue ses ailes. Soudain un souffle violent bouleverse la terre, et la mer frémit. Borée promène sur la cime des monts son manteau poudreux ; il balaye la terre, et, couvert d’un nuage, il enveloppe tendrement de ses sombres ailes Orithye tremblante d’effroi. Il vole, et son essor donne à ses feux une Sîcvitiam, et vires, iramque, animosqueminaces ? Admovique preees/quarummededecetusus ? Aptamibivisest : vi trislianubilapello ; G’JO Vifréta concutio, nodosaqueroboraverto, Induroquenivcs, et terras grandinepulso. Idemegoquumfralrescoelosumnactusaperto, (Nammibicampusis est), tanlomolimineluctor, Ut médiusnostriseoncursibusintonetoetiier, G’Jj Exsiliantquecaviselisinubibusignés. Idemego, quumsubiiconvexaforaminaterroe, Supposuique feroximis mealergacavernis, Sollicitomânes, lotumquetremoribusorbeni. Hacopedebueramtbalamospetiisse, socerque "00 Nonoranduserat, sedvi faciendus, Ereclitbeus.> HoecBoreas, aut his noninferioralocutus, Excussitpennas.Quarumjactatibusomnis Afllataest tellus, latumqueperborruitoequor ; Pulvereamquetrabenspersummacacuminapallam, i0u Verrithumum ; pavidamquemetucaliginelectus Orilhyianamansfulvisamplectituralis. Dum volât, arserunlaïilati forliusignés : LIVRE VI. 237 force nouvelle. Il n’arrête sa course aérienne qu’après avoir atteint la région des Thraces, siège de son empire. C’est là que la jeune Athénienne devint épouse du roi des frimas el en même temps mère. Elle donna le jour à deux jumeaux qui lui ressemblaient, et qui n’eurent de Borée que les ailes. On dit pourtant qu’elles ne naquirent point avec eux. Tant que la barbe ne se montra point au-dessous de leur blonde chevelure, Calaïset Zélés furent sans ailes ; mais, dès qu’un léger duvet ombragea leurs joues, un plumage pareil à celui des oiseaux revêtit leurs flancs. Lorsque l’enfance eut fait place à la jeunesse, unis aux descendants de Minyas, pour conquérir la toison d’or, ils traversèrent sur le premier vaisseau une mer que la rame n’avait jamais sillonnée. Necpriusaeriicursusstippressilhabenas, QuamSitboiiumtenuilpopulos, suamoenia, raptor. 710 illicet gelidiconjuxacla^ityranni, El genitrixfaclaest, partusenixagemello ?, Coeteraquimatris, pennasgenilorishaberent. Nonlamenbasuna memorautcumcorporeuatas. Barbaquedumrutilisaberatsubmissacopïllis, . 7lu ImplumesCalaisquepuer, Zetesque, fueraut. Moxparilerritu penncecoepercvoîucrum Cingereutrumquelatus, parilerflavescercmalte. Ergo, ubi concessittempuspuérilejuventa ;, VoileracumMinyisnilidoradiauliavillo, 7-0 Termarenonmotumprimapelierccaiina. LIVRE SEPTIÈME

; ASON, PAULE SECOUES 

1)E51ÉDÉE, s’jiHJ’AKEDELATOISONn’oR. I. Déjàles Argonautesfendaientles ondes sur le navire construit à Pagase ; déjà Phinée, dont la misérable vieillessese traînait au sein d’une éternelle nuit, s’était montré à leurs yeux, el les jeunes fils de Borée avaient chassé loin du malheureux vieillard les oiseaux à qui la nature donna des traits de vierges. Sous la conduite de l’illustre Jason, après de longue ? traverses, ils avaient louché enfin les eaux rapides el limoneuses du Phase. Ils se rendent auprès du roi, et demandent la toison du bélier de Phryxus. II leur apprend par quels pénibles travaux elle doit êlre conquise. Cependant un feu violent s’allume dans le cœur de la fille d’Éétès. Elle combat longtemps ; mais la raison ne peut triompher de son délire. « Tu résistes en vain, Médée, se dit-elles je ne sais quel LIBER SEPTIMDS JASON, ADJUVANTE MEDEA, VE1LUS AUREli>I IÏEFERT. i..ïamquefrclumîlinysepagasxapuppesecabant, Perpetuaquetrahensinopemsubnoctesenectam Phinousvisuserat ; juvenesqueAquilonecreali Yirgineos volucresmiserisenisorcfugaranl ; MultaqueperpessiclarosubIasone, tandem o Conligerant rapidaslimosiPhasidosundas. Dumqueadeunt regem, phryxeaquerelieraposcunl, LexquedaLurnumerismagnorumhorrcndalaboruin, ConcipitintereavalidosŒetiasigiies ; Et luclatadiu, pustquamrationefurorem 10 Vincerenonpoterat : « Frustra, Merîca, répugnas$ LIVRE Vil. 239 dieu rend mes efforts inutiles. J’éprouve un sentiment qui m’étonne ; oui, il ressemble à ce qu’on appelle l’amour. Pourquoi trouver cruels les ordres de mon père ? Ordres cruels, en effet ! Pourquoi craindre qu’un héros que j’ai vu à peine une fois ne périsse ? Quelle est la cause d’une si vive crainte ? Malheureuse ! bannis, si tu le peux, de ton cœur pudique la flamme qui le dévore ! Si je le pouvais, je serais plus calme. « Maisune forceinconnue m’entraîne malgré moi. L’amourm’indique une route, et la raison une autre. Je veux suivre la vertu que j’aime, et je cède au mal. Issue du sang royal, pourquoi brûler pour un étranger ? Pourquoi te marier loin de ta pairie ? Tu peux trouver ici un objet digne de ton amour. Les dieux peuvent disposer des jours de Jason. Qu’il vive ! je puis former ce vœu, même sans amour. En quoi est-il coupable ? Quelle femme, à moins d’être barbare, ne serait point touchée de sa jeunesse, de sa naissance, de son courage ? Quellefemme, n’eûl-il pas d’autre avantage, serait insensible à sa beauté ? Elle a fait impressionsur moi ; et cependant, si je ne lui prêle mon appui, il sera en bulte aux flammes vomies par des taureaux ; il succombera au milieu d’ennemis semés par ses mains et sortis du sein de la terre, ou Nescioquisdeusobstat, ait ; mirumque, nisihoc"est, Autaliquidcertesimilehuic, quodamarevocalur. Namcur jussa patrisnimiuramibidura videntur" ? Suntquoqu’eduranimis.Curquemmododeniquevidi, 15 Nepereat, timeo ? Qua ; lanticausatimoris ? Excutevirgineoconceptaspectoreflammas, Si potes, infelix : si possem, sanioressem. « Sedtrahitinvitamnovavis, aliudqueCupido, Mensaliudsuadet.Videomeliora, proboque ; 20 Détériorasequor.Quidin bospite, regiavirgo, Ureris ? cl thulamosalieniconcipisorbis ? Haiequoquelerrapolcst, quodâmes, dare.Vivat, au ilic Occidat, in dis est. Vivatlamen ; idqueprecari, Velsineaiuorelicet.Quidenimcommisitlason ? 25 Quam, nisicrudelem, nontangatIasonisa ; las, Et genus, el virtus ? Quamnon, ut coeteradesint, Formamoverepotest ? Cerlemeapectoramovit. At, nisiopemtulero, laurorumafflabiturore, Cmicurrelque sus segeli, tellureoreatis 50 •240

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bien il deviendra la"proie d’un dragon altéré de sang. Ali ! si je souffrais de lelles’horreurs, je me croirais née d’une ligresse, el je croiraisporter un cœurde fer et de roche. Cependantpourquoi ne pas vouloir êlre témoin de sa mort ? Pourquoi ne point souiller mes yeux d’un tel spectacle ? Pourquoi ne pas excitercontre lui les taureaux, les féroces enfants de la terre el le dragon inaccessible au sommeil ? Queles dieuxle protègent ! Maisà quoi servent mes vœux, sije ne l’aide point ? Cependantdois-je livrer le sceptre de mon père ? Irai-je assurer le salut de je ne sais quel étranger qui, sauvé par moi, abandonnera sans moi sa voile aux vents, el deviendral’époux d’une autre, tandis que je subirai la peine de son crime ? S’il est capable d’une pareille trahison, s’il peut me sacrifierà une autre femme, qu’il périsse, l’ingrat ! « Maisla noblesse de ses traits, l’élévation de son âme, la beauté de sa figure, rien ne me permet de soupçonner une perfidie ou l’oubli de mes bienfaits. D’ailleurs, avant d’êlre secouru, il engagera sa foi, et je le forcerai à invoquer les dieux comme garants de ses promesses. Pourquoi trembler, quand tout te rassure ? Mets-toià l’œuvresans retard. Jason te sera pour jamais enchaîné par la reconnaissance ; il allumera solennellement le flambeau de Hoslibus, aut avidodabiturferapradadraconi. Hocegosi patiar, lummedetigridenalam ; Tumferrumet scopulosgestarein cordefatebor. Curuonet spectopereuntem, oculosquevidendo Conscelero ? Curnonlaurosexhortorin illum, 5o ïerrigenasqueferos, insopitumque draconeni ? 13imelioravelint ! Quanquam nonista precanda, Sedfaciendamibi.Prodamneegorégnaparcnlis".’ Atqueopenescioquisservabituradvenanoslra, lit per mesospes, sineme, det linleavenlis, A’t Virquesit alterius ? PoenacMedearelinquar ? Si facerehoc, aliamvepolestproeponere nobis, Occidatingralus. « Sednonis vullusin illo, ftonea nobililasanimoest, ea gratiaformai, Utlimeamfraudem, meriliqueoblivianoslri. &J Et dabitantefidem, cogaraquein foederatestes Essedeos.Quidtutatimes ? Accingere, et oinnem Pellemoram.Tibise semperdebebitlason ; Tefacesolennijungetsibi, perquepclasgas LIVÏ.E VU. 241 l’hymen pour s’unir à loi, el, dans les villes de la Grèce, les mères te nommeront la libératrice de leurs enfants. Maisquoi ! j’abandonnerai donc ma sœur, mon frère et mon père, et les dieux et le sol natal, pour me livrer à la merci des vents ? Oui, mon père est cruel, ma patrie est barbare, , mon frère est encore enfant, et ma sœur seconde mes vœux. Le plus puissant des dieux est en moi. Je quitte une fortune obscure pour une brillante destinée, la gloire de sauver la jeunesse de la Grèce, et celle de connaître une contrée plus fertile, des villes dont la renommée est parvenue jusqu’à nous, les mœurs et les arts de leurs habilanls, enfin le fils d’Éson, pour qui je donnerais tous les trésors de l’univers. . Épouse fortunée de ce héros, je serai proclaméela favoritedesImmortels, et ma têle s’élèverajusqu’aux cieux. « Que m’importent je ne sais quelles montagnesqui semblent se confondre au milieu des flots, et l’écueil si fatal aux navigateurs, Charybde, qui tantôt absorbe les ondes et tantôt les rejette, et la dévorante Scyllaentourée de chiens furieux qui font retentir de leurs aboiements le détroit de Sicile ? Avecl’objet de mon amour, pressée sur le sein de Jason, je parcourrai toutes les mers. Dans ses bras, je serai sans effroi, ou, si j’éprouve quelque crainte, je S’ervalrixurbesîualrumeclebraberelurba, W Ergoegogermanam, fralremque, patrcinque, deosquc, Etnatalesolum, ventisablata, relinquam ? Nempepalersaîvus, nempeest meabarbaralellus ; Frateradhucinfans ; staut mccumvolasororis. Maximusinlrame deusest. Nonmagnarelinquain ; ù’i Magnasequar, tilulumscrvalccpubisachivai, Notitiamquelocimelioris, et oppida, quorum Hicquoqucfamavigel, cullusque, arlesquevirorum ; Quemqueegocumrébus, quas toluspossidetorbis, .^sonidemmutassevelim.Quoconjugefelix, b’0 Et dis caraferar, et vcrlicesidéralaugam. •rQuid, quodnescioqui mediisconcurrercin undis Dicuulurmontes, ratibusqueinimicaCharybdis, Nuucsorbercfretum, nuncreddere, cinctaqucsicvis Scyllarapaxcanibussicu’.olatrareprofundoV GJ KempcleDensquodamo, gremioqueinIasonisbicrens, Per frétalongatrabar.Nihilillumamplexaverebor ; Aut, si quidmeluain, metuamde conjugesolo. li 242

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ne tremblerai que pour mon époux. Queparles-tu d’époux ? Médée, tu couvres ta faute d’un nom spécieux. Regarde plutôt quel crime tu vas commettre. Évite-le : il en est temps encore. » Elle dit. A ses yeux apparurent soudain la vertu, la piété, l’honneur, et l’Amour vaincu s’apprêtait à prendre la fuite. Mêdécportait ses pas vers les antiques autels d’Hécate, fille de Persée. Ils s’élevaient au fond d’un bois qui les couvrait d’un mystérieux ombrage. Son cœur raffermi ne ressentait plus les atteintes de l’amour, lorsqu’elle voit le fils d’Eson. Tout à coup ses ardeurs se raniment, la rougeur couvre ses joues, et tous ses traits s’enflamment. Comme on voit une faible étincelle cachée sous la cendre se développerau souffledu vent, et s’étendre bientôt en reprenant sa force première, la passion de Médée, qui semblait refroidie el. mourante, se rallume à l’aspect des charmes du jeune héros. La beauté du fils d’Eson était, par hasard, en ce jour, plus éblouissantequ’à l’ordinaire : c’était une excuse pour son amante. Elle le regarde elle dévoredes yeux, comme si elle le voyait pour la première fois. Insensée ! elle ne croit plus contempler les traits d’un morlel, et ne se détourne pas un instant de lui. Conjugiuiune putas ? speciosaque nominacuips Imponis, îledea, tuoe ? Quinaspieequantum 70 Aggrediarenefas ; et, dumlicet.effugecrimen. » Dixit, et anle oculosrectum, pïelasque, pudorque Constiterant ; et viciadabntjam tergaCupido. ibat ad anliquasHecalesPerseidosaras, Quasnemus.umbrosum, secretaquesilvategebanl. 75 Etjam forliserat, pulsusqueresederatardor, Quumvidetiîsoniden, exstinctaquefiammarevisit ; Et rubueregenoe, totoquerecanduitore ; Ut soleta venlisalimentaassumere, quoeque Parvasub induclalatuitscintillafavilla, 80 Crescere, et in veteresagitalaresurgerevires : Sicjam lentusamor, jam quemlanguereputavcs, Ut viditjuvenem, speciepnesentisinarsit. Et casu, solitoformosioriEsonenatus Illalucefuit : possesignoscereamanli. S3 Speclat, el in vultu, velutilumdeniqueviso, Luminafixatenet, necse mortaliadémens Oravidereputat, necse déclinâtabillo. LIVRE VII. 245 Enfin l’étranger commence à parler. Il saisit sa main, implore son appui d’une voix suppliante, et la demande en mariage. Alors Médée, fondant en larmes : « Je sais bien ce que je devrais faire, dit-elle, et ma faule ne pourra pas s’imputer à l’ignorance, mais à l’amour. Tu seras redevable de ton salul à mes bienfaits. Sauvé par moi, remplis tes promesses. » Jason prend à témoin la triple Hécate, divinité tutélaire de celte forêt, le dieu dont les regards embrassent l’univers et qui donna le jour à son futur beau-père, el sa fortune, el les affreux dangers qui l’altendent. Médéereçoit ce serment, lui présente aussitôt les herbes enchantées et lui en apprend l’usage. Jason, transporté de joie, retourne auprès de ses compagnons. Le lendemain, dès que l’Aurore eul chassé les étoiles, les habitants de la contrée accoururent vers le champ consacré au dieu Mars, et s’arrêtèrent sur les hauteurs qui le dominent. Le roi s’assit au milieu d’eux, couvert d’un manteau de pourpre et un sceptre d’ivoire à lamain. Soudainlestaureaux aux pieds d’airain vomissent de leurs naseaux de fer une vapeur ardente qui dessèche et brûle le gazon. Demême que la flamme gronde dans un foyer rempli de matières combustibles, ou comme dans une fournaise la chaux Utveroeoepitqueioqui, dextramqueprehendit ïïospes, et auxiliumsubmissavocerogavit, 90 Promisitquetorum, lacrymisail illaprofusis : « Quidfaeiamvideo ; necme ignoranliaveri Decipiet, sedamor.Servaberemunerenoslro. Servatuspromissadato. » Per sacratriformis Illedeoe, lucoqueforetquodnuraenin illo, 95 Perquepatremsocericernentemcunctafuturi, Eventusquesuos, et lantaperieulajurât. Credilus, accepitcant’alasprolinusherbas, Edidicitqueusum, lselusquein castrareeessit. PosteradepuleratstellasAuroramicanles. 100 ConveniuntpopulisacrumMavorlisin arvum, Consistuntque jugis.Mediorexipseresedil Agminepurpureus, sceplroqueinsigniseburno. EcccadamanteisVulcanumnaribusefûant .^ripedestauri ; tactïequevaporibusherbai Ardent ; utquesoientpleniresonarecamini, Autubi terrenasilicesfornacesoluti 244 MÉTAMORPHOSES. imprégnée d’eau se dissout et bouillonne, ainsi la poitrine el la bouche embrasée des taureaux vomissent à grand bruit des tourbillons de feu. Cependant le fils d’Eson marche à leur rencontre. Ils le regardent d’un air farouche, lui présentent une face terrible el un front hérissé de cornes de fer. La poussière vole sous leurs pieds, et leurs mugissements, accompagnés d’un nuage de fumée, retentissent au loin dans la plaine. La crainle glace les Argonautes. Jason affronte les feux. Grâce à ses herbes enchantées, il ne les sent pas s’exhaler autour de lui. D’une main hardie il caresse le fanon des taureaux, les soumet au joug, les force à traîner la pesante charrue et à déchirer avec le soc une terre vierge encore. Les habitants de la Colchiderestent immobiles de surprise ; les Argonautes excitent par leurs cris le courage du héros. Alors il tire d’un casque d’airain les dents du dragon de Mars, et les sème dans les sillons nouvellement tracés. La terre ramollit ces dénis humectées d’un philtre puissant. Elles croissent et produisent des hommes nouveaux. Comme un enfant prend la forme humaine dans les flancs de sa mère, s’y développe par degrés et ne vient au jour qu’après avoir achevé son accroissement, lorsque des homConcipiuntignemliquidarumaspergineaquarum ; Peclorasic intusclausasvolvenliaflammas, Gulturaqueusla souant.Tamenillis JSsonenains 110 Obviusit. Verleretrucesvenienlisad ora Terribilesvullus, proeiixaque cornuaferro, Pulvereumquesolumpedepulsaverebisulco, Fumificisque locummugitibusïmplevere. BirigueremeluMinyoe. Subitille, nec ignés 115 Sensilanhelalos : tanlummedicammapossunt ! Pendulaqueaudacimulcelpaieariaôextra ; Suppositosque jugopondusgravecogitaratri Ducere, et insuetuniferroproscindcreeampum. MiranturColchi ; Minvoe clamoribusimplent, ISO Adjiciuntquéanimos.Galealumsumitaliéna Vipereosdentés, et aralosspargitin agros. Seminamollithumus, vali’doproelinctaveneno, Et erescunt, fiuntquesalinovacorporadentés. Utquchominisspeciemmaternasumit in alvc, 125 Perquesuosintusnuméroscomponilurinfans, Necnisi maluruscommunesexilin auras ; LIVRE VII. 3-43 mes ont été formés du germe déposé dans le sein de la terre, ils surgissent sur le sol qui les engendre, et, pour comblede prodige, ils brandissent des armes nées avec eux. En les voyant prêts à tourner leurs javelots contre le héros de Thessalie, les Grecs tremblent et baissent le front. La terreur gagne même l’amante qui l’avait rendu invulnérable. A l’aspect du jeune étranger, seul en bulle aux coups de tant d’ennemis, elle pâlit et le sang se glace lout à coup dans ses veines. Craignant que les herbes dont elle l’a pourvu soient peu efficaces, elle fait entendre des chants magiques et appelle à son aide les mystères de son art. Jason lance une énorme pierre à ses ennemis, et reporte sur eux l’altaque qu’il éloigne de lui. Les enfants de la terre tournent leurs armes contre eux-mêmes, et succombentvictimes de la guerre civile. Les Grecs félicitent le vainqueur ; ils l’entourent et le pressent avidement dans leurs bras. Toi aussi, tu voudrais l’embrasser, princesse née dans ces régions barbares. Sans la pudeur qui t’arrêle, commetu l’aurais serré sur ton cœur ! Maisle soin de ton honneur comprime les désirs. Du moins, il est permis à ton amour de se réjouir en silence. Tu rends grâce à Sicubi visceribusgravida ; tellurisimago Effectaest hominis.foeloconsurgitin arvo ; Quodquemagismirum, simuléditaconculitarma. 150 QuosubivideruntpraiacuUe cuspidishaslas In caputhaemoniijuvenislorquereparatos, DemiseremetuvultumqueanimumqueI’elasgt. Ipsaquoqueextimuit, qujelulumfeceratiilum ; Ulquepetijuvenemlot viditabhoslibusunum, Jlîii Palluit, et subitosinesanguinefrigidusedit. Kevoparumvaleanta se dalagramina, carmcn Auxiliarecanit, secretasqueadvocatartes. llie, gravemmediossilicemjaculalusin hosles, Ase depulsumMartemconvertitin ipsos. IIU Terrigena ; pcreunlpcr mutuavuînerafralres, Civiliquecaduntac : e.GralauturAcliivi, Yiclorcmque lenent, avidisqueamplexibusbcrcnt. Tu quoquevictoremcomplecti, barbara, vellcs. Obslitilinceptopudor.Utcomplexafuisses ! 115 Sedte, ne faceres, tenuitrevcr^ntiafams. Quodlicet, al’feclutacitobilans, agisque 246 MÉTAMORPHOSES. les enchantements, et aux dieux qui leur ont donné tant de puissance. Jason devait encore endormir, par la vertu des herbes, le dragon vigilant armé d’une aigrette, d’une triple langue el de dents recourbées, monstre redoutable qui gardait la toison d’or. Il répandit sur sa tête un suc soporifique, et prononça trois fois les paroles qui produisent un paisible sommeil, calment le courroux des flots et arrêtent les fleuves débordés. Le sommeil, jusqu’alors inconnu au monstre, appesantit ses yeux. L’intrépide fils d’Eson s’empare de la riche proie. Fier de sa conquête, il emmène avec lui celle à qui il la doit, et qui est aussi une conquête, et rentre avecson épouse dans les ports d’Iolcos. MÉDÉERAJEUNIT LE VIEILÉSOX. II. Les femmes et les vieillards de Thessalie apportent des offrandes aux dieux pour les remercier du retour de leurs enfants. L’encens brûle sur le brasier sacré, et, les cornes entrelacées de bandelettes d’or, les victimes tombent sous le fer pour acquitter leurs vœux. Maisdans cette foule reconnaissante on ne voit pas Eson, déjà voisin du terme fatal et affaissé sous le poids de l’âge. Carminibusgrates, et disauctoribushorum. Pervigilemsuperestberbissopiredracoaeni, Quicristalinguisquetribusprîesignis, et uncis 150 Dentibusborrendus, cusloseratArietisaurei. HuneposlquamsparsitlelliEeigraminesucci. Yerbaqueter dixitplacidosfacientiasomnos, Qurcmare turbatum, quieconcitafluminasistanf, Somnusin ignotosoculosadvenit, et auro 155 Hérosîesoniuspolitur ; spolioquesuperbus, Munerisacloremsecum, spoliaaltéra, porlan.-, Victoriolciacostetigitcumconjugeporlus. J2SONE SEXEIXJUVEXEM AMEDEA VERTITDR. II. lloemoniïc matrespronalisdonareceptis, Grandoevique ferunlpatres ; congestaqueOamma 16U Yhuraliqueflunl, induclaquecoruibusaurum Viclimavotacadit.SedabestgratantibusMson, Jampropiorletho, fessusquesenilibusannis. LIVRE VII. 247 Son fils alors fait entendre ces mots : « 0 toi, l’auteur— de mon salut-, chère épouse, tu m’as comblé de tesbienfails, et ta libéralité passe toute croyance. Cependant ;’si elle peut aller jusque-là (et que ne peuvent les enchantements ! ), retranche quelques années de ma vie, et ajoute-les aux années de mon père’.

» En parlant 

ainsi, il ne peut retenir ses larmes. Celte-prière attendrit Médée. Son cœur, bien différent de celui de Jason, se reporte, vers Éétès, qu’elle a quitté. Mais elle ne laisse pas éclater son émotion. « 0 mon époux ! dit-elle, quel vœu coupable est sorti de ta bouche ! Quoi ! je pourrais prendre sur ta vie pour allonger celle d’un autre ! Ah ! que jamais Hécate ne me permette une telle nnpiété ! Jason, ta prière est injuste ; mais je tenterai de le procurer un bien au-dessus de ce que tu demandes. J’essayerai de prolonger les jours de mon beau-père par mon art, sans abréger les tiens, pourvu que la triple Hécate me seconde et consente à ce grand œuvre. » Trois nuits devaient s’écouler encore avant que la lune formât un cercle parfait. A peine son disque plein s’est-il montré à la terre, que Médéesort de son palais. La ceinture flottante, nupieds et les cheveux épars sur ses épaules nues, au milieu du pro* Tumsic Jîsonides : « 0 cui deberesalulem Confileor, eonjux, quanquammihicunctadedisli, -105 Excessitqucfidemmerilorumsummatuorum ; Si tamenhocpossunt(quidcnimnoncarminaposs’nt ? ) Dememeisannis, et demptosaddeparenti. » Keclenuitlacrymas ; molaest pietateroganlis, Dissimiiemque aninmmsubiilyEetarendus. 170 Nontamenaffectuslaiesconfessa : « Quod, inquil, Excidit, oreluo, eonjux, scelus ? Ergoegocuiquam Possetuai videarspaliumtranscriberevilar ? NonsinathocHécate ; r.eetu petisajqua ; *sedisln, Quodpetis, -experiarmajusduremuuus, lason. 175 Arlemeasocerilongumlentabimusajvum, Wonannisrevocaretûis, mododivatriformis Adjuvet, et praîsensingentibusannuatausis. » Trèsaberantnoctes, ut cornuatotacoirent, Efûcerentque orbem.Postquamplenissimafulsit, 180 tëtsolidaterrasspéclavitimaginéluna, Egrediturlectis, vestesi’ndutarefciactas, Kudapedem, nudo>biimrrisinfusacapillb » ; 2ÏS

MÉTAMORPHOSES
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fond silencede la nuit, elle erre sans compagne. Hommes, oiseaux, bêtes sauvages, tout est plongé dans le sommeil. L’aubépine est muette ; nulle feuillene s’agite ; le silence règne dans les humides plaines de l’air. Les étoiles brillent seules. Médée, les mains levées vers la voûle céleste, tourne trois fois en cercle, (rois fois elle répand sur ses cheveux l’onde puisée dans un fleuve, trois fois elle fait entendre des cris affreux, et, s’agenouillant sur le sol : ci0 nuit, amie du mystère, dit-elle, et vous, astres radieux dont le flambeau, comme celui de Phébé, remplace la lumière du jour ; et loi, triple Hécate, dépositaire et prolectrice de mes desseins ; et vous, enchantements et artifices-magiques ; el loi, Terre, qui fournis à mon art des herbes loutes-puissanles ; et vous, zéphyrs, vents, montagnes, fleuves el lacs ; dieux des forêts et dieux des ténèbres, secondez-moi ! Grâce à vous, les rivages élonnés ont vu les fleuves, dociles à ma voix, remonter vers leurs sources. Mes chants apaisent la mer agitée ou bouleversent ses flots paisibles. Je disperse ou rassemble les nuages. Je convoqueou dissipe les vents. Mes paroles magiques étouffent les vipères. Je déracine les rocs, les chênes et les forêls enFertquevagosmedioeper mutasilentianoctis e Incomitatagradus.Homines, volucresque, ferasque 1R5 Solveratallaquies ; nullocummurmuresepes, Immotajque silenlfrondes ; siletbumidusaer. Sidérasolamicant.Adquaisua bracbialendens, Terse convertit, 1ersumplisfluminecrinem lrroravitaquis, ternisululatibusora 1.10 Solvit, et in durasubinissopopliteterra : c ivox, ait, arcanislidissima ; quoequediurnis AureacumLunasucceditisignibus, astra ; TuquetricepsHécate, quoeccpptisconscianosli-is. Adjulrixquevenis ; cantusquearlesquemagarum ; i9ï Quiequemagas, Tellus, poilentibusinstruisberbis ; Auroeque, et venti, monlesque, amnesquelacusque, Diqueomnesnemorum, diqueomnesnoctis, adesle. Quorumope, quumvolui, ripismirantibusamne^ In fontesredieresuos ; concussaquesisto, -oj Stantiaconcutiocanlufréta ; nubilapello, ftubilaqueinduco ; ventosabigoque.vocoque ; Vipereasrumpoverbiset carminéfauccs ; Vivaquesaxa, suaconvulsaqucroboraIcrra, LIVRE VII. 219 liéres..Je fais trembler les montagnes, mugir la terre, el sortir les ombres des tombeaux. Toi aussi, Phébé, je t’attire vers moi, malgré l’airain bruyant qui allège tes travaux. Mes enchantements font même pâlir le char de mon aïeul, el mes philtres celui de l’Aurore. A ma prière, vous avez amorti la flamme vomie par des taureaux, et assujetti au joug leur tête indocile ; vous avez rendu la guerre funeste aux enfants du dragon ; vous avezendormi pour la première fois le gardien de la toison d’or, el transmis, en trompant sa vigilance, cette riche dépouille aux villes de la Grèce. Il me faut maintenant des sucs qui rendent à lavieillesse la fleur de l’âge et lui fassent retrouver son printemps. Oui, vous me les accorderez. Les astres n’auront pas vainement brillé de tout leur éclat, et un char n’aura pas été vainement traîné prés de moi par des dragons. » En effet, près d’elle élail un char descendu des cieux. Elle y monte, caresse ie cou des dragons soumis au frein, agile leurs rênes, et disparaît dans les airs. De là elle abaisse ses regards sur les vallons de la Thessalie, et pousse son char vers la contrée où s’élève l’Éla. Elle aperçoit les herbes que produit l’Ossa, et celles qui croissent sur le sommet du Pélion, sur l’Œl silvasmoveo ; jubeoquetremisceremontes ; 205 Et mugiresolum, manesqueexiresepulcris ; Tequoque, Luna, trabo ; quamvistemesoealabores .Eraluosminuant ; currus quoquecarminénoslro Pallelavi ; pallelnoslrisAuroravenenis. Vosmibi taurorumflammashebetastis, et unco 210 Haudpatiensoneriscollumpressistisaralro. Vosserpentigenisin se fera belladedistis, Cuslodemque rudemsomnisopislis, el aurum, Vindicedecepto, graiasmisislisin urbes. Nuncopusest succis, per quosrenovatasenectus 21." In floremredeat, primosquerecolligatannos. Et dabitis ; nequeenimmicueruntsidérafrustra, îXecfrustravoluerumtracluscervicedraconum Currusadest. » Aderaldemissusab oelherecurrus. Quosimulascendit, frenalaquecolladraconum 2-0 Permulsit, manibusquelevésagilavithabenas, Sublimisrapitur ; sublalaquelhesJalaTempe Despicit, oetansregionibusapplicalangues ; Et quasOssatulit, quasquealtus Pelionberbas, 250 MÉTAMORPHOSES. Ihrys, sur le Pinde’et sur l’Olympe, plus haut encore que le Pinde. Parmi celles qui peuvent servir ses desseins, elle en arrache quelques-unes avec leur racine, et coupe les autres avec sa serpe d’airain. Elle trouve plusieurs herbes utiles sur les rives de l’Api— dane et sur celles de l’Amphryse. Toi aussi, Énipée, tu payes ton tribut. Le Pénée, le Sperchius et les bords du Bébés couverts de joncs n’en sont point exempts. Elle cueille dans les champs d’Anthédon, vis-à-vis d’Eubêe, une herbe puissante, mais qui n’était pas célèbre encore par la métamorphose de Glaucus.Déjàle neuvième jour et la neuvième nuit l’avaient vue parcourir les campagnes sur son char attelé de dragons ailés. Elle retourne, sans que les herbes aient fait sentir leurs atteintes aux dragons autrement que par leur odeur, et cependant ils quittent leur vieille dépouille. Elle s’arrête devant les portes du palais, sans autre abri que les cieux. Elle évite tout contact avec les hommes, et construit deux autels de gazon, l’un à droite, en l’honneur d’Hécate, l’autre à gauche, en l’honneur de Jouvence. Après les avoir entourés de verveine et de branches agrestes, elle creuse dans le voisinage deux fosses et fait un sacrifice. Elle égorge une brebis noire et en Olhrysque, Pindusqne, et PiudomajorOlympus, 225 Perspicit ; et placitaparlimradiéerevellit ; Partirasucceditcurvaminefalcisahenaï. MullaquoqueApidanipîacueruntgraminaripis, HuilaquoqueAmpbrysi ; necerasimmunis, Enipeu ; Necnonpeneoe, necnonspercbeidesundoe 250 Contribuerealiquid, juncosaquclittoraBoebes. | Carpitet euboicavivaxAntbedonegramen, Kondummulato-vulgatumcorporeGlauci. Eljamnonadiescurru, pennisquedraconum, Konaquenoxomneslustrantemvideraiagros, 235 Quumrediil ; neceranttacti, nisiodore, dracones ; Et tamenannostopellemposueresenecta :. Conslitiladvenienscilralimenque, foresquc, Ettantumcoelolegitur ; refugilqueviriles Contaclus ; staluilquearase cespitebinas, 240 Dexteriore Hecates, at la : vaparteJuventas. Quasubi verbenis, silvaqueineinxitagresti, Haudproculegestascrobibustellureduabus . Sacrafacit ; cultrosquein gutturavellerisatri LIVRE VII. 251 répand le sang dans les deux fosses. D’une coupe elle verse la liqueur de Bacchus, et d’un vase d’airain du lait chaud, en proférant quelques paroles. Elle invoque les divinités de la terre, elle conjure le roi des ombres, et l’épouse qu’il enleva, de ne poinl se hâter de ravir le souffle de la vie au vieillard. Quand ces dieux sont apaisés par ses prières, accompagnéesd’un long murmure, Médéefait avancer près des aulels le vieilÉson.Ses enchantements le plongent dans un profondsommeil, image de la mort. Elle retend sur un lit d’herbes. Puis elle ordonne à Jason et à sa suite de se retirer et de détourner leurs yeux profanes de ses mystères. Ils s’éloignent. Les cheveux épars, Médée, comme une Bacchante, fait le tour des autels où le feu brille. Elle baigne des brandons fourchus dans une des fossesnoirciesde sang, les allume ainsi imprégnés à la flammequi s’élève des deux autels, et purifie le vieillard trois fois avec du feu, trois fois avec de l’eau, trois fois avec du soufre. Cependantle philtre puissant fermente dans un vase d’airaiii placé sur le brasier ; il bouiUonne et blanchit d’écume. Les ra^ cines arrachées dans les vallons de Thessalie, les semences, les Conjicit, et patulasperfundilsanguinefossas. 245 TumsuperinvergensliquidicarchesiaBacchi, ^neaqueinvergenstepidicarchesialaclis, Verbasimulfundit, lerrenaquenuminaposcit} Umbrarumque rogatraptacumconjugeregem, Neproperentarlusanimafraudareseniles. 250 Quosubiplacavilprecibusque, et murmurelongo, .Esoniseffoetumproferricorpusad aras Jussit, et in plenosresoïutumcarminésomnos, Exanimisimilem, stratisporrexilin herbis. Hincprocul.fësoniden, proculbinejubetireminislros.255 Et monetarcanisoculosremovereprofanos. Diffugiuntjussi. SparsisMedeacapillis Eacchanlumritu flagrantescircuitaras, Mullifidasque facesin fossasanguinisalra Tingit, et inlinctasgeminisaccendilin ans, 260 Terquesenemflamma, ter aqua, ter sulfurelustral ; Intereavalidumpositomedicameu abeno Fervet, et exsultat, spumisquetumenlibusalbet. IllichaîmoniaradiéesvalleresK’as, 252 MÉTAMORPHOSES. fleurs et les sucs piquants, cuisent ensemble.Elle y jette aussi des pierres apportéesdes confinsde l’Orient, el du sable que le reflux dépose sur le rivage. Elle ajoute de la gelée blanche recueillie la nuit aux rayons de la lune, les ailes el la chair infâme de l’orfraie, les entrailles de ce loup qui, fécond en métamorphoses, sait donner à son corps les formes de l’homme ; la dépouilleécailleuse et transparente d’un serpent du Cynips, le foie d’un vieux cerf et la tête d’une corneille de neuf siècles. De ces substances et de mille autres que je ne saurais désigner par leur nom, elle compose le philtre destiné à Éson. Puis, avec un vieux rameau d’olivier sec, elle les confond et les mêle en tous sens. Soudain la branche agitée dans le vase bouillantreverdit. Bientôtaprès elle se couvre de feuilles et se charged’olivesmûres. Sur tous les points où le feu fait jaillir l’écume du fond de ce vase, chaque goulte brûlante produit un vert gazonen tombant sur la terre ; les fleurs et les tendres pâturages surgissent à l’instant. A peine Médéeles voit-elleéclore, qu’elle tire un glaive et ouvre la gorge du vieillard. Elle laisse couler le vieux sang et le remplace par ses sucs. Dès qu’Éson ies Seminaque, Iloresque, et succosincoquilacres. 203 AdjicilextremolapidesOrientepetitos, Et, quasOceanirefluummarelavit, arenas. Additet exceptaslunapernoctepruinas, Et slrigisinfâmes, ipsiscumcarnibus, alas : Inquevirumsolitivultusmutareferinos 270 Ambiguiproseclalupi.Kccdefuitillic Squameacinyphiitenuismembranachelydri, Vivacisque jecurcervi ; quibusinsuperaddit Oracapulquenovemcornicissrcculapassie. Hiset millealiisposlquamsine nominerébus 275 Propositum inslruxitmortalibarbaramunus, Arenliraraojampridemmitisolivoe Omniaconfundit, summisqueimmiscuitiina. Eccevêtuscalidoversatusslipesaheno, Fitviridisprimo, neclongotemporcfrondem 2S0 Induit, et subitogravidisoneraturolivis. Atquacumquecavospumasejecitaheno lgnis, cl in terraingulta : ceciderecalcules, Vernathumus, iloresque, el molliapabula^urgunl. Quodsimulac vidit, strictoMcdearecludit 2SJ Ensesenisjugulum ; veleremqueexirecruorem Passa, repletsuccis ; quosposlquamcombibil.Eson, LIVRE VU. 255 a reçus par sa bouche ou par sa blessure, sa barbe et ses chevaux, dépouillés de leur blancheur, noircissent tout à coup ; sa maigreur disparaît ; sa pâleur et ses rides s’évanouissent ; un nouveau sang circule dans ses veines, el son corps prend de l’embonpoint. Éson étonné, retrouve la vigueur dont il se souvient, d’avoir joui quarante ans auparavant. LAJEUNESSEESTRENDUEAUXKOUBIUCES DEBACCIiUS. KL Du haut des cieux Bacchus avait vu cette merveilleuse métamorphose. Instruit que ses nourrices pouvaient recouvrer leur jeunesse, il demanda celle faveur pour elles à la fille d’Éélès. MÉDÉEPAITTUERPÉLIASPAKSESFILLES. IV. Cependant, infatigable dans ses perfidies, Médée feint de haïr son époux, et court en suppliante au palais de Pélias. Comme’ il-était accablé du poids de l’âge, ses filles reçoivent la princesse/ En peu de temps elle gagne adroitement leur cœursous le voile de l’amitié. Au nombre de ses bienfaits, elle place surtout le prodige t Autore açceptos, aut vulnere, barbacomajque Canitieposilanigrumrapuerecolorem. Puisafugitmacies ; abeuntpallorquesitusque ; 290 Adjectoquecavoesupplentursanguinevenai, Mcmbraqueluxuriant.JEsonmiratur, et olim Antequaterdenoshune se reminiscilurannos. 13ACCUI SUTEICIDUS JBVESTOS REDDITUR. III. Videraiex alto lanti miraculamonstri Liber, et admonilusjuvenesnulricibusannos 295 Possesuis reddi, petit hoc Jietidamunns. SIEBEA PELUiHUASMPELUTUTPATREM KECEST. IV. Nevedolicessent, odiumcum conjugefalsum Phasiasassimulal, Pelioequead liminasupplex Confugit.Alqueillam, quoniamgravisipsesenecta, Excipiuntnatoe.Quaslemporecalîidaparvo 500 Colcbisamiciliaimendacisimaginecepil. Dumquerefert, inlcr meritorunimaxima, demplos .15 254

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qui a fait disparaître du visage d’Eson les traces de la viéillessei Elle s’y arrête avec complaisance, et fait naître dans le cœur des filles de Pélias l’espérance de voir leur père reverdir.par le même moyen. Elles sollicitent avec instance un si grand service, et lui jurent une reconnaissance éternelle. Médéegarde un moment le silence, comme si elle réfléchissait, et, par une gravité d’emprunt, tient leur esprit en suspens. Enfin elle promet. « Afin de vous faire attendre avec plus de confiance, dit-elle, la faveur dont vous allezm’être redevables, le plus.vieux des béliers qui marche à la tête, de vos brebis va, par la vertu de mes philtres, devenir un agneau. » Aussitôt.on fait avancer un bélier cassé par l’âge, aux tempescreusesètaux cornes recourbées. Lamagicienne enfoncedans sa gorge ridée son glaive de Thessalie’.Quelques gouttes de sang le rougissent à peine. En même temps elle plonge les membres de l’animal dans une chaudière d’airain où fermentent ses sucs puissants. Le corps du bélier diminue, ses cornes disparaissent, et les ans avec elles. Du milieu du vase se fait entendre le bêlement d’un tendre agneau. Tandisque ce bêlement cause la plus vive-surprise, tout à, coup l’agneau bondit, folâtre et cherche des mamelles qui puissent l’allaiter. ^sonis essesitus, alquehacin partemoratur, Spesest virgiuîbusPeliasubjeclacrealis, Artesuumparilï.revirescere posseparentem. SOo Jamquepetunl, pretiumquejubentsinefinepacisci. Mabrevispatiosilet, et dubîtafevidelur, .Suspcnditqueanimos licta-gravitate-rogantes.ïïoxubi poliicitaest : « Quosit fiduciamajoi" îlunerishujus, ait, quivestrasmaximusrcvoest 510 Duxgregisintei’oves, agnusmedicaminenet. » Protinusinnumeriseffoetuslanigerannis Allrabilur, flexocircumcavalemporacornu ; Cujusni htemoniomarcenliagutluracultro Fodil, et exiguomaculantsanguineferrum ; 31S Membrasimulpecudis, validosqueveneficasuccos îlei-gitin airecavo.Minuunlùfcorporisartus, Cornuaqueexuilur ; net noncum cornibusannos ; El lenerauditui’mediobalalusaheno. Sec mora, balalummirantibus, exsilitagnus, 520 Lascivilquefuga, lactantiaqueuberaquanit. LIVRE VII. 255 Les filles de Pélias demeurent stupéfaites. Convaincuesqu’elles peuvent ajouter foi aux promesses de Médée, elles l’assiègent des plus vives instances. Le Soleil avait trois fois détaché du joug ses coursiers rafraîchis dans les flots d’Ibérie, et les étoiles éclairaient la quatrième nuit de leurs feux élincelants, lorsque l’insidieuse fille d’Éélés place sur le brasier une onde pure et des herbes sans vertu. Déjà, grâce à ses enchantements et à ses magiques paroles, un sommeil léthargique enchaînait les membres du roi et de ses gardes. Ses filles avaient reçu l’ordre d’entrer avec la princesse de Colchos, et se tenaient rangées autour du lit de leur père. « Pourquoi, leur dit Médée, hésiter encore et rester dans l’inaction ? Armez-vous de vos glaives, et tarissez le vieux sang, afin que je puisse remplir de sang jeune ses veines épuisées. Voustenez dans vos mains la vie et l’âge de votre père. Si vous avez de l’amour pour lui, si vous ne nourrissez pas de folles espérances, rendez-lui service. Pour le rajeunir, plongez le fer dans son sein, et faites couler jusqu’à la dernière goulte d’un sang appauvri. » Par ces exhortations, la plus tendre devient la plus barbare, et se rend parricide p’our ne pas être criminelle. Cependant aucune n’ose regarder où tombent ses coups : elles détournent les yeux et frapObslupuêresaliePelia, promissaqueposlquam Exhibuerelidem, lumveroimpensiusinstant. Terjuga Plioebusequis, in iberogurgitemersis, Denipseiat, et quarlaradianlianoctemicabant 3-2o Sidéra, quumrapidefallaxJEeliasigni Imponitpurumlaticem, et sineviribusberbas. Jamqueneci simihs, resoiuto’corpore, regein, Et cum regesuo custodessomnushabebat, Quemdederanlcantus, magicajquepotenlialingual. 530 InU’arantjussoecumColcbideliminanatoe, Ambieranlquelorum : « Quidnuncdubilatisinertes ? Stringite, ait, gladiosveteremquehauritccruorem, Utrepleamvacuasjuvenilisanguinevenas. In manibusveslrisvilaest, aetasqueparenlis. 555 Si pielasulla est, nec spesagitatisinanes, Officiumproeslatepatri, telisqueseneclam Exigite, et saniemconjecloemiltileferro. » Ilis, ut quaiquepia est, horlatibusimpiaprimaest ; El ne sit scelerala, facitscelus.ïïaudtamenictus 540 Ullasuosspectarepolesl ; oculosquerenectunl. 256

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peut au hasard d’une main impitoyable. Pélias, baigné dans son sang, se soulève sur son coude. Ademi mutilé, il lente de se dresser sur son lit, et, au milieu.de tous ces glaives, tendant ses bras décharnés : « Que faites-vous, mes filles ? leur dit-il ; pourquoi vous armer ainsi contre votre père ? » Elles sentent leur cœur et leurs mains défaillir. Eson allait parler encore : mais la. princesse deColchide lui porte à la "gorgeun coup qui lui ôte la voix Après l’avoir mis en pièces, elle le plonge dans la chaudière bouillante. MÉDÉEÉGORGESESENFAKTS. . V. Si les dragons ailés ne l’eussent emportée, elle n’aurait pu échapper au châtiment. Mais, dans son vol, elle franchit le Pélion, couronné de forêts, le palais du fils de Philyre, VOthryset la contrée célèbre par l’aventure de l’antique Cèrambus. Pourvu d’ailes par les Nymphes, il s’éleva dans les airs à l’époque où la terre était ensevelie sous les. eaux, et se déroba au déluge de Deucalion. Médée laisse à sa gauche Pilane d’Éolie, la roche qui représente un long serpent, le bois de l’Ida où Bacchùs cacha, sous l’image Coeeaque dant sa ?.visaversa ; vaincrade.xlris. 111e, cruorefluens, cubilotamenallevatartus, Semilacerqueloroconsurgeretentât, et inler Toimédiusgladiospallenliabracbiatendens : 545 « Quidfacitis, nalac ? quidvosin falaparentis Annal ? » ait. Cecidereilhs animiquemanusque Pluralocuturocumverbisgrtlura Colchis Abstulit, el calidislanialum : —êrsitahenis. MEDEA TILIOSSUOSTEIiClOAT. V. Quodnisi.pennalisserpentibusisselin auras, 350 Konexemptaforetpoena ;.Fugitalla, superque Pelionumbrosum, pbilyrèiaqueteela, superque Olhrynel evenluveterislocanotaCerambi. HicopeNympharumsublatusin aéra pennis, Quumgravisinfusolellusforetobrulaponlo, 555 Deucalioneas erfugitinobrulusundas, .4ioliamPilanena lajvaparterelinquil, Faclaquede saxolongisimulacradraconis ; Idaiumquenemus ; quo, naU’l'urla, juvencum LIVRE VU. 257 d’un cerf, le taureau dérobé par son fils, la contrée où le père de Corylhe gît sous un sable léger, les champs où Méra sema répouvante par ses aboiements nouveaux, la cité d’Eurypyle, où le front des femmes de Cos fut hérissé de cornes lorsque s’éloigna le troupeau d’Hercule ; Rhodes, consacrée à Phébus, et lalysus, habitée par les Telchines, dont les regards ensorcelaient tout, et que Jupiler indigné précipita dans l’humide empire de son frère. Elle franchit aussi Carlhée, bâtie dans l’antique Céos, et où Alcidamas devait un jour voir avec surprise sa fille engendrer une douce colombe. De là ses yeux se portent sur le lac Hvrié et sur la vallée devenue célèbre par la subite métamorphose de Cycnus. Là Phyllius, pour plaire à un enfant, lui donna des vautours et un lion terrible qu’il avait apprivoisés. Condamné à vaincre un taureau, il l’avait vaincu. Mais, irrité des mépris prodigués à son amour, il refusa ce taureau demandé comme un gage suprême. L’enfant lui dit : « Tu voudras me le donner ; » et il s’élança du haut d’un rocher. On crut qu’il allait tomber. Changé en oiseau, il planait dans les airs sur des ailes_éclatantes de blancheur. Hyrié, sa mère, ignorant qu’il vivait encore, fondit en larOcculuitLiberfalsisub imaginecervi ; 360 QuaquepalerCorythiparvatumuiatusarena ; Et quosMrcranovolatratuterruit agros ; Eurypyliqueurbem, quacooecornuamaires Gesserunt, lum quumdiscederetHerculisagmcn ; Phoebeamque Rhodon, et ialysiosTelchiiias, 303 Quorumoculosipsovidantesomniavisu Jupiterexosus, fralernissubdiditundis. Transitet anliqua ; cartheiamoeniaCeai, QuapalerAlcidamasplaeidamde corporenaloe Miraluruserat naseipotuissecolumbam. 570 IndelacusHyriesvidet, et cycneiatempe, Qua ; subituscelebravitolor ; namPhylliusillic Imperiopuerivolucresqueferumqueleonem Tradideratdomilos.Taurumquoquevincerejussus, Virera !, et sprelolotiesiratusamore, 575" Praîmiaposcentitanrumsupremanegaral. 111eindignatus : « Cupicsdare, » dixil, et alto Desiluilsaxo.Cuncticecidisseputabnnt : l’aclusolorniveispendebatin aérapennis. AtgenilrixHyrie, servalinescia, ilendo 5S0 25S MÉTAMORPHOSES. .mes, et fut transformée en un étang qui reçut son nom. Près.de là s’élève Pleuron, qui vit la fille d’Ophius, Combé, s’-envoler toute tremblante pour échapper aux coups de ses enfants. Ensuite, elle aperçoit les champs de Calaurée, consacrés à Lalone, el dont le roi et la reine furent changés en oiseaux. A droite est Cyllène, où Ménépbron devait, comme les bêtes sauvages, partager la couche de sa mère. Derrière elle, à une longue distance, se montre Céphise déplorant le destin de son petit-fils métamorphosé par Apollonen phoque difforme, et le palais d’Eumélus, qui pleure sa fille envolée dans les airs. Enfin ses dragonsailés la déposent à Corinthe, qu’arrose Pirène, el où, suivant une tradition antique, des hommes naquirent jadis de champignons que la pluie avait fait éclore. Quandses poisons eurent consumé la nouvelleépousedeJason, quand l’une et l’autre mer eut vu le palais du roi en flammes, Médée teignit son glaive meurtrier du sang de ses enfants, et, après celte horrible vengeance d’une mère, elle se déroba aux armes de Jason. MÉDÉES’ENFUITA’ATHÈNES, OUELLEESTACCUEILLIE PAREGÉE. VI. Transportée loin de là par les dragons qu’elle reçut du SoDelicuil, slagnumquesuode nominefecit. Adjacetlus Pleuron, in qua trepidanlibusalis OphiaseffugitnatorumvulneraCombe. IndeCalaurea ; letoidosaspicilarva, In volucremversicumconjugeconsciarégis. 5S5 DexleraCylleneest, in qua cummaireMenephron _ Concubituruserat, saivarummoreferarum. Cephisonproculbinedeflentemfalanepolis, Respicitin tumidamphoeenab Apollineversi, Eumeliquedomumlugentisin aèrenalam. 590 TandemvipereisEphyrenpirenidapennis Contigit.HicEBVO veleresmortaliaprimo Corporavulgaruutpluvialibuséditafungis. Sedpostquamcolchisarsil novanuplavenenis, Flagrantemque domumrégismarevidilutrumque, 595 Sanguinenatorumperfunditurimpiuscnsis, Pllaquese maiemater, Iasoniseffugitarma. MEDEA ATIIENAS FUGIT, UDIAHJf.CEŒXCÏPITOR. VI. Ilinclilaniaeisablaladraconibus.inirot LIVRE VII. 259 leil, elle entre dans la cité de Pallas, qui vous vit également vous envoler, toi, pieuse Phinis, et toi, vieux Périphas ; elle vit aussi la petite-fille de Polypémonprendre son essor dans les airs sous une forme nouvelle. Egée reçoit Médée : c’est le seul reproche qu’il ail mérité. Non content d’être son hôte, il l’admet dans sa couche. Alors venait de paraître dans le palais du roi, Thésée, encore inconnu à son père, et dont la valeur avait pacifiél’isthme baigné par deux mers. Pour le perdre, Médéeprépare le poison qu’elle apporta jadis de la Scylhie, et qui fut/romi, dit-on, par le chien né de l’hydre deLerne. Il est une caverne où règne une obscurité profonde. On y descend par une pente rapide. C’est par là que le héros de Tirynthe traîna Cerbère attaché à des chaînes de fer. II résistait en vain, et regardait obliquement la viveclarté du soleil. Alorséclata sa fureur terrible. H fit retentir les airs de ses triples aboiements à la fois, et couvrit les verles prairies d’une blanche écume qui, trouvant, dit-on, un aliment féconddans le sein de la terre, grandit et acquit une vertu nuisible. Comme elle croît et vit au milieu des rochers, les habitants des campagnesl’appellent aconit. Trompé par son épouse, Egée présenta lui-même ce poiPalladiasarces, qua ; te, justissimaPhini, Teque, senexPeripha, parilervider’evolantes, 400 InnixamquenovisneptemPolypemonis alis. Excipilbanc.<Egeus, factodamnandusin uno. Necsalishospiliumest, lhalamiquoquefoederejungit. JamqueaderatTheseus, proiesignaraparenti, Quivirtutesua bimarempaeaveratIsthmon. 40S Hujusin exitiummiscetMedea, quodolim Altuleratsecumscythicisaconilonab oris. llludecbidneïememorant.edentibusorlum Essecanis.Specusest tenebrosocoecusbialu. Estviadeclivis, per quamlirynthiushéros MO Resfantem, contraquediemradiosquemicanfes Obliquantem oculos, nexisadamanlecalenis, Cerberonabslraxit, rabidaqui concitusira ïmplevitparilerternislalratibusauras, Et sparsitviridesspumisalbentibusagros. 415 liasconcressepulant, naclasquealimentaferacis Fecundique soli, virescepissenocendi. Quoe, quianascunturduravivaciacautc, . Agrestesaconitavocant.Ea conjugisastu Ipseparons^Igeusnnloporrexit, ut hosli. 450 2(Î0 MÉTAMORPHOSES. son à son fils, comme à un ennemi. Thésée, sans soupçonner l’artifice, prit la coupe qui lui était offerte. Son père alors reconnut, à la garde, d’ivoire de son ôpée, le sceau de sa famille, el repoussa le breuvage criminel. Un nuage que formèrent soudain les enchantements de Médéela déroba à la mort. Egée se réjouit de voir son fils sauvé du danger ; el cependant, encore épouvante du crime qui l’avait mis à deux doigts de sa perte, il alluma le feu sur les autels, les chargea d’offrandes, et fit tomber sous la hache des taureaux superbes dont les cornes étaient entrelacées de bandelettes. Jamaisjour plus beau ne brilla, dil-on, pour les enfants d’Athènes. Les grands et le peuple s’assirent à un joyeux banquel. Le vin inspira les esprits, el, tous ensemble, firent entendre ce chant : <iNoble Thésée, Marathona admiré ton bras qui terrassa le taureau de la Crète. Si le laboureur de Cromyonne crainl plus les ravagesd’une laie, ce bienfait est ton ouvrage.Épidaure a vu le fils de Vulcain, armé d’une massue, tomber à les pieds. Les bords du Céphise ont vu périr le barbare Procuste. Eleusisoù règne Cérèsa vu la mort de Cercyon. Il a aussi succombésous tes coups, le brigand qui abusait de ses forces prodigieuses, Sinis, qui courbait les arbres et faisait plier SumpscratignaraTheseusdatapoculadextra, Quumpaterin capulogladiicognoviteburno Signasuigeneris, facinusqueexcussitab ore. Effugitillanecem, nebulisperearminamotis. Atgenilcr, quanquamIretatursospilenato, 4^o Attonilustantum, lelbidiscrimineparvo, Committipoluissenefas, fovetignibusaras, Muneribusque deosimplet ; feriuntquesecures Collatorosaboum, vinclorumcornuavittis. îvullusErechlhidisfertur celebratiorilio 430 Ilîuxissedics.Agitantconviviapatres, Et médiumvulgus ; necnonet earmina, vino lngeniamfaciente, canunt : e Te, maximeTh(ï ? eu, Miralaest Marathoncretaûsanguinelauri. Quodquesuis securuserat Cromyonacolonus, 455 Munusopusquetuumest. Telluscpidauriaper te Clavigeram viditVulcanioccumbereprolein ; Viditet immilemCepbesiasora Procusten ; CercyonislethumvidilCerealisEleusin ; Occiditille Sinis, maenismaieviribususus, 440 LIVRE VII. 201 jusqu’à terre les pins destinés à disperser au loin les membres de ses victimes. Letrépas de Sciron a ouvert un sentier sûr qui conduit aux murs d’Alcathoûsoù régna Lélex. La terre et la mer ont également refusé un gîte au cadavre de cet assassin. Quand il fut resté longtemps sans sépulture, le temps le changea, dit-on, en un rocher qui conserve le nom de Sciron. Si nous voulionscomparer tes exploitsau nombre de les années, les exploits l’emporteraient. Pour loi, magnanimehéros, nous formons des vœuxpublics ; pour toi nous vidons nos coupes remplies de vin. » Les applaudissementset les hommages de la foule fonl retentir le palais, el la ville entière se livre à l’allégresse. ARNÉESTCHANGÉE ENCUOUETTE. — PESTEn’ÉGINE. — MÉTAMORPHOSE DESFOURMISEN J1TRMID0NS. — ÉAQUELES ENVOIEAU SECOURS D’ÉGÉE. VII. Toutefois (tant il est vrai qu’il n’y a point de plaisir sans mélange, et que la peine se mêle toujours à la joie) Egée, en retrouvant son fils, ne goûte pas un plaisir pur. Minoss’apprête à la guerre. Ses forcesde terre et de mer sont puissantes ; mais il est Quipoteralcurvareirabes, el agebalab alto Adlerramlatesparsurascorporapinus. Tulusad Alcalhoen, lelegeiamoenia, limes CompositoScironepalet ; sparsiquelatronis Terranegatsedem, sedemnegatossibusunda, 445 Qusejactaladiu ferturdurassevetustas In scopulos.ScopulisnomenScironisinlioeret. Sititulos, annosqueluosnumerarevelimus, Factapremantannos.Pro te, forlissime, vota Publicasuscipimus.Bacchitibi sumimushauslus. » 430 Consonatossensupopuli, precibusquefaventum Regia, necIotaIrislislocusullusin urbeest. AltXEIVMOXEDULAM CONVERSA. — .EGIX/El’ESTIS. FORMIŒ MUTANTDR IX UÏRtriDOXES, QUOSJÎACUSAD.EGEUM ADXII.10 M1TTIT. VII. Nectamen(usqueadeonulii sinceravo’.uplas, SollicitiquealiquidloeLisintervenit ! )£geus Gaudiapercepit, natosecurareccplo. 435 ReliaparâtMinos.Quiquanquammilite, quanquam 15. 202 MÉTAMORPHOSES. surtout redoutable par son ressentiment paternel. Il cherche par les armes une juste vengeance du trépas d’Androgée. Avant tout il veut marcher au combat avec des alliés. Ses flottes agiles pénètrent parloul où elles peuvent aborder. Elles gagnent à sa cause Anaphe el le peuple d’Aslypale (Anaphe par des promesses, et le peuple d’Astypalepar les armes) ; puis la petite Mycone, les plaines crétacées de Cimole, l’opulente Cylhnos, Scyros, la modeste Sériphe, Paros, célèbre par ses marbres, et l’île que l’avare et coupable Arné, sortie de la Thrace, livra pour un infâme gain.. Elle fut changée en un oiseau qui toujours aime l’or. Corneille maintenant, elle a les ailes et les pieds noirs. Mais Oliare, Didyme, Ténos, Andros. Gyare et Péparèthe, fertile en olives, ne prêtèrent point leur appui à la flotte du roi de Crète. Il quitte ces îles et. vogue à gauche vers ia’contrée ou règne Saque. Les anciens l’appelaient finopie ; Éaque lui donna le nom d’Egme, sa mère. La foule se précipite à sa rencontre et brûle de connaître un prince si célèbre. Au-devantde Minos accourent Télamon, Pelée, plus jeune que Télamon, et Phocus, le troisième fils d’Eaque. Le Classevalet, patriatamenest Ormissimus ira, Androgeiquenecemjuslisulcisciturannis. Anletamen, belloviresacquiritarnicas ; Quaquepatentadilus, volucrifrétaclassepeiv/ral. 400 HincÀnaphensibijungit, et aslypaleiarégna ; PromissisAnaphen, régnaaslypaleiabello. ninc humilemMyconon, cretosaquerura Cimoli, Florentemque Cytbnon, Scyron, planamqueScriphon, Marmoreamque Paron, quamqueimpiaprodiditAme 405 Silhonis, aecepto, quodavarapoposcerat, auro. Mutataest in avcm, quair.uncqubqtiediligitounnn, Kigrapedem, nigrisvelatamonedulapennis. Atnon Oliaros, Didymoeque, et Tenos, et Andros, Et Gyaros, nitidoeque feraxPeparethosoliv ; e, 470 Gnosiacasjuvererates.Latereindesinislro Œnopiam Minospetit, oeacideiarégna. GSnopiam veteresappellavere ; sedipse ^acus ^ginam genitricisnominedixit. Turbaruit, tantoequevirumcognoscere famoe 475 Expelit.Œcurruntilli, Telamonque, minorque QuamTélamon, Peleus, el proiestertia rhocus. LIVRE VII. 263 roi lui-même, malgré la vieillessequi ralentit sa marche, s’avance vers Minos, et lui demande quel motif l’amène en ces lieux. Au souvenir de la douleur qui déchira son cœur paternel, le roi des cent villes s’exprime en ces termes : « Soutiens, je t’en conjure, ces armes que j’ai prises pour venger mon fils. Associe-loià une guerre sainte : je cherche à consoler ses mânes. » Le pelil-fils d’Asopus lui répond : « Ta prière est inutile, et ma ville ne. saurait l’exaucer. Nullecontrée n’est plus dévouéeà Athènes : son alliance est sacrée pour nous. » Minosse relire tristement. « Cette alliance le coûtera cher, » dit-il, persuadé qu’il vaut mieux annoncer la guerre que de l’entreprendre el de consumer en ce moment ses forces par des attaques prématurées. Des remparts d’Enopie on pouvait encore apercevoir la flotte créloise, lorsqu’un vaisseau athénien s’avance à pleines voileset entre dans le port de ses alliés, portant Céphaleel les vœuxde sa patrie. Quoique les fils d’Eaque n’eussent point vu Céphaledepuis longtemps, ils le reconnaissent, lui tendent la main, et le conduisent au palais de leur père. Le héros, dont les traits respirent la noblesse et conservent encore les traces de son ancienne beauté, Ipsequoqueegreditur, tardusgravitatesenili, $acus, et qua ; sit veniendicausarequirit. Admonituspatriiluctussuspirat, et illi 4SG Dictarefertrectorpopulorumlaliacentum : « Armajuvesoropro natosumpta ; piaique Parssis militia ;  ; tumulosolatiaposco. » HuicAsopiades « Petisirrita, dixit, et urbi Haudfaciendamese ; nequeenimconjuncliorulla 4S3 Cecropidisbac est tellus ; ea foederanobis.* Tristisabit : « Slabuntquetibitua foederajnagno, » Dixit, et uliliusbellùmputatesseminari, Quamgerere, atquesuasibi praicousumere vires. Classisab oenopiisetiamnumlyctiamûris 490 Spectaripolerat, quumpîenoconcilavélo Atticapuppisadest, in portusqueintratamicos, Qua ; Cephalum, patriaiquesimulmandalafcrebat. ^Eacidoelongojuvenesposttemporevisum Agnovere tamenCephalum, dextrasquededere, 493 Inquepatrisduxeredomum.Speclahilishéros, Et velerisretinensetiamnumpignoraforma ;, 204 MÉTAMORPHOSES. se présente avec une branche d’olivier.-A sa droite et à sa gauche marchent Clytuset Bulès, deux fils de Pallas, plus jeunes que lui. Admisprès du roi, les envoyésd’Athènes lui adressent les félicitations d’usage. Puis Céphale, pour remplir sa mission, demande des secours à Éaque, lui rappelle les traités et les liens qui unirent leurs pères, et termine par le tableau du danger prêt à fondre sur la Grèceentière. Quand son éloquence eut soutenu les intérêts qui lui étaient confiés, Éaque, appuyant sa main gauche sur la poignée de son sceptre, lui répondit : « N’implore point du secours, Athènes, exige-le. Regarde hardiment comme ton bien les ressources de cet empire : je les mets toutes à la discrétion. Les forces ne me manquent point. J’ai assez de soldats pour me défendre ou attaquer mes ennemis. Grâce aux dieux, tout ici prospère, et les conjonctures ne laissent aucun prétexle à— un refus. — Puisse-t-ilen être ainsi ! répond Céphale ; et puisse ton empire voir se multiplier tes sujets ! Naguère, à mon arrivée, j’ai éprouvé de la joie, lorsque j’ai vu accourir au-devant de moi une brillante foule toute composée, de jeunes gens du même âge. Cependantj’y cherche en vain plusieurs guerriers que j’ai connus jadis dans la cilé. » Éaquegémit, el d’une voix attristée il ajoute : « Destemps Ingredilur, ramumquelenenspopularisolivre, Et dextralcevaqucduosoetateminores Majorhabet, Clytonel Bulen, rallantecreatos. ."00 Poslquamcongressuprimosua verbalulcrunt Cecropida ;, Cephalusperagitmandata, rogalque Auxilium, foedusque refert, et jura parenlum. Imperiumque petilotiusAchaidosaddit. Sicubi mandatantjuvitfacundiacausani, 1^5 JSacus, in capifosceptrinilentesinislra : « Isepetiteauxiiium, sed sumile, dixit, Alhena ;. Kecdubievires, quashaiehabetinsula, v^slros Ducile ; et omniseat rerumstatusisle mearum. îloboranondesunt.Suporatmiiùmileset hosli. 510 Grotiadis ! folixet inexcusabilele^ipus. — Immoila siL ! Cephalus, crescatlua civibusopïo Res, ait. Adveniens equidemmodogaudiacepi, Quumtam pulcbramibi, tampar oetalejuventus Obviaprocessit.Multoslamrninderequiro, 515 Quosquondamvidiveslrapriusurbereceplus. » jEacusingemuil, Irisliqueila voceloculus : LIVRE VII. 205 malheureux ont fait place à une meilleure fortune. Que ne puis-je le la faire connaître sans remonter à d’anciens désastres ! Je vais le les raconter en t’épargnant de longs détails. Ils ne sont plus qu’os et poussière, ceux dont tu as conservé le souvenir ! Hélas ! que de perles cruelles m’ont alors frappé ! « Suscité par le ressentiment de la cruelle Junon, qui détestait une contrée à laquelle sa rivale a laissé son nom, un terrible fléau fondit sur mes Etals. Nousle prîmes pour un de cesmaux attachésà l’humanité ; el, tant que la cause fatale d’un si grand malheur resta cachée, nous la combattîmespar les ressourcesdel’art. Maisil triomphait de nos efforts : l’art s’avoua vaincu. D’abordl’air s’obscurcit, commeun épais brouillard, elles nuages nous envoyèrent une chaleur accablante. Durant tout le temps que mit la lune à remplir quatre fois son disque de lumière et à le voir décroître, soufflala brûlante haleine des mortels autans. Les sources el les lacs furenl infectés. Au milieu des campagnes incultes erraient d’innombrables essaims de reptiles qui empoisonnaient les fontaines. Les chiens, les oiseaux, les moutons, les bœufs et les bêtes sauvages, ressentirent les premiers les soudaines atteintes de ce mal.-Le « Flebileprincipiummeliorforlunasecutaest. Hanculinampossemvobismemoraresine illoi Ordinenuncrepetam, neulongaambagemorervos. 5-0 Ossacinisquejacent, memoriquosmenterequiris, Et quotaparsilli’rerumperieremearum ! « Diraluespopulisira Junonisiniqua ; incidit, exosa ; dictasa pelliceterras. Duravisummorlalemalum, tantoequelalehat 525 Causanocenscladis, pugnatumestarte medcndi. Exitiunisuperabatopem, qua ; viciajacebat. Principiocoelumspissacaliginelerras Pressif, et ignavosinclusitnubibusoestus. Dumquequalerjunciisimplevitcornibusorbem 5^1 Luna, qualcrplénumlenuaîorelexuitorbem, LelhîferiscalidispiraruntllatibusAuslri. Constatet in fontesviliumvenisse, lacusquc, MilUaque incultosserpentummullaper agros Errasse, atquesuis Ûuviostemerassevenenis. 555 Stragecanumprima, volucruraque, oviumque, boumquo, Inqueferissubilideprensapotentiamorbi. 200

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pauvre laboureur vit d’un œil consterné ses taureaux vigoureux succomber en. travaillant et expirer au milieu des sillons. Les brebis poussaient de douloureux bêlements ; leur toison tombait d’elle-même et leurs corps se décomposaient. Le coursier, jadis impétueux, qui s’était couvert de palmes dans l’arène, dédaignait la victoire. Sans songer à ses anciens triomphes, il faisait retentir la crèche.de gémissements avant de mourir de langueur. Le sanglier oubliait sa fureur et la biche ses pieds rapides ; l’ours ne pensait plus à fondre sur les grands troupeaux. Une torpeur léthargique enchaînait tous les êtres. Les forêts, les campagnes, les routes, étaient jonchées de cadavres qui infectaient l’air. 0 merveille ! ni les chiens, ni les oiseaux de proie, ni les loups avides n’en firent leur pâture. Réduits en dissolution, ces cadavres exhalaient.des miasmes délétères qui étendaient la contagion au loin. « Lapesle sévit particulièrement sur les malheureux habitants de la campagne ; puis elle établit son empire dans cette grande cité. D’abord un feu dévoraitles entrailles, et révélait ses ravages secrels par la rougeur du visage et par une pénible respiration. La langue devenait âpre et s’enflait : la bouche aride s’ouvrait à des vents brûlants, et ne transmettait aux poumons qu’un air corrompu. On Concidereinfelixvalidosmiraluraralor Inter opustauros, medioquerecumberesulco. Lanigerisgregibus, balalusdanlibusirgros, 54Û Spontesua îanaïquecadunt.et corporalabenl. Acerequusquondam, magnaïquein pulverefamoe, Dégénérâtpalmas, velerumqueoblilusbonorum, Adpra ; sepegémit, lelbo moriturusinerti. Nonaper irascimeminit, nec fîderecursu 543 Cerva, necarmentisincurrerefortibusursi. Omnialanguorbabel ; silvisque, agrisque, viisque Corporafoedajacent.Vitiantnrodoribusaura ;. Miraloquor : nonillacanes, avidoeque volucres. Noncanileligerelupi.Dilapsaliquescunt, 550 Afflatuquenocenl, el agunt conlagialaie. « Pervenitad miserosdamnograviorecolonos Pestis, et in magna ; dominaturmoenibusurbis. Visceralorrenturprimo, flammîeque latentis Indiciumruborest, et ductusanhelitusaigre, 535 Asperalinguatumct, lepidisquearentiaventis Orapaient, aur ; oquegravescapfanlurhialu. LIVRE VII. 207 ne pouvait souffrir le lit ni le plus léger vêtement. C ; est contre terre qu’on appliquait sa poitrine décharnée. Maisle corps, loin dé se refroidir par le contact du sol, lui communiquaitsa chaleur. Rien n’arrêtait la fureur du mal. Il se déchaînait contre les médecins eux-mêmes, qui devenaient ainsi victimes de leur art. Ceux que les liens du sang ou de l’amitié ; retenaient auprès des malades succombaient plus promptement. Quand tout espoir était évanoui, la mort seule apparaissait comme le terme des souffrances. Alors on s’abandonnait à son instinct ; on ne cherchait plus quel remède pouvait être utile ; et, en effet, il n’en existait point. Çà et là, sans respect pour la pudeur, on se tenait nu au bord des fontaines, des fleuveset des grandes citernes. On buvait ; mais la soif ne s’éteignait qu’avec la vie..Aussi une foule de malades, affaisséssous le poids de l’eau, ne pouvaient se relever, et trouvaient la mort dans l’onde où d’autres mourants venaient encore se désaltérer. Des malheureux, pour se dérober à leurs tourments, s’élançaient hors de Jeur couche ; ou, s’ils n’avaient point la force de se soutenir, ils se roulaient par.terre, , loin de leurs maisons, qu’ils regardaient comme un funeste séjour et qu’ils accusaient d’être la cause secrète du mal. Quelques-uns, à demi Nonstralum, non ullapâli velaminapossunt ; Durased in terra ponuntpraicordia ; necfit Corpushumogelidum, sedhumusde corporefervel. 5G0 Necmoderatoradest ; inqueipsossa ; vamedenles Erumpitclades, obsuntqueaueloribusartes. Quopropiorquisqueest, servitqnefideliusaigro, In partemlethiciliusvenit.Utquesalutis Spesabïit, finemquevidenlin funeremorbi, ’ 5G3 Indulgentanimis, et nulla(quidutile ? )cura est.’ Utileenimnihil est. Passim, positoquepudore Fontibus, et fluviis, puteisqueeapacibushaïrent ;.. Néepriusest exstinctasitis, quamvita, bibendo Indegravesmuilinequeuntconsurgeie, et ipsis . 57G Immoriunlùraquis ; aliquistamenbauritet iilas. Tanlaquesunlmiserisinvisiloedialecti, Prosiliunt ; aut, si prohibentconsisterevires, Corporadevolvunlin humum, fugiuntquepénates Quisquesuos.Sua cuiquedomusfunestavidetur ; 573 Et quiacausalatet, locusest in crimine.Notis 208

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morts, erraient dans des sentiers connus, tant qu’ils pouvaient se tenir debout ; d’autres pleuraient étendus sur le sol. Par un effort suprême, ils agitaient encore leurs paupières appesanties, et, les bras levés vers le ciel, ils expiraient où le hasard les avait conduits. Quels sentiments m’assaillirent alors ! Oh ! que je dus haïtla vie, et combien je désirai partager le sort de mon peuple ! Partout où je tournais les yeux s’offraient des monceaux de cadavres. Ainsi tombent les fruits gâtés des arbres que l’on secoue ; ainsi se détachent les glands du chêne qu’on agile. « Tu vois vis-à-vis de nous un temple où l’on monte par de longs degrés. Il est consacré à Jupiter. Qui de nous n’y fit brûler un encens inulile ? Combiende foisl’époux, priant pour son épouse, et le père pour son fils, ne rendirent-ils pas le dernier soupir au pied de l’autel insensible ! Combiende foisne trouva-t-on pas dans leurs mains l’encens à demi consumé ! Combiende fois, tandis que le prêtre prononçait les paroles sacrées et versait un vin pur entre les cornes des taureaux conduits au temple, ceux-ci ne tombèrent-ils pas avant d’être atteints par la hache ! Un jour, j’offrais moi-mêmeun sacrificeà Jupiter pour ma patrie, pour mes trois enSemianimes errareviis, dumstarevalehant, Aspiceres, flenlesalios, temcquejacenles, ’ Lassaqueversantessupremoîuminamolu ; Membraque pendentîsleuduntad sidcracoelï, ’iSO Hic, illicubi morsdeprenderal, exhalantes. Quidmibituneanimifuit ? au quoddebuitesse, Utvitamodissem, et cuperemparsessemeorum ? Quose cumqueaciesoculorumflexerat, illic Vulguserat statum ; veluliquumputriamolis 5S5 Pomacaduntramis, agitataqueiliceglandes. « Tempiavidescontra, gradibussubïimialongis. Jupiterîllatenet.Quisnonallaribusillis Irritathuratulit ? Quoliespro conjugeeonjux, Pronatogenitor, dumverhaprecantiadicit, 300 Nonexoratisanimamfinivitin aris, Inquemanuthurisparsinconsumplareperla0 ;.l ! Admoliquotiestemplis, dumvolasacerdos Concipit, et funditpuruminter cornuavinum, llaudexspectalocecideruntvulneretauri ! 503 IpseegosacraJovipro me, patriaque, Iribusque Quumfaceremnatis, mugilusviclimadiros LIVRE VII. 209 fants el pour moi. La victime poussa de sinistres mugissements. Tout à coup elle expira sans être frappée, et teignit à peine le fer de quelques gouttes de sang. Lesfibres flétries n’indiquaient ni la vérité ni la volonté des dieux : la contagion avait pénétré jusqu’aux .entrailles des victimes. J’ai vu devant le seuil sacré des cadavres épars. Des malades, pour rendre leur trépas plus révoltant, s’étranglaient eux-mêmes en face des autels, et se dérobaient ainsi à la peur de la mort en allant au-devant du sort qui les menaçait. On ne rendait plus les derniers devoirs. Les portes de la ville étaient trop étroites pour les cortèges funèbres. Les morts gisaient privés de sépulture, ou étaient jetés sans nulle cérémonie sur le vaste bûcher. On ne respectait rien. On se battait pour une tombe et plusieurs furent consumés par le feu allumé pour d’autres. Aucune larme n’accompagnait les morls. Lesombres des filles et des mères, des jeunes gens et des vieillards, erraient frustrées des honneurs suprêmes. La terre ne pouvait suffire aux tombeaux, ni le bois aux bûchers. « Accablépar ce déluge de maux effroyables : « 0 Jupiter ! m’éc criai-je, s’il est vrai, comme on le dit, que la fille d’Asopus, « Égine, t’ait reçu dans ses bras, si tu ne rougis pas, dieu puissant, Edidil, et subitocollapsa, sineiclibusullis, Exiguotinxilsubjectossanguinecultros. Fibraquoquesegranotasverimonitusquedeorum 000 Perdiderat : tristespénétrantad visceramorbî. Antesacrosvidiprojectacadaverapostes. Anteipsas, quo morsforetinvidiosior, aras Parsanimamlaqueoclaudunt, morlisquetimorem Mortefuganl, ultroquevocantvenientiafata. G03 Corporamissanecinullisde moreferuntur Funeribus, nequeenimcapiebantfuneraporta ;  ; Aulinbumataprémuni.terras ; aut dantur in altos Indotatarogos.Et jam reverentianulla est ; Bequerogispugnant, alienisqueignibusardenl. 010 Quilacryment, désuni ; indeŒtaîque vagantur Nalarummalrumqueanima ;, juvenumquesenumque ; ~\’eelocusin tumulos, necsufficitarhorin ignés. « Atlonitustanlomiserarumturbinererum, « Jupitero, dixi, si le non falsaloquenlur

615 c Difltasub amptexus^ginîe asopidosisse, « Necle, magnepaler, noslri pudetesseparentem, 270 MÉTAMORPHOSES. « de m’avoir pour fils, rends-moi mes sujets, ou èns’evelis-moiavec « eux dans la tombe ! » Unéclair etun tonnerre favorables m’apprirent sa-volonté. « J’accepte.ce présage, dis—jealors : puisse-t-il « m’être propice ! DansJes signes que tu m’envoies, je trouve la , « preuve d’un meilleur destin. » « Près de là s’élevait un chêne consa’créà Jupiter. Un rare feuillage en couvrait les vastes rameaux. Il était né d’un gland de Dodone. Là nous voyons s’avancer —une longue file.de fourmis’chargées de grains, et transportant des fardeaux bien lourds pour leurs faibles corps. Elles suivaient la’même route dans Técorce ridée du chêne. Frappé de leur nombre, 1je m’écriai : « Omon père ! « dans ta bonté, donne-moi autant de citoyens pour repeuplerma o ville déserte ! » Le grand arbre frémit. De.ses branches agitées sans aucun souffle s’échappa une voix. Je nie sentis glacé d’effroi ; mes cheveux se dressèrent. Toutefoisj’imprimai un baiser sur. la terre et sur les flancs du chêne, sans laisser deviner mon espoir. En effet, j’espérais, et mon cœur se flattait de voir ses vœux accomplis..La nuit arrive, et le sommeil soulage les peines des mortels. Eh dormant, je crois voir, le même chêne avec tous ses rameaux, et ces rameaux couverts du même nombre d’insectes. Je « Autmiïiireddemeos, aut mequoquecondesepulcro. «  111enotamfulgore"dédit, tonitruque’secundo : s Accipio, sihtqueista precorfeliciamentis 620 « Signatua ;, dixi.Quoddas mibi, pignerpr, omcn.b « Fortefuitjuxtapalulisrarissimaramis, Sacra’Jovi, quercusde seminedodonaio…….. . Ific.nosfrugilegasaspeximusagminelongo. " Grandeomisexiguoformicasoregerenles, 625 Rngosoquesuumservantescorticecallem. Dumnumerummiror :’ « Totidem, paler optime, dixi. « Tu mihida cives, et inaniamoeniasupple. » Inlremuit, ramisquesonumsineflaminemotisAlladéditquercus.Pavidomibiniembratimoré

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Horruerant, slabanlquecoma ;.Tamenosculaterroe, Roboribusquededi.Kecme sperarefatebar ; Sperabamlamen, alqueanimomçavotafovebam. : . Koxsubit, et Vurisexercitacorporasomnus Occupât.Anleoculoseademmihiquercus-adesse, 055 Et ramostqlidem, tolidemqueanimaliaramjs . LIVRE VII. 271 ïrôis le voir frémir encore, et disperser au loin dans les sillons la •troupe chargée de grains. Tout à coup ces fourmis me semblent grandir, se développer, se lever de terre, se dresser, perdre leur maigreur, leurs pieds innombrables, leur couleur noire, et revêtir la forme humaine. A mon réveil, je condamne mon songe, et je me plains de ne trouver aucun secours dans les dieux. Cependant mon palais retentit d’un grand murmure. La voix humaine, qui avait cessé de frapper mes oreilles, semble se faire entendre au loin. Je craignais que ce ne fût encore une iUusion, quand Télamon, accourant en toute hâte, ouvrit les portes et s’écria : « 0 mon « père ! vous allez voir un prodige bien au-dessus de vos espé « rances, et à peine croyable ; venez ! » ’Je sors, et ces hommes dont un songe m’avait offert l’image, je les vois rangés en ordre, comme je les avais vus. Je les reconnais. Ils s’approchent et me proclament leur roi. Je rends grâces à Jupiter. J’assigne a mes nouveaux sujets des demeures dans la ville et dans la campagne veuve de ses anciens habitants. Je les appelleMyroridons, afin que ce nom perpétue le souvenir de leur origine. Vous les avez vus. Ils gardent leurs mœurs primitives. C’est un peuplé économe, infatigable, intéressé, et habile à garder le fruit de ses Ferresuisvisaest ; parilerquetremisceremolu^ Graniferumque agmensubjeetisspargerein arvis ;. Creseerequod.subito, et majusmajusquevideri, Acse tollerehumo ; rectoqueossisteretrunco ; G40 Et maeiemnumerumquepedum, nigrumqueeolorem Ponere, et bumanamm’embrisinducereformam. Somnusabit.Damnovigilansmeavisa, querorque ’—." In Superisopisessenibil.Atin ïedibusingens Murmureral, vocesquebominumexaudirevidebar,. 645 Jammihidesuelas.Dumsuspicorbasquoquesomhi, EecevenitTélamonproperus, foribusquereclusis : « Spequefideque, paler, dixit, majoravidebis. «  « Egredere. » Egredior, quatesquein imaginesomni. Visuseramvidisseviros, ex brdinetaies 650 Aspicio, agnoscoque.Adeunt, regemquesalulant. VotaJovisolvo’, populisquerecentibusurliem Partior, el vacuosprisciscultoribusagros ; Myrmidonasque voco, nec originenominafraudo. Corporavidisli.Mores, quosàntegerebant, 655 Nuncquoquehabent ; parcunigenusestpatieiisquelaborum, 272 MÉTAMORPHOSES. travaux. Égaux en âge et en valeur, ils marcheront au combat avec vous aussitôt que l’Eurus, dont le soufflepropice vous ; a conduit vers cette île (l’Eurus l’y avait conduit en effet), auna cédé sa place à l’Autan. «  CÉPHALE ET PROCRIS. VIII. Ces entretiens et d’autres semblables remplirent toiule la journée. Le soir fut consacré à un festin, et la nuit au sonnmeil. Cependant le char radieux du Soleil avait paru sur l’hoirizon. L’Eurus soufflait encore et s’opposait au départ. Auprès die Céphale, plus âgé qu’eux, se pressaient les enfants de Pallass ; ils l’accompagnaient auprès d’Éaque, encore enseveli dans le>sommeil. Un de ses fils, Phocus, les reçut sur ! o seuil du palais, tandis que Télamon el son autre frère enrôlaient les citoyens pour la guerre. Phocus conduisit les Athéniens dans l’intérieur clu palais, sous de somptueux portiques, et s’assit auprès d’eux. H remarqua dans les mains de Céphale un javelot fait d’un bois inconnu, et armé d’une pointe d’or. Après quelques propos ;  : « Je Quassilique tenax, et quiquoesitareservent, Hite adbella, paresannisanimisque, sequentur, Quumprimum, qui te féliciterattulit, Eurus, (Eurusenimaltuleral), fueritmutatusin Austros. » 603 CENlALUS ETPROCRIS. VIII. Talibusatquealiislongum-sermonibus illi Impîeverediem.Lucisparsultimamerisa ; Estdala, nos somnis.Jubaraureusextuleratsoi. FlahaladhncEurus, rediluraquevclalenebal. AdCephalumPallantesali, cui grandioroetas, 065 AdregemCephalus, simulet Pallantecreali Conveniunt.Sedadhucregemsoporallus habobal. Excipil.lucidesillosin liminePhocus ; NamTélamon, fralerque, virosad bellalegebanl. Phocusin inleriusspatium, pulchrosquerecessus 670 Cecropidasducit.cumqueis : simulipseresedit. Aspicit.^Eoliden ignolaexarborefactùm Ferremanujaculum, cujusfuit aureacuspis. Poucapriusmediissermonibusillelocutus ; LIVRE Vil. 275 suis, dlit-il, passionnépour les forêts et pour la chasse. Néanmoins je cheirche depuis longtemps de quel bois est fait ton javelot. Le frêne esl plus jaune, et le cornouiller plus noueux. J’ignore son origine, mais je n’en ai jamais vu de plus beau. » Un des trois enfants de l’Altiqué lui répond : « Son usage le paraîtra plus étonnant q-ue sa beauté. 11atteint toujours le but ; jamais il ne vole au hasardi, et il revient sanglant dans la main qui l’a lancé. » Alors le petit-fils de Néréemultiplie ses questions. « Pourquoi l’a-l-il été donné ? d’où vient-il ? quel esl l’auteur de ce rare présent ? i » Céphale satisfaità ses demandes, mais la honte l’empêche de dire pourquoi il le reçut. La perle de son épouse réveille en lui un douiloureuxsouvenir qui fait couler ses larmes : « Fils d’une déesse, , ce javelot (qui pourrait le croire ? ) me coûte bien des pleurs, , et il m’en coûtera longtemps, si les Deslins m’accordent une longue vie. II a causé ma perte et celle de mon épouse. Oh ! plût au ciel que je n’eusse jamais reçu ce présent ! Procris élait sœur dï’Orilhye.Peut-être le nom d’Orithye, qu’enlevaBorée, a-t-il plus soîuventfrappé ton oreille. Si on les compare, Procris, par su n Sumncmorumstodiosus, ail, coedisque fcrinai. 07b ’Quatamene silvateneashaslilerccisum, .Jumdudumdubilo.Celle, si frasinusessel, ÎFulvacoloreforet ; si cornus, nodusinessct. iDndesit ignoro ; sednonformosiusisto Videruntoculilelumjaculabilenostri. » CSO Excipitaclceise fralribusaller, el : « Usum IMajorem speciemirabere, dixit, in isto, Consequilurquodcumque petit, forlunaquemissum Konrégit, et revolat, nulloreferenlc, cruentum. » Tumverojuvenisnereiusoniniaqurcrit 085 Cur sit et undedalum ? quis lantimunerisauctor ? Qua ; petit, illerefert.Sedqua ; narrarepudoriest, Qualulèritmercede, silel ; lactusquedolore Conjugisamissoe, lacrymisita faturobortis : « : Hocme, natcdea, quispossitcredere ? telum G90 Flercfacit, facietquediu, si vivercnobis Fala diudederint.Hocmecumconjugecara F’erdidit ; hocutinamcaruissemmunercsemi>er ! P’rocriserat, si forlemagispervenitad aurcs Oailhyiatuas, rapta ; sororOiilhyiic. 095 274 MÉTAMORPHOSES. beauté et par sa vertu, était plus digne de trouver un ravisseur. Son père Érechlhée l’unit à mon sorl ; l’amour nous unit aussi. Chacun me proclamaitheureux. Je l’étais, et, si les dieux l’eussent permis, je le serais encore. Le secondmois s’écoulait depuis notre hymen. Je tendais mes toiles aux cerfs légers, lorsque, du haut de l’Hymette, toujours couronné de fleurs, l’Aurore aux doigts vermeils, chassant les ténèbres devant son char, m’aperçut el m’enleva malgré moi ; Puis-jedire la vérité, sans blesser la déesse ? Son front est parsemé de roses ; c’est elle qui lient le milieu entre le jour et la nuit ; elle s’abreuve de nectar. Maisj’aimais Procris ; Procris était dans mon cœur, et j’avais toujours son nom sur mes lèvres. J’alléguai les droits de l’hymen, la récenle ivresse de l’amour, et le premier bonheur de son affection virginale. La déesse^ s’indigna de mes scrupules : o Cesse tes plaintes, ingrat, dit-elle ; « garde Procris. Si je sais lire dans l’avenir, un jour lu voudras ne « l’avoir jamais possédée. » Et, dans sa colère, elle me renvoya à Procris. « Je partis, et, repassant en moi-mêmeles paroles de la déesse, je commençaià craindre que mon épouse n’eût point respecté la Si faciem, moresqueVelisconferreduarum, Dignioripsa rapi.PaterbancmihijunxitErechlheus ; Hancmihijunxitamor.Félixdieebar, eramque. Nonila disvisumest, ac nuncquoqueforsitanessem. Alteragebaturpostsacrajugaliamensis. 700 Quumme, cornigerislendentemreliacervis, Verticcde summosemperflorenlisHymelti LuteamanevidetpulsisAuroratenebris, Invilumqucrapit.Liceatmihiverareferre Paecdea ;, quodsit roseospecîabilisore, 705 Quodteneatlucis, teneatconfinianoctis, Nectaieisquodalaluraquis.EgoProcrinamabam ; PectoreProcriserat, Procrismihisemperin ore. Sacralori, coilusquenovos, lhalamosquerécentes, Primaquedesertireferebamfoederalecli. 7i0. Motadeaest, cl : n Sistetuas, ingrate, querelas. c Procrinhobc, dixit.Quodsi meaprovidamensest, « Nonhabuissevoles ; » mcqueilli irataremisit. « Dumredco, mceumqucdea ; memoratarelracio, Essemeluscoepit, ne jura jugaliaeonjux 715 LIVRE VII. 27b sainteté du lien conjugal. Sa beauté, son âge, me firent soupçonner une infidélité, quoique sa vertu la rendit invraisemblable. Mais j’avais été absent ; mais celle qui me quittait avait donné un mauvais exemple ; mais tout éveille les craintes des amants. Je cherchai un subterfuge qui devait faire mon malheur. Je m’appliquai à séduire, par des présents, la vertu de Procris. L’Auroresecondames craintes ; elle altéra mes traits (je crus m’en apercevoir).Avantde loucher la cité de Pallas, je n’étais plus reconnaissante. J’entrai dans mon palais. Nulle trace de crime. Partout un air d’innocence et l’inquiétude pour un maître perdu. A peine, par mille détours, je me frayai un accès auprès de la fille d’Erechthée. A son aspect, je restai immobile, et je renonçai presque à mon projet. Je pus à peine étouffer la vérité et m’abslenir de l’embrasser, commej’aurais dû le faire. Elle était triste ; mais, malgré sa trislesse, aucune femme ne l’eût éclipsée. Elle regrettait profondément la perte de son mari. Juge, Phocus, de la beauté de celle que rehaussait même ia douleur ! •Te dirai-je combien de fois sa vertu repoussa mes attaques ? Combiende fois elle me dit : « J’appartiens à un seul ; en « quelque lieu qu’il soit, — c’est en lui seul que je concentre mon « bonheur ? » Nonbeneservasset.Faciesqueoetasquejubebat Credereadulterium, probibebantcrederemores. Sedtamenabfueram ; sed et hoecerat, underedibam, Criminisexemplum ; sed cunctatimemusamantes. QuEerere, quoddoleara, sludeo, donisquepudicam 720 Sollicitarcfidem.Favethuic Auroratimori, Immutatquemeam, videorsensisse, Oguram. Palladiasiueo, noncognoscendus, Alhenas, Ingrediorqucdomum.Culpadomusipsacarebat, Caslaquesignadabat, dominoqueeratanxiaraplo. 725 Vixadituper milledolosad Erechthidafacto,

Ut vidi, obstupui, meditataquepoenereliqui Tentamenlaiide.Maieme, quinverafalerer, Conlinui ; inale, quin, ut oportuil, osculaferrem. Trisliserat ; sednuliatamenformosiorilla 73’J Essepolesttristi, desiderioquecalebat Conjugisabrepli.Tu colligequalisinilla, Phocc, décorfuerit, quamsicdoloripsedecebut. Quidreferam, quolicslenlaminanostrapudici lïcppulcriulmores ? quolies : « Ego, dixerit, uni 755 « Servor, ubicumqueest ; uni mcagaudiaservo ? » 270

MÉTAMORPHOSES
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« Quel homme raisonnable n’eût vu dans ce langageune preuve suffisante de sa fidélité ? Je ne sus pas m’en contenter’, et-je m’acharnai à ma perle. Pour une seule nuit j’offris tous mes trésors. J’exagérai tellement mes promesses, qu’elle me parut chanceler enfin. Je m’écriai alors : « Je m’étais déguisé, el sous les dehors « d’un adultère se cachait le véritable époux ! Perfide ! je suis « moi-même témoin de la trahison ! » Elle ne répond rien, mais, ensevelissant sa honte dans le silence, elle fuit à la fois un époux infâme et un palais criminel. Enveloppant tous les hommes dans la haine que je lui inspirais, elle erra sur les montagnes el s’y livra aux exercices de Diane. Ainsi délaissé, je sentis un feu plus violent circuler dans mes veines. J’implorai mon pardon, j’avouai ma faute, répétant que j’aurais succombé moi-même à de tels présents, si on me les eût offerts. Ces aveux vengèrent sa pudeur outragée. Procris me fut rendue. Nosjours s’écoulèrent doucement au sein de la concorde ; et, comme si c’était trop peu de s’être livrée elle-même, elle me donna un chien que Diane lui avait cédé en disant : II surpassera tous les autres à la course. En même temps, elle me fit présent du javelot que vous voyez dans mes inaiiis. itCuinonislafidesalisexperienliasano Magnaforet ? Nonsum conlenlus, et in meapugno Vulnera, dumcensusdaremepronoctepaciscor ; Sluneraqueaugendotandemdubitarecoegi. 710 Exclamo : « Maieleclusegoen, maiepactusadultcr. « Veruserameonjux.Me, perlida, lesteleneris. » Illa nihil.Tacitolanlummodovictapudore lusidiosamalocumconjugeliminafugit ; Offensaquemeigenusomneperosavirorum 745 .Mpnlibuserrabat, studiisoperataDiance. Tummihideserloviolenliorignisad ossa Pervenit.Orabamveniam, et peccassefatebar, Et potuissedatissimilisuccumbereculpce Mequoquemuneribus, si inuneralantadarcnlur. 750 Hocmihiconfessola ; sumpriusullapudorem, Redditur, el dulcesconcordilerexigitannos. Datmihiprailerea, lanquamse parvadedisset Doua, caiiemmunus.Quemquumsuatradereilli Cynlhia : Ciirrciulo : « jieratil,’iixenl, omnes. 755 Dalsimulet jaculum, mauibusquod, cernis, habemus. LIVRE VII. 277 « Vousdésirez connaître quel fut le sort de ce nouveau don. Écoulez : vous serez étonné de ce prodige.Le fils de Laïus avait, par son génie, deviné des énigmesimpénétrablesavant lui, et le Sphinx mystérieux, oubliant son langage obscur, s’était précipité du haul de son rocher. Thémis ne laissa point sa mort impunie. Bientôt un autre fléau, une bête sauvage, vint fondre sur Thèbes. Les bergers, saisis d’effroi, tremblèrent pour eux et pour leurs troupeaux. Deslieux voisins toute la jeunesse accourut, el nous enveloppâmesla vasteplaine de nos toiles. D’un bond léger, le monstre agile s’élança par-dessus. On découpla les chiens, qui se mirent à le poursuivre ; mais il leur échappa, plus prompt que l’oiseau, et se rit de leurs efforts. Leschasseurs, d’une voixunanime, me demandèrent Lélaps, que j’avais reçu de Procris. Lui-même depuis longtemps cherchait à briser la chaîne qui retenait son ardeur. A peine libre, il se précipite, et à l’inslant nous ne savons plus ce qu’il est devenu. La brûlante poussière porte la trace de ses pas, mais il se dérobe à nos yeux. Lajaveline ou le plomb que lance la fronde n’est pas plus rapide, et jamais la flèche ne s’envola plus légèrement de l’arc crétois.

» Munerisalteriusqua ; sit forlùnarequiris ?

Accipe : mirandinovitatemovcberefacti. CarminaLaiadesnoninlelleclapriorum Solveratingeniis, et proecipitatajacebat, 700 lunnemorambagum, vatesobscura, suarum. ScilicelaimaThemisnon lolialinquilinulla. ProlinusaoniisimmitlituraltéraThebis Pestis, et exitiomulfipecorumque suoquc Rurigena ; pavereferam.Vieinajuvcnlus 765 Venimus, et latosindaginecinximusagros. Illaleviveloxsuperabatretiasallu, Summaquetransibatposilarumlinaplagarum. Copuladelrahiturcanibus, quasilla sequentes Effugit, et volucrinonsegniusaliteludit. 770 Poscoret ipsemeumconsensuLîclapamagno, Munerishocuomen.Jamdudumvinculapugnal Exuereipsesibi, coloqueniorantialeudft. Vixbenemissuserat, necjam poleramus, ubi cssel. Scire.Pedumcalidusvestigiapulvishabebal. 775 Ipseoculiserepluserat : nonocioriilo Uasta, necevcussrecoulortoverbcreglandes. Necgortvuiacocalamuslevisexilab arcu. 10 278

MÉTAMORPHOSES
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« Au milieu d’une plaine s’élevaitun tertre qui la dominait. J’en occupele sommet, et de làje contempleune lutte d’un genre nouveau. La bête sauvage tantôt paraît atteinte, et tantôt semble se dérober aux poursuites. Au lieu de fuir en ligue directe dans la plaine, elle revient sur ses pas, el trompe par ses artifices et ses détours l’impétuosité de son ennemi. Lélaps la presse el dévore sa trace. Ondirait qu’il la lient ; mais elle échappe à ses morsures. J’ai recours alors à mon javelot.Tandisque je le balance, les doigts enlacés dans la courroie, je détourne les yeux et les reporte bientôt sur la plaine. 0 prodige ! je vois deux slatues de marbre : l’une semble fuir, l’autre aboyer. Sans doute Lélaps et son ennemi étaient sortis de la lutte, l’un et l’autre invincibles par la volonté d’un dieu, si un dieu était venu à leur aide. » A ces mois, Céphale s’arrête. « Quel esl le crime de ce javelol ? » dit Phocus. « Le voici, reprend Céphale. « Le bonheur, Phocus, fut pour moi la source de tous les chagrins. Je vais d’abord te parler de ma félicité. Oh ! j’aime à rappeler, fils d’Éaque, ces premières années où j’étais heureux par mon épouse, où elle était heureuse par son époux. Une tendresse mu « Collisapexmediisubjeclisimminetarvis. Tolloreo, capioquenovispectaculacursus. 7S0 Quomododeprendi, modose subducereabipso Vuinerevisaferaesl ; neclimitecallidarecto, In spatiumvefugit, seddecipitorasequentis, Et reditin gyruni, ne sit suus impetusbosti. Imminethic, sequiturqueparem ; sîmilisquetencuti 7S5 Nontenet, et vacuosexercetin aéramorsus. Adjaculivertcbaropem.Quoddexteralibrol Dummea, dumdigitosamenlisinderelenio, Luininadellexi, revocalaquerursuscodem Rctluleram.Medio, mirum ! duomarmoracampo 700 Aspicio.Fugerchoc, illudlalrareputarcs. Scilicetinvictosambocertaminecursus Essedcusvoluit, si quisdeusadfuitillis. » Haclenus ; et lacuit. » oJaculoquodcrimenin ipso.’ » Phocusait.Jaculisiccriminareddiditillc : 703 « Gaudiaprincipiumnostrisunt, Phoce, dcloris ; Illapriusreferam.Juvatoî meminissebcati Temporis !.£acida, quoprimosrile perannos Conjugeeramfelix, felixerat illamorilo. LIVRE VII. 279 tuelle et tout le charme de l’intimité embellissaient noire union. Procris n’eût point sacrifié son amour à la couche de Jupiter ; et nulle femme, pas même Vénus, n’aurait pu me séduire. Noscœurs brûlaient des mêmes feux. Dès que le soleil dorait de ses premiers rayons la cime des montagnes, j’allais, avec l’ardeur de la jeunesse, chasser dans les forêts. Maisje ne voulais ni compagnons, ni chevaux, ni fins limiers, ni filets : je n’avais que mon javelot. Lorsque j’étais fatigué de chasser les bêtes sauvages, je recherchais la fraîcheur de l’ombre el le zéphyr qui soufflait d’une sombre vallée. Accabléde chaleur, j’invoquais la douce Aura ; je l’attendais ; elle me délassait de mes travaux. Il m’en souvient, j’avais coutume de chanter : « Viens, Aura, viens alléger mes peines et porter o dans mon sein Ion souffle bienfaisant. Viens ; comme toujours, « amortir la chaleur qui me dévore. » Peut-être (ainsi le voulait ma destinée) ajoutais-je d’autres expressions de tendresse. « Oui, « tu es pour moi la volupté suprême, avais-je coutume de dire ; « lu répares et ranimes mes forces ; lu me fais chérir les bois et « la solitude ; ma. bouche respire toujours avec bonheur ta douce « haleine. » Mutuacuraduos, et amorsocialishabebat. 800 NecJovisillameothalamosproeforretamori ; Necmequa ; caperet, nonsi Venusipsaveniret, Ullaerat : oequalesurebantpectoraflammae. Solefereradiisferientecacuminaprimis Venatumin silv’asjuvenililerire solebam. 805 Necmecumfamulos, necequos, necnaribusacres Ire canes, neclinasequinodosasinebam. Tutuseramjaculo.Sedquumsatialaferma ; Dexteracrcdiserat, repetebamfrigusel umbras, Et, qua ; de geîidishalabatvallibus, auram. 810 Aurapetebaturmediomibilenisin oestu ; Auramexspcctabam ; requieserat illalabori : « Aura, recordorenim, venias, canlaresolebam ; a Mequejuves, intresquesinus, gratissima, nostros ; « Utquefacis, relevarevelis, quibusurimur, a ; stus. » 815 Forsitanaddiderim(sicme meafatatrahebanl), Dlanditiasplures, et : « Tu mihimagnavoluptas, « Diccrcsimsolilus ; lu me reficisquefovesque. « Tufacis, utsilvas, ut amemlocasola ; meoque « Spiritusisle tuussempercaplalurab ore. » 8-0 280

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a Ces paroles ambiguës frappèrent je ne sais quelles oreilles. Une fatale erreur fit prendre à quelqu’un le nom d’Aura, si souvent invoqué, pour celui d’une Nymphe que j’aimais. Aussitôt il alla révéler indiscrètement à Procris un crime supposé, et lui rapporta les paroles que j’avais prononcées. L’amour est crédule. A.cette nouvelle, pénétrée de douleur, Procris tombe évanouie. Lorsque enfin elle a repris ses sens, elle maudit son malheur, accuse son destin et se plaint de ma foi. Egarée par son illusion, elle craint un fantôme, s’effraye d’une chimère, et gémit comme si elle avait réellement une rivale. Néanmoins, souvent elle doute. Dans son infortune, elle espère qu’on l’a trompée, et refused’ajouter foi au délateur. Avant d’en avoir été témoin elle-même, elle ne peut croire à l’infidélité de son époux. « Le lendemain, quand les rayons de l’Aurore eurent chassé la nuit, je sortis ; je courus dans les bois, et, fier de ma chasse, je m’étendis sur le gazon. « Aura, lui dis-je, viens adoucir mes fa « ligues. » Au même instant je crus entendre des gémissements se mêler à ma voix. « Viens, toi que je chéris, » répélai-je encore. Une feuille en tombant fit un léger bruit. Convaincu que c’était. « Vocibusambiguisdeceptampraibuitaurem Nescioquis ; nonïenqueAura ; tamsoepevocatum EssepulansNyinpioe, Nymphammibicréditamari. Criminisextemplo-ficlitemerariusauclor Procrinadit, linguaquerefertauditasusurra, S25 Credulares amorest. Subitocollapsadoîore Utsibinarratur, cecidit ; longoquerefecta Tempore, se miseram, se fatidixitinjqui ; Dequefidequestaest ; el crimineconcitavano, Quodnibilest, metuil ; metuitsinecorporenomen ; 850 Et doletinfelixvelulidepellicevera. Saipetamendubitat, speratquemiserrimafalli ; Indicioquefidemnegat ; et nisi videritipsa, Damnalurasui nonest deliclamarili. « PosteradepulerantAurora ; luminanoclem. 855 Egredior, silvasquepelo, victorqueper hêrbas : « Aura, veni, dixi, noslroquemederelabori. » Et subitogemilusintcr mcaverbavidebar Nescioquosaudisse : « Veni, lamen, oplima, » dixi. Frondelevemrunsusslrepilumfacientecaduca, S40 LIVRE VII. 2S1 une proie cachée, je lançai mon javelot. C’était Procris. Frappée en pleine poitrine : « Hélas ! » s’écria-t-elle. A peine ai-je reconnu la voix de ma fidèle épouse, j’accours éperdu. Je la trouve presque inanimée, baignant de son sang ses vêtements en désordre, et re tirant de sa blessure (ô comble d’infortune ! ) l’arme dont elle m’avait fail présent. Je soulève dans mes bras coupables celle qui m’est plus chère que la vie. Avecun lambeau du tissu qui couvre son sein, je ferme sa cruelle blessure et j’essaye d’arrêter le sang. Je la conjure de ne pas laisser peser sur moi le crime de sa mort. Epuisée et mourante, elle fait un dernier effort pour m’adresser ces paroles : « Au nom des droits sacrés de notre hymen, au nom « des dieux du ciel el des enfers, je t’en supplie, si j’ai mérité la « tendresse, je te le demande par mon amour, qui cause mon « trépas et vit encore au moment où j’expire, ne perme’s jamais « qu’Aura partage notre couche. » « A ces mots, je vois, j’apprends enfin qu’un nom a causé son erreur. Maisà quoi bon l’apprendre ? Elle s’évanouil • le reste de ses forces s’échappe avec son sang. Tant que ses yeux peuvent s’ouvrir, ils se fixent sur moi. C’est sur mon sein qu’elle meurt ; ma Sumralusesseferam, leluniquevolatilemisi. Procriserat, medioquelenensin pectorevulnus : « Heimibi ! » conclamat.Yoxest ubi cognilafidce Conjugis, ad vocemproecepsamensquecucurri. Semianimem, et sparsasfoedanlemsanguinevesles, SÎ5 Etsua, me miserum ! de vuineredonatrabenlem lnvenio ; corpusquemeomihicorius, ulnis Sontibusaltollo, scissaquea pectoreveste Vulnerasoevaligo, conorqueinhiberecruorem ; N’eumemorlesua sceleratumdeserat, oro. S50 Viribusilla careus, et jaminoribunda, coegil Haiese paucaloqui : « Per noslrifoederalecti, " Perquedeossupplexoro, superosquc, meosque ; « Persi quidmcruide te benc ; perquemanentem « \uncquoque, quumpereo, causammibimortis, amorem ; 855 « NethalamisAurampntiareinnuberenoslris. » « Dixit, et erroremtumdeniqucnominisesse Etsensi, el docui.Sedquiddocuissejuvabal ? Lubitur, et parvx fugiuntcumsanguinevires. Dumquealiquidspeclarepotcst, mespécial, el in me 800 10. 282 MÉTAMORPHOSES. bouche recueillele dernier souffle de sa triste vie, el e ; le semble alors la perdre avec moins de regret. i> Durant ce récit, les larmes de Phocus et des Paliantides se mêlèrent à celles du héros. SoudainÉaque entra, suivice ses deuix autres fils et de nouveaux soldats. Céphaleles reçut, tenant, à la main son javelot redoutable. Infelicemaninmmnostroqueexhalâtin ore ; Sedvultumelioremorisecuravidelur. » Flenlilmsliteclacrymanshérosmemorabal ; el ecce jŒacus ingredilurduplicicumproie, novoque Milite, quemCephaluscumfortibusacripitat-iuis. SG5 LIVRE HUITIÈME KIPlîSESTCHANGH ENAIGLEDEMER, ETSCYLLA, SAFILLE, ES AIGRETTE, I. Déjàl’étoile du matin chassait la nuit et rouvrait les portes de l’Orient. L’Eurustombe et d’humides nuages s’élèvent. Le paisible Autan seconde le retour des soldats d’Éaque el de Céphale. Grâce à son souffleheureux, ils arrivent au port plus tôt qu’ils ne l’avaient espéré. CependantMinos ravageait la contrée de Lélex, et faisait l’essai de ses forces sous les murs de la ville d’Alcalhoiis, où régnait Nisus. Revêtu d’un brillant manteau de pourpre, ce prince avait sur sa tête blanche et vénérable un cheveu qui assurait la durée de son noble empire. Le disque de Phébérenaissait pour la sixième fois, et la victoire était encore incertaine : longtemps balancée sur ses ailes, elie LIBER OCTAVUS N7SUSIXHÀLL£ETOM, ETSCYLLA, T.3VSFJLTA, IXCIRIXMHTAXTUR. I. Jamuitidumrelegentediem, noetisquefuganle TemporaLucifero, caditEurus, et humidasurgunt Nubila.DantplacidicursumredeuntilmsÀiisfri /EacîdisCephaloque, quibusféliciteracti Anteexspectalum portustenuerepetilos. 5 InlereaMinoslclegeialitiorava ? tat ; Proetcntalquesui viresMavortisin urbe Alcatlioi, quamNisushabet.Guisplendidusoslro Inter bonoralosriiediode verticecanos Crinisinhoerebat, magiiifiduciaregnï. 10 Sextaresurgebànlorîenlîscornua PJioebes, Et pp’ndebaladïiucbellîforluna, diuque 284 _ MÉTAMORPHOSES. flottait entre les deux camps. Une royale tour flanquait lés murs devenus sonores depuis que le fils de Latone y déposa, dit-on, sa lyre. Par son contact elle communiqua des accents à la pierre. Souvent, durant la paix, la fille de Nisus montait dans cette tour, et frappait avec une petite pierre la muraille harmonieuse. Souvent aussi, pendant la guerre, elle contemplait delà les jeux sanglants de Mars.Déjà la longueur du siège lui avait permis de connaître les noms des chefs, les armes, les coursiers, les costumeset les arcs de Cydon.Elle connaissait même trop surtout la figure du héros à qui Europe avait donné le jour. Le front couvert d’un casque ombragé d’un panache, ou le bras armé d’un brillant bouclier d’airain, Minoslui paraissait également beau. Déployait-ilsa vigueur pour lancer un javelot, elle vanlait son adresse et sa force. Pla-r çait-il un Irait sur son arc, elle jurait que c’était l’altitude de. Phébus prêt à décocher ses flèches. Déposait-il le casque et laissait-il voir son visage ; pressait-il, revêtu de pourpre, les flancs d’un chevalblanc richement caparaçonné, et soumeltait-il au frein sa bouche écurnante ; la fille de Nisus ne pouvait se posséder. Hors . InterulrumquevolâtduhiisVictoriapennis. Regiaturriserat vocalibusadditamûris, In quibusauratamproiesletoiafertur 1S Deposuisseîyram : saxosonusejusinhsesit. Sa ; peillucsolitaest ascendereliliaNisi, Et pelereexiguoresonantiasasaSapillo, Tumquumpas esset ; belloquoquesa ; pcsolcbat SpectareexillarigidicerlamiuaMartis. 20 Jamquemorabelli.procerumquoquenominanorat, Armaque, equosque, habilusque, cydoneasque pbarelros. Noveratantealiosfacîemduciseuropïei, Plus etiam, quamnossesat esl. Hacjudice, Minos, Seueaputabdideratcristatacassidepennis, 25 In galeaformosuserat ; seu sumpserataire Fulgenlemclypeum, elypeumsumpsissedeccbat. Torscratadduclishastilialcntalacerlis ; Laudabatvirgojunclamcumviribusarlcm. Impositopatuloscalamosinuaveratarcus ; CO SicPhoebumsumplisjurabatstarcsagiltis. Quumverofaciemdemptonudaveralaire, Purpureusquealbislratisinsigniapiclis Tcrgapremebatequi, spumantiaqueorarog^hat ; Yixsua, vis sana : virgonisciacompos oo LIVRE VIII. 283 d’elle-même, elle portait envie au javelot quelouchail Minos, aux rênes que dirigeait sa main. Elle eût voulu, si elle avait pu céder à son désir, marcher dans les rangs ennemis ; elle eût voulu, du haut de la tour, s’élancer dans le eamp^desCretois, ouvrir à l’ennemiles portes d’airain, et se soumettre à tous les ordres de Minos. Du lieu où elle se tenait habituellement, tournant un jour ses regards sur les tentes blanches du roi de Crète :. « Dois-jeme réjouir, dit-elle, ou m’affligerde cette guerre déplorable ? Je ne sais. Je m’en afflige, puisque Minosest l’ennemi de celle qui l’adore. Mais, sans la guerre, l’aurais-je connu ? Toutefois il pourrait me prendre pour otage et déposer les armes. Il m’aurait pour compagne, pour garant de la paix. Si ta mère, ô loi dont rien n’égale la beauté ! eut des traits semblables aux tiens, elle fut digne d’embraser le cœur d’un dieu. Quel serait mon nonbeur, si je pouvais traverser l’air sur des ailes, et descendre dans le campdes Cretois ! Je me ferais connaître, je découvrirais ma flamme au héros, je lui demanderais à quel prix il me donnera sa main, pourvu qu’il n’exige point que je lui livre la cité qui m’a vue naître. Périsse l’hymen où j’aspire, plutôt que d’être Mentiserat ; felixjaculum, quodlangeretillê, Quoiquemanuprcmeret, feîiciafrenavoeabat. Impetusestilli, liceatmodo, ferreper agmen Virgineoshostilegradus ; est impetusilli Turribuse summisin gnosiamitterecorpus 40 Castra, velairatashostirecludereportas, Velsi quidMinosaliudvelit.Utquesedebat, Cnndidadictaiispectanstentoriarégis : « î.aiter, ait, doleamnegerilacryinabilehélium, In dubioest. DoleoquodMinoshostisamantiest. -1*1 Sednisibellaforent, numquidmihicognilusesset ? Metamenacceptapoteratdeponerebellum Olisido ; me comitem, me pacispignushaberet. Si, qua ; le genuil, lalispulcherrimererum, Qualises ipse, fuit, meritodeusarsitin illa. MO Œgoter felix, si pennislapsaper auras Onosiasipossimeastrisinsistererégis. Fassaqueme, fiammasque meas, quadote, roganm, Velletemi, tanlumpalriasne poscèretarces. Kamperçantpotiussperatacubilio, quamsim

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MÉTAMORPHOSES. heureuse par la trahison, quoique souvent une défaite ait trouva sa justification dans la clémence d’un généreux vainqueur. La mort de son fils lui fait soutenir une guerre légitime. Sa cause s’appuie sur le droit, et il la soutient par la force des armes. Nous serons donc vaincus, je n’en saurais douter. Si tel est le sort réservé à ma patrie, pourquoi ses armes lui en ouvriraient-ellesles portes plutôt que mon amour ? Ne vaut-il pas mieux qu’il soit vainqueur sans carnage, sans relard et sans répandre son sang ? Carje tremble, Minos, qu’une main imprudente ne le frappe ! Eh ! à moins de l’attaquer sans le connaître, qui serait assezcruel pour diriger contre toi une lance meurtrière ? Oui, je persiste : je veux, en me livrant moi-même, lui offrir ma patrie pour dot el mettre fin à la guerre. Maisc’est peu de vouloir. Des sentinelles ferment tout accès, et mon père lui-même veille aux portes de la ville. Malheureuse1 c’est lui seul que je crains ; seul, il s’opposeà l’accomplissementde mes désirs. Ah ! plût aux dieux que je n’eusse plus de père ! Maischacun devient un dieu pour lui-même, et la Fortune ne résiste qu’aux prières du lâche. Déjàune autre, brûlant des mêmes feux, aurait écarlé ce qui nuit à son amour. Proditionepotens, quamvissa ; peutilevinci Victorisplacidifecitclementiamullis. Justafacitcertepro natobellaperempto ; In causaquevalet, causamquetuehlibusarmis, \ Utputo, vincemur.Quisi manelexilusurbem, lîll Cur suushaieillireserabitmoeniaMavors, Et nonnosteramor ? Meliussinecoede, moraque, Impensaquesuipoleritsuperarecruoris. Nammeluocertene quistua peclora, Minos Vulneretimprudens.Quisenimtamdirus, ut in te fui s Dirigereimmitem, nisi nescius, audealliastam ? Coeplaplacent, et stat sentenliaIraderemecum Dotalempatriam, linemqueimponerebello. Verumvelleparumest : adituscustodiaserval, Claustraqueportarumgenilortenct.Huneegosolum 70 Infelixlimeo ; solusmeavotamoralur. Difacerentsinepaireforem ! Sibiquisqueprofeeto Fit deus.IgnavisprecibusFortunarépugnai. Altérajamdudumsuccensacupidinelauto Perdcregauderet, quodeumque obslaretamori. ~>’à LIVRE VIII. 287 Pourquoi une autre aurait-elle plus de courage que moi ? J’oserais nie jeter à —traversle fer et la flamme. Pour moi, je n’ai besoin ni de flamme ni d’épée. Un cheveu de pourpre de mon père me suffit : plus précieux pour moi que tous les trésors, en couronnant mes désirs, il mettra le comble à mon bonheur. » Tandis qu’elle profère ces paroles, le plus vif aiguillon de l’amour, la nuit survient. L’audacede Scyllagrandit au sein des ténè bres. A peine le sommeil commençait-il à calmer les peines des mortels, elle pénètre en silence près du lit de son père. 0 crime affreux ! elle ravit à l’auteur de sesjours le fatal cheveu. Maîtresse de celte proie impie, elle emporte la dépouille qu’elle doit à un . sacrilège, franchit les portes de la ville, et, à travers les ennemis (tant le servicequ’elle rend aux Cretoislui inspire de confiance ! ), elle va trouver le roi, qui frémit à son aspect. « L’Amour a dicté mon crime, dit-elle.Je suis Scylla, la fille de Nisus. Je te livre ma patrie, mon palais, el je ne veux d’autre récompenseque toi. Pour gage de mon amour, reçois ce cheveu de pourpre. Ce n’est pas seulement un cheveu, c’est mon père que je te livre ; croismoi. » En même temps sa main criminelle offre ce présent à Et cur ullaforetmefortior ? Ire per ignés, Pergladiosausiin ; nequein hoctamenignibusullis. Autgladiisopusest ; opusest mibicrinepalerno. Illemihiest auropretiosior ; illabeatam Purpuraine, voliquemeifacturapotentem. » 80 Taliadiccnti, curarummaximanulrix î\oxinlervenit, tenebrisqueaudaciacrevif. Primaquiesadorât, qua curisfessadiurnis Pectorasomnushabet.Thalamostaciturnapalernos liilral, et (lieufacinus ! )falalinalaparentem Su Crinesuumspoliai ; proedaquepolilanefanda Ferlsecumspoliumseeleris, progressaqueporta Permedioshoslcs(merilisfiduciatanlaest ! ) Pervenitad regem.Quemsic affalapaventem : « Suasilamorfacinus.ProiesegoregiaNisi 00 Scylla, tibitradopatriosquemeosquepénales, Traimianullapeto, nisi te. Capepignusamoris Purpureumcrinem ; necme nuncIraderecrinein, SedpaU’iumlibicredocaput. » Sceleralaque désira 288

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Minos, qui le repousse. Indigné de ce forfait inouï : « Que les dieux, dit-il, te bannissent de l’univers soumis à leur empire, ô toi, l’opprobre de notre siècle ! Quela terre et la mer te soient à jamais fermées ! Pour moi, je ne souffrirai pas que le berceau de Jupiter, que la Crète où je commande, reçoive un monstre tel que loi ! » Il dit, el, après avoir imposé aux captifs des conditions dictées par la justice, il fait détacher la flotte du rivage el avancer les vaisseauxsous les bras des rameurs. A l’aspecl des navires qui fendent les ondes, Scylla, convaincue que Minoslui refuse le prix de son crime, après s’êlre épuisée en instances, s’abandonne aux transports de la colère. Les mains tendues vers lui, et les cheveux épars : « Où fuis-tu, s’écrie-l-elle hors d’elle-même, loin de ta bienfaitrice, foi que j’ai préféré à ma pairie, toi que j’ai préféré à mon père ? Où fuistu, cruel ? Ta victoire est à la fois mon crime et mon bienfait. Tu n’es donc touché ni.des services ni de la tendresse d’une amanle dont tout l’espoir reposait sur toi ? Si lu me délaisses, où cherchorai-je un refuge ? Dans ma pairie ? elle est vaincue. Et, quand je voudraisy rester, ma trahison m’en interdit l’accès. Chezmon Muneraporrexit.Minosporrectarefugit, 95 Turbalusquenovire^ponditimaginefacli : « Dile submoveant, o nosfriinfamiasoecli, Orbesuo, tellusquetibiponlusquenegenlur. Certeegononpaliar, Jovisincunabula, Cretcn, Qua ; meusest orbis, tontumconlingereroouslrum. » 100 Dixit, et, ut legescaplisjuslissimusauclor llostibusimposuit, cla ; sisretinaculasoîvi Jussil, et an-alasimpellirémigepuppes. Scylla, fretoposlquamdeduclasnare carinas, Necprajslareducemscelerissibiprxmiavidit, 103 Consumplisprccibusviolentamtransitin iram ; Intendensque manus, sparsisfuribundacapillis : ’Quofugis, exclamai, meritorumauclorereliclu, 0 palria ; pncb’.lcmeai, prailaleparenli ? Quofugis, innnilis ? cujusVictorianoslruui 110 Et scelus, el meritumesl. Necle dalamunera, i.tc le Nostermovitamor, nec quodspesomnisin unum Temeacongeslaest ? Namquodésertarcvcrlar ? In palriam ? superalajacel.Sedlingenuinerc. t’roditionemeaclausaest mibi.Fatrisad ora ? ii’i LIVRE VIII. 280 père ? je l’ai trahi pour loi. J’ai mérité la haine de mes concitoyens. Les peuples voisins redoutent mon exemple. Je me suis fermé, l’univers pour m’ouvrir les seules portes de la Crète. Si tu m’en éloignes, ingrat, si tu m’abandonnes, non, Europe n’est point la mère ; c’est une Syrie barbare, une ligresse d’Arménie, ou Charybde que bouleverse.l’Autan. Non, tu n’es pas le fils de Jupiter ; non, la mère ne fut point séduile par l’image d’Un taureau. Tout cela n’est que mensonges. Le taureau qui te donna le jour était un taureau sauvage : jamais il ne connut l’amour. Venge-toi, mon père. Réjouissez-vousde mon malheur, remparts, que. je viens de trahir. Je l’avoue, j’ai mérité la mort. Ah ! du moins, puissé-je mourir par la main de ceux qu’a perdus mon impiété ! Maisloi, qui as vaincu par mon crime, pourquoi m’en punir ? mon crime envers ma pairie et mon père fut un bienfait pour toi. Oui, tu es le digne époux de l’adultère qui, renfermée dans une génisse de bois pour tromper un taureau farouche, vit naître de ses amours un monstre difforme. Enlends-tu mes reproches, ingrat, ou sont-ils emportés par les mêmes vents qui poussent ton vaisseau ? Faut-il s’élonner encore quePasiphaé t’ait Qua ; Ubidonavi.Civesoderemerentem. Finitimicxemplummetuunt.Obstruximus orbem Terrarum, nobisut Crètesolapaleret. Uacquoquesi prohibes, et nos, ingrate, relinquis, iïon genitrixEuropatibi, sedinhospitaSyrtis, 120 Armeiréeve tigres, AustroveagitataCbarybdis. NecJovctu natus, necmaterimaginetauri Ductatua est. Geucrisfalsaest ea fabulaveslri ; El férus, cl captusnulliusamorejuvencai, Quite progenuit, laurusfuit.Exigepoenas, I2o Nisepater.Gaudelcmalismodoprodilanoslris Moenia.

! Namfaleor, merui, el sumclignaperirc. 

Metamenex iilisaliquis, quosimpialaisi, Mepérimât.Cur, quivicisticriminenoslro, Insequeriscrimen ? Scclushocpatrioequc, patiiquc, 130 Officiumtibisit. Tevereconjugedignaest, Qua ; lorvumlignodecepitadultérataurum, Discordcmque uterofoelumtulit.Ecquidad aurcs rervcniuntmeadictatuas ? Aninaniavenli Vcrbaferunl, idemquetuas, ingrate, carinasï lôu JamjamPasiphaennonest mirabiletaurum 17 290 MÉTAMORPHOSES. délaissépour un taureau ? tu étais plus cruel que lui. Malheureuse que je suis ! lu le bâtes de fuir : les flots retentissent sous tes rames. Je disparais, hélas ! avec les rivages de ma patrie. C’est en vain que lu as oublié mes services. Jeté suivrai malgré toi, et, attachée à ton navire, je l’accompagnerai sur la vaste, mer. » A ces mots, elle s’élance dans les ondes et suit la flotte. L’amour lui donne des forces, et, malgré l’horreur qu’elle inspire, elle se cramponne au vaisseau ennemi. Son père l’aperçoit. Récemment changé en aigle de mer, il’se balançait dans les airs sur ses ailes fauves.Il allait fondre sur elle et la déchirer à coups de bec, lorsque, saisie d’effroi, elle se détacha du navire. Mais, au moment de sa chute, une brise légère parut la soutenir et la préserver des flots. Elle avait des ailes ; elle était métamorphosée en aigrette, oiseau dont le nom rappelle le cheveu qu’elle déroba. LACOURONNE D’ARIAKE PLACÉEPARMILESASTRES. II. Dèsque, au sortir de son vaisseau, Minoseut foulé le sol de la Crète, il immola, pour acquitter son vœu, une hécatombe à JupiProeposuisse tibi : tu plusferilatishabebas. Memiseram ! properarejuval, divulsaqueremis CiHiasonal.Mecumsimul, ah ! meaterra recedit. .Nilagis, o frustramcritorumoblilemeofum. 140 Insequarinvitum, puppimqucamplexarecurvani, Perfrétalongatrabar.w Vixdixerat, insilitundai, Consequiturque rates, facienteCupidinevires, Gnosiacoeque hoeretcornesinvidiosacarina ;. Quampalerul vidit(namjam pendebatin auras 14o El modofacluserat fulvishaliaietosalis), Ibat ul boerenlem roslrolaniareladunco. Illametupuppimdimiltit.AIaura cadentem • Sustinuisselevis, ne langeretcequora, visaest. Plumafuit ; plumisin avemmutalavocatur loO Ciris, et a tonsoest hocnomenadeplacapillo. AK1ADKES COIIOXA INTEOS1DEKA PONITuK 11. VotaJoviMinoslaurormncorporacentum Solvil, ul egressusratibuscuretidalerrom LIVRE VIII. 291 ter, et suspendit de glorieusesdépouOlesaux voûtesde son palais. Cependant, l’opprobre de son lit, fruit d’un infâme adultère, le Minotaure, grandissaitchaque jour. Il voulut donc éloigner de sa demeure le monument de sa honte en le renfermant dans un laby. rynlhe inextricable. Dédale, architecte célèbre, chargé de le construire, embrouilla toutes les voies qui pouvaient guider à travers les mille détours où se perdait la vue. Commeon voit le limpide Méandre se jouer dans les plaines de la Phrygie, el promener çà et là son cours incertain, tantôt replier ses ondes sinueuses, tantôt remonter vers sa source, ou ramener ses flots capricieux vers la mer ; ainsi Dédalechange tellement la direction des innombrables routes, qu’il peut à peine lui-même en retrouver l’issue : tant le labyrinthe présente de difficultés perfides ! Dès que l’artiste y eut enfermé le Minotaure, Thésée égorgea ce monstre, déjà repu deux fois du sang athénien, et mit ainsi fin au tribut qu’on lui payait tous les neuf ans. Puis, à l’aide du fil que lui donna une jeune princesse, il découvritla difficileissue que nul n’avaitfranchie mie seconde fois. Au même instant il enleva Ariane, fit voilevers, Naxos, et abandonna cruellement sa compagnesur le rivage. Ariane Conligit, et spoliisdecorataest regiafixis. Crèveraioppfobrium. generis, foedumque patebal 155 Matrisadulterium, monstrinovitatebiformis. DestinâthuneMinosthalamisremoverepudorem, Multiplicrque dûmo, caicisqueincluderclectis. Doedalus, ingeniofabra ; celeberrimusarlis, Ponitopus, turbatquenotas, et luminaflexurn 1G0 Ducitin sri’oremvariarumambageviarum. Kousecusac liquidusphrygiisMoeandros in ai-vis Ludil, et âmbiguolapsurefluitquefluilque, OccurrentSque sibiventùrasaspicitundas, Et uuncsidfontes, nuncin mareversusapertum, 105 Incei-lasexercetaquas ; ila Daidalusimplcl Innumeraiserrorevias, vixqueipsereverli Adlimenpotuil : tanta est fallaciatecli ! QuopcsLctiuam laufigeminamjùvcnisquefiguram Clausil, eitactaiobispastumsanguinemonslrum 170 Tertiasoivsannisdomuitrepetitanovenis, Utqueopievirginea, nullisiteratapriorum, JanuadifiGcilisiiloest inventarclccto, Protinus..égides, raptaMinoide, Diani Vêladedilt, comilemquesuamcrudelisin illo 17S 292 MÉTAMORPHOSES. assourdit les échos de ses plaintes. Bacchus se jela dans ses bras, lui prêta son appui, el, pour qu’elle brillât d’un éclat immortel au milieu des astres, il détacha la couronne de son front et la lança vers les cieux. Tandis qu’elle traversait rapidement k’s aire, soudain les pierreries dont elle élail parsemée se flangèrent en autaul de feux qui se fixèrent dans l’Empyrée el conservèrent la forme d’une couronne. Sa place est entre Hercule à genoux et li constellation qui regarde le Serpent. DÉDALEs’ENVOLESURDESAILES. — ICARE, EX \OLANTAUPRÈ. ÎIÈ SONPÈRE, PÉRITDAKSLESFLOTS. — MÉTAMORPHOSE DEl’ERDIX. III. Cependant Dédale, dégoûté de la Crète el d’un long exil, brûle de revoir son pays nalal ; mais de lous côtés la mer lui oppose un obstacle. « Minospeut bien, dit-il, m’interdire la terre et l’onde ; mais le ciel m’est ouvert : c’est là que je m’ouvrirai une roule. S’il lient la Crète sous ses lois, l’air, du moins, ne lui appartient pas. » A ces mots, il s’applique à découvrir un art inconnu, et demande à la nature des secours nouveaux. Il range des plumes en ordre, en commençant par les plus courtes. Lilloredoserait.Déserta ;, et niultaquercnli, Amplexus et opemLibertuiït. utqueperenni Sidèreclaraforet, sumptamde frontecoronam lmmisitcoelo.Tenuesvolâtillaper auras ; Dumquovolât, gemma ; subitosvertunturin ignés, ISO Cousistuntque loco, specierémanentecorona ?, QuimédiusNixiquegenuest, Anguemquetuentis. D-L’JÀLUS ALISEVOIAT. — ICAHUS, POSTPATRES ! VOLAXS, SUIMEMITCIl. PERDISTRAXSFOmUT.l. lit. Doedalus intereaCreten, longumqucperosus Exsilium, traclusquesolinatalisamore, Claususeratpelago : « Terraslicet, inquit, et undas 185 Obstruai ; al cailumcertepatel : ibimusillac. Oinniapossideat, nonpossidetaéra Miuos. » Dixit, et ignotis animumdimittitin artes, Naturamqucuovat.Nainponitin ordincpenuas, LIVRE VIII. 293 Viennent ensuite les plus longues, et elles s’élèvent loules par degrés, comme jadis, pour former le pipeau champêtre, furent disposés des chalumeaux d’inégale grandeur. Il attache celles du milieu avec du lin, et celles des extrémités avecde la cire. Après les avoir ainsi arrangées, il les courbe légèrement, comme les ailes d’un oiseau. Icare était près de son père. Sansse douter qu’il préparait sou malheur, el le front rayonnant de joie, tantôt il louchail les plumes qu’agitait le vent, tantôt il pressait la cire sous ses doigts, et relardait par ses jeux l’admirable travail de son père. Enfin, après avoir mis la dernière main à son ouvrage, l’artiste prend son essor et fend l’air, suspendu sur ses ailes. Il en donne de semblablesà son fils, et lui dit : « Ne t’écarte pas de l’espace qui esl entre la terre et les deux ; je te le conseille, Icare. Plus bas, les ailes seraient appesanties par l’onde ; plus haut, le feu les consumerait. Reste entre ces deux limites. Je le recommande aussi de ne regarder ni le Bouvier, ni Hélice, ni Orion armé d’une épée nue. Suis-môi. » En même temps il lui apprend l’art de voler, et attache à ses épaules des ailes dont l’usage est tout nouveau pour lui. Aminimacoeplas, longambrevioresequenli, 190 Utclivocrevisseputes.Sicrusticaquondam Fisluladisparibuspaulatimsurgitavenis. Tumlinomédias, et cerisalligatimos, Atqueila eorapositasparvocurvamincflectit, Utverasimitenluraves.PuerIcarusuna Iflù’ Stabat, et, ignarussua seIractarepericîa, Orerenidenti, modoquasvagamoverataura, Caplabatplumas, flavammodopolliceceram Mollibat, lusuquesuomirahjlepalris Impediebatopus.Postquoinmanusultimacteptis 900 Imposilaest, geminasopifexlibravitin alas Ipsesuumcorpus, molaquepependitin aura. Instruitet natum : « Medioque ut limiteourras, Icare, ait, moneo, ne, si demissioribis, l : ndagravetpennas ; si celsior, ignisadural. 20." Interulrumquevola.Necte spectarelîoolen AutHelicenjubeo, slriclumveOrionisensem. Meduce, carpeviam. » Pariterproeceptavolandi Tradit ; et ignotashumerisadeommodat alas. 29} MÉTAMORPHOSES. Pendant que le vieillard lui prodigue ses soins et ses conseils, des larmes baignent ses joues, et ses mains paternelles tremblent. Il le couvre de baisers pour la dernière fois. Il vole devant lui et frémit pour ses jours. Pareil à l’oiseau qui conduit hors du nid sa jeune couvée dans les airs, il exerceIcare à le suivre, et le forme à un art périlleux. En agitant ses ailes, il aies yeuxsur celles de son fils. Le pêcheur qui amorce les poissons au bout d’un flexible roseau, le berger et le laboureur appuyés, l’un sur sa houlette, l’autre sur sa charrue, aperçoiventDédale et son fils. Frappés de surprise, ils prennent pour des dieux ces nouveaux habitants de l’air. Déjà fuyaient, à gauche, Samos, chérie de Junon, Dèloset Paros ; à droite, Lébinthe et Calymne qui abonde en miel. Le jeune Icare, fier de son vol audacieux, abandonne son guide, el, jaloux de sonder les régions célestes, il s’élance plus haut. Le brûlant voisinagedu soleil ramollit la cire odorante qui attache ses ailes. Elle fond. Icare agite ses bras nus ; mais, dépouillé de ses ailes, il ne se soutient plus dans les airs. Il appelle son père, et tombe dans les flots d’azur qui conservent son nom. Cependant son père infortuné, qui déjà n’est plus père, s’écrie : c Icare, Interopusmonitusquegêna ; madueresenilcs, 210 Et patria ; tremueremanus.Déditosculanalo Noniterumrepelendasuo, pennisquelevatus Antevolal, comitiquetimet, velulaies, ab alto Qua ; leneramprolemproduxitin aéra nido, Hortalurquesequi, damnosasque eruditarles, 215 Et movetipsesuas, et nalirespicitalas. Hosaliquis, tremuladumcaptâtarandinepisces, Autpaslorbaculo, stivaveinnixusarator, Vidit, et obslupuit, quiqueaitheracarperepossent, Crediditessedeos.Etjamjunoniala ; va 220 ParteSamosfuerant, Delosque.Parosqueveiiclro, DextraLebinthoserant, fecundaquemelleCalymne, Quumpueraudaciccepitgauderevolatu, Deseruilqueducem, coiliquecupidinetractus Alliusegitiler.Rapidiviciniasolis 225 Mollitodoratas, pennarumvineula, ceras. Tabueranlceroe.Kndosquatitillelacertos, Remigioque carensnonullaspereipitauras. Oraqueeairulea, palriumclamanlianomen, Excipiunluraqua, qua ; nomentraxilab illo. 230 Atpaterinfelix, necjampaler : « Icare, dixit, LIVRE VIII. 295 Icare ! où es-tu ? où irai-je te chercher ? Icare ! » répétait—il encore, quand il aperçut ses ailes à la surface des eaux. Alors, maudissant son art, il renferma dans un tombeau les restes de son fils, et le rivage prit le nom de celui qui y avait élé enseveli. Tandis que Dédalerendait les derniers devoirs à son malheureux fils, une perdrix indiscrète, cachée dans l’épais feuillage d’un chêne, battit des ailes en le voyant, et poussa des cris de joie. Seul de son espèce et inconnu dans les premiers âges, cet oiseau récemment créé devait instruire l’univers de ton crime, ô Dédale ! Ta sœur, ignorant les arrêts du Destin, l’avait confié l’éducation de son fils, lorsque, à peine arrivé à sa douzième année, il fui capable de recevoir les leçons. Cet enfant, ayant examiné les pointes qui hérissent le dos des poissons, les prit pour modèle, et, taillant dans le fer une rangée de dents, il inventa la scie. Le premier aussi il unit ensemble deux branches d’acier que l’on écarte à une égale distance pour décrire un cercle avec l’une, tandis que l’autre reste immobile. Emporté par la jalousie, Dédale précipita l’inventeur du haut du temple de Minerve, et publia que sa chute était due. au hasard. Mais Pallas, favorable au génie, Icare, dixit, ubi es ! quate regionerequiram ? , Icare ! » dicebat.Pennasconspexitin undis, Devovitqnesuasartes, corpusquesepulcro Condidit, et tellusa nominedictasepulti. 253 Hunemiseritumuloponenlemcorporanati Garrularamosaprospexitab iliceperdix, Et plausitpennis, testataquegaudiacantuest. Tinicatunevolucris, necvisaprioribusannis, Faetaquénuperavis, longumtibi, Dsedale, crimen. 240 iïamquehuictradideral, falorumignara, docendam Progeniemgermànasuam, nalalibusactis Bispuerumsenis, animiad proeeeplacapacis. 111eeliammediospinasin piscenolatas Traxitin exemplum, ferroqueinciditacuto 245 Perpetuosdentés, et serra ; repperitusum. Primuset ex unoduoferreabrachianodo Vinxit, ut, aiqualispatiodistantibusillis, Altérapars slaret, parsaltéraduceretorbem. Dîedalusinvidii, sacraqueex arceMinervoe 230 Prreeipitem mittit, lapsummentitus.Atillum, Qua ; favelingeniis, excepitPallas, avemque 296

MÉTAMORPHOSES
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soutint l’enfant, le changea en oiseau, et le couvrit de plumes pendant qu’il tombait. Toute l’énergie de son esprit, naguère si actif, passa dans ses ailes et dans ses pieds. H conserve son ancien nom. Toutefois son vol est humble, et il ne place point son nid dans le branchage ni à la cime des arbres. Il rase les sillons, el déposeses œufsdans les broussailles. Le souvenir de son ancienne chute lui fait craindre les lieux élevés. MKLEAGRE TUELESANGLIER DECALÏDOS. — ALTIIEE, MÈRE’DUHEROS, ES ACCÉLÈRE LAMORT. IV. DéjàDédale, épuisé de fatigue, était parvenu aux campagnes de l’Etna, et Cocale, qui, touché de ses prières, avait pris les armes pour le protéger, entendait célébrer sa générosité. Déjà Athènes, par la valeur de Thésée, avait cessé de payer un lamentable tribut. Les temples étaient ornés de guirlandes— Millevoix invoquaient la belliqueuse Pallas, Jupiter, et tous les dieux protecteurs. Le sang ’ des victimes promises coulait sur.les autels où l’encens se mêlait aux offrandes. La Renommée avail porté de ville en ville, dans la Grèce entière, le.nom de Thésée. Les peuples répandus sur la surReddidit, et mediovelavitin aèrepennis. Sedvigoringeniiquondamvelocis, in alas Inquepedcsabiit.Nomen, quodet ante, remansit. 25S Nontamenlïoecalt.evolucrissua corporatollil, Necfacitinramisalloquecacuminenidos. Proplerhumumvoîitat, ponitque’insepibusov’o, Antiquiquememormetuitsublimiacasus. APRUSl CAI.TDONIÏÏM ETERF1CIT MELEAGER, CCJDSMORTEM ACCELERAT ALTILSA MATER. IV. Jamquefaligalumlellus oelnaialenebat 2G0 Doedalon, et sumplispro suppliceCocalusarmis Mitishabebalur ; jam lamenlabileAlbenre Penderedesierant, thesealaude, tribulum. Templacoronantur, liellalricemqueMinervam CumJove, disquevocantaliis, quossanguinevolo, 203 Muneribusque dalis, et acerristhurishonorant. Sparseralargolicasnomenvagafamaper urbes Thescos, el populi, quosdivesAchaiacepil, LIVRE VIII. 297 face de celle riche contrée invoquèrent son appui dans les plus grands dangers. Calydon, quoiqu’elle possédâtMéléagre, lui adressa aussi de vivesinstances, quand elle fut ravagéepar un sanglier, ministre des vengeancesde Diane. Œnée, dit-on, comblédes faveurs de l’année, en avait offert les prémices aux dieux, le, blé à Cérès, le vin à Bacchus, et à Minervela liqueur qui lui est consacrée. Après les dieux champêtres, toutes les autres divinités reçurent les mêmes hommages.Lesautels de la fille de Latone furent seuls négligés et restèrent sans encens. Le ciel est, commela terre, accessible au ressentiment. « Je ne laisserai pas un tel affront impuni, dit la déesse. Si les honneurs m’ont été refusés, on ne dira pas que ce fut sans vengeance. » A ces mots, pour punir Œnéede ses mépris, elle lance dans les campagnes un énorme sanglier qui surpasse par sa taille les taureaux de la ferlile Épire et ceux que nourrissent les plaines de la Sicile. Ses yeux sont injectés de sang et de feu ; sa têle est horrible ; ses soies, comme une forêt de dards, présentent partout des pointes menaçantes. A ses cris féroces se mêle une brûlante écume qui coule sur ses larges flancs. Ses défenses ressemblent à celles de l’éléphant des Indes. Son boutoir lance la foudre ; Hujusopemmagnisimploraverepericlis. ïîujusopemCalydon, quamvisMeleagron haberet, -270 Sollicitasupplexpetiitprece.Causapelendi Suserat, infesta ; famulusvindexqueDiana ;. Œneanamqueferunt, plenisuccessibusanni Pritnitias, frugemCcreri, sua vinaLya’O, PalladiosflavrelaticeslibasseMinervoe. 275 Coeptusab agricolisSuperospervenitad omnes Invidiosushonos.SolassineIhurereliclas Prailerita ; cessasseferuntLatoidosaras. Tangitet ira deos :’<Atnonimpuneferemus ; Quajqueinhonorata ;, nonet dicemurinultoe, » 2S0 Inquit, et oeneosultoremsprelaperagios Misitaprum, quanlomajoresherbidalauros NonhabetEpiros ; sedhabentsiculaarvaminores. Sanguineet ignémicanloculi, rigethorridacervix, Et scia ; densissimileshastilibushorrent, 283 Slantquevelutvallura, velutaltahastilia, seta ;. Fervidacumraucoiatosstridoreper armos Spuma(luit ; dentésoequanturdenlibusindis ; Fulmenal orevenit ; frondesaffialibusanlent. 17i 298 MÉTAMORPHOSES. son haleine flétrit le feuillage. Tantôt il foule aux pieds les moissons naissantes ; tantôt il les abat lorsque leur maturité allait combler lés vœux du laboureur, et étouffe dans leurs épis les dons de Cérès.En vain l’aire, en vain le grenier attendent les trésors qui leur furent promis. Il renverse les ceps aux longs bras et les grappes remplies de’suc ; il détruit, avec ses rameaux, les fruits de l’olivier toujours vert. Sa fureur s’étend sur les brebis. Ni les bergers ni les chiens ne peuvent les protéger, et les taureaux furieux sont impuissants pour se défendre. Les hahitanls de la contrée fuient éperdus. Les remparts des villes-leur paraissent seuls un sûr asile, lorsqu’enfin l’amour de la gloire rassemble autour de Méléagre l’élite des héros. Cesont les deux fils de Tyndare, qui excellent ; l’un à manier le ceste, l’autre à dompter les coursiers ; Jason, l’inventeur du premier navire ; Pirithoûs et Thésée, modèles des vrais amis ; les deux fils de Thestius, le fils d’Apharée, Lyncée, et l’agile Idas ; Cénée, jadis femme ; le fier Leucippe ; Acaste, habile à lancer le javelot ; Hippothoùs, Dryas, Phénix, fils d’Àmyntor ; les deux fils d’Actor et Phylée venu de l’Élide. Là se trouvaient aussi Télamon et le père du grand Is modocrescentîsegetesproculcatin herba, 290 Nuncmaluramelitfleturivotacoloni, El Cereremin spicisinlercipit.Areafrustra, El frustra exspectantpromissashorreamesses. Slernunturgravidilongocum palmilefoetus, Tiaccaque cumramîssemperfrondentisolivoe. 29S Soevilet in pecudes.Nonlias paslorvecanesve, Nonarmentatrucespossuntdefenderetauri. Diffugiunlpopuli, necse, nisi moenibusurbis, Esseputantlutos.donecMeleagros, et una Lectamanusjuyenumcoierecupidinelaudis. 500 Tyndarida ; gemini, spectatuscoeslibusaller, Alterequo ; primaïqueratis molitorIason ; Et cumPirithoo, felixconcordia, Theseus ; Et duoThestiadai, prolesqueaphareiaLyneeus, El veloxIdas, et jamnonfeminaCameus, 503 Leueippusque ferox, jaculoqueinsignisAcaslus, Uippothoosque, Dryasque, et crelusAmynlorePhoenix, Actoridoeque pares, el missusab ElidePhyleusNecTélamonaberat, magnivecrealorAehillis ; LIVRE VIII. 299 Achille ; le fils de Phérès, le Béotien ïolaûs, l’infatigable Eurytion, Schion invincible à la course, Lélex de Naryce. Panopée, Hylée, le bouillant Hippasus, Nestor, qui débutait dans la carrière des armes, el les trois fils qu’Hippocoon avait envoyésde l’antique Amyclée ; le beau-père de Pénélope et Ancée d’Arcadie ; le fils d’Ampycus, qui lisait dans l’avenir ; le fils d’Écléus, que son épouse n’avait pas encore trahi, et la chasseresse de Tégée, la gloire des bois du Lycée. Une brillante agrafe attachait le haut de sa robe. Ses cheveux étaient rassemblés sans art par un seul nœud. A son épaule gauche résonnait un carquois d’ivoire rempli de flèches, el sa main gauche portait un arc. Tels étaient ses atours. Quant à sa figure, on eût dit un jeune héros avec la beauté d’une vierge, ou une vierge avec les traits d’un jeune héros. Méléagrela voit et l’aime au même instant. En dépit des dieux, une flamme secrète s’aUume dans son cœur. « Heureux celui qu’elle trouvera digne d’être son époux ! » s’écrie-t-il. Le temps et la pudeur l’empêchent de poursuivre. Une grande lutte l’appelle à de plus nobles travaux. Une épaisseforêt, que la hache avait toujours respectée, remontait de la plaine sur une colline, d’où elle dominait au loin les CumquePheretiade, et HyanteoIolao, 510 ImpigerEurytion, el cursuinvictusEchion, Naryciusque Lelex, Panopeusque, Hyleusquc, feroxque Hippasus, el primisetiamnumNestorin armis ; Et quosHippocoon antiquismïsitAmyclis ; Penelopesquesocer, cumParrhasioAnca ; o ; 515 Ampycidesque sagax, et adhuca conjugetutus Œclides ; nemorisquedeeusTegeoeaLycei. Rasilislvuicsummammordebatfibulaveslem, Criniserat simplex, nodumcollectusin unum ; Exhumeropendensresonabateburnealoevo 520 Telorumcuslos ; arcumquoquela ; vatenebat. Taliseratcultus ; faciès, quamdicerevcre Virgineamin puero, puerilemin virgincpossis. Hancparitervidit, paritercalydoniushéros Optavit, renuentedeo, flammasquelatentes 323 Hausit, et : « 0 felix, si quemdignabitur, inquit, Istavirum ! » necplura sinunttempusquepudorque Dicere.Majusopusmagnicertaminîsurget. Silvafrequenstrabibus, quamnulla cecideratEetas, Incipit » piano, devexaqueprospicitarva. . 550 500

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campagnes. Dèsque.les chasseurs y sont parvenus, lesuns déploient les toiles, d’autres.découplentles chiens ; plusieurs s’élancent sur la piste et brûlent d’affronter le danger. Dans la forêt était une vallée profonde où se rendaient les torrents formés par la pluie. A : l’extrémité croissaient le saule flexible, l’algue légère, le jonc ami des étangs, l’osier, l’humble canne et le grand roseau. C’est de là que le sanglier se précipitait avec fureur sur ses ennemis, comme l’éclair qui jaillit du choc des nuages. Dans sa course rapide, , il portait le ravage au sein de la forêt. Les arbres, ébranlés par son choc, tombaient avec fracas. Lesjeunes combattants poussent des cris, et présentent d’une main ferme leurs épieux armés d’un large fer. Le sanglier fond sur. eux, disperse les chiens qui s’opposent à son passage, et, par ses coups obliques, met en déroute la meule aboyante. Le premier dard, lancé par Échion, fut inutile. A peine effleurat-il un érable. Si le second eût été lancé avec moins de force, il aurait atteint le flanc de l’animal ; mais il dépassa le but. Il était parti de la main de Jason, le héros de.Pagase. « Apollon, s’écrie le fils d’Ampycus, si j’ai toujours honoré tes autels, accorde-moi Quoposlquamvenereviri, parsrelia tendunl, Vinculapars adimunlcanibus, parspressasequunlmSignapedum, cupiuntquesuumreperireperidum. Coneavavalliserat, qua se demittererivi Assueranlpluvialisaqua ;.Tenetimalacuna ; 553 Léntasalix, ulvaiquelevés, junciquepalustres, Viminaque,. etTonga.parvaisub arundinecanna ;.. ïlïncaper excilusmediosviolenlusin hostes Fertur, ut excussiselisinubibusignés. Slerniturincursunemus, et propulsafragorem 510 Silvadat. Exclamantjuvenes, pragtentaque forli Telalenenldextra, lato vibrantiaferro. Ille ruit, spargitquecanes, ul quisquementi Olistat, el obliquolalranlesdissipaiiclu. Cnspiscchioniopi’imumcontorlalacerlo 543 Vanafuit, Iruncoquedéditlevévulnusacernn., Proxima, si nimiismittentisviribnsusa Nonforet, in tergovisaest hassurapclilo. l.nngiusïl : auclorlelipagasteusIason. Phoebe, ail Ampycides, si te coluiquecoloque, 230 LIVRE VIII. 501 de percer d’un Irait sûr l’ennemi que nous poursuivons. » Autant qu’il est en son pouvoir, le dieu exauce sa prière. Le sanglier est atteint, mais sans blessure. Pendant que le trait fendait l’air, Dianeen avait détaché le fer : ce n’était plus qu’un bois émoussé quand il arriva jusqu’au monstre. Cependant sa fureur s’allume ; elle éclate comme la foudre. Sesyeux étincellenl ; le feu sort de sa poitrine. Comme on voit d’énormes quartiers de rocs, lancés par la balisle, voler et frapper les remparts d’une citadelle, ou les tours remplies de soldats, le formidable sanglier fond d’un vigoureux élan sur ses ennemis, et terrasse EupalamonetPélagon, placés à l’aile droite. Leurs compagnonsles emportent dans leurs bras. MaisÉnésime, un des fils d’flippocoon, ne peut éviter un coup mortel. Épouvanté, il allait fuir ; mais ses jarrets brisés ne le soutinrent plus. Peut-être le roi de Pylos eùt-il péri avant la chute de Troie ; mais, s’appuyant sur sa pique enfoncée dans la terre, il s’élança sur un arbre placé près de lui, et, du haut de cet asile, il contempla le monstre qu’il venait de fuir. Le sanglier furieux aiguise ses défenses contre le tronc d’un chêne et s’apprête au carnage. Quand ses armes recourbées ont reçu une trempe nouvelle, il les enfonceavec fureur dans la cuissedu noble Damihi, quodpetitur, certocontingeretelo. » Quapoluitprecibusdeusannuit.Ictusab illo, Sedsinevulnere, aper.FerrumDianavolanli Abstuleratjaculo : lignumsineacuminevenil. Ira ferimolaest, necfulmineleniusarsit. 533 Euxmieatex oculis, spiratquee pectoreflamma. Ulquevolâtmoles, adducloconcitanervo, Quumpetitaut muros, aut plenasmiliteturres. In juvenesvostosic impetevulnificussus Fertur, et EupalamonPelagonaque dexlratuenlcs SCO Cornuaprosternit.Sociirapuerejacentes. AlnonlelhiferoseffugitEnaisimusictus. Iïippocoonle satus.Trepidanlcm et tergaparantem Verlere, succisoliqueruntpoplitenervi. Forsilanet PyliuscilraIrojanaperisset 303 Tempora ; sedsumploposilaconamineab hasta, Arborisinsiluil, qua ; slabatproxima, ramis, Despexitque locotutus, quemfugerat, hoslem. Dentibusille feroxin quernostipitetritis, Imminetexitio, frendensquerecenlibusarmis, 570 Actoridoe magnirostrofémurhausitadunco. 502

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filsd’Aclor. Cependant les deux jumeaux, qui n’étaient pas encore des astres au céleste parvis, dignes tous deux de fixer les regards, et portés sur des coursiers plus blancs que la neige, brandissaient leurs javelots, dont l’éclat se réfléchissait dans les airs. Ils auraient blessé le terrible animal, s’il ne se fût caché dans un taillis impénétrable aux chevaux et aux traits. Télamon le poursuit, et, dans son impatience indiscrète, retenu par la racine d’un arbre, il tombe la face contre terre. Pelée le relève. Au même instant la chasseressede Tégéecourbe son arc et y place une flèche. Le trait part el se fixe sous l’oreille du sanglier. Quelques gouttes de sang mouillent ses soies. Ce succès transporte d’une égale joie Alalante et Méléagre.Il a vu le sang avant tous ; avant tous il le montre à ses compagnons, et s’écrie : « Tu recevras la juste récompense de ton courage. » Les jeunes combattants rougissent ; ils s’exhortent, ils s’animent mutuellement par des cris, et jettent leurs traits au hasard. Le nombre des assaillants nuit à leurs efforts et devient un obstacle aux coups qu’ils veulent porter. Soudain, armé d’une hache, l’Arcadien s’abandonne à une fureur qui doit hâter sa perte. « Compagnons, Atgemini, nondumeoelestiasidéra, îratres, Amboconspicui, nivecandidioribusambo Veclabanlurequis, ambovibrataper auras Hastarumtremuloqualiebantspiculamotu. 575 Vulnerafecissent, nisi setigerinter opacas, Necjaculisisset necequolocapervia, siivas. PersequiturTélamon, studioqueincautuseundi, Pronusab arboreaceciditradiceretentus. DumlevâthunePcîeus, eeleremTegeoeasagittam 580 ïmposuitnervo, sinualoqueexpnlitarcu. Fixasub aureferisummumdeslringitarundo Corpus, et exiguorubefecitsanguinesetas. Nectamenilla sui successulïeliorictus, QuamMeleagroserat. Primusvidissepulatur, 5S3 Et primussociisvisumostendissecruorem, El « Merilum, dixissc, feresvirtulisbonorem. «  Erubuereviri, sequeexhortantur, et addunt Cumclamoreanimos, jaciunlquesineordinetela. Tm-banocetjadis, et quospetit, impeditictus. 590 Ecce urenscontrasua fatabipenniferArcas : LIVRE VIII. 505 dit-il, apprenez combienles exploits d’un homme l’emportent sur ceux d’une femme, et cédez-moi le prix. En vain la fillede Latone lui ferait un rempart de ses armes : il périra sous mes coups, malgré Diane. » Telles sont les menaces qui parlent de sa bouche superbe ; el, levant sa hache à deux tranchants, il se dresse sur la pointe des pieds. Le sanglier se précipite sur le téméraire, el l’atteint mortellement en lui plongeant ses défenses dans l’aine. Ancée tombe ; ses entrailles s’échappent avec des flots de sang dont la terre est inondée. Alors, agitant son épieu d’une main vigoureuse, le fils d’Ixion, Piritlioûs, court au-devant du monstre. Mais le fils d’Egée lui crie : « 0 toi qui m’es plus cher que la vie ! ô toi, la moitié de moi-même ! arrête ! Tu peux déployer de loin ton courage. Ancée a été victime d’une téméraire ardeur. » Il dit, et lance une lourde pique armée d’airain. Elle était bien dirigée et aurait atteint son but, si elle n’eût été arrêlée par les branches touffues d’un chêne. Le fils d’Eson envoieaussi son javelot ; mais le hasard le détourne contre un innocent limier dont il traverse les flancs, et le trait va « Discite, femineisquidtela viriliaprîestent, 0 juvenes, operiquemeoconcedite, dixit. IpsasuislicelhuneLatoniaprotegatarmis, Hune-tameninvitaperimelmeadextraDiana. » 593 Taliamagniloquo tumidusmemoraverat ore, Ancipitemque manulollensulraqueseeurim, Institeraldigitis, primossuspensusin arlus. Occupâtaudacem, quaqueest viaproximalelho, Summaférusgeminosdirexitin inguinadenlc-s. 400 ConciditAncaïus, glomerataqùesanguinenmllo Visceralapsailuunt, madefactaque terracruoreest. Ibatin adversum, proiesIxionis, hostem Pirithous, validaquatiensvenabuladextra. Cui « Procul,.égides, o memihicarior, inquit, -105 Parsanima ; consistemea ;.Liceteminusesse Fortibus.Ancoeo nocuittemerariavirtus. » Dixit, et ceralalorsitgravecuspidecornu. Quobenelibralo, votiquepotentefuturo, Obslititoesculeafrondosusab arboreramus. 410 Misitel jEsonidesjaculum, quodcasusab illo Vtrtitin immerilifatumlalrantis, el, inter 504,

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se fixer dans la terre. Le fils d’CEnéeporte des coups avec un succès inégal. De ses deux lances, l’une tombe à terre, l’autre pénètre dans le dos du sanglier. Au même instant le monstre, dans sa fureur, tourne sur lui-même, el vomit de nouveau une sanglante écume en poussant d’effroyables hurlements. Le chasseur qui l’a blessé s’avance, excite sa rage, et plonge dans son épaule un fer étincelanl. Ses compagnons font éclater leur joie par des cris d’allégresse, et le prient de serrer leurs mains de sa main victorieuse. Ils contemplent avec— surprise le monstre dont le corps énorme couvre la terre. Ils ne croient pas pouvoir encore le toucher impunément ; mais ils aiment à teindre leurs armes de son sang. Méléagrepresse el foule sous ses pieds sa hure terrible. « A’ierge de Nonacris, dit-il, prends la dépouille qui m’appartient, el partage avec moi la gloire de ce triomphe. )>Aussitôtil donne à Alalante le corps du sanglier tout hérissé de soies, et sa hure garnie de superbes défenses. Ce présent, et la main qui le lui offre, comblent Atalante de joie. Maisles autres combattants murmurent d’envie. Les fils de Theslius, levant leurs bras, s’écrient à haute llia conjectura, tellureper iliafixumest. AlmanusŒnida ; variai ; raissisqueduabus, ïïastapriorterra, mediostetitaltéra lergo. 413 Necmora, dumsoevit, dumcorporaversâtin orbem, St-ridenlemque novospumamcumsanguinefundil, Vulnerisauctoradest, hostemqueirritât adiram, Splendidaqueadversosvenabulaconditin armos. Gaudialeslantursociiclamoresecundo, 420 Viclricemque petunldexlroeconjungeredexlram ; ïmmanemqueferum, multatellurejacentem, Mirantesspeclant ; nequeadhucconlingeretutum Essepulant ; sedtelatamensuaquisquecruentanl, Ipse, pedeimposito, coputexiliabileprcssil, 423 Atqueila : « Sumemeispolium, Nonacria, juris, Dixit, et in partemveniatmibigloriatecum. » Protinusexuvias, rigidisborrentiasetis Tergadat, et magnisinsigniadenlibusora. Illiloetitia ; esl cummuneremunerisauclor. 430 nviderealii, lotoqueerat agminemurmur. quibus, ingentitendenlesbrachiavoce : LIVRE VIII. 505 voix : « Dépose ce butin, Alalante, et ne viens pas usurper nos droits. Que ta beauté ne l’inspire pas une trompeuse confiance. Prends garde que le héros épris de tes charmes ne te soit d’aucun secours ! » En même temps ils enlèvent à l’une le présent qu’elle a reçu, à l’autre le droit de le faire. Méléagrefrémit d’indignation, et, ne pouvant retenir sa colère : « Sachez, dit-il, insolents ravisseurs de la gloire d’autrui, quelle distance il y a de la menace aux actions ! » Et soudain il frappe d’un fer criminel le cœur de Plexippe. Toxée, incertain, voudrait venger son frère ; mais il craint pour lui-même un semblable trépas. Méléagre ne le laisse pas douter longtemps. Il baigne dans son sang sa lance encore fumante du meurtre de Plexippe. Althée présentait des offrandes aux autels des dieux pour les remercier de la victoire de son fils, quand.elle vit qu’on lui rapportait ses frères morts. Un cri de désespoir s’échappe de son cœur. Elle remplit la ville de gémissements, el quitte ses riches atours pour des habits de deuil. Maisà peine le nom du meurtrier est-il prononcé, qu’elle impose silence à sa douleur, et qu’aux larmes succède la soif de la vengeance. Lorsque la fille de Thestius venait de donner le jour à Méléagre, les Parques jetèrent un « Poneâge, nec titulosintercipe, femina, nostros, Thestiada ; clamant.Necie iiduciaformai Decipial, longequetuo sit captusamore 453 Auctor ; » et huic adimuntmunus, jus munerisilli. Nontulit, et tumidafrendensMavortiusira : a Discite, caploresalieni, dixit, honoris, Factaminisquantumdistent ; » hausitquenefando PecloraPlexippi, nil taie fimenlia, ferro. 440 Toxeaquidfaciatdubium, pariterquevolentem Tjlciscifratrem, fraternaquefatatimentem, Haudpatitur dubitarediu, calidumquepriori Coederecalfecitconsorlisanguinetelum. Donadeumtemplis, nato vielore, ferebat, 443 QuumvidetcxslinctosfralresAlthasarcferri, Qua ;, plongoredato, moestisululalibusurbem Implet, et auralasmutavitvestibusatris. Atsimulestauctorneciseditus, exciditomnis Luctus, et a lacrymisin poenteversusamoremest. 430 Stipeserat quem, quumpartusenixajaceret Theslias, in Hammamtriplicesposueresorores, 50G

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tison dans un brasier ; et, faisant tourner leur fuseau pour filer ses destins : « Enfant qui viens de naître, dirent-elles, nous t’assignons la même durée qu’à ce tison. » Après celte prédiction, les trois déesses s’éloignèrent. Allhée arracha le tison enflammé, et l’éteignit dans l’onde. Longtemps caché au fond du palais d’Œnée el conservé par ta mère, jeune vainqueur, il protégea la vie. Allhée, en ce moment, le fait paraître au jour, ordonne qu’on prépare un bûcher el des torches qu’elle approchede la flamme ennemie. Quatre fois elle essaye de livrer au feu le bois fatal, quatre fois sa main s’arrête. Unelutte s’engage entre la mère et la sœur, et ces deux titres entraînent un même cœur à des résolutions contraires. Souvent l’horreur du crime qu’elle va commettre la fait pâlir ; souvent la colère allume dans ses yeux une rougeur ardente. Ses traits respirent, tour à tour la cruauté, la menace et la pitié. Alors même que la vengeance a séché ses pleurs, ses pleurs coulent encore. Comme un navire, emporté dans des sens opposés par les vents et par les vagues, reçoit une double impulsion et ne sait à laquelle obéir, la fille de Thestius flotte entre deux sentiments, et tour à tour réprime sa colère ou lui donne Staminaqueimpressofataliapollicenenles : ceTempora, tlixerunt, eademlignoquetibique, 0 modonale, damus. » Quopostquamcarminédiclo 453 Excesseredea ;.Flagrantemmaterab igné Eripuillorrain, sparsilqueliquentibusundis. Illediu fueratpenelralibusabditusimis, Servalusquetuos, juvenis, servaveratannos. Protulithunegenitrix, taidasquein fragminaponi 4G0 Imperat, et positisinimicosadmovetignés. Tumconalaquaterflammisimponereramum, Coeptaquaterlenuit.Pugnantmaterquesororque, In diversatrahuntunumduonominapeclus. Sa ; pemeluscelerispallebantora futuri ; 4G3 Saapesuumfervensoculisdabatira ruborem ; Et modonescioquidsimiliscrudeleminanti Vulluserat ; modoqncmmiserericredereposses. Quumqueféruslacrymasanimisiccaveratardor, .nvenicbanlurlaeryma ; tamen ; utque carina, 470 Quamventus, ventoquerapitconlrariusïestus, Vimgeminamsentit, paretqueincerladuobus ; Thestiashaudaliterdubiisaffectibuserrât, nquovicemponit.posilamqueresuscitatiram. LIVRE VIII. 507 l’essor. Enfin la sœur commence à triompher de la mère. Elle veut par son propre sang apaiser les mânes de ses frères. Trop d’a-^ mour maternel la rend barbare ; et, dès que le feu vengeur a pris assez de force : « Que ce bûcher, dit-elle, dévore mes entrailles. » Et, tenant le tison fatal dans ses cruelles mains, l’infortunée se place devant l’autel funéraire, et s’écrie : « Déesses.des supplices, triples Euménides, jetez un regard sur ce sacrifice commandé par vos fureurs. Je punis et je.commets un crime. La mort va expier la mort. Je dois ajouter un forfait à un forfait, des funérailles à des funérailles. Que ma famille périsse à travers mille désastres ! Eh quoi ! l’heureux Œnéejouira de la victoire de son fils ! el Thestius n’aura plus d’enfants ! Ah ! plulôt soyez tous les deux condamnésaux larmes ! Ombres de mes frères descendus naguère dans le séjour des morts, soyez sensibles à ma tendresse ! Agréez celte victime qui me coûte bien cher : c’est lé triste gage de ma fécondité, flélas ! où me laissé-je égarer ? 0 mes frères ! pardonnez à une mère ! Mamam recule pour exécuter mon dessein. Méléagrea mérité la mort, je l’avoue ; mais je blâme celle qui s’apprête à la lui donner. Eh quoi ! son crime resterait impuni ? il vivrait ? VainIncipitessetamenmeliorgermanaparente ; 473 Et, consanguineas ut sanguinelenialumbras, Impielatepia est. Nampostquampestiferignis Convaluit : i Rogusiste creme’tmeaviscera, » dixit. Utquemanudira lignumfatalelenebal, Antesépulcralesinfelixadslititaras : 480 « Pcenarumquc dea ; Iriplices, furialibus, inquit, Euménides, saerisvultusadverlilevestros. : Ulciscor, facioquenefas.Morsmortepiandaest. In scelusaddendumscelusest, in funerafunus. Per coacervatospereatdomusimpialuctus. 4£3 AnfelixŒneusnatoviclorefruelur ? Thestiusorbuserit ? meliuslugebitisambo. Vosmodofralernimânes, animaïquerécentes, Ofliciumsentilemeum, magnoqueparatas Accîpiteinferias, uteri malapignoranostrj. 400 ïîei mihi ! quorapior ? fratrcs, ignoscitematri. Deficiuntad coeptamanus.Meruissefatemur Illum, cur pereat : morlismihidisplicelauctor. Ergoimpuneferet ? vivusque, et Victor, el ipso 508

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queur el fier de son triomphe, il régnerait dans Calydon ? Et vous, vous ne seriez qu’une vile poussière et de froides ombres ? Non, je ne le souffrirai point ! Périsse le barbare ! Qu’il entraîne dans sa ruine les espérances de son père, son royaume et sa patrie ! Mais qu’est devenu mon cœur de mère ? qu’est devenu le cri sacré du sang ? que sont devenues les douleurs que j’ai endurées pendant dix mois ? Ah ! plût au ciel que la flamme allumée par les Parques t’eût dévoré au berceau ! Pourquoi m’y suis-je oppcée ? Sauvé par mon bienfait, lu périras pour Ion crime. Reçoista récompense, et rends-moi une vie que je t’ai donnée deux fois, en le mettant au monde et en dérobant au feu le falal tison, ou bien ajoute ma dépouille à celle de mes frères ! Je veux et je ne puis. Quelparti prendre ? Tantôt je vois les blessures de mes frères el la cruelle image de leur mort : tantôt la tendresse et le nom de mère l’emportent dans mon cœur. Je suis bien malheureuse ! Vous triompherez par un crime, ô mes frères ! Triomphez, pourvu que je vous suive, vous et la victime immolée pour consoler vos mânes ! » A ces mots, détournant les yeux, d’une main tremblante elle jette dans les flammes le funèbre tison. Il poussa ou parut pousser des gémissements, et le feu sembla le consumer à regret. SuccessutumidusregnumCalydonishabebit ? 493 Voscinisexiguusgelidaïquejacebitisumbroe ? Haudequidempatiar.Pereatsceleratus, et ille Spemquepatris, regniqueIrabat, patriaequeruinam. Mensubi maternaesl ? ubi nuncpiavotaparcntum ? Et, quossustinui, bis mensumquinquelaborcs ? 300 Oulinamprimisarsissesignibusinfans ! Idqueegopassaforem ! Vixislimunerenostro ; Nuncmeritomoriereluo.Capepraimiafacti, Eisquedalam, primumpartu, moxstipiterapto, Reddeanimam, velme fraternisaddesepulcris. 303 Et cupio, et nequeo.Quidagam ? Modovulnerafralrum Anteoculosmihisunt, et tanlaicaidisimago ; Nuncanimumpietasmalernaquenominafrangunt. Memiseram ! maievincetis ; sedvincile, fratres, Dummodo, qua ; dedcrovobissolatia, vosque 510 Ipsasequar. » Dixil, dexlraqueaversatrementi Funereumlorremmediosconjecitin ignés, Autdédit, aut visusgemituseslilledédisse Stipes, et invitiscorreptusab ignibusarsit. LIVRE VIII. 509 Méléagreétait absent, et il ne savait pas que ce feu le dévorait. Tout à coup il sent ses entrailles embrasées d’une ardeur secrète ; mais son courage surmonte les plus vives douleurs. Il s’afflige seulement de périr comme un lâche, sans répandre son sang, el il envie les blessures mortelles d’Ancée. D’une voix plaintive il appelle son vieux père, son frère, ses sœurs, celle qui dut être son épouse, et peut-être aussi sa mère. Sa souffrance s’accroît avec la flamme. Bientôt toutes deux s’affaiblissent, s’éteignent ensemble, et peu à peu la vie du héros s’exhale dans les airs. La fière Calydon est dans le deuil. Les jeunes gens et les vieillards fondent en larmes, le peuple et les grands gémissent. Les cheveux épars, les femmes qui habitent les bords de l’Événus se livrent au désespoir. Œnéesouille dans la poussière ses cheveux blancs et son front vénérable ; il maudit une trop longue vie, el Althée, coupable d’un si cruel attentat, se punit elle-même en se perçant d’un fer meurtrier. Non, quand le ciel m’aurait donné cent bouches, cent voix, un vaste génie et tous les trésors de l’Hélicon, je ne saurais redire les plaintes des malheureuses sœurs de Méléagre.Oubliant InsciusalqueabseusflammaMeleagrosin illa 515 liritur, el caicislorrcriviscerasentit Ignibus ; al magnossupcratvirtutedolorcs. Quodtamenignavocadal, et sinesanguine, letho, Moerel, cl Ancaiifeliciavulneradicit ; Graiidicvumque palrem, fratremque, piasquesororcs 520 Cumgemilu, sociamquetorivocaloro supremo, Forsilanet malrem.Crescuntigeisquedolorquc, Languescuntque iterum.Simulest exslinelusulerque, lnquelevésabiitpaulalimspiritusauras. AllajacelCalydon ; lugenljuvenesquesenesque, 325 Vulgusqucproceresquegemunt ; scissoeque capillos Plangunlurmairesca’.ydonidesEveninoe. Pulverecaniliemgenilor, vullusqueseniies Fccdathuiiiifusus, spatiosumque increpat ; cvum. Nainde mairemanus, diri sibiconsciafacti, 530 Exegilpeunas, acloper visceraferro. Nonmihisi ccutumdeusora sonaotialinguis, Ingcniumquecapax, lolumquelleliconadedisset, Tristiapersequercrmiscrarumdiclasororum. 510

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leur beauté, elles se meurtrissaient le sein. Tant que le corps de leur frère conserve sa forme, elles lui prodiguent les plus tendres caresses, et couvrent de baisers sa dépouilleel l’asile où il repose. Puis, quand le feu l’a calciné, elles pressent ses cendres sur leur poitrine, se prosternent sur sa tombe, y inscrivent son nom, l’embrassent et l’arrosent de larmes. Lafille de Lalone, désarmée enfin par l’infortune de la famille de Parthaon, les revêt toutes de plumes, excepté Gorgé et la bru de la célèbre Alcmène, change leurs bras en ailes, leur donneun bec de corne, el, après cette métamorphose, les lance dans les airs. NAÏADES CHANGÉES ENÎLESAPPELÉES ÉCUIKADES. V. Cependant Thésée, affranchi du péril qu’il avait parlagé, se dirigeait vers la ville d’Érechthéeconsacréeà Minerve.L’Achéloùs, grossi par les orages, lui opposeune barrière et retarde sa marche. « Entre dans mon palais, lui dit-il, noble descendant de Cécrops, el ne va pas te confierà mes ondes furieuses. Elles roulent avec un épouvantablefracas des arbres énormes et des rochers qui s’opposent à mon passage. J’ai vu les élables qui bordaienl Immemores decorisliventiapeclorâtundunl ; 555 Dumqucmanetcorpus, corpusrefovenlque, foventque ; Osculadantipsi, posilodantoscuialecto. Postcinerem, cinereshauslosad pectorapressant, Affusaïque jacentluniulo, signalaquesaxa Nbminecomplexa ;, lacrymasin nominefundunt. S-l-(1 Qùasparfliaonia ; tandemLetdiaclade Exsalialadotnus, pneterGorgènque, nurumquè NobilisAlcmenai, nalisin corporepennis Allevat, et longasperbrachiaporrigitalas, Corheaqueorafacit, versâsqueperaéramillil. S45 litIKSDLAS ECUIXADES SAIADES UUTAKTUH. V. InlereaTheseussociatiparleluboris Functus, ereclitheasTrilduidosibatad arces. Clausititer, fecitquemorasAchelous euuti, Imbrelumens : « Succèdemeis, ail, inclyte, tectis, Cecropida, necle commitlerapacibusundis. 550 FerreIrabessolidas, obliquaquevolvcreraagno Murmuresaxasoient.Vidiconlerminaripa ; LIVRE VIII. 511 mes rives emportées avecles troupeaux, el les bœufsne trouvaient pas plus de secours dans leurs forces que les chevaux dans leur agilité. Accrus par les neiges qui fondent des monlagnes, mes flots ont aussi englouti dans leurs tourbillons une foule déjeunes gens. H est prudent d’attendre que, rentrés dans leur lit, ils aient repris leur cours ordinaire. — Oui, répond le fils d’Egée, Achéloùs, j’userai de ton hospitalité et de tes conseils. » Et il les accepte tous deux. Il entre dans le palais du fleuve, construit de pierres ponces et de rocailles. Une tendre mousse en tapisse le parvis humide. Des coquilles et du murex, alternativement placés, en décorent le faîte. Déjàle Soleilavait parcouru les deux tiers de sa course. Thésée et les compagnons de ses travaux se mettent à table. D’un côté c’est le fils d’Ixion : de l’autre le héros de Trézène, Lélex, dont la lête commence à blanchir. Autour d’eux siègent ceux qui ont paru dignes du même honneur au fleuved’Acarnanie, heureux de recevoirun tel hôte. D’abord des Nymphes, les pieds nus, servent les mets, les enlèvent, et versent ensuite du vin dans des coupes ornées de pierres précieuses. Alors Thésée, contemplant la mer qui s’étend sous ses yeux, lui demande quelle est cette île. Et il la Cumgregibusstabulaallatrahi ; necfortibusillic Profuitormenlis, necequisvelocibusesse. Militaquoquehic lorrens, nivibusde moulesolulis, 353 Corporalurbiueojuveniliavorticcmersit. tulior est requies, solilodumflumiuacurrant Limite, dum tenuescapialsuusalveusundas. » Ânnuitégides : <cUtarque, Acbeloe, domoque, Consilioquetuo, » respondit, et ususutroqueesl. 5GÔ Pumicemulticavo, neclaivibusatrialofis StrUCtasubit.Mollitelluserathumidamusco ; Summalacunabantalternomuriceconehai. JamqueduaslucispartesHyperionemenso, Discubuere torisTheseuscomitesquelaborum : 565 HacIxionides, illatroezeniushéros ParleLelex, rarisjamsparsuslempùracanis ; Quosquealiosparilifueratdignatushonoré AmnisAcarnauum, hxlissimusbospiletanto. Protinusapposilasnuda ; vestigiaNymphai 570 lustruxereepulismensas ; dapibusqueremotis. In gemmaposuërcnierum.Tummaviinushéros, dîquoraprospiciensoculissubjecla : « Quis, inquil, 512

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montre du doigl. « Quel est son nom ? dit-il ; apprends-le-moi : il me semble qu’il y en a plusieurs. » Le Fleuve lui répond : « Non, ce n’est pas une seule île que nous voyons.U y en a cinq ; la distance nous dérobe l’intervalle qui les sépare. Écoute, et lu seras moins surpris de la vengeance de Diane. Ces îles étaient des Naïades. Un jour, après avoir immolé dix taureaux el invité à leur fête les dieux de la campagne, elles se livrèrent, sans moi, au plaisir de la danse. Je grossis mes ondes ; elles se soulevèrentà une hauteur démesurée. Emporté par la fureur qui bouleversait mon âme et mes flots, je détachai violemment forêls et sillons ; j’entraînai dans l’Océan, avec la demeure des Nymphes, les Nymphes elles-mêmes, qui alors se souvinrent de moi. Confonduesavec la mer, mes eaux divisèrent le terrain, el le partagèrent en autant de parties que lu vois d’îles s’élever au milieu des flots. On es a nommées Échinades. « Celleque lu aperçois, el qui s’est retirée seule loin des autres, m’est chère. Les navigateurs la nomment Périmèle. Celait une vierge. Je l’aimais el j’obtins ses faveurs. Son père Hippodamas, indigné de nos amours, la précipita du haut d’un rocher au fond des abîmes. Elle était près de périr. Je la recueillis, et, l’emporlile locus ? » digiloqueosleodit, et, « insulanomen Quodgeratilla, doce, quanquamnonunavidelur. » 573 Amnisad ha ?.c : « Nonest, inquit, quodcernimus, unum. Quinquejacentterra ;  : spaliumdiscriminafallit. Quoqueminussprcla ; -factummirereDiana ;, Naidesha ; fuerant.Quaiquumbisquinquejuvencos Maclasscnt, rurisquedeosad sacravocassent, 5S0 Immemoresnostrifeslasduxerechoreas. Iulumui, quanlusqucferor, quumplurimus, unquam, Tanluseram, pariterqueanimisimmaniset undis, Asilvissilvas, et abarvisarvarevelli ; CumquclocoNymphas, memoreslurndeniquenoslri, 5S5 In frelaprovolvi.Fluctusnosterquemarisque Conlinuamdiduxithumum, partesquercsolvil In lotidem, mediisquotcernisEchinadasundis. « Utlamenipsevides, procul, en proculunarecessit Insulagratamihi : Pcrimelennavitadicit. 590 iluicegovirgineumdileclïenomenademi. QuodpalerHippodamas aigrelulit, inqueprofundum Propulite scopuloperilura ; corporanatal. LIVRE VIII. 515 tant tandis qu’elle flottait sur mes ondes : « 0 toi, m’écriai-je, « dont l’empire ne le cède qu’à celui des deux, toi qui règnes sur « les vastes mers, dieu du trident, toi chez qui va finir mon cours « et auquel nous allons tous apporter le tribut de nos eaux, Nep « lune, sois-moi propice et prêle l’oreille à mes prières. J’ai fait « le malheur de celle que je tiens dans mes bras. Si l’humanité et « la justice avaient eu quelque pouvoir sur le cœur de son père, « s’il avait été moins cruel, il eût eu pitié d’elle, il m’eût parti donné à moi-même. Prolége-la, je l’en conjure. Accorde une « place à une fille jelée dans les flots par un père barbare, ou « laisse-la se changer en une île que je puisse embrasser de mes « eaux. » Le dieu des mers inclina sa tête, et d’un signe ébranla son humide empire. La Nymphe frémit. Elle nageait pourtant, el je pressais son sein palpitant. Au milieu de ses caresses, je sentis son corps se durcir et sa poitrine disparaître sous une couche de terre. Je parlais encore, et déjà une autre couche avait couvert ses membres. La Nympheétait métamorphoséeen île. » Excepi, nantemqueferens : « 0 proximaccelo c Régnavagai, dixi, sorlite, Tridentifer, undoe, 593 « In quo desinimus, quo sacricurrim.usamnes, a Hueades, atqueaudiplacidus, Neptune, precantem. « Huicego ; quamporto, nocui.Si mitiset tcquus. « Si paterUippodaraas, aut si minusimpiuscssel,. « Debuililliusmisereri, iguoscereuobis. G00 « Afferopem, niersseque, precor, fcritalepalerna « Da, Neptune, locum ; velsit locusipsalicebit, « Hunequoquecomplcclar. » Movilcaputaiquorcusrex, Concussitquesuisomuesassensibusundas. ExtimuitNymphe.Nabattamen.Ipsenatanlis 605 PcctoratangebamIrepidosalientiamolu. Dumqucea contreclo, lotumdurescercscusi Corpus, et iuduclacondipraicordiaterra. Dumloquor, amplexaest artus novalerra.naUinles, Etgravisincrevitmulalisinsulamembris. » 610 18 514

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PHILEMON ET BAUCIS. VI. A ces mois, le Fleuvese lut. Son récit merveilleuxavait ému tous les convives. Maisleur crédulité fut tournée en ridicule par le fils d’Lxion, qui joignait au mépris des dieux un esprit d’indépendance. « Achéloûs, dit-il, tu nous débiles des sornettes, el lu attribues aux dieux trop de pouvoir, si tu crois qu’ils opèrent de telles métamorphoses. » Les convives, étonnés, condamnent ce langage impie. Le sage el vénérableLélex prend alors la parole : « La puissance des dieux, dit-il, esl immense et ne connaîtpoint de bornes : toutes leurs volontés s’accomplissent. En voici la preuve. Sur les coteaux de Phrygie, dans un modeste enclos, près d’un tilleul s’élève un chêne. J’ai vu moi-même ce lieu, lorsque Pitlhée m’envoyadans le pays où régna Pélopsson père. Nonloin était une plaine peupléed’habitants. Changéeaujourd’hui en marais, elle n’est plus fréquentée que par les foulqueset les plongeons. Jupiter visita ce séjour sous les traits d’un mortel. Mercurel’accompagnait, après avoir déposé ses ailes. Ils se présentèrent à mille porles en demandant uir asile et du repos. PHILEMON’ ETBAUCIS. VI..Ainnisab bistacuit.Facluinmirabilecunclos Movcrat.Irridctcredenles ; utqucdeorum Sprctororal, mentisquefcroxIxionenatus : c Ficlarefers, nimiumqueputas, Acheloe, polente’s Essedcos, dixit, si dantadimuntqueiiguras. » 613 Obstupuereomnes, neclaliadictaprobaruut ; AnteomnesqueLelex, animomaluruset a ; vo, Sicoit ; « Immetisaesl, linemqucpotenliacoeli Nonhabet, el quidquidSuperivoliiere, peraclumesl. Quoqueminusdubites, tilia ; contenninaquercus 620 Collibusest phrygiis, inodicocircutndatamuro. Ipselocumvidi ; nainniepelopeiaPillheus Misitin arva, suoquondamregnataparenli. Haudproculbinestagnum, lellusbabitabilisolira, Nunccélèbresmergisfulicisquepalustribusundai. G ?.o Jupiterhue, speciemortali, cumqueparente VenilAllantiadespositiscaduciferalis. Milledomosadierc, locumrequiemquepelenles ; LIVRE VIII. 515 Toutes les demeures, hormis une seule, leur furent fermées. C’était une petite cabane couverte de chaume et de roseaux. C’est là que, dans leur jeunesse, s’étaient unis la tendre Baucis et Philémon, tous deux aujourd’hui blanchis par l’âge. Ils y avaient vieilli ensemble. Résignés à la pauvreté, ils surent en alléger le poids el lui ôter son amertume. On ne voyait chez eux ni maîtres ni esclaves : seuls ils composaient toute leur famille. Chacun exécutait les ordres qu’il avait donnés lui-même. « Apeine les dieux ont-ils touché ces humbles pénates, à peine ont-ils incliné leur front pour passer sous la porte, que le vieillard leur offre, pour se reposer, un siège sur lequel Baucis attentive jette un tissu grossier. Ensuite elle écarte la cendre encore chaude, ranime le feu de la veille, l’alimente de feuilles et d’écorces, et active la flamme de son souffle haletant. Elle détache du toit rustique des rameaux et du menu bois qu’elle casse et qu’elle approche d’une petite chaudière. Puis elle prépare les légumes cueillis par son époux dans le jardin qu’arrose une fontaine. Philémon, avec une fourche à deux pointes, enlève d’une poutre noircie par la fumée une pièce de lard poudreuse qu’ils gardaient depuis Milledomoselauscresera ;.Tamenuna recepit, Parvaquidem, stipuliset cannatectapaluslri. 050 Sedpia Baucisanus, pariliqueoetatePhilémon Illa sunt annisjunctijuvenilibus ; illa Consenuerecasa ; paupertalemquefatendo Effeeerelevem, neciniquamenteferendam. Necrefert, dominosillic, famulosnerequiras ; 035 Totadomusduosuut ; idemparentquejubentquo. •<Ergoubi coelicoloeparvosteligerepénates, Submissoque humilesintrarunlverticepostes, Membrasenexposilojussit relevaresedili, Quosuperinjecittextumrude sedulaBaucis. 040 Indefocolepidumcineremdimovit, et ignés Suscitâtheslernos ; foliisqueet corticesicco Nulrit, et ad flammasanimaprûducitanili ; Multifidasque faces, ramaliaquearidateclo Detulit, et minuit, parvoqueadmovitaheno ; 645 Quodquesuuseonjuxriguocollegerathorlo, Truncalolusfoliis.Furcalevâtillebicorni Sordidatergasuis, nigropendentiatigno ; Servaloquediu nsecat de tergoreparlem 510 MÉTAMORPHOSES. longtemps. Il en coupe une tranche et la fait bouillir. Cependant ils s’efforcent tous deux par leurs entretiens d’abréger les moments de Patiente et les ennuis du retard. Us avaient un baquet de hêtre qu’un clou fixait au mur par son anse. Philémon le remplit d’eau tiède et en lave les pieds des voyageurs. Là se trouvait aussi un lit dont le corps et les pieds étaient en saule, et couvert d’une nalle de jonc. Les deux époux étendent sur ce meuble un tapis qu’ils ne déployaient qu’aux jours de fête, quoiqu’il fût vieux, délabré et digne en tout d’un lit aussi simple. « Les dieux prennent place. Baucis, empressée malgré le poids des ans, dresse une table dont elle rajuste avec un tesson le troisième pied, qui était boiteux. Après avoir rétabli l’équilibre, Baucis frotte la table avec de la menthe fraîche. Elle sert ensuite dans des vases de terre des olives mûres, des cornouilles d’automne conservées dans de la lie de vin, des laitues, des raiforts, du lait caillé et des œufs cuits sous la cendre. Elle apporte une cruche d’argile ciselée, et des tasses de hêtre polies avec de la cire. Tous deux, sans perdre de temps, retirent les mets du feu, et Exiguam, scclamquedomatfcrventibusundis. 630 ïntereamédiasfalluntsermonibushoras, Senliriquemoramprohibent.Eratalveusillic Fagineus, curvaclavosuspensusab ansa. Is tepidisimpleluraquis, artusquefovendos Accipit.In mediolorusesl de mollibusulvis 633 Imposituslecto, spondapedibusquesalignis. Vestibushunevêlant, quasnon nisilemporefeslo Stcrnereconsuerant ; sed el haievilisquevetusque Vestiserat, lectonon indignandasaligno. « Accubueredei. MensamsuccinclaIremensque 060 Ponilanus.Mensa ; sed erat peslertiusimpar ; Testaparemfecit.Qua ; poslquamsubdilaclivum Suslulit, aiqualammentha ; lerserevirantes. Poniturhic bicolorsincera ; baccaMinervoe, Conditaquein liquidacornaaulumnaliafoece, G03 Intubaque, et radix, et lactismassacoacli, Ovaque, nonacrileviterversalafavilla. Omniafîctilibus.Posthoeccaîlaluseadem Sisliturargillacraler, fabricataquefago Pocula, qua cavasunt, Oavenlibusillilaceris. 070 Parvamoraest, epulasquefocimisèrecalentes ; LIVRE VIII. 517 présentent un vin qui compte peu d’années. Après un léger intervalle arrive le dessert, composé de noix, de figues, de dattes, de prunes, de pommes qui parfument de grands paniers, et de raisins cueillis sur leurs tiges vermeilles. Au milieu brille un blanc rayon de miel. Maisrien n’égale la bonne grâce, les attentions et les petits soins des vieux époux. « Cependant la cruche, plusieurs fois tarie, se remplit d’ellemême, et le vin ne perd rien de son abondance. A ce spectaclenouveau, étonnés et les mains levées au ciel qu’ils implorent, Baucis et le timide Philémon demandent grâce pour leur repas sans apprêt. Gardiennede la cabane, une oie restait seule. Ils allaient l’immoler à leurs célestes hôtes. Mais, fuyant d’une aile rapide, elle fatigue leurs pas tardifs et leur échappe longtemps. Enfin elle semble chercher un asile auprès des Immortels, qui défendent de la tuer. « Noussommes des dieux, disent-ils ; vos voisins vont rece « voir ia juste peine de leur impiété. Seuls vous serez à l’abri de « notre vengeance.Quittez celte demeure, et suivez-nous sur le cihaut de la montagne, J>Ils obéissent, et, appuyés sur leurs bâ•Wrlongoerursusreferunlurvina sencclïc ;. Dantquelocummensispaulum.seduclasccundîs. Hicnux, hic mixtaest rugosiscaricapalmis, l’runaque, cl in patnlisrcdolenliamalaoani>U*is. 07."> Et de purpureiscollectaivitibusuva ?. Candidusin mcdiofavusest. Superomniavultus Accessereboni, nec incrspaupcrqucvolunlas. KInterea, quotieshauslumcratcrarepleri Sponlesua, per sequevidentsuccresrcrevina. f’, s(l Àtlonitinovitatepavent, manibusquesupinis ConcipiuntBaucisquepreces, timidusquePliilor.V’.i Et veniamdapibus, nullisqueparatibusoranl. Unicusansererat, minimaïcustodiavilla ?, QuemdisJiospitibusdominimactarcparabanl. OïCi ]l ! ccelerpennatardosaHalefaligal, liludilquediu ; tandemqueest \\zui ad ipsos Confugissedcos.Superivetuerenecari : « Dîquesumus, meritasqueluctvicinîapeenas « Iinpia, diierunl.Vobisimmunibushujus COU « Essemalidabitur.Modoveslrarelinquitclecla, « Àcnostroscomilalegradus, et in orduamoniis a Uosimul. » Parentambo, baculisqueïovali 318

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tons, iis gravissent avec effort la côte voisiné. Déjà ils n’étaient plus éloignés du sommet qu’à une portée de flèche. Ils se retournent et voient toute la plaine ensevelie sous les eaux. Leur cabane seule en a été préservée. Tandis qu’ils sont surpris de ce prodige et déplorent le sort de leurs voisins, tout à coup leur pauvre cabane, naguère trop étroite pour deux maîtres, est changée en temple. Les vieux troncs qui lui servaient de piliers font place à des colonnes ; le chaume jaunit et le toit paraît d’or ; les portes se chargent de ciselures, et lé sol esl pavé de marbre. Au même instant le fils de Saturne fait entendre ces bienveillantes paroles : « Dis-moi, sage vieillard, et toi, sa vertueuse épouse, quels sont « vos désirs. » Après s’être entendu un instant avec Baucis, Philémon fait connaître aux dieux le vœu qu’ils ont formé : « Nous « voudrions être vos ministres pour veiller sur ce temple ; et, « comme notre vie s’est écoulée au sein de la concorde, puisse la « même heure y mettre fin ! puissé-je ne point voirie bûcher de « mon épouse ! puissé-je aussi ne pas être déposé par elle dans la « tombe ! » L’événement répondit à leurs souhaits : ils furent préposés à la garde du temple tout le reste de leur vie. Un jour, lorsqu’ils se sentaient décrépits, debout sur les marches sacrées, Nitunturlongovestigiaponereclivo. Tanlumobérantsummo, quantumsemelire sagilla 695 Missapotest ; flesereoculos, et mersapalude Creleraprospiciunt, lantumsua leclamanere. Dumqueea miranlur, dumdélientfaiasuprum, Illa velus, dominiseliamcasa.parvaduobbs, Verlilurin lemplum.Furcassubiere"eolumnav ^00 Slraminaflavescunt, âuralaquelectavidêhlUr, ’ Cajlatoeque fores, adoperlaquejnarmoretellus, TaliaquumplacidoSalurniusedtditore : « Dicile, justesenex, et femiriaconjugejuslo « Digna, quidoptetîs. » CumBaucide’pauca locutus, 705 JndiciumSuperisaperitcommunePhilémon : « Essesacerdotes, delubraquevestratueri a Poscimus ; et qnoniamconcordesegimusannos, « Auferathoraduoseadem, necconjugisunquam « Bustameaîvideam ; neusimtumulandusab illa. n 710 Volalidessequïtur.Templitutelafuere, Donecvitadataest..Annisoevoquesoluti Antegradussacrosquumstarentforte, locique L1YREVIII. 519 ils racontaient les prodiges arrivés en ces lieux. SoudainPhilémon et Baucisse virent couverts d’un vert feuillage. Leurs fronts glacés firent place à une cime qui grandit rapidement. Mais, tant qu’ils le purent, ils échangèrent leurs pensées. « Adieu, mon époux ! — « Adieu mon épouse ! » dirent-ils à la fois. Et, au même instant, leurs bouches disparurent sous l’écorce. Le pâtre de Phrygie montre encore les deux arbres nés du couple vénérable. Ce prodige m’a été raconté par de véridiques vieillards qui n’avaient aucun intérêt à tromper. J’ai vu de mes yeux des guirlandes suspendues à leurs branches ; j’en ai moi-même attaché de nouvelles, et j’ai dit : « L’homme pieux est chéri des Immortels, et quiconque les « honore est honoré à son tour. » PROTÉBETMESTRA. — IMPIÉTÉD’ÉEISICBTHON ETSONCHATIMENT. VII. Tel fut le récit de Lélex. Cette aventure et l’autorité du narrateur persuadent les conviveset surtout Thésée. 11se montre avide d’apprendre les merveilles des dieux. Le Fleuve qui baigne Calydon, s’appuyant sur son coude, s’exprime ainsi : « Magnanime héros, il est des corps qui prennent une seule fois une forme nouvelle et la gardent toujours ; d’autres ont le privilège de subir Inciperentcasus, fronderePhilemonaBaucis, BaucidaconspexilseniorfronderePhilémon. 715 Jamquesupergelidoscrescenlecacuminevullus, Mutua, dumlicuit, reddebantdicta : « Valeque, « 0 eonjux, » dixeresimul, simulabditalexit Orafrntex.OstenditadhucTyaneiusillic Jncolade geminovicinoscorporoIruncos. 720 Haïemihinonvani, nequeeratcurfallerevoilent, Karraveresenes.Equidempendenliavidi Sertasuperramos ; ponensquerecenlia, dixi : « Curapii dissunt ; et, qui coluere, colunlur. » rUOTEUS ETMESTIU. ERISICUTOONIS ÏHI’ÎETAS ETPŒNA. VII. Dcsieral, cunctosqueet res et raoveratauctor, 72a Theseaproecipue.Quemfactaaudir’evoleniem Miradeûm, nixuscubito, calydoniusamnis Talibusalloquitur : « Sunt, o fortissime, quorum Formasemelraotaest, et in hocrenovaminemonsit ; Sunt, quibusin pluresjus est transirefiguras, 730 520

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plusieurs métamorphoses. Tu le possèdes, toi, Protée. habitant des flots qui embrassent toute la terre. On l’a vu tour à tour jeune homme, lion, sanglier furieux, serpent redoutable, taureau menaçant. Souvent tu deviens arbre ou rocher ; quelquefois tu le cbanges en fleuve, et quelquefois en flamme ennemie de l’onde. « L’épouse d’Autolycus, fille d’Érisichthon, jouit de la même faveur. Son père méprisait les dieux et ne fit jamais fumer l’encens sur leurs autels. Ou dit même qu’armé de la hache il profana une forêt consacrée à Cérès, et porta le fer sur un des arbres que la religion avait depuis longtemps consacrés. Là s’élevait un grand chêne séculaire qui seul eût formé tout un bois. Son tronc était paré de bandelettes, de souvenirs et de guirlandes, monuments de vœux exaucés. Souvent les Dryades se livraient à de joyeuses danses sous son vaste ombrage ; souvent, entrelaçant leurs mains, elles se rangeaient autour du tronc, qui avait quinze brassées de contour. Il dominait les autres arbres, autant qu’ils s’élevaient eux-mêmes au-dessus du gazon. Néanmoins le fils deTriopas ne le respecte point. 1 ! ordonne à ses esclaves d’alil tibi, complexiterrainmarisincola, Proteu. Nammodote juvenem, modote videreleonem ; Nuncviolentusaper, nunc, quemletigissetimerent, Anguiseras ; modote faciebautcornualaurum ; Soepelapispoleras, arborquoquesa3pevideri. 733 Inlerdumfaciemliquidarumimitatusaquarum, Flumeneras ; interdumundiscontrariusignis. « NecminusAutolycieonjux, Erisichthonenala, Juris habet.Paterhujuserat, qui numinadivùm Sperneret, et nullosaris adolerethonores. 7-10 Illeetiamcéréalenemusviolassesecuri Bicilur, et lueosferrotemerassevetustos. Stabatin bis ingensannosoroborequercus, Unanemus.Viltîemediam, memoresquetabelloe, Sertaquecingebant, voliargumentapotentis. 7-io Stepesub hacDryadesfeslasduxerechorcas ; Soepeetiam, manibusnexisex ordine, trunci Circuiercmodum.Mensuraqueroborisulnas Quinque1erimplcbatjnecnon et coeteratanlo Silvasubhac, silvaquantojacelherbasub omni. 750 NontamenideircoferrumTriopeiusilla Abstinuit, famulosquejubet succideresacrum LIVRE vin. m\ battre’ce vénérable chêne. Les voyant, hésiter, il arrache à l’un d’eux sa cognée, et profère ces paroles coupables : « Il a beau être « cher à la déesse ; fût-il habité par elle, son front couronné de « feuillage va frapper la terre. » « Il dit ; et, tandis qu’il balance obliquement le fer, l’arbre de Cérès tremble et pousse un gémissement. Ses feuilles, ses glands et ses longs rameaux pâlissent. Enfin la hache sacrilège entr’ouvre ses flancs, et le sang jaillit de son écorce. Ainsi, lorsque le taureau tombe solennellement au pied des autel :, de sa gorge s’échappent des flots de sang. Ses esclaves sont glacés d’effroi. L’un deux ose dissuader Erisichlhon et arrêter son arme cruelle. Le Thessalien lui lance un regard terrible : « Reçois, dit-il, le prix « de la peine.

» En même temps il retourne le fer contre lui, abat 

sa tête et frappe le chêne sans relâche. L’arbre fait alors entendre ces paroles plaintives : « Nymphe chérie de Cérès, j’habite « cette écorce. Pour me consoler du trépas, je te le déclare en « mourant, sur ta tête plane le châtiment réservé à ton crime. » Erisichlhon consomme son sacrilège. Le chêne enfin chancelle Robur ; et ut jussoscunclarividil, ab uno Fdidithoeeraptaseeleratusverbasecuri : « Nondilectadetesolum, sed et ipsalieebit 755 e Sitdea, jamtangetfrondenlecacuminelerram, » « Dixit, et, obliquosdumtelunilibratin ictus, Conlremuit, gemitumquededildeoiaquercus, Et pariterfrondes, parilerpallescereglandes Coepere, ae longipalloremducercrami. 700 Cujusut in truncofecitmanusimpiavulnus, lîaudaliterfluxit, discussacorlicc, sanguis, Quamsolct, anlearasingensubivietimataurus Concidit, abruplacruoro cerviceprofusus. Obstupuereomnes, aliquisqueex omnibusaudet 705 Deterrerenefas, soevamquo inhiberebipennim. Aspicithune : it Menlisquepioecapeproemia,

» dixit 

Tbessalus, inquevirumconverlilab arboreferrum. Delruncatquecaput, repetilaqueroboraciedil ; Edituse mediosonusestquumroborelalis : 77J « Nymphasub hocegosumCererigralissimaligno, « Quaitibi factorumpoenasinslareluorum « Vaticinormoriens, nostrisolatialethi.s Fersequilurscelusille suum ; labefoctaque landein 522 METAMORPIiOSES. sous mille coups. Entraîné par un câble, il succombe et renverse un grand nombre d’arbres sous son poids. « Les Dryades épouvantées pleurent la forêt dépouillée de sa gloire et la mort de leur sœur. Revêtues de deuil, elles vont trouver Cérès en gémissant, et lui demandent qu’Érisichthon reçoive la peine de son attentat. La déesse accueilleleur prière, et le mouvement de sa majestueuse tête ébranle lesguérets chargés de riches moissons. Elle prépare un châtiment qui aurait attiré la pitié sur Erisichlhon, si, par un tel forfait, il n’avait perdu tous les droits à la pitié. Elle veut le livrer aux horribles tourments de la Famine ; et, comme elle ne peut aborder elle-même cette déesse, car les Deslins interdisent tout commerce entre Cérès et la Famine, elle appelle une des divinités champêtres qui habitent sur les montagnes, et lui parle ainsi : « Aux confins de la Scy « -Une, couronnée de frimas, il existe une contrée morne, stérile, « sans arbres et sans fruits, séjour du Froid léthargique, de la « Pâleur et de l’Épouvante. C’est là que réside l’affreuse Famine. « Ordonne-lui d’aller se cacher dans le cœur criminelde l’impie. « Loin de céder à l’abondance, qu’elle soutienne la lutte jusqu’à « triompher de moi-même. Pour que tu ne sois pas effrayée de la Ictibusinnumeris, adductaquefunibusarbor 775 Corruit, et multamproslavitpondèresilvam. « ÂttonitoeDryadesdamnonemorisque, suoque, Omnesgermanoe, Cereremcumveslibusalris Moereutes adeunt, poenamque Erisichlhonis orant. Annuitbis, eapitisquesui pulcberrimamotu 780 Goncussitgravidisoneratosmessibusagros. Moliturquegenuspoenoe miserabile, si non Illesuis essetnullimiserabilisactis, PestiferalacerareFamé.Quoequalenusipsi Nonadeundadeaî(ncqueenimCereremque, Famemque Fatacoiresinunl) ; monlaninuminisunam TolibusagrestemcompcllatOrcadadictis : « EstlocusextremisScythioeglacialisin oris, •. Tristesolum, sterilis, sinefruge, sinearboretellus.

  • Frigusinersillichabitant, Pallorque, Tremorque, 790

« Et jejunaFamés.Ease in prascordiacondat « Sacrilegisceleralajubé ; neccopiarernm « Vincateam, superelquemeascertaminevires. LIVRE VIII. 525 « longueur du voyage, prends mon char et dirige mes dragons « au haut des airs. » Aussitôt elle les lui donne. L’Oréades’élance sur le char à travers l’espace, et arrive dans la Scythiesur le sommet glacé du Caucase. Après avoir dételé les dragons, elle cherche la Famine. Elle l’aperçoit dans un champ pierreux arrachant quelques herbes avec ses ongles et ses dents. Elle a les cheveux hérissés, les yeux creux, le teint pâle, les lèvres blanches et sèches, le gosier âpre et enflammé, la peau rude el transparente, les reins courbés, les os saillants, le ventre rentré, et sa poitrine, qui semble détachée, ne présente que des côtes. La maigreur fait ressortir avec une énergie extrême ses articulations, ses genoux et ses talons. La Nymphe, qui l’a vue de loin, n’ose approcher, el lui transmet les ordres de Cérès. Quelques instants après son arrivée, quoiqu’elle se tienne à dislance, elle croit sentir les atteintes de la faim. Aussitôt, s’élevant dans les airs, elle fait reprendre aux dragons la route de la Thessalie. « La Famine, en tout temps opposée à Cérès, exécute néanmoins ses ordres. Emportée dans un tourbillon, elle se rend, de " Ncveviujspaliumte terreat, accipecurrus ; « Accipe, quosfrenisaltemoderere, dracones. » 705 Et dédit.Illadalosubveclaper aéracurru Dcveuitin Scylbiam, rigidiquecacumincmontis, Gaucasonappellant, serpeulumcollalevavii ; Quoesilamquc Famcmlapidosoviditin agro l’nguibus, et rarasvclicntemdentibusherbas. 800 Eirlusoral crinis, cavalumina, pallorin ore, Labraincanasilu, scabi’ierubiginefauecs ; Duracutis, per quamspectariviscerapossent ; Ossasub incurvisexstabantaridalumbis ; Vcntriserat proventrelocus ; penderepufares 805 Pcclus, et a spinretanlummodocraieleneri. Auxcralarliculosmacies, genuumqucrigebal Orbis, et immodicoprodibantluberetali. lianeproculul vidit (nequeeniniesl accederejuxla Ausa), referlmandatade : e ; pauluniquemorata. 810 Quanquamaberatlonge, quanquammodoveneratiliuc, Visalaincnsensissefamem, relroquedracoucs Egilin, 4iimoniam, versissublimisbabenis. « DictaFamésGereris,. quamviscontrariasemper Illiusest operi, peragit ; perqueacravento 815 ô-i’t

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nuit, au palais qui lui est désigné, el s’approche de la couche de l’impie. Tandis qu’il esl enseveli dans un profond sommeil, elle l’enveloppe de ses deux ailes, lui enfonce son aiguillon, lui souffle dans la bouche, dans le gosier, dans l’estomac, et allume dans ses entrailles vides une faim dévorante. Sa tâche remplie, elle abandonne cette contrée fertile pour regagner son antre où règne la disette. « Le sommeil versait, sur Erisichlhon ses plus doux pavots. Un songe lui montre des mets qu’il veut prendre : mais ses lèvres et ses dents se meuvent el se fatiguent en vain. Son appétit abusé s’exerce sur une nourriture illusoire ; au lieu d’aliments, il n’absorbe que l’air. 11s’éveille. Alors la faim lui fait sentir toute sa rage, en tourmentant son gosier avide et ses entrailles brûlantes. 11voudrait qu’à l’instant la mer, la terre et l’air fussent dépeuplés pour lui. 11 se plaint du jeûne au milieu d’un festin ; il ne peut se repaître des substances qui entrent dans son estomac. Ce qui eût nourri des villes et tout un peuple ne peut suffire à lui seul. Plus il engloutit de vivres, plus il en désire. Pareil à l’Océan qui, loin de se contenter de ses eaux, reçoit et s’assimile tous les Adjussamdclaladomumesl. Et prolimisinlrat Sacrilcgitbalamos ; altoqucsoporcsolutum (Noctiserat lempus), geminisampleclituralis ; Sequcviroinspiral, faucesqueet pectuset ora Affiat, el in vacuisspargitjejuniavenis ; S^’î Functaqucmandatofecundumdescritorbem ; lnquodomosinopes, assuclareverlituranlra. « LemsadhucsomnusplacidisErisiclithonapennis Mulccbal.Petitille dapessubimaginesomni, Craquevananiovet, dentemqi : ein dentefali ; _ ; al, 8-5 Excrcclquecibodelusumgultur inani, l’roqueepulisIcnuesncquicquamdévoraiauras, El veroesl expulsaquies, furit ardorctlcndi, Perqueavidasfaucesimmensaquevisceraregual. Necmora, quodpontus, quodterra, quodeducatacr, 850 Poscil, el apposilisquerilurjejuniameusis, lnqucepulisepulasquau-jl ; quodqueurbibuscs=e, Quodquesalispopulopolerat, nonsufiieituni ; l’hisqueeupit, (|uoplura >uamdeiniltitm alvuin. Ulquefroliimrecipitde tolailuminalena, 855 Nccsalialuraquis, peregrinosque ebibilamnes ; LIVRE VIII. ôiS fleuvesde la terre, ou tel que la flamme insatiable qui, ne refusant jamais d’aliments, dévore sans cesse de nouvelles matières et proportionne à leur abondance ses ravages el ses fureurs, l’impie Érisichthon convoite et mange à la fois tous les miels. Ceuxqu’il avale augmentent son avidité, et son estomac se creuse à mesure qu’il s’emplit. Déjà les richesses de son père ont disparu dans le gouffre de son ventre. Maistu conservais encore toutes tes forces, e Faim implacable ! Un feu inextinguible embrasait son palais. « Tout son patrimoine était enfin dévoré. 11ne lui restait qu’une tille digne d’un autre père. Dans sa détresse, il la vend aussi. Mais sa fierté repousse son maître, el, tendant les bras vers la mer voisine : « Dérobe-moi, dit-elle, à un joug insupportable, loi qui m’as « ravi l’innocence. » Neptune, en effet, la lui avait ravie. Le dieu lui accorde sa demande, et, presque sous les yeux du maître qui la suivait, il change sa forme, lui donne les traits d’un homme et le costume d’un pêcheur. Son maître, la regardant sans la reconnaître : « "0 toi, lui dit-il, qui caches avec adresse sous un léger appât ton « hameçonperfide, puisses-tu trouver la mer toujours calme ! Puisse Ulquerapaxjgnisnonunquamalimentarécusai ; InnumerasqueIrabescrcmat ; et, quocopiamajor Est daia, plura petit, turbaquevoracioripsaest ; SicepulasomnesErisichthonisora profani 840 Accipiunt, poscuntquesimul.Cibusomnisih ilio Causacibiesl, semperquelocusfitinanisedendo. JamqueFamépatriasaltiquevoraginevenlris Attenuaralopes ; sedinattenualamanebas Tumquoque, dira Famés, implacatoeque vigebal 815 Flammaguloe. « Tandem, demïssoin visceraccusu, Filiareslabat, nonillodignaparente. Uancquoquevenditinops.Bominnmgenerosarécusai, El vicinasuas tendonssuper îequorapalmas : « Eripeme domino, qui raptoeproemianobis 850 « Virginitalishabes, » ait. HaieNeptunushabebat. Quiprecenonsprela, quamvismodovisasequenti Esselliero, formamquenoval, vullumquevirilem Induit, et cultuspiscemcapieulibusaptos. lianedominusspeotans : « 0 qui pendentiaparvo 855 « .Eracibocelas, moderalorarundinis, inquil, « Sicmarecomposilum, sic sit tibi piscisin umla 19 526 MÉTAMORPHOSES. « le poisson crédule se suspendre toujours à ta ligne ! UneNymphe, « grossièrement vêtue el les cheveux épars, vient de s’arrêter « sur ce rivage. Je l’ai vue ici. Pourrais-tu me dire où elle « est ? car elle ne peut pas être loin. » Métra comprend que le dieu l’a exaucée. Ravie d’entendre son maître lui demander à elle-même ce qu’elle esl devenue, elle répond : « Pardonnez, qui « que vous soyez. Mesyeux ont été constamment fixés sur l’onde, « et je n’ai point regardé autour de moi. Je n’étais attentif qu’à « ma pêche. Pour que vous n’en doutiez pas. j’alleste le roi des <imers (puisse-t-il m’être propice ! ) qu’excepté moi, depuis long « temps ni homme ni femme ne s’est montré sur ce rivage ! » Il la croit et s’éloigne ; mais il se retire trompé. La Nymphe reprend ses premiers traits. Erisichlhon, voyant que sa fille peut subir plusieurs métamorphoses, la vend à divers maîtres. Elle devient tour à tour cavale, oiseau, bœuf, cerf, sans pouvoir fournir une nourriture suffisante à son insatiable père. Cependant le mal qui le tourmente a tout consommé ; mais tout n’a servi qu’à l’irriter davantage. Alors, de ses dents il se déchire lui-même. Infortuné ! il n’a d’aulre pâture que son corps qui diminue chaque jour. « Credulus, et nullos, nisiiixus, senliathamos ! « Quoemodocumvili lurbatisvestecapillis « Litlorein hocsteterat(namstantemin littore vidi), 800 « Die, ubi sit ; nequeeniuivestigialongiuscxslant.* Illadeimunusbeuecederesentit, et a se Se quoerigaudens, bis est resecutarogantem : c Quisquises, ignoscas.In nullamluminapartem « Gurgileab hocflexi, studioqueoperalusinhaisi. 8G5 « Quoqueminusdubites, sichas deuscequorisartes « Adjuvet, ut nemojamdudumlittorein isto, i ? Jetamcuexcepte, nec feminaconstilitulia. ? Credidit, et versodominuspedepressitarenain, Elususqueabiit.Illi sua reddilaformaest. 870 Astubi haberesuamtransformiacorporasentit, SrcpepaterdominisTriopeidavendit.Atilla Nuncequa, nuncaies, modobos, modocervusabibat, Proebebatque avidononjusla alimentaparenti. Vistamenillamaliposlquamconsumpseivloniuem 875 Materiam, dederatquegravinovapabulàmorbo, Ipsesuosartus lacerodivelleremorsu Coepit, et infelixminv.endocorpusalebat. LIVRE VIII. 327 « Pourquoi m’arrêter aux métamorphoses d’autrui ? Moiaussi, jetunes guerriers, j’ai le pouvoir de revêtir différentes formes ; miais le nombre en est limité. Tantôt je suis tel que vous me voyez ; tantôt je prends la figure d’un serpent ; d’autres fois, armé de ; cornes menaçantes, je marche à la tête d’un troupeau. J’ai conseirvé, tant que j’ai pu, celte parure de mon front. Maintenant, voius le voyez, j’en ai perdu une partie. » Desgémissements suivemlces paroles. « Quidmororexlenns ? Eliammibisajpcnovandi Corporis, o juveues, numérofinitapotestas. 8S0 Nammodo, quoduuncsum, vidcor ; modoflectoriu anguem ; Armentimododux viresin cornuasumo ; Coruua, dumpotui ; nuncparscaretaltératelo Frontis, ut ipsevides, s Gemilussunt verbaseculi. LIVRE NEUVIÈME AttIGLOUS VAINCU PAR1IEI ! CULE. — CORNEDABOKDANCr.. I. Le héros issu du sang de Neptune demande quelle est la cause de ces gémissements et.de l’outrage fait par un dieu au front d’Achéloùs. Le Fleuve, dont les cheveux flottent négligemment sous une couronne de roseaux, s’exprime en ces termes : « Vous m’imposez une tâche pénible. Quel vaincu trouverait du plaisir à raconter sa défaite ? Je vais pourtant retracer l’histoire de ma lulle. J’eus moins de honte à succomber que de gloire à combattre, et la célébrité du vainqueur est une grande consolation pour moi. Peut-être le nom de Déjanire a-t-il frappé votre oreille. C’était une vierge connue par sa beauté, et que mille rivaux se disputaient à l’envi. Je me rendis moi-même auprès de son père LIBER NONUS ACI1KLOUS ABHERCULE DEVICTDS. — COli-ECORNU, 1. Quacgemilus, truncoeque deoncplumushéros Causarogalfrontis, quumsic calydooîusamnis Cccpit, mornatosredimitusarundinecrincs : « Tristepetismuiius.Quisenimsuaproeliavictus Commemorarc vclit ? Referamtamenordine.Nectain 5 Turpefuitvinci, quamcontendissedécorumesl, Magnaque dat nobistantussolatiavictor. Nominesi quasuo tandempervenitad aures Dejaniraluas, quondampulcherrimavirgo, Multorumque fuit spesinvidiosaprocorum. i(J Cumquibusut soccridomusestihtralapcîiti : LIVRE IX. 520. avec eux. « Fils de Parthaon, lui dis-je, acceptez-moipour géniedre. » Hercule tint le même langage" : les autres se retirèrent devant nous. Hercule vanta sa naissance, qui allait donner à la jeune princesse Jupiter pour beau-père, la gloire de ses travaux commandés par une déesse jalouse, et les triomphes qu’il avait obtenus. Pour moi, croyant qu’un dieu ne pouvait sans honte céder à un homme (car il n’était pas encoreau rang des Immortels) : « Vous voyez, dis-je, le roi du fleuve qui promène ses ondes si— • « nueuses dans vos États. Vous n’aurez pas en moi un gendre venu « des bords étrangers. Né dans ce royaume, j’en fais partie. Le suc « ces de mes espérancesserait-il compromis, parce que la reine des « dieux ne me poursuit pas de sa haine et ne m’a pas condamné à « des travaux ? Tu te glorifies d’être issu d’Àlcmène.MaisJupiter o n’est point ton père, ou il l’est par un crime. Le déshonneur de « celleà qui tu dois le jour a pu seul te le donner pour père. Qu’ai « mes-tu mieux ? être le fils supposé du maître des dieux, ou le o fruit d’un adultère ? » En m’entendant ainsi parler, Hercule me lance un regard terrible, et, ne pouvant plus contenir son courroux, il s’écrie : « Je sais mieux agir que parler. Pourvu que je sorte vainqueur o du combat, triomphe par le talent de la parole. » A ces mots, « Accipeme generum.dixi, Parthaonenate. » Dixitel Alcides : aliicessereduobus. IlleJovemsocerumdarese, famamquelaborum, Et superatasuoereferebatjussa novercoe. ’13 ContraegoturpedeummorUilicedereduxi (’Xondum eratille deus) : « Kegemmecernisaquarum « Cursibusobliquisintra tua régnafluentem. « Necgênerexlernishospes(ibimissusab oris, a Sedpopularisego, et rerumparsuna tuarum. i ftTanlumne noceat, quodmeuecregiaJuno « Odit, et omnisabcstjussorumpoenalaborum.

» Ramquodte jaclasAlemenamairecreatum, 

« Jupiteraut falsuspatcrest, autcrimineverus. « Malrisadulteriopatrenipetis : eligcfictum 2o « EsseJovemmalis, an le per dedecusorlum. » Taliadicenlemjamdudumluminetorvo Speclat, et accensfcnonfortiterimperatirai, Verbaquetôt reddit : « Meliormihidexteralingua. Dummodopugnandosuperem, lu vinceloquendo.i> 50 550

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• il se prépare fièrement à m’attaquer. Après mon superbe langage, je rougis de reculer ; et, rejetant ma robe émeraude, les bras tendus et les poings fermés, je me tiens prêt à lutter. Hercule ramasse une poignéede poussièreet m’en couvre ; je lui jetle à mon tour une poignée de sable. Il saisit ou semble saisir tantôt ma tête, tantôt mes jambes agiles, et me presse de toutes parts. Monpoids me protège et rend ses efforts inutiles. Tel un rocher •assailli par les flots furieux reste immobile : sa masse le défend. Nous nous séparons un instant pour recommencer le combat, fermes sur l’arène et résolus de ne point céder. Pied contre pied, poitrine contre poitrine, je suis tous ses mouvements ; mes doigts serrent ses doigts, mon front heurte son front. Ainsij’ai vu deux vigoureux taureaux fondre l’un sur l’autre, lorsque la plus belle génisse de la prairie devait être le prix du combat. Le troupeau regardait celte lutte terrible, et en attendait l’issue avec effroi, ne sachant à qui la victoire allait assurer un glorieux empire. Trois fois sans succèsHerculetâche d’écarter ma poitrine delà sienne. Par un quatrième effort, il s’arrache à mes étreintes, el s’affranchit Congrediturque ferox.Puduitmodomagnalocutum Cedere.Rejeciviridemde corporeveslem, Erachiaqueopposui, lenuiquea pectorevaras In stalionemanus, et puguaimembraparavi. Illecavishaustospargitmepulverepalmis, 55 loquevicenifulvoejactuflavescitareme ; Et modocervicem, modocruramicantiacaptât, Autcaptareputes, omniquea partelacessit. Memeadéfenditgravitas, fruslraquepetebar, llaudsecusac moles, quammagnomurmurefluctus 40 Oppugnant : manetilia, suoqueestpondèretula. Digredimur paulum, rursumquead bellacoimus ; Inquegradustelimus.certinoncedere ; eralque Cumpedepesjunctus ; lotoqueegopectorepromis Et digilosdigitiset frontemfronlepremebam. tâ Nonaliterfortesvidiconcurreretauros, Quumpreliumpugna ?, lotonilidissimasaitu, Expetilureonjux.Spectantarmenla, paventque Nesciaqu ;  ; mmaneattantiVictoriaregni.Ter srneprofectuvoluitnitenliacontra HO KejiccrcAlcidesa se meapectora.Quarto Exuitamplexus, adduclaquebrachiasolvil, LIVRE IX. 551 de mes bras ; puis, mè poussant de sa main (car je dois tout dire), il me retourne brusquement et tombe pesamment sur mon dos. Vous pouvez m’en croire ; je ne cherche point la gloire par de vaines impostures : je me sentis comme accablé du poids d’une montagne. Je pus à peine dégager mes bras inondés de sueur, et me délivrer de ses rudes embrassements ; il me pressait de nouveau, me coupait la respiration, et m’empêchait de reprendre mes forces. Enfin il me saisit à la gorge. Mesgenoux fléchirent sur le sol, el je mordis la poussière. « Voyantle combat inégal, j’eus recours à la ruse. Pour échapper à mon rival, je pris la forme d’un long serpent. Je déroulai de nombreux anneaux, et j’agitai un double dard avec d’horribles sifflements. Le héros de Tyrinthe sourit, et, se moquant de mes artifices : a Vaincre des serpents, dit-il, fut’un-jeu de mon berceau. « Tu l’emportes, il est vrai, Achéloùs, sur les autres serpents ; « mais qu’es-tu près de l’hydre de Lerne ? Elle renaissait de ses « blessures fécondes. Je ne pus abattre une de ses cent’tètes, sans « la voirremplacée par deux autres plus terribles. Hérisséede vi « pères qui se multipliaient sous le fer, elle puisait de nouvelles Impulsumquemanu(certummihiverafateri) Protinusavertit, tergoqueonerosusinhrcsit. Siquafides, nequeenimflctamibigloriavoce

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Quseritur, impositopressusmihimontevidebar, Vixtamenexseruisudorefluentiamulto Grachia ; vixsolvidurosa pectorenexu ;. Instatanhelanti, prohibelqueresumerevires, El cervicemeapotitur.Tumdeniquetellus 00 Pressagenunoslroest, et arenasore momordi. lnferiorvirtute, measdeverlorad artes, Elaborqueviro, longumfoi’matusin anguem. Quiposlquamflexossinuavicorpusin orbes, Cumqueferomovilinguamslridorebisulcam, li.’i Risit, et illudensnostrasTirynlhiusartes : « Cunarumlaborest anguessuperaremearum, .. Dixit, el, ut vincasoiios, Acheloe, dracones, - ; Parsquotalernoeaiserpenseris unusEchidnce ? « Vulneribusfecundasuiseratilla, necullum 70 <Decentumnumérocaputest impunerecisum, c Quingeminocervixhoeredevalentioresset. « Hancegoramosamnatise cîedecolubris, 532

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« forces dans sa défaite. Je la domptai pourtant, et elle tomba « sous mes coups. Qu’oses-tuattendre des dehors trompeurs d’un « serpent ? Qu’oses-lu espérer, défendu par des armes étrangères « ou caché sous une forme d’emprunt ? » A ces mots, il me serre la gorge de sa main puissante. J’étouffais comme dans un étau, el je tâchais de dérober mon cou à sa robuste étreinte. Vaincu sous celle forme, pour troisième métamorphose il me restait à prendre les traits d’un taureau menaçant. Je les revêts, et je soutiens une lutte nouvelle. Placé à ma gauche, il enlace de ses bras les muscles de mon cou. Je bondis en arrière. Il veut m’entraîner, mais il me suit. Enfin,’il me saisit par les cornes, les enfonce dans la terre eLme renverse sur l’arène. C’est peu : tandis qu’il me tient ainsi de son bras invincible, il me brise une corne et la détache de mon front. Les Naïades la consacrèrent, après l’avoir remplie de fruits et de fleurs odoriférantes. Elle devint la Corne d’abondance. » Il dit. Une des Nymphesqui le servaient attache sa robe à la manière de Diane, et s’avance les cheveux épars. De la corne qu’elle verse, elle lire tous les trésors de l’automne, tous les fruits délicieuxqui composent le dessert. Cependantle jour commence, « Crescenlemque malo, domui, domitamque peremi. « Quidforete credis, falsumquiversusin anguem 75 fiArmaaliénamoves, quemformaprecariacelât ? » Dixeral, et summodigilorumvinculacollo Injicil.Angebar, -çeu gulturaforcipepressus, Pollicibusque measpugnabamevellerefauces. Sicquoquedevicloreslabattertiatauri SO Formatrucis.Tauromutatusmembrarebello. Induitilleloris a loevaparlelacerios, Admissumque Irahenssequitur, deprensaquedura Cornuafigithumo, mequeaitaslernitarena. Necsalisid fueral : rigidumfera dexteracornu 85 Dumtenel, infregit, Iruncaquea fronterevellil. Naideshoc, pomiset odoroflorereplelum, Sacrarunt, divesquemeobonaCopiacornuest.>-Dixeral.AtNymphe, ritu suecinclaDiana ?, Unaministrarum, fusisutrinquecapillis, 00 Incessit, totumquelulitpradivilecornu Autumnum, et mensas, feliciaporna, " secundas. Luxsubit, et, primofericntecacuminasole, LIVRE IX. 533 et le soleil dore de ses rayons la cime des montagnes. Les jeunes guerriers s’éloignent. Ils ne veulent pas attendre que le fleuve ait repris son cours paisible, ni que le courroux des ondes soit apaisé. Achéloùs cache au sein des flots ses traits agrestes et son front mutilé. La perte de sa beauté l’accable de chagrin, quoique le reste de son corps soit intact, et qu’il puisse même cacher son affront sous les saules et les roseaux dont ii est couronné. MORTDEKESSDS. H. Maisloi, superbe Nessus, tu péris, le dos percé d’une, flèche rapide, victime de ton amour pour la même princesse. Le fils —de Jupiter, rentrant avec sa nouvelle épouse dans les murs de sa patrie, était arrivé sur les bords de l’impétueux Événus. Grossi extraordinairement par les pluies de l’hiver, le fleuve présentait partout des tourbillons que nul n’osait franchir. Le héros, tranquille pour lui-même, craint pour son épouse. Le robuste Nessus, à qui tous les gués sont connus, s’approche de lui : « Hercule, lui dit-il, veux-tu que je transporte ta compagne sur l’autre rive ? Réserve tes forces pour traverser les ondes à la nage. » Hercule Disceduntjuvenes ; nequeenimdumfluminapacem Et placidoshabeantlapsus, molsequerésidant. 9S Opperiunlur, aqua ?.YultusAcbelousagrestes Et lacerumcornumediiscaputabdiditundis. Hunetamenablalidomuitjacturadecoris. Coelerasospeserat ; capilisquoquefrondesaligna, Autsuperimpositacelaturarundinedamnum. 100 NESSUS I5TERFIC1T0R. H. At te, Messeferox, ejusdemvirginisardor Perdiderat, volucriIrajectumtergasagitta. Namque, novarepetenspatrioscumconjugemuros, VeneratEvenirapidasJovenalusad undas. L’beriussclitonimbishiemalibusauctus, 105 Vorlicibusque frequenserat, atqueimperviuaamnis. Intrepidumpro se, curamde conjugeagentem Nessusadit, membrisquevalens, scitusquevadorum : « Oflicioque mearipa sisleturin illa Hoec, ait, Alcide : tu viribusulerenando. » 110 19. "334 MÉTAMORPHOSES. lui confie la princesse dé Calydontoute tremblante, pâle d’effroi, redoutant le fleuve et le Centaure. Au1même instant, chargé de son carquois.et de la dépouille du lion de Némée(car il avait jeté ’ sur le bord Opposésa massue et son arc flexible) : « Puisque j’ai commencé à nager, dit-il, je franchirai le fleuve tout entier. » Il n’hésite plus : il ne cherche pas eii quel endroit le fleuve est plus facile, et ne s’inquiète point si les eaux vont se prêterdœilément à son passage. Déjà, sur l’autre rive, il ramassait l’arc qu’il y avait jeté, lorsqu’il reconnut la voix de. son épouse. Nessus s’apprêtait à ravir le dépôt commis à sa garde. « Oùl’égaré, lui dit Hercule, une folle confiance dans ton agilité, ô ravisseur barbare ! C’est à toi que je parle, monstre à deux Tonnes ; Nessus, entends nia voix et ne m’enlève pas mon bien. Si tu n’as aucun respect pourmesdroits, la roue ou ton père est attaché doit te détourner de "Coupables amours. Tu ne saurais m’échapper. En vain tu comptes sur ta vitesse de coursier. Cene sont pas mes pieds, ce sont mes flèches qui l’atteindront. » L’effet suit ces dernières paroles. On trait parti de sa main frappe le dos du Centaure qui s’enfuil, et ressort à travers sa poitrine. A peine en est-il arraché, que de sa double blessure le sang jaillit, mêlé au venin de l’hydre. Nessus le reTradiditAoniuspavidamCalydonidaftesso, Pallentemquemetu, iluviumque, ipsumquetimentem. Mox, ul erat, pharetraquegravis, spolioqueleonis, {i\amclavam, et curvosIransripammiseratarcus) : « Quandoquidem ccepi, supcrenturflumina, » dixit. 115 Necdubital, necquesit clementissimus amnis Quoerit, et obsequiodeferrispernilaquarum. Jamquelenensripam, missosquumtollerelarcus Conjugisagnovitvocem, Nessoqueparante Falleredepositum : « .Quote iidueia, clamât, 120 Vanapedum, violente, r.apit ? tibi, Nessebiformis, Dicimus, exaudi, necres intercipenostras. Si te nullamei reverentiamovit, at orbes Concuhitusvetitospoteranlinhibcrepalcrni. Haudtameneffugies, quamvisopelidisequina. 125 Yulnere, nonpcdibusle consequar. » bllima’dicta Re probat, et missafugientialergasagitta . .. Trajicit : exslabalferrumde pectoreadùncura. Quodsimulcvulsumest, sanguisper utrumqueforamen Emicuit, oeixtuslernœilabe veneni. 150 LIVRE IX. -535 cueille : « Non, dit-il, je ne mourrai pas sans vengeance. » En même temps il remet à celle qu’il a voulu enlever sa tunique teinte de son sang fumant encore, comme un don destiné à rallumer les feux de son époux. TOURMENTS D’HERCOLE SURLE MONT(ETA. LU.Longtemps après, les grands exploits d’Hercule et la haine de Junon avaient retenti dans l’univers. Vainqueur, il revenait d’Œchalie, et, sur le cap Cénœum, il allait s’acquitter d’un sacrifice en l’honneur de Jupiter, lorsque l’indiscrète Renommée, qui se plaît à mêler le mensonge à la vérité et à grandir par ses fictions les plus légères rumeurs, t’apprit, ô Déjanire ! la passion qui enchaînait le fils d’Amphitryon auprès d’iole. Amante crédule, elle accueille ce bruit. Surprise de celle infidélité, la malheureuse s’abandonne aux pleurs. Son dépit se manifeste d’abord par des larmes, mais bientôt il éclate. « Pourquoi pleurer ? dit-elle. Ces larmes combleraient ma rivale de joie. Elle approche. Hâtonsnous de recourir à un expédient inconnu, puisqu’il en est temps, el qu’une autre n’a pas encore usurpé ma place. Dois-je me plaindre ou me taire ? regagner Calydon ou rester ici ? sortir ExcipithuneNessus : « Nequeenimmoriemurinnlli, » Secumait, el calidovelaminaiinciacruore Datmunusraploe, velutirrilamenamoris. HERCULES IXMOXTE ŒTACRDCIATUR. III. Eongafuit mediimoratemporis, aclaquemagui lîerculisimplerantterras, odiumquenoverefe. 155 Victorab Œchaliacenreosacraparabat VotaJovi, quumfamaloquaxproecessitad aures, Dejanira, tuas, qua ; verisadderefal-a Gaudet, et a rninimosuaper mendaciacrescit, Amphilryoniaden Iolesardoreleneri. 140 Créditamans, Venerisquenovaperterritafama Induisitprimolacrymis, flendcquedclorem Diffuditmiserandasuum ; moxdeinde : « Quidautem Flemus ? ait. Pellexlacrymishelabilurislis. Qu33quoniamadventat, properandum, aliquidquenovandum est, 145 Dumlicet, et nondumlhalamoslenet altéranoslros. Conquerar, an sileam ? RepelamCalydona, morerne ? 536 MÉTAMORPHOSES. de ce palais, ou, si je ne puis davantage, m’opposer à leurs feux ? Que dis-je ? je me souviendrai que je suis ta sœur, Méléagre, et je saurai tenter un grand crime. Je montrerai, en égorgeant, ma rivale, ce que peut un affront et le ressentiment d’une femme. » Elle roule mille projets. Enfin elle se décide à envoyer à Hercule la tunique teinte du sang de Nessuspour ranimer son amour expirant ; et, sans se douter des chagrins qu’elle se prépare, elle remet celle tunique à Lichas, qui ignore quel dépôt on lui confie. Infortunée ! elle le conjure par les plus douces instances de porter ce présenta son époux. Hercule l’accepte, sans en connaître le danger, et couvre ses épaules du venin de l’hydre. En ce moment il déposait l’encens dans le feu, en adressant ses vœux à Jupiter : une coupe à la main, il arrosait d’un vin pur le marbre de l’autel. Aussitôtle poison, développé par la chaleur du feu, circule dans les veines du héros. Longtemps son courage éprouvé comprime la plainte. Enfin, succombant à ses maux, il repousse l’autel, et remplit de ses accents douloureux les forêts de l’CEta.Il veut arracher la tunique fatale. Mais, en la déchirant, il se déchire lui-même. Après d’inutiles efforts, (comment le raconter sans horreur ? ) le vêtement reste collé à son corps, Escedamtectis ? Si nibilamplius, obstem ? Quid, si me, îleleagre, tuammemoressesororem, Forteparofacinus, quamtumqueinjuriapossit — 150 Femineusquedolor, jugulatapelliçetestor ? » lncursusanimusvarieshabet.Omnibusilli Praetulitimbnlamnessoeosanguinevestem Mitlere, quoeviresdefecloreddalamori ; IgnaroqueLichoe, quidtradatneseia, luclus 153 Ipsasuostraditj blandisquemiserrimaverbis Donadetillaviro, mandat.Capitinsciushéros, Induiturquehumerislernoeaa virusEchidnie. Tburadabatprimis, et verbaprecantia, flammis, Vinaquemarmoreaspaterafundebatin aras. 160 Incaluitvisillaraali, resolutaqueflammis Uerculeosabiitlatediffusaperarlus. Dumpotuit, solitagemitumvirtulerepressit. Victamalispostquampatientia, reppulitaras, Implevitquesuis nemorosainvocibusCEten. ^Go Néemora, lelhiferamconaturscinderevestem. Quatrahitur, trahitilla culem(foedumque re.lalu), Authoeretmembrisfrustratentalarevelli, LIVRE IX. 557 ou bien il met à nu ses muscles et ses grands os. Son sang frémit comme l’onde où l’on plonge un fer chaud. Un poison brûlant le consume. Là ne s’arrête point le mal. Des flammes avides dévorent ses entrailles ; une sueur noire coule de tous ses membres. Ses nerfs embrasés pétillent, et le venin caché fond la moelle de ses os. Alors, levant ses bras au ciel, Hercule s’écrie : i Jouis de mes maux, cruelle Junon ; jouis-en, et contemple mon supplice du haut des cieux. Rassasie ton cœur barbare ; ou, si je puis inspirer de la pitié, même à une ennemie (je sais combien tu me hais), délivre-moi d’une vie en proie à d’horribles tourments, d’une vie qui m’est odieuse, et qui fut, dès son aurore, condamnée à tant de travaux. La mort sera un bienfait pour moi,’et ce bienfait sera digne d’une marâtre. Oui, j’ai immolé llusiris, qui souillait les temples du sang de ses hôtes ; j’ai ravi au terrible Antée les forces que lui donnait sa mère ; je n’ai élé effrayéni des trois corps du berger d’Ibérie, ni de ta triple gueule, Cerbère. N’est-ce pas vous, mes bras, qui avez brisé les cornes d’un taureau redoutable ? L’Élide, les ondes du Slymphale et la forêt de Parlhénie ont vu vos exploits. C’est votre courage qui a enlevé sur Autlacerosartus, et grandiadelegilossa. Ipsecruor, gelidoceuquondamlaminacandens 170 Tinclalacu, slridit, coquiturqueardentevenenq. Necmodusest : sorbentavidsepracordiaflamma :, CEeruleusque Huitlotode corporesudor, Arabustiquesonantnervi, coecaquemedullis Tabeliquefactis, tendensad sidérapalmas : 175 « Cladibus, exclamât, Saturnia, pascere, nostris ; Pascere, et bancpestemspeclacrudelisab alto ; Corqueferumsatia ; velsi miseranduset hosli (lîoslisenimtibisum), diriscruciatibusaegrarn, Invisamqueanimam, natamquelaboribus, aufer. 180 Morsmihimunuserit : decethtccdatadonanovercam. Ergoegofoedanlemperegrinotemplacruore busirindomui ; sxvoquealimentaparentis Antoeoeripui ; necmepastorisiberi Formatriplex, nec formatriplextua, Ceibere, movit. 185 Vosne, manus, validipressistiscornualauri ? VestrumopusElishabet, veslrumstymphalides undoe, Parlheniumque nemus ; vestra’-irlulerelatus 558

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les bords du Thermo-donun baudrier d’or, et les fruits mal gardés par un dragon vigilant. Ni les Centaures, ni le sanglier qui dévastait l’Arcadie, n’ont pu me résister. L’hydre elle-même ne trouva de secours ni dans ses têtes qui croissaient sous mes coups, ni dans ses forces renaissantes. Rappellerai-jeles chevaux de Thrace engraissés de sang humain ? J’ai vu leurs crèches remplies de membres mutilés ; je les ai vues et je les ai dispersées ; j’ai tué ces chevaux avecleurs maîtres. Mesbras ont étoufféle formidable lion de Némée. Matête a porté le ciel. L’impitoyable épouse de Jupiter s’est fatiguée de mïmposer ses ordres, et moi, je ne me suis point lassé de les accomplir. Maisaujourd’hui, j’ai affaire à un nouvel "ennemi que je ne puis repousser, ni par ma valeur, ni par mes flèches, ni par mes armes. Un feu rongeur parcourt tout mon corps, et consume mes entrailles. Euryslhée triomphe, et les mortels croient encore à l’existence des dieux. » Il dit, et, déchiré par la douleur, il erre sur le sommet de FŒta, tel qu’un tigre qui emporte un javelot dans son flanc, et cherche le chasseur qui l’a frappé. Souvent il pousse des gémissements, souvent ii frémit. Tantôt il veut mettre en lambeaux le tissu fatal, Thermodontiaco coelatusbalteusauro ; Pomaqueab insomnimaiecustoditadracone. 190 NecmihiCentauripotuereresistere, necmi Arcadioe vastatoraper.Necprofuithydroe Crescereper daninum, geminasqueresumerevires. Quid ? quumthracasequos, bumanosanguinepingues, Plenaquecorporibuslacerisprajsepiavidi, 195 Visaquedejeci, dominumque, ipsosqueperemi. Hiselisajacetmolesnemeoealacertis. Haccoelumcervicetuii. Defessajubendoest SajvaJoviseonjux ; egosumindefessusagendo. Sednovapestisadest, cui nec virtuieresisli, ’200 Nectelisarmisvepotest : pulmonibuserrât Ignisedaximis, perqueomnespasciturartus. AtvaletEurystbeus, et sunt qui crederepossint Essedeos ? » Dixit, perquealtamsauciusŒlen Haudalitergraditur, quamsi venabulatigris 205 Corporefixagerat, factiquerefugeritauctor. Soepeillumgemilusedentem, soepefremenlem, ’ Sieperetentanlemtotasrefringerevestes, LIVRE IX. 539 tantôt il renverse des arbres, ou bien il s’irrite contre la montagne et tend les bras vers le ciel, où règne son père. Il aperçoit Lichas, qui se cachail tout tremblant dans le creux d’un rocher. La douleur exaile sa rage. « N’est-ce pas de toi, Lichas, s’écrie-t-il, que je tiens ce funeste présent ? N’es-tu point la cause de ma mort ? » Lichas tremble, pâle d’effroi, et d’une voix timide il cherche à se justifier. Mais, tandis qu’il s’excuse et s’apprête à embrasser ses genoux, Alcidele saisit, le fait tourner trois ou quatre fois dans les airs, et d’un bras plus vigoureux que la baliste, il le jette dans les flots qui baignent l’Eubée. Lichas durcit en traversant l’espace : comme la pluie, condensée par la froide haleine des vents, se change en neige, et comme la neige forme, en tournoyant, des globules qui retombent en grêle ; de même, quand Lichas esl lancé en l’air par le bras nerveux d’Hercule, la peur glace son sang, tous les principes humides de son corps se dessèchent, et il devient, selon l’antique tradition, un rocher insensible. Aujourd’hui même, c’est un petit écueil qui s’élève dans la mer d’Eubée et conserve des vestiges de la figure humaine. Les navigateurs craignent de le heurter, comme s’il avait encore le senliSternentemquetrabes, irascentemquevideras Moutibus, aut patriolendenlembrachiacoelo. 210 EcceLichantrepidum, et latitantemrupecavala Aspicit ; utquedolorrabiemcollegeratomnem : « Tuile, Licha, dixit, feraliadonalulisti ? Tunenieïcnecisauctor ? » Tremitille, pavelque Pallidus, et timideverbaexcusantiadicit. "215 Dicentem, geuibusquemanusadbibereparantem, CorripitAlcides, et terquequaterquerotatum MiLt.ilin euboicas, tormenlofortius, undas. Illeper aeriaspendensinduruitauras. l.’tqueferuntimbresgelidisconcrescereventis, 220 Indeniveslieri, nivibusquoquemollerotalis Adstringi, el spissaglomerarigrandiuecorpus ; Sicillumvalidisactumper inanelacerlis F.xsanguomque metu, necquidquamhumorishabenlem, In rigidasversumsilicespriorediditoetas. 225 Nuncquoquein euboicoseopulusbreviscmicat<âUe Gurgite, et humanreservalvestigiaforma ?. Quem, quasisensurum, nauloecalcarevereniur, 540 MÉTAMORPHOSES. ment, et l’appellent toujours Lichas. Maistoi, illustre fils de Jupiter, tu abats les arbres du superbe Œla, tu construis un bûcher et lu pr-iesle fils de Poean de recevoir ton arc, ton large carquois et les flèches destinées à revoir Ilion. Par les mains de ce fidèle serviteur, le feu est mis au bûcher ; et, tandis que la flamme le consume, tu places sur le bois entassé la dépouille du. lion de Némée et la massue où ta tête repose avec la sérénité d’un convive assis à un banquet, le front couronné de fleurs, au milieu de coupes pleines de vin. APOTHÉOSE D’HERCULE. IV. Déjà la flamme victorieuse pétillait et de toutes parts embrasait le bûcher : elle attaquail l’impassible héros, qui semblait en mépriser les atteintes. Les dieux tremblaient pour le vengeur du monde. Le fils de Saturne voit leur douleur, et, d’un air joyeux, il leur parle ainsi : « Dieux immortels, vos alarmes me comblent d’allégresse. Je me félicite vivement d’être appelé le père et le roi d’un peuple reconnaissant. Mon fils trouve un nouvel appui Appellantque Liehan.Attu, Jovisinclytaproies, Arboribuscajsis, quasarduagesseratŒle, 230 Inquepyramstruclis, arcuspharetramquecapacem, Begnaquevisurasiterumtrojanasagittas FerrejubésPoeantesatum.Quoflammaministro Subdita, dumqueavidiscoroprenditurignibusagger, Congeriemsilvaînemeaaovelleresummam 255 Sternis, et impositacîavajecrvicerecumbis, Haudah’ovullu, quamsi convivajaceres, Interplenameriredimituspoculasertis. HERCHLIS APOTHEOSIS. IV.Jamquevalens, et in omnelatusdiffusasonabat, Securosqueanus, conlemploremque petebal 240 Flammasuum.Timueredii pro vindicetcrroe. Quosita (sensitenim), loetosaturniusore Jupiteralloquilur : « Nostraesl tiniorisle voluplas, 0 Supcri ! totoquelibensmibipectoregrator, Quodmemorispopulidicorreclorquepaterquc, 245 Et meaprogeniesvestroquoquetutafavorcest. LIVRE IX. 541 dans votre tendresse. Il doit sans doute cet intérêt à d’incroyables travaux ; mais je ne vous en remercie pas moins. Que votre dévouement bannisse de vaines craintes et méprise les « feuxde l’Œla. Celui qui a tout vaincu les vaincra aussi. Ds détruiront ce qu’il lient de sa mère ; mais ce qu’il a reçu de moi est éternel, impérissable, inaccessible à la mort comme à la flamme. Quand il aura terminé ses épreuves sur la terre, je l’admettrai au céleste séjour, et, je l’espère, vous en serez tous satisfaits. Si par hasard une divinité voyait avec peine Hercule placé au rang des dieux, elle pourra ne pas applaudir d’abord au destin que je lui réserve ; mais elle reconnaîtra plus tard combien ce héros en est digne, et elle, m’approuvera malgré elle. » Les Immortels exprimèrent leur assentiment. L’épouse du roi des dieux parut elle-même l’entendre sans peine ; toutefois elle fronça le sourcil au moment où elle se vit atteinte par ses dernières paroles. Cependantla flamme avait dévoré ce qu’elle pouvait détruire : les traits d’Hercule n’étaient plus reconnaissables. Tout ce qu’il avait reçu de sa mère avait disparu, et il ne conservait que ce qu’il tenait de Jupiter. Comme le serpent, rajeuni sous une peau nouvelle, aime à étaler le vif Namquanquamipsiusdaturhocimmanihusaclis, Obligoripsetamen.Sedenimne pectoravano rida metupaveanl, oetajassperniienamrnas. Omniaquivicit, vincet, quoscernilis, ignés ; 250 Necnisi maternaVulcanum. partepolenlem Senliet : ïeternumest, a mequodtraxit, et expers Atqueimmunenecis, nullaquedomabileflamma. Idqueegodefunclumlerra coeleslibusoris Accipiam, cunctisquemeumloelabilefactum 255 Disforeconlido.Si quistamenHercule, si quis Fortedeodolituruserit, datapraemianolet ; Sedmeruissedari sciet, invilusqueprobabit. «  Assenseredii ; eonjuxquoqueregiavisaest Coeleranon duro, durotamenultimavullu 201) DictatulisseJovis, sequeindoluissenolatam. Intereaquodeumquefuit populabileflammte Mulciberabsluleral, nec cognoscenda remansit Uerculiseffigies, nec quidquamab imagineduclum Matrishabet ; tantumqueJovisvestigiaservat. 2G5 Uiquenovusserpens, positacumpellesenecta, Luxuriaresolet, squamaquevirere.recenli ; 542

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éclat dont brillent ses écailles, le héros de Tirynthe, dégagé de sa dépouille mortelle, vit dans la meilleure partie de lui-même : il grandit et « semble revêtu d’une majesté divine. Le souverain maître des cieux l’enveloppe de nuages, l’emporte sur un quadrige, et le place parmi les astres radieux. ALCMENE RACONTE A IOLESONACCOUCHEMENT LABORIEUX. — GALANTHIS MÉTAMORPHOSÉE ENBELETTE. V. Atlas sentit un nouveau poids. CependantEurysthée n’avait pas encore assouvi son ressentiment, el nourrissait contre le fils du héros la haine implacablequ’il avait conçue contre son père. Tourmentée par d’éternelles inquiétudes, Alcmène ne peut désormais confier qu’à Iole les chagrins de sa vieillesse ; c’est à elle seule qu’elle peut raconter ses malheurs et les exploits de son fils qui ont eu pour témoin l’univers. Par l’ordre d’Hercule, Hyllusla reçut dans sa couche et lui donna son cœur. Elle portait déjà dans son sein le fruit de leur mutuel amour, lorsque Alcmènelui parla ainsi : « Puissent les dieux l’être propices, et abréger tes douleurs au moment où, parvenue au terme de ta délivrance, Sic, ubi modalesTirynthiusexuitarlus, Partesui melioreviget, majorquevideri Coepit, et augustafîerigravitateverendus. 270 Quempaleromnipotensinler cavanubilarapluiu Quadrijugocurruradianlibusinlulitastris. Ai.CMF.KA IOLMNARRAT DIFFICILES ! PARTUM SUCM. — GALASTUIS IX5IUSTELAH 2IDTATUR. V. SensitAtlaspondus ; nequeadhueslheneleiusiras SolveratEurystheus, odiumquein proiepalernum Exercebatatrox.Allongisanxiacuris 275 ArgolisAlcmène, questusubi ponataniles, Cuireferainali leslatosorbelabores, Cuivesuoscasus, lolenhabet.Herculisillam Imperiis, thalamoqueanimoquereceperatHyllus, Impleralqueuterumgenerosogermine.Cuisic 280 IncipitAlcmène : « Faveanttibinuminasallem, Corripiantque moras, lum quummaturavocabis LIVRE IX. 545 tu invoqueras la déesse protectrice de la maternité craintive, Ilifhyie, qui, pour gagner la faveur de Junon, fut impitoyableenvers moi ! Déjà approchait le jour de la naissance d’Alcide, condamnéà tant de travaux ; déjà, sous le char du soleil, disparaissaitle dixième signe, et je sentais mes flancs oppressés par un si lourd fardeau, qu’on pouvait aisément reconnaître l’œuvre de Jupiter. Il m’eût été impossible de le supporter plus longtemps. Aujourd’hui même, à ce simple récit, l’effroi glace mes sens ; ce souvenir est pour moi une nouvelle douleur. Livrée à la torture pendant sept nuits et sept jours, je levais mes mains au ciel, et j’invoquais à grands cris Lucine et les dieux qui président à notre naissance. « Elle, accourut, mais subornée par Junon et résolue de me sacrifier à son injuste courroux. A peine entend-ellemes gémissements, qu’elle s’assied sur l’autel élevé à la porte de ce palais. La jambe droite placée sur son genou gauche, elle tient ses doigts entrelacés pour paralyser mes efforts. Elle prononce à voix basse de magiques paroles qui diffèrent le terme de mes douleurs. Je lutte, et, dans mon désespoir, je m’épuise en vains reproches contre l’ingratitude de Jupiter, etj’appellelamort. Mesplaintes auraient Proepositam timidisparienlibusllilhyiam, QuammihidifficilemJunonisgratiafecit ! Namqueîaboriferiquumjam rmlalisadesset 2S5 lïerculis, et decimumpremeretursidèresignum, Tendebalgravitasuterummihi ; quodqueferebam, Tantumerat, ut possesauctoremdicerelecti PonderisesseJovem.Necjam tolerarelabores Dlleriuspoteram.Quinnuncquoquefrigidusarlus, 290 Dumloquor, borrorhabet, parsqueestmeminissedoloris. Septemegoper noctes, totidemcruciatadicbus, Fessamalis, tendensquead coelumbracbia, magno . Eucinam, Nixosquepari cîamorevocabom. Illaquidemvenit, sedproecorrupla, meumquo 205 QurcdonarecaputJunonivelletiniqua :. Utquemeosauditgemilus, subscdilin illa Anteforesara, dextroquea popliteltcvum l’ressagcnu, digitisinter se pectinejunctis Suslinuitnixus.Tacilaquoqueearminavoce 300 Dixil, et inceptostenueruntearminaparlus. Nitor, el ingratofacioconviciadémens VanaJovi, cupioquemori, moturaqueduras 544 MÉTAMORPHOSES. attendri les plus durs rochers. Les femmes thébaines, rangées autour de moi, font des vœux et m’encouragent à supporter mes souffrances. Parmi mes esclaves se trouvait la blonde Galantlus. Née dans un rang obscur, elle se faisait chérir par son empressement à exécuter mes ordres. Ellesoupçonneje ne sais quelletrame ourdie par le ressentiment de la reine des dieux. Dans ses allées et venues, elle aperçoit Lucine assise sur l’autel, et les mains croisées sur ses genoux : « Qui que tu sois, lui dit-elle, félicite « ma maîtresse. Alcmène est délivrée. Devenue mère, ses vœux « sont accomplis. » Lucine, étonnée, se lève brusquement et détache ses mains. Au même instant je fus soulagée. Fière de l’avoir trompée, Galanlhis se mit, dit-on, à rire. Elle riait encore, quand Lvdéesse furieuse la saisit par les cheveux, la traîne, la renverse, l’empêche de se relever, et changesesbras en pieds. Galanthisconserve son ancienne vivacité ; elle a toujours sa première couleur ; mais sa forme est différente. Commesa bouche, pour seconder mon accouchement, avait proféré un mensonge, métamorphosée en belette, elle met bas par la bouche, et, Commeautrefois, elle habite nos demeures. » Verbaquerorsilices.Mairescadmeidesadsunt, Votaquesuscipiunt, exhortanturquedolentem. S05 Unaministrarum, médiade plèbe, Galanlhis, Flavacomasaderal, faciendisslrenuajussis, Officiisdilectasuis. Easensitiniqua NescioquidJunonegeri.Dumqueexitet intrat Soepefores, divaniresidentemviditin ara, 510 Brachiaquein genibusdigitisconnexatenenlem, Et : a Qua ?.cumque es, ait, dominasgratare.ï.evalaest a ArgolisAlcmène, potiturquepuerperavolo.* Exsiluit, junclasquemanusstupefaclaremisit Divapotensuteri.Vinclislevoripsaremissis. 515’ NuminedeceptorisisseGalanthidafamaest. Ridenlemprensamqueipsisdeasaivacapillis Traxit, et e terracorpusrelevarevolenlcm Arcuit, inquepedesmutavitbrachiaprimos. Slrenuitasantiquamanet, nectergacolorem 520 Amiseresuum : formaest diversapriori. Quoe, quiamendaciparientemjuveratore, Oreparit, nostrasquedomos, ut et ante, fréquentât. » LIVRE IX. 345 DRYOPEESTTRANSFORMEE EN LOTOS. VI. Aces mots, Alcmène soupire, émue au souvenir de son ancienne esclave. Iole interrompt ses gémissements : « 0 ma mère ! si vous déplorez à ce point la métamorphose d’une étrangère, quel sera votre chagrin en apprenant l’étrange destinée de ma sœur, pourvu que mes larmes et ma douleur ne m’empêchent pas de la raconter, et n’étouffent pas ma voix ! Fille unique de sa mère (j’étais le fruit d’un premier hymen de mon père), Dryope fui la beauté la plus célèbre de l’tEchalie. Le dieu de Delphes el de Délosavait triomphé de sa pudeur avant qu’elle eût donné sa main à Andrémon, et chacun l’estimait heureux de l’avoir pour épouse. Il est un lac dont les bords, inclinés comme le rivage de la mer, sont couronnés de myrtes. Sans prévoir sa destinée, Dryope s’y rendit, el (ce qui augmente la pilié qu’inspire son malheureux sort) elle allait offrir des guirlandes aux Nymphesde ce lac. Elle portait sur son sein un doux fardeau, son fils, qui n’avait pas encore un an, et qu’eUe nourrissait de son lait. Non loin croissait le lotos, ami des eaux, dont les fleurs écartâtes promettaient des DEYOl’li IXLOTOSTRAKSFOKMATl’R. VI. Dixit, et, admouitu’veteris coiumolaminislra ;, Ingemuit.Quamsic.nurusest affalagementem : 325 « Te laincn, o genitrix, aliénaisanguineveslro Raptamovetfaciès.Quid, si tibi mirasororis Fatameaïreferam ? Quanquamlaerymaiquedoiorquc Impediunt, prohibenlqueloqui.Fuit unicamatri (Mepa’terex aliagenuil), nolissimaforma 550 fEchalidumDryope.Quamvirginilalecarenlem, Vimquedei passam, Delpbos* Delonquetcnenlis, ExcipitAndroemon, et habeturconjugefelix. Estlacus, acclividevexomargineformam Litlorisefficiens : summummyrletacoronant. 555 Veiu-ratbue Dryopefatorumnescia.Quoque lndigneremagïs, Nymphislaluracoronas, Inqucsinupuerum, qui nondumimpleverataiiuuni, Dulceferebatonus, tepidiqueopelactisalebat. Haudprocula slagno, lyriosimitalacolores, 540 In speinbaccarumflorebataqualicalotos. 546

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fruits abondants. Dryope en cueillit plusieurs et les donna à son fils pour l’amuser. A son exemple, j’allais en cueillir moi-même ; car j’étais avec elle. Je vis des gouttes de sang tomber de ces fleurs, et les rameaux de l’arbre frissonner. Enfin, par une révélation tardive, les bergers de la contrée nous apprirent que la Nymphe Lotis, pour échapper aux infâmes désirs de Priape, fut changée en cet arbre qui a gardé son nom. « Ma sœur ne connaissait point celte aventure. Effrayée, elle voulait revenir sur ses pas et s’éloigner des Nymphesqu’elle venait d’adorer ; mais ses pieds prirent racine. Elle tenta en vain de les dégager : le haut de son corps put seul se mouvoir. Autour d’elle naquit une souple écorce qui l’enveloppa jusqu’aux reins. A cet aspect, ma sœur voulut s’arracher les cheveux ; mais sa main se remplit du feuillage dont sa tête était ombragée, Àmphisse (c’est le nom que reniant avait reçu d’Eurytus, son aïeul) sentit le sein de sa mère se durcir. Malgréses efforts, il ne donnait plus de lait. J’étais témoin de ta cruelle destinée, ô ma sœur ! et je ne pouvais te porter du secours. J’entourai de’mes bras le tronc et les ra.rneaux, et, autant que je le pus, je retardai leurs progrès. J’aurais CarpseralbineDryope, quosoblectaminanato Porfigeret, flores, et idem ; facturavidebar (Namqueaderam).Vidigultase florecruehtas Decidere, et Iremuloramoshorroremoveri. 545 Scilicet, ut referunttardi nunc deniqueagrestes, Lotisin bancNymphe, fugiensobscenaPriapi, Conluleratversos, servalonomine, vultus. « Nescieratsororhoc.Quoe.quum.perterrita rétro Ire, et adoratistellet discedereNympliis, 550 Hoeseruntradiéepedes.Convellerepugnat, Necquicquam, nisi summa, movet.Succrescilabimo Totaquepaulatimlénluspremitinguinacortex, ïit vidit, conatamanul’aniarecapillos Frondemanumimplevit : frondescaputomnelenebanl. 555 AtpuerAmphissos(namquehocavusEurylusilli Addideratnomen)maternarigesceresentit Ubera, nec sequilurducentemlacteushumor.

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Spectatrixaderamfati crudelis, opemque Nonpoteramtibi ferre, sororj quantumquevalebaui ; r 500 CrescentemIruncum ; ramosqueamplexa ; morabar ; LIVRE IX. 347 voulu, je l’avoue, disparaître sous la même écorce que toi. Tout à coup au bord du lac parurent son époux Andrémon et son père désespéré. Us cherchèrent Dryope.Tandis qu’ils la demandaient, je leur montrai le lotos. Ils baisèrent sa tige, encore chaude, et, prosternés aux pieds de l’arbre, ils le serrèrent dans leurs bras. Enfin il ne restait en toi, ma chère sœur, rien qui n’eût revêtu la forme d’un arbre, excepté ton visage. Des larmes arrosèrent les feuilles nées de son corps. Pendant qu’il en était temps, et que sa bouche laissait un dernier passage à la voix, elle exhala ces plaintes dans les airs : « Si les malheureux sont dignes de foi, je le jure par les dieux, « je ne mérite point cel outrage. Je suis punie sans être coupable. « Mavie fut pure. Si je mens, puissé-je devenir aride et perdre « mon feuillage, puissé-je tomber sous la hache et servir d’ali « ment aux flammes ! Cependant, détachez cet enfant des rameaux « sortis des bras de sa mère ; confiez-leà une nourrice. Qu’il boive « souvent son lail sous mon ombrage, et s’y livre à ses jeux. Dès « qu’il pourra parler, ayez soin qu’il me salue du nom de mère, et « dise avec douleur : Ma mère est cachée sous cette écorce. Mais « qu’il craigne les lacs, qu’il ne cueille jamais de fleurs, et qu’il Et, fateor, voluisub eodemcorticecoudi. Eccevir Androemon, genitorquemiserrimus, adsuut, El qmeruntDryopeu.Dryopenquajrenlibusillis Ostendilolon.Tepidodantosculaligno, 565 Affusiquesuairadicibusarborishaïrent. Nil, nisijamfaciem, quodnonforetarbor, liabebas, Carasoror.Lacrymaîmiserode corporefaclis Irrorantfoliis ; ac, dumlicet, oraqueprîestant Vocisiter, laiesefiunditin aéraquestus : 570 e Si quafidesmiscris, hocmeper numinajuro « Nonmeruissenefas.Patiorsinecriminepeenam. « Viximusinnocuoe.Si mentior, aridaperdam, KQuashabeo, frondes, et coesasecuribusurar. <rHunetameninfantemmaternisdemiteramis, 575 « Etdatenutrici, nostraquesubarborescepe < Lacfacitotebibat, nostraquesubarboreludat. ’ « Quumqueloquipoterit, malremfacitotesalulet, « Ettrislisdicat : Lalelhocsubslipiiemuter. c Stagnalamenlimeat, neccarpatab arboreflores, 380 548

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« regarde les arbres comme autant de divinités. Adieu, mon « époux, el toi, ma sœur, et toi, mon père. Si vous eûtes pour « moi quelque tendresse, protégez mon feuillage contre la serpe « tranchante el la dent des troupeaux. Commeje ne puis m’incli « ner vers vous, approchez-vous de moi, el venez recevoir mes « baisers ; car vous pouvez me toucher encore. Élevez mon fils « jusqu’à moi. Je ne saurais parler davantage. La flexibleeuve « loppe s’étend sur mon cou d’albâtre, el ma tête disparaît sous « la cime d’un arbre. Éloignezvos mains de mon front ; que l’é « eorce, sans voire aide, couvre mes yeux mourants. » Ellecessa au même instant de parler et de vivre. Après celle métamorphose, les rameaux qui venaient de naître conservèrent longtemps un reste de chaleur. » MÉTAMORPHOSE B-’lOLAS ENJEUNEI10MME. VII. Tandis qu’Iole raconte la triste destinée de sa sœur, tandis qu’Alcmène essuie de sa main les larmes de la fille d’Eurytus el qu’elle pleure elle-même, un nouveau prodige apaise leur douleur. Sur le seuil de la porte paraîl Iolas, tel.qu’il fut dans son adoles « Etfruticesomnescorpuspulet essedearum. « Carevaleeonjux, el tu germana, palerque, « Queis, si quaestpielas, abacuitévulnerefalcis, « Apecorismorsu, frondesdefenditenoslras. « Etquoniammihifasad vosincumberenon est, 5S5 « Erigilehueartus, et ad osculanostraveuite, " Dumlangipossum, parvumquealtollitenalum. « Pluraloquinequeo, nainjamper candidamollis « Collaliberserpit, summoquecacuminecondor. « Exoculisremovelemanus.Sinemunerevestro 500 < Coutegatinductusmorientialuminacortex. » Desierautsimulora loqui, simulesse, diuque Corporernutatorami calucrerécentes. » IOLASIXJUVEXEM JIDTATUII. VII. DumquerefertIolefaclummiserabile, dumque Eurytidoslaciymasadmolopollicesiccal 595 Alcmène, fletet ipsatamen.compescuitomneni liesnovaLristitiam.Namlimineconstititalto Pâmepuer, dubiaquelegensIanuginemalas LIVRE IX. 549 cence. A peine un léger duvet ombrage ses joues : il a repris les traits du jeune âge. La fille de Junon, Uébé, cédant aux prières de son époux, lui avait accordé ce bienfait. Elle allait jurer qu’à l’avenir elle n’accorderait à personne la même faveur ; mais Thémisl’en empêcha. « Déjà, dit-elle, la discorde allume la guerre au sein deThèbes. Capanéene pourra être vaincuque par Jupiter. Deuxfrères s’enlr’égorgeront. Undevin verra la terre s’entr’ouvrir, et descendra vivant dans les enfers. Son fils, en vengeant l’auteur de ses jours par la mort de sa mère, se montrera en même temps innocent et criminel. Épouvanté de.son forfait, banni de sa patrie et frappé de démence, il sera poursuivi par le spectre des Furies et par l’ombre de sa mère, jusqu’au jour où son épouse lui demandera le fatal collier d’or, et où le glaive des fils de Phégée sera teint du sang de leur parent. Alors enfin, la fille d’Achéloûs, Callirhoé, suppliera le puissant Jupiter d’avancer l’âge de ses fils, encore enfants, et de ne pas laisser impunie la mort de son vengeur. Le roi des dieux, par condescendancepour sa belle-fille el sa bru, exaucera ses vœux : ses fils seront hommes dès l’enfance. » ûra reformatusprimoslolausin annos. Hocilli dederatjunouiamunerisUebe, 400 Viciaviriprecibus.Quaiquumjurarepararet Donatribuluramposlbacse talianulli, Nonest passaThemis : « NamjamdiscordiaThebéc Bellamoveut, dixit, Capaueusque nisiab Jovevinci Haudpoterit, ibunlqueparesin vulnerafralres. 405 Subductaquesuosmânestellurevidebil Vivusadhucvales.Ullusqueparenteparenlem Natus, erit factopuis et sceleratuseodem. Attonitusquemaiis, exsuimentisquedomusque, VultibusEumenidum, matrhqueagilubiturumbris, 410 Doneceum eonjuxfatalepoposceritaurum, Cognatumquelaluspbegeiushauseritensis. Tumdemummagnopelelhosacbeloiasupplex AbJoveCallirhoénatisinfanlibusannos Addat, ncveuecemsinatesseultorisinultam. -15 Jupiterbis motus, rrivignajdonanurusque Prrecipict, facietquerirosimpubibusannis. » 550 MÉTAMORPHOSES. MÉTAMORPHOSE DEBÏBLISENFONTAINE. VIH. A.peine Thémis, qui lit dans l’avenir, a-l-elle prononcé ces paroles prophétiques, que des murmures s’élèvent parmi les Immortels. « Pourquoi ne serait-il point permis d’accorder à d’autres la même faveur ? » ’répètent mille voix confuses. La sœur de Pallas se plaint de la vieillessede son époux ; la bienfaisante Cérès gémit de voirlasiôn blanchi par les années ; Vulcaindemande que la vie recommence pour Érichtlionius ;.Vénus elle-même s’inquiète pour l’avenir, el veuf qtie la jeunesse soit rendue à Anchise.Chaque dieu a dés favoris qu’il, protège. Tant d’intérêts accroissent le trouble et le bruit. Enfin Jupiter fait entendre ces mots : « Si vous avez quelque respect pour moi, à quoi bon ce tumulte ? Qui de vous croit pouvoir triompher du Destin ? C’est par lui qu’Iolas a retrouvé ses premières années ; c’est par lui que les enfants de Caflirho.évont arriver à la force de l’âge. Maisils n’ont obtenu ce bienfait ni parla brigue ni par les armes. Yous aussi, vous êtes, comme moi, sous la loi du Destin t c’est une raison pour vous d’étouffer vos plaintes. Si je pouvais changer ses décrets, mon fils Éaque ne serait plus courbé sous le.poids des ans ; un printemps RÏBLISIXFOXTEM CONVERSA. Vlll. Htecubifalicanovenluriproesciadixit OreThemis, varioSuperisermohefremebanl, Et, curnonaliiseademdaredonaliceret, 4"20 Murmurerat. QueriturveterèsPàllantiasannos Conjugisessesui ; q^uerilurcanesiieremitis lasionaCeres ; repetitumjiulçiberoevum PoscitErichibonio ; Veneremqûoqu’ecura fuluri Tangit, et Anehisae renovoïepàciscituraimos. 425 Cuistudeal, deusomnishabci, crescitqucfavbre Turbidaseditio, donecsua Jupiterorà Solvit, et : * 0 noslrisi quaest reveronlia, dixit, Quoruitis ? Tantumnesibiquispossevidelur, Fataquoqueut supe.ret ? FalisIolausin annos,

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Quosegit, rediil ; Falisjuvenesceredebent Callirhoégeuïti ; non ambitionc, necarmis. Vosetiam, quoquehocanimomelioreferatis, MequoqueFalareguut.Qusesi mutarevalerein, Necnoslrumseri currarent^Eaconanni, 435 LIVRE IX. 551 éternel brillerait sur le front de Rhadamanlhe et de mon cher Minos, qui, glacé par la vieillesse, est en butte à de cruels dédains, et ne gouverne plus ses États avec la même sagesse. » Les paroles de Jupiter apaisent les dieux. Aucun n’ose se plaindre en voyant plier sous le poids des années Rhadamanthe, Éaque et Minosluimême. Dans sa jeunesse, Minosavait, par son nom seul, porté la terreur » chez des peuples puissants ; mais alors, affaibli par l’âge, il tremblait devant le fils de Déionée, Milet, fier de sa vigueur et du sang d’Apollon. Il craignait que ce jeune audacieux ne renversât son trône ; et cependant il n’osait l’éloigner de ses Etats. Tu t’enfuis spontanément, ô Milet ! lu sillonnas la mer Egée sur un rapide navire, et lu élevas en Asie une ville qui prit le nom de son fondateur. Là, sur les bords sinueux que baigne son père, errait la fille du Méandre qui se replie mille fois sur lui-même, Cyane, célèbre par sa beauté. Elle s’offrit à tes regards, et bientôt tu la rendis mère de deux enfants, Byblis et Caunus. Byblis, par son exemple, apprend à son sexe à ne brûler que de feux légitimes. Elle conçut pour son frère une ardeur impure, au lieu de l’aimer comme une PerpeluumqueoeviûoremRhadamanlhus haberet, CumHinoemeo, quipropleramarasenectai Pondéradespicitnr.nec, quoprïus, ordinerégna » . » DictaJovismoveredeos ; necsustinetullus, QuumvideantfessosRbadamanlhon, et iEaconannis, * 440 Et ilinoa, queri, qui, dumfuit integeroevi, Terrueratmagnas, ipsoquoquenomine, gentes. Tuneerat invalidus, Deionidenque juvenUe RoboreMilelum, Phoeboque parentesuperbum, Pertimuit ; credensquesuisinsurgereregnis, 445 Ilaudlamenesl patriisarcerepenalibusausus. Spontefugis, Milete, tua, colériquecarina /Egoeasmelirisaquas, et in Asideterra Moeniaconstituis, positonshabentianomen. Hictibi. dumsequiturpatriiecurvaminaripoe 450 i-’iliaMoeandritotiesredeuntiseodem, CognilaCyanee, proestanticorporeNymphe, BybiidacumCaunoproîemest enixagemcllam. Byblisin exemploest, ut amentconcessapuclloe. Bylilisapollineicorreptacupidinefratris, -155 Nonsororut fralrem, necqua debebat, amavil. 552 MÉTAMORPHOSES. sœur. D’abordla nature de sa flamme lui échappe ; elle ne se croit point criminelle en donnant souvent des baisers àCaunus, ou en le serrant dans ses bras. Longtemps sa tendresse de sœur est pour elle une illusion trompeuse. Peu à peu elle dégénère en amour. Pour voir son frère, elle se pare et désire trop de paraître belle à ses yeux. Une beauté qui l’éclipsé est-elle près de lui, son cœur s’ouvre à la jalousie. Cependant elle ne se connaît pas bien encore. En proie à de telles ardeurs, elle ne forme point de vœu ; mais l’amour bouillonne dans son cœur. Enfin elle appelleCaunus son maître, et elle hait le nom de frère. Elle aime mieux que Caunus la nomme Byblisque sa sœur. Cependantelle n’ose, tandis qu’elle veille, ouvrir son âme à une espérance coupable. Mais, quand elle goûte les douceurs du sommeil, souventelle voit celui qu’elle adore. Elle se croit aussi dans les bras de son frère, el rougit, quoiqu’elle dorme encore. A son réveil, elle garde longtemps le silence. Elle aime à se retracer l’image qui l’a charmée en songe, et de son cœurtroublé s’échappent cesmots : « Infortunée ! Quesignifiece rêve delà nuit ? Puisse-t-il-ne point se réaliser ! Maispourquoi ai-ie vu ces images ? Des yeux prévenus sont forcés de rendre témoignage à sa beauté. Illaquidemprimonullosintelligitignés, Necpeccarcputat, quodsoepiusosculajungat, Quodsuafraternbcircumdetbrachiacollo ; Mendacique diupielatisfallilurumbra. 460 Paulaliradéclinâtamor, visuraquefratrem Culïavenit, nimiumquecupitformosavideri ; Et si quaestillicformosior, invidetilli. Sednondummanifestasibiest ; nullumquesubillo Ignéfacitvotum, vcrumlamenscslualintus. 405 Jamdominumappellat, jamnominasanguinisodil, Bybiidajam mavult, quarase vocetillesororem. Spestamenobscenasanimodemitterenonest Ausasuovigilans.Placidaresolutaquiele Samevidelquodamat.Visaest quoquejungerefralri 470 Corpus, et erubuit, quamvissopitajacebal. Somnusabit.Siletilladiu, repetilquequielis Ipsasua ; speciem, dubiaqueita menteprofatur : o Memiseram ! tacitequidvult sibinoctisimago ? Quamnolimratasit ! Curhoecegosomniavidi ? 475 Illequidemest oculisquamvisformosusiniquis ; LIVRE IX. 553 Il me plaît, et, s’il n’était mon frère, je pourrais l’aimer : il serait digne de moi. Mais mon litre de sœur nuit à mon amour. Pourvu que mon délire n’égare point mes esprits quand je suis éveillée, puisse le sommeil m’offrir souvent de telles images ! Un songe est sans témoins, mais il n’est pas sans volupté. 0 Vénus ! ô Cupidon ! loi qui voltiges auprès de ta tendre mère, quellejoie j’ai goûtée ! Dans quel trouble m’ont jetée ses visibles atteintes ! Comme j’ai senti mon cœur se fondre de plaisir ! Quel souvenir délicieux ! Cependant ce plaisir a été bien rapide ! Elle a été bien courte, cette nuit jalouse de ma félicité ! Queje voudrais changer de nom pourm’unir à loi ! Queje souhaiterais, Caunus, être la bru de ton père ! que je souhaiteraisle voir le gendre du mien ! Ah ! plût aux dieux que tout fût commun entre nous, excepténos ancêtres ! Je te voudrais né d’un sang plus illustre que le mien ! Je ne sais quelle femme lu rendras mère, ô toi que lanlde beauté décore ! Tour moi, malheureuse, quoique une fataledestinée nous ait donnéles mêmes parents, lu ne seras jamais qu’un frère. Nous n’aurons de commun que ce qui nuit à mon amour ! Que me présagent donc ces visions ? Quelleconfiancedois-jeleur accorder ? Lessonges ont-ils jamais eu de l’importance ? Queles dieux me soient propices ! ils Et placet, et possum, si nonsitfraler, amare ; Et medignuserat : verumnocetessesororem, Dummodotaie nihilvigilanscommitteretentem, S : cpelicetsimiliredeatsubimaginesomnus. 480 Testisabestsomno, necabestimilatavoluptas. ProbVenus, et teneravolucereummoireCupido ! Gaudiaquantatuli ! Quamme manifestalibido Contigit ! Utjacui totisresolutamedullis ! Utmeminissejuvat ! Quamvisbrevisillavoluptas, 4S5 Noxquéfuitproeeeps, et coeptisinvidanostris. Œgo, si liceatmutatonominejungi, Quambene, Caune, tuopoteramnurusesseparenti ! Quambene, Caune, meopolerasgêneresseparenti ! Omnia, dî facerent, essentcommunianobis, 400 Praueravos : lu mevellemgcnerosioresses. Nescioquamfacièsigilur, pulcherrime, malrem ; Almihi, qucemaiesum, quostu, sortilaparentes, Nilnisifralereris : quodobcst, id habebimusunum. Quidmihisignificantcrgomeovisa ? Quodaulem 495 Somniapondushabenl ? Anbabentet somniapondus ? 20. 554

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ont aimé leurs sœurs. Saturne s’est uni à sa parente Opis, l’Océan à Télhys, el le roi des cieux à Junon. Maisles dieux ont des privilèges. Pourquoi comparer à leurs deslins les destinées humaines et rapprocher des unions si différentes des nôtres ? Ou je bannirai de mon cœur celle flamme illégitime, ou, s’il m’est impossible de l’éteindre, puissé-je mourir avant d’être criminelle ! Que la tombe devienne mon lit nuptial, et que mon frère couvre de baisers mon cercueil ! Après tout, il.faut pour cette alliance le concours de nos cœurs. Supposons qu’elle me plaise, se lui paraîtra-l-elle pas un crime ? Cependant les fils d’Éole osèrent partager la couche de leurs sœurs. Maiscommentle sais-je ? pourquoi m’appuyer de leur exemple ? Où s’égare mon délire ? Disparaissez, feux impurs ! Je veux aimer mon frère comme il est permis à une sœur. Si le premier il eût brûlé pour moi, peut-être aurais-je pu céder à sa flamme. Je n’aurais point rejeté ses instances, et j’irais solliciter son amour ! Mais, Byblis, pourras-tu parler ? pourras-tu lui déclarer ta passion ? Oui, l’amour triomphe : un aveu me sera possible. Si la honte enchaîne ma langue, une lettre mystérieuse lui dévoilera mes feux secrets. » Dîmelius ! dî nempesuasbabueresorores. SicSaturnusOpim, junctamsibisanguine, duxit, OceanusTethyn, JunonemrectorOlympi. SuntSuperissuajura. Quidad coelesliarilus 500 Exigerehumanos, diversaquefoederalento ? Autnostrovetilusde cordefngabiturardor ; Aut, hocsi nequeo, peream, precor, ante, loroque -Morluacomponar, positiequedetosculafraler. Et tamenarbitriumquajritres ista duorum. 505 Fingeplaceremihi : scelusessevidebiturilli. At non_£olid ; eihalamostimueresororum. Undesedhosnovi ? Curhceeexemplaparavi ? Quoferor ? Obscenreproculbinediscedileflamma ;  ; Nec, nisiqua fasest germana ;, fraleraiuelur. 510 Si tamenipsemeicaplusprioressetamore, Forsitanilliusposseminduigerefurori. Ergoego, qua ; fueramnonrejeclurapclenlem, Ipsapctain ? polerisneloqui ? polerisnefaleri ? Cogitamor ; polero : vel, si pudorora lenciiil, 515 Eilleracelatosarcanal’alebilurignés. » . LIVRE IX. 555 Ce dernier parti l’emporte et fixe son esprit incertain. Elle se relève, et, s’appuyant sur son bras gauche : « Qu’il juge lui-même, dit-elle. Apprenons-lui mon amour insensé. Hélas ! où me laissé-je entraîner ? Quelles ardeurs s’allument dans mon âme ? » Sa main droite lient un stylet, el sa gauche des tablettes. Enfin d’une main tremblante elle se prépare à tracer un aveu réfléchi. Elle commence et chancelle ; elie écrit et se condamne ; elle recommence, efface, change, blâme, approuve, prend tour à tour et reprend ses tablettes. Elle ne sait ce qu’elle veut, el tout ce qu’elle va faire lui déplaît. Son front reflète tout ensemble la pudeur el l’audace. Elle avait écrit le nom de sœur ; mais elie croit devoir l’effacer. Après divers essais, elle grave ces mois sur la cire : « L’amante qui t’adresse ses vœux ne peut vivre que par loi. Elle rougit, hélas ! elle rougit de dire son nom. Si lu me demandes ce que je veux, je voudrais laisser deviner ma pensée sans trahir mon nom ; je voudrais voir mes désirs exaucés avant que Byblisfût connue. Moncœur est blessé. Tu as pu le reconnaître à mes traits pâles el amaigris, à mes yeux souvent baignés de larmes, à mes soupirs que rien ne semblait provoquer, à mes emlhccplacet, haecdubiamvincilsc-ntentiamentem. In latuserigitur, cubitoqueinnixasinislro : « Viderit ; insanos, inquit, faleamuramores. lïei mihi ! quolabor ? quemmensmeaconcipitignem ? > 520 Dextratenetferrum, vacuamtenelaltéraceram, Et meditatamanucomponitverbaIrementi. Incipit, et dubitat ; scribit, damnatquelabellas ; , El notât, et delet ; mutât, culpatque, probatque ; Inquevicemsumplasponit, positasquoresumit. 525 Quidvelit, ignorai.Quidquidfacturavidetur, Displicel.In vulluest audaciamixtapudori. Scriptasororfuerat.Visumest deleresororem, Verbaquecorrectisinciderelaliaceris : « Quam, nisi tu dedcris, nonesl habiturasalutem, 550 Ilanctibimiltitamans.Pudet, ah ! pudetedercnomen ! Et si quidcupiamquaîris, sinenominevellem Possetagimeacausameo ; neccognitaByblis Anteforem, quamspesvolorumcertafuisse !. Essequidemloesipolerantlibi pectorisindex, 555 El color, et macies, et vullus, et humidasicpe Lumina, neccausasuspiriamolapalenti, 556

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brassements réitérés, et.à ces baisers qui, tu l’as remarqué peutêtre, n’étaient point d’une sœur. Cependant, malgré la profondeur de ma blessure, malgré mon.brûlant.délire, j’ai tout fait (les dieux en sont témoins) pour revenir à la raison. Malheureuse ! j’ai com-, ballu longtemps pour échapper aux traits irrésistibles de l’amour.. J’ai.soutenu avec courage une lutte au-dessus de mon.sexe. Mais je dois m’avouer vaincue, et implorer ton secours par de timides vœux. Seul lu. peux perdre, seul lu peux sauver une amante : choisis. Ce n’est point.une ennemie qui t’en conjure, c’est une femme qui déjà t’est, unie par les liens les plus étroits, el qui aspire à une union plus intime. Laissonsla morale aux vieillards ; qu’ils cherchent ce qu’elle permet, ce qu’elle autorise ou défend, et qu’ils en observent toutes les lois. Notre âge peut s’abandonner librement à l’amour.. Nous ignorons ce qui est. légitime, et, à l’exemple des dieux, nous croyons que tout, est permis. Nousn’avons à nous inquiéter ni de la sévérité d’un père, ni du soin de notre honneur, " et nulle crainte ne saurait nous arrêter ; il nous suffit, de prévenir les soupçons. Sous le voile de l’amitié fraternelle, nous cacherons nos doux larcins. Je puis le parler en secret, et il \ Et crebriamplexus, et qu », si forteno’.asti, Osculasentirinonessesororiapossenl. Ipsatamen, quamvisanimogravevulnushabebara, 540 Quamvisintuserat furorignéus, -omniafeci, Suntmibidî testes, ut landemsanioressem. PugnaviquediuviolentaCupidinisarma. Effngereinfelix, et plus, quamferepuellam Posseputes, egoduratuli. Superatafateri 545 Gogor, opemquetuamtimidis-exposcere votis. Tu*ervarepotes, tu perderesolusamanlem. Elige, utrumfacias.Nonhocinimicaprecalur, Sedqua ;, quumtibi sit junctissima, jn.nctioresse Expetit, el vinclotecumpropioreligari.. 550 Jura seaesnorint, et quidliceatque, nefasque, Fasquesit, inquirant, legumqueexaminaservent ; Convenions Venusest annislemerarianoslris. Quidliceat, nescimusadhuc, et cunclalicere Credimus, et sequimurmagnorumexempiadeorum. 555 Necnosaut duruspaler, aut reverentiafama ;, Auttimorimpedienl ; lantumabsitcausatimendi. Dulciafralèrnosub nominefurta legemus. LIVRE IX. 557 nous est permis de nous embrasser, de nous donner publiquement de tendres baisers. Il s’en faut bien peu que notre bonheur ne soit complet. Prends pitié d’une sœur qui t’avoue son amour. Jamais elle n’eût fait cet aveu, si sa passion n’allait jusqu’à la fureur. Prends garde que ton nom, inscrit sur ma tombe, ne rappelle à jamais l’auteur de mon trépas ! » Après avoir écrit ces mots, elle cherche en vain de l’espace sur les tablettes déjà remplies, et glisse une dernière ligne sur la marge. Aussitôtelle scelle son crime d’un anneau qu’elle a mouillé de ses pleurs ; car sa langue est desséchée. La honte sur le front, elle appelle un de ses esclaves, et, d’une voix timide et douce : « Fidèle serviteur, dit-elle, porte ces tablettes à mon… » C’est après un long silence qu’elle ajoute : « frère. » Au moment où elle lui donne les tablettes, elles s’échappent de ses mains et tombent. Ceprésage trouble Byblis ; elle envoienéanmoins sa lettre. L’esclave choisit l’instant favorable pour aborder Caunus, et lui remet le mystérieux message. Tout à coup, transporté d’indignation, le petit-fils du Méandre jette à ses pieds les tablettes dont il n’a lu qu’une partie ; et, retenant à peine sa main prêle à frapper l’esclave tremblant : « 11en est temps encore, vil ministre d’un odieux Est mihiliberiasleeumsécrétaloquendi, Et damusampiexus, et jungimusoseuiacoram. ECO Quantumest, quoddesit ! Misererefatentisamorem, Et non fassurte, nisicogeretuHimusardor ; Nevemerere, raeosubscribicausasepulcro. » Talianecquiequamper-aranlem plenareliquit Ceramanum, summusquein margineversusadb : esit. : ifiS Protinusimpressasignâtsua criminagemma, Quamtinxitlacrymis : linguamdefecerathumor. Dequesuisunumi’amulispudibundavocavît, Et pavidumblandila : a Ferlias, lidissime, nosli’o..’.

» 

Disit, et adjeeitlongopostlemporea fratri.n 570 Quumdaret, elapsîemanibuscecideretabcllK. Ûminetnrbataest ; misiltamen.Aptammistcr Temporanactusadit, tradilquelatentiaverba. Attonitussubilajuvenisma ? andriusira, Projici’taccepta », iectasibiparte, tabellas ; ’ù'tij Visquejnanusrelinenstrepidantisab ore minislri : t DumIicet, o —vetitoescélératelibidinisauctor. 358

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inceste, fuis ! s’écrie-t-il. Si ta mort n’entraînait avec elle l’opprobre de mon nom, elle aurait déjà satisfait ma vengeance. » Il s’éloigne épouvanté, et rapporte à Byblis les terribles paroles de Caunus. Tu pâlis, Byblis, en apprenant son refus, et dans ton cœur se répand un froidglacial. Cependant avec ses esprits elle reprend son déliré. Sa langue peut à peine articuler ces paroles entrecoupées : « J’ai mérité cet affront. Téméraire ! pourquoi découvrir ma cruelle blessure ? pourquoi me hâter de confier à mes tablettes un secret quïl fallait ensevelir dans le silence ? Je devais sonder sa pensée par des discours équivoques.Avant de compter sur le secours des vents, je devais leur livrer en partie mes voiles et observer leur direction. Alors j’aurais parcouru la mer en sûreté. Maintenantje me suis livrée’à leur merci sans les connaître. Aussi me poussent-ils contre des écueils. Je vais disparaître au fond des abîmes. Mesvoilesne peuvent me ramener au port. Que dis-je ? des présages certains ne me défendaient-ils pas de céder à mon amour ? Quand j’ordonnai à l’esclave de prendre les tablettes, ne s’échappèrent-elles point de mesmains ? Mes espérances, dès lors, ne durent-elles pas s’éEffuge, ait ; qui si nostrumtua fatapudorem Nontraberentsecuni, poenasmihimortedédisses.* 111efugitpavidus, dominoeque ferociaCauni 580 Dictarefert.Pâliesaudila, Bybli, repuisa, Et pavetobsessumglacialifrigorepectus. Menstameiiut rediit, pariterredierefurores, Linguaquevis laiesictodéditaère voces : « Et merito : qûid"eninïtemerariavulnerisbujûs 583 Indiciumfeci ? Quid, quoecelandafuerunl, Tamcitocommisiproperatisverbatabellis ? t Ànteerat ambiguisaïiimisëntêntiadictis Pratentandamibi.Nenonsequerctureuntem, Parlealiquavelï, qualisforetaura, notare

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Debueram, lutoquemarideeurrere, qua ; nunc Konespîoratisiraplevilinteavenlis. Auferorin scopulosigitur, submersaqueloto Obruoroceano, nequebabentmeavêlarecursus.. Quid ? quodet ominibuscertisprobibebaramori 59i> Indulgeremeo, tùm quummibiferrejubenli Eïcidit, et fecitspesnostrasceracaducas ? LIVRE IX. 559 vanouir ? Ne devais-je point changer de jour et de dessein ? De dessein, non ! il fallait seulement choisir un autre jour. Un dieu m’avertissait lui-même. Sa volonté m’était révélée par des signes manifestes, si la passion n’avait point aveuglé mon esprit. Au lieu de me confier à des tablettes, j’aurais dû parler moi-même et révéler à Caunus mes fureurs. Il aurait vu mes larmes ; il auraitTM les trails d’une amante. Mavoixeût exprimé des penséesqueje ne pouvais consigner par écrit. Malgrélui. j’aurais pu l’enlacer dans mes bras, me prosterner à ses pieds, lui demander la vie, et mourir à ses yeux, s’il m’eût rejetée. J’aurais tout tenté. Si mes efforts eussent échoué séparément, je les aurais tous réunis pour triompher de son cœur. Peut-être est-ce la faute de l’esclavechargé de mon message. Il ne l’aura pas abordé avec adresse ; il n’aura pas sans doute bien pris son temps ; il n’aura point saisi le moment où son esprit était libre. Voilà ce qui m’a nui. Car il n’est pas né d’une tigresse ; il ne porte pas un cœurde roc, de fer ou d’un métal plus dur encore ; il n’a point sucé le lait d’une lionne. Il cédera : il faut le sonder encore. Non, tant quej’aurai un souffle de vie, je ne regretterai point ce que j’ai fait. Si je pouvaisrêveJXoutic velilladiesfuerat, veltota volunlas, Sedpotiusmutandadies ? Deusipsemonebat, Signaquecertadabat, si nonmaiesanafuissem. 600 Et tamenipsaloqui, néemecommittereceraj Debueram, proesensque meosaperirefurores. Vidissctlacrymas, vultusvidissetamantis. Pluraloquipoteram, quamquoeceperetabellie. Invitopotuicircumdarebracbiacollo, fiOii Amplectique pedes ; affusaqueposcerevilam ; Et, si rejicerer, potuimorituravideri. Omniafecissem ; quorumsi singuladuram Flecterenonpolerant, poluissentomuia, nxiilcm. Forsitanet missisit quaidamculpaininisiri. 610 Nonadiitapte ; nonlegitidonea, credo, Tempora ; necpetiitboramqueanhnumquevaciuitcut, Hoecnœueremibi.Nequeenimde tigridcnalus, Kecrigidassilices, solidumvein pectorcfciTuin, Âutadamantagerit ; nec lac bibilillelea ? mc. 61b Vincetur : repetenduserit ; nectoediacoepli UUameieapiam.dumspiritusislemanebil. SCO MÉTAMORPHOSES. nir sur le passé ! D’abordje n’aurais rien dû entreprendre, ensuite je devrais renoncer à mon dessein. Mais lui-même (en supposant’ que j’étouffe mes vœux téméraires) en gardera un éternel souvenir. Si j’impose silence à mon amour, je paraîtrai n’avoir senti qu’une ardeur passagère, ou avoir voulu éprouver Caunus et lui ’tendre un piège. Il croira que mon cœur n’a point cédé au dieu qui l’a consumé et le consume encore, mais au délire des sens. Enfin je ne puis plus paraître innocente. J’ai écrit, j’ai demandé : mon intention est criminelle. Quand je n’ajouterais rien, je ne puis passer pour irréprochable. Ce qui me reste à faire est beaucoup pour le bonheur, et bien peu pour le crime. » Elle dit, et son esprit flotte tellement irrésolu, que, tout en rougissant d’avoir essayé, elle veut tenter encore. Bravant toute pudeur, la malheureuse s’expose à de nouveaux refus. Sa passion n’a point de terme. Caunus alors fuit sa patrie pour se soustraire au crime, et va sur une plage étrangère fonder une ville nouvelle. La fille de Milet, dit-on, perdit complètement l’usage de la raison. Dans son désespoir, elle déchira ses vêtements et se meurtrit les bras. Enfin sa folie éclata au grand jour ; elle avoua en Nainprimuni, si factamihirevocareHeeret, Noncoepissefuit : coeptaexpugnare, secunduniest. Quippenecillcpotest, ut jamnieavotarelinquam, 621) Nontamenausorumsempermemoressemeorum. Et quiadesicrim, ievitervoîuissevidebor ; Auteliamtentasseilluin, insidiisquepelisse. Velcertenon hoc, qui plurimusussit et urit Pectoranoslra, deo, sed vicialibidinecredar. 625 Deniquejam nequeonil commisissenefandum. Etscripsi, et pelii : lemerataest noslravoluntas. Utnih ? ladjiciam, non possuminnoxiadici. Quodsuperest, mullumestin vota, in criminaparvum. » Dixit, et (incertoelanla’estdiscordiamentis ! ) 630 Quumpigeâttentasse, libetleutare, modumque Exil, et infelixcommillitsreperepelli. Moxubifinisabest, palriamfugitille nefasque, lnqueperegrinaponitnovamoeniaterra. TumveromoeslamtolaMilelidamente 655 Defecisseferunl ; tum veroa peclorevéstein Dcripuit, planxilquesuosfuribuudalacc-rloi-. Jamquepalamestdémens, inconcessamque fatelur LIVRE IX. 5G1 public ses feux illégitimes. « Frustrée, dit-elle, dans son attente, elle abandonne sa patrie et des pénales odieux pour suivre les traces d’un frère fugitif. » Semblableaux Bacchantesqui, le thyrse en main, ô fils de Sémélé ! célèbrent tous les trois ans les orgies sur l’ismare, Byblis parcourl les vastes champs de Bubasis, et les fail retentir de ses cris affreux. Delà clic porte ses p : is errants dans la Carie et dans la Lycie, chez les belliqueux Léléges. Déjà elle avait franchi le Cragus, Limyra, le Xanlhe et la montagneoù siège la Chimère qui a la poitrine et la lêle d’un lion, la queue d’un serpent, et don’, les flancs vomissentdes flammes. Les forêts avaient perdu leur parure. Lasse enfin de poursuivre ton frère, Byblis, lu lombes sur la terre, où flottent tes chevea ;, et Ion front presse les feuilles qui jonchent le sol. Souventles Nymphes du pays des Léléges essayent de la soulever dans leurs faibles bras ; souvent elles l’engagent à maîtriser son amour. Mais son cœur est sourd à leur voix. Elle reste muette, et enfonce ses ongles dans le gazon qu’elle inonde de larmes. Les Naïades les changèrent, dit-on, en sources intarissables. Pouvaient-elleslui accorder une plus grande faveur ? Comme la résine distille d’une SpemVeneris, sinequa palriam, invisosquepénales Deserit, et profugisequiturvestigiafratris. 610 Hlquetuo mota ?, proiessemcleia, thyrso IsmarioecélébrantrepetilatrienniaBacclne, Byblidanonaliter latosululasseperagros Bubasidesviderenurus ; quibusilla reliclis Caras, et armiferosLelcgasLyciamque pererral. 6io JamCragon, et Limyren, Xanlhiquereliqueratundas, QuoqueCiiimserajugo mediisin partibusiguein, recluset ora leaï, raudamserpentisliabebat Deficiuntsilvoe, quumtu lassatasequendo Procidis, et, durapositistellurecapillis, 050 Bybli, jaces, frondesqueluopremisorecaduc-as. SoepeeliamKymphajtenerislelegeidesulnis Tollerecouanlur ; sxpe, ut modcreluramori, Pnecipiunt, surdicqueadhibentsolatiamenli. Mutajacet, viridesquesuislerit unguibuslicrbas 655 Byblis, et bumeclatlacrymai’unigraminan’vo. Naidasbisveuain, quœuuuquamarescereposiet, Supposasseferunl : quidenimdaremajushabebaul ? Trotinus, ut seclopiceoede corlicegultcc, ’il 562

MÉTAMORPHOSES
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écorce que le fer a enlr’ouverle, comme le bitume s’épanche du sein fécond de la terre ; ou comme, au retour du doux zéphyr, les rayons du soleil fondent les glaces de l’hiver ; Byblis, issue du sang de Phébus, se fond en larmes. Elle est métamorphosée en une fontaine qui conserve son nom, et coule dans une vallée, au pied d’un chêne qui l’ombrage. CHAKGEMEST DESEXEDANSIl’HIS. IX. Le bruit de celle merveille eût peut-être rempli les cent villes de la Crète, si celte île, par la métamorphose d’Iphis, n’avait vu elle-même un prodige récent. Non loin de Gnosse, dans la ville de Phesle, naquit Ligdus, homme d’une condition obscure, mais de race libre. Sa fortune n’était pas plus brillante que son origine ; mais ses mœurs et sa probité étaient a l’abri du reproche. Sa femme allait devenir mère et louchait au moment de sa délivrance, lorsqu’il lui parla ainsi : « Je forme un double vœu : d’abord, que les douleurs soient légères, et ensuite, que tu me donnes un fils. Une fille est une charge trop lourde pour notre fortune. Si le Sort (puissé-jedétourner un semblable inalUtvetenaxgravidatnanattellurebitumen ; 660 Utvesub advenlumspiranlisleneFavoni Soleremollescit, quaifrigoreconstititunda, SiclaerymisconsumptasuisphoebeiaByblis Verliturinfonteni, qui nuncquoquevallibusillis Nomenbabetdomina, nigraquesubilicemanat. 665 IPllISVIHILESI SEXOH iCCIPIT. IX. Famanovicenlumeretajasforsitanurbes Itnplessetmonstri, si nonmiraculanuper IphidemutalaCrelepropioratulisset. Proximagnosiaconamquondamphtesliaregno Prôgenuittellus, ignolonoinineLigdum, 070 Ingeuuade plèbevirum.Necsensusin illo Robilitatesua major, sed vitafidesque Inculpalafuit.Gravidoequiconjugisaures Vocibusbis movit, quumjam propeparlusadesset :

» Qua ; voveamduosunt, minimout rclcverelabore, 075 

Utquemaremparias.Onerosioraltérasorsesl, El viresfortunauegat.Quodabominor, ergo LIVRE IX. S63 heur ! ) me rend père d’une fille, je le dis à regret (ô nature, pardonne ! ), elle périra. » A ces mots, les yeux des deux époux sont inondés de larmes. Cependant elle conjure Ligdus, mais en vain, de ne point restreindre ainsi ses espérances. Il reste inébranlable. Enfin Téléthuse, accablée d’un fardeau parvenu à son terme, pouvait à peine le supporter, lorsque, au milieu de la nuit, elle vit ou crut voir en songe s’arrêter devant sa couche la fille d’Inachus, entourée de son cortège ordinaire. Le croissant brillait sur son front, et une couronne d’épis dorés rehaussait son diadème royal. Près d’elle était l’aboyant Anubis, l’auguste Bubaslis, Apis, marqué de diverses couleurs, le discret Ilarpocrate dont le doigt prescrit le silence, des sistres, Osiris, qu’on ne saurait trop chercher sur la terre, et le reptile étranger dont le venin plonge dans le sommeil. Téléthuse croyait veiller ; ce songe lui paraissait une réalité. La déesse lui adresse ces mois : « -Oloi que j’aime ! bannis une peine cruelle et dérobetoi aux ordres de ton époux. Lorsque Lutine l’aura délivrée, élève ton enfant sans t’inquiéter de son sexe. Je suis une divinité Editafortetuo fueritsi feminaparlu, Invitusmando{pietas, ignoscè), necelur.s Dixerat, et lacrymisvultumlavereprofusis, ’ fis(l Tarnquimandabat, quamcui mandatadabautur. SedtamenusquesuumvanisTelelhusamaritum Sollicitâtprecibus, ne spemsibiponatin arcto. Certasua est Ligdosenlentia.Jamqueferendo Vixcratallagravemmaturopondèreventrem, 68 Quummedionoctisspatio, subimaginesomni, lnacbisauletorum, pompacomitatasuoruin, Autstetit, aut visaest. Inerantlunariafronli Cornua, cunispicisnitidoflaventibusauro, Et regaledecus ; cumqualatralorAnubis, 690 SanctaqueBubaslis, variusquecoloribusApis ; Quiquepremitvocem, digitoquesilentiasuadet ; Sistraqueerant, nunqunmque-satisquoesilusOsiris, Plenaquesomniferiserpensperegrinaveneni ; Quum, velutexcussarasomno, et manifestavidentcm 005 Sicaffaladea est : « Pars, o îelelliusa, mearum, Pbnegravescuras, mandataquefallemariti. Necdubita, quumte partuLucinalevarit, Tollerequidquiderit. Deasumauxilians, opemque 564 MÉTAMORPHOSES. secourable, et j’exauce qui me prie. Tu ne te plaindras pas d’avoir invoqué une déesse ingrate. » A ces mots, Isis disparaît. Téléthuse se lève, transportée de joie, et, lendanl ses mains pures vers le ciel, elle demande avec instance que son rêve se réalise. Ses douleurs augmentent ; elle se délivre elle-même de son fardeau, et Ligdus, sans le savoir, esl père d’une fille. Sa mère la confie à une nourrice, el annonce qu’elle a mis au monde un fils. Son mari le croit. La nourrice seule est confidente de son secret. Ligdus rend grâces au ciel qui vient d’exaucer ses vœux, et donne au nouveau-né le nom d’Iphis, son aïeul..La mère adopte avec plaisir ce nom, qui était commun à l’un et à l’autre et qui n’était pas une imposture. Par cette pieuse fraude, son mensongereste ignoré. Le vêtement d’Iphis était celui d’un enfant mâle, el sa beauté convenaitaux deux sexes. Déjàlu avais treize ans, Iphis, et ton père le destinait pour compagne la blonde Ianlhé, fille de Téleste ; et la plus belle des vierges de Phestos. Aussijeunes, aussi beaux l’un que l’autre, ils avaientreçu des mêmes maîtres les premières leçons. Exoralafero ; necle coluissequereris 700 Ingratumnumen. » Honuit, tbalamoque rccestil. l. ; clalorosurgit, purasquead siderasupplex Crcssamanustollens, ratasinl sua visaprecalur. Utdolorincrevit, sequeipsumpondusin auras Evpulit, et ualaest ignarofeminapalri. 705 Jussilali mater, puerummentila.Fidemquc Desbabuit, nequeeratfactinisiconscianulrix. Volapalersolvil, nomenqueimponilavilum. Iphisavusfuerat.Gavisaest nominemater, Quodcommuneforet, necquemquamfallerclillo. 710 Impei’ceptapiamendaciafraudelatebanl. Cultuscratpucri ; faciès, quamsivepuelloe, Sivedarespucio, licrelforniosusulerque. Tci’liusinlercadecimosuccesseratannus, Quiunpater, Ipbi, tibi llavamdespondetIauj-liun : 715 lulerl’hajîliadasqux laudalissima forma ; Dolefuitvirgo, diclieonataTeleslc. Par’oelas, parformafuit, primasquemagislris Acceperearles, clemcnlaselalis, ab îsdem. LIVRE IX. 503 De là naquit l’ainour qui s’empara de leurs cœurs encore novices. Ils furent frappés du même trait ; mais leur espoir était différent. lanlhé soupirait après lejour oùl’hymen, allumantson flambeau, devait l’unir à celle qu’elle croyait un amant. Iphis aimail celle dont la possession lui était à jamais interdite, et son désespoir irritait sa flamme. Vierge, brûlant pour une vierge, cl retenant à peine ses larmes : « Que dois-je attendre, dit-elle, moi que tourmente un amour inconnu jusqu’ici, l’amour le plus étrange el le plus bizarre ? Si les dieux avaient voulu m’épargner, ils devaient éloigner de moi ces tortures ; et, s’ils n’avaient pas voulu me perdre, ils auraient dû me donner les penchants que la nature inspire ordinairement aux mortels. La génisse ne recherche pas une génisse, ni la cavale une cavale ; le bélier suit la brebis, et le cerf la biche. Ainsi s’accouplent les oiseaux, et, parmi les êlres animés, jamais les mêmes sexes ne s’unissent. Pourquoi faut-ilque je vive ? La Crète ne doit-elle donc produire que des monstres ? La fille du Soleilfut éprise d’un taureau ; mais il était d’un autre sexe que le sien. Monamour, si j’ose le dire, est bien plus déréglé. Elle put, du moins, espérer ; elle put, grâce à la ruse, et à l’image Hincamorambarumteligitrudepectus, et a’quum 7-20 Vulnusulriquetulit ; sed eratfiduciadispar. e Conjugiipacloequeexspectatlemporala ? da3, Quamquevirumpulatesse, suumforecréditlantbc. Iphisamat, quapossefrui desperat, cl augel Hocipsumfiammas, artletquein.virginevirgo. 7*25 Vixquetenonslacrymas : « Quismemanetexitus, inq.uil, Cognitaquamnulli, quamprodigiosa, nova ; que CuratenetVeneris ? Si di mibiparcerevellenl, Parceredebtierant ; si nonet perderevoilent, Naluralemalumsallemet de moredédissent. 750 Necvaccamvaccaî, necequasamorurit equarum. Prit ovesarics ; sequitursuafeminacervum. Sicet avescœunt ; interqueanimaliaouncla Fetninafemineocorreptacupidinemillaest. Vellemnullaforem, ne nonlanicnomniaCrète 755 Monstraferai.TaurumdilexitlîliaSolis, feminanempemarcm.Meusest furiosiorillo, Si veruniprclilemur, amor.Taincnillaséculaest SpemVeneris ; lamenilladolis, et imaginevacca ; 560 MÉTAMORPHOSES. d’une génisse, associer un taureau à son délire, fje stratagème devait lui livrer un amant. Mais, quandje posséderaistous les talents du monde, quand Dédalese transporterait ici sur ses ailes de cire, que ferait-il ? Avectoutes lesressources de son art, pourrait-il changer ma nature ? Pourrait-il, Ianthé, changer la tienne ? Raffermis ta raison et rentre en toi-même, Iphis. Etouffeune flamme insensée, un amour sans espoir. Songe à ce que —lu es, si tu ne veux l’abuser encore. Aspire à ce qui l’est permis ; aime ce que peut aimer une femme. L’amour naîl de l’espérance, l’espérance le nourrit ; mais Ion sexe la lue. Ce n’est ni la captivité ni la surveillanced’un maître soupçonneux qui t’éloignent de celle que lu aimes ; ce n’est pas non plus la sévérité d’un père. Ianthé ellemême ne rejette point les vœux ; et cependant lu ne peux la posséder. Non, quand tout seconderait les désirs, tu ne peux être heureuse, même avec le secours des hommes et des dieux. Une partie de mes V03ttxest toujours chimérique ; el cependant les dieux m’ont combléede leurs faveurs.Ceque je souhaite est le vo3u de mon père, d’Ianthé et de mon beau-père futur ; mais la Nature, plus puissante que les dieux et les hommes, s’y oppose, et seule elle m’est contraire. Le moment désiré approche. Déjà brille le Passabovemest ; et erat, qui deciperetur, adulter. 740 Huelicete lotoselerliaconfluâtorbe, JpselicetrevoletceralisD.xdalusalis, Quidfacict ? Numme puerumde virginedoclis Artiuuseffieiet ? Numte mutabit, Ïambe ? Quinanimumfîrmas, tequeipsarecolligis, ïpbi, 715 Consiliique inopeset stultosexculisignés ? Quidsis natavide, nisi te quoquedecipisipsam ; Etpete, qiiodfasest, et amaquodfeminadebes. Spesest, quKcapiat, spesest, qu : cpascalamorem. Ïïanetibires adimil.Nonte cuslodiacaro 750 Arcetabamplexu, neccauticura magistri, Nonpatrisasperilas, nonse negatipsaroganti. Nectamenestpotîundatibi ; nec, ut omniafiant, Essepotesfelix.ut dîquebominesquelaborent. Nuncquoquevetornmparsuna est vanamcorum ; 755 Diquemibifaciles, quidquidvaluere, dederunt. Quodqueego, vultgenilor, vultipsa, socerque(uLui’us. At non vultNalura, polenlioromnibusislis, Quajmibisolanocet.Yenil ecceoptabiletempus, LIVRE IX. 567 jour de l’hymen : Ianthé va bientôt être à moi. Maiselle ne peut m’appartenir. Nous mourrons de soif au milieu des eaux. Toi qui présides au nœud conjugal, Junon, et toi, Hyménée, pourquoi venir à cette solennité où il n’y aura point d’époux, el où s’uniront deux vierges ? » A ces paroles succède le silence. De son côté, Ianthé est en proie à d’aussi vives ardeurs. Elle te conjure aussi, Hymenée, de voler promplement auprès d’elle. Mais Téléthuse, tourmentée d’inquiétudes, voudrait éloigner l’instant qu’appelle Ianthé. Pour le différer, tantôt elle prétexte une maladie, souvent elle allègue des présages ou des songes. Enfin les délais et les subterfuges sont épuisés. Le terme arrive. Il ne restait qu’un jour. Téléthuse détache de son front et de celui de sa fille le bandeau qui retenait leurs cheveux, et les laisse flotter. Puis, embrassant l’autel, elle s’écrie : « Isis, loi qu’adorent Parélonium, les champs de Maréotis, Pharos et le Nil aux sept embouchures, viens à mon aide, je t’en conjure, et dissipe mes alarmes. 0 déesse ! je.t’ai vue autrefois dans le même appareil. J’ai tout reconnu : ton cortège, tes flambeaux, le son des sistres, et tes ordres sont présents à ma pensée. Si ma fille Yoitle jour, si je ne suis pas punie de Luxquejugalisadest, ut jam meafiâtIanthé ; 760 Necmihicontinget : mediissitiemusin undis. PronubaquidJuno, quidad hoec, Hymenoee, vemlis Sacra, quibusqui ducatabest, ubi nubimusamlra ? » Pressitab bisvocem.Necleniusaltéravirgo £stuat, utquecelervenias, Hymena3e, preealur. 765 Quodpetithtcc, Telelbusatimens, modotemporadiffert ; Nuncficlolanguoremoramtrahit ; ominasa ? pe Yisaquecausatur.Sedjam çonsumpserat omnem Hateriamlicti, dilataquetemporatardai Insliterant, unusquedies restabal.Atilla 770 Crinalemcapitivittamnaloequesibique Detrahit, et passisaram complexacapillis : « Isi, Partetonium, Mareoticaque arva, Pharonque Quoecolis, et seplemdigestumin cornua-Xilum

;

Fer, precor, inquit, opem, noslroquemederelimoii. 775 Te, dea, te quondam, tuaquehreeinsigniavidi, Cunctaquecognovi ; comilesque, facesque, sonumque Sislorum, memoriquc animotua jussanrlavi. Quodvidctliicclucem, quodnonegopunioripsa, 568

MÉTAMORPHOSES
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l’avoir sauvée, c’est à tes avertissements et à tes conseilsque je le dois. Prends pitié de nous deux et accorde-nous ton secours. » A ces mots, elle verse des larmes. La déesse parut agiter, el agita en effet, ses aulels. Les portes de son temple s’ébranlent, son croissant brille d’une clarté plus pure, son sislre résonne el frémit. Télélhusè sort du temple, sinon libre d’inquiétude, rassurée, du moins, par cet heureux présage. Iphis la suit d’un pas plus grand que de coutume. Son teint n’a plus le même éclat ; mais ses forces augmentent, ses traits sont plus mâles, et ses cheveux plus courts. Elle sent une vigueur au-dessus de son sexe. En un mol, Iphis, vierge naguère, lu deviens homme. Portez au temple vos offrandes, et livrez-vous hardiment à la joie. Ils offrent des présents au temple, el consacrent le souvenir de ce prodige par ce vers concis : Homme, Iphisaccomplitce que, vierge, il promit. Le lendemain, l’aurore éclairait l’univers. Vénus, Junon el l’Hyménée unissaient les deux amants. Iphis, grâce à son nouveau sexe, possédaitenfin son Ianthé. Consiliummonilumqueluumest. Misererediinrum, 7S0 Auxilioque juva. » LacrymaîsuntverbasecuUe. Visadeaest movissesuas, et moverat, aras ; Et tempHIremuerefores, imilataquelunam Cornuafulserunt, crepuitquesonabilesistrum. Nonsecnraquidem, faustotamenominetela 7^5 Materabitlemplo.SequilurcornesIphiseunlem, Quamsolilaest, majoregradu ; neccandorin ore Permanel, et viresaugenlur, et acrioripseest Yultus, et incomplisbreviormensuraeapillis ; Plusquevigorisadest, babuitquamfemina.Jam, quoe 700 Feminanupercras, puer es. Datemuneralemplis, Nectimidagaudetcfide.Dantmuneralemplis, Adduntet tilulum ; titulusbrèveCarmenbabebal : Donapuersolvit, gmefeminavouerai, Iphis. Posteraluxradiislalumpatefeceratorbem, 705 QuumVenuset Juno, sociosqueHymenœus ad ignés Conveniunt, polilurquesua puer IphisIanthé. LIVRE DIXIÈME 2L’UÏDICE ESTRENDUEA ORPHEE. — IL LATERDONESECONDE FOIS. I. Deschamps de la Crètel’Hymen, vêtu d’une robe d’or, s’élance dans les vastes plaines de l’air el dirige son vol vers la Thrace, où Orphée invoque inutilement son appui. L’Hymenassiste à son union avecEurydice ; mais il ne profère point les paroles sacrées, il ne porte ni un front serein, ni un heureux présage. La torche qu’il lient dans sa main pétille et répand sans cesse une humide fumée : en vain le dieu l’agite ; elle ne donne aucune clarté. Ce présageest suivi d’un événementplus sinistre encore. Tandisque la nouvelle épouse court dans les prairies avec les Naïades ses compagnes, elle meurt, blessée au talon par la morsure d’un serpent. Après l’avoir longtempspleurée sur la terre, ie chantre LIBER DECIMUS OHPHEO EURYDICE REDDITCR, HOSQtTE ADFERTIR ITERUÎi, I. Indeper immensumcroccovclalusamictu Aara digredilur, Ciconumque Uymenaws ad oras Tendit, et orpheanequicquamvocevocalnr. Adfuitillequidem ; sednecsolemniaverlia, NecIrelosvnltus, néefelisatlulitomen. , -j Faxquoque, quamlenuil, laerymoso siriùuiaJumo LJsqnefuit, nullosqueinvenitmotibusignés. Exittisauspîciogravior ; namnuplaperlierlias Dtimnova.Naiadum turhacomilalavngalur, Decidit, in talumserponlisdenterecepto. H) Quamsalisadsupera*posiquamrliodopeiusauras ’21, .370 MÉTAMORPHOSES. du Rhodope voulut essayer de fléchir les Enfers, et osa descendre jusqu’aux rives du Slyx par la porte du Ténare. Il arrive, à travers les ombres légères qui ont reçu les honneurs du tombeau, devant Proserpine et le roi du ténébreux empire. Alors, mariant sa lyre à sa voix, il s’exprima ainsi : « Divinités du monde souterrain où descendent tous les mortels, si vous me permettez. de dire la vérité, sans recourir aux artifices du discours, je ne suis venu ici ni pour visiter le sombre Tartare, ni pour enchaîner le monstre né du sang de Méduse, Cerbère, dont les trois têtes sont hérissées de serpents. Je suis venu chercher mon épouse. Atteinte au pied par le venin d’une vipère, elle a péri au printemps de l’âge. J’ai voulu supporter ma douleur ; oui, je l’ai tenté, je l’avoue. L’Amour a triomphé. Ce dieu est bien connu sur la terre. J’ignore s’il l’est également parmi vous, mais je le crois. Si un antique enlèvement n’est pas une fiction de la Renommée, l’Amour vous unit aussi. Je vous en conjure donc par ces lieux pleins d’effroi, par cet immense Chaos, par le silence de ce vaste empire, rendez-moi Eurydice, et renouez la trame d’une vie qui fui trop tôt coupée. Le genre humain vous est soumis. Après un DeQevitvates, ne non lenlaretet umbras, AdStygatamariaest aususdescendereporta ; Perquelevéspopulos, simulacraquefunctasepukris, Persepbonen adiit, inamoenaque régnalenenlem 15 Umbrarum dominum, pulsisquead carminanervis, Sicait : « 0 posilisub terranuminamundi, ]n quemreceidhnusquidquidmortalecreamur, Si licet, et falsipositisambagibusorïs, Veraloquisinitis, nonhue, ut opacaviderem 20 Tarlara, descendi, necuti villosacolubris Ternamedusayivinciremgutturamonstri. Causavia ; conjux, in quamcalcalavenenum Viperadiffudit, crescentesque abstulitannos. Possepâlivolui, necmetentassenegabo. 23 Vieilamor.Superadeushicbenenotusin ora est. Ansit et hic, dubito ; sedet hic tamenauguroresse. Famaquesi veleremnonest mentilarapinam, Vosquoquejunxitamor.Peregohoeclocaplenalimoris, Per Chaoshocingens, vastiquesilentiaregni, 50 Eurydices, oro, properataretexitefila. Omniadebemurvobis ; paulumquemoralî, LIVRE X. 571 court délai, tôt ou tard nous accourons vers la même demeure ; nous y tendons tous : c’est notre dernier asile. Quelle que soit l’étendue des contrées de la terre, toutes sont de votre domaine. Eurydice aussi, lorsqu’elle aura fourni sa carrière mortelle, tombera sous vos lois. C’est un simple délai que je vous demande. Si les Destins me refusent cette faveur, je suis résolu à ne point lui survivre. Vous aurez deux victimes. » Tandis qu’il unit ainsi sa lyre aux accents de sa voix, les pâles ombres versent des larmes. Tantale cesse de poursuivre l’onde fugitive, la roue d’Ixion demeure immobile, les vautours ne déchirent plus les entrailles de Tityus, les filles de Bélus déposent leurs urnes, et toi, Sisyphe, tu t’assieds sur ton rocher. Alors, pour la première fois, des pleurs mouillèrent, dit-on, les joues des Euménides attendries par ses chants. Proserpine el le dieu du sombre royaume ne peuvent résister à ses prières. Ils appellent Eurydice. Elle était parmi les ombres récemment descendues chez Plulon. Elle s’avance d’un pas ralenti par sa blessure. Le chantre de Thrace la recouvre, à condition qu’il ne se retournera pas pour la regarder jusqu’à ce qu’il ail franchi la vallée de l’Averne ; sinon, la faveur sera révoquée. Seriusaut citiussedemproperamusad unam. Tendimushueomnes, hoecest domusultima : vosqne Humanigenerislotigissimarégnatenetis. 55 HOÎCquoque, quumjuslosmaluraperegeritannos, Juriserit veslri : pro munereposcimususura. Quodsi Fatanegantveniampro conjuge, certumest Kollerediremibi.Lelhogaudeieduorum. » Taliadicenlem, nervosquead verbamoventem, 40 Exsanguesflebantanimai ; necTantalusundam Captavitrefugam ; stupuilqueIxionisorbis ; Neccarpserejecur volucres ; urnisquevacarunl Belides ; inquetuo sedisti, Sisyphe, saxo. Tumprimumlacrymisvictarumcarminéfamaest 45 Eumenidummaduissegênas.Necregiaconjux Sustinetoranli, necqui régitima, negare. Eurydicenque vocant.timbraseratillarécentes Inter, et incessitpassude vulneretarde lianesimulet legemrhodopeiusaecipithéros, 50 Nefleclatrétrosua lumina, donecavernas Eiieritvalles, aut irrita donafulura. 372 :

MÉTAMORPHOSES
.
; Ils gravissent, à travers le plus profond silence, un sentier mon-, 

tant, escarpé, obscur et couvert débrouillards épais. Déjà ils touchaient presque aux bords supérieurs, lorsque Orphée, craignant qu’Eurydice ne lui échappe, et impatient de, la voir, jette sur elle un regard d’amour. Elle disparaît au même instant. H lui tend"les bras, il veut se jeter dans les siens et l’embrasser. Malheureux ! il ne saisit qu’un vain fantôme ! En mourant une seconde fois, Eurydice ne se plaint pas de son époux. Eh ! de quoi pouvait-elle se plaindre que de l’excès de son amour ? Adieu, lui dit-elle d’une voix qu’il pul à peine entendre, el elle rentra d.ms

! e séjour des ombres. En perdant.de nouveau son épouse, Orphée 

reste frappé de stupeur. Tel le berger timide qui vil Cerbère avec ses.trois têtes, dont une seule, celle du milieu, était chargée de chaînes, fut glacé d’épouvante, et ne cessa de craindre qu’au moment où il fut métamorphosé en rocher. Tel fut encore Olénus, qui voulut se charger de ton —crime, malheureuse Léthéa, trop fière de ta beauté. Jadis unis par les plus tendres liens, vous êtes maintenant des rochers qui surmontent l’humide front de l’Ida. Orphée a beau recourir aux prières et s’efforcer de repasser le Styx, Charon le repousse. Accablé de tristesse, il Carpituracclivisper mutasilcntiatrames, Arduus, obseurus, calîginedensusopaca ; ÎVecproculabfuerantteUurismarginesummaî. 55 Hic, ne deOceret, meluens, avidusquevidendi, Flexitamansoculos, et protinusilla relapsaest ; Bracbiaqueinlendens, prendiqueetprenderecaptans, Ixil.nisi cede^lesinfeljxarripitjiuras.. Jamqueiterummoriensnonest de conjùgequidquaiii GD Queslasuo. Quidenimnisi se querereturamatami" Supremumquevale, quodjam vixauribusillc Accïperet, dixit, revolutaquerursus eodemest. NonaliterstupuitgeminanececonjugisOrplieus, Quamtria quitimidus, medioportantecatenas, .G5 Collacanisvidil, queninonpavoranlcreliquit, Quamnaluraprier, saxo, per corpusoborlo ; Quiquein se crimcntraxit, voluitquevideri Olenosessenocens ; luqueo confisafigurai,

ïnfelixLelhaia, tuai ; junctïssimaquondam 70 Peetora, nunclapides, quosbumidasustinetIdo. Orantem, frustraqueiterum Ironsirevolcnlem

: LIVRE X. 

573 resta sept jours sur l’infernale plage, sans prendre de nourriture. Les soucis, les regrets et les larmes furent ses seuls aliments. Enfin, las d’accuser la cruauté des dieux de l’Érèbe, il se retira sur le superbe Rhodope el sur l’Hémus, battu des aquilons. Trois fois le soleil avait ramené la marche de l’année aux limites marquées par les Poissons, el Orphée fuyait l’amour, soit qu’il déplorât le malheur de sa première flamme, soit qu’il eût à jamais engagé sa foi. Plusieurs beautés voulurent s’unir à lui. Toutes furent indignées de ses refus. C’est lui qui apprit aux Thraces à s’égarer dans des amours désavoués par la nature, el à cueillir la fleur de l’adolescence, ce printemps fugitif de la vie. ATÏSESTC1ÏAKGE ENPIN, CÏPARISSEENCYPRÈS. II. Sur le haut d’une colline était une plaine tapissée de verdure, mais dépourvue d’ombrage. A peine le chantre issu des dieux y eui-il fait résonner les cordes de sa lyre, qu’il y vit accourir l’arbre de Chaonie, les peupliers nés des filles du Soleil, le chêne au Portitorarcueral.Seplenitamcnille dielms, Squalidusin ripa, Cererissine munere, sedit. Cura, dolorqueanimi, laerymceque, alimentafuere. EssedeesErebicrudclesquestusin altani * SerecipitRbodopen, pulsumqueaquilonibusItomon. TertiusaiquoreisinclusumPiscibusannum FinieratTitan, omnemquerefugeratOrpheus Femineamvenerem, seuquodmaiecesscratîlli, Sivelidemdederat.Mullastamenardorbabebal Jungerese vali ; mullaidoluererepulsoe. IlleeliamThracumpopulisfuit auclor, amorem In lenerostransferremares, cilraquejuventam .£talisbrèvever, el primoscarpereflores. ^- » ATÏSJ1UTATUB IXPIXUM, CÏPAR1SSIS IXCUPRESSUM. II. Colliserat, col’emquesuperplanissimacampi Arra, quamviridemfaciebanlgraminisherbai. l’mbralocodeerat.Quapostquamparleresedil Disgenifusvales, et filasonantiamovit, L’iubralocovenit.NonChaonisabfuitarbos,

! l" 

[SonnomusHeliadum, non frontibusresculusaltis. 574 MÉTAMORPHOSES. front allier, le tendre tilleul, le hêtre, le chaste laurier, le coudrier fragile, le frêne qui fournit des javelots, le sapin sans nœuds, l’yeuse courbée sous ses glands, le platane propice aux joyeux banquets, l’érable bigarré, le saule ami des fontaines, le lotos aquatique, le buis toujours vert, la mince bruyère, le myrte aux deux couleurs, ël le laurier-tin aux baies noires. Vous accourûtes aussi, lierres flexibles, vignes couronnées de pampres, ormeaux enlacés de vignes, frênes sauvages, picéas, arbousiers aux fruits rouges, palmiers, dont les souples rameaux sont le prix des vainqueurs, et toi, pin au feuillage effilé et à la cime hérissée de pointes, arbre cher à la mère des dieux, depuis qu’Atys, prêtre de ses aulels, dépouilla la forme humaine pour se renfermer dans tes flancs. A cette forêt vint se joindre le cyprès au sommet aigu comme la borne des champs. Arbre maintenant, ce fut jadis un jeune homme aimé du dieu qui manie également bien l’arc et la lyre. Dans les prairies de Carlhéevivait un grand cerf, consacréaux Nymphesde la contrée. Son bois, tout brillant d’or, couvraitsa tète d’un vaste ombrage. Un collier enrichi de pierreries pendait à Nectiliaimolles, necfagus, et, innubalaurus, Et corylifragiles, et fraxinusutilishastis, Enodisqueabies, curvataqueglaudibusilex, Et platanusgenialis, acerquecoloribusimpar, 95 AmnicolEeque siinulsalices, et aquaticalotos, Perpetuoquevirensbuxus, tenuesquemyricai, Et bicolormyrlus, et bacciscairulatinus. Vosquoque, flexipedeshederai, venistis, et una Pampineaivites, etamictaîvilibusulmi, 100 Ornique, et piceaî, pomoqueoneralarubenli Arbulus, et lentai, victorisproemia, palmai, Et succinctacomas, hirsutaqueverticepinus, Gratadeummarri ; siquidemcybeleiusAtys Exuithac hominem, truncoqueinduruitillo. 105 Adfuithuicturbai, metasimilalacupressus, A’uncarbor, puerantedeodilectusahillo, Quicitbaramnervis, etnervistempérâtarcus. ftamquesaceriv’ymphiscarlhaiatenenlibusarva, Ingenscervuserat, latequepatentibusallas 110 lpsesuocapilipraîbebatcornibusumbras. Cornuafulgebantauro, demissaquein armos LIVRE X. 375 son cou gracieux et descendait sur ses épaules. Une bulle d’argent, attachée par de légers liens, s’agitait sur. son front. Deux glands d’airain d’égale grosseur brillaient à ses oreilles. Il n’était ni timide, ni farouche. H fréquentait les maisons et présentait"son cou aux caresses du premier venu. Tu l’aimas plus que personne, Cyparisse, toi le plus beau des habitants de Céos. Tu le menais dans de frais pâturages, et le désaltérais aux sources limpides. Tantôt tu parais son bois de guirlandes de fleurs ; tantôt, assis sur son dos, tu prenais plaisir à diriger avec un frein vermeil sa course vagabonde. On était au milieu du jour, et le soleil embrasait de ses feux, les bras recourbés du Cancer. Le cerf fatigué se reposait sur le gazon et goûtait le frais à l’ombre des bois. Le jeune Cyparissel’atteint par mégarde de son javelot, et, le voyant expirer de cette cruelle blessure, il veut mourir lui-même. Que ne lui dit point Phébus pour le consoler ! En vain il lui représente que sa douleur est trop grande pour cette perle légère. Cyparisse gémit et demande aux dieux, comme faveur suprême, Pendebanttereligemmatamoniliacollo. Bullasuperfronlemparvisargentealoris Vinctamovebatur, parilesqueex oere’nitebant, US Àuribusin geminis, circumcavatempora, hacca ;. Isquemetuvacuus, naturaliquepavore Deposito, celebraredomos, mulcendaque colla Quamlibetignotismanibuspneberesolebat. Sedtamenanlealios, ceoepulcherrimegentis, 1-0 Gratuserat, Cyparisse, tibi.Tu pabulacervum Adnova, tu liquididurebasfontisad undam ; Tu modotexebasvariosper cornuaflores ; Nunc, equesin tergoresidens, buelaituset illuc Moiliapurpureisfrenabasora capislris. ]^ ; i iîstuserat, mediusquedies, solisquevàpore ConcavaliltoreifervebantbracbiaCancri. Fessusin berbosaposuitsuacorporalerra Cervus, et arboreaducebatfrigusab umbra. HunepuerimprudensjaculoCyparissusaculo 1^(1 Fixit, et, ut soevomorientemvulnerevidit, Vellemon’slaluit. QusenonsolatiaPhoebus Dixil ! et ut leviterpro maleriaquedoleret, Admonuil.Gémitilletamen, munusquesupremum Hocpetit a Superis, ut temporelugeatomni. 15,’i 57G MÉTAMORPHOSES. que son deuil n’ait jamais"defin. Cependantl’excès de ses larmes tarit son sang ; son teint commence à verdir ; ses cheveux, qui flottaient naguère sur son cou d’albâtre, se dressent, se durcissent, et leur cime effilée s’élève vers les cieux. Le dieu soupire et fait entendre ces. tristes accents : « Objet de mes regrets, tu t’associeras aux chagrins des mortels, et tu deviendras le symboledu deuil. » ENLÈVEMENT DEGAXYïÈDE. III. Tels sont les arbres que le chantre de Thrace avait attirés autour de lui. Assis au milieu des hôtes de l’air et des bois, il promène longtemps ses doigts.sur les cordes de sa lyre, el, après avoir essayé des accords différents, il s’exprime en ces termes : « Muse qui m’as donné le jour, que Jupiter soit le premier objet de mes chants. Tout cède à son empire. Souvent j’ai chanté sa puissance. J’ai chanté sur un ton élevé les Géantset les foudres victorieuses qu’il lança dans les champs de Phlégra. Aujourd’hui je veux, sur un ton plus léger, célébrer les enfants Jamque, per immensosegestosanguinefielus, In viridemvcrlicoeperuntmembracolorera ; Et modo, cui niveapendebantfrontecapilli, Ilorridacaisariesfieri, sumptoquerigore Sidcreumgracilispectarecacuminecoelum. UO Ingemuil, trislisquedeus : c tugeberenobis, ï.ugebisquealios, aderisquedolentibus, > ; inquit. IUPTUSGAM’MEDES. III. Taienemusvalesctmlraxcral, inqueferarum Conciliomédiuslurbavoîuerumquesedebat. Utsatisimpulsaslentavitpollicechordas, 14j Et sensitvarios, quamvisdiversasonaront, Concordare modos, hocvocemcarminérupit : « AhJove, Musaparons ; cedunlJovisomniaregno ; Carminanoslramove.Jovisest mibisaipepoteslas Dictaprius.Ceciniplect.rogravioreGiganlas. 150 Sparsaquephlegraiisvictriciafulminacampis. Nuiiropuscsl leviorelyra ; puerosquecanarmis LIVRE X. 577 chéris des dieux, et ces vierges coupables dont les feux impurs méritèrent un juste châtiment. Le roi des Immortels brûla jadis pour le Phrygien Ganymède. Commeil cherchait une forme plus propice à ses vœux que celle dont il était revêtu, il prît de préférence celle de l’oiseau qui peut porter sa foudre ; et soudain, fendant les airs de ses ailes trompeuses, il, ravit le petit-fils d’Ilus, qui lui sert encore d’éclianson dans l’Olympe, el verse le nectar dans sa coupe, en dépit de Junon. IIVACIXTnE MÉTAMORPHOSÉ ENFLEUR. IV. « Et loi aussi, fils d’Amyclès, Phébus t’aurait placé au ciel, si un déplorable deslin l’eût permis. Du moins, autant qu’il est en son pouvoir, il te rend immortel. Toutesles fois que le printemps chasse l’hiver’et qu’aux Poissons pluvieux succède le Bélier, tu renais et lu brilles sur la verdure. Monpère eut une tendre prédilection pour toi. Il abandonna souvent Delphes, placée au centre du monde, pour errer avec loi sur les bords de l’Eurotas cl dans les champs de Sparte, privée de remparts. DilectosSuperis, inconcessisquc puellos Ignibusatlonitasmeruisselibidincpamam. ItexSuperumphrygiiquondamGanymedisamore 155 Arsil, et inventumestaliquid, quodJupiteresse, Quamquoderat, mallct.Kullatamenaliteverti Dignalur, nisi quaipossitsuafulminaferre. Necmora, percussomendacibusacrepennis AhripitUiaden, qui nuncquoquepoculamiscet, ICO învitaqueJovinectarJunoneminislrat. ÎITACIXTHUS IXFI.OREM VERTITim. IV. &Tequoque, Amyclidc, posuissetin oelbcrePhnihus, Tristiasi spaliumponendifala dedissenl. Qualicel, ailernustamenes ; quoliesquerepcllit Verhiemem, PisciqueAricssuceeditaquoso, 105 Tu lotiesoreris, viridiquein cespilevernas. Temeusanlealiosgenilordilexit, et orbe InmediopositicarueruntpraisideDelphi, DumdeusEurolan, immunitamque fréquentât 378 MÉTAMORPHOSES. Alors sa lyre et son arc languissaient sans honneur. S’oubliant lui-même, il ne dédaignait pas de tendre des filets, de conduire une meute, ou de gravir sur tes pas le sommet d’un mont escarpé : une longue habitude était pour ses feux un nouvel aliment. a Un jour où le soleil, au milieu de sa carrière, se trouvait à une égale distance du soir et du matin, Apollon et Hyacinthe quittent leurs vêtements, imprègnent leur corps d’huile, et s’amusent à jouer au disque. Le dieu, après l’avoir balancé, lance le sien dans les airs. Le disque se fraye un passage à travers les nues, retombe après un long intervalle, et prouve à la fois l’adresse et la force du joueur. Soudain l’imprudent Hyacinthe, emporté par l’ardeur du jeu, se hâte de ramasser le disque. Mais la terre le fait rebondir et il va frapper son front. Apollon, pâle comme son ami, soutient son corps chancelant. Tanlôl il cherche à le ranimer, tantôt il élanche sa cruelle blessure, ou exprime le suc des plantes pour retenir son âme fugitive. Son art reste impuissant : le coup était mortel. Comme dans un jardin arrosé par une eau vive, si l’on vient à briser ia tige des violettes, des Sparlen.Neccitharai, nec sunt in honoresagittoe. 170 Immemoripsesui, nonrelia ferrerécusât, Nontenuissecanes, nonperjuga montismiqui Issecornes, longaquealit assuetudineflammas. <iJamqueferemédiusTitanvenienliset acte Noctiserat, spalioqueparidistabatulrinque. 175 Corporavestelevant, et succopinguisoiivi Splendescunt, latiqueineuntcerlaminadisci. QuempriusaeriaslibratumPhoebusin auras Misit, et oppositasdisjecitpondèrenubes. Ftecciditin solidamlongoposttemporelerram 1811 Pondus, et exbibuitjunctamcuinviribusarlem. Protinusimprudens, actusquecupidineludi, TollereToenaridesorbemproperabat ; at illum Durarepercussumsuhjecitin aéralellus In vullus, Hyacinthe, tuos.Expalluitaique, ISii Acpuer, ipsedcus, collapsosque excipitartus, Et.modote refovet, modotristiavulnerasiccat, Kuncanimamadmolisfugientemsuslinetherhis. Nilprosuntartes : erat immedicabilevulnus. Ut si quisviolas, riguovepapaverin horlo, , I* LIVRE X. 579 pavots ou des lis, ces fleurs penchent tout à coup leur tête languissante et perdent leur éclat ; bientôt elles ne se soutiennent plus, et s’inclinent vers la terre ; ainsi les traits d’Hyacinthe se flétrissent ; sa tête, appesantie et sans force, tombe sur son épaule. Ï Tu meurs, Hyacinthe, moissonné au printemps de l’âge, s’é « crie Apollon. Je vois ta blessure et mon crime ! Tu causes ma « douleur ; Ion trépas est mon ouvrage. On inscrira sur la tombe « que ma main t’a ravi le jour : c’est elle qui t’a donné la mort. « Cependant quel est mon crime ? En est-ce un d’avoir joué avec « toi ? En est-ce un de l’avoir aimé ? Que ne puis-je te donner « ma vie pour la tienne ou mourir avec toi ! Mais, puisque je « suis enchaîné par la loi du Destin, du moins tu seras toujours « avec moi, et ma bouche ne cessera point de répéter ton nom. « Malyre le redira : lu revivras dans mes chants. Fleur nou « velle, lu présenteras sur les feuilles le cri de ma douleur. Le « temps viendra où un héros sera changé en une fleur semblable, « sur laquelle on lira le même gémissement. » Apollon parlait encore, et déjà le sang qui baignait le gazon n’était plus du Liliaqueinfringal, fulvishaîrentiavirgis, Marcidademil.lanlsubitocapufeilla gravalum, Necse sustineant, spectentquecacuminelerram ; Sicvullusmoriensjacet, et defectavigorc Ipsasibiest onerioervix, humeroquerecumbit. I0.li , « Laberis, Œbalide, primafraudatejuventa, « Phoebusait, videoqueluum, meacrimina, vulnus. « Tu dolores, facinusquemeum.Meadexteraletbo « Inscribendatuoest : egosumtibifunerîsauctor. « Quaimeaculpatamen ? nisi si lusisse, vocari -l)(l « Culpapolesl ; nisi culpapolest, et amasse, vocari. « Alqueulinamprote vitam, lecumveliceret « JAeddere ! Sedquoniamfatalilegetenemur, « Sempereris mecum, memoriquehoerebisin ore. « Telyrapuisamanu, te carminanostrasonabunt ;’ii’.'i « Flosquenovusscriplogeinitusimilaberenoslros. « Tempuset illuderit, quose fortissimushéros < ; Addatin hunefiorem, folioquelegaturoonrm. » TaliadumveromemoranturApollinisore, Eccecruor, qui fusushumisignaveratherbam, 210 58.0 MÉTAMORPHOSES. sang. A sa place parut une fleur plus brillante que la pourpre. Elle avail la forme et l’éclat du lis. Seulement elle était rouge, tandis que le lis est blanc. C’était trop peu pour Apollond’avoir opéré cette métamorphose. Sur les feuilles de cette fleur il grava ses sanglots. Les syllabes AI, AI, qu’on y voit tracées, éternisent sa douleur. Sparte se glorifie d’avoir donné le jour à Hyacinthe. Sa mémoire y est encore entourée d’hommages. Tous les ans elle célèbre en son honneur des fêtes consacrées par un antique usage, el qui portent son n^ni. MÉTAMORPHOSE DESCÉRASTES ENBlEBFSE : DESrilOPÉTIDES ENROCHERS. V. o Maisdemandez à Amathonle, féconde en métaux, si elle voudrait avoir vu naître les Propéfides. Elle les désavoue, ainsi que ces hommes dont le front, armé de cornes, leur fit donner le nom de Cérastes. Aux portes de leur ville s’élevait un autel dédié à Jupiter Hospitalier. Cel autel était souillépar le crime. L’étranger, en le voyant rougi de sang, aurait cru qu’on y sacrifiait de jeunes taureaux ou des brebis d’Amalhonie. Bientôt il y était immolé Desinitessecruor, lyrioquenjtenliorostio Flosoritur ; formamquecapit, quamlilia, si non Purpureuscolorhuic, argenteusessetin illis. NonsalishocPhoeboest (is enimfuit auclorhonoris), Ipsesuosgemitusfoliisinscribit, el AIAI 215 Floshabetinscriptum, funestaquelitlcraduclaest. NecgenuissepudetSparlenHyacinlhon ; bonorque Durâtin hocaivi, celebrandaque morepriorum AnnuapradataredeunlHyacinthiapompa. CF.RAST.E COXVERSI IXBOYES

; rROr.ETlDES 

IXSAXA. V— u At si forterogesfecundamAmathuntametaMi, 220 AngenuissevelitPropoelidas, abnuatrcque Atqueillos, geminoquondamquibusasperacornu Fronserat, undeetiamnomentraxereCerastx. AnleforesborumstabatJovisMospitisara, Lugubrissceleris.Quamsi quissanguinetinclam 2~2J Advenavidisset, mactaloscrederetillic Eaclanlesvitulos, amalhusiacasve bidenles. LIVRE S. 581 lui-même. Indignée de ces criminelles offrandes, Vénus s’apprêtait à quitter les villes où elle est adorée, et les plaines d’Ophiuse. « Quelforfait, dit-elle, ont donc commis ces lieux et ces cités que « j’aime ? Que peut-on leur reprocher ? Ah ! plutôt, qu’un peuple « barbare expie ses forfaits par l’exil, par la mort ou par un châli « ment qui tienne le milieu entre la mort et l’exil ! Cechâtiment, « que peut-il être, sinon une métamorphose ? » Tandis qu’elle hésite sur le changement que les Cérastesdoiventsubir, elle aperçoit des cornes sur leur front. Il lui vient dans la pensée qu’elle peut les y fixer, et elle les transforme en taureaux furieux. Cependant les cyniques Propétides osent nier encore sa divinité. Pour venger celle offense, le courroux de la déesse les poussa, dit-on, à donner le premier exemple du trafic de leur beauté. Commeelles avaient dépouillé toute pudeur et que leur front ne savait plus rougir, elles furent changées en rocher. Leur nature avait peu souffert de celte métamorphose STATUEDEPÏCJIALIOK. VI. « Témoindes crimes qui souillèrent leur vie, elplein d’horreur pour les vicesque la nature a mis dans le cœur des femmes, Pygllospeseratcaisus.Saerisoffensanefaudis, Ipsasuasurbes, ophiusiaquearvaparabat DcserercaimaVenus : « Sedquidlocagrala, quidurbes 250 < Peccavercmeai ? quodcrimen, dixit, in il !  : s ? « Exsiliopoenampoliusgensimpiapcudal, « Velnece, velsi quidmédiummortisqucfugïcque, «  « Idquequidessepotest, nibiversaipccnafigurai ? v Dumdubitat, quomuleteos, ad cornuavullum 233 I’lexit, et adinonilaest hrecillisposscrclinqui, Grandiaquein torvostransformaimcnibrajuvtncos. Sunl lamenobsecuaiVeneremPropcclidcsausai Essenegarcdeam.Proquosuauuminisira Corporacuniformaprimasvulgasseferunlur. lin lllqucpudorcessil, sanguisqueinduruitori<, lu riuiduniparvosiliccindiscriminevci’ii.1.. rïùJlALIOMS STATCA. M. i QuasquiaPyginalion ; evumpercrimenagentes Viderai, offen’susviliis, qua ; plurimamenti 382 MÉTAMORPHOSES. malion vivait libre du joug de l’hymen. Longtemps aucune compagne ne partagea sa couche. Cependant son ciseau mit au jour une merveilleuse slatue d’ivoire. Elle représentait une femme que rien ne pouvait égaler, et il devint amoureux de son ouvrage. C’était une vierge : on l’aurait crue vivante. La pudeur seule semblait l’empêcher de se mouvoir : tant l’art parvient à s’effacer ! Dans son enthousiasme, Pygmalion se passionne p’our les charmes dont il est l’auteur. Souvent il approche ses mains de son chef-d’œuvrepour s’assurer si c’est, un corps ou une slatue d’ivoire ; et il doute encore. Il lui donne des baisers, et s’imagine que ces baisers lui sont rendus. 11lui parle, il l’embrasse, ilcroit presser sous ses doigts un corps véritable, et craint d’y laisser une livide empreinte. Tantôt il lui prodigue des caresses, tantôt il lui fait les présents qui plaisent aux jeunes filles, tels que des coquillages, des cailloux ronds, de petits oiseaux, des fleurs nuancées de mille couleurs, des lis, des balles peintes, et l’ambre qui découle des peupliers. Il s’occupe aussi de sa parure. H orne ses doigts de pierreries, et son cou de longs colliers. Des perles pendent à ses oreilles, et des chaines flottent sur son sein. Tout l-’cmineai naturadédit, sineconjugecailebs 2i’i Vivebat, thalamiquediu consortecarebat. lnlereaniveummiraféliciterarte Sculpsitebur, formamquedédit, quafciniuàuasci Nullapotest, operisquesuiconcepitamorem. Virginisest veroefaciès, quamviverecredas, 250 Et, si nonobstetreverentia, veïlemoveri : Arsadeolalet arte sua ! Miratur, et baurit PeclorePygmalionsimulaticorporisignés. Saipemanusoperitentantesadmovet, au sit Corpus, an iliudebur ; necebur tamenessefatelur. 2QO Osculadat, reddiqueputat, loquiturquetenetque, Et crédittactisdigilosinsideremembris, El meluitpressosveniatne livorin artus. Et modoblanditiasadhibet, modogralapuellis Munerafertilli conchas, teretesqueiapillos, 2(>0 Et parvasvolucres, et floresmillecolorum, Liliaque, piclasquepilas, et ab arborelapsas Ëeliadumlacrymas ; ornaiquoqueVestibusartus ; Datdigilisgemmaset longamoniliacollo ; AUrelevésbacca ;, redimiculapeclorependent. -t>5 LIVRE X. 5S5 lui sied ; mais, sans parure, elle n’esl pas moins belle. H la place sur des tapis de pourpre et la nomme son épouse. Enfin il fait reposer sa tête sur un oreiller moelleux, comme si elle était douée de sentiment. n On célébrait dans toute l’île de Chypre la fête de Vénus. On venait d’immoler à la déesse de blanches génisses dont les cornes élaienl garnies d’or. L’encens fumait sur ses autels. Pygmalion y porte son offrande, et, d’une voix timide, il fait celte prière : « Dieux, si vous pouvez tout accorder aux mortels, faites, je « vous en supplie, que mon épouse (il n’ose demander pour « épouse la statue elle-même) ressemble à cet ivoire travaillé « par mes mains ! » La belle Vénus, présente à cette fête, comprend ce vœu. Comme un présage propice, trois fois la flamme brille et s’élance en flèche dans les airs. Pygmalion rentre chez lui, va retrouver sa statue, se penche vers elle et lui donne un baiser. Elle parait avoir la chaleur de la vie. Il l’embrasse encore et touche son sein. L’ivoire s’amollit et cède sous ses doigts. Ainsi la cire de l’Hymette fond aux rayons du soleil, prend mille formes sous la main de l’artiste, et obéit à sa pensée. Cuncladeceul, necnudaminusforniosavidelur. CollocatbancstratisconchaSidonidclinclis, Appellatquetori sociam, acclmalaquucolla Mollibusin plumis, tanquainsensura, reponit. « FestadiesVeneri, totaceleberrimaCypro, 270 Venerat, et paudisinductaicoraibusaurum Conciderantictainiveacervicejuvencre, Thuraquefumabant, quummunerefuuctusad aras Conslilil, et timide : >cSi di dare cunclapotestis, « Sit conjuxoplo(nonausus, eburneavirgo, 27ii « DicerePygmalion), similismea, dixit, eburnai. » Sensit, ut ipsasuis aderatVenusaureafestis, Volaquidilla veîinl, et amicinuminisomen, Flamma1eraccensaest, apicemqueper aéraduxil. Utrediit, simulacrasurepetit ille puella ?  ; 280 Iucumbensque toro déditoscula : visatepereest. Admovetos ilerum, manibusquoquepectoralentat. Tonlatummollescitebur, positoquerigore Subsiditdigitis, ceditqùeut hymetiiasole Ceraremollescit, tractataquepollicemultas 2So Flecliturin faciès, ipsoquefit utilisusu. 5Si MÉTAMORPHOSES. Pygmalion, étonné, s’abandonne timidement à la joie et craint d’être abusé,’foui à l’amour, il palpe mille fois l’objet qu’il adore. C’était un corps vivant. Il sent des veines tressaillir sous sa main. Alors, transporté d’allégresse, il rend grâces à Vénus, et sa bouche presse enfin une bouche véritable. La vierge senl ses baisers el rougit ; elle ouvre à la lumière un œil craintif, et voit à la fois le ciel et son amant. Vénus préside à cet hymne qui est son ouvrage. Quandla lune eut rempli neuf fois son croissant, Paphus vit le jour el donna son nom à File de Paphos. MÏRP.nACHANGÉE ENARBRE. VU. « De cet hymen naquit le fameux Cynire, qu’on aurait pu ranger parmi les heureux, s’il n’eût pas eu d’enfant. Je vais raconter une horrible aventure. Jeunes filles, et vous, pères, éloignez-vous.Si mes chants ont pour vous des charmes, refusez ici de me croire, el rejetez ce récit ; ou, du moins, en l’admellanl comme vrai, croyez aussi au châtiment dont le crime fut suivi. Toutefois, si la nature permet de telles horreurs, je félicite les Thraces et la partie du monde que nous habitons ; je félicitenotre Duriistupet, el timidegatidel, falliqueverelur, Rursusamans, rursusquemanusuavolarétractât. Corpuserat ; saliuntlenlalaipollïcevence. Tum veropapbiusplenissimaconcipithéros 21KJ Ycrba.quibusVenerigralcsagat : oraqnetandem Oresuononfalsapremit ; dataqueoscillavirgo Sensit, et erubuit, limidumqucad luminalumen Altollens, paritercumcoeloviditamantem. Conjugio, quodfecil, adestdea.Jamquccoactis 205 Coruibusin plénumnovieslunaribusorbem, IllaPapbongenuil, dequo lenetinsulanomcn. tmiltlIAIXAECOI1EU J1UTATA. Yll. « Editusbacilleest, qui, si sineproiefuit>M.t, iulcr felicesCyniraspotuissethabcri. Diraciinam.Nala ; proculbine, proculeste ; pareilles ; 300 Aut, measi veslrasmulccbuulcarminamentes, Dcsitin bacinihiparlebdes, neccréditefactum. Vel, si credetis, facliquoquecréditepoenam. Silanicuadmissuinsinithocnaluravideri ; Geulibusismoriis, el noslrogralulororbi ; ÔOJ LIVRE X. 58fj pairie d’être loin des climats qui furent témoins d’un aussi monstrueux forfait. Que l’opulente Arabie produise l’amome, le cinname, le costus, de riches fleurs et l’encens qui distille des arbres ; qu’elle produise aussi la myrrhe : l’arbre qui la donne fut trop chèrement acheté par ces infamies. L’Amour lui-même, Myrrha, soulienf que lu n’as pas été blessée de ses traits, et son flambeau repousse ta sacriiége flamme. Ce fut une des Furies, armée de sa torche infernale, qui souffla dans Ion cœur le venin dont ses serpents étaient gonflés. Haïr son père est un crime ; mais l’aimer de la sorte est un crime plus affreux que la haine. « L’élite des princes brigue la main ; la brillante jeunesse de l’Orient se dispute l’honneur de partager la couche. Parmi tous ces rivaux, choisis un époux, à l’exception d’un seul.CependantMyrrha éprouve des remords et lutte contre son amour impur. « Quelle « fureur m’entraîne ? se dit-elle ; que vais-jefaire ? Dieux, je vous « en conjure, et loi, piété filiale, et vous, droits sacrés du sang, « opposez-vousà cet incesle, et prévenez un tel forfait, si toute « fois c’en est un. En effet, la nature ne condamnepoint mon peu « chant. Les animaux s’unissent sans choix. Le taureau trouve Gratulorbuic terne, quodabeslregionibusillis, Quailanlumgcnuereuefas.Sit divesamomo, Cinnamaque, coslumquesuum, sudalaqueligno Tburaferai, floresquea’iospanchaiatellus, Dumferaiel myrrham : tanlinovanonfuit arbos. 510 Jpscnegalnocuissetibi sua lelaCupido, Myrrha, facesquesuasa criminevindicatislo. Stipilele stygio, tumidisqueafflavitEchidnis, E tribusunasoror.Scclusest odisscparenlem ; Ilic amorest odioniajusscelus. « L’udiqiioKcli 5Iîi Tecupiuntproceres ; lotoqueOrientejuventus AdIhalamicertamenadest.Exomnibusunum Elige, Myrrha, tibi dumne sit iu omnibusunu>. liiaquidemsentit, foedoque répugnaiamori : lit sccuin : « Quomenteferor ? quidmolioi" ? in.uil. 520 e I)i, prccor, et Pielas, sacralaquejura parenl.i : it, ’• Hocprobibclenefas, sceleriqueresislitetauto, « Si tamenhocscclusest.Sedenimdamuarenegulur • HancYenerempielas ; cocunlqucanimalianullo 586 MÉTAMORPHOSES. « naturel de rendre mère la génisse à laquelle il a donné la vie ; le « cheval peut féconder la cavaledont il est le père, le bélier les « brebis qui lui doivent le jour, et l’oiseau le sein qui l’a conçu. « Heureux les êtres qui jouissent de ce privilège ! L’homme s’est « créé des entraves, et de jalouses lois répriment les sentiments « qu’autorise la nature. Il est pourtant descontrées’, dit-on, où le iî ! s « épouse sa mère, et le père sa fille : leur tendresse s’accroît de « tous les feuxde l’amour. Malheureuse ! que n’aije reçu la vie dans « ces contrées ! C’est le hasard de la naissancequi me rend cou « pable. Biaispourquoi revenir à de semblablespensées ? Disparais(isez, espérancesinterdites àmon cœur ! Cinyremérilemon amour, « mais commeun père. Si doncje n’étais la fille de ce grand roi, je « pourrais aspirer à sa couche ! C’est parce qu’il me tient de près « qu’il ne peut èlre à moi ! Nos liens sonlla source de monmal « heur. Étrangère à —Cinyre, je serais plus heureuse. Je veux m’éo loigner et fuir ma patrie pour échapper au crime. Un fatal amour « me retient. Queje puissedu moins contemplerCinyre, toucher ses « mains, lui parler, l’embrasser, s’il ne m’est point permis d’espérer « davantage.Eh ! que peux-tu ambitionner de plus, fillecoupable ? « Coeleradeleclu ; nechabelurturpejuvencai 52o « Ferrepatremtergo ; fit eqnosua Cliaconjux ; « Quasquecreavil, init pecudes, caper ; ipsaque, cujus « Semineconceptaest, exiUoconcipitaies. ti Felices, quibusista licent ! Humanamalignas « CuradéditUges, et quodnaturaremittit, 530 « Invidajura negant.Gentestamenesseferuntur, « In quibuset nalogenilrix, et nalapaieuli (iJungitur, et pielasgeminalocrescitamore. « Memiseram, quodnonuascimibicontigitillic, « Fortunaquelocilaidor ! Quidin istarevolvor ? 33ii a Spesiuterdictai, discedile.Dignusamari <tIlle, sedut paler, est. Ergosi Dlianiagni

  • NonessemCinyroe, Cinyraiconcumbere

possem. NNuncquiatammeusest, nonestmeus, ipsaquedamno « Est mibiprosimitas : aliénapotentioressem. 5i0 « Ire libetproculhinc, patriosquerelinquerefines, « Dumsceluseffugiam.Hetinelmaluserroramantem, « UtprcesensspectemCinyram, taugamque, loquarquc, « Osculaque admoveam, si uil coucedilurultra. o UUraautemspeiarealiquidpolesl, irnpiaTirgo ? 545 LIVRE X. 587 « Ne vois-fu pas que lu confondstous les noms, tous les droits ? « Veux-tudonc être la rivale de ta mère et l’amante de ton père ? « Veux-ludevenir la sœur de ton fils et la mère de ton frère ? Ne « crains-tu pas les Furies hérissées de serpents, que les méchants « voient toujours agiter à leurs yeux des torches menaçantes ? « Myrrha, tes mains sont encore pures. Garde-toi d’ouvrir ton « cœur au crime ; garde-toi d’enfreindre par une monstrueuse « union les saintes lois de la nature ! Quand même Cinyre ac « cueillerait les vœux, ils trouvent en eux-mêmes leur condam « nation. Mais son âme est vertueuse ; il respecte ses devoirs. « Et j’ose désirer qu’il partage mon délire ! » « Elle dit. CependantCinyre, parmi tant de rivaux dignes de sa fille, hésite sur le choix qu’il doit faire. H lui demande, en les désignant chacun par son nom, quel est celui dont elle, veut être l’épouse. Myrrha d’abord garde le silence, et, tenant ses regards attachéssur le front de son père, elle brûle : des larmes ardentes roulent dans ses yeux. Cinyreles attribue à la timidité d’une vierge, et lui défend de pleurer ; il essuie ses larmes et lui donne un baiser. Myrrha.le reçoit avec une joie trop vive ; et, quand son père lui demande encore quel époux elle désire : « Un époux qui vous a Nec, quotconfundaset jura et nomina, sentis ? o Tuneeriset matrispellex, et adultérapatris ? « Tunesorornati, genitrixquevocaberefratris ? o Necmeluesatroerinitasanguesorores, « Quas, facibussaivisoculosatqueorapelenles, 330 t Noxiacordavident ? Attu, dumcorporenones f.Passa, nefasanimone concipe, nevepotenlis « Concubiluvetitonaturoepolluefoedus. « Yelleputa ; res ipsavelal ; pinsille, memorque e Juris ; et, o ! vellemsimilisfuroressetin illo ! » .553 « Dixerat, at Cinyras, quemcopiadignaproeomm, Quidfaciat, dubitarefaeit, seilalurab ipsa, Nominibusdiclis, cujusvelitessemaiiti. Illasiletprimo, patriisquain vullibuslioerens, £îsluat, el tepidosuffunditiuminarore. 360 VirgineiCinyrashseccredensessetimoris, Flerevetat, siccatquegênas, atqueosculajungit. Myrrhadatisnimiumgaudet, consultaque, qualem Oplethaberevirum, « Similemtibi, » dixit.Atille 58S

MÉTAMORPHOSES
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o ressemble, » dit-elle. Il loue cette réponse, dont il ne pénètre point le sens. « Conserve toujours la même piété filiale, » lui répond-il. Aumot de piété, Myrrha, qui connaît son cœur criminel, baisse les yeux. La nuit était parvenue au milieu de sa course. Le sommeil allégeait les fatigues et les peines des mortels ; mais la fille de Cinyre, dévorée par une indomptable passion, veille el roule dans son âme ses projets furieux. Tour à tour elle désespère, elle veut tout oser, elle rougit, elle désire. Elle ignore à quel parti elle doit s’arrêter. Comme un grand arbre frappé par la hache ne sait, en attendant le dernier coup, de quel côté il va tomber, el fait de toute part redouter sa chute. Myrrha, atteinte de blessures diverses, flotte et penche tantôt vers un parti, lanlôt vers un autre. Enfin son amour ne trouve de trêve ou de repos que dans la mort. Elle choisit la mort, et se lève résolue de mettre fin à ses jours par un lacet.fatal. Elle attache sa ceinture à une poutre, et s’écrie : « Cher Cinyre, adieu ; sache-le bien, lu es la « cause de mon trépas ! » A ces mots, elle passe son cou dans le funeste lien. « Le son confus de ses paroles était parvenu, dit-on, aux oreilles de la fid"le nourrice qui gardait la porte de son appartement. La Nonintcllcclamvocemcollaudat, et, « csto 505 « Tarnpias ? mper.i*ait. Pielatisnominediclo, Dcmisitvultusscelcrissibi conseiavirgo. Nocliseral médium, curasqueet corporasoinnus Solveral.Atvirgoeinyreiapcrvigiligni Carpilurindomilo, furiosaquevotarétractai. 570 Et mododesperal, modovult lenlare ; pudetque, Et cupit ; et, quodagat, noninvenit ; ulquesecuri Fauciatrabsingens, ubi plaganovissimarestât, Quocadat, in dubioest, omniquea parlelimeUir ; Sicanimusvariolabefaclusvulnerenutat 575 Lïuclevis, atqueilluc ; momenlaquesumitulroque. Necmodusaut requics, nisi mors, reperiluramons. Morsplacet.Erigilur, laqueoqueinneclerefanées Destinât, el, zonasummode posterevincta : e CarcvaleCinyr.’i ; causnmte intelligcmorlis. » 5S0 Dixit, et aptabatpallenlivinculacollo. « Murmuraverborumfidasnutricisad aures PerveniïSeferunt, limenservanlisalumnrc. LIVRE X. 589 bonne vieille accourt et ouvre les portes. A la vue des funèbres apprêts, un cri s’échappe de sa bouche, et, au même instant, elle meurtrit son sein, déchire ses vêtements, arrache le tissu et le met en lambeaux. Puis elle s’abandonne aux larmes, embrasse la jeune princesse, et veut connaître les molifs de sa détermination. Myrrhagarde le silence et fixe sur la terre un regard immobile. Elle s’afflige de voir interrompre ses efforts pour hâter son trépas. La nourrice insiste, et, découvrant ses cheveux blancs et son sein aride, elle conjure Myrrha, par les soins qu’elle prit d’elle au berceau, de lui confier ses chagrins. Myrrha se détourne et gémit. La nourrice, toujours inébranlable, la presse de nouveau, et ne se borne plus à lui promettre une éternelle foi. « Parlez, dit-elle, et souffrez que je vous prête mon appui. « Mavieillesse est encore active. Ètes-vous tourmentée par l’a « mour, je trouverai dans les plantes et dans les paroles magi « ques un remède certain. Êtes-vous sous l’empire d’un maléfice, « je vous en affranchirai par un charme. La colère des dieux « s’est-elle appesantie sur vous, on peut l’apaiser par des. sait orifices. Que puis-je supposer encore ? La fortune vous sourit ; « votre famille est heureuse au sein de l’abondance ; votre père el a voire mère sont vivants, » A ce nom de père, Myrrhapousse un Surgitanus, reseratquefores ; morlisqueparatre instrumentavidens, spatioconclamatcodera, 385 Sequeferit, scinditquesinus, ereptaquecollo Yinculadilaniat.Tumdeniquefierevacavit, Tumdareeomplexus, laqueiquerequirerecausam. Mutasilctvirgo, terramqueimmolaluetur, El deprensadolettardaiconaminamortis. 390 Instatanus, canosquesuos, et inanianudans Ubera, percunasaliraentaqueprimaprecatur, Utsibi committat, quidquiddolet.Illaroganlem Aversatagémit.Certaest exquirerenutrix, Necsolamsponderefidem : « Die, inquit, opemque 595 « Mesineferrelibi ; non est meapigraseneclus. « Seufurorest, habeoqua*. carminésanetet îierbis ; « Sivealiquisnocuit, magicolustrabereritu ; « Siveestira deum, sacrisplacabilisira.

» Quidrear ullerius ? Cerlefnrlunadomusque 

400 " Soupes, et in cursuest, vivuntgenilrixquepat, rque. » Myrrha, paireaudilo, suspiriaduxilabimo 22. 590 MÉTAMORPHOSES. profond soupir. Cependant sa nourrice ne soupçonne encore aucun mal ; mais elle devine qu’elle souffre de l’amour. Immuable dans sa résolution, elle la supplie de lui révéler son secret. La bonne vieille la place sur ses genoux toute mouillée de larmes, et, la serrant dans ses débiles bras : « Je le vois, dit-elle, vous ai « mez ; mais bannissez toule crainte. Ici encore mes services vous e seront utiles : jamais votre père ne connaîtra cet amour. » Myrrha, éperdue, s’arrache de ses bras, et, pressant sa couchede son front : « Éloigne-toi, je t’en prie, lui répond-elle ; épargne une infortunée « que la honte accable. » La nourrice la presse plus vivement. « Éloigne-toi, poursuit Myrrha, ou cesse de me demander la cause « de ma douleur. Ce que lu veux apprendre est un crime. » La nourrice frémit ; elle lui tend ses mains tremblantes à la fois de vieillesse et de terreur, et tombe en supplianteà ses pieds. Tantôt eUela flatte, tantôt elle la menace, si elle ne la prend point pour confidente, d’aller révéler à son père le falal lacet et les apprêts de sa mort. D’un autre côté, elle promet de servir son amour, si elle lui en livre le secret. Myrrharelève la tête, et inonde de larmes le sein de sa nourrice. Souventelle tente un aveu, souvent elle étouffe sa Yoix ; et, enveloppantde sa robe son visage Pectore ; necnulrixeliamnumconcipitullum Mentenefas, aliquemquetamenpnesentitamorem ; Propositiquelenax, quodcumquesit, oral, ut ipsi 405 Indicet, et gremiolacrymantemtollitauili, Atqueitacompleclens infirraismembralacertis : c Sensitnus, inquil, amas ; et in hocmea(ponetimorem), <--Sedulilasent aptatibi, néesentietunquam c IIocpater. » Exsiluilgremiofuribunda, torumque 410 Orepremens : <iDiscede, precor, miseroquepudori « parce, ait ; instanti, discede, aut desine, dixit, « Quairere, quiddole3m : scelusest, quodscirelaboras. «  c Horretanus, tremulasquemanusannisquemeluque Tendit, el antepedessupplexprocumbitalumnaî, " 415 Et modoblanditur, modo, si nonconsciafiât, Terret, et indiciumlaquei, coeptoeque minatur Mortis, et ofûciumcommissospondetamori. Extulitillacaput, lacrymisqueimplevilobortis Pectoranulricis, conalaquesoepefaleri, 420 Stepeteuetvocem, pudibundaque vestibusora LIVRE X. 591. couvert de honte : « 0 ma mère ! dit-elle, tu es heureuse d’avoir « Cynire pour époux ! » Elle s’arrête et soupire. La nourrice, qui a tout compris, sent un froid mortel se glisser dans ses veines, el ses cheveux blancs se dressent sur sa tête. Elle s’efforce, par mille exhortations, de bannir ce fatal délire du cœurde Myrrha.Celle-ci reconnaît la sagesse de ses conseils.Maiselle a résolu de mourir, si elle n’obtient l’objet de son amour. « Vivez, lui dit sa nourrice ; vous posséderez votre… » Mais, n’osant ajouter le mot père, elle se lui, et confirma sa promesse d’un signe de lête. « Des femmes pieuses, couvertes de voilesblancs, célébraient les fêles annuelles où elles offraient à Cérès les prémices de leurs fruits et des couronnes d’épis. Pendant neuf jours, elles s’abstenaient de s’approcher de leurs époux. Avecelles Cenchréis, la reine, prenait part aux mystères sacrés. Tandis que la couche de Cinyre est veuve de sa légitime compagne, l’artificieusenourrice, voyant le roi chanceler sous les fumées du vin, lui peint sous un nom supposé une amante véritable, et fait l’éloge de sa beauté. Cinyre demande son âge : « Celui de Myrrha, » dit-elle. Le roi lui ordonne de la conduire près de lui. Dèsque la nourrice est renTexit ; et : « 0, dixit, feliceniconjugemalrem ! » ïïactenus, et gemuit.Gelidosnulricisin artus, Ossaque(sensitenim)pénétrâttremor, albaqueloto Verticecanitiesrigidisstelithirtacapillis. 425 Mullaque, ut exculereldiros, si posset, amores, Addidil.Atvirgoscitse nonfalsamoneri. Certamoritamenest, si nonpolialuramato. « Vive, ait hoec ; potièretuo, » nonausa, parente, Dicerc, conticuit, promissaque numinefirmat. 150 « FestapiaiCereriscelebrabantannuamatres. Illa, quibusniveavelataicorporaveste Primitiasfrugumdant, spiceaserta, suarum ; Perquenovemnoctcsveneremtactusqueviriles In vetitisnumerant.TurbaCenchréisin illa ^, I ; J Régisadestconjux, arcanaquesacrafréquentai. Ergolégitimavacuusdumconjugelectus, NaclagravemvinoCinyrammaiesedulanulrix, Nominemenlito,.veros exponitamores, Et faciemlaudat.Quaîsitisvirginisannis, 440 c Par, ait, isl Myrrlioe.

» Quampostquamadducerejussaesl, , 592 

MÉTAMORPHOSES trée : « Réjouissez-vous, ma chère enfant, lui dil-elle ; noustriom « plions. » L’infortunée princesse ne peut entièrement ouvrir son âme à la joie. De tristes pressentiments l’affligent, et pourtant elle éprouve du plaisir ; tant ses pensées se combattent ! « C’était le moment où règne le silence, et le Bouvierroulait obliquementson char entre les étoiles de l’Ourse. Myrrhamarche à son crime. La chaste Dianefuit du céleste parvis, et les astres se cachent sous d’épais nuages. La nuit a perdu tous ses feux. Icare est le premier à se voiler la face, ainsi qu’Erigone, placéedans les cieux par sa piété filiale. Trois fois le pied de Myrrhase heurte contre un obstacle en signe d’avertissement ; trois fois le funèbre hibou fait entendre uu présage de mort. Cependantelle avance. Lesprofondesténèbres de la nuit diminuent sa honte. Delà main gauche elle lient sa nourrice, et de la droite elle explore le chemin. Enfin elle louche à l’appartement de son père. Elle ouvre la porte ; elle entre. Ses genoux tremblent el se dérobent sous elle. Elle pâlit ; son sang se retire ; son couragel’abandonne. Plus elle approche de l’inceste, plus elle en a horreur, et, rougissant de son audace, elle voudrait retourner sur ses pas sans être reconnue. Utquedomumrediit : * Gaudemea, dixit, alumna ; « Yicimus. » Infelixnonlotopectoresentit Laililiamvirgo, pricsagaquepectoramoerenl. Sedtamenet gaudet : tantaest discordiamenlis ! 445 « Tempuserat, quocunclasilent, interqueTriones FlexeratobliquoplaustrumlemoneBooles. Adfacinusvenitillasuum.Fugitaureaeoelo Luna ; leguntnigrailatitanliasidéranubes ; Noxcaretignésuo ; primostegis, Icare, vultus, 450 Frigonequepiosacralaparenlisamore. Terpedisoffensisignoest revocala ; ter omen Funereusbuiiotelbalicarminéfecit. It tamen, et tcnebraiminuunt, noxqueatrapudorem ; Nutricisquemanumlaîvatenet, altéramotu 455 Caecumiterexplorai.Thalamijamliminatangit ; Jainqueforesaperit ; jamducilurinlus.Atilli Poplilesucciduogenuainlremuere, fugilque lûtcolor, et sanguis, animusquerelinquileuntem. Quoquesuopropiorsceleri, magishorret, el ausi 450 IVenilet, el velletnoncognitapossereverli. LIVRE X. 503 Tandis qu’elle hésite, sa nourrice l’entraîne, la conduit près de son père, el dit : « Je vous la livre, Cinyre ; elle est à vous. » Et elle les unit par un abominable lien. Le-père reçoit sa propre fille dans sa couche criminelle ; il calme les scrupules de sa pudeur,.et s’efforce de la rassurer. Peut-être aussi, par un privilège de son âge, il l’appelle sa fille, et elle répond : Monpère ! afin que rien, pas même ces noms sacrés, ne manque à leur forfait. « Myrrha sorl du lit de son père, emportant dans ses flancs maudits un fruit sacrilège, le fruit de l’inceste. La nuit suivante, renouvelle son crime, sans y mettre fin. Après avoir plusieurs fois goûté l’amour dans ses bras, Cinyre brûle enfin de connaître son .amante. A la clarté d’un flambeau, il voit et sa fille et son attentat. La douleur enchaîne sa voix.Il tire du fourreau son épée étincelante suspendue à son lit. Myrrha s’échappe. Les profondes ténèbres de la nuit la dérobent à la mort. Elle s’enfuit à travers la campagne, laissant derrière elle les plaines de l’Arabie couvertes de palmiers, et celles de la Panchaïe. Neuf fois la lune l’avait vue errante, lorsque enfin,.épuiséede fatigue, elle s’arrêle dans les champs de Saba. A peine peut-elle supporter le fardeau renfermé dans son sein. Irrésolue, partagée entre la crainte de la mort et le dégoût de la Cunclanlemlongaivamanudeducit, et alto AdmolamlectoquumIraderet : « Accipe, dixil ; « Istatua est, Cinyra, » devolaquecorporajunxil. Accipitobscenogenilorsuavisceralecto, 465 Yirgineosque incluslevât, horlaturquetimenlem. Forsitanailatisquoquenomme, Filia, dicat ; Dicatet illa, Pater, scelerine nominadesinl. « Plenapalristhalamisexcedil, et impiadiro Seminafert utero, conceplaquecriminaportât. 470 Posteranoxfacinusgeniinat, néefinisin illaest. QuumtandemCinyras, aviduscognoscere amanlem Posttoi concubilus, l’Haloluminevidit Et seelus, et nalam, verbisquedolorcretentis, Pendenlinilidumvaginaderipitensem. 475 Myrrhafugit, tenebrisel caicremunerenoctis Interceptaneci, latosquevagataperagros, PalmiferosArabas, panchaîaquerura relinquif, Perquenovemerravitredeunliscornualunai, Quumtandemterrarequievilfessasaboea ; 4S0 Vixqueuteri porlabatonus.Tumnesciavoli, Atqueinlermortisquemeluset trediaviloe, 394

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vie, " elle fait cette prière : « Dieux, s’il en est d’accessibles à la « voix du repentir, j’ai mérité le plus cruel supplice et je suis « prête à— m’y soumettre. Mais je ne veux souiller ni les regards « des vivants, en restant sur la terre, ni les regards des ombres, « en descendant chez les morts. Fermez-moi donc leur séjour, « et par une métamorphose dérobez-moi en même temps à la « vie et au trépas. » Le repentir trouve des dieux propices : le dernier vœu de Myrrha fut exaucé. Elle parlait encore, lorsque la terre couvrit ses pieds ; des racines se firent jour, à travers ses ongles pour servir d’appui à un tronc élevé. Ses os devinrent un bois solide, en conservant leur moelle ; mais son sang se changea en suc, ses bras en longues branches, ses doigts en rameaux, et sa. peau en dure écorce. Déjàsa grossesse avait disparu sous les développements de l’arbre ; ils gagnaient son sein et aUaient atteindre son cou. Myrrha, loin de s’opposer à ces progrès, pencha sa tête pour les faciliter, el plongea sa face dans l’écorce. Quoique cette métamorphose ail élouffé son ancienne passion, elle pleure encore. Des larmes ardentes coulent de cet arbre, et ces larmes sont d’un grand prix. Le parfum qui en découlé porte son nom, et le rendra célèbre dans tous les siècles. Est taies exorsapreces’: « 0, si qua patetis « Ruminaconfessis, merui, nectristerecuso « Supplicium.Sèd, ne violemvivosquesnperstes,. 485 « Mortuaqueextïnctos, ambobuspelliteregnis, « Mutatoeque mibivitamquenecemquenegate. » Numenconfessisaliquodpalet.Ultimacerte Votasuoshabueredeos.Namcruraloquentis Terrasupervenit, ruptosqueobliquaper ungues 490 Porrigiturradix, longifinnaminatruncï ; Ossaqueroburagunt ; mediaquemanenlemedulla, Sanguisit in succos, in magnosbrachiaramos, In parvosdigiti ; duraturcorticepellis. Jamquegravemcreseensulerum^erstrinxerâtarbor, 495 Pectoraqueobruerat, collumqueoperireparalial. Nontulitillamoramvenientiqueobvialigno Subsedit, mersitquesuosin corticevultus. Quie, quanquamamisitvelerescumcorporesensus, Fiettamen, et tepidoemanantexarboregnttaî. 500 Esthonoret lacrymis ; stillataquecorticeMyrrha Nomenheriletenet, nulliquelacebiluraivo. LIVRE X. 395 METAMORPHOSE DADONIS EXANEMONE, DATALA.NTE ETD’HIPPOMESE ENLIONS, HEMENTUA ENMENTHE. VUI. « Cependantle fruit d’un horrible inceste avait crû, et cherchait à s’ouvrir un passage hors du tronc où sa mère était cachée, et dont les flancsappesantis se dilataient de plus en plus. MaisMyrrhamanquait de voix pour exprimer’sa douleur. Au moment d’être mère, elle ne pouvait appeler Lucine à son secours. L’arbre semble en travail, se courbe et pousse des gémissements redoublés ; il est baigné des larmes qui s’échappent de son ècorce. Lucine, attendrie, s’approche de l’arbre en souffrance ; elle y porte ses mains, et prononce les paroles propres à l’accouchement. L’arbre se fend, l’écorce s’ouvre : il en sort un enfant qui crie. Les Naïadesretendent sur l’herbe tendre et l’embaument des pleurs de sa mère. L’Envie elle-même vanterait sa figure. Il ressemble à ces Amours que les peintres représentent nus sur la toile ; et, si l’on veut que l’œil s’y méprenne, qu’on lui donne un carquois, ou qu’on l’ôte aux Amours. Le temps fuit à notre ADONIS INANEMONES !, ATALAXTA ETHIPPOMEXES IXLEO.NES, MEXTHÀ IXS1ENTHASI HUTANTUR. V1I1. « At maieconeeplussubroborecrèveraiinfans, Quairebalque viam, quase, génitricerebcta, Exsereret.Mediagravidustumetarboreventer ; 505 Tenditonusmatrem ; nec babentsuaverbadolorcs ; NecLucinapotestparienlisvocevocari. Nitentitamenest similis, curvataquecrebros Datgemitusarbor, lacrymisquecadentibushUmet. Constititad ramosmitisLucinadolentes, 510 Admovitque manus, et verbapuerperadixit. Arboragitrimas, et lissacorticevivum Reddit’onus, vagitqucpuer ; quemmollibusherbis Naidesimposilumiacrymisunxer2parentis. Laudaretfaciemlivorquoque.Qualianamque 515 CorporanudorumtabulapingunturAmorum, Taliserat ; sed, ne faciatdiscriminacultus, Aulhuicaddelevés, aut illisdemepharetras. Labilurocculte, fallitquevolatilisoetas ; 590

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insu et s’envole d’une aile rapide : rien n’est plus passager que nos ans. Fils de sa sœur et de son aïeul, enfermé naguère dans un arbre el né depuis peu, Adonis est— déjà le plus beau des enfants. Bientôt adolescent et bientôt homme fait, il se surpasse lui-même en beauté. Il plaît à Vénus, et va venger les feux de Myrrha. « Un jour Cupidon, armé de son carquois, embrassait sa mère, el, sans le savoir, d’un trait dont la pointe s’avançail il déchira son sein."Ladéesse, se sentant blessée, repoussa son fils. La plaie était plus profonde qu’elle ne le paraissait. Vénus elle-mêmey fui d’abord trompée. Éprisedes charmes d’Adonis, elle oubliaCylhôre, elle ne visita plus ni Paphos qui s’élève au milieu des mers, ni Gnide abondante en poissons, ni Amathonte riche en métaux. Elle ne se montra mômeplus à la céleste cour. Elle préférait Adonis au ciel. Elle ne pouvait s’en séparer, et s’attachait partout à ses pas. Accoutuméejusqu’alors à goûter le repos sous l’ombrage, ou à rehausser ses attraits par la parure, elle errait dans les bois, sur les monts el sur les roches buissonneuses, un genou nu el la robe relevée, commeDiane. Elle excitait les chiens, et chassait une proie innocente, les lièvres agiles, les daims et les cerfs Et nibilest annisvclocius.Illesorore 520 Nalus, avoquesuo, qui condilusarborenuper, Nupereratgcnilus, modoformosissimus infans, Jamjuvcnis, jamvir, jamse formosioripsoest ; Jamp’.acelet Veneri, malrisqueulcisciluri ; -nes. « Namquepbarelralusdumdat puer oscu’".malri, 523 Insciusexslanlideslrinxilarundincpcctus. Ltesamanunatumdeareppulit, alliusaclun, Vulnuserat specie, primoquefefelleratipsam. Caplaviriformanonjamcytbereiacurât Liltora, nonaltorepelitPapbonaiquorecinclani, Soi* Piscosamquc Gnidon, gravidamvcAmathunlaîr.clalii. Abslii : ctet coelo ; coeloprxfcrturAdonis. Hunetcuel ; huiccornesest ; assuelaquesemperin umbra Indulgcresibi, forinamqueaugerecolcndo, Perjtiga, persilvas, dumosaque saxavogalur <>’•• Nudagenu, vcsleniritu succiuclaDiana.’, Horlalurquecanes, luloequeanimaliapricda-, Aut])ronoslepores, autcélsumin cornuaccrvuui, LIVRE X. 597 à la haule ramure. Elle n’avait garde d’altaquer les intrépides sangliers, elle évitait les loups ravisseurs, les ours armés de griffes terribles, et les lions qui se gorgent du sang des troupeaux. Elle t’engageait aussi, Adonis, à les craindre. Maisde quoi pouvaient servir ses conseils ? « Déploie ton courage contre les « animaux timides, te disait-elle. L’audace est dangereuse contre « l’audace. Évite une témérité qui compromettrait mon bonheur. « Ne poursuis pas des animaux armés par la nature, et dédaigne « une gloire qui me coulerait trop cher. Ton âge, ta beauté, tes « grâces, qui ont triomphé de moi, ne pourraient charmer les « yeux ni le cœur des lions ou des sangliers. Dans leurs dé « feuses les sangliers fougueux portent la foudre ; la colère im « pôtueuse des lions est plus formidable encore. Je hais cette « race cruelle. » Adonis lui en demande la cause. « Je vais le « l’apprendre, répond-elle. Tu seras étonné de la métamorphose « qui punit une ancienne faute. Maisj’éprouve une fatigue ex « traordinaire. Voici un peuplier dont l’agréable ombrage invite « au repos. Le gazon nous servira de siège. Asseyons-nous ensemble. » Et elle s’assied. En même temps elle presse l’herbe tendre et son amant. Puis, la tête penchée sur le sein d’Adonis, Aulagitâtdamas.Aibrlibusabstinelapris, liaptoresquclupos, armaiosqueunguibusursos 540 Vital, et armentisaturatoscaîdeIeones. Tequoque, ut boslimeas, si qurdprodesscmonendo Possit, Adoni, monet : « Forlisquefugacibusesto, « loquit.In audacesnonest audacialula. s Parcemeo, juvenis, temerariusessepericlo ; S45 « Neveferas, quibusarmadédit natura, lacesse, « Sletmihine magnotua gloria.Nonmovetoelas, « Necfaciès, nec quaiVeneremmovere, leoncs, « Seligerosquesues, oculosqueanimosqueferarum. ti Fulmenbabentacresin aduncisdentibusapri ; ob’O « Impetusest fulvis, et vastaleonibusira ; « Invisumquemibigenusest. n Quaicausa, roganti, « Dicam, ail, et veterismonslrummirabereculpai. « Sedlaborinsolitusjam melassavit, et ecce

» Opportunasua blanditurpopulusumbra, 

S5S « Datquelorumcespes.Libetbac requiesceretccum « (Etrequievit), humo ; » pressitqueet gramen, etipsum ; n laquesinujuvenispositacervice, reclinis £3 398

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elle commence ce récit, qu’elle interrompt souvent par ses baisers. « Peut-être às-lu entendu parler de la jeune fille qui surpassait « à la course les hommes les plus agiles. Ce qu’on en raconte n’est « pas une fable : elleles surpassait en effet, et l’on n’eût pu dire « ce qu’on admirait davantage en elle, ou. sa vitesse ou sa beauté, o Un jour elle consultal’oracle sur le choix d’un époux : « Tu n’as « pas besoin d’époux, Atalante, répondit le dieu : fuis l’hymen. « Cependant tu ne le fuiras pas toujours. Vivante, tu seras privée « de toi-même. » Épouvantée de ces paroles, Atalante craint l’hy « men, • et passe sa vie dans d’épaisses forêts. Auxinstances de « ses nombreux prétendants, toujours inflexible, elle oppose cette « condition : « Je n’appartiendrai qu’à celui qui m’aura vaincue « à la course. Entrez en lice avecmoi : le vainqueur obtiendra ma « main ; mais la mort sera le partage du vaincu : telle est la loi du « combat. » Cetteloi était cruelle. Toutefois, tel est l’empire de la « beauté, que de téméraires rivaux s’y soumirent en foule, « Spectateur d’une lutte inégale, Hippomène s’écrie : « Eh « quoi ! c’est à travers de si grands dangers qu’on cherche une « femme ! » Il condamne leur imprudent amour. Mais, à peine « a-t-il vu Atalante, à peine s’est-elle montrée sans voile à ses re » Sicait, ac mediisinterseritosculaverbis : « Forsilanaudierisalïquamcertaminecursus 560 « Yelpcessuperasseviros.Nonfabularumor « Illefuit(superabalenim), necdicereposses, , « Laudepedum, formoenebonoprsestantioresset. KScitantideusbuicde conjuge : « Conjuge, dixit, « Nil opïisêsVAtalanta, tibi.Fugeconjugisusum. ^ 503 « Neclaineneffugies ; tequeipsavivacarebis. » « Territasortedeiper opacasinnnbasilvas « Yivit, et inslaotemturbamviolentaprocorum « Conditionsfugat : « Necsurnpoliunda, nisi, inquit, « Victapriuscursu.Pedibuscontenditemecum. 570 « Proemiavelociconjuxthalamiqùedabunlur. KMorspreliumtardis : ea lescertaininiscsto.s « Illaquidemimmitis ; sed (tanlapolenliaformaiest ! ) « Yenitad banclegemteraerarialurbaprocorum.’ « SederatHippomenes cursusspectatoriniqui, 575 « Et : < : Petiturcuiquamper tantapericulaconjuxI » « Dixerat, ac nimiosjuvenumdamnaratamores. t Utfaçiem, cl positocorpusvelaminevidit, LIVRE X. Ô99 « gards, (elle que je suis, tel que tu serais sous les traits d’une « femme, qu’il reste ébloui, et, levant les mains : « Pardonnez, « dit-il, vous que j’accusais naguère. Je ne connaissaispas le prix « où votre ambition aspire. » En louant Atalanle, il s’enflamme « et redoute l’envie. « Pourquoi, se dit-il à lui-même, ne tente « rais-je pas les hasards du combat (et il fait des vœux pour « qu’aucun des prétendants ne la dépasse) ? Les dieux secondent « le courage. » Tandis que ces pensées roulent dans son esprit, « Atalante part, aussi prompte que l’oiseau. Quoiqu’elleeût passé « comme une flèche rapide sous les yeux d’Hippomène, ses charcimes lui parurent plus admirables : la course avait rehaussé sa « beauté. Sa robe flottante découvre ses pieds légers. Sur ses « épaules d’ivoire voltigent ses cheveux, et ses genoux se des « sinent sous des franges brodées. Aux lis de son corps virgi « nal se mêle une teinte rose comme ces voiles de pourpre qui, n suspendus aux blanches colonnes des théâtres, y reflètent leur « couleur. Hippomène observe encore ; mais Atalante atteint déjà « la dernière limite el couronne de laurier son front victorieux. « Les vaincus subissent, en gémissant, la peine convenue. RQuàlemeum, velqualeluum, si feminafias, a Obstupuit, lollensquemanus : « Ignoscile, dixit, 5S0 « Quosmodoculpavi.Nondummihiprannianota, « Quaepeteretis, eraut. » Laudandoconcipil"igneui, « Invidiamquelimet. « Sedcur certaminishujus « {Etne quisjuvenumcurratvelociusoptât), « lntentatamihi fortunarelinquitur ? inquit. 385 « AUdentesdeusipsejuvat. » Dumtaliasccuin « ExigitHippomenes, passu-volaialitevirgo. « Quaiquanquamseythicanon seciusire sagitta « Aoniovisaestjuveni ; lamtinille decorein « Miraturmagis, et cursusfacitipsedëcdreni, 590 « Aurarefertablalàcilis talariaplanlis, « Tergaquejactanturcrinesper eburnea, quaique e Peplitibussuberantpiclogenualialimbo. « tnquepuellaricorpuscandoreruborem « Traxerat, haudaliter, quamquumsuperalriavélum 595 « Candidapurpureumsimilcmdat et inficitumbram. c Dumnotai loechospes, decursanovissimamêlaest, « Et tegiturfestavictrixAtalantacorona. « Dantgemilum.vicli, penduntqueèx foederepoenas. 400 MÉTAMORPHOSES. « CependantHippomène, sans être effrayé du sort de ces jeunes « rivaux, s’avance au milieu de l’arène, el, les yeux fixés sur Ata « lanle : « Pourquoi, dit-il, rechercher la gloire d’un facile triom « phè sur de faibles adversaires ? Combats contre moi. Si la o fortune me donne la victoire, tir n’auras pas à rougir d’un si « noble vainqueur. Je suis fils de Mégaréequi règne à Qhchesle, « et j’ai Neptune pour aïeul. Ainsi je descends du roi des eaux,. « et mon courage ne le cède pas à ma naissance. Si je suc « combe, la défaite d’Hippomènecouvrira Ion nom d’une gloire « immortelle. » A ; ces mots, la fille de Schénée lui lance un « doux regard. Elle ne sait si elle doit souhaiter de vaincre ou a d’être vaincue. « Quel dieu,. dit-elle, ennemi des beaux jeunes « gens, a donc juré leur perte, et les oblige à briguer cet hymen « au péril de leurs jours ? Non, je le sens, ma main nô doit pas « coûter si cher. Ce n’est point la beauté d’Hippomène qui me « plaît ; pourtant, je pourrais en être charmée. Que dis je ? c’est « encore un enfant. Ce n’est pas lui, c’est son âge qui m’intéresse ; « c’est son courage intrépide en présence de la. mort ; c’est sa « naissance, qui, par trois degrés, remoule jusqu’au dieu des « mers ; c’est surtout son amour, qui lui fait attacher tant de prix « Nontameneventujuvenumdelerritushorum 600 « Conslilitin medio, vulluquein virginefixo : e Quidfacilemlitulumsuperandoquàirisinertes ? « Mecumconfer, ait. Seume Fortunapolentem KFceérit, a taulononindignaberevinc !  ; « ftamquemihigenilor.Megareus Onehestius. LUi C05 « Est Neptunusavus ; pronepqsegorégisaquarum ; « Necvirluscilra genusest. Seuvincar, babcbis « Hippomcne viclomagnumet memorabilenomen. » r. TaliadicenlemmolliScboeneia vultu « Aspicit, el dubitat, superarian vinceremalit. 610 « Atqueita : « Quisdeushuneformosis, inquil, iniquus « Pcrd’erevult, earaîqucjubetdiscriminevilce « Conjugium .pelcrehoc ? Nonsum, me judicc, lanti. 7 « Necformalairgor ; poleramtamenbacquoquetangi. « Quid ? quodadhucpuercsl.Nonmemovelipse, sedoilas.G15 <-. Quid ? quodinestvirtus, et mensinterritalethi. « Quid ? quodab icquoreanumeraturoriginequarlus. « Quid ? quodamat, tantiquepulatconnubianoslra, LIVRE X. • 401 « à ma main, qu’il est prêt à mourir, si le Sort barbare la lui re « fuse. Étranger, fuis ; il en est lempsiencore.Renonceà un hymen « sanglant. Celtealliance est cruelle. Il n’est point de femme qui « ne se trouve heureuse d’unir sa destinée à la tienne, et tu es « fait pour fixer les vœux d’une fille sage. Maisd’où vient l’intérêt « que je prends à toi, lorsque lanl de prétendants ont déjà suc « combé ? Qu’il prononce lui-même ; qu’il meure, puisque le sort « de ses rivaux ne suffit pas pour l’avertir, el qu’il esl dégoûtéde « la vie. 11périra donc pour avoir voulu vivre avec moi ? Un in « digne trépas sera le prix de son amour ? Mavictoire sera peu « digne d’envie ; mais on ne saurait m’en faire un crime. Puisses « tu changer de résolution ! Si ton amour insensé l’emporte, « puisses-tu, du moins, être plus agile que moi ! Quelle grâce « virginale dans ses traits ! Ah ! malheureux Hippomène, pour « quoi me suis-je offerte à tes regards ? Tu méritais de vivre. Si « j’étais plus heureuse, si un sort impitoyable ne m’interdisait « l’hymen, tu serais le seul auquel je voudrais appartenir. » Ainsi « parle Atalante. Dans sa simplicité, atteinte d’une première « flamme, elle ignore ce qu’elle éprouve ; elle aime sans connaître « l’amour. Déjà le peuple et les grands demandent que la course a Ut pereat, si meForsillidura negarit. n Dumlicet, hospes, abi, thalamosquerelinquecruentos.G20 fiConjugiumcrudelemeumest. Tibinuberenulla c Nolet, et oplaripotesa sapienlepuella. « Curtamenestmihicura tui, lot jam ante peremplis ? « Yiderit.Inlereat, quoniamtôt caideprocorum c Admonitusnon est, agiturquein laidiavitai. 623 o Occidethic igitur, voluitquiaviveremecum ? c Indignamque necempretiumpatieturamoris ? « Nonerit invidiaeVictorianostraferendai. a Sednonculpameaest. Ulinamdesislerevellesï « At, quoniames démens, utinamvelocioresses ! 050 « Alquamvirgineuspuerilivultusin ore est ! « Ah ! miserHippomène, nollemtibi visafuissem ! « Yiveredignuseras.Quodsi felicioressem. « Necmihiconjugiumfalaimportunanegarent, KUnuseras, cumquo sociarecubiliapossem. » 055 « Dixerat, utquerudis, primoqueCupidinetacla, « Quodfacitignorans, amat, et nonsentitamorem. « Jamsolitosposcuntcursuspopulusquepaterque, 40-2 . MÉTAMORPHOSES. « commence. Alorsle rejeton de Neptuneimplore mon appui d’une « voix inquiète : « Puissela déesse de Cythère favoriser monentre « prise, et proléger les feux qu’elle vient d’allumer ! » Le zéphyr « propiceapporta ces vœuxflatteurs jusqu’à moi. Je fus émue, je « l’avoue, et je lui prêtai un secoursqui ne souffrait point de relard. « AChypre, dans le vallon le plus fertile, il est une plaine que <cles habitants appellent Tamase, et que leurs ancêtres m’ont « consacrée en l’ajoutant aux terres qui dolent mes autels. Au « milieu de celle plaine s’élève un arbre au bruyant feuillage, « couronné de pommes d’or. Je venais d’en cueillir au hasard « trois que je tenais encore. Divisible pour tous, excepté pour « Hippomène, je l’abordai, el lui appris l’usage qu’il devait en « faire. Tout à coup la trompelle donne le signal. Les deux an « lagonisles s’élancent de la barrière avec ardeur. Leurs pieds « agiles rasent la terre. On dirait que, sans les mouiller, ils Hpourraient effleurer l’onde, ou courir sur les blonds épis sans « en courber la tête. Hippomèneest excité par les cris, les ap « plaudissemenlset les exhortationsqu’on lui adresse : « Courage ! « courage ! Hippomène, redouble d’efforts ; presse tes pas ; dé « ploie toutes tes forces ; hâte-toi, et tu vaincras ! » Le fils de « Quumme sollicitaproiesneptuniavoce fi InvocalHippomenes

: « Cythcreiacomprecorausis G-iG 

« Adsit, ait, nostris, et, quosdédit, adjuvetignés. » Detulitauraprecesad me noninvidablandas, Molaquesum, fateor ; necopismoralongadabatur. « Est ager, indigenailamaseumnommedicunt, « Telluriscyprioeparsoptima, quemmihiprisci G45 « Sacraveresenes, tempîisqueaccederedolem « Uancjnsseremeis.Medionitetarborin arvo, « Fulvacomam, fulvorarniscrepitanlibnsauro. « Ilinctria fortemeaveniensdeeerptaferebam « Aureapomamanu ; nulliquevidenda, nisiipsi, G50 « Hippomenen adii, docuiquequisusus in illis. « Signaluboedederant, quumcarccrepronusuterque fiEmicat, et summamcéleripedelibatarenam. « Possepûtesillossiccofrétaraderepassu, « El segeliscanaîstantespercurrerearistas. 655 « Adjiciuulanimosjuveniclamorque, favorque, « Verbaquedicentum : <Nunc, mineincumberetempus « Hippomène, propera ; nuncviribusuterelotis ; LIVRE X. 405 « Mégarée est peut-être moins flatté de ces paroles que la fille « de Schénée elle-même. Combien de fois, pouvant le dépasser, « elle modère son essor ! Combien de fois, après l’avoir longi temps regardé, elle en détourne les yeux, malgré elle ! La « fatigue commençait à dessécher le souffle d’IIippoméne ; et « pourtant la borne était encore éloignée. Alors il lance mie « des trois pommes d’or. Atalante, surprise, brûle de la ramasser, « suspend sa course, et saisit le fruit roulant.. Hippomène la « devance : l’arène retentit d’applaudissements. Atalante, répa « rant par son agilité les moments perdus, laisse de nouveau « Hippomène derrière elle, et, quoique relardée par un second « fruit qu’il a jeté, elle le ramasse et dépasse encore son rival. « Il ne restait qu’un dernier espace à franchir. « Maintenant, dit « le fils de Mégarée, viens à mon aide, ô déesse qui m’as fait ce « présent ! » Aussitôt, afin qu’Atalante s’arrête plus longtemps, « Hippomène, par un mouvement oblique et avec toute la vi « gueur de son âge, lance sa dernière pomme d’or dans la lice. « La jeune fille semble hésiter. Je la contrains à saisir le fruit, et « je le rends plus lourd dans ses mains. Ce poids et le temps qui « s’écoula causèrent du retard. Enfin, pour ne pas rendre mon « Pellemoram ; vinces.s Dubiummegareiushéros « Gaudeat, an virgomagisbis schoeneiadictis. 660 « Oquoties, quumjam possettrausire, morataest, « Speclatosque diu vultusinvita reliquil ! « Ariduse lassoveniebatanhelitusore, fi Metaqueerat longe.Tumdeniquede tribusunum c Foetibusarboreisproiesnepluniamisit. 005 « Obstupuitvirgo, nitidiquecupidinepomi KDéclinâtcursus, aurumquevolubiletollit. « ProeteritHippomenes. P>esonant spectaculaplausu. « Illa moramcélericessataquetemporacursu « Corrigit, atqueiterumjuvenempostlergarelinquit ; 070 a Et rursuspomijacturemoratasecundi, « Consequilur, Iransitquevirum.Pars ultimacursus « Restabat : « Nunc, inquit, ades, deamunerisauctor ; » « Inquelaluscampi, quotardiusilla rediret, « Jecitab obliquonitidumjuvenilileraurum. 675 « Anpeteretvirgovisaest dubitare.Coegi « Tollere, et adjecisublatopondéramalo, « Impediiqueonerisparitergiavitatemoraque. 404

MÉTAMORPHOSES
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« récit plus long crue celte course, Atalante fut devancée, et le « vainqueur emmena sa conquête. « Ne mêrilais-je pas, mon cher Adonis, sa reconnaissance et « son encens ? Eh bien, l’ingrat ne m’offrit ni encens ni actions « de grâces. Soudain le courroux s’empara de mon âme/Blessée « d’un tel mépris, je voulus, par un exemple, m’en épargner un « semblable pour l’avenir, et je m’excitai à la vengeance contre « les deux époux. Ils passaient un jour près d’un temple que « l’illustre Échion avait jadis fait élever au fond d’un bois en <<l’honneur de la mère des dieux. La fatigue d’un long voyage « les invitait au repos. J’allume dans le cœur d’Hippdmône des « feux hors de saison. Non loin du tenîple s’ouvre un réduit fai « blement éclairé. On dirait une grotte taillée dans le roc. C’était « un asile sacré où le prêtre avait déposé plusieurs images en « bois des, dieux antiques. Hippomène y pénètre avec sa com « pagne, et le souille par une horrible profanation. Les dieux dé « tournent leurs regards. La déesse au front couronné de tours « veut précipiter’les. coupables dansleSfyx ; mais ce châtiment « lui paraît trop doux. Aussitôt leur cou se couvre d’une crinière « Kevemeussermocursusit lardiorillo, « Proeteritaest virgo.Duxitsua proemiaTictor. GSO « Dignane, cui gratesageret, cui thurishonorem « Perret, Adoni, fui ? Necgratesimmémorë’git, « Necmihithuradédit.Subitamconvertorin iram, « Contemptuque dolens, ne sim spernëndafuturîs « Exemplocaveo, mequeipsaexhorlorin ambos. 6S5 e Tempîadeûmmatri, quaiquondamelàrusEchîon « "Feceratexvoto ; nemorosîsabditasilvis, . « Transibant, et iler longumréquiesceresuasit. « Illicconcubitusintempestivacupido « OccupâtHippomenen, a.minimeconcitanoslro. C9Q « Luminis.exiguifûeratpropelemplarecessus « Speluneaesimilis, nativopumiceteclûs, « Pielligione sacerprisca, quomullasacerdos « Ligneacontuleratvelerumsimulacradeorum, « Huneinit, et velitolemeratsacrariaprobro. G% « Sacraretorseruntoculos, turritaqueMater, « Anstygiasontes, dubitavit, mergeretunda. « Poenalevisvisaest.Ergomodoloevïafulvai « Collajuboevêlant ; digilicurvanturin ungues ; LIVRE X. 405 « fauve ; leurs doigts s’arment d’ongles aigus ; leurs bras se « changent en pieds ; tout le poids de lem’corps tombe sur leur « poitrine, et leur queue balaye la poussière. La colère respire « dans leurs traits. Au lieu de parler, ils rugissent et habitent les « forêts. Lions terribles, ils obéissent au frein sous la main de « Cybèle.Fuis-les, cher Adonis ; fuis toutes les hèles féroces, qui, « loin de tourner ; le dos, présentent leur poitrine au chasseur. « Crains que ton courage ne nous soil funeste à tous deux. » « Après avoir donné ces conseils, Vénus s’élance dans les airs sur son char attelé de cygnes.L’intrépide Adonis rejette ces avis. Sa meute, attachée à la trace d’un sanglier, l’avait lancé hors de sa bauge. Il était prêt à sortir de la forêt, lorsque le fils de Cinyre le frappe de côlé. Soudain le monstre, d’un coup de boutoir, repousse Pépieu sanglant. Furieux, il poursuit le chasseur tremblant qui cherchait un asile, lui plonge ses défenses dans l’aine, et le renverse expirant sur le sable. Vénus, emportée dans l’espace sur son char, n’était pas encore parvenue à Chypre. Elie reconnut de loin les derniers gémissements d’Adonis, et dirigea vers lui ses cygnes éblouissants. A peine, du haut des airs, l’ao.Exhumerisarmifiunt ; in peeloralotum 700 « Pondusabil ; summaicaudaverrunturarenai ; Glramvullushabet ; pro vernismurmurareddunt ; « Prolhalamiscélébrantsilvas ; aliisquetimendi KDentepremuntdomitocybeleiafrenaleones. « Hoslu, caremihi, cumquebisgenusomneferarum, 705 « Quainonlergafugoe, sedpugncepectorapraibent, « Effuge, ne virtustuasil damnosaduobus. » « Illaquidemmonuit, junclisqueper aéracygnis, Carpititer.Sedstat monitiscontrariavirlus. Fortesuemlatebris, vestigiacerlaseeuli, 710 Exciverecanes, silvisqueexireparanlem Fixeraiobliquojuveniscinyreiusiclu. Protinusexcussitpandovenabularostro, Sanguinetinclasuo, trepidumqueet tuta pelcnlem Truxape.rinsequilur, tolosquesub.inguinedentés 715 Abdidit, et fulvamoribundumslravitarcna. Yectalevicurru médiasCythereaperauras Cypronolorinisnondumperveneratalis. Af-novitlongegemilummorientis, et albas Flevitavesilluc.Ikqueanherevidital>alto 720 23 ; 40G

MÉTAMORPHOSES
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l-elle vu étendu sans vie et inondé de sang, qu’elle se précipite vers lui, déchire ses vêtements, s’arrache les cheveux, se meurtrit cruellement le sein, et, accusant le Sort : « Non, dit-elle, il ne « sera pas tout entier ta proie. Cher Adonis, j’éterniserai le mo « nument de ma douleur. Tous les ans la mort, retracée dans « des fêtes solennelles, renouvellera l’image de mon deuil. « Ton sang sera changé en fleur. Eh quoi ! Proserpine aura pu « métamorphoser une femme en menthe, el il me serait refusé « d’opérer un semblable prodige en faveur du fils de Cinyre ! » Elle dil, et arrose de neclar le sang d’Adonis. Au contact de la liqueur divine, il s’enfle. Telle la pluie élève des bulles diaphanes en tombanl sur l’onde. En moins d’un instant, de ce sang naît une fleur vermeille, semblable à la grenade dont une souple écorce enveloppeles graines. Maiscette fleur esl éphémère. Attachées à sa tige par de faibles liens, ses feuilles légères tombent sous le souffle des mêmes vents qui lui donnent son nom. » Exanimem, inquesuojactanlemsanguinecorpus, Desiluit, parilerquesinus, pariterquecapillos Rupit, et indignispercussilpectorapalmis, QuestaquecnmFalis : « Atnontamenomniavestri « Juris erunt, inquit.Luctusmonumentamanebunt 725 e SemperjAdoui, mei ; repetilaquemortisimago « Annuaplangorisperagetsimulaminanoslri. c Atcruorin floremmutabilur.Antibiquondam e Femineosartus in olentesverlerementhas, a Persepbone, licuil ; nohiscinyreiushéros 750 « Iuvidiaimutatuserit ? « Sicfata, cruorem Nectareodoralosparsit.Quitaelusab illo Intumuil, sicutpluvioperlucidacoelo Surgcrehuilasolet.Necplenalongiorbora Faclamoraest, quumflosdesanguineconcolorortus, 755 Qualeni, quailentocelantsub corticegranum, Punicaferresoient.Brevisesl tamenususin illo ; Namquemaiehairenlem, et nimialevilalecaducum Excutiuntîdem, quipraistantnominavenli.i> LIVRE ONZIÈME ORPHEEESTDECHIRE PARLESBACCHANTES. — UNSERPENT ESTCHANGÉ EXPIERRE. I. Tandis qu’Orphéeentraîne les forêts, les animaux féroces et les rochers, sensibles à ses magiques accords, les Ménades, couvertes de la dépouille des bêtes sauvages, et agitées par les fureurs de Bacchus, l’aperçoivent du haut d’une colline, mariant sa lyre à sa voix. L’une d’elles, les cheveux épars, s’écrie : « Voilà, voilà celui qui nous méprise. » A ces mots, elle frappe de son thyrse la bouche mélodieuse du prêtre d’Apollon. Maisle thyrse, entouré de feuilles, n’y laisse qu’une légère empreinte. Une autre lui lance un caillou qui fend l’air. Mais, vaincu par les accents et la lyre harmonieuse d’Orphée, il tombe à ses pieds, et semble LIBER UNDECIMUS OBrHEUS A BACCIIIS DISCERPTUS. — AKGUIS ïti LAPIDEM CONVERSDS, I. Carminédumtali silvas, animosqueferarum Threiciusvates, et saxasequeutîaducit, EccenurusCiconum, tectcelymplialaferinis Pectoravelleribus, tumulide verticecernunt Orphea, percussissocianlemcarminanervis. "> E quibusuna, ievemjaclatocrineper auram : « En, ait, en hicest nostriconteraplor ; « et haslam Yatisapollineivocaliamisit in ora, Ouïefoliisproesulanotamsinerulnerefecit. AUcriustelumlapisest. Quimissus, in ipso 10 Aèreconcentuvictusvocisquelyroequeest ; 408 MÉTAMORPHOSES. demander grâce pour un si monstrueux forfait.Les attaques recommencent ; l’audace ne connaît plus de bornes ; partout se déchaîne une aveugle fureur. La lyre d’Orphée aurait émoussé tous les traits ; mais les cris effroyables, les flûtes de Bérécynlhe, les tambours, les battements de mains et les hurlements des Bacchantes, étouffent ses accords. Sa voix n’est plus entendue, et les rochers sont teints de son sang. La foule innombrable des oiseaux, des reptiles et des bêles sauvages était encore ravie de ses accents. Les Bacchantes dispersent d’abord les témoins de sa gloire. Ensuite elles tournent contre lui leurs mains ensanglantées, et s’attroupent comme les oiseaux autour d’un hibou qu’ils ont vu errer à la clarté du jour. Elles l’enveloppent comme le cerf qui, dès le matin, doit être dans le cirque la proie des chiens. Ellesfondent sur lui, et le frappent de leurs thyrses ornés de pampres verts destinés à un autre usage. Celles-cilui lancent des mottes de terre, celles-là des branches d’arbres, d’autres des pierres : leur fureur trouve partout des armes. Non loin de là, des bœufssillonnaient les champs, et de roAcvelulisupplexpro tarafurialibusausis, Antepedesjacuit.Sedenimlemerariacrescunt Bella ; modusqueabiit, insanaquerégnâtErinnys. Gunctaquelelaforentcanlumollila ; sedingens 15 Clamor, et iriflatoberecynfhiatibiacornu, Tympanaque, p’aususqueet bacebeiululalus Obslrepueresonocilbarai.Tumdeniquesaxa Nonesaudilirubueruntsanguinevatis. Acprimumattonilasetiamnumvocecaneatis 20 Innumerasvolucres, anguesque, agmenqueferarum, Mamados orpheititulumrapuerethealri. Indecruenlatisverlunturin Orpheadextri ?, Et cœunt, ul aves, si quandoluce vagantem Noclisavemcernunl ; slrucloqueutrinqueIhcalro, 25 Ceumatulinacervuspcrilurusarena, Praida.caniim est ; valemquepetunt, el frondevirent : ConjiciuntIhyrsos, nonlitecin munerafactos. liaiglebas, illaidereptosarboreramos, Parslorqucntsilices : necdesuutlelafurori. 50 Porlcbovespressosubigebantvomereterrain ; LIVRE XI. 409 bustes laboureurs, préparant la récolte de l’année, ouvraient à force de sueur un sol rebelle. A l’aspect des Bacchantes, ils s’enfuient, laissant leurs outils dispersés dans la campagne, les sarcloirs, les pesantes herses, les longs noyaux. Ces furies s’en emparent ; puis, arrachant leurs cornes aux bœufs, elles se précipitent de nouveau sur Orphée pour l’immoler. C’est en vain qu’il les supplie en leur tendant les mains. Pour la première fois ses paroles sont impuissantes. La troupe sacrilège reste inflexibleel lui donne la mort. Son dernier soupir s’exhale à travers celte bouche dont les accents, ô Jupiter ! furent entendus des rochers, et compris même des monstres sauvages. Orphée, les oiseaux attristés, les bêtes féroces, les durs rochers, les forèls, si souvent attirées par les chants, déplorèrent ta perle ; les arbres se dépouillèrent de leur feuillage en signe de douleur ; les fleuves eux-mêmes se grossirent, dit-on, de leurs propres larmes ; les Naïades el les Dryadesprirent le deuil et laissèrent leurs cheveux épars. Ses membres furent dispersés. L’Hèbre reçut sa têle et sa lyre. O prodige ! cette lyre, en roulant au sein des flots, murmura quelques sons plaintifs ; celte langue, déjà glacée, poussa un gémisscNecproculbine, mullofructumsudoreparantes, Duralacertosifodiebanlarvacoloni. Agminequi visofugiunt, operisquerelinquunt Armasui ; vacuosquejacentdispersaperagios 55 Sarculaque, rastriquegraves, longiqueligones. Quaipostquamrapuereferai, cornuqueminaci Divellereboves, ad vatisfatarecurrunl ; Tendenlemque manus, el in illotemporeprimum Irrita dicenlem, necquidquamvocemovenlem 40 Sacrilegaiperimunt ; perqueos (probJupiter ! )illud Audilumsaxisinlellectumqueferarum Sensibus, in ventosanimaexlialatarecessit. Temoeslaivolucres, Orpheu, le turbaferarum, Terigidaisilices, tua carminasîepeseculai, 45 Fieveruntsilvai ; positiste frondibusarbos, Tonsacomam, luxit.Lacrymisquoquefluminadicunl Incrcvissesuis ; obscuraquecarbasapnllo Naïdeset Dryades, passosquebabuerecapiilos. Membrajacentdiversaloeis.Caput, Uebre, lyramque 50 F.Kcipis ; el (mirum ! )mediodumlabituranme, Plebilenescioquidquerilurlyra, flebilelingua 410 MÉTAMORPHOSES. ment lugubre, et les rives répondirent à ces tristes accents. Déjà, emportées vers la mer, eues quittaient lé fleuve qui baigne la Tlirace, et touchaient au rivage de Méthymne, , dans l’île de Lesbos, lorsque, sur ces bords étrangers, un horrible serpent attaqua la tête d’Orphée et sa chevelure humide. Apollon paraît enfin. I ! écarte le reptile prêt à mordre, et le pétrifie, la gueule béante, dans l’attitude où il se trouvait. L’ombre d’Orphée descend aux Enfers, et reconnaît les lieux qu’il a déjà visités. Il cherche Eurydice parmi les âmes justes. Il la trouve et la presse tendrement dans ses bras. Là ils se promènent l’un à côté de l’autre. Tantôt il la suit, tantôt il la précède, et il regarde son Eurydice, sans craindre désormais qu’elle lui soit ravie. LESMÉNADES SONTMÉTAMORPHOSÉES ENARRRES. IL Cependant Bacchusne laissa pas ce crime impuni. Indigné de la mort du poêle qui célébrait ses mystères, pour punir les femmes de Thraee, coupables d’un si horrible attentat, il les enchaîna soudain dans les forêts par des racines tortueuses II allongea Murmurâtexanimis ; respondentflebileripa ;. Jamquemareinvectaifiumenpopularerelinquunt, Et methymnaîaipotiuhtùrliltoreLesbi. 55 Hicférusexpositumperegrinisànguisarenis Ospetit, et spàrsosstillanlirorecapillos. TandemPhoebusadest, morsusqueinferreparantem Arcet, et inlapidemrictus serpentisaperlos Congelât, et patulos, ut erarit, indùrathiatus. GO Umbrasubitterrasfet7quâîlôca~videratânte, Cunctarecoghosêit, qûoerênsque per afva piôrum InvenitEurydicen, cupidisqùeamplèctilurulnis. Hicmodoconjunctisspatianlurpassibusambo : Nuncproecedènlem sequitur, nuncpraiviusanteit, 65 Eurydicenquesuamjam tuto respicitOrpheus. MONADES INARBORES.MOTANTUR. II. Nonimpunetamenscelushoc sinitesseLyreus ; Amissoquedolenssacrorumvale suorum, Protinus.iasilvismatresEdonidasomnes, Qua ; fecerenefas, torta radiceligavit. 10 LIVRE xi. m les doigts de leurs pieds et les enfonça dans la terre, suivant le degré de fureur qui les anima dans leur crime. Semblable à l’oiseau qui, pris au piège d’un adroit chasseur, gémit et resserre lui-même en se débattant le nœud qui l’enlace, les Ménades, fixées au sol, furent saisies d’effroi et essayèrent vainement de fuir. Une racine flexible les retint et rendit leurs efforts impuissants. Elles cherchèrent où étaient leurs pieds, leurs doigls, leurs ongles. Déjàleurs jambes étaient changées en tiges. D’une main désespérée elles voulurent meurtrir leurs flancs ; mais elles frappèrent le tronc d’un chêne. L’écorce envahit leur poitrine et leurs épaules ; leurs bras s’étendirent. On les eût pris pour des rameaux véritables, el. l’on ne se serait pas trompé. MIDASCONVERTIT TOUTENOR. Ul. C’était trop peu pour Bacchus. Il quitta ces campagnes. Suivi d’un chœur plus fidèle, il se transporta sur le Tmole qui lui est consacré, et se rendit sur les rives du Pactole. A cette époque, ce fleuve ne roulait point des parcelles d’or, et son sable précieux n’éQuippepedumdigilos, in quantumquoequesecutaest, Traxit, et in solidamdetrusitacumineterrain. Utquesuum laqueis, quoscalîidusabdiditauccps, Crusubi commisitvolucris, sensitqueteneri, Plangitur, ac trepidansadstringitvinculamotu ; 75 Sic, ut quaiqnesolodefixacohoeseratharum, Exslernalafugamfrustra Lenlabat ; at illam Lentatenetradix, exsultantemqueeoercet. Dumqueubi sint digiti, dumpesubi quoerit, et ungues, Aspicitin lereteslignumsuccederesuras, SO El conatafémurmcerentiplangeredextra, Roborapercussit.Pectusquoqueroborafiunt ; Roborasunt humeri ; porrectaquebrachiaveros Esseputesramos, et non fallareputando. JUDASOÎIKIAINAURUH VEUTIT.’ III. Necsalis hocCacchoest. Ipsosquoquedeseritagros, S5 Cumquechoromeliore, sui vinetaTymoli, Paclolonquepetit, quamvisnonaureusillo Tempore, neccaris erat invidiosusarenis. 412 MÉTAMORPHOSES. tait pas encore un objet d’envie pour les mortels,.tes Satyres et les Bacchantes, son cortège ordinaire, se pressaient sur ses pas. Silène seul était absent.’Des paires phrygiens l’avaient surpris chancelant sous le poids des ans et du vin, et, après l’avoir enchahié avec des guirlandes de fleurs, l’avaient conduit à la cour de Midas, initié aux mystères de Bacchus par Orphée el l’Athénien Eumolpus. Dès que Midaseut reconnu l’ami el le compagnon du dieu,’il ordonna, en l’honneur.d’un-.tel hôte, un banquet somptueux, qui se prolongea sans interruption durant dix jours et dix nuits. Lorsque l’astre du matin chassa, pour la onzième fois, les étoiles, le roi, plein d’allégresse, ramena Silène dans les champs de Lydie, elle rendit à son jeune nourrisson. Charmé de retrouver le soutien de son enfance, "Bacchus fit à Midasune offre agréable, mais funeste ; il lui promit d’exaucer ses vœux. Midas devait abuser de ce don : « Que tout ce que je toucherai, dit-il, se convertisseen or ! » Bacchus y consentit, et lui accorda ce fatal privilège, -tout en regrettant que son vœu ne fût pas plus sage. . Midas se retire, transporté de joie, et se féMcitede son malheur. Pour éprouver l’effet des promesses de Bacchus, il touche Hune, assuelacohors, SalyriBacchasque fréquentant. AtSilenusabest.Titubantem. annisquemeroque 00 Ruricolaiceperephryges, vïnctumquecoronis AdregemtraxereMidam, cui tbraciusOrpheus OrgiatradideratcumcecropioEumolpo. Quisimujagnovitsocium, comitemquesacrorum, ..Hospîlisadventufestumgenialileregit. _ … .95 Per bisquinquedies, et junctasordinenocles.. Et jam slellarumsublimecoegeratagmen Luciferundecimus, lydosquumloelusin agros Rexvenît, et juveniSilenumredditaiumno. Huicdeusoptandigratum, sedinutile, fecil ICO Munerisarbitrium, gaudensaltorereceplo. Illemaieusurusdohis, ait : « Effîce, quicquid Corporeconligero, fulvumvertaturin aurum. » Annuitoptatïs, nocituraquemunerasolvit Liber ; at indoluit, quodnon meliorapetisset. 1C3 Laitusabit, gaudelquemaloberecynthiushéros, Pollicilainque fidemtangendosingulatentai. LIVRE XI. 415 tous les objets. A peine peut-il en croire ses yeux. Il détache une branche d’un chêne peu élevé, et elle se métamorphose en rameau d’or. Il ramasse une pierre, elle se change en or. Il touche une glèbe, et, en la louchant, il en fail un bloc d’or. 11coupe des épis mûrs : c’est une gerbe d’or. S’il cueille un fruit, on dirait une pomme des Hespérides.S’il touche les portes de son palais, l’or rayonne sous ses doigts. Enfin l’onde qu’on verse sur ses mains devient une pluie qui pourrait tromper encore Danaé. A peine peut-il contenir les espérances dont son cœurest rempli : tout est or dans sa pensée. Tandis qu’il est au comble de la joie, ses esclaves dressent une table qu’ils chargent de plats. Mais le pain qu’il louche devient or, et les mets qu’essayent de broyer ses dents avides, dès qu’elles les effleurent, disparaissent sous le métal brillant. L’eau pure qu’il mêle à la liqueur du dieu qui lui fit ce don ruisselle en flotsd’or sur ses lèvres. Surpris de ce malheur nouveau, riche et pauvre à la fois, il veut fuir son opulence. Il maudit maintenant ce qui fut naguère l’objet de ses vœux. Au sein de l’abondance, rien n’apaise sa faim ; Yixquesibicredens, nonallafrondevireutem Ilicedetraxilvirgam : virgaaureafaclaest. Tollitbumosaxum : saxumquoquepalluitauro. 110 Conligitet glebam : contactuglebapotenti Massafît. ArentesCererisdecerpsitarislas : Aureamessiserat.Demptumtenetarborepomum : Hesperidasdouasseputes.Sipostibusaltis Admovitdigiios, postesradiarevidenlur. 115 Ille etiamliquidispalmasubi laveratundis, UndafluenspalmisDanaeneluderepossct. Yixspesipsesuasanimocapit, aureatîngens Omnia.Gaudenlimensasposuereminislrj, Exstructasdapibus, nec tosteefrugisegenles. î-0 Tumvero, siveillesua cerealiadexlra Muneracontigerat, cerealiadonarigebant ; Sivedapesavidoconvelleredenteparabat, Laminafulvadapes, admotodénie, premebat. Miscueratpuris auctoremmunerisundis : Ï25 Fusileper rictusaurumfluitarevideres. Altonitusnovilalemali, divesquemiserque, Effugercoptâtopes, et, quaimodovoverat, odit. Copianullafamemrelevât : sitisaridaguttur 414 MTAMORPHOSES. la soif brûle sa gorge aride. H repousse l’or qui lui fait subir de justes tortures ; et, tendant au ciel ses mains et ses bras tout brillants d’or : « Pardonne-moi, Bacchus, dit-il. Je suis coupable. Prends pitié de mon sort, je t’en conjure, et délivre-moides maux enfantés par une illusion. » Les dieux sont indulgents. Désarmé par cet aveu, Bacchus révoque sa promesse et retire à Midas son funeste présent. « Pour que tes mains, lui dit-il, ne soient plus empreintes de cet or aveuglément convoité, va te plonger dans le fleuve voisin des superbes remparts de Sardes. Franchis le sommet de la montagne d’où tombent ses eaux ; remonte jusqu’aux lieux où il prend naissance, et, dans l’onde qui à sa source mêmejaillit en flots écumants, baigne ta tête, et purifie à la fois ton âme et ton corps. » Le roi, docile à cet ordre, se rend au Paclole. La puissancede tout changer en or passe du corps de Midasdans le fleuve. Le germe, déposéjadis dans ses eaux, dissémine, encore aujourd’hui le précieux métal à travers les champs qu’il arrose. APOLLON DONNEA MIDASDESOREILLES D’ANE. IV. Guéri de sa passion pour l’or, Midasaimait les champs, les Uni, et invisomerilustorqueturah auro. -150 Adcoelumque manus, et splendidabrachialollens : « Daveniam, Lenoeepater.Peccavimus, inquil. Sedmiserere, precor, speciosoque eripedamno. » Mitedeumnumen.Bacchuspeccassefatentem Reslituit, paclamquefidem, datamunera, solvit : 155 « Nevemaieoptalomaneascîrcumîitusauro, Vade, ait, ad magnisvicinumSardibusamnenî ; Perquejugummontislabentibusobviusundis Carpeviam, donecveniasad fluminisortus : Spumiferoque tuumfonti, quaplurimusexil. 1-10 Subdecaput, corpusquesimul, simuléluecrimen. » Rexjussaisucceditaquai.Visaureatinxit Flumen, et humanode corporecessitin amnem. Nuncquoquejam veterisperceptoseminevence Arvarigent, auromadidispallentiaglebis. 145 MID£PHCEEUS ADEES ASIK1KAS TKIEniT. IV. Ille, perosusopes, silvaset rura colcbat, LIVRE XI. 415 bois et le dieu Pan qui habite les antres des montagnes. Mais il conservait un esprit lourd, et sa sottise devait lui être encore aussi funeste qu’auparavant. De sa cime élevée, le Tmole domine les mers. Il est difficile à gravir, et ses vastes flancs s’étendent d’un côté jusqu’à Sardes, de l’autre jusqu’à l’humble Hypèpes.Là Pan fait entendre ses chants aux jeunes Nymphes, et module des airs légers sur son chalumeau. Il ose mépriser les accords d’Apollon, comme inférieurs aux siens, el engage avec lui un combat inégal. Le dieu du Tmole est choisi pour arbitre. Le vieux juge prend place sur sa montagne, et dégage ses oreilles de la forêt qui couvre sa lête. Une simple couronne de chêne ceint sa noire chevelure, el des glands pendent autour de ses tempes. Il jette les yeux sur le dieu des troupeaux, et dit : « Votre juge est prêt. » Pan fait résonner ses pipeaux rustiques, dont la sauvage harmonie charme Midas, présent à cette lutte. Le Tmole tourne ensuite vers Apollonsa tête vénérable, et sa forêt suit ce mouvement. Apollons’avance, le front radieux, couronné du laurier du Parnasse. Sa robe de pourpre traîne en longs plis sur la terre. Une Panaquemontanishabitantemsemperin anlris. Pinguesedingeniummansit, nocituraque, ut anle, Rursuserantdominostolids ? prîecordiamentis. Nam, frétapropiciens, laterigetarduusalto 150 Tmolusin ascensu, clivoqueexlentusulroque, Sardibusbine, illincparvisGniturIlypaipis. Panibi dumtenerisjactatsua carminaNymphis, Et levéceratamodulaturarundinecarmeu, Aususapollineospraese contemnerecantus, 155 JudieesubTmolocertamenvenitad impar. Montesuoseniorjudexconsedit, et aures Libéralarboribus.Quercucomacairulatantum Cingitur, et pendentcircumcavatemporaglandes. Isquedeumpecorisspectans : « In judiee, dixil, 100 Nullamoraest. » Calamisagrestibusinsonatille, Earbaricoque Midan(aderatnamfortecaiienti), Carminédelinit.Posthunesacerora retorsit Tmolusad os Phoebi ; vultumsuasilvaseculaesl. Illecaputflavumlauroparnassidevinctus 1G5 Yerrithumumlyriosaluralamuricepalla ; 410

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lyre ornée de pierreries et d’ivoire est dans sa main gauche ; la droite lient l’archet. Son attitude est celle du dieu de l’harmonie.’ D’un doigt savant il touche les cordes. Le Tmole, ravi de leursaccords, conseille à Pan d’avouer que ses pipeaux le cèdent à la lyre. Le jugement du dieu de la montagne réunit tous les suffrages. Midàsseul l’attaque et le déclare injuste. Apollonne peut laisser plus longtemps à des oreilles si grossières la figure de celles de l’homme : il les allonge, les couvre d’un poil gris, et’leur donne la faculté de se mouvoir en tous sens. Midas conserve la forme humaine, à l’exception de ses oreilles, qui ressemblent à. celles de l’âne indolent. Il les cache sous la tiare écarlale qui couvre sa léle, et cherche à dérober sa honte à tous les yeux. Maiselle n’échappe point à l’esclave dont les ciseaux coupent ses cheveux. Malgréson vif désir, il n’ose révéler cette difformité. Incapable de discrétion, il s’éloigne, fait un trou dans la terre, et y murmure à voix basse qu’il a vu les longues oreilles du roi. Puis il comble la fosse, comme pour enterrer son secret, et se retire en Distinclamque fidemgemmiset denlibusindis Suslineta laiva ; tenuitmanusaltérapleclrum. Artificisstatusipsefuit. Tumstaminadoelo Pollicesollicitât.Quorumdulcedinecaplus 170 PanajubetTmoluscitharâisubmittere’cannas. Judiciumsanctiqueplacetsententiamonlis Omnibus.Arguiturtanîcn, atqueinjustavocatiir rjniussermoneHidaî.NecDeliusaures Humananistolïdaspatilurrelinérefiguram ; . 175 Sedtrahitin spatium, villisquealbentibusimplct ; Instabilesque. illasfacit, et datpossembveri Coelerasunt hoininis ; partemdamnaturin unam ; Induiturqueaureslentegradieutisaselli. 111cquidemcelai, turpiqueoneratapuddre ’ ISO Temporapurpureistentâtvelaretiaris. Sed, solilùslongosferforesecarecapillos, Videraihocfamulus.Quiquumnéeproderevisum Dedccusauderet, cupiensefferresiibauras, Necpossetreticerelamen, secedit ; buinumque 1S5 Effodit, et, dominiqualesaspeseritaures, Vocereferlparva, lerraiqucimmurmùralhaustaî ; Indiciumquesuaivocistellureregesta Obruit, et scrobibuslacitusdisçeditopertis. LIVRE XI. 417 silence. Une forêt de roseaux crut en ce lieu. Au bout de l’année, dès qu’ils eurent pris tout leur développement, ils trahirent celui qui les avait fait naître. Agités par la brise, ils redirent les paroles ensevelies dans la terre, et publièrent que Midasavait des oreilles d’âne. LESMURAILLES DETROIEBATIESPARAPOLLOX ET PARKEI-TUKE. V. Après s’être vengé, Apollon quille le Tmole. Il traverse les plaines de l’air jusqu’au détroit d’Hellès, fille de Néphélé, et descend dans les champs où règne Laomédon. A droite du promontoire de Sigée et à gauche de celui de Rliélée, est un antique aulel consacré à Jupiter, père des oracles. De là, le fils de Latone voit Laomédon élever les murs naissants de Troie, et poursuivre, à travers mille travaux, une pénible entreprise qui exige des frais considérables. Apollon et le dieu dont le sceptre maîtrise les flots en courroux prennent la figure humaine, et conviennent avec le roi de Phrygie d’une somme d’or pour construire les remparts de la ville. L’ouvrage achevé, Laomédonrefuse le salaire convenu, et met le comble à sa perfidie en ajoutant le parjure à l’infidélité. « Ton crime ne restera pas impuni, » dil le monarque des ondes. Creberarundinibustremulisibi surgerelucus ll ! 0 Coepit, et, ut primumplenomaluruitauno, Prodiditagricolam ; leninammotusab austro Obrutaverbarefert, dominiquecoarguitaures. TROJ.EMCEXIA ADAPOLLINE ETXEPTUKO AfIDIFICAKTUR. V. UllusabitTmolo, liquidumquepc-raéravcclus Angustumcitra pontumnepheleidosUelles 105 LaomedonteisLetoiusadstititarvis. DexleraSigaii, RhoeleiIaivaprofundi ArapanomphaiO velusesl sacrataTonanli. IndenovoeprimummolirimoîniaTrojaî Laomedontavidel, susceplaquemagnalaborc 200 Cresceredifucili, nec opesexposcereparvas. Cumquetridentigerolumidigenitorcprofundi Morlaleminduilurformam ; phrygioquelyranno ^EdiGcant muros, pactopro moenibusauro. Slabatopus.Preliumrexinficiatur, et addil, 205 Perfidiaicumulum, falsisperjunaverbis : « Nonimpunefercs, » reelormarisinquil, et omnes, 418

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A ces mots, il incline les flots de son empire vers les rivages avares de Troie, et en convertit les champs en plaine liquide ; il iélruit les trésors du laboureur, et ensevelit les guérels sous les eaux. Laomédonn’est pas encore assez puni : sa fille doit être dévoréepar un nionsIre marin. Elle est enchaînée à un rocher ; mais lercule la délivre et réclame les coursiers promis pour salaire. Frustré du prix d’un tel exploit, le héros force les remparts de Troie deux fois parjure. Télamon, associéaux dangers de ce siège, en partage aussi la gloire. La main d’Hésionefui la récompense de sa valeur. Pelée, son frère, avait uni sa brillante destinée à celle d’une Immortelle, el le nom de son aïeul ne lui inspirait pas plus l’orgueil que celui de son beau-père. Si Pelée ne fut pas le seul rejeton de Jupiter, il eut seul une déesse pour épouse. MARIAGE DEPELEEET DETI1ÉTIS. VI..Le vieux Prolée dit à Thétis : « Divinité de l’onde, deviens mère : Tu donneras le jour à un héros dont les hauts faits l’emporteront sur ceux de son père, et surpasseront sa renommée. » Aussi, pour ne rien voir dans le monde au-dessus de lui-même, Inclinavitaquasad avaraililloraTrOjai, lnquefretiformarnterrasconvertit, opesque Abstulitagricolis, et ûuctibusobruitarva. 210 Poenanequeluecsatisest.Régisquoqueiiliamonslro Poscituraiquoreo.Quamdura ad saxarevinclam VindicatAlcides, promissaquemimera, dictos Poscitequos ; lantiqueoperismercedenegata, BisperjuracapitsuperataimoeniaTrojai. 2i5 Necparsmilitiai ; Telamon, sinehonorerecessit ; Uësioneque datapotitur.NamconjugePeleus Claruserat diva, necavi magisillesupèrbit Nomine, quamsoeëri.SiquidëmJovisessenepoti Contigitbauduni : conjuxdea conligiluni : 220 THETIDA PELEUS INMATRIMONIDH DUCIT. VI. KaniquesenexThetidiProleus : icDea, dixerat, unda ; Concipe.Matererisjuvenis, qui fortibusacli : Actapalrisvincet, majorquevocabitur1lo. » Ergo, ne quidquammundusJovemajusbaberet, LIVRE XI. 419 Jupiter, malgré les feux dont son cœurest embrasé, évite la couche de Thétis. 0 commande à Pelée, son petit-fils, de substituer son amour au sien, et de s’unir à la jeune déité de la mer. La Thessalieprésente un bassin dont les extrémités se prolongent vers la mer. Il formerait un port, si ses eaux étaient plus profondes ; mais à peine mouillent-ellesla surface du sable. Le soi est ferme, et, loin de retarder la marche, il ne garde point l’empreinte des pas. On ne voit point d’algue sur ce rivage. Non loin de là s’élève un bois de myrtes entremêlés d’oliviers. Au milieu s’ouvre une grolle. On ne saurait dire si elle est l’ouvrage de la nature ou de l’art ; mais l’art semble avoir plus fait que la nature. C’est là, Thétis, que tu avais coutume de te rendre sans voile, portée sur un dauphin assujetti au frein ; c’est là que Pelée te surprit ensevelie dans le sommeil. Tu avais résisté à ses prières. 11eut recours à la violence, et t’enlaça dans ses bras. Si, comme d’ordinaire, tu n’avais adroitement pris mille formes, l’auda^ cieux eût triomphé. Tu devins oiseau, mais il te retint. Tu le changeas en un grand arbre, mais il s’y attacha. Alors tu eni-* Quamvishaudlepidossubpecloresenseratignés, 225 Jupiteroequorea ; Tbelidisconnubiavitat ; inquesua.<Eaciden succederevotanepotem JUssït, et amplexusin virginisire marinai. EstsinusHaîmoniaîcurvosfalcatusm arcus. Brachiaprœurrunt ; ubi, si foretaltiorunda, 230 Porluserat ; summisinductumest aiquorarenis. Littushabetsolidum, quodnecvestigiaservet, Necremoreturiter, necopertumpendeatalga. Myrteasilvasubest, bicoloribusobsitahaccis. Estspecusin medio.Naturafactus, an arte, 255 Ambiguum ; magisarte tamen.Quosaipevenire Frenatodelphinesedens, Theti, nudasolebas. Illicte Peleus, ut somnovinctajacebas, Occupai ; et, quoniamprecibustentalarépugnas, Vimparât, innectensambobuscollalaccrlis. 240 Quodnisivenisses, variatissajpefiguris, Adsolitasartes, ausoforetillepotilus. Sedmodotu volucris, volucremtamenilletenebat ; Nuncgravisarboreras ; haîrebatin arborePeleus. Tertiaformafuit maculosaitigridis.Illa 245 420

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pruntas les.traits d’une tigresse, et le fils d’Eaque, épouvanté, te laissa échapper de ses bras. Puis il offrit aux divinités de la mer des libations de vin, immola des victimes et fit fumer l’encens en leur honneur. Alors le devinde Carpalhos s’écria du sein des ondes : « Fils d’Éaque, pour jouir de l’hymen que tu Convoites, profite du moment où Thétis goûtera le sommeil dans sa grotte fraîche, el charge-la de vigoureux liens. Ne te laisse pas abuser par ses métamorphoses : retiens-la enchaînée sous toutes ses formes jusqu’à ce qu’elle ail repris ses véritables traits. » A ces mots, Protée plonge sa lêle au fond dès eaux, et ses dernières paroles expirent dans l’abîme. Le Soleil était à son déclin, et son char touchait les flots de T’Hespérie. La belle Néréide quille la mer et va, selon sa coutume, se reposer dans sa grotte. A peine Pelée s’est-il emparé de la Nymphe, qu’elle multiplie ses métamorphoses. Enfin, se sentant enchaînée, elle étend les bras à droite et à gauche, et, poussant un profond soupir : « Tu triomphes, dit-elle, mais c’est par le secours d’un dieu. » Soudain Thétis apparaît sans déguisement. Le héros, fier de son aveu, la presse contre son sein, el, charmé de sa conquête, il la rend mère du grand Achille. TerrilusiEacidesa cor-porebrachiasolvit. Indedeospelagi, vinosuperaequorafuso Et pecorisiibris, et fumothuris, adorai, Doneccarpalbiusrnediode gurgitévatos : « ^Sacida, dixit, thalamispotièrepetitis. 250 Tu modo, quumgelidosopitaquiescetin anlro, Ignaramlaqueisviheloqueinnéctetenaci. Necle decipialcentummenlitafiguras : Sedpremequidquiderit, "dumquodfuitantereformet. » DixerathoecProleus, et condiditoequorevullum, 555 Admisitquesuosin verbanovissimafluctus. Promiserat Titan, inclinatoquetenebat ïïesperiumtemonefretum, quumpulchrarelicto Kereisingrediturconsuelacubiliaponto. YixbenevirgineosPeleusinvaseratartus, 260 Illa novalformas, doneesuamembrateneri Sentit, et in partesdiversasbrachiatendens, Tumdemumingemuil : « Neque, ait ; sinenuminevincis. » ExbibilaestqueThétis.Confessam amplecliturhéros, Et potiturvotis, ingentiqueimpletAchille. 265 LIVRE XL 421 DÉDALION CHANGÉ ENÉPERVIER. — UNLOUPMÉTAMORPHOSÉ ENPIERRE. VIL Pelée était heureux père, heureux époux, et, s’il.n’eût pas été coupable de la mort de Phocus, rien n’aurait manqué à son bonheur. Souillé du meurtre de son frère, banni de ses foyers el de sa patrie, il s’enfuit à Trachine. Là régnait, sans violence et sans cruauté, le fils de l’astre du matin, Céyx, dont le front brillait de l’éclat paternel. Mais alors, flétri par la douleur el bien différent de lui-même, il pleurait un frère ravi à sa tendresse. Accablé de chagrin et fatigué de son voyage, le petit-fils d’Éaque entra dans Trachine avec une suite peu nombreuse, laissant loin des murs, dans une fraîche vallée, ses troupeaux de brebis et de bœufs. À peine le palais du roi lui est-il ouvert, qu’il se présente avecle symbole des suppliants. Il dit son nom et celui de son père ; il ne tait que son crime ; et, donnant un faux prétexte à son exil, il demande mie retraite dans la ville ou dans le voisinage. Le roi de Trachine lui répond avec calme : « Pelée, l’homme le plus obscur a droit aux biens de mon empire. Mon palais n’est pas inhospitalier. Vous avez d’ailleurs des litres bien puissants à ma bien— DEDALION IXACCIP1TREH CO.WERSUS : — LUPUSIXLAPIDEM. VIL Félixet nato, felixet conjugePeleus, Et cui.si demasjugulaticriminaPboci, Omniacontigerant.Fraternosanguinesontem, Expulsumque domopatriatracbinialellus Accipit.Hicregnumsinevi, sinecaide, tenebat 270 Luciferogenitoresatus, patriumquenitorem OreferensCeyx, illoqui temporemceslus, Dissimilisque sui, fratremlugebatademptum. QuoposlquamMacidesfessuscuraqueviaque Yenit, et intravit, pauciscomilanlibus, urbem ; 275 Quosquegregcspecorum, quaisecumarraentatrahebat, Haudprocula mûrissub opacavallereliquit. Copiaquumfactaest adeundiprimatyranni, Yelamentamanuprailendenssupplice, qui sit, Quoquesalus, memorat ; tantumsua criminacclat. 2S0 Mentilusque fugaicausam, petit urbe, velagro Sejuvet.HunecontraplacidoTrachiniusore Talibusalloquilur : « Médiasquoquecommodap ! cbi Noslrapatent, Peleu ; necinhospilarégnatenemus. Adjici|huic animomomenlapotentia, elarum 285 422 MÉTAMORPHOSES. veillance, l’éclat de votre nom et de votre sang qui vous donne Jupiter pour aïeul. Ne perdez pas le temps en prières : vos vœuxseront accomplis.Tout ce que vous voyezvousappartient en partie. Je voudrais seulement vous recevoir dans des jours plus heureux. » Des larmes accompagnaient ces paroles. Pelée el ses compagnons lui demandent quelle est la cause de sa profonde douleur, i ! Peut-être, leur dit-il, croyez-vous que cet oiseau qui vit de rapine el répand la terreur parmi les oiseaux a toujours été revêtu d’un plumage. H fut homme, et conserve encore autant d’audace qu’il eut autrefois d’ardeur impétueuse à la guerre et de penchant à la violence. Il se nommait Dédalion. Il reçut la vie de l’astre qui précède l’Aurore et disparaît le dernier des deux. Ami de la paix, je m’y consacrai ainsi qu’aux douceurs de l’hymen. Monfrère, au contraire, eut du goût pour les combats sanglants. Son courage soumit des peuples et des rois, comme aujourd’hui, sous sa forme nouvelle, il poursuit les colombes.de Thisbé. Il eut pour fille la belle Chioné, qui fut recherchée par mille rivaux, dès qu’elle eut atteint sa quatorzième année. Apollon et Mercure, revenant l’un de Delphes, l’autre du monl Cyllène, la Nomen, avumqueJovem.Nectemporaperdeprecando. Quodpetis, oinncfercs ; tuaqueInecpro partevideto, Qualiacumquc vides.Uliuammelioraviderc-s ! » Et fiebat.ïlovealquaitantoscausadolorcs, Peleusquecomitesquerogant.Quibusille profalur : 290 « Forsilanbancvolucrem, raptoquaivivit, et oiiines Terretaves, semperpeuuashabuisseputetis. Yirfuit, et lautaest animiconstantia, quantum Acererat, helloqueferox, ad vimqueparatus, NommeDaidalion, illogenilorecreatus, 295 QuivocatAuroram, coeloquenovissimusexit. Cultamihipaxest, pacismibicura luendai Conjugiique fuit.Fratriferabellaplacebanl. Illiusvirtusgentes, regcsquesubegil, Quainuncthisboeasagitâtmulalacolumbas. SOO Nataerat huicChione, quaidotatissimaforma Milleprocisplacuit, bisseptemnubilisannis. ForterevertentesPhoebus, Maiaquecrealus, IllesuisDelphis, hicverlicecylleneo, o LIVRE XI. 423 virent ensemble, et aussitôt l’amour s’alluma dans leur cœur. Apollon attendit jusqu’à la nuit le bonheur qu’il espérait. Mercure ne supporta pas le moindre retard. De son caducée, qui répand le sommeil, il toucha le front de la jeune princesse. A peine en eut-elle senti la puissante atteinte, elle s’endormit, et le dieu en triompha. Cependant la nuit avait semé le ciel d’étoiles. Apollon prend les traits d’une vieille, et goûte à son tour des plaisirs savourés avant lui. Le temps amena pour Chioné le terme de sa délivrance. Du sang du dieu ailé naquit Autolycus, d’une merveilleuse adresse pour le vol. Digne de son artificieux père, il savait changer le blanc en noir et le noir en blanc. Du sang de Phébus (Chioné avait enfanté deux jumeaux) naquit Philammon, célèbre par ses chants et par sa lyre. Mais que sert à cette infortunée d’être mère de deux fils, d’avoir charmé deux Immortels, d’avoir pour père un roi puissant et pour aïeul le maître des dieux ? La gloire aussi fait donc le malheur de l’homme. Elle perdit Chioné, parce qu’elle avait osé se préférer à Diane et attaquer sa beauté. Transportée d’indignation, la déesse s’écria : « Du moins tu rendras hommage à ma puissance. » Soudain elle courbe son arc et lance une flèche qui perce la lan-

Videre hanc pariter, pariter traxere calorem. 505 SpemVenerisdiffertin temporanoctisApollo. Nonlulit illemoras, virgaquemoventesoporem Yirginisos tangit.Tactujacetillapotenti, Yimquedei patitur. Noxcoelumsparseratastris. Phcebusanumsimulât, proeceptaque gaudiasumit. 310 Ut sua maturuscomplevittemporaventer, Alipedisde stirpedei, versulapropago, Nascitur Autolycus, furlumingeniosusad omne, Qui facere assuerat, patriæ non degenerartis, Candida de nigris, et de candentibus atra. 315 Nascitur e Phoebo (namque est enixa gemellos), Carminévocaliclarus, citharaquePhilammon. e : Quidpcperisseduos, et displacuisseduobus, Et fortigenitore, et progenitoreTonanli Essesatamprodest ? An obestquoquegloriamultis ? 520 Obfuitbuiccerte.Quaise praiferreDianai Sustinuit, faciemquedeaiculpavit.Atilli Ira feroxmotaest : « Factisqueplacebimus,

» inquit. 

Necmora, curvavitcornu, nervoqucsagitlani 424

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gue de la coupable Chioné.Devenue muelle, elle ne retrouve ni voix, ni paroles. Elle lente un dernier effort ; mais sa vie s’échappe avec son sang. Malheureux, je la pris d_ansmes bras. Ainsique l’exigeaient les droits du sang, je compatis à la douleur d’un frère si tendre, et je m’efforçai de le consoler. Désespéréde la perte de sa fille, il fut sourd à ma voix, comme lé rocher aux murmures des flots. Ala vue de son corps dévoré par les flammes, quatre fois il voulut s’élancer au milieu du bûcher ; quatre fois repoussé, il s’enfuit en toute hâte, comme un taureau, piqué au cou par des frelons, précipite ses pas à travers des chemins escarpés. Il me parut courir plus vile qu’un mortel et avoir des ailes aux pieds. Il échappa à toutes les poursuites, et, pressé de mettre fin à ses jours, il parvint au sommet du Parnasse. Déjàil s’était élancé du haut de la montagne, lorsque Apollon, touché de son malheur, le changea en oiseau, et, le soutenant dans les airs, lui donna, avec des ailes, un bec crochu et des serres recourbées. Il garde son ancien courage et sa force plus grande que son corps. Épervier maintenant, et cruel envers tous les oiseaux, il n’en épargne aucun, et répand parmi eux la douleur dont il est accablé. » Impulit, et meritamtrajecitarundinelinguam. 525 Linguatacet, nec vox, tenlataqueverbasequuntur, Conantemque loquicumsanguinevita reliquit. Quammiseramplexansegotum patruoquedolorcm Cordetuli, fratriquepiosolaliadixi. Quaipater, haudaliterquamcautesmurmuraponti, 530 Accipit, et natamdeîamenlaturademptam. Utveroardentemvidit, qualerimpetusilli In mediosfuilire rogos ; quaterinderepulsus Coneitamembrafugicmandat, similisquejuvenco Spiculacrabronumpressacervicegerenli, 535 Quavianulla, ruil. Jam tummihicurrerevisus Plushomineest, alasquepedessumpsissepulares. Effugitergoomnes, veloxquecupidinelethi YcrticeParnassipolilur.MiseraturApollo, Quumse Daulalionsaxomisissetab alto, 5-’iU Fecitavem, et subitispendcnlemsuslulitalis, Oraqueaduncadédit, curvosdéditunguibusliâmes, Yirtulemanliquam, majorescorporevires ; Et nuncaccipiler, nullissalisoequus, in omnes Sa ? vitavep, aliisquedolensfit causadolendi. » 545 LIVRE XI. 425 Tandis que le fils de l’astre du jour raconte ainsi la merveilleuse aventure de son frère, soudain accourt, hors d’haleine, le gardien des troupeaux de Pelée, Anétor, né dans la Phocide. « Pelée, Pelée ! s’écrie-l-il ; hélas ! je vous apporte la nouvelle d’un grand malheur. » Quel que soit ce désastre, Pelée lui ordonne de parler. Il hésite pourtant. Le héros de Trachine est lui-même troublé. Anétor poursuit : « Je faisaisreposer vos bœufssur les bords de la mer, au moment où le soleil, arrivé au plus haut point de sa course, voyait derrière son char autant d’espace qu’il lui en restait à parcourir. Lesuns, les genoux inclinés sur le sable, regardaient l’immense étendue de la mer ; d’autres erraient à pas lents ; plusieurs nageaient, la têle au-dessus des flots. Prés de la mer s’élève un temple qui ne doit sa renommée ni au marbre ni à l’or, mais à un bois antique et sacré qui répand un épais ombrage. Il est consacré à Nérée et à ses filles. Un pêcheur me l’apprit en faisant sécher ses filets sur le rivage. Non loin se trouve un lac formé par les débordements de la mer. Il est couvert de saules. Dece repaire s’élance, avec un bruit terrible, un loup énorme qui remplit d’épouvante les lieux d’alentour. Bientôl il quitte le bois marécageux, les yeux QuaidumLuciferogenitusmiraculanarrât Deconsortesuo, cursufestinusanbelo AdvolatarmenticustosphoceusAnetor. KHeu, Peleu, Peleu ! magnaitibinuntiusadsum Cladis, » ait. Quodcnmque ferat, jubetederePeleus. 550 Pendet, et ipsemetutrépidâttraehiniushéros. Illerefert : « Fessosad littoracurvajuvencos Appuleram, medioquumsolaltissimusorbe Tantumrespiceret, quantumsuperessevideret. Parsqueboumfulvisgenuamclinaratarenis, 335 Latarumquejacenscampumspectabataquarum ; Tarsgradibustardisillueerrabatet illuc ; Nantalii, celsoqueexstantsuperoequoracollo. Templamarisubsunt, necmarmoreclara, necauro Sedtrabibusdensis, lucoqueumbrosavetuslo. 560 NéréidesNereusquetenent. IIosnavilalempli Ediditessedeos, dumrelia liltoresiccal. Junctapalushuicest, densisobsessasalictis, Quamrestagnantisfecitmarisundapaludem. Inde, fragoregravislrepitans, locaproximaterrel, 5G5 Belluavasla, lupus ; silvisquepalustribusexit, 24, 426

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étincelants, la gueule menaçante, souillée d’écume et dé sang. Ala fois excité par la rage et lafaim,.mais surtout par la rage, il ne veut pas assouvirsur quelques bœufs l’horrible faim, qui lé dévore ; c’est sur Te troupeau entier qu’il déploie sa fureur. Tandis que nous cherchons à les défendre, plusieurs de mes compagnons expirent sous ses morsures cruelles. Le sang rougit le rivage, lès eaux et le lac qui, retentit de mugissements. Tout retard est.funeste : le mal n’admet point d’irrésolution. Tandis que tout n’est pas encore perdu, rassemblons-nous. Aux. armes ! aux armes ! courons tous aux armes ! » Ainsiparle le gardien.des troupeaux. Pelée est peu touché de la perte qu’il lui annonce ; mais il a toujours présent Je souvenir de son crime. 11sent que la fille de Nérée, privée dé son fils, veut, par celle vengeance, apaiser l’ombre de Phocus. Céyx ordonne à ses soldats de revêtir leur armure-et : de saisir leurs traits redoutables. Il s’apprête lui-même à marcher avec eux. Mais Alcyone accourt, attirée par le bruit, et, rejetant en arrière ses cheveux, qu’elle n’a pas eu le temps d’arranger, elle serre son époux dans ses bras, ellele supplie, par ses prières et par ses larmes, d’envoyer Oblituset spumis, et spissosanguinerictus Fulmineos, rubra suffususlumina"flamma. Qui, quanquamsaivilpariterrabiequefameque, Acriorestrabie ; nequeenimjejuniacurai.. 570 Coedeboumdiramquefamemsatiare, sed omne Yulneratarmentum, sternitquebôsliiileromne. Parsquoquede nobisfunestosauciamorsu, Dumdefensamus, lelhoesldata..Sanguinelitlus . . Undaqueprimarubent, deraugilaiquepalu.des._ . _ 575 Sedmoradamnosaest, necres dubilareremittit. Dumsuperestaliquid, euncticoeamus, et arma, Armacapessamus, cpnjunclaquelela feramus. » ’ Dixeratagrestis ; necPeleadamnamsvebant. Sed, memoradmissi, Nereidacolligitorbam 5S0 Damnasuoinferiascxstincto’mitterePboco. Induerearmaviros, violenlaquesumeretela Rexjubet oetaius, cumqueissimulipseparabat Ire. SedHalcyoneconjuxexcitalumultu Prosilit, et nondumtolosornatacapillos, 5S5 Disjicithosipsos ; colloqueinfusamarili, Mittatut auxiliumsinese, verbisqueprecatur, LIVRE XI. 427 des secours sans s’exposer au danger, et de sauver deux vies en sauvant la sienne. « Princesse, lui répond le petit-fils d’Éaque, dissipez ces tendres alarmes qui me prouvent toute votre affection. Je vous remercie de vos secours. Je ne veux pas aller combattre ce monstre d’une cruauté inouïe, mais implorer la divinité de celte mer. » Sur le haut de la montagne s’élevait, une tour qu’on apercevait de loin, et qui offrait un asile aux vaisseaux en détresse. Céyxet Pelée y montent ensemble, et voient en gémissant, d’un côté, les taureaux égorgés sur le rivage ; de l’autre, le monstre portant partout la dévastation, la gueule toute dégouttante de meurtre, el ses longs poils inondés de sang. Alors le petit-fils d’Eaque, les bras tendus vers la plaine liquide, conjure la belle Psamathe de mettre un terme à son courroux et de lui prêter son appui ; mais elle reste inflexible. Thétis unit ses prières à celles de son époux, et parvient à désarmer Psamathe, qui tente d’éloigner lemonstre de cet horrible théâtre de carnage. Mais, échauffépar la soif du sang, si douce à sa fureur, il résiste jusqu’au moment où, déchirant le cou d’une génisse, il est changé en marbre par la Néréide. 11conserve ses traits, et perd seulement sa couleur. Celledu marbre annonce qu’il n’est plus un loup, et ne doit désEt laerymis, animasqueduasut servetin una. jliacidesilli : Pulchros, regina, piosque Ponemetus.Pienaesl promissigratiavestri. 590 Nonplacetarmamibicontranovamonstramoveri. Numenadorandumpelagiest. » Eratarduaturris, Arcepatenssumma, fessislocagralacarinis. Ascenduntilluc, slratosquein liltoretauros Cumgemituaspiciunl, vaslatoremquecruenlo 593 Oreferum, longosinfeelumsanguinevillos. Indemanustenden-in apertilittoraponti, Creruleam PeleusPs-, malhen, ut fîniatiram, Oralopemqueferai.Necvocibusillarogantis FlectilurjEacida ?.Thétisbancpro conjugesupplex 400 Aceepitveniam.Sedenirarevocatusab acri Caidelupusperslat, dulcedinesanguinisasper, Donecinluerenlemlaceraicervicejuvencai MarmoremulavitPsamathe, pnelerquecolorem Omniascrvavit.Lapidiscolormdicatillum 405 Jamnonesselupum, jam non deberetimeri. 428

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ormais inspirer aucune crainte. Toutefoisles Deslins ne permettent pas à Pelée fugitif de faire un long séjour dans celte contrée. L’exilé gagne la Magnésie, où le Thessalien Acaste lui fournit les moyens d’expier la mort de Phocus. CÉÏXETALCVONE. — NAUFRAGE DECÉVX. — LE PALAISDUSOMMEIL. CÉTXETALCYONE TRANSFORMÉS ENALCYONS. VIII. Cependantla métamorphose accomplie dans la personne de son frère, el celles qui l’avaient suivie, troublent le cœur de Céyx.Pour calmer son inquiétude il veut aller consulter l’oracle de Claros ; car l’impie Phorbas avec ses Phlégiens infestait la route de Delphes.Cependant, avant d’exécuter son dessein, il en fait parla sa fidèle Alcyone. A celle nouvelle, un froid soudain court dans ses veines, la pâleur couvre son front, et les larmes inondent son visage. Trois fois elle essaye de parler, trois fois les pleurs étouffent sa voix. Enfin elle exhale ces tendres plaintes qu’entrecoupent ses sanglots : « Par quel crime, cher époux, ai-je donc, changé ton cœur ? Qu’est devenu l’intérêt que tu me témoignais autrefois ? Déjà tu peux l’éloigner sans regret de ton NectamenbacprofugumconsisterePeleaterra Fatasinunt.Magnetasaditvagusexsul, et illic SumitabhaimoniopurgaminaccedisAeasto. CEVXET11ALCÏ0NE.CEYCIS KAUFHAGIUM. S0ÎIX1DOMUS. CEÏÏ ETHALCYOKE INALCÎOXES MuTAXTBR. "VIII-Intereafratrisquesui, falremqueseculis 4 ! 0 AnxiaprodigiislurbatuspectoraCeyx, Consulatut sacras, bominumoblectamina, sortes, Adclariumparâtire deum ; namtemplaprofanus InviacumPblegyisfaciebatdelphicaPhorbas. Consiliitamenantesui, fidissima, certam 415 Tefacit, Ilalcyone.Cuiprolinusintimafrigus Ossareceperunt, buxoquesimillimusora Pallorobit, lacrymisque géniemaduereprofusis. Terconataloqui, ter fletibusora rigavit ;

? ingulluquepiasinlerrunipenlequerelas :

420 « Quaimeaculpaluam, dixit, carissime, mentcm Vertit ? libiestquaicurameipriusessesolebat ? JampôlesIlalcyonesecurusabesserelicta, LIVRE XI. 429 Aleyone ; déjà tu songes à un long voyage ; déjà tu m’aimes mieux absenle. Du moins, je m’en flatte, tu voyageras par terre. Je n’aurai alors qu’à m’affliger sans concevoirdes craintes, et mes ennuis seront exempts d’alarmes. Mais la mer, la triste image de la mer, m’épouvante. Naguère j’ai vu sur ses bords les débris d’un naufrage ; souvent j’y ai lu des noms.sur de vains tombeaux. Nete fais pas illusion, parce qu’Éole, ton beau-père, maîtrise la fureur des vents et calme les flots à son gré. Lorsque, une fois déchaînés, ils régnent sur les ondes, ils ne respectent aucune terre, aucune mer. Ils bouleversent même les nuages, et leur choc impétueux fait jaillir d’horribles éclairs. Plus je les connais (et je les connais bien ; enfant, je les ai vus souvent dans le palais de mon père), plus je les crois redoutables. Si mes prières ne peuvent t’émouvoir, cher époux, si tu es bien déterminé à partir, du moins permets-moi de te suivre. Nous courrons les mêmes périls ; je ne craindrai que les maux dont je souffrirai ; nous partagerons tous deux le danger, et nous voguerons ensemble sur la vaste mer. » Les paroles et les pleurs d’Alcyone attendrissent son époux. Jamvialongaplacet, jamsum-tïliicariorabsenst Al, puto, per terrasiterest, tantumquedolebo, 425 Nonetiammeluam, curaiquetimorécarebunt. vEquorame terrent, et pontitrislisimago. El lacerasnupertabulasin liltorevidi, Et ssepein tumulissine corporenominalegi, Neveluumfallaxanimumfîducialangat, 450 QuodsocerHippoladestibi sit, cuiearcerefortes Contineatvehlos, et, quumvelit, oequoraplacet. Quumsemelemissitenueruntoequoravenli, Nilillis vetitumest, incommendataque tellus Omnis, et omnefretum ; eoeliquoquenubilavexant, 453 Excutiuntqueferis rutilosconcursibusignés. Quomagisbosnovi(namnovi, et soepepaterna Parvadomovidi), magishocreor esselimendos. Quodtua si fiectiprecibussententianuiîis, Care, potest, conjux, nimiumquees certuseundi, 440 Mequoquetoilesimul.Cerlejactabimuruna ; Nec, nisi quaipatiar, metuam ; pariterqueferemus Quidquideril, paritersuperaîquoralala feremur. «  TalibusJMidosdietisiacrymisquemovelnr 450 "

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Il brûlait pour elle de tout l’amour qu’elle avait pour lui ; mais il ne veut ni renoncer à parcourir les mers, ni associerAlcyoneà ses dangers. Il cherche, par mille consolations, à rassurer son cœur timide, sans pouvoir lui faire approuver son projet. Il ajoute une promesse qui seule peut adoucir son chagrin : « Oui, dit-il, l’absence est toujours longue pour moi. Mais je te le jure par l’astre qui m’a donné le jour, si les Deslinsle permettent, je reviendrai avant que la lune ait deux fois arrondi son croissant. » Ces paroles lui donnent l’espoir d’un prompt retour. AussitôtCéyx fait mettre en mer et équiper un de ses vaisseaux.A cet aspect, comme si elle eût prévu l’avenir, Alcyone frémit et verse des larmes. Désespérée, elle se jette dans les bras de son époux, fait entendre un triste adieu, et tombe évanouie. Céyxcherche en vain des retards. Les matelots, placés sur deux rangs, pressent les rames avec ardeur, et fendent les flots en cadence. Alcyone lève ses yeux mouillés de pleurs. Deboutsur la poupe, Céyxlui fait des signes de la main. Elle les voitla première et y répond. Cependant la terre s’éloigne, et les deux époux ne peuvent plus distinguer Sidereusconjux ; nequeenimminorignisin ipsoest. 443 Sednequepropositospelagidimitterecursus, NecvultHalcyonenin partemadhiberepericli. Mullaquerespondittimidumsolantiapeclus, Nectamenidcircocausamprobat.Addiditillis Hocquoquelenimen, quosolo0exitamautem : ’, 50 « Longaquidemnobisomnismora.Sedtibijuro Per palriosignés, si me modoFalarémittent, Antereversurum, quamluna bisimplealorbera.e Hisubipromississpesest admolarecursus, Protinuseduclamnavalibuscsquoretingi, ia.’i Aptariquesuispinumjubet armamenlis. Quarursusvisa, velutipraisagafuturi, HorruitHalcyone, lacrymasqueemisitobortas, Amplexusque dédit, trisliquemiscrrimatandem Ore, vale, dixit, collapsaquecorporctofoesl. 400 Atjuvenes, qurorenlemorasCeyce, reducunt Ordinibusgeminisadforliapectoraremos, aquatiqueictuscinduntfréta.Sustulitilla Ilumentesoculos, stantemquein pupperecurva, Concussaque manudantcmsibisignamarilum 40 ;, Primavidet, redditquenotas.Ubiterra recessit Longius, alqueoculinequeuntcognoscere vultus, LIVRE XI. 431 leurs traits. Mais, tant qu’elle le peut, Alcyonesuit de ses regards le vaisseau qui s’enfuit ; et, quand l’espacele dérobe à sa vue, elle contemple la voile qui flotte à la cime des mâts. Dèsqu’elle n’aperçoit plus la voile, elle se retire inquiète dans son appartement solitaire et y cherche le repos. Maisson appartement et son lit renouvellent ses larmes en lui rappelant l’absence d’un époux chéri. Le vaisseau avait quitté le port, et la brise agitait les câbles. Les matelots suspendent leurs rames aux flancsdu navire, élèvent les antennes jusqu’au haut du mât, déploient toutes leurs voiles et recueillent les vents propices. Le navire, sillonnant les eaux, avait à peu près atteint la moitié de sa course, et se trouvait à la même distance de Trachine et de Claros, lorsque, tout à coup, au déclin du jour, la mer blanchit, les vagues s’enflent, et l’impétueux Eurus souffleavec violence. « Abaissezles vergues ! crie le pilote, et pliez toutes les voiles. » Les rafales empêchent d’obéir à ses ordres, et le fracas des flcts ne permet pas d’entendre sa voix. Cependant plusieurs, de leur propre mouvement, se hâtent de retirer les rames, d’autres de munir les flancs du vaisseauel de dérober les voiles à la fureur des vents. Celui-cipompel’eau Dumlicet, insequiturfugientemluminepinum. Haiequoqife, ut haudpoleratspatiosubmotavideri, Vêlatamenspectatsummofinitanlia.malo. 470 Ut necvêlavidet, vacuumpetit anxialcctum, Sequetoroponil.Rénovaileclusquelocusquc Halcyonai iacrymas, et quaipars, admonet, absil. Porlubusexierant, et moverataura rudentes. Obvertitlaleripendeutesnavitaremos, 475 Coruuaquein summalocatarbore, lolaquemalo Carhasadeducit, venieutesque excipitauras. Autminus, autcertemédiumnonampliuslequor Puppesecabatur, longequeerat ulraquetcllus, Quummaresub noclemtumidisalbescerecoepit 4S0 Fluctibus, et proeceps spirarevalentiusEurus. « Ardua, jamdudum, demittitecornua, rector Clamât, et antennislolumsubuectilevélum. » Hicjubet.Impediuntadversejussaprocellai, Necsinitaudirivoceinfragoroequorisullam. 4S5 Spontetamenproperantalii subducerercmos, Parsmunirelatus, parsvenlisvêlanegare. EgerithicIluctus, Oiquorque refunditin aiquor ; 452

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et la rejette à la mer ; celui-là enlève les antennes. Tandis que ces mouvements s’exécutent en désordre, la tempête augmente, les vents s’entre-choquent de toutes parts avec furie et bouleversent les flots en courroux. Le pilote, tremblant lui-même, avoue qu’il ne connaît plus sa position, et qu’il ne sait plus ce qu’il doit ordonner ni ce qu’il doit défendre : tant le mal est grand et surmonte son art ! L’air retentit du cri des matelots, du sifflement des cordages, du choc des flots el des éclats de la foudre. Les vagues s’élèvent : la mer semble monter jusqu’aux cieux el se confondre avec les nuages. Tantôt l’onde prend la couleur du sable arraché de l’abîme ; tantôt elle roule-plus noire que le Slyx ; quelquefois elle présente une plaine toute blanche d’écume. Le vaisseau suit tous les mouvements de.la mer. Porté à la cime des flots, il semble, du sommet d’une montagne, dominer.les vallées el les gouffres de i’Achéron, ou bien, quand il est.précipilé dans l’abîme, regarder les cieux du fond des enfers. Souvent, battus par les vagues, ses flancs releu tissent avec un bruit horrible, comme les tours.dont le, bélier ou la baliste disperse les éclats. Telles que des lions furieux, dont les bonds redoublent la Hicrapit antennas.Quaidum sinelegegeruntur, Asperacrescitbiems, omniquee parleféroces 490 Bellagerunlvcnli, fretaqueindignanlianu’scent." Ipsepavet, necse, qui sit status, ipsefatetur Scireratis rector, necquidjubeatve, vetelve : Tantaroalimoles, totaquepolentiorarle est !, Quippcsonantclamoreviri, slridorerudentes, 495 Undarumincursugravisunda, tonitribusoelber. Fluctibuserigitur, ccelumqueaequarevidelur Pdntùs, : ètindùclàsasperginelingerenubes. El modo, quumfulvasex’imoverrit arenas, Concolorest illis, stygiamodonigriorunda ; 500 Sternilurinterdum, spùmisquesonanlibusalbet. Ipsaquoquebis agilurvicibusU’acbinia.puppis, Et modosublimis, velutide verticemontis, Despicerein vallcs, imumqueAcherontavidelur ; Kunc, ubi demîssamcurvumcircumstetitaîquor, 505 Suspicereinfernosummumde gurgitecoeluin. Siepedat ingenlemfluctulatusiclafragorem,. Necleviuspulsalasonal, quamferreûsolim Quumlacerasariesballistaveconcutitarces ; Ulquesoient, sumplisin cursu viribus, ire 510 LIVRE XI. 453 force, se précipitent sur les traits du chasseur, les ondes, soulevées par les vents, attaquent les agrès du navire et s’élèvent audessus des mâts. Déjà les coins s’ébranlent ; les flancs, dépouillés de cire, se relâchent et ouvrent aux eaux un funeste passage. Soudain les nues éclatent et versent des torrents. Le ciel paraît s’abîmer dans la mer, el la mer s’élancer jusqu’au ciel. Les voiles sont inondées. Les eaux de la mer se confondent avec celles des cieux. Tous les astres ont disparu. Aux ténèbres de la nuit se joignent les ténèbres de la tempête ; la foudre seule les perce de feux étincelants dont les vagues semblent embrasées. Cependant les flots pressent le navire et vont pénétrer dans ses flancs. Comme, dans l’assaut d’une ville, un soldat, plus intrépide que ses compagnons, après s’être élancé à plusieurs reprises vers des murs bien défendus, parvient à les gravir, el, enflammé de l’amour de la gloire, s’en empare seul, entre mille guerriers ; de même, lorsque— des lames furieuses ont assailli le vaisseau, une dixième, plus haute et plus terrible, se précipite et ne cesse de battre sa membrure fatiguée qu’après s’y être établie comme Peclorein armaferiprcclcntaquelelaleonesj Sicubi se ventisadmiscratundacûortis, • Jbalin armaralis, multoqueerat alliorillis. JîimqueInbantcunei, spolialaqueterminecera ; ltimapalet, proebclquc viamlelhalibusundis. 515 Eccecadunllargiresolulisuubibusimbres, Inquefïctumcivdastotumdescenderecrelum, Inqueplagasccelilumefaclumascendereponlum. Vêlamadenlnimbis, eLcumcoeleslibusundis jEquorea ; miscenturaquaï.Caretignîbusaïlher, 520 Csecaque noxpremiturtenebrisbiemisquesuisque. Disculiunttamenbas, proebenlquemicanlialumen Fulmina ; fulmineisardescunLignibusunda ;. Dalquoquejam satlusinlra cavatesta carime Fiuclus, et, ut miles, numéroproeslanlior omm, 523 Quumsiepeassiluildefensoemoenibusurbis, Spepotiturtandem, laudisqueaccensusamore Jutermilleviros, murumlamenoccupaiunus. Sicubi pulsaruntacreslateraarduafluclus, Vasliusinsurgensdécima ; mit impelusundic ; 550 Kecpriusabsistitfessamoppugnarccarinam, Quamvelutin capta ; desccndalmoenianavis. 25 454

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dans un fort pris d’assaut. D’autres flots tentent de la suivre, d’autres flots s’introduisent après elle. Les matelots courent éperdus ; c’est le tumulte d’une ville sapée au dehors et occupée au dedans. L’art succombe : on perd courage, el dans chaque flot qui s’approche, on croit voir s’élancer et fondre la mort. L’un ne peut retenir ses larmes, l’autre esl glacé d’effroi ; celui-ci envie le bonheur des mortels qu’attendent les honneurs funèbres ; celui-là invoque les dieux, et, levant les bras au ciel qu’il ne voit pas, il en implore vainement l’appui. D’autres pensent à leur frère ou à leur père ; d’autres regrettent leur famille, leurs enfants et tout ce qu’ils ont quitté. Céyx ne songe qu’à Alcyone ; le nom d’Alcyoneest seul dans sa bouche, et, quoiqu’il ne regrette qu’elle, il se félicite d’en être séparé. 11voudrait voir les rivages de sa patrie et tourner un dernier regard sur ses foyers. Maisil ne sait où il est : tant la mer est en furie ! Les épais nuages qui enveloppent les cieux lui présentent l’image d’une double nuit. Le choc d’un affreux tourbillon brise le mât et le gouvernail. Fière de ces dépouilles, la trombe, comme un superbe vainqueur, Parsigiturtentabatadhucinvaderepinum, Parsmarisintus erat.Trépidantliaudseciusomnes Quamsoleturbs, aliis murumfodientibusextra, 535 Atquealiismurumtrepidarelenenlibusinlus. Déficitars, auimiquecadunt, totidemquevideulur, Quoiveuiantfluclus, ruereatqueirrumperemortes, Nontenetbiclacrymas ; slupethic ; vocatillebealos, Funeraquosmaneanl ; hic volisnumenadorai, 549 Braehiaqucad coelum, quodnon videt, irritalollens Posaitopem ; subeuntilli fratresqueparensque ; Iîuiccumpignoribusdomus, el quodcuiquereliclumest. IlalcyoneCeycamoret ; Ceycisin ore Kallanisi ilalcyoneest ; et, quumdesideretunàm, S4S Gaudetabessetamen.Patricequoquevellelad oras Respicere, inquedomumsuprcmosverterevultus. Verumubi sit nescit : lanla verliginepoutus Fcrvel, et induclapiceise nubibusumbra Omnelatet coelum, duplicataquenoctisimagoest ! 550 Frangiturincursunimbositurbinisarbos, Frangiluret regimen, spoliisqueanimbsasuperstaus Unda, velutvictrix, sinuatasdespicitundas, LIVRE XI. 455 domine les flots qui roulent autour d’elle ; et, pareille à l’Allios ou au Pinde qu’on aurait arrachés de leurs fondements pour les renverser dans la mer, elle se précipite avec fracas. Son poids et la violence de sa chute plongent le navire au fond de l’abîme. La plupart des matelots, submergés avec lui, ne reparaissent plus à la surface et périssent dans l’onde ; les autres s’attachent aux débris du vaisseau. De la même main qui porta le sceptre, Céyxsaisit une pièce flottante. Il implore, hélas ! en vain, son père et son beaupère. Mais plus souvent encore il appelleAlcyone : Alcyoneoccupe son souvenir et sa pensée. Il souhaite que, portée par les flots, sa dépouille parvienne sous les yeux de son épouse, et que celle-ci l’ensevelisse de ses pieuses mains. Dans son naufrage, tant que l’onde lui permet d’ouvrir la bouche, il répète le nom de sa chère Alcyone ; il le murmure même au sein des flots. Tout à coup une vague noire s’élève en forme de voûte, se brise et engloutit Céyx. L’astre auquel il devait la naissance resta dans l’obscurité durant cc’.[f « oit fatile qui le rendit méconnaissable. Comme il ne put abandonner le ciel, il voila son front de sombres nuages. Cependant la fille d’Éole ignore cet affreux malheur. Elle compte Neclevius, quamsi quisAlhftn, Pindumve, revulsos Sedesua, totosin apertumeverlerittequor, 555 Praicipitalamit. Parilerqueet pondèreet ictu Mergilin imaralem.Cumqua parsmagnavirorum Gurgitepressagravi, nequein aérareddita, fato Funclasuoest. Aliiparteset membracariurc Truncatenenl.Tenetipsemanu, quasceptrasolebal, 560 FragminanavigiiCeyx, socerumquepafremque Invocat, heu ! frustra.Sedplurimanantisin ore Halcyoneconjux ; illammeminitqucrefertque ; lUiusante oculosul agantsuacorporafluclus, Optât, et exanimismanibuslumuleluramicis. 5G5 Dumnalat, absenlem, quoliessinithiscerefluclus, NominalHalcyonem, ipsisqueimmurmuratundis. Eecesupermediosfluclusnigerarcusaquarum Frangitur, et rupta mcrsumcaputobruit unda. Luciferobscurus, necquenicognoscereposses, 570 Illa noclefuit, quoniamqueexeedereOlympo Nonlicuit, densistexitsua nubibusora, iEolisinterea, tantorumignaramalorunij 43G MÉTAMORPHOSES. les nuits, et se hâte d’achever les vêtements prépares pour Céyx, et ceux dont elle doit se parer le jour de son arrivée. Hélas ! elle se promet un vain retour. Elle fait fumer l’encens sacré en l’honneur des dieux. C’est surtout à Junon que s’adressent ses hommages. Prosternée au pied des autels, elle prie pour un époux qui n’est plus. Elle demande à la déesse qu’il vive, qu’il revienne et ne lui préfère aucune rivale. Ce dernier vœu devait seul être exaucé ! Junon ne peut souffrir plus longtemps ces prières pour un mort ; et, voulant éloigner de ses autels les mains impures d’Alcyone : « Iris, dit-elle, fidèle messagère de mes volontés, vole "promptement au paisible palais du Sommeil, el prie-le d’envoyer à Alcyoneun songe qui, sous les traits de Céyx, lui offre le vivaiil tableau de ses malheurs. » A ces mots, Iris ceint son écharpe aux mille couleurs, et, traçant dans le ciel un arc radieux, pour obéir à l’ordre qu’elle a reçu, visite le palais du Sommeil, caché au pied d’une roche. Près des Cimmériens, dans le creux d’une montagne, s’ouvre une grotte immense, séjour et temple du Sommeil indolent. Jamais, ni à son lever, ni à son midi, ni à son déclin, le soleil n’en Dinumeratnocles.Eljam, quasinduatille FestinalTestes ; jam quas, ubi veueritille, 575 Ipsagcrat, reditusquesibi.promiL1.il inanes. Omnibusilla quidemSuyerispia tlmraferebat. AilletamencùnclosJunonïslemplacolebat, Proqueviro, qui nulluserat, veniebalad aras, Utqueforet sospcsconjuxsuus, utquerediret, 530 Oplabat, nullamquesibi proeferret.Atilli : Hocde tôt votispoterateontingeresoium. Atdeanon ullra pro funclomorterogari Suslinet, utquemanusfuneslasarceatarïs : « Iri, merc, dixit, fidissimanunliavocis, 5S5 VisesoporiferamSomnivelopileraulam, ExstincliquejubéCeycisimaginemiltat Somuiaad Halcyonen, vcrosimitanliacasus. » Dixerat.Induiturvelaminamillecolorum Iris, el arqualocoelumcurvaminesignans, 500 Tectapetitjussi sub rupelalentia.régis. EstpropeCimmerioslongospeluncarecessu, Monscavus, ignavidomuset penetraliaSomni. Quonunquamradiisoriens, mediusve, cadensve LIVRE XI 457 dissipe l’obscurité. De la terre s’exhalent de sombres vapeurs qui interceptent presque entièrement la lumière. L’oiseau vigilant, couronné d’une crête, n’appelle point en ce lieu l’Aurore par son chant. Le silence n’y est interrompu ni par le chien toujours en éveil, ni par l’oie dont l’oreille esl plus fine encore. On n’y entend ni bête sauvage, ni troupeaux, ni clameurs humaines, ni souffle dans le feuillage. Là règne le repos. Les eaux du Lélhé coulent au fond de la grotte, et, en roulant sur un lit de cailloux, invitent au sommeil par leur doux murmure. L’entrée de la demeure est couverte de pavots et d’une foule de plantes dont la Nuit lire des sucs léthargiques qu’elle répand sur l’univers enseveli dans l’ombre. On ne voit dans cette demeure aucune porte qui, en tournant sur ses gonds, produirait un bruit importun ; aucun garde n’y veille. Au milieu s’élève un lit de plumes, en bois d’ébène, d’une seule couleur et couvert d’un lapis noir. C’est là que le dieu repose ses membres languissants. Autour de lui, sous mille formes diverses, sont couchés çà et là les vains Songes, aussi nombreux que les épis des champs, les feuilles des forêts ou les sables que la mer dépose sur le rivage. Phoebusadirépotest.Nebulaicaliginemixte 595 Exhalanturhumo, dubioequecrepusculalucis. Nonvigilaiesibi cristaticantibusoris EvccatAuroram, nec vocesiicnliarurnpunt Sollicilivecanes, canibusvesagacioranser. Nonfera, nonpecudes, non moliflaminerami, COO Humanoeve sonumredduntconvicialingual. Mutaquieshabitat.Saxotamenexitah imo RivusaquaiLelhes, per quemcummurmurelabens Invitâtsomnoscrepitanlibusundalapillis. Anteforesantri fecundapapaveradorent, G03 Innunieraqueherboe, quarumde lactésoporem Noxlegit, et spargitper opacashumidaterras. Janua, quteversoslridoremcardinereddat, NulladomoIota ; cuslosin liminenullus. Atmediolorus est ebenosubhmisin antro, G10 Plumeus, unicoior, pulio veiaminetectus, Quocubaiipse deu>, membrislanguoresolutis. Hunecircapassim, variasimifantiaformas, Somniavanajacenttotidem, quoimessisarislas, Silvageritfrondes, éjectaslittus arenas. 615 438 MÉTAMORPHOSES. Iris entre. A peine ses mains ont-elles écarté les Songes qui gênent son passage, que l’éclat dont brille son écharpe éclaire la demeure sacrée. Le dieu ouvre péniblement ses yeux appesantis. Plus d’une fois il se soulève et retombe en frappant sa poitrine de son menton chancelant. Enfin il s’arrache à lui-même, et, appuyé sur son coude, il reconnaît la déesse et lui demande quel motif l’amène. Elle répond : « Sommeil, repos de la nature, Sommeil, le plus paisible des dieux, calme de l’âme, loi qui dissipes le chagrin, qui répares la fatigue du corps et le rends au travail ; commande aux Songes qui reproduisent le mieux la ressemblance d’aller à Trachine, sous les traits de Céyx, apprendre à Alcyone le naufrage de son époux. Tel est l’ordre de Junon. » Après avoir rempli son message, Iris s’éloigna soudain ; car elle ne pouvait plus supporter la vapeur assoupissante qui déjà se glissait dans ses sens. Elle s’enfuit, et remonta aux cieux sur l’arc qui l’avait amenée. Parmi ses mille enfants, le Sommeil appelle Morphée, le plus habile de tous à revêtir la forme et les traits des mortels. Nul ne sait mieux prendre, suivant l’ordre qu’il a reçu, leur démarche, Quosimulintravit, manibusqueobstantiavirgo Somniadimovit, veslisfulgorereluxit Sacradomus.Tardaquedeusgravitalejacentes Yixoculostollens, iterumqueilerumquerelabens, Summaquepercutionsnutantipecloramenlo, 620 Excussittandemsibise, cubitoquelevatus, Quidveniat(cognoratenim), scitatur.Atilla : « Somne, quiesrerum, placidissime, Somne, deorum, Paxanimi, quemcura fugit, qui corporaduris Fessaministeriismulces, reparasquelabori ;, G25 Somnia, quceverasoequentimilamineformas, HerculeaTrachinejubé, sub imaginerégis Halcyonen adeant, simulaeraquenaufragafingant. ImperathocJuno. » Postquammandataperegit Iris, abil (nequeenimulteriustolerarevaporis G50 Yimpoleral), labiqueut Somnumsensitin artus, Effugit, et remeatper quosmodoveneratamis. "Atpatere populonatorummillesuorum Excitâtarlificem, simulatoremque figurai, Worphea.Nonillojussossolerliusaller G55 LIVRE XI. 439 leur figure, leur voix, leurs habits et leurs discours familiers. Mais il ne reproduit que l’image des humains. Un autre représente les bêtes sauvages, les oiseaux et les serpents aux longs replis. Les dieux le nomment Icélon, les hommes Phobétor. Un troisième se prête à de nouveaux prestiges ; il s’appelle Phantase. C’est lui qui, avec un art merveilleux, se change en terre, en pierre, en onde, en arbre et en tout autre objet inanimé. Ces trois Songes voltigent la nuit dans les palais des rois et des grands ; les autres visitent les demeures du vulgaire. Cen’est pas à ces derniers que le Sommeil s’adresse. Dans toute sa famille, il ne choisit que Morphée pour exécuter les ordres transmis par la fille de Thaumas. Puis, cédant aux langueurs du repos, il laisse tomber sa tête, et s’enfonce dans sa couche moelleuse. Morphéevole sans bruit à travers les ténèbres, et arrive en un instant aux murs de Trachine. Il déposeses ailes et prend la figure de Céyx. Aussi pâle qu’un mort, il apparaît soudain, sans vêtements, au pied du lit de la malheureuse Alcyone. Sa barbe est humide, l’eau semble inonder ses cheveux. Il se penche sur le lit, Exprimilincessus, vullumquesonumqueloquendi. Adjicitet vestes, et consuetissimacuique Verba.Sedhic soloshominesimitatur.Ataller Fit fera, fît volucris, fit longocorporeserpens. ïïunc IcelonSuperi, mortalePlwlietoravulgus 610 Nominat.Est etiamdiversestertiusarlis • Plwntasos.Illein humumsaxumqueundamquetrabemque, Qussquevacantanima, féliciteromniatransit. Regibushi, ducibusquesuososlenderevultus Noctesoient.Populosalii pîebemquepererrant. G-45 PraHerilhossenior, cunctisquee fratribusunum Morphea, qui peragatThaumantidosédita, Somnus Eligit, et rursus mollilanguoresolulus, Deposuitque caput, slraloquerecondiditalto. Ille volât, niillosstrepilusfacienlibusalis, 650 Per tenebias, intraquemoroebrèvetempusin urbem PervenitHoemoniam. Positisquee corporepennis, In faciemCeycisabit, sumplaquefigura Luridus, exsanguisimilis, sinevestibusullis, Conjugisante lorummisera ; stelit. Udavidetur G55 Barbaviri, madidisquegravisfluercundacapillis. 4ïO

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et, les yeux baignés de larmes : « Malheureuseépouse, dit-il, reconnais-tu Céyx ? La mort a-t-elle changé mes traits ? Regarde : c’est Ion époux, ou plutôt c’est son ombre. Tes vœux, chère Alcyone, ne m’ont été d’aucun secours : j’ai péri. Cessed’espérer que je puisse être rendu à ton amour. L’orageuxAutan a surpris mon navire au milieu de la mer Egée, et l’a brisé sous ses terribles assauts. Mabouche ne cessait de répéter en vain.ton nom, quand les flots la remplirent. Ce n’est pas un témoin suspect qui te raconte les bruits vagues de la renommée. C’est moi-même qui viens, après mon naufrage, l’annoncer mon triste destin. Lèveloi, pleure-moi, prends le deuil, el ne me laisse pas descendre dans le séjour des ombres sans m’accorder une larme. » Morphée accompagnaces paroles d’une voix qu’Alcyonedut prendre pour celle de son époux. Il parut aussi répandre des pleurs véritables, et reproduire les gestes de Céyx. Alcyonegémit et pleure ; elle agite ses bras en dormant ; elle veut embrasser son époux ; mais c’est l’air qu’elle embrasse : « Demeure, s’écrie-t-elle ; où fuis-tu ? nous partirons ensemble, » Troubléepar sa propre voixet par l’image de Céyx, elle se réveille, Tumlectoineumbens, fletusuperorarefuso, Hoecail : « AgnoscisCeyca, miserrimaconjux ; Anmeamulalaest facièsncce ? Respice : nosces, Inveniesqueluoproconjugeconjugisumbram. GCO Nilopis, Ilalcyone, nobistua votatulerunl. Occidimus : falsotibimepromitlerenoli. Nubilusoegoeodeprënditin oequorenavim Auster, et ingentijactalamflammesolvit ; Oraquenoslra, tuumfrustraclamanlianomen, GG5 Impleruntfluclus.Nonhoectibi nunliatauctor Ambiguus, nonistavagisrumoribusaudis. Ipseegofalatibiprasensmeanaufragusedo. Surge, âge, da lacrymas, lugubriaqueindue, necme IndeploralumsubinaniaTarlaramille. » G70 Adjicitbis vocemMorpheus, quamconjugisilla Crederelessesui ; fietusquoquefundereveros Visuserat, geslumquemanusCeycisbabebant. IngemilIlalcyonelacrymans, molalquelacertos Per somnum, corpusqnepetensamplectiturauras, G75 Exclamalque

: « ’Mane.Quole rapis ? Ibimusuna. » 

Vocesua, speciequeviri turbatasoporem LIVRE XI. 4il et cherche l’ombre à l’endroit où elle lui est apparue ; car ses esclaves, avec des lumières, élpienl accourus à ses cris. Mais, ne pouvant la trouver, elle meurtrit son visage, déchire son sein et les voiles qui le couvrent, arrache ses cheveux sans les dénouer, et répond à sa nourrice, qui lui demande le sujet de sa douleur : « Tu n’as plus d’Aleyoue ; Alcyone n’est plus ; elle est morte avec son cher Céyx. Ne la consolepoint. Il a péri dans un naufrage. Je l’ai vu, je l’ai reconnu, el, comme il s’éloignait, je lui ai tendu les bras pour le retenir. Je n’ai saisi qu’une ombre, mais c’était l’ombre réelle et véritable de mon époux. Toutefois ses Iraits étaient changés, et son front ne brillait plus du même éclat. Malheureuse ! je l’ai vu pâle, nu, elles cheveux encore humides. Yoicila place où il s’est montré dans le plus triste étal (el elle cherchait les traces de l’ombre). C’était donc là ce que me présageaient mes craintes, lorsque je le conjurais de ne pas me fuir pour t’abandonner à la merci des vents. Ah ! puisque lu devais périr, que ne m’as-tu emmenée avec loi ? Il m’eût été doux, oui, bien doux de te suivre ! Ma vie ne se serait pas un instant écoulée loin de toi, et la mort même n’eût pu nous désunir. Maintenant, sans naufrage, Exeutil, et primosi sit circumspicitillic, Quamodovisuserat ; nammolivoceministri Inluleranllumen.Postquamnoninvenitusquam, G80 Perculitora manu, laniatquea peclorevestes, Pectoraqueipsaferit ; neccrinemsolverecurai ; Scindit, et allrici, quïeluctuscausa, roganti : « Nullaest Ilalcyone, nullaest, ail : occidituna CumCeycesuo.Solantiatollileverba. GSo Naufragusinferiit.Vidi, aguovique, manusque Addiscedentemcupiensrclinerelelendi. Umbrafuit, sedet umbratamenmanifesta, virique Veramci.Nonillequidem, si quxris, habebat Assuelosvultus, necquopriusore nitebat. 090 Pallentem, nudumque, et adhuchumentecapillo Infelixvidi.Stelithocmiserabilisipso Ecceloco(elquoerit, vesligiasi quasupersint). Hocerat, hoconinioquoddivmanleîunebani ; Etne, me fugiens, ventessequerererogabam. 005 Alcerle vellem, quoniamperiturusabibas, Mequoqueduxisscs.Fuit, ah ! fuit utiletecum Ire mihi ; nequeenimde vila3lemporequidquam Nonsimulegissem, nec morsdiscrelafuisset. 442 MÉTAMORPHOSES. je meurs avec toi dans les flots ; et, sans me posséder, la mer m’a reçu dans son sein. Ah ! mon cœur serait plus cruel que les ondes, si je m’efforçais de prolonger mes jours ou de survivre à une si grande douleur. Maisnon, je ne l’essayerai point ; non, malheureux époux, je "net’abandonnerai pas. Maintenant, du moins, je puis l’accompagner.. Si nos cendres ne reposent pas dans la même urne, nos deux noms seront inscrits sur le même’tombeau, et, si nos dépouilles ne peuvent être réunies, mon nom touchera le tien. » La douleur l’empêche de poursuivre. A chaque mot, elle se frappe la poitrine, el des soupirs s’échappent de son cœur oppressé. Au point du jour, elle sort du palais, court au rivage et se dirige tristement vers l’endroit où elle avait vu son époux s’embarquer. Là elle s’arrête : « C’est ici, dit-elle, qu’il mit à la voile ; c’est ici qu’il me donna le baiser d’adieu. » Tandis qu’elle se retrace les scènes dont ses yeux furent témoins, et qu’elle promène ses regards sur la mer, elle aperçoit dans le lointain, flottant sur l’onde, un objet semblable à un eadi-re. Elle ne distingue pas d’abord ce que c’est. Peu à peu les flots poussent le corps vers elle. Quoiqu’il soit encore éloigné, elle reconnaît la dépouille Nuncabsenspereo ; jactor nuncfluctibusabsens, 700 Et sine meme pontushabet.Crudelioripso Sit mibimenspelago, si vilamducerenitar Longius, et lanlopugnemsuperessedolori. Sednequepugnabo, nec te, miserande, relînquam ; Et tibi nuncsaltemveniamcornes, inquesepulcro ’705 Si non urna, tamenjungetnos littera ; si non Ossibusossâmeis, at nomennominelangam : " » Pluradolorprohibet, verboqueinlervenitomni Plangor, et attonilogemituse cordetrahunlur. Maneerat. Egrediturtectisad Iitlus, et illum 710 Moestalocumrepetit, de qiiospectarateuntem. Dumquemoraturibi, dumque : « Hincratiuaculasolvit, Hocmihidiscedensdéditosculalîttore, » dicit. Dumquenotalaoculisreminiscituraeta, fretumque Prospicit, in liquida, spatiodistante, tuetur 715 Nescioquid, quasicorpus, aqua ; primoque, quidiliud Esset, erat dubium.Postquampauloappulitunda, Et, quamvisaberat, corpuslamenesseliquebat. LIVRE XI. 443 d’un homme. Elle ignore quel est cet infortuné ; mais il a péri dans un naufrage, et son cœur est troublé de cet augure. Puis, comme si elle pleurait un inconnu : « Hélas ! dit-elle, qui que tu sois, je plains ton sort et celui de ton épouse, si lu en as une. » Les flots rapprochent le cadavre du bord. Plus elle est attentive, plus ses sens sont émus. Enfin le corps touche au rivage ; Alcyone peut le reconnaître. Elle regarde. C’était son époux. « C’est lui ! » • s’écrie-t-elle. Au même instant elle déchire ses vêtements et son visage, elle s’arrache les cheveux, el, tendant à Céyx ses mains tremblantes : « Est-ce ainsi, cher époux, dit-elle, est-ce ainsi, malheureux, que tu devais m’être rendu ? » Près de la mer est une digue artificielle qui brise la première impétuosité des flots et rend leur choc impuissant. Alcyones’y. élance, au grand étonnement de tous ; mais elle volait. Oiseau infortuné, fendant l’air de ses récentes ailes, elle effleurait les vagues. Des sons tristes, des cris plaintifs, sortaient de sa bouche ou plutôt de son bec. Elle touche ce corps pâle et glacé, entoure de ses ailes ces restes chéris, et y imprime mille baisers. Quisforet, ignorans, quianaufragus, ominemotaesl ; Et.tanquamignololacrymasdaret : « Heu ! miser, inquit, 720 Quisquises, et si quaest conjuxtibi ! » Fluclibusacîum Fit propiuscorpus.Quodquo magisilla tuetur, Hocminuset minusestjam menssua.JamquepropLnquoe Admotumlerroe, jamquodcognoscereposset, Cernit.Eratconjux ! « Ille est ! » exclamai, et una 725 Ora, comas, vestemlacérât, lendcnsquetrementes AdCeycamanus : « Sic, o carissimeconjux, Sicad me, miscrande, redis ? » ait. Adjacetundis bâclamanumoles, qureprimasoequorisiras Frangit, et incursusquospradelassatoquarum. 73U Insililhue, mirumquefuit potuisse ! volahat, Perculiensquelevemmodonatisaéra pennis, Slringebalsummasaiesmiserabilisundas. Dumquevolai, moestosimilem, plenumquequereloe Oradetlercsonum, tenuicrepitantiaroslro. 255 Ut veroleligitmutumet sinesanguinecorpus, Dilectosartus amplexarecenlibusalis, Frigidanequicquamdurodéditoscularostro. 444

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Céyx les a-t-il ressentis, ou bien le mouvement de l’onde a-l-il soulevé sa tète ? on ne sait ; mais il y avait été sensible. Les dieux émus avaient enfin changé les deux époux en oiseaux. Leur amour est resté le même, malgré ces nouveaux destins, et, sous leur nouvelle forme, fidèlesà la foi de l’hymen, ils s’accouplent et multiplient. Pendant sept jours sereins, en hiver, l’Alcyon couve dans un nid suspendu sur les flols. Alors la mer esl sans danger : Éole enchaîne les vents dans leur prison, et calme les flots en faveur de ses petits-fils. MÉTAMORPHOSE D’ÉSAQUE ENPLONGEON. IX. Un vieillard les voit voler sur la plaine liquide, el applaudit à de si fidèles amours. Un autre vieillard, si ce n’est le même, dit alors : « Cet oiseau que vous voyez effleurer les flots, el donl les jambes sont si grêles (il montrait un plongeon au long cou), sort aussi du sang des rois. Si vous voulez connaître son origine, il compte pour aïeux llus, Assaracus, Ganymèdeenlevé par Jupiter, le vieux Laomédon, etPriam, qui vit la dernière journée de Troie. SenserithocCeyx, an vultummotibusundrc Tolleresit visus, populusdubitabal ; at ille 740 Senserat, et landem, Superismiseranlibus, ambo Alitemutanlur.Fatisobnoxiusîsdem Tunequoquemansitamor, necconjugialesolulum Foedusin altibus : cœunt, fiunlqueparentes, Perquediesplacidos, liibernotempnre, septem 745 IncubâtHalcyonependenlibustequoremdis. Tumvialutamaris.Ventéscnstodit, et arcet /EolusegTessu, proestatquenèpotibusaxpior. jESACDS 15ÎIERGDJI TRANSFOHMATUS. IX. Hosaliquisseniorcircumfrétalata volantes Spectat, el adfinemservatoslaudatamores. 750 Proximus, aut idem, si forslulit : « Hicquoque, dixit. Quemmarecarpentem, subslrictaque.cruragerentem, Aspicïs(ostendecsspatiosumgutlurarnergum), Règiaprogenies ; et si dcsccnderead ipsum Ordineperpetuoquteris, sunt hujus origo 755 llus, et Assaracus, raplusqueJoviGanymedes, Laomedonque scnes, PriamusquenovissimaTrojaj LIVRE XI. 445 Il étail frère d’Hector. S’il n’eût subi sa métamorphose au printemps de l’âge, peut-être en eût-il égalé la gloire. Hector devait pourtant le jour à la fille de Dymas, tandis qu’une simple Nymphe, Alexirhoé, enfanta secrètement Esaque dans les forêts de l’Ida, en s’appuyant sur une branche fourchue. Ennemi des villes, loin du faste de la cour, il recherchait les monts solitaires, la simplicité des champs, cl se montrait rarement, dans les cercles d’Ilion. Néanmoinsson cœur n’était point sauvage et inaccessible aux traits de l’amour. Souvent il chercha Hespérie dans les bois. Un jour il la vit sur les bords du Cébrène, son père, lorsqu’elle séchait au soleil ses longs cheveux épars. A son aspect, la Nymphe disparut comme une biche effrayée évite un loup, ou comme une cane, surprise par un épervier, fuit loin du lac qui lui sert d’asile. Esaque poursuit Hespérie et la presse : l’amour hâte sa marche, comme la crainte précipite les pas de la Nymphe. « Tout à coup un serpent, cachésous l’herbe, perce de sa dent aiguë le pied d’Hespérie, et glisse son venin dans ses veines. Au même instant elle s’arrête et meurt. Son amant, hors de lui, embrasse ses membres glacés. « Ah ! s’écrie-t-il, quel malheur pour Temporasortitus.Fralcrfuit ïïcelorisiste. Quinisi sensissetprimanovafalajuvenla, Forsitaninferiusnon Heclorenomeuhaberet, 700 Quamvisest illumproiesenixaDymantis. .EsacotiumbrosafurlimpeperissesubIda FerturAlexiihoe, graciliconalabicorni. Oderalhicurbes, nitidaqueremotusab aula, Secrelosmonteset inambitiosacolebat 765 Rura, neciliacoscoetus, nisi rarus, adibat. Nonagrestetamen, nec inexpugnabileamori Peclushabens, silvascaptalamsoepeper omnes, AspicitIlesperienpalriaCebrenidaripa, Injccloshumerissiccantemsolecapiilos. 770 VisafugitNymphe, veluliperlerrilafulvum Cervalupum, longcquelacudeprensarcliclo Accipilremfluviaîisanas.QuamTroiushéros Insequilur, celcremquemelucelerurgelamorc. « Eccelalenslierbaeoluberfugicnlisadunco 775 Dentepcdemstrinxit, virusquein corporeliquit. Cumvila suppressafugaest. Ampleclitur amens Exanimem, clamatque : « Piget, pigetessesecutum. 440 ’

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« moi de l’avoir poursuivie ! Maispouvais-je le prévoir ? Jamais je « n’eusse voulutriompher à ce prix. Infortunée, deux ennemis t’ont a perdue, le serpent qui t’a blessée, et moi qui ai causé ta mort. « Je serais plus coupable que le serpent, si je ne consolais ton « trépas par le mien. » A « es mots, du haut d’un rocher —minépar les vaguesbruyantes, il se jette dans la mer. Téthys, touchée de son désespoir, adoucit sa chute, et, tandis qu’il sillonne les flots, elle lui donne des ailes. La mort, objet de ses vœux, lui est ainsi refusée. Il s’indigne de conserver une vie odieuse, et de trouver des obstacles qui retiennent son âme, impatiente de.quitter sa triste demeure. Porté sur ses récentes ailes, il vole à la surface des eaux, et s’y précipite encore ; mais son plumage le soutient. Dans son délire, il plonge au fond de l’abîme, et s’obstine à y chercher le trépas. L’amour a causé sa maigreur. Sa jambe est effilée, son cou s’allonge, el sa tête s’éloigne de son corps. Il aime l’onde, et doit son nom à l’habitude de s’y plonger. » « Sednonhoctimui ; necerat mihivincerelanti. a pertlidimusmiseramnoste duo. Vulnusah angùe, 780 a Amëcausadataest.Egosimsceîeraliorillo, <iNitibi morlemeamortissolaliamittam. » Dixit, el e scopulo, quemraucasubederatunda, Sedéditin pontum.Tclhysmiseratacadeutem Molliterexcepit ; nanlemqueper asquorapennis 785 Texit, et optais ; nonesl datacopiamortis. ïndignaturamansinvitumviverecogi, Obstariqucanimai, miserade sedevolenli Exire ; utquenovashumerisassumpseratalas, Snbvolat, atqueiterumcorpussuperscquoramitlit. 790 Plumalevaicasus.’FuritJEsncos, inqueprofun’dum Pronusabit, lethiqueviamsinefinerelenlat. Fecitamormaeiem ; lôngainternodiacrurum, Longamanetcervix ;.caputest a corporelonge. , Equoramat, nomenquelenet, quia mergiturillo. » 795 LIVRE DOUZIÈME LESERPENTQUIAVAITANNONCE LADUREEDELAGUERREDETIÎOIEEST PÉTRIFIÉ. — UNEBICHEESTIMMOLÉE A LAPLACED’IPIIIGÉNIE. I. Priam, ignorant que son fils Esaque vivait sous la forme d’un oiseau, déplorait son trépas, et, sur le cénotaphe où son nom fut gravé, Hector et ses frères offrirent des présents à son ombre. Paris n’assista point, à cette cérémonie funèbre, lui qui, bientôt après, avec la femme qu’il avait enlevée, attira une longue guerre sur sa patrie. Mille vaisseaux et les forces de la Grèce conjurée s’unirent pour châtier son crime. La vengeance eût été prompte, si les vents furieux n’eussent interdit la mer aux vaisseaux, et retenu près des côtes de la Béotie, dans les eaux poissonneusesd’Aulis, la flotte prête à partir. Là, suivant l’usage de leurs aïeux, les LIBER DUODECIMUS DRACO QUITRpjAKIBELLIDIÏÏTDRNITATEJI S1GXIFICAVRRAT INSAXUM VERTITUR. — IXLOCDM IPHIGEKLE CERVA MACTATUR. I. KesciusassumplisPriamuspater$ ! saconalis Yivere, lugebat ; tumuloquoquenomenhabenti InferiasdederatcumfratribusHectorinanes. DefultofficioParidisprassenliatristi, Poslmodoqui rapta longumcumconjugebellum 5 Attulitin palriam ; eonjuraUeque sequuntur Millerates, gentisquesimulcommunepelasgoe. Necdilataforetvindicta, nisi aiquorasoevi Inviafecissentventi, boeolaquetellus Aulidepiscosapuppestenuissetiluras. 10 Hic, patriode more, Joviquumsacraparassent, 4JS MÉTAMORPHOSES. Grecs préparaient un sacrifice à Jupiter. Le feu brillait à peine sur un autel antique, lorsqu’ils virent un noir serpent s’élancer sur un platane voisin. A la cime de l’arbre, un nid recelait huit oiseaux. Le serpent les saisit avec leur mère, qui voltigeait autour d’eux, et en assouvit sa faim cruelle. Les Grecs furent glacés d’effroi. Le fils de Theslor, qui lisait dans l’avenir, s’écria : « La victoire est à nous ; livrez-vous à la joie, enfants de la Grèce. Ilion lombeia, mais le terme de nos travaux esl encore éloigné. » Puis, d’après le nombre des oiseaux, il assigna neuf ans de durée à la guerre. Le serpent, enlacé aux vertes branches de l’arbre, fut pétrifié sous la forme qu’il présentait. Cependantl’impétueux Néréerégnait toujours sur les flots d’Aonie, et ne permettait pas aux guerriers de quitter le port. Quelques-uns s’imaginaient que Neptune voulait sauver Troie, dont il avait lui-même élevé les remparts. Calchas ne partageait point cet avis. Il savait et il déclara qu’il fallait apaiser la colère de Diane par le sang d’une vierge. L’intérêt public l’emporta sur la tendresse d’Agamemnon, et le roi triompha du père. Déjà, prêle à donner son sang pur, Iphigénie se tenait devant l’autel, entourée Utvêtusacccnsisincanduitignibusara, Serperecoeruleum Danaivideredraconem In plalanum, cceptisquoeslabatproximasacris. Kiduseratvolucrumbis quattuorarboresumma, 15 Quassimul, et matremcircumsuadamna’volanlem, Corripuitserpens, avidaquerecondiditalvo. Obslupuereomnes.Atveriprovidusaugur, Theslorides : t Vincemus, ait ; gaudete, Pelasgi. Trojacadet ; sederit nostrimoralongalaboris. » 20 Atquenovemvolucresin bellidigeritannos. Ille, ut erat, viridesamplexusin arboreramos, Fil lapis, et servalserpentisimaginesaxum. PermanelaoniisNereusviolenlusin undis, Bellaquenon transfert ; et sunt qui parcereTroja ! 25 Keplunumeredant, quiamoeniafeccraturbi. AtnonTheslorides.Kecenimnescitve, lacelve Sanguinevirgineoplacandamvirginisiram Essedea :.Poslquampietatempublicacausa, Rexquepatremvieit, caslumquedaluracruorem 30 FlentibusanlearamstelilIphigeniaminislris, LIVRE XII. 449 de sacrificateurs en larmes. La déesse, émue, répandit un nuage sur tous les yeux. Au milieu de la pieuse foule qui adressait au ciel des prières, elle substitua, dit-on, une biche à la fille du roi de Mycènes. Diane fut désarmée par une victime digne d’elle. Sa colère et celle des flots cessèrent en même temps. Les mille vaisseaux s’avancèrent à l’aide d’un vent propice, et touchèrent, après bien des traverses, aux rivages de Troie. CTCNUS, TOÉPARACHILLE, ESTCHANGÉ ENCYGNE. II. Au centre de l’univers, entre la terre, la mer et le ciel, confins des trois mondes, est, un lieu d’où l’on découvre tout, même dans les régions les plus reculées, et où l’on entend la voix dé tous les mortels. C’est le palais de la Renommée. Bâti sur la montagne la plus élevée, il esl percé d’innombrables issues et de mille fenêtres. Aucune porte n’en ferme l’entrée. Il reste ouvert nuit et jour. Ses murs sont en airain sonore. Tout y retentit. Les moindres paroles et les moindres sons y trouvent un écho. Au dedans, point de calme, point de silence ; point de cris cependant, mais des chuchotements semblables au lointain murmure de la mer ou Victadeaest, nubemqueoculisobjecit, et inter Officiumturbamquesacri, vocesqueprecantum, Supposilafertur mutasseMycenidacerva. Ergoubi, qua decuit, lenitaest caideDiana, 53 El pariterPhoebes, paritermarisira recessit. Accipiuntvenlosa tergomillecarina ?, Multaqueperpessa ; phrygiapotiunlurarena. CTCNUS, ABACHILLE OCCISUS, 1IBTATUR IXAVEÎI. il. Orbelocusmedioest, inter lerrasque, fretumque, Coeleslesque plagas, triplicisconfiniamundi, 40 Unde, quodest usquam, quamvisregionibusabsit, Inspicitur, penetratquecavasvoxomnisad aures. Famatenet, summaquedomumsibilegitin arce ; Innumerosque adilus, ac milleforaminalectis Addidit, et nullisinciusitliminaporlis. 45 Noctediequepalet.Totaest ex airesonanti ; Totafrémit, vocesquerefert, iteratquequodaudit. Kullaquiesintus, nullaquesilentiaparle. Nectamenest claihor, sedparva ; murmuravocis, Qualiade pelagi, si quisproculaudiat, undis 50 Essesoient, qualemvesonum, quumJupiteratras 450

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aux roulements de la foudre mourante, lorsque Jupiter a froissé es sombres nuages. Les portiques sont inondés d’une foule inconstante qui va el vient sans cesse. Millefables, mêlées à la vérité, circulent et forment des rumeurs confuses que ceux-ci recueillent et que ceux-là vont colporter partout. Les mensonges se propagent, el chacun ajoute encore aux récifs qu’il vient d’entendre. Là résident la Crédulité, l’Erreur téméraire, la vaine Joie, la Terreur panique, la Sédition soudaine el les faux Bruits. La déesse voit tout dans le ciel, sur la mer, sur la terre : le monde entier est son domaine. Elle avait annoncé l’arrivée de la flotte des Grecs, chargée de guerriers intrépides. Aussi, lorsqu’ils se présentèrent devant Ilion, les Troyens ne furent point surpris. Ils fermèrent tout 3ccès et défendirent leurs côtes. Le premier qui, par l’ordre du Destin, périt sous les (rails d’Hector, fut Prolésilas. Ce combat coûta cher aux Grecs. Le trépas d’un héros lit connaître Hector. Mais les Troyens, dont le sang coulait à grands flots, apprirent à leur tour combien le bras des Grecsétait redoutable. Déjàles rivages de Sigée étaient couverts de carnage ; déjà le fils de Neptune, Cycnus, avait Increpuitnubes, extrcmalonilruareddunt. Atriaturbalenenl.Veniuntlevévulgus, euntque ; Mixtaquecumverispassimcommentavaganlur Milliarumorum, confusaque verbavoluLant. 55 E quibushi vacuasimplentsermonibusaures ; Hi narralafcruntalio, mensuraqueficli Crescit, el auditisaliquidnovusadjicitauctor. lllic Credulilas, illictemerariusError, VanaqueLaHiliaest, consternaliqueTimorés, €>0 Sedilioque repens, dubioqueauctorèSusurri. Ipsaquidin coelorerum, pelagoquegeratur, Et tellure, videt, lolumqueinquiritin orbem. FeceratliEecnotum, graiascummilileforti Advenlareraies, nequeinexspectatusin armis 05 Hostisadest.Prohibentaditu, littusquetuenlur Troes, el hecloreaprimusfataliterhasta, Protesilae, cadis ; commissaque pradiamagno SlantDanais, forlisqueanimoenececognitusHector. NecPhrygesexiguo, quidachaiadexleraposset, 70 Sanguinesenserunt.Etjam siga ; arubebant Littora ; jamletho, proiesneptunia, Cycnus LIVRE-XII. 451 livré mille guerriers à la mort ; déjà sur son char Achille poursuivait les Troyens et abattait des bataillons entiers sous sa lance. A travers la mêlée, il cherche Cycnusou Hector. Il rencontre Cycnus. Hector devait échapper encore dix ans au trépas. Achille anime et presse ses blancs coursiers, pousse son char contre Cycnus, et de son bras vigoureuxsecouant un dard menaçant : « Qui que tu sois, jeune Troyen, dit-il, console-toi en mourant de tomber sous le fer d’Achille. » A ces mots, il lui décoche un pesant javelot. Le trait, quoique lancé d’une main sûre, semble s’émousser sur la poitrine de Cycnus, et le frappe sans le blesser. « Fils d’une déesse (car la renommée t’a fait déjà connaître), s’écrie ce guerrier, pourquoi t’étonner que je ne reçoive pas de blessure (Achille s’élonnait en effet) ? Ce n’est ni ce casque où flotte la blonde crinière d’un coursier, ni ce bouclier dont mon bras gauche est chargé, qui soutiennent mon courage : ils ne sont destinés qu’à me parer. Marsse plaît à porter dépareilles armes. Quandje les poserais, je-n’en serais pas moins invulnérable. C’est quelque chose d’être le fils, non d’une Néréide, mais du dieu qui tient sous ses lois Nérée, ses filles el le Millevirosdederat ; jam curru inslabatAchilles, Troaquepeliaeoeslernebatcuspidïsictu Agmina, perqueacies, aut Cycnumaut Ilectoraquaîrcns, 75 CongrcdilurCycno.Decimumdilatusin annum ïïeelorerat.Tumcollajugo candcnliaprcssos Exhortalusequos, currumdirexitin hostem, Concutiensque suisvibrantiatcialacerlis : « Quisquises, o juvenis, solaliamortishabeto, 80 Dixit, ab hoemonioquodsis jugulatusAchille. » HactenusiEacides : vocemgravishasta seculaest. Sedquanquamc’ertanullusfuit error in hasta, Niltamenemissiprofecitacumineferri. Utquehebetipectustantummodocontuditictu : 85 « Natedea(namle famapraenovimus), inquit Ille, quida nobisvulnusmirarisabesse ? (Mirabaturenim) ; nonhaie, quamcernis, equinis Fnlvajubiscassis, neconuscavaparmasinislra Auxiliomibisunt : décorest quaîsitusab istis. 90 Marsquoqueob hoecaperearmasolet.Removebilur omne Tegminisofficium ; tamenindeslrictusabibo. Estaliquid, non essesatum Néréide, sedqui 452 MÉTAMORPHOSES. vaste Océan. » Il dit, et lance au petit-fils d’Éaque un trait qu atteint son bouclier, en perce l’airain, traverse jusqu’au neuvième cuir et s’arrête au dixième. Achillel’arrache, et d’un bras nerveux dirige contre Cycnus un.e seconde javeline, qui ne produit aucun effet sur lui. Sans armure, il court au-devant d’un troisième trait, et n’éprouve aucun mal. Achille devient furieux comme un taureau du cirque lorsque, frappant de ses cornes terribles le tissu de pourpre qui a provoqué sa colère, il sent l’impuissance de ses coups. Le héros examine si le fer n’est pas tombé de son arme, et, l’y voyanttoujours attaché : « Monbras s’est donc affaibli, dit-il, ou bien son ancienne force ne peut rien contre un seul ennemi ! Il était pourtant vigoureux quand, le premier, je renversai les remparts de Lyrnesse, quand j’arrosai du sang de leurs habitants Ténédos et Thèbes, gouvernée par Éétion, quand le Caïqueroula dans ses flots les cadavres des peuples établis sur ses bords, et quand Télèphe éprouva deux fois les coups de ma lance terrible. Ici même, tous ces monceaux de morts que je vois entassés sur la rive attestent ce qu’a pu mon bras et ce qu’il peut encore. » Nercaque, et natas, el totumlempcreta ; quor. » Dixit, et hoesurumclypeicurvaminetelum 95 Hisitin.Eaciden, quodet oes, et proximarupit Terganovenaboum, decimotamenorbemoralum. Exeutithochéros, rursusqueIrementiaforli Telamanutorsit ; rursussinevulncrecorpus, Sineerumquefuit ; neclerlia cuspisapertum, 100 Etse proebentem valuitdestringereCycnum. ’ lïaùdsecûsexarsit, quamcirêolaurusaperto, Quumsua terribilipetit irritaminacornu, • Puniceasvestes, elusaquevulncrasentit. Numtamenexcideritferrumconsidérâthasta ;. • 105 Hoerebatligno : « Manusest meadebilisergo, Quasque, ait, antehabuitvires, effuditin uno. Namcertevaluit, velquumlyrncsiaprimus Mceniadisjeei, vel quumTenedonque, suoquc .Eetioneasi’mplevisanguineThebas ; 110 VelquumpurpurcuspopularicoedeCayeus Fluxil, opusquemeaebissensitTelephushastoe, Hicquoquetoi coesis, quorumper lillusacervos Et feci, et video, valuitmeadexlra, valclque. » LIVRE XII. .(53 A ces mots, comme si ses exploits lui inspiraient peu de con. fiance, il tourne ses traits contre le LycienMénétès, placé vis-à-vis de lui, el perce du même coup sa cuirasse et sa poitrine. Il expire el frappe la terre de son front. Achillerelire son arme encore fumante : « Voilà, dit-il, la main, voilà le fer qui vient de vaincre. Je vais les employer contre Cycnus : puissent-ellesavoir le même succès ! » Il l’attaque de nouveau. Loin de s’égarer, la lance l’atleinl à l’épaule gauche ; mais elle retentit, repoussée par l’airain, comme par un mur ou par un rocher impénétrable. Cependant, là où le fer a porté, Achilleaperçoit des gouttes de sang et se livre à une joie trompeuse. Son ennemi n’avait point de blessure : ce sang était celui de Ménétès.Alors, d’un bond rapide, Achille, frémissant de colère, s’élance de son char, et, une épée flamboyante à la main, tombe sur son ennemi, qui l’attend avec assurance. Sous les coups de son glaive, il voit s’enlr’ouvrir le bouclier el le casque de Cycnus, mais le fer s’émousse contre son corps. Achille ne se maîtrise plus : il relire son bouclier el frappe trois ou quatre fois le visageelles tempes de Cycnusavec la garde de son épée. Cycnusrecule. Achille le poursuit, le presse, le trouble el l’élourDixit, et, ante actisvelutimaiecrederet, haslam 115 Misilin adversumlyciade plèbeMenoetcn, Loricamquesimul, subjectaquepectorarupit. Qùoplaugentcgravemmoribundovcrticeterrain, Extrahitilludidemcalidode vulncreleluni, Atqueait : « Hoecmanusest ; hicc, quamodovicimus, hasta ! 120 L’tarin huneîsdem : sit in hocprecorexitusidem. «  Sicfatus, Cycnumque petit, necfraxinuserrât, Inquehumerosonuilnonevitatasinislro. Indevelutmurosolidavea caule, repuisaest. Quatamenictuserat, siguatumsanguineCycnum 125 Viderai, et frustrafucratgavisusAchilles. Vulnuserat nullum ; sauguiserat illeMeuoetîe. Tumveropriccepscurrufremebuudusaballô, Dcsilil, cl nilidosecurumcominushoslem Ensepetens, parmamgladio, galeamquecavari 150 Ccrnil, cl in duro licdiquoquecorporeferrum. Haudlulitullerius, clypcoqueadversareducto Ter, qualerora viri, capulocavalemporapuisât ; Cedentique sequensinstat, lurbalquc, ruitquc, 454

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dit, sans lui laisser le temps dé respirer. La terreur s’empare de Cycnus ; ses yeux sont plongés dans les ténèbres. Il porte ses pas en arrière ; son pied se heurte contre une pierre, et il tombe à la renverse. Achillefond sur lui avec impétuosité, et le tient immobile sur l’arène. Puis, pressant sa poitrine de son bouclier et de ses genoux par une forte étreinte, il resserre les liens de son casque autour de sa gorge. Cycnus perd à la fois la respiration et la vie. Achille veut dépouiller son ennemi vaincu ; mais il ne voit que son armure. Le dieu de la mer l’avait transformé en un oiseau blanc dont il portait le nom. NESTORRACONTE LE COMBAT DESLAPITHES ET DESCENTAURES. CÉNÉEESTMÉTAMORPHOSÉ ENOISEAU. III. Cespremières fatigues et ce premier combat amenèrent une trêve de plusieurs jours : chaque parti déposa les armes. Tandis qu’une garde infatigable veillait sur les remparts de Troie, et qu’une autre non moins active protégeait les retranchements des Grecs, arriva le jour où Achille, pour célébrer sa victoire sur Cyc^nus, immolait une génisse à Pallas. La flamme allumée sur l’autel Attoniloquenegatrequiem.Pavoroccupaiillum, 155 Anleoculosquenatantlenebra ;, relroqueferenti Aversospassus, mediolapisobstilitarvo. QuemsuperimpulsumresupinopectoreCycnum Vimultaverlit, lerraqueafflixitAchilles. Tum, clypeogenibusquepremensproecordiaduris, 140 Yinclatrahitgalea ;, qua ; pressosubditamenlo Eliduntfauces, et respirameniterque Èripiuntanima ;.Victumspoliareparabat ; Armarelictavidet.Corpusdeus aïquorisalbam Gontulilin voluerem, cujtismodonomenhabcbat. Lia NESTOR FUGNAM LAPITIIAIt’JI CUMCENTAURIS NARRAT. — ŒNEUS IXVOLUCREJI TRANSFORNATOR. l.i. Hiclabo-, hoecrequiemmultorumpugnadicrum Atlulil ; et positisparsutraquesubstilitarmis. Dumquevieilpli ygiosservalcustodiamuros ; Et vigilargolicasservalcustodiafossas, Feslaiies aderat, qua CycniVictorAchilles ioO Pallada ! actalieplacabatsanguinevacca ;. Cujuslit imposuilproseclacalentibusaris, LIVRE XII. 4J5 dévora les entrailles de la victime, et dans les airs s’éleva la fumée du sacrifice accepté par les dieux. On fit la part des Immortels et des prêtres : le reste fut servi sur la table du héros. Les chefs de la Grèce, rangés autour d’Achille, mangeaient des chairs rôties el noyaient dans le vin leur soif et leurs soucis. Ni la lyre, ni les chants, ni la flûte, ne charmaient leurs oreilles. C’est en discourant qu’ils prolongeaient la soirée. Le courage était le sujet de leurs entretiens. Ils racontaient leurs exploits et ceux de leurs ennemis ; ils aimaient à rappeler les périls qu’ils avaient bravés el surmontés tour à tour. De quel autre objet devait parler le grand Achille ? Sur quel autre objet converser avec lui ? Sa récente victoire remplissait toutes les bouches. Chacun était surpris que Cycnus fût resté impénétrable aux traits, et que son corps eût résisté au fer. Achillelui-même et les Grecs s’en étonnaient, lorsque Nestor s’exprima en ces termes : a De vosjours, ce guerrier a été seul invulnérable. Mais, moi, j’ai vujadis mille traits atteindre impunément Cénée, le héros de Perrhèbe, dont l’Othrys a connu les exploits. Chose plus merveilleuse encore ! il était né femme. » Chacun se El disaccepluspenetravitin a ; theranidor, Sacraluleresuam, parsest datacaHeramensis. Discubuerelorisproceres, et corporatosla 155 Carnerepleut, vinoquelevantcurasquesitimque. Noniiioscilhara ;, nonilloscarminavocum, Longavemultiforidélectaitibiabuxi ; SednoctemsermoneIrahunt, virlusqueloqueudi Materiaest.Pugnamréférantliostisque, suamque ; 1G0 Inquevicesadila, atque.exhaustapericulasa ; pe Commcmorare juvat : quidenimloquerelurAchilles ? AutquidapudmagnumpotiusloquerenturAchillem ? Proximaproecipue domitoVictoriaCyeno In sermonefuit. Visummirabilecunclis, 105 Quodjuvenicorpusnullopenetrabiletelo, Inviclumquead vulneraerat ; ferrumqueterebat. HocipsumJSacides, hocmirabanlurAchivi, Quumsic Nestorait : « Vestrofuit unicusa ; vo Contcmptorl’erri, nulloqueforabilisictu 170 Cycnus.Atipseolimpatientemvulneramille, Corporenonla ; so, Perrligcbum Cameavidi, CtcueaPerrhamurn, qui faclisinclytus, Othryn Incoluit.Quoqueid mirummagisessetin illo, Feminanatusoral. » Monslrinovilalcmovcntur, 175 450 MÉTAMORPHOSES. récrie sur une aventure aussi étrange, el prie Nestor d’en faire le récit. « Parlez, dit Achille, nous brûlons tous de vous entendre ; parlez, éloquent vieillard, l’oracle de notre siècle ; dites-nous ce qu’était Cénée, pourquoi son sexe fut changé, par quelle expédition et par quelle action d’éclat il se fit connaître, quel fui son vainqueur, si toutefois il en eut un. J> Le vieillard répond : « Quoiquemon grand âge m’ait fait perdre le souvenir de plusieurs exploits dont je fus témoin dans ma jeunesse, j’en ai pourtant retenu un grand nombre. Maisde tous ceux qui ont eu lieu durant la paix el durant la guerre, aucun ne s’est plus profondément gravé dans ma mémoire que celui que je vais raconter. Une longue vieillesse rend l’homme spectateur de mille événements ; or j’ai déjà vécu deux cents ans, et mon troisième âge commence. « Fille d’Élatus, Cénis, célèbre par sa beauté, éclipsait toutes les jeunes fillesde Thessalie.Desvilles voisinesel de vosÉtats, Achille, (car elle y prit naissance), mille prétendants lui adressèrent vainement des vœux.Pelée eût peut-être aussi brigué sa main ; mais il avait obtenu celle de votre mère, ou bien elle lui était promise. Cénis ne s’engagea pas sous les lois de l’hymen. Unjour Quisquisadest, narretquerogant ; quosinterAchilles : « Dieâge, namcunctiseademesl audirevoluntas, 0 facundesenex, a ; viprudenlianostri, QuisfuerilCasneus ; cur in contrariaversus ; Quatibimilitia, cujuscertaminepugme 180 Cognilus ; a quosil viclus, si victusab ulloesl. » Tumsenior : « Quamvisobstetmihilardavetustas, Multaqucmefugiant, primisspectatasub annis, Pluratamenmemini, nec, qua ; magishîcreatilla, Pecloreres nostroesl inter belliquedomique 1S5 Actalot ; ac si quempoluitspatiosasenectus Spectatoremoperummullorumreddere, vixi Annosbiscentum ; nunctertiaviviluroelas. « ClaradécorefuitproieselaleiaCaiuis, Thessalidumvirgopulcherrima

; perquepropinquas, 190 

Perquetuasurbes(tibienimpopularis), Achille, Mullorumfrustravolisoptataprocorum. TcnlassctPeleusthalamosquoqueforsilaniliosj Sedjam.autcontigeranlilli connubiamatris, Autfuerantpromissa, tua ;.NecCoenisin ullos 103 LIVRE XII. 457 qu’elle errait seule sur les bords de la mer, Neptune lui fit violence : tel fut, du moins, le bruit de la renommée. A peine le dieu eut-il goûlé dans ses bras l’ivresse d’un nouveau plaisir, qu’il s’écria : « Quels que soient tes vœux, choisis, lu nVssuieras poinl « de refus. » Voilà encore ce que la renommée publiait. « Mon o affront, répondit Cénis, m’inspire un grand vœu. Pour n’avoir o plus à subir un pareil outrage, accorde-moi de n’être plus « femme : lu m’auras tout donné. » Elle prononça d’un ton plus mâle ces dernières paroles, et, dès ce moment, sa voix pouvait passer pour celle d’un homme : Cénis était homme en effet. Indépendamment du privilège qu’il avait obtenu du dieu qui règne sur les flots, il en avait reçu celui d’être inaccessible aux coups el de ne jamais périr sous le fer. Heureux de ces dons, Cénis partit. Il consacra ses jours à des occupations viriles, el parcourut les champs qu’arrose le Pénée. « Le fils de l’audacieux Ixion avait épousé Hippodamie. Par son ordre, les cruels enfants de la nue s’étaient assis à des tables dressées dans un antre couvert d’ombrage. Lesrois de Thessalie étaient présents, et moi-même avec eux. L’air retentissait de murmures confus et de cris d’allégresse. On chantait l’hyménée, et les feux Denupsitthalamos, secretaquelilloracarpens, ^Hquoreivimpassadeiest : ila famaferebat. Utnuenova ; venerisNeptunusgaudiacepit : e Sinttua votalicet, dixit, securarepulste. « Eligequidvoveas. » Eademhocquoquefamaferebat.200 <tMagnum, Coenisait, facitha ; cinjuriavotum. « Taiepatida possenihil, da feminane sim : s Omniapra ; sliteris. » Graviorenovissimadisil Verbasono, poleratqueviri voxillavideri, Sicuterat ; namjam volodeusa ; quorisalti ’205 Annueral, dederatquesuper, ne sauciusullis Vulneribusfieri, ferroveoccumbereposset. Munercloetusabit, studiisquevirilibusa ; vum ExigitAtracides, peneiaquearvapererrat. « DuxeratHippodameu audaciIxiouenatus, 210 Nubigenasque feros, posilisexordinemensis, Arboribustectodiscumberejusseratantro. Hécmoniiproceresadorant, aderamuset ipsi, Festaqueconfusaresouabatregiaturba. Eececanunlhymenoeon, et iguibusalriafumant ; 215 26 458

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sacrés brûlaient dans le parvis. Hippodamieparait, entourée d’un cortège de mères et de jeunes femmes dont elle effacela beauté. Nous félicitons Pirithoùs d’être uni à une épouse si belle. Mais nos compliments sont démentis presque à l’instant. Ton cœur, Eurytus, le plus sauvage des sauvages Centaures, échauffépar le vin, s’embrase à la vue d’Hippodamie, et l’ivresse redouble tes ardeurs. Tout à coup les tables sont renversées ; le désordre est extrême. La nouvelle épouse est traînée de force par les cheveux. Eurytus ravit Hippodamie ; les autres Centaures enlèvent les femmes que leur choix ou le hasard fait tomber sous leurs mains. C’était l’aspect d’une-ville prise d’assaut. L’antre retentit de cris déchirants. Nous nous levons aussitôt, et Thésée le premier s’écrie : « Eurytus, quelle fureur l’égaré ? Quoi ! je vis, et tu oses « outrager Pirithoùs ! Ignores-tu qu’en l’offensant lu m’offenses moi-même ? » Le héros ne veut pas que ses paroles soient vaines. Il écarte tout obstacle, el arrache Hippodamie aux Centaures furieux. Eurytus garde le silence : comment eûl-il pu justifier son crime ? Maisde ses insolentes mains il frappe la figure et la poitrine du généreux vengeur de Pirithoùs. Prés de là se trouvait un cratère antique, orné de figures en relief. Malgré son poids Cinctaqueadestvirgomatrumnuruumquecalerva, Proesignisfacie.Felicemdiximusilla ConjugePirithoum, quodpoenefefellimusomen. Namtibi, sa ; vorumsoevissime Cenlaurcrum, Euryte, quamvinopectus, tani virginevisa 220 Ardet, cl ebrietasgeminatalibidinerégnai. Proliuuseversa ; lurbanlconviviamensa ;, Raptaturquecomisper vim novanuptaprehensis. Eurytusllippodamen ; alii, quamquisqueprobabant, Autpolerant, rapiunt ; capUequeerat urbisimago. 225 Femineocl.imorcsonatdomus.Ociusomnes Surgimus, et primus : « Qua ; te vccordia, Theseus, « Euryte, puisât, ail, qui, me vivente, lacessas « Pirithoum, violesqueduosiguarusin uuo ? fc Neveea maguanimusfrustrameraoraverilhéros, 2Ô0 Submovetinstantes, raptamquefurenlibusauferl. Illenihilcontra ; nequeenimdefendereverbis Taliafaclapolesl, sedvindicisora protervis Insequilurmanibus, generosaquepectorapuisai. Fortefuitjuxla, signisexstanlibusasper, 235 LIVRE XII. 459 énorme, le puissant fils d’Egée le soulève et le lance à la tèle de son ennemi. Eurytus tombe et se débat sur l’arène humide, vomissant des flols de sang et de vin mêlés à sa cervelle. Irrités du meurtre de leur frère, les Centaures s’écrient tous ensemble : <tAux « armes ! aux armes ! » Le vin enflamme leur courage. Ils font d’abord voler des coupes, des vases fragiles, de vastes plais qui, destinés aux banquets, deviennent des instruments de guerre et de carnage. « Le fils d’Ophion, Amycus, ose le premier dépouiller de ses dons l’autel domestique. Il saisit un candélabre tout resplendissant de lumières ; il l’élève comme la hache^du sacrificateur prête à fendre la tète d’un taureau, et brise le front du lapilhe Céladon. Sa figure n’est plus reconnaissable : ses yeux sortent de leur orbite, les os de sa face sont tellement disloqués, que son nez descend dans son palais. Bélatês de Pella arrache le pied d’une table d’érable, renverse le Lapillie^le menton sur la poitrine, et l’envoie aux enfers atteint de deux blessures, vomissant ses dents mêlées dans les flots d’un sang noir. Deboulprès de Anliquuscraler, quemvastumvastioripse Sustulit./Egides, adversaquemisitin ora. Sanguinisille globospariter, cerebrumque, merumque, Vulnereet orevomens, madidaresupir.usarena, Caiciirat.Ârdescuntgermanicaidebimembres, 240 Cerlatimqueomnesuno ore, « Arma, arma, » loquuntur. Vinadabantanimos.Et primapoculapugna Missavolant, fragilesquecadi, curviquelebetes, Resepulisquondam, tum belloet coedibusaptoe. « PrimusOphionidesAmycuspenelraliadonis 245 Haudtimuitspoliaresuis, et primusab a ; de Lampadibusdensumrapuitfunalecoruscis ; Elatumquealte, velutiqui candidatauri Rumperesacrificamoliturcollasecuri, Illisilfronlilapilha ; Celadontis, et ossa 250 Nonagnoscendoconfusareliquitin ore. Exsiluereoculi, disjeclisqueossibusoris, Aclarétro naris, modioqucinfixapalaloest. Iluncpedeconvulsomensftpcl ! a : usacerna ; Slravilhum’Relaies, disjectoin peetoramenlo, 255 Cumquealro mislosspulanlemsanguinedentés, Vulnc-etarlareasgeminatomïltilad timbras. 460 METAM-ORPIIOSES. l’autel où fume l’encens, Grynéey jette un regard terrible. « Pour « quoi, dit-il, ne me servirais-je pas de ces armes ? » A ces mots, il soulève le vaste autel avecle feu dont il est chargé, et le lance au milieu des Lapillies. Brotéas et Orion tombent écrasés sous cette masse ; Orion, fils de la NympheMycale, qui, par ses enchantements, forçait, dit-on, la lune à descendre du ciel. « Qu’une « arme s’offre à moi, s’écrie Exadius, et ton crime ne restera pas « impuni ! » Il s’en fait une du bois d’un cerf consacré à Diane et suspendu à la cime d’un pin. Il perce de ce double dard les yeux du Centaure, elles lui arrache ; mais l’un reste attaché au bois, l’autre jaillit tout sanglant et s’accroche à sa barbe. « Soudain Rhétus enlève sur l’autel un tison embrasé ; il s’en fait une arme, et brûle la tempe droite de Charax, couverte de blonds cheveux qui s’enflamment et se consument comme le chaume aride. Son sang bouillonne avec le bruit horrible que fait entendre le fer rouge, quand un forgeron le saisit avec des pinces recourbées et le plonge dans l’eau qui siffleet frémit. Charaxéteint Proximusul sleterat, spectansallariavultu Fumidaterribili : « Curnon, ait, ulimurislis ? » CumquesuisGryneusimmanemsustulitaram 200 lgnibus, et médiumLapilharumjeeit in agmen, Depressilque duosBroleancl Orion.Orio Malererat Mycale, quamdeduxissecanendo Sa ; pereluctanlisconstabatcornualuna ;. a Nonimpuneferes, telimodocopiadetur, » 265 DixeratExadius, teliquehabelinstar, in alla Qua ; fuerantpinu, volivi.cornuacervi. FigiturhincdupliciGryneusin îuminaramo, Eruiturqueoculos, quorumpars cornibushoeret, ParsHuitin barbam, concrelaquesanguinependet. 270 « EccerapitmediisflagrantemMioetusab aris Primiliumtorrem, dextraquea parte Charaxi Temporaperfringilfulvoprotectacopillo. Correplirapida, velutisegesarida, flarama Arseruntcrines, et vulneresanguisinuslus 275 Terribilemstridoresonumdédit, ut dareferrum Ignérubensplerumquesolet, quodforcipecurva Quumfabereduxit, lacubusdcmittit ; at illud Stridet, el in trépidasubmersumsibilatunda, Sauciushirsutisavidiimde erinibusignem 2S0 LIVRE XII. 461 la flamme qui dévore ses cheveux hérissés. Il détache le seuil d’une porte, et charge ses épaules de ce fardeau qui eût suffi à un char. Sa masse ne lui permet pas de le lancer à son ennemi, mais il en écrase Comètes, son compagnon, placé trop près de lui. Rhélus ne peut modérer sa joie : « Puissent tes amis, dit-il, dé « ployer ainsi leur force contre nous ! » En même temps, avec le tison à demi brûlé, il lui fait de nouvellesblessures, et, par trois ou quatre coups vigoureux, lui brise le crâne, dont les débris s’enfoncent dans sa cervelle. Vainqueur, il court vers Évagre, Corythe et Dryas. De ces trois adversaires, Corythe, dont un léger duvet ombrage à peine le menton, succombe le premier : « Quellegloire « le revient-il de la mort d’un enfant ? » lui dit Évagre. Rhétus ne lui yermct pas de poursuivre. Il enfonce avec fureur le tison dans sa bouche, au moment où il l’ouvre pour parler encore, et le pousse jusque dans sa poitrine. Il te poursuit aussi, cruel Dryas, et fait tournoyer ses feux autour de ton front ; mais il n’oblienl pas le même succès contre toi. Tandis qu’il s’enorgueillit de répandra partout le carnage, tu le perces avec un pieu durci dans un ppe sier à l’endroit où le cou se joint à l’épaule. Rhélus gémit : bra— te à peine retirer le bois de sa blessure, et fuit tout baigné de son Excutil, inque numéroslimentellurerevulsum Tollit, onus plaustri.Quodne permiilalin hûstem, Ipsafacitgravitas.Sociumquoquesaxeamoles OppressilspaliostantempropioreCometen. Gaudianée retinetRlioetus : « Siccomprecor, inquit, 2S5 « Ctetcrasit fortiscastrorumlurbaluorum ! » Semicremoque novatrepelilumstipilevulnus, Terquequalerquegravijuncturasverlicisictu Rupit, et in liquidosederuutossacerebro. Victorad Evagrum, Corylhumque, Dryanlaquetransit. 290 E quibusut primalectus lanuginemalas ProcubuitCo^yllius : « Pueroqua ; gloriafuso « Parlatibi est ? « Evagrosait. NecdicereRhcetus Plurasinit, rulilasqueferoxin aperlaloquentis Coudiditora viri, perqueos in pectnra, flamiuas. 2L)5 Tequoque, sa ; veDrya, circumcaputignérolato Insequitur.Sednon in le quoqueconslititidem F.xitus.Assidua ; successucaidisovantcm, Quajunclaest humeracervix, sudefigisobusta. lngemuii, duroquesudemvix osserevellit 500 462 MÉTAMORPHOSES. sang. On voit fuir en même temps Ornée, Lycabas, Médon, frappé au côté droit, Pisénor, Thaumas et Merméros, naguère vainqueur de tous ses compagnons à la course, mais qui, blessé maintenant, s’éloigne d’un pas tardif ; Pholus, Ménalée, Abas, chasseur de sangliers, et le devin Astyle, qui voulut en vain détourner les Centaures de ce combat. VoyantNessus redouter la mort : « Ne fuis pas, lui dit-il ; le Destin le réserve pour les flèches « d’Hercule. » « Eurynome, Lycidas, Arée et Imbrée, ne peuvent échapper au trépas. Ils osent braver Dryas et tombent sous ses coups. Toi aussi, Crénée, il t’atteint par devant, malgré ta fuite. Tu veux regarder en arrière, et son fer mortel pénètre dans ton front, entre les yeux, à la racine du nez. Au milieu de cet affreux tumulte, Aphidas était enseveli dans un sommeil léthargique. D’une main languissante il tenait sa coupe pleine, étendu sur la dépouille d’un ours du mont Ossa. Phorbas, n’apercevant aucune arme dans ses mains, passe ses doigts dans la courroie de sa lance : « Va, dit-il, mêler aux eaux du Styx le vin que tu as bu, » En même Rhoetus, et ipsesuo madefaetussanguinerugit. Fugitet Orneus, Lycabasque, et sauciusarmo DextcriorcMedon, et cumPisenoreThaumas ;. Quiquepedumnupereerlamineviceralomnes Merméros, acceptonunc vulneretardiusibat ; 505 Et Pholus, et Menaleus, et Abasprsedatoraprorum, Quiquesuis-fruslrahéliumdissuaseral, augur Astylos.IlleetiammeluentivulneraNesso : « Nefuge ; adherculeos, inquil, servaberisarcus. » « AInonEurynomus, Lycidasque, èl Areus, et lmbretis510 Effugerenecem, quosomnesdextraDryantis Perculitadversos.Adversumlu quoque, quamvis Tergafugiedederis, vulnus, Grenade, tulisli." Namgraverespîciens, inter duo luminaferrum Quanarisfronticommiltiluraceipisima ;. 315 In tontofremitucunctissinefinejacebat Sopitusvenis, et inexperrectusAphidas, Languentique manucarchesianiixtatenehat Fususin ossa ; Ee villosispellîbusursoe. Quemproculut vidilfrustranullaarmamovenlcm, 520 Inseritamentodigitos : « Miscendaque, dixit, « CumSlygevinabibas, » Phorbas.Necpluramoratus, LIVRE XII. 463 temps il lance son javelot et en perce la gorge d’Aphidas, dans la posture où il se trouvait, renversé sur le dos. Aphidasne sent point le coup mortel. Un noir ruisseau de sang jaillit de sa bouche sur son lit et jusque dans sa coupe. Je vis Pétrée s’efforcer de déraciner un chêne. Mais, tandis qu’il l’embrasse, ie secoue dans tous les sens el l’ébranlé, la lance de Pirithoùs lui traverse les côtes, et le cloue à l’arbre qu’il voulait arracher. « Pirithoùs, dit-on, fit tomber sous ses coups Lycuset Chromis. Maisleur trépas lui valut moins de gloire que la défaite de Dictyset d’IIélops. Hélopsfut frappé d’un javelot qui lui traversa les tempes et sortit \w l’oreille gauche. Dictysdescendait de la double cime d’un mont. Tandis qu’il cherchait à se dérober tout tremblant aux poursuites du fils d’Ixion, il tomba sur la tête, brisa sous le poids de son cr.ipsun grand frêne, el de ses entrailles en couvrit les débris éparc. Apharéeaccouraitpour le venger, et s’apprêtait à lancer un rocqu il avait détaché de la montagne. Thésée le prévient, et avec le Ironc d’un chêne fracasse les os énormes de son bras. Puis, n’ayant ;  ; -asle temps, ou dédaignant de donner la mort à un ennemi Injuvenemtorsitjaculum, ferrataquecollo Fraxinus, ut casujacuitresupinus, adactaest. Morscaruitsensu, plenoquee gutturefluxit 525 ïnquetores, inqueipsanigercarchesiasangr.is. VidiegoPelrasum, conantemevellereterra Glandiferam quercum.Quamdumcomplexibus ambit, Etquatithue illuc, labefaclaque roborajaclat, LanceaPirilhoi, eostisimmissaPetrtei, 550 Pectoracumduroluctamiaroborefixil. « PirilhoivirtuteLycumcecidisseferebant, PirilhoicecidisseChromin ; seduterqueminorem Yictorililulum, quamDictysHelopsquedederunt. FixusHelopsjaculo, quodperviatemporafecit, 555 Et missuma dextraloevampenelravitin aurem. Dictysabancipilidelapsusacutninemontis, Dumfugitinstantemtrepidans[xionenatum, Deciditin praceps, et pondèrecorporisornum Ingenlemfregit, suaqueinduitilia fracla ;. 540 UltoradestAphareus, saxumquee monterevulsum Mittereconatur.Conantemstipitequerno Occupâtégides, cubitiqueingenliafrangit Ossa ; neculteriusdare corpusinutileletho 404 MÉTAMORPHOSES. désormaisimpuissant, il saute sur la croupe du fier Bianor, qui n’avait jamais porté que lui-même. De ses genoux il lui presse les flancs ; de sa main gauche il saisit sa chevelure, et de sa noueuse massue, malgré ses menaces, il lui brise la figure, les tempes et le front. Avecla même arme il abat Nédymne, Lycotas, habile à lancer le javelot, Hippase, dont la barbe ombrageait la poitrine, Riphée, qui surpassait en hautenr les plus grands arbres des forêts, et Térée, qui aimait à prendre vivants les ours des monts de Thessalie, el les portail furieux dans son antre. « Partout Thésée triomphe. Indigné de ses succès, Démoléon fait les plus grands efforts pour arracher un vieux pin. Mais, ne pouvant y parvenir, il le rompt el le jette à la tête du héros. Thésée, inspiré par Minerve (il voulait du moins le faire croire), se détourne pour éviter le Irait dirigé contre lui. Cependant le coup n’est pas vain. Il atteint le superbe Cranlor, lui enfoncela poitrine et détache son épaule gauche. Il avait été l’écuyer de ton père, Achille. Le roi des Dolopes, Amynlor, vaincu par Pelée, le lui avait donné pour gage de la paix et de la foijurée. Pelée voit le corps Autvacat, aut curât ; lergoqueBianorisalli 345 Insilit, haudsoliloquemquamporlare, nisiipsum ; Opposuilque genucostis, prensamquesinislra Caisariemrelinens, vullum, minilaritiaqueora Roborenodoso, proeduraque temporafregil. RoboreNedymnum, jaculatoremque Lycotan 350 Sternit, et immissaproteclumpectorabarba Hippason, et summisexstanlemRipheasilvis, Tereaque, haurioniisqui prensosmontiimsursos Ferredomumvivosindignantesque solebal. « Haudtulitutenlempugnoesuccessibusultra 555 TheseaDemoleon ; solidaquerevellereterra Annosampinummagnomoliminetentai. Quodquianonpotuit, prafraclammisitin hostem. Sedprocula teloTheseusvenientcreccssit Palladosadmonilu(credisicipsevolebal) ; 560 Nonlatnenarborinerscecidit ; namCranlorisalli Absciditjugulopeclusque, humerumquesinistrum. Armigerillelui rueraigeniloris, Achille, QuemDolopum reclor, bellosuperatus, Amynlor, jŒacida ; dederalpacispignusqucfidemque. 5G5 LIVRE XII. 405 de son ami horriblement mutilé : « Reçois, dit-il, cette victime. « Elle doit apaiser tes mânes, ô mon cher Crantor ! » A ces mots, d’un bras nerveux qu’anime la vengeance, il envoie à Démoléon un javelot qui lui traverse les côtes et se fixe en tremblant dans ses os. Le Centaure arrache le bois, mais non le fer ; le bois luimême cède péniblement à l’effort de sa main, el le fer reste enfoncé dans sa poitrine. « La douleur redouble sa rage. Malgrésa blessure, il se cabre contre son ennemi el le foule aux pieds. Le héros opposeà ses coups retentissants son casque et son bouclier ; il soutient les assauts du Centaure, et du même dard perce son double sein. DéjàPeléeavait de loin donné la morl à Phlégréonel à Ilylé ; puis, combattant corps à corps, il avait ravi lejour à Hiphinoùset à Clanis. Il immole aussi Dorylas, dont le front était couvert d’une peau de loup, el qui avait armé son bras des cornes d’un bœuf rougies du sang des Lapilhes. « Vois, lui dis-je (la colère dou « Liait mes forces), vois combientes armes sont inférieures à mon « javelot. » Et je lui lance le trait. Pour l’éviter, il met sa main sur son front ; mais sa main et son front sont cloués ensemble. Huneproculut foedodisjeclumvulnerePeleus Vidit : « Atinferias, juvenumgralissimeCrantor, c Accipe ; » ait ; validoquein Demoleonta lacerto Fraxineammisit, nieniisquoqueviribus, hastam. Qua ; laterumcratemperrumpit, et ossibushxrens 370 Intremuit.Trahitille mauusinecuspidelignum. Id quoquevixsequilur : cuspispulmoneretenlaest. « Ipsedolorviresanimodabat.Mgerin hostem Erigilur, pedihusquevirumproculcalequinis. Excipitilleictusgaleaclypeoquesonanles, 575 Defensalquenuméros, pratenlaquesuslinetarma, Perquearmosunoduopecloraperforaiictu. AntetamenlelhodederatPhlegroeon, et Hylen, Eminus ; HiphinoumcollatomarteClaninque. AdditurbisDorylas, qui temporateclagerebal 580 Pellelupi.SEevique vicempra ; slantiateli Cornuavaraboummullorubefactacruore. Huicego, namviresanimusdabat : « Aspice, dixi, « Quantumconcédantnostrotua cornuaferro. » Et jaculumtorsi ; quodquumvilarenequiret, 585 Opposuitdexlrampassuravulnerafronti. 466 MÉTAMORPHOSES. il pousse un cri. Placé plus près que moi du Centaure, Pelée, qui le voit ainsi enchaîné et vaincu par cette blessure, lui plonge son glaive dans les flancs. Le monstre bondit. Danssa fureur, il traîne à terre ses entrailles, les roule sous ses pieds et les déchire, engage ses jarrels dans leurs nœuds, et tombe expirant sur ses flancs dégarnis. « Et toi, Cyllare, au milieu de ces combats, lu ne trouvas pas une sauvegarde dans la beauté, si toutefois ta nature peut admettre ce nom. Un duvel blond commençait à ombrager ton menton, et tes cheveux tombaient en tresses d’or de tes épaules sur tes flancs. La vigueur unie à la grâce respirait dans tes traits. Ton cou, les épaules, les mains, ta poitrine, en un mol, tout ce qui était homme en toi, pouvait rivaliser avec les plus belles statues. Ce qui tenait du chevaln’était ni moins parfait ni moins admirable. Si tu en avaiseu la tête el l’encolure, lu aurais été digne de Castor : tant ta croupe était élégante ! tant sur ton poitrail se dessinaient des muscles vigoureux ! Quoique d’un poil noir-jais, tu avais cependant les jambes el la queue blanches. « Parmi les filles des Centaures, mille aspirèrent à lui plaire, llylonome seule fixa son choix. De toutes ses compagnes, hôtesses Affixaest cumfronlemanus.Fit clamor.Alillum HierenlemPeleus, el acerbovulnerevictum (Stabatenimpropior).mediamferîtensesubaivum.. Prosiluit.terraqueferoxsuavisceratraxit, 390 Tractaquecalcavit, calcataquerupii, el illis Cruraquoqueimpediil, et inaniconcidiialvo. « Necte pugnantemtua, Cyllare ; formaredemit, Simodonaturoeformamconcedimus illi. Barbaeratincipiens ; barba ; coloraureus ; aureaque 395 Exhumerismedioscomadescendebatin armos ; Gralusin orevigor ; cervix, humerique, manusque, Pectoraqueartificumlaudatisproximasignis, Et quacumquevir est ; necequimendosasub illa Deteriorque virofaciès.Dacollacaputque, 100. Casloredignuseril. Sic lergumsessile, sicslant Pectoracclsaloris ! lotuspicenigrioratra ; Candidacaudatamen ; colorestquoquecruribusolbus. « MulUcillumpelieresuade gente, seduna AbstulitHylonome, quanulladecentiorîuter 405 LIVRE XII. 467 des forêts, aucune ne la surpassait en beauté. Elle règne sur le cœur de Cyllare par ses caresses et par un amour dont elle renouvelle sans cesse l’aveu. Pour lui plaire, elle prend tous les soins que la nature a mis à sa disposition. L’ivoire lisse sa chevelure. Tantôt elle y mêle le romarin, la violette ou la rose ; tantôt elle porte une couronne de lis éclatants de blancheur. Deux fois par joui’elle plonge sa tête dans l’onde qui arrose les bois de Pagase ; deux fois elle y baigne son corps. Les plus riches fourrures flottent avec grâce sur son épaule ou sur son flanc gauche. Un amour égal les unit. Ils errent ensemble sur les montagnes, et le même antre les reçoit. Ils s’étaient rendus ensemble au banquet des Lapithes ; ils prirent part ensemble à ce combat terrible. Maisun trait (on ne sait quelle main l’avait lancé) part à gauche, et vient frapper Cyllare au-dessous de l’endroit où le buste s’unit au cou. Son cœur est légèrement atteint. A peine le fer est-il retiré, qu’il se sent glacé d’un froid mortel. Ilylonome reçoit dans ses bras son époux expirant. Elle étend sa. main sur sa blessure el cherche à la fermer ; elle approche sa bouche de sa bouche, et cherche à retenir son âme fugitive. Dès qu’elle le voit mort, elle remplit Semifcrosaliishabitavitfeminasilvis. Ha ; cet blanditiis, et amando, el amarefalcndo Cyllaronuna lenet.Cultusquoquequanlusin illis Essepolestmernbris, ut sit comapectineloevis, Utmodororemaris, modose violave, rosave410 Implicet ; inlerdumcaodenliaîiliageslet ; Bisquedielapsispagasaa ; verlicesilva ; Fontibusoralavet, bis fluminecorporalingat ; Nec, nisi qua ; deceant, electarumqueferarum Authumero, aut lateriprxtendatvellerala ; vo. 415 Paramorest illis.Errantin monlibusuna, ntra simuls„ubeunt, et tumlapitheiatecla lnlraranlpariter, parilerferabeliagerebant. Auctorin mcerloest : jaculumde partesinislra Venil, et inferius.quamcollopeclorasubsunt, 420 Cyllare, te lixit.Parvocorvulnere ! a ; surn Corporecumtoto posllela eductarerrixit. ProlinusHylohome morientesexcipitartus, Imposilaquemauuvulnusfovet, oraquead ora Admovel, atqueanima ; fugienliobsislerelentat. 42a Utvidetexstinctum, diclis, quoeclamorad aures 468

MÉTAMORPHOSES
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les airs de plaintes que les cris des combattants empêchent d’arriver à mon oreille, se jette sur le fer dont Cyllare vient d’être percé, et succombe en l’embrassant. « Je crois voir aussi Phéocome, qui de la dépouille de six lions forma la housse étalée sur ses flancs d’homme etde cheval. Il lance un tronc d’arbre qu’à peine feraient mouvoir quatre bœufsattelés, et frappe à la tête Phonolénide. Celui-ciest atteint. Sa tête énorme est fracassée, et sa cervelle s’échappe par sa bouche, son nez, ses yeux et ses oreilles, comme le laitage pressé passe à traversées barreaux de chêne, ou comme une épaisse liqueur tombegoulle à goutte à travers un crible. Phonolénide expire, et le Centaure s’apprête à le dépouiller. En ce moment (votre père en fut témoin), je lui plongeai mon épée dans les entrailles. Chlhonius et Téléboas tombèrent également sous mes coups. Le premier était armé d’une fourche en bois, le second d’un javelot dont il me blessa. Voyez : l’ancienne cicatriceparaît encore. C’est alors qu’on aurait dû m’envoyer au siège de Troie : j’aurais pu triompher des armes d’Hector, ou le vaincre peut-être. Mais, en ce temps, Hectorn’existait pas, ou Arcuitire meas, lelo, quodinha ; seratilli, Incubuil, moriensquesuumcomplexamarilumesl. « Anleoculosstat el ille meos, qui senaleonum Vinxeratinter se connexisvelleranodis, 4S0 Phoeocomes, hominemquesimulprolcctusequumque, Codicequi misso, quemvixjugabinamoverent. Te, Phonolenides, a summoverlicefregit. Fraclavolubilitascapitislalissima ; perqueos, Perquecavasnares, oculosque, auresqu’e, cerebrum’455 Mollefluit, veluliconcretumviminequerno Lacsolet, utve liquorrari sub pondèrecribri Jlanal, cl exprimilurper densaforaminaspissus. Astego, dum paraihunearmisnudarejacenlem (Scilluus hocgenitor), gîadiumspoliantisin ima 440 llia demisi.ChtboniusquoqueTeleboasque Ensejacentnostro.P.amumpriorille bifurcum Gesseral ; hicjaculum.Jaculomihi vulnerafeeit. Signavides : apparetadhucvelusindccicatrix. Tuneegodebueramcapiendaad Pergamamitli ;. 445 . Tuncpoterammagni, si nonsuperare, morari.\ Heotorisarmaincis.Illosed temporenullus, LIVRE XII. 469 n’était qu’un enfant. Aujourd’hui la vieillesse a brisé mes forces. Rappellerai-jePériphas, vainqueur du double Pyrète, et Ampycus, qui frappad’une javeline sans fer le visaged’Oïclus ? Macaréelança un levier contre la poitrine du lapilheErygdupeelle terrassa. Jemesouviensque Nessusenfonçaun épieu dans l’aine de Cymèle.Necroyez pas que le filsd’Ampycus, Mopsus, se contentât d’annoncer l’avenir. Son javelot donna la mort à Oditès. En vain le Centaure voulut-il parler, sa langue s’attacha à son menton, el son menton à son cou. « Cénée tua Stiphélus, Bromus, Anlimaque, iïélime et Pyracmon, armé d’une hache. J’ai oublié quelles furent leurs blessures ; mais je me rappelle le nombre des victimes el leurs noms. Couvert des dépouilles du MacédonienHalésus, qu’il venait d’immoler, Latrée, le plus grand des Centaures, accourait. 11n’était plus jeune, et n’était pas vieux encore. Il avail la vigueur de la jeunesse ; mais ses tempes commençaientà blanchir. Son bouclier, sou casque et sa pique macédonienne attiraient tous les regards. 11promena ses yeux sur l’une et l’autre troupe, brandit ses armes, caracola, et fit retentir les airs de ces fières paroles : « Eh quoi ! Cénis, te AutpuerHectorerat. Kuneme meadéficitoelas. Quidtibi vicloremgcminiPeriphantaPyreli ; Ampycaquidreferam, quiquadrupedantisOïcli 450 Fixitin adversocornumsinecuspidevultu. VeclePelclhroniumMacareusin peetusadacto StravilErygdupum.Meminiet vcnabulacondi Iuguine, nessaiismanibuscoujecla, Cymeli. Nectu credideristanlumcecinissefutura 455 Ampyciden Mopsum.Mopsojaculantebiformis Occubuit, frustraqueloquitenlavitOdites, Admcntumlingua, mentoquead gutturafixo. « QuinqueneciCameusdederat, Stipheluinque, Bromumquc, Anlimachumque, Uelimumquc, securiferumque Pyracnion.4G0 Vulneranonmemiui, numerumnomenquenotavi. ProvolatemathiispoliisarmalusHalesi, Quemdederatletho, membrisqueet corporeLatreus Maximus.Uuica ; tasinterjuvenemquesenemque ; Visjuveniliserat ; variabanttemporacani. 4G5 Quiclypeo, galcaque, inaccdoniaque sarissa Conspicuus, faciemqueobversusin agmenutrumque, Armaqueconcussit, ccrlumqueequilavitinorbem, Vcrbaquolot fuditvacuasanimosusin auras : « Et te, Ca ; ni, ferain ? nam lu mihifeminasemner, 470 27 470 MÉTAMORPHOSES. « laîsserai-je combattre aussi ? Car à mes yeux tu seras toujours « une femme ; toujours tu seras Cénis. Le souvenir de ta nais « sance ne peut-il abattre ton orgueil ? As-tu donc oublié comf1ment tu reçus les dehors d’un autre sexe, et de quelle injure u cette faveur fut le prix ? Songe à ton origine, songe, à ton af « front, et va reprendre ta quenouille et ta corbeille ; va tordre « le fil entre lés doigts, et laisse aux hommes les combats. » A peine il achevait cet insolent discours, Cénée lui décocheun dard à l’endroit où le Centaure cessed’être homme pour devenir cheval. La douleur rend Latrée furieux. De sa pique il frappela figure découverte du jeune Thessalien. Son arme rebondit comme la grêle sur les loils, ou commeune petite pierre sur un tambour. Le Centaure l’attaque de près et cherche à lui plonger son épée dans les reins ; mais ses reins sont impénétrables. « N’importe, s’écrie « Latrée, tu ne m’échapperas pas. Si la pointe de mon glaive est « émoussêe, son tranchant va t’immoler. » A ces mots, il tourne obliquement son épée contre son ennemi, et de son long bras il atteint ses flancs. Les coupsretentissent sur son corps comme sur l’airain ou sur le marbre. Le glaive de Latrée vole en éclats en frappant son adversaire à la gorge. Après avoir.assez longtemps offert son corps invulnérable au fer du Centaure étonné ; (t Tu mihiCoeniseris ; nec te natalisorigo e Coinminuit ? menlemquesubit, quoprsmiiafacto, « Quaquevirifalsamspecïemmercedepararis ? « Velquidnalavide, velquidsispassa, ; columque, « 1, capecumcalathis, et staminapollicetorque. 415 « Bellarelinqueviiis. » JactanlilaliaCaeneus Exlentumcursumissalatuseruithasta, Quavir equocommissuserat. Furit illedolore, Nudaquephylleijuvenisferil ora sarissa. Nonsecusha ; cresilit, quamlectia culminegrando, 480 Autsi quisparvoferiatcavatympanasaxo. Cominus"aggreditur, lateriquerecondereduro Luctaturgladium : gladiolocapervianonsunt. « Haudiameneffugies.Mediojugulaberisense, « Quandoquidem mucroesthebes ; » inquil ; et inlatusenscm485 Obliquai, longaqueamplectiturilia dextra. Plagafacitgemifus, ceu corporemarmorisicti ; Fraclaquedissiluitpercussolaminacollo Utsalisiltesosmiranliprabuitartus : LIVRE XII. 47-1 « Voyons enfin, dit Cénée, si mon arme aura plus de vertu « contre toi. » Et au même instant il lui plonge dans les flancs son glaive terrible, le tourne el le retourne pour multiplier les blessures. Les Centaures furieux accourent avec d’horribles hululements, et dirigent contre Cénée mille traits qui tombent émoussés. Le fils d’Élatus résiste à tous les coups : aucun Irait n’est rougi de son sang. « Ce nouveau prodige étonne les Centaures. « O comble de « honte ! s’écrie Monychus.Eh quoi ! un peuple entier est vaincu « par un seul homme, qui mérite à peine ce nom ! Que dis-je, il a est homme par son courage ; et nous, par notre lâcheté, nous « sommes ce qu’il fut jadis. De quoi nous servent nos vastes corps « et notre double force ? A quoi bon la nature a-t-elle réuni en « nous les deux êtres les plus puissants ? Non, nous n’avons pas « une déesse pour mère ; non, nous n’avons pas. pour père Ixion « dont les vœux osèrent s’élever jusqu’à la fière Junon, nous « qui sommes vaincus par un ennemi moitié femme et moitié « homme. Ensevelissez-le sous un monceau de pierres, d’arbres « et de montagnes. Étouffez-lesous la dépouille des bois, sous une « forêt entière : celte masse fera sur lui l’effet d’une blessure. » « Nuncâge, ait Cteneus, nostrolua corporaferro 490 « Tenlemus ; » capuloquetenusdemisitin arraos Enscmfatiferum, ca ; camquein visceramovit Versavitquemanum, vulnusquein vulnercfecil. Ecceruunt vaslorabidiclamorebimembres, Telaquein huneomnesunummittuntqueferuntque. 495 Telaretusacadunt.Manetimperfossusab omni InquecruentalusCoeneuselateiusictu. « Fecerataltouitosnovares. a Heusdedecusingens ! « Monychusexclamai.Populussuperamurab uno, c V’ixqueviro.QuamqUam illevirest ; nonsegnibusaelis, 500 « Quodfuitille, sumus.Quidmembraimmaniaprosunt ?

  • Quidgemina ; vires ? quid, quodforlissimarerum

« In nobisduplexnaturaanimaliajunxit ? « Necnosmairedea, necnosIxionenalOs ftEssereor, qui tànluserat, Junonisut alla ; 505 « Spemcaperet ; nossemimarisuperamurab hosle. <tSaxa, trabesquesuper, tolosqueinvolvilemontes, « Vivacemque animammissiseliditesilvis. « Silvaprematfauces, et erit pro vulnerepondus. » 472 MÉTAMORPHOSES. Il dit, et, trouvant sous sa main un arbre abattu par l’impétueux Autan, il le lance à son redoutable ennemi. Tous imitent son exemple. En quelques instants, l’Othrys est dépouillé de sa forêt et le Pélion n’a plus d’ombre. Ensevelisous cet amas effroyable, Cénée, tout haletant, le soulève sur ses larges épaules. Maisla masse qui s’amoncelle au-dessus de sa tête lui coupe la respiration. Tantôt il éprouve des défaillances, tantôt il lâche de se faire jour en renversant le poids énorme qui l’écrase ; quelquefois il le secoue, comme, dans un tremblement de terré, nous voyons s’ébranler la cime de l’Ida. Le destin de Cénée reste enveloppé de mystère. On croit qu’étouffé sous les débris des forêts, il est descendu dans le Tartare. Maisle fils d’Ampycus rejette ce bruit. Du milieu des arbres amoncelés il a vu s’élancer dans les airs un oiseau fauve, que j’aperçus alors pour la première et la dernière fois. Mopsus le vit voltiger légèrement autour de ses compagnons ; il entendit le bruit aigu de ses ailes, et, suivant des yeux et du cœur tous ses mouvements : « Salut, dit-il, ô toi, la gloire « des Lapithes ! jadis homme unique, et maintenant unique en « Ire tous les oiseaux, ô Cénée ! » L’autorité de Mopsus rendit Dixit, et insanidejeclamviribusAuslri 510 Fortetrabemnactus, validumconjecitin hostem. Exemplumque fuit ; parvoquein temporenudus ArborisOlhryserat, nechabebatPelionumbras. Obrutusimmanicumulo, sub pondèreCaîueus .-Estualarborco, congestaqueroboraduris 515 Ferthumeris.S ; denimpostquamsuper oracaputque Grevilonus, nequehabet, quasducat, spirilusauras ; Déficitinlerdum.Modose superaéra frustra Tollereconatur, jactasqueevolveresilvas ; lnterdumquemovet, veluti, quamcernimus, ecce 520 Arduasi terra ; qualiaturmotibusIde. Exilnsin dubioest : alii subinaniacorpus Tartaradelrusumsilvarummoleferebant. AbnuilAmpycides, medioqueex aggerefulvis Viditavempennisliquidasexiresub auras, 525 Qua ; mihiluneprimum, tune est conspeetasupremuin. Hancubi lustrantemleni sua castravolatu Mopsus, et ingenticircumclangoresonantem Aspexit, pariterqueoculisanimoquesecutus ; « 0 salve, dixit, lapithaKegloriagentis, 550 « Maximevir quondam, sedavisnuncunies, Coeneu.

» LIVRE XII. 

473 ce prodige digne de foi. Cependantla douleur de sa perte excita notre, colère, et nous nous indignâmes d’avoir vu tant de bras réunis contre un seul. Le fer ne cessa d’assouvir notre vengeance que lorsqu’une partie des Centaures eut péri par nos mains, tandis que la fuite et la nuit dispersaient le reste. » MÉTAMORPHOSE DEPÉRICLÏMÈXE ENAIGLE. IV. Lorsque Nestor eut raconté le combat des Lapithes et des Centaures, Tlépolème ne put s’empêcher de remarquer son silence sur les exploits d’Alcide, et lui dit avecdouleur : « Vieillard, je suis surpris que vous ayez oublié la gloire.d’Hercule. Monpère avait pourtant coutume de me répéter que la défaite des Centaures fut son ouvrage, n Le roi de Pyloslui répondit avec tristesse : « Pourquoi renouveler le souvenir de mes maux ? Pourquoi rouvrir une plaie fermée par les ans, el me contraindre à révéler, avec ma haine pour votre père, les affronts que j’en ai reçus ? Oui, grands dieux, ses actions passent toute croyance, et il a rempli l’univers de ses exploits. J’aimerais mieux pouvoir le nier. Car nous ne louons ni Déiphobe, ni Polydamas, ni Hector. Est-il un homme Créditares auctoresuoest.Doloraddiditiram, Oppressumque a^re lulimuslot ab liostibusunum ; Necprius abstitimusferroexerceredolorem, Quamdalaparsletho, partemfuganoxqueremovit.* 555 l’EBICLÏMEKI INAQUILAM CONVERSIO. JY\ Hoecinter Lapilhaset semihomines Ceulauros Proelia, Tlepolemus, Pylioreferente, dolorem PrseteritiAlcidoetacitononpertulitore, Alqueait : « Herculea ; mirumestoblivialaudis Aelatibi, senior.Cerlemihisaepereferre 540 Nubigenasa se domilospateripsesolebal. » Trislisad hoecPylius : « Quidmememinissemalorum Cogis, et obductosannisrescindereluctus, Inquetuum genitoremodium, offensasquefaleri ? Illequidemmajorafide, dî ! gessit, et orbem 545 Lmplevitmerilis, quodmallempossenegari. SednequeDeiphobum, nec Polydamanta, necipsum Hectoralaudamus : quisenimlaudaverithostem’r 474 MÉTAMORPHOSES. qui vante son ennemi ? Votre iUustre père renversa jadis les murs de Messène ; il détruisit Élis et Pylos, qui n’avaient point mérité .sa -vengeance ; il porta le fer. et la flamme dans mes pénates. Sans parler des nombreuses victimes qu’il immola, nous étions douze enfants de Nélée, l’orgueil de la Grèce. Tous, excepté moi, périrent par ses mains. On conçoit que mes autres frères soient tombés sous ses coups. « Mais on doit être surpris de la mort de Périclymène, qui avait reçu de Neptune, auteur de notre race, le privilège de révêlir et de quittera son gré toutes les formes. Après avoir en vain tenté mille métamorphosés, il adopta celle dé l’oiseau qui porte la foudre dans ses serrés recourbées et qui est chéri’duroi des dieux. Profitant de ses forces, de ses ailes, de son bec et de ses ongles aigus, il déchira le visage"du héros dé Tirynthe.-Hercule tendit son arc infaillible, suivit l’oiseau s’élançant dans les airs, et l’atteignit au défaut de l’épaule. La blessure était légère ; mais les nerfs rompus se détendirent et lui ôtèrent la force de voler. Ses ailés furent trop faibles pour embrasser l’air, et il tomba. La fléché, iile’luus’genitor-messania moeniaquondam Stravit, et immeritasurbesElinquePylonque 550 Diruit, inquemeosferrumflammamquepénates Impulit ; utqùêaliostaeeam, qùôsille peremit,’ BissexNelïdoefuimus, conspectajûventus, Bissexherculeisceciderùnt, meminusuno, Viribus ; atquealiosvincipotuisseferendumest. 555 « MiraPericlymenimorsest, cui possefiguras Sumerequasvellet, rursusquereponeresunipt’as Keptunusdederat, Neleisanguinisauctor. Hiê, ubi nequicquamest formasyarialusin omnes, Vertiturin faciemvolucris, qua ; fulminacurvïs 5G0 Ferresoîetpedibus, divûmgratîssimarégi. Viribususus avis, penuisroslroqucredunco, Hamalisqucvirijaniaveratuuguibusora. Tenditin hunenimiumcertesTirynthiusarcus, Atqueinter nubessublimiamembraferenlem, 5G5 Pendenlemqueferit, laleri quajungilurala. Necgravevulnuserat ; sed rupti vulnerenervi Deficiunl, motumquenegant-viresquevolandi. Decidilin lerram, nonconeipienlibusauras Iufirmispennis ; et qua levishoeseratalte, 570 LIVRE XII. 473 à peine attachée àson aile, pressée par le poids de son corps, traversa ses flancs et ressortit par la gorge. Jugez, illustre chef de la flotte des Rhodiens, si je dois vanter les hauts faits de voire père ? Mais je ne vengerai mes frères que par mon silence ; car je vous ai voué une amitié éternelle. » Telles furent les douces paroles qui s’échappèrent de la bouche de Nestor. Dès qu’il eut cessé de parler, le vin remplit encore les coupes. Puis on se leva de table, et le reste de la nuit fut donné au sommeil. MORTD’ACHILLE. V. Cependant le roi dont le trident maîtrise les flots voit, avec toute l’indignation d’un père, son fils Cycnus changé en oiseau. Son cœur irrité nourrit contre le fier Achille une haine implacable. Déjàla guerre s’était prolongée près de dix ans, lorsqu’il parla ainsi au dieu de Smynlhe : « O toi, de tous les enfants de mon frère le plus cher à mon cœur, loi qui élevas avec moi les remparts impuissants de— Pergame, ne gémis-tu pas de. voir ces tours près de s’écrouler ? Ne plains-tu pas tant de héros qui sont Corporisafûxipressaestgravitalesagitta, Perquelatussummumjuguloest exaclasinislro. Numvideordeberelui praaconiarébus Herculis, o rhodia ; duciorpuicherrimeclassis ? Nectamenullerius, quamfortiafactasilendo, 575 Ulciscarfratres ; solidaesl mihigratiatecum. » HËBCpostquamdulciNeleiusediditore, A sermonesenis, repetilomunereBacchi, Surrexereloris : noxest dataca ; lerasomno. MORSACHII.US. V. Atdeus, oequoreasqui euspidetempéraiundas, 580 In volucremcorpusnali Stheneleidaversum Mentedoletpatria, sa ; vumqueperosusAchillem Exercetmemores, plusquamcivililer, iras, janiqueferetracteduoper quinqucnniabello, TalibusintonsumcompellalSmynlheadiclis : 585

» 0 mihide fralrislongegratissimenalis, 

Irrilaqui mecumposuislimoeniaTrojce, Ecquid, ut basjamjamcasurasaspicisarces, Ingemis ? Aut ecquidlot defendenliamuros 476 MÉTAMORPHOSES. tous morts pour les défendre ? el, pour ne pas les rappeler tous, ne crois-tu pas voir l’ombre d’Hector traîné autour des murs de sa patrie ? CependantAchille, plus cruel que la guerre, Achille, qui a détruit notre ouvrage, vit encore ! Ah ! qu’il s’offre à moi, je lui ferai sentir ce que peut mon trident. Mais, puisqu’il ne nous est point permis de combattre cet ennemi de près, saisis ton arc, et frappe-le soudain d’un invisible Irait. » Apollon y consent. Heureux de satisfaire sa haine et celle du dieu auquel l’unissent les liens du sang, il s’envelopped’un nuage et pénètre dans le camp troyen. Au milieu du carnage, il voit Paris lancer quelques traits contre des Grecsobscurs.Le dieu se fait connaître : « Pourquoi, lui dit-il, répandre en vain un sang vulgaire ? Si lu aimes les liens, tourne tes armes contre Achille el venge tes frères égorgés. » A ces mots, il lui montre le fils de Pelée moissonnant les Troyens. 11 dirige lui-même contre ce héros l’arc de Paris, et conduit d’une main sûre le Irait fatal. Ce fui la seule joie que goûta le vieux Priam après la mort d’Hector. Te voilà donc, Achille, vainqueur de tant de héros, te voilà vaincu par le lâche Milliaeoesadoles ? Ecquid, ne persequaromnes, 590 Heelorisumbrasubit, circumsua Pergamatracti ? Quumtamenille ferox, belloquecruentioripso, Viviladhuc, operisnostripopulalor, Achilles. Detmihise : faxo, tripliciquidcuspidepossim, Sentiat.Atquoniamconcurrerecominushosti 5f)5 Nondatur, occultanecopinumperdesagilla.> Annuit, atqueanimopariterpatruoquesuoque Deliusindulgens, nebulavelalusin agmen Pervenitiliacum, mediaquein coedevirorum Raraper ignotosspargentemcernilAchivos 600 TelaParin, fassusquedeum ; « Quidspiculaperdis Sanguineplebis ? ait. Siqua est tibicura luorum, Verlerein ^aciden, ctesosqueulciscerefralres. » Dixit, el oslendenssternentemtroTaferro CorporaPeliden, arcusobvertitin illum, 005 Certaquelelhiferadirexitspiculadextra. QuodPriamusgauderesencxpostliectoraposset, Hocfuit.Illeigilurtanlorumvictor, Achille, Vincerisa timidograia ; raploremarila ;  ! LIVRE XII. 477 ravisseur d’Hélène ! Si lu avais dû périr par le bras d’une femme, tu aurais mieux aimé sans doute tomber sous la hache d’une Amazone. Déjà le petit-fils d’Éaque, la terreur des Phrygiens, la gloire et l’appui des Grecs, ce héros invincible dans les combats, était placé sur le bûcher. Le dieu qui avait forgé son armure le consume. Cet illustre guerrier n’est plus qu’un peu de cendre, et du grand Achille il reste je ne sais quoi, capable à peine de remplir l’urne la plus modeste. Mais sa gloire lui survit et remplit l’univers. C’est l’espace qui convient au héros ; c’est par là qu’Achille est égal à lui-même, et qu’il échappe aux enfers. Son bouclier (on reconnaît ainsi ce qu’était son maître) excite des combats, et l’on prend les armes pour se disputer ses armes. Ni Diomède, ni le fils d’Oîlée, ni le plus jeune des Atrides, nî son frère, plus intrépide et plus âgé que lui, ni tant d’autres capitaines, n’osent y prétendre. Seuls, le fils de Télamon et le fils de Laërte ont assez de confiance dans leur mérite pour aspirer à ces glorieuses dépouilles. Agamemnon repousse toute responsabilité, et, pour se tenir à l’abri de tout ressentiment, il engage les chefs de la Grèce à se réunir au milieu du camp, et les fait juges du débat. Atsi femineofuerat tibimartecadendum, 610 Thermodontïaea mallescecidissebipenni. Jamtimorille Phrygum, decuset tutelapelasgi Nominis, JSacides, caputinsupcrabilebello, Arserat : armaratdeusidem, idemqnecremarat. Jamcinisest, et de tammagnorestâtAchille 015 Nescioquid, parvamquodnonbenecompleaturnam. At vivit, tolumqua ?.eloriacompleatorbem. Ha ; cilli mensuravirorespondet, et bacest ParsibiPelides, nec inaniaTarlarasentit. Ipseetiam(ut, cujusfuerit, cognoscerepossis) 620 Bellamovetclypeus, dequearmisarmaferuntur. Nonea Tydides, nonaudetOîleosAjax, ’ NonminorAtrides, nonbellomajoret avvo, Poscere, nonalii. SoliTelamonecreato Laertaquefuit tanta : fiduciaiaudis. G25 Ase Tanlalidesonusinvidiamqueremovit, Argolicosque ducesmediisconsidèrecastris Jussilet arbitriumlilis trajeeitin omnes. 27. LIVRE TREIZIÈME AJAXET DLVSSESE DISPUTENT LESARMESDACHILLE. — LE SANG D’AJAXESTCHANGÉ ENFLEUR. I. Les chefs ont pris place, et la foule se tient debout autour d’eux. Ajax se lève, fier de son immense bouclier. Incapable de contenir son courroux, il jette un regard farouche sur le rivage de Sigée et sur la flotte qui le couvre ; puis, les bras tendus, il s’écrie : « O Jupiter ! c’est à la vue de nos vaisseaux que nous plaidons, et c’est Ulysse qu’on met en parallèle avec moi, lui qui n’a pas rougi de fuir devant les feux dont Hector menaçait notre flotte, tandis que moi, je les ai bravés, je les ai repoussés ! Il y a sans doute moins de danger à faire assaut de discours imposteurs qu’à combattre l’épée à la main ! Mais il m’est aussi difficile de bien parler qu’il l’est à Ulysse de bien agir ; et je l’emporte LIBER TERTIUS DECIMUS ÀJAXETULYSSES DEÀCHiLLIS ÀIWÏSC0X7EKDUKT.AJACISSANGtfIS INFLOREïICONVERTITDR. I. Conscdereduces, et, vulgislantecorona, Surgitad hos elypeidominusseplempïicisÂjax. Utqueerat impatiensiras, sigeiatorvo Littorarespexit, classemquein littore, vultu, Intendensquemanus : « Agimus, pro Jupiter1inquit, 5 Anterates causam, et mecumconferturUlysses ! At nonhectoreisdubitavitcedereflammis, Quasegosuslinui, quasIiaca classefugavi. Tuliusest igiturfictiscontendereverbis, Quampugnaremanu.Sednecmihidicerepromplum, 10 Kecfacereest isti ; quantumqueegomarteferoci, LIVRE XIII. , 479 par l’intrépidité dans les combats, autant qu’il excelle dans l’art de la parole. Cependant, 6 Grecs ! je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous rappeler mes exploits : vous les avez vus. Qu’Ulysse raconte les siens, qui n’ont eu que lui seul et la nuit pour témoins. Le prix que j’ambitionne est grand, je l’avoue ; mais un tel concurrent le dégrade. Quelque considérable qu’il soit, il y a pour Ajax peu d’honneur à l’obtenir, dès qu’Ulysse ose y prétendre. Déjà même ne recueille-t-il pas de cette lutte une assez belle gloire, puisque, après sa défaite, on lui fera un mérite d’avoir été mon rival ? « Si mon courage pouvait être contesté, j’aurais à me prévaloir d’une naissance illustre. Je suis le fils deTélamon, qui combattit avec le vaillant Hercule pour la prise de Troie, et descendit avec les Argonautes sur le rivage de la Colchide. 11eut pour père Éaque, dont les ombres silencieuses reçoivent les lois dans le séjour où Sisyphe roule un énorme rocher. Le souverain maître des dieux reconnaît lui-même Eaque et le proclame son fils. Ajax, par son origine, tient donc la troisième place au-dessous de Jupiter. Eh bien, Grecs, je consens à n’en tirer aucun avantage, si je ne la Quantumacievaleo, tantumvaletiste loquendo. Necmemorandatamenvobismeafacta, Pelasgi, Essereor ; vidistisenim.Suanarret Ulysses, Quassinetestegerit, quorumnoxconsciasolaest. 13 Praaniamagnapeli fateor ; seddémitbonorem £ ! mulus.Ajacinonesttenuissesuperbum, * Sitlicethocingens, quidquidsperavitUlysses. Istelulit pretiumjam nunccertaminishujus, Quoquumvictuserit, mecumcertasseferetur. 20 « Atqueego, si virtusin medubitabilisesset, Nobilitatepotensessem, Telamonecrealus, Moeniaqui fortiIrojanasubHerculecepit, Littoraqueintravitpagasoeacolcbacarina. Macushuicpalerest, qui jura silentibusillic 25 Reddit, ubi ^lolidensaxumgraveSisypbonurget. iîaconagnoseilsummus, prolemquefatelur Jupiteressesuam : sic ab JovetertiusAjax. Kectamenha ; csériesin causaprosil, Acliivi, Simihicummagnononest communisAchille, j>0 480

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MÉTAMORPHOSES
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partage point avec le grand Achille ; Uni par le sang’.à’••cehéros, je réclame l’héritage d’un frère. « Maisloi, né du sang de Sisyphe, et qui lui ressembles par tes artifices et par tes larcins, pourquoi mêler des nomsélrangers aux noms des Éacides ? Est-ce parce que le premier j’ai couru aux armes, sans le secours d’un dénonciateur, qu’on me refusera ces armes ? et l’on en jugerait plus digne celui qui se présenta le dernier, celui qui, pour éviter les périls de la guerre, feignit la démence jusqu’au jour où, plus rusé qu’Ulysse, mais trop imprudent, le fils de Nauplius dévoila ce lâche stratagème, et l’entraîna, malgré lui, aux combats ! Qu’il reçoive ces armes glorieuses, lui qui n’avait-point voulu prendre les armes, tandis que je resterai sans récompense, privé d’un bien que m’assuraient les liens, du sang, moi qui affrontai les premiers dangers ! Ah ! plût aux dieux que sa démence eût été véritable, ou du moins que les Grecs n’en eussent pas découvert la fausseté, et que ce conseiller du crime n’eût jamais pénétré dans les remparts de Troie ! Alors, fils de Poean, nous ne t’aurions pas perfidement abandonné dans Lemnos ; toi qui, dit-on, caché maintenant dans des antres sauvages, attendris les rochers par tés cris plaintifs, et appelles sur Fratereral ; fraternapelo. « Quidsanguinecretus Sisyphio, iurlisqueet fraudesimillimusilli, Inscris_£aeidisaliéna ; nominagenlis ! Anquodin armaprior, milloquesubindiceveni, ^. Armanegandamibi ? Potiorquevidebilurille, ^5 Ultimaqui cepit, delrectavitquefurôre îlililiamficto, donecsolertioristo, Sedsibiinutiîior, timidicommentaretexit Kaupliades’animi, vitalaqueIraxitin arma ? Optimanuncsumat, quisumerenoluitulla. -ÎH . Nosinhonorali, et donispalruelibusorbi, Oblulimusqui nosad primapericula, simus. Alqueutinamaut verusfurorille, aut creditusesscl ! Keccorneshic phrygiasunquamvenissetad arces Horlatorscelerum.Nonte, Poeanliaproies, 45 ExposilumLeranosnoslrocumcriminehaberet, Quinunc, ut meraorant, silvestribusahditusantris, LIVRE XIII. , 481 le fils de Laërte le châtiment qu’il a mérité ! S’il est des dieux vengeurs, tes prières ne seront point vaines. Hélas ! ce héros, un des chefs de la Grèce, lié par les mêmes serments que nous, l’héritier des flèches d’Hercule, en proie aux tourments de la maladie et de la faim, est réduit à se procurer par la chasse quelques oiseaux dont il fait sa nourriture ! Il exerce contre les habitants de l’air les traits réservés aux destins d’Ilion ! Cependantil vit encore, parce qu’il n’a point accompagnéUlysse.L’infortuné Palamèdeeût aussi mieux aimé être délaissé dans une île déserte. Il vivrait, ou du moins il n’eût pas été victime de sa perfidie, lui qui, pour son malheur, déjoua la folie simulée d’Ulysse, dont l’implacableressentiment l’accusa de trahir notre cause, et prouva ce crime supposé en montrant un trésor enfoui d’avance dans la lente de ce guerrier. C’est ainsi que, par l’exil ou par la mort, Ulysseaffaiblit noire armée ; c’esl ainsi qu’il combat et qu’il se rend redoutable. « Fût-il plus éloquent que Nestor, il ne me fera jamais avouer qu’iL pût l’abandonner sans reproche. En vain ce sage vieillard implora le secours d’Ulysse, au moment où sa marche était retardée par la blessure de son coursier et par le poids des ans. Son compagnon le trahit. Ce n’est pas un crime imaginaire : le fils de Saxaraovesgemilu, Laerliadoeque precaris Qua ; meruit : qua ;, si dî sunt, nonvanapreceris. Et nunc ille eademnobisjuratusiu arma, 50 Heu ! parsunaducum, quosuccessoresagitta ; Herculisutuntur, fractusmorboquefameque, Venaturque, aliturqueavibus, volueresque pelendo DébitaIrojanisexercetspiculafalis. Ille tamenvivil, quianon comilavilUlyssen. 55 Halletet infelixPalamedesesserelieurs ! Viveret, aut certelelhumsine criminehaberet. Quemmaieconviclinimiummemoristefuroris Prodere.rem danaamfinxit, fictumqueprohavit Crimen, et ostendil, quodjampra ; foderat, aurum. GO Ergoaut exsilioviressubduxitAehivis, Autnece : sic pugnat, sic estmetuendusUlysses. « Quilicet eloquiofidumquoqueNesloravincat, Haudtameneflîciel, desertumut Nestoracrimen Esserear nullum ; qui, quumimploraretUlyssen, G5 Vulnerelardusequi.fessusquesenilibusannïs, Proditusa socioest. Nonha ; emibicriminalîngi, 482

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Tydée le sait bien, lui qui appela plusieurs fois Ulysse par son nom, et blâma la fuite de cet ami pusillanime. « Maisla justice des dieux Teille sur les mortels. BientôtUlysse eut besoin pour lui-même du secours qu’il avait refusé à Nestor. Il méritait d’être abandonné : il avait lui-même dicté la loi. Il appelle à grands cris ses compagnons,.l’accours, je le vois pâle et tremblant devant la mort qui le menace. J’oppose aux ennemis mon vaste bouclier, qui couvre son corps étendu sur l’arène, et je sauve un lâche, sans qu’il en revienne la moindre gloire pour Ajax. Si lu persistes à lutter contre moi, revenons dans ce même lieu. Que je t’y retrouve avec l’ennemi, avec ta blessure et la frayeur accoutumée : cache-loi derrière mon bouclier, et là dispute-moi les armes d’Achille ! Lorsque je l’eus délivré, celui auquel ses blessures n’avaient pas laissé la force de résister à l’ennemi prit la fuite sans être relardé par ses blessures. Hector paraît, et entraîne avec lui les dieux au combat. Partout, sur son passage, l’effroi s’empare non-seulementde toi, Ulysse, mais des plus intrépides : tant la terreur accompagneses pas ! Fier de répandre le carnage, le fils de Priam triomphait déjà. Je l’attaque de près, et je le renverse sous une roche ScitbeneTydides, qui nominesoepevocatum Corripuit, trepidoquefugamexprobavitamico. c AspiciuntoculisSuperimortaliajustis. 70 Enegetauxilio, qui non tulit ; ulquereliquit, Siclinquenduserat : legemsibidiseratipse. Conclamatsoeios.Adsum, videoquetremenlem Pallentemquemelu, actrepidanlemmortefutura. Opposuimolemclypei, texiquejacentem, 75 Servaviqueanimam(minimumest hoclaudis)merlem. Si perstascerlare, locumredeamusin illum ; Reddehostem, vulnusquetuum, solitumquetimorem ; Postclypeumquelate, et mecumconlendesubillo. Atpostquameripui, cui slandivulneravires 80 Nondederant, nullotardalusvulnerefugit. Hectoradest, secumquedeosin proeliaducit ; Quaquemit, nonlu tantumterreris, Ulysse, Sedfortesetiam : tantumtrabit ille limoris ! HuneegosanguinessuccessuCEedisovantem S’6 Cominusing nti resupinumpondèrefudi. LIVRE XIII. 483 énorme. Lorsqu’il défia le plus brave d’entre nous, seul je me présentai. Grecs, vous fîtes des vœuxpour que le sort me désignât : ils furent exaucés. Youlez-vousconnaître l’issue du combat ? Ajax ne fut pas vaincu par Hector. Tout à coup les Troyens portent sur notre flotte le fer et la flamme. Jupiter marche avec eux. Où était alors Ulysse, avec son éloquence ? Moi, je fis un rempart de mon corps à nos mille vaisseaux, espoir de votre retour. Pour ces mille.vaisseaux donnez-moi les armes d’Achilie. À dire vrai, je ferai plus d’honneur à ces armes qu’elles ne m’en rapporteront. Notre gloire est unie : les armes d’Achille ont plus besoin d’Ajax qu’Ajax n’a besoin d’elles. « Que le roi d’Ithaque compare à mes exploits le meurtre de Rhésus et du lâche Dolon, l’enlèvement d’Hélénus, un des fils de Priam, et celui du Palladium. Il n’a jamais rien fait au grand jour. H n’est rien sans Diomède. Si vous accordez les armes d’Achille pour prix d’exploits si obscurs, partagez-les, et que Diomèdeait la meilleure part. Maispourquoi les donner à Ulysse, qui agit dans l’ombre, toujours sans combat, et ne sait que surprendre l’ennemi, comme un larron ? L’éclat de ce casque resplendissant d’or trahirait ses ruses et dévoilerait sa marche lénéHuncegoposcentem, cumquoconcurreret, unus Sustinui ; sortemquemeamvovisiis, Achivi, Et vestraivaluerepreees.Siquaaritisbujus Fortunampugnoe, nonsum superalusab illo. 90 EcceferuntTroesferrumque, ignemque, Jovemque In danaasclasses.UbinuncfacundusUlysses ? Kempeegomillemeoprotexipectorepuppes, Spemvestrireditus.Bâtetôt pronavibusarma. Qùodsi vera licetmibidieere, quaarifuristis, 95 Quammibi, majorbonos, conjunctaqueglorianoslraest ; AtqueAjaxarmis, non Ajaciarmapetuntur. « ConférâtbisIthacusRhesum, imbellemqueDolona, PriamidenqueHelenumrapta cumPalladecaptum. Lucenibilgestum, nihil est Diomèderemoto. 100 Si semelista datismerilistam vilibusarma, Dividite, et parssit majorDiomedisin illis. Quotamenha ? clthaco, qui clam, qui semperir.ermis Remgerit, et furtisincautumdecipitboslem ? Ipsenitorgaleae, claroradiantisab auro, 103 Insidiasprodet, manifestaistquelatenlem. 484

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nébreuse. Sa lête, chargée du casque d’Achille, fléchirait sous un si grand fardeau ; la lance du héros serait trop lourde pour un si faible bras ; et son bouclier, où est gravée l’image du monde, ne convientpoint à une main timide qui ne’semble faite que pour le larcin. Insensé ! pourquoi briguer des armes qui t’écraseraient de leur poids ? Si les Grecsabusés te les donnaient, loin de te rendre redoutable, elles ne te fourniraient que l’occasion d’enrichir l’ennemi. Ta fuite, la seule chose où tu excelles, ô le plus lâche des hommes ! ta fuite se ralentirait, lorsque tu traînerais cette pesante armure. Que dis-je ? ton bouclier, rarement exposéaux combats, est encore intact, tandis que le mien, percé de mille traits, attend un successeur.Maisà quoi bon tant discourir ? Queles faits seuls décident. Jetez au milieu des ennemis ces armes d’un héros. Commandez-nousd’aller les y reprendre, et décernez-les à celui qui les rapportera. » Ainsi parla le fils de Télamon. La foule accueillit la fin de son discours avec un murmure favorable. Alors le fils de Laërte se lève. Il baisse d’abord les yeux, puis les porte vers les chefsde la Grèce, impatients de l’entendre, et prononce ce discours plein d’éloquence et de grâce : « Grecs, si vos vœux et les miens eusSednequeduliebiussubAcbilliscassidevertex Pondérataolaferet ; necnononerosagravisque Peliasesse, potestimbellibusbastalacerlis. Kecclypeus, vaslicadatusimaginemundi, 110 Conveniellimidoenatscquead furtasinistrse. Debililaturum quidte petis, improbe, munus ? Quodtibi si populidbnaveriterrorAchivi, Curspolieris, erit, non, cur metuarisàb hdste ; Et fuga, quasolacunclos, limidissime, vincis, 115 Tardafuluratibiest, gestaminalantatrahenti. Adde, quodiste tuus, um raro pralia pàssus, Inlegerest clypeus ; nostro, qui lelaferendo Millepaletplagis, novusest successorhabendus. Deniquequidvcrbisopusest ? spectemuragendo. 120 Armavirifortismediosmitlanturin bostes ; Indejubetepeti, et referenlemornalerelatis.s FinieratTclamonesatus, vulgiquesecutum Ultimamurmurerat, donecLaertiushéros Adstitit, atqueoculospaulumtelluremoratos 125 Sustulitad proceres, exspeclaloque resolvit Orasono ; nequeabestfacundisgraliadictis : LIVRE XIII. 485 sent été accomplis, l’héritier de telles armes ne serait, pas incertain. Tu les posséderais, Achille, et nous te posséderions encore ! Mais, puisque*les cruels Destins nous ont envié ce bonheur (en même temps il porta la main à ses yeux comme pour essuyer ses larmes), qui pourra plus dignement succéder au grand Achille que celui qui l’a ramené parmi vous ? Que la grossièreté d’esprit, dont Ajax se vante lui-même, ne soit pas un titre pour lui, et que mes talents, toujours consacrés à vos intérêts, ne me deviennent pas funestes ! Si je possède quelque éloquence, puisse-t-elle, lorsqu’elle soutient mes droits, comme elle a souvent défendu les vôtres, ne point m’attirer de défaveur ! Chacun doit faire valoir ses avantages personnels. « La naissance, les aïeux et les exploits d’autrui ne nous appartiennent pas. Ajax se glorifie d’être l’arrière-pelit-fils de Jupiter. Je dirai que Jupiter est aussi le chef de ma famille : nos degrés sont égaux. Laërte, mon père, était fils d’Arcésius, fils lui-même de Jupiter. Seulement, il n’y a dans ma famille ni coupable, ni exilé. Mercure, qui reconnaît ma mère pour sa fille, me donneune seconde noblesse : des deux côtés j’ai des dieux pour ancêtres. « Si meacumvestrisvaluissentvota, Pelasgi, Nonforetambiguustanti certaminishoeres ; Tuquetuis armis, noste poleremur, Achille ! ISO Queraquoniamnonsequamibivebisquenegarunt Fata(manuquesimulvelutilacrymantiatersit Lumina), quismagnomeliussuccédâtAchilli, Quamper quemmagnusDanaissuccessitAchilles ? Iluicmodone prosil, quod, ut est, hebesessevidetur ; 135 JNeve mihinoceat, quodvobissemper, Aehivi, Profuitingenium ; meaquehsecfacundia, si quaest, Quoenuncpro domino, provobissajpelœutaest, Invidiacareat ; bonanecsuaquisquerecuset. « Namgenus, et proavos, et quajnonfeeimusipsi, 140 Vixca nostravoco.Sedenim, quiarettulitAjax EsseJovispronepos, nostriquoquesanguinisauctor Jupiterest, totidemquegradusdistamusab illo. KammibiLaertespaterest, Arcesiusilli, Jupiterliuic ; nequein bisquisquamdamnatuset exsul.145 Est quoquepermatremCylleniusadditanobis Altéranobililas : deusest in ulroqucparente. 486 MÉTAMORPHOSES. Maisce n’est ni parce que ma mère rend ma naissance plus illustre que celle d’Ajax, ni parce que mon père ne s’est pas souillé du meurtre de son frère, que je demande les armes d’Achille. Jugez-nous sur nos actions. Qu’Ajax ne se prévale point de ce qu’il a Télamon et Pelée pour frères. Nos droits doivent s’appuyer, non sur les liens du sang, mais sur noire mérite personnel. Toutefois, si l’on veut prendre dans l’ordre des ancêtres le premier héritier d’Achille, Pelée son père et Pyrrhus son fils vivent ei> core. Oùest la place d’Ajax ? Portez ces armes à Phlhie ou à Sevras, Teucer est le cousin d’Achille aussi bien qu’Ajax. Mais’demandet-il ces armes ? et, quand il les demanderait, les obtiendrait-il ? Ce sont les services seuls qu’il faut peser dans cette lutte. Les miens sont trop nombreux pour être exposésici. Je vais pourtant les rappeler d’après l’ordre des temps. ’ « Thétis, mère d’Achille, prévoyant la mort prématurée de son fils, cacha son sexe sous l’habit d’une vierge. Ce déguisement trompa tous les Grecs et Ajax lui-même. A ses atours je mêlai des armes propres à émouvoir l’âme du héros. H n’avait pas encore dépouillé son travestissement, quand il prit la lance et Sednequemalernoquodsumgenerosiorortu, Necmibi, quodpaterest fraternïsanguinisinsons, Propositaarmapeto : meritisexpenditeeausam. 150 DummodoquodfralresTelamonPeleusquefuerunt, Ajacismeritumnonsit ; nec sanguinisordo, Sedvirtutishonosspoliisquajraturinislis. Aulsi proximitas, primusquerequiriturhreres, EstgenitorPeleus, estPyrrhusfilîusilli. 155 QuislocusAjaci ? PhthiamlneeScyronveferanlur. Necminusest islo TeucerpatruelisAcbilli. Numpetitille tamen ? Num, si petat, auferatarma ? Ergooperumquoniamnudumcertamenliabelur, Pluraquidemfeci, quamquaicomprendere dictis 1G0 Inpromplumihisit. Rerumtamenordineducar. « ProesciaventurigenilrixNereialetbi Dissimulaicullunalum.Deceperalotnnes, In quibusAjacem, sumplrcfallaciavestis. Armaegofemineis, .animummoluravirilem, " 1G5 Mercibusinserui ; nequeadhucprojeceralhéros Virgineoshabitus, quumparmamhastamquetenenti : LIVRE XIII. 487 le bouclier. « Fils d’une déesse, lui dis-je, Pergame attend sa « chute de ton bras. Pourquoi différer de renverser ses su « perbes remparts ? » Je le saisis et j’entraînai un héros à de nobles exploits. ’ Ses hauts faits sont donc mon ouvrage. C’est moi qui ai tenu Télèphe sous ma lance, et qui, à sa prière, lui ai conservé la vie. Thèbes est tombée sous mes coups. C’est moi, n’en doutez pas, qui ai conquis Scyros, Lesbos, Ténédos, Chrysa et Cylla, consacréesà Apollon. Monbras a renverséles murs de Lymesse, Sans parler d’autres héros, je vous ai donné celui qui pouvait seul terrasser le redoutable Hector ; c’est donc par moi que le grand Hector a péri. Je demande ces armes pour prix de celles qui me firent découvrir Aclùlle. Je lui donnai des armes .pendant sa vie, je réclame les siennes après sa mort. « Lorsque le ressentiment d’un seul arma toute la Grèce et que mille vaisseaux couvrirent, près d’Aulis, les côtes d’Eubée, . les vents, appelés par nos vœux, se turent longtemps ou contrarièrent noire flotte. Un oracle inhumain enjoignit à Agamemnpn. d’immoler sa fille innocente au courroux de Diane. Agamemnon refusa d’obéir et s’emporta contre les dieux. Le roi était père. Grâce à moi, le bien public triompha de sa ten « Natedea/dixi, tibi se periturareservant « Pergama.QuiddubitasingentemevertereTrojam ? » lnjeciquemanum, fortemquead fortiamisi. 170 Ergoopéraillius, measunt. EgoTelephonîiasta Pugnantemdomui, victumorantemquerefeci. QuodTheba ; cecidere,. meumest. MecréditeLesbon, MêTenedon, Chrysenque, et Cyllan, Apollinisurbes, Et Scyroncepisse.Meaconeussaputale 175 Procubuissesololyrnessiamoeniadextra. Utquealiostaceam, qui soevumperderc’posset Heclora, nempededi.Per me jacetinclyLusHector. lllis boecarmis, quibusest inventusAchilles, Armapelo.Vivodederam, post falareposco. ISO « UtdolpruniusDanaospervenitad omnes, Auïidaqueeuboieamcompïeruntmilleearinaï, Exspeçlatadiu, nulla, aut contrariaclassi, Flaminasunt, duriequejubentAgamemnona sortes Immerilamsoevoe jiatammactareDianoe.. 185 Denegathocgenitor, divisqueirascituripsis ; Atquein regetamenpaterest. Egomiteparentis 488

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dresse. Maintenant, je l’avoue (et qu’Atride ne s’offense pas <3e cet aveu ! )je plaidai une cause difficile devant un juge prévenu. Maisl’intérêt du peuple, les droits d’un frère, la dignité du sceptre confié à ses mains, déterminèrent Agamemnon à acheter la gloire au prix de son sang. Je fus député vers la mère d’Iphigénie. H s’agissait, non de la persuader, mais de la tromper par un artifice. Si Ajax se fût rendu auprès d’elle, nos voilesattendraient encore un vent propice. Je fus également envoyé à Troie. Intrépide orateur, je pénétrai dans ses murs. Je vis la cour superbe de Priam ; elle était alors pleine de guerriers. Je. défendis avec fermeté les intérêts que la Grèce avait commis à mes soins. J’accusai Paris, je réclamai-Hélèneet ses trésors. J’émus Priam et son parent Anlénor. MaisParis, ses frères et les complices de son crime continrent à peine leur fureur impie. Tu le sais, Ménélas : en ce jour j’affrontai avec toi le premier danger. « Il serait trop long de raconter tous les services que je rendis dans cette longue guerre par mon courage et mes conseils. Après les premières luttes, les Troyens se tinrent longtemps renfermés dans leurs murs. Il n’y eut aucune bataille. On ne put reprendre Ingeniumverbisad publîeacommodaverli. Nuncequidemfatcor(fassoqueignoscalAtrides), Difficilem tenuisubiniquojudicecausam. 190 Hunetamenutilitaspopuli, fraterque, dalique Summamovetsceplri, laudemut cumsanguinepensc-t. Mittoret ad matrem, quoenonhortanda, sed astu Decipiendafuit. Quosi Telamoniusisset, Orbasuisessenteliamnumlinteaventis. 195 Mittoret iliacasaudaxoralorad arces ; Yisaque, et intrataest altoe.mihicuriaTrojoe ;, Plenaqueadhucerat illa viris.înterrilusegi, QuammihimandaratcommunisGracia, causam. AccusoqueParin, proedamque, nelenamquereposco, 2U0 Et moveoPriamum, PriamoqueAntenorajunetum. AtParis, etfralres, et qui rapueresub illo, Vixtenueremamis(scishoc, Menelae), nefandas, Primaquelux nostritecumfuit illa pericli. « Longareferremoraest, qua ; consilioquemanuque 203 Ulilïlerfecispatiositemporebelli. Postaciesprimas, urbis se moenibushostes Continuerediu, néeaperticopiaMartis Ullafuit.Decimodemumpugnavimusanno. IflVRE XIII. 4S9 la guerre qu’à la dixième année^Que faisais-tu alors, Ajax, loi qui ne connais que les combats ? Quels furent tes services dans ce moment ? Quant aux miens, si tu veux les connaître, je tendais des pièges aux ennemis, je fortifiais nos retranchements, j’exhortais nos alliés à supporter patiemment les ennuis de la guerre ; j’indiquais les moyens de se procurer des vivres et des armes ; j’allais partout où ma présence était nécessaire. Soudain un songe qu’il croyait envoyépar Jupiter abuse Agarnemnon, et il commande aux soldats de renoncer aux fatigues du siège. L’autorité de Jupiter pouvait seule excuser cet ordre. Ajax’sans doute s’y opposa, et demanda la destruction de Pergame. Autant qu’il le put, il voulut combattre. Maispourquoi n’arrêta-t-il pas les Grecsprêts à regagner leurs vaisseaux ? Pourquoi ne prit-il pas les armes ? Pourquoin’entraîna-l-il pas l’armée incertaine ? Ce n’était pas trop pour celui qui ne sait parler qu’avec arrogance. Que dis-je ? tu fuis toi-même ! Je l’ai vu, et j’en ai rougi, je t’ai vu reculer devant l’ennemi et déployer honteusement les voiles. « Où courez-vous ? m’écriai-je. « Quelle folie, ô mes compagnons ! vous fait abandonner Troie « près de succomber ? Qu’allez-vousrapporter dans vos foyers, si « ce n’est la honte, après dix ans de travaux ? » Ces paroles, et d’autres dictées par l’indignation, qui m’avait rendu éloquent, Quidfacièsinteiea, qui cil, sis ; praîlia, nosti ? 210 Quistuus ususerat ? Namsi meafactarequiris, Hostibusinsidior ; fossasmuuiminecingo ; Consolorsocios, ut longitoediabelli Menteferantplacida ; doceo, quo’simusaleudi, Armaudive modo ; mittor, quopostulatusus. îlb EcceJovismonitu, deceplusimaginesomni, Rexjubet incoepticuramdimitterebelli. 111epolestauctoresuarndefenderecausam. NonsinothocAjax, JelendaquePergamaposcat ; Quodquepolest, pugnel.Curnonremoraturilurosï 220 Curnonarmacapit ? dat, quodvagaturbasequatur’î Nonerathocminiumnunquamnisi magnaloquenli. Quid ? quodel ipsefugis ? Yidi, puduitquevidcre, Quumtu tergadares, inhonestaquevêlaparares. Necmora : « Quidfaclis ? quccvosdemenlia, dixi, 22J « Concitat, o socii, captamdcmittereTrojam ? « Quidvedomumfertisdecimo, nisi dedecus, auno ? » Talibusatquealiis, in quoedoloripsedisertum 490 MÉTAMORPHOSES. ramenèrent les Grecsdéjà montés sur leur flotte fugitive. Agarnemnon rassembla les chefs frappés de terreur. Le fils de Télamonn’osa ouvrir la bouche, tandis que Thersile ne craignit point d’outrager les rois par d’insolentes paroles que je ne laissai pas impunies. Je me levai ; j’excitai contre l’ennemi mes concitoyens encore alarmés, elma voix ranima leur courage abattu. Dès ce moment, tout ce qu’Ajax semble avoir fait de grand est mon ouvrage ; car c’est moi qui arrêtai sa fuite. « Enfin, Ajax, qui vante tes exploits ou l’associe aux siens ? Moi, je partage ceux du fils de Tydée ; il m’estime et compte toujours sur le succès quand je l’accompagne.N’est-cedonc rien que d’appeler sur moi, parmi tant de Grecs, le choixde Diomède ? Le sort ne m’avait pas désignépour le suivre, lorsque, bravant les dangers de la nuit et le nombre des ennemis, nous rencontrâmes le Phrygien Dolon occupé d’une tentative semblable à la nôtre. Je l’immolai, après l’avoir forcé à me livrer ses secrets, et je connus ainsi les desseins de la perfide Troie. J’avais tout appris ; il ne me restait plus de découverte à faire, et je pouvais retourner sur mes pas avec la gloire que je m’étais promise. Maiselle ne pouvait me sufFecerat, aversosprofugade classeredusi. ConvocalAtridessociosterrorepavenles. 250 NecTelamoniades etiamnunchiscerequidquam Ausit ; at aususerat regesincesseredictis Thersites, etiamper me haudimpune, protervis. Erigor, et trepidoscivesexhorlorin bostem, Amissamque mea virtutemvocereposco. 255 Temporeab hoc, quodcumquepolestfecissevideiï Forlileriste, racuraest, qui dantemlergaretraxi. (t DeniquedeDanaisquisle laudatve, pelilve ? At sua Tydidesniecumcommunicalacta ; Meprobal ; et sociosemperconfiaitUlysse. 2-10 Est aliquid, de tôt Gfaiorummillibusunum ADiomèdelegi.Necme sors ire jubcbat. Sic tamenet spretonoclisquchoslisquepericlo ; Ausumeadem, qua ; nos, phrygiadegénieDoloua Inlerimo.Nonanle tamen, quamcunclacocgi 245 Prodcre, et cdidici, quidpeilidaTrojapararet. Oinniacognoram, nec, quod specularer, habebam ; Et jampromissapoleramcumlaudereverti. Haudconlentusea ; pelii tentoriaRhesi ; LIVRE XIII. 491 fire. Je marchai aux lentes de Rhésus, et, dans son propre camp, je l’égorgeai avec ses compagnons. Vainqueur et satisfait, je montai sur le char du vaincu, et je retournai triomphant au milieu des Grecs. Maintenantrefusez-moi les armes du héros dont un ennemi demanda les coursiers pour prix des périls d’une nuit. Qu’elles soient la récompense d’Ajax ; il en est sans doute plus digne. « Rappellerai-je les soldats du Lycien Sarpédon moissonnés par mon glaive ? Je mis en fuite et noyai dans leur sang Céranus, le fils d’Hippase, Alaslor, Cbromius, Alcandre, Halius, Noémon, Prytanis, et je nus à mort Chersidamas, Tboon, Charope et Eunome, poursuivi par de cruels destins. D’autres guerriers moins célèbres tombèrent également sous mon bras au pied des murs d’IIion. J’ai aussi, mes concitoyens, reçu des blessures honorables. N’en jugez point par de vains discours, mais voyez vous-mêmes (en même temps il découvre sa poitrine) ; oui, ma vie fut toujours consacréeà vos intérêts. Le fils de Télamon, au contraire ; durant tant d’années, n’a jamais versé son sang pour ses compagnons : son corps est intact. Qu’importe si, comme il l’assure, il a pris les armes pour proléger nos vaisseauxcontre les Troyens et Jupiter lnquesuisipsmncastriscomitesqueperemi ; 250 Atqueita captivoVictorvotisquepotitus, lngrediorcurruloetosimitantetriumphos. CujusequospretiumpronoclepoposccraLhoslis Armanegalemihi ; luleritqueea digniorAjax ! « QuidlyciireferamSarpedonisagminaferro 25b Devastalameo ? Cummultosanguinefudi Coeranon, Hippasiden, Alasloraque, Chromiumque, AleandrumqUe, Haliumque, Noemonaque, Prytaninquc, ExitioquededicumChersidamauteThoona, Et Cbaropen, falisqueiinmitibusEunomonactum, 260 Quiqucminuscélèbresndslrasub moenibusurbis Procubueremanu.Suntel mihivulncra, cives, Ipsopulchraloco.Necvaniscréditevcrbis ; Aspieitcen (vestemquemanudeducit)et, luccsunt Pectorascmper, ait, veslrisexercilarébus. 265 Alniluiimpenditper tôt Telamoniusannos Sanguinisin socios, el habetsinevulnerecorpus ; Quidlamenhoc referl, si se pro classepelasga ArmalulisserefertcontraTroasqucJovcmque ? 492

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lui-même ? Sans doute il les a prises. Je ne suis pas homme à ternir malignement des actions d’éclat. Maisqu’il ne s’arroge pas seul une gloire commune à tous ; qu’il vous en laisse une part. Patrocle, sous l’armure protectrice d’Achille, ne repoussa-t-il pas les Troyens loin de nos vaisseaux, au moment où, défendus par Ajax, ils allaient devenir la proie des flammes ? H s’imagine avoir seul affronté Hector, oubliant Agamemnon et les autres chefs de la Grèce, et moi-même, tandis qu’il se présenta le neuvième, el quand le sort l’eut désigné. Mais quelle fut, valeureux guerrier, l’issue de ce combat ? Hectorse relira sans blessure. « Hélas ! quelle douleur j’éprouve au souvenir de ce jour qui vit succomberAchille, le rempart de la Grèce ! Ni mes larmes, ni mon abattement, ni la crainte, rien ne m’empêcha de relever le corps de ce héros étendu sur la poussière. Je l’emportai sur mes-épaules, oui, j’emportai sur mes épaules le corps d’Achille, et ces armes qu’aujourd’hui je demande à porter encore. Mes forces suffisent pour un si noble poids, et mon cœur est digne d’apprécier l’honneur de les avoir obtenues de vous. Eh quoi ! l’ambition de Thélis pour son fils n’aurait-elle abouti qu’à décorer un soldat ignorant Confiteorque, tulit (nequeenimbeuefaclamaligne 270 Detreclaremeumesl) ; sedneccommuniasolus. Occupet, atquealiquemvobisquoquereddathonorcm. ReppulilActorides, subimaginetutus Achillis, Troasab arsuriscumdefousorecarinis. Ausumetiamhectoreosolumconcurreremarli 275 Sepulat, oblilusregisque, ducumque, meique. Nonusin pffiçio.elpralatusmuneresortis. Sedtamenevenlusyeslrse, forlissime, pugnte Quisfuit ? Hectorabilviolatusvulnerenullo. « Memiserùm ! quanlocogormeminissedolore 2S0 Temporisillius, quo, Graiummurus, Achilles Procubuit ! Necme lacryma ;, luctusque, limorve Tardarunl, quincorpushumosublimereferrem. Misbumeris, bis, inquam, humcrisegocorpusAchillis Et simularmatuli, qiuenuncqiioqueferrelaboro. 285 Sunt mihi, quoevaleantin taliapondéra, vires ; Esl animusvestroscerlcseusurushonores. Scilicetideircopro natocoerulamater Ambitiosasuofuit, ut coelestiadona, Arlisopuslanta ;, rudiset sinepectoremiles 290 LIVRE XIII. 495 et grossier de ces armes, ouvrage d’un dieu et chef-d’œuvre de l’art ! Comment connaîtrait-il les merveilles gravées sur ce bouclier, l’Océan, la terre, le ciel, les astres, les Pléiades, lesHyades, l’Ourse qui jamais ne descend dans les flots, tant de cités diverses et la brillante épée d’Orion ? U veut posséder des armes qui seraient une énigme pour lui. Que dis-je ! ne m’accuse-t-il pas d’avoir fui les fatigues de la guerre et de m’y être associé trop tard ? Ne voit-il pas qu’il insulte au magnanime Achille ? S’il appelle crime une feinte, Achille et moi nous avons feint tous les deux. Si c’est une faute d’être venu tard devant Troie, je m’y suis trouvé plus tôt qu’Achille. Nous fûmes retenus, lui par une tendre mère, moi par une tendre épouse. Nous leur donnâmes nos premiers moments, et tout le reste fut à vous. Je ne saurais craindre, si je ne puis la repousser, une accusation qui m’est commune avec cet illustre héros. Cependant Achillefut découvert par l’adresse d’Ulysse, mais Ulyssene l’a pas été par celle d’Ajax. « Nesoyezpas surpris des traits que sa langue grossière a lancés contre moi. Ne vous a-t-il pas adressé des reproches capables de vous faire rougir ? S’il est honteux pour moi d’avoir dirigé contre Palamède une accusation imaginaire, est-il glorieuxpour ludueret ? Nequeenimclypeicoelsmina norit, Oceaiiumet terras, cumquealtosidcraccclo Pleiadasque, llyadasque, immunemque aîquorisArclon, Diversasque urbes, nitidumqueOrionisensem. Postulat, ut capiat, qmcnoninlelligit, arma. 295 Quid ? quodme, duri fugientemmunerabelli, Arguitincoeptosérumaceessisselabori ? Necse magnaniraoanalediecre sentitAcbilli ? Si simulassevocatcrimen, simulavimus ambo ; Simorapro culpaest, egosummaluriorillo. 500 Mepia detinuitconjux, pia materAchillem

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Primaquesunt iliisdalatempora, caeteravobis. Haudlimeo, si jam nequeodefenderecrimen Cumlantocommuneviro.DeprcnsusUlyssis lugenio(amenillc, at nonAjacis, Ulysses. 505 KNevcin meslolidaiconviciafunderclingme Aduiiremurcum.Vobisquoquedignapudore Objicit.AnfalsoPalamedeucrimineturpe Accusassemibi, vobisdamnassedécorumest ? 494

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vous de l’avoir condamné ? Maisle fils de Nauphus ne put se laver d’un forfait si horrible et si manifeste, que vous n’entendîtes pas seulement son accusateur. Sa trahison fut mise sous vos yeux ; l’or qui en avait été le salaire la rendit évidente. Quant à l’abandon de Philoctète dans l’île de Lemnos, il n’est pas mon ouvrage ; c’est le vôtre. L’apologie vous regarde ; car vous approuvâtescet abandon. J’engageai Philoctète, je l’avoue, à se dérober aux fatigues de la guerre et du voyage, à lâcher de calmer par le repos ses cruelles douleurs. Il suivit mes conseils, et il vit encore. Mon avis fut à la fois heureux et sincère, quand il suffisait qu’il fût sincère. Un oracleexige sa présenceparmi nous pour détruire Pergame. Ne me confiez pas mie mission délicate, le fils de Télamon la remplira mieux. Son éloquence apaisera un infortuné aigri par ses souffranceset par son ressentiment, ou bien il aura l’art de l’amener dans notre camp. Maisnon : le Simoïsremontera vers sa source, l’Ida sera dépouillé de feuillage, et la Grècemême promettra des secours à Troie, avant qu’on voie mon cœur abandonner vos intérêts et l’esprit d’Ajax nous sauver. « Impitoyable Philoctète, en vain la haine poursuit les Grecs, Àgamemnon et moi-même ; en vain tu m’accables d’imprécations SednequeNaupliadesfacinusdefenderetantum, 510 Tamquepaïens, valuil.Necvusaudistisin illo Crimina ; vidistis, pretioqueobjectapatebant. NecPoeanliaden quodhabetvulcaniaLemnos, Essereusmerui.Faclumdefenditevestium,. Consensislisenim ; necmesuasissenegabo, 515 Ul se subtraheretbeîliqucvioequelabori, Tentaretqueferosrequieleniredolores. Paruit, et vivit.Nonhasesententialantum Fida, sedet felix, quumsit salisessefidelem. QuemquouiamvalesdelendaadPergamaposcunt, 520 Ne mandatemihi. ? JeliusTelamoniusibil, Eloquioquevirummorbisiraquefurenlem Molliet, aut aliquaproducelcallidusarle. AmerelroSimoisfluet, et frondibusIde Stabit, et auxiliumpromiltetAchaiaTrojse, 325 Quam, cessantemcopro vestrispectorerébus, AjacisslolidiDanaissoicrliaprosit. « Sislicetinfestussociis, regiquemiliique, DurePhiloctète ; licetexsecrere, meumque LIVRE XIII. 495 et tu voues à tout instant ma tête aux Furies. Tu as beau faire des vœux pour que je sois livré à ta colère afin de t’abreuver de mon sang, el souhaiter de devenir mon maître, commeje fus le tien ; je n’irai pas moins te chercher. Bannissant toute crainte, je m’emparerai de tes flèches, si la Fortune nie seconde, comme je m’emparai du devin de Troie, qui fut mon prisonnier ; comme je dévoilai les oracles des dieux et les destins d’Eion ; comme j’enlevai le Palladium de son sanctuaire au milieu de nos ennemis. Qu’Ajax ose encore se comparer à moi ! Les Deslinss’opposaient à la prise de Pergame, si celle image sacrée n’était en noire pouvoir. Où est Ajax ? Où est ce héros si fier avec ses superbes discours ? Pourquoi trernble-t-il lorsque Ulysse ose, au milieu des ténèbres, traverser les gardes ennemies, et, malgré les épées menaçantes, pénétrer, non-seulement dans les murs de Troie,.mais jusque dans sa citadelle, enlever de son lemple l’effigie de Tallas et l’emporter à la vue des Troyens ? Sans cette heureuse audace, en vain le fils de Télamon aurait porté à son bras gauche la dépouille de sept taureaux. Dans cette nuit, je triomphai d’Ilion ; je vainquis Troie, en la réduisant à n’être plus invincible. Devoveas sinefinecaput, cupiasquedolenti. 550 Melibi fortedari, nostrurnquehaurirecruorem, Utquetui mihi, sic fiâttibi copianostri ; Te tamenaggrediar, longeformidinepuisa ; Tamqueluispotiar, faveatFortuna, sagittis, Quamsumdardanio, quemcepi, vatepotitus ; 555 Quamresponsadeum, trojanaquefatarelexi, QuamrapuiphrygiaîsignumpenetraleMinervoe Hoslibuse mediis.Et se mihi coraparetAjax ? NempecapiTrojamprohibebantFatasineillo. Fortisubi est Ajax ? Ubisuntingentiamagni 540 Verbaviri ? Curhic metuis ? CuraudelUlysses Ire per excubias, et se committerenocti ? Perqueferosenses, non tantummoeniaTroum, Verumetiamsummasarcesinîrare, suaque Eripereaîdedeam, raplamqueefferreper hostes ? 345 Qua3nisifecissem, frustraTelamonecreatus Geslassetlaivalaurorumtergoraseptem. IllanoctcmihiTrojaeVictoriapartaest : Pergamalum vici, quumvincipossecoegi. 496

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« Cessede désigner, par ton geste et par tes murmures, le fils de Tydéecommele compagnonde mes exploits. Sans doute il peut réclamer sa part de gloire. Maistoi-même, étais-tu seul, lorsque, armé de ton bouclier, tu défendaisnos vaisseaux ? A tes côtés se pressait une foule de guerriers, et je n’en avais qu’un avec moi. Si Diomèden’eût su que la valeur est au-dessous de la prudence, et qu’un bras invinciblen’est pas un litre pour obtenir les armes d’Achille, il les eût demandées. Le fils d’Oïlée, plus modeste que toi, le belliqueux Eurypyle, le fils de l’illustre Andrémon, Idoménée et Mérion, comme lui enfant de la Crète, et le frère du puissant Agamemnon, prétendraient à cette récompense. Ils sont tous aussi intrépides que toi dans les combats, et cependant ils ont cédé à ma prudence. Ton bras est utile à la guerre, mais il a besoin que je le dirige. Tu n’as qu’une force aveugle ; moi, je prévois l’avenir. Tu peux combattre ; mais Agamemnonme consulte pour choisir le moment du combat. Le corps seul agit en toi ; dans Ulyssec’est la raison. Autant le pilote est au-dessus du rameur, et le général au-dessus du soldat, autant je l’emporte sur toi. Cependantma sagessen’est pas supérieure à mon courage : l’une et l’autre ont la même vigueur. u DesineTydidenvultuqueet murmureuobis 550 Ostentarcmeuni : parsest sua laudiset illi. Nectu, quuffisociaclypeumpro classetenebas, Soluseras ; tibi lurbacornes.Mihicontigiluuus, Qui, nisipugnacemscïretsapienleminorem Esse, necindomilaedeberipraemiadexlroe, 555 Ipsequoquehoecpeleret ; pelerelmoderaliorAjax, Eurypylusque ferox, claroqueAndrannone natus ; Necminusldomeneus, patriaquecreatuseadem Meriones ; pelerelmajorisfraterAlridoe. Quippemanufortes, necsunttibimartesecundi, 5G0 Consiliiscesseremeis.Tibidexlerabello Ulilis ; ingeniumest, quodegetmoderaminenostri. Tuviressinementegeris ; mihicurafuturi est. Tupugnarepotes ; pugnanditemporamecum , EligilAtrides.Tu tantumcorporeprodes, 5G5 Nosanimo ; quanloqueratemquitempérât, anlcit Reinigisofficium, quantoduxmilitemajor, Tanloegole supero ; neenonin corporenostro Peelorasunt potioraman’i : vigoromnisin illif. LIVBE XIII. 497 « Chefs de la Grèce, décernez ces armes à celui qui veilla toujours à vos intérêts. Après tant d’années de soins et de sollicitude, accordez-les-moipour prix de mes services. Nos travaux touchent à leur fin. J’ai écarté les obstacles que le Destin nous opposait. J’ai pris Pergame en rendant sa conquête possible. Je vous en conjure au nom de nos espérances communes, au nom des murs d’Ilion près de s’écrouler, et des dieux que j’ai ravis naguère aux Troyens ; par tout ce que la sagesse pourrait juger nécessaire, par tout ce qui exigerait de la promptitude et de l’audace pour achever les destins d’Ilion, souvenez-vous de moi ; ou, si vous me refusez les armes d’Achille, donnez-les à cette déesse. » En proférant ces mots, il montra la statue de Minerve. Les chefs de l’armée applaudirent. On vil alors le pouvoir de l’éloquence : les armes d’un héros passèrent dans les mains d’un orateur. Ajax, qui tant de fois résisla seul à Hector, au fer, à la flamme et à Jupiter, ne pul résister à la colère. Ce guerrierinvincible fut vaincu par la douleur. H saisit son épée : « Elle m’appartient du moins, dit-il. Ulysse la demandera-t-il aussi ? Qu’elle me serve contre moi-même ! Souvent rougie du sang troyen, qu’elle soit arrosée de celui de son maître ! Qu’Ajax ne <cAtvos, o proceres, vigilidateprcemiavestro ; 570 Proquetôt annorumcuris, quasanxiusegi. Hunetitulummeritispensandumreddilenostris. Jamlahorin fineest. Obslantiafata removi, Allaque, posseeapifaciendo, Pergamacepi. Perspesnuncsocias, casuraquenioeniaTroum, 375 Perquedeosoro, quoshoslinuper ademi ; Per, si quidsuperest, quodsitsapienleragendum ; Si quidadhucaudax, ex praeipiliquepetendum ; Si Trojoefalisaliquidrestarepulalis ; Estemeimemores, aut, si mihinondalisarma, 580 Huicdate ; » et ostenditsignumfataleMinerva ;. Molamanusprocerumest, et, quidfacundiaposset, Repatuii, fortisqueviri tulit armadisertus. Hecloraquisolus, qui ferrum, ignemque, Jovemque Sustinuiltoties, unamnon sustineliram ; 585 Invictumquevirumvincitdolor.Arripitensem, Et : « Meushic certeest. Anet huncsibiposcelUlysses ? Hoc, ait, utendumestin me mihi ; quiqueeruore SoepePhrygummaduit, domininuncctedemadebil. 28. 498

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puisse être vaincu que par Ajax ! » Il dit, et dans son sein jusqu’alors sans blessure il plonge son glaive au seul endroit vulnérable. On essaye en vain de l’arracher ; il n’est repoussé que par le sang qui jaillit et baigne la terre, où il fait éclore sur une lige verte une fleur vermeille, semblable à celle que produisit jadis le sang d’Hyacinthe. Les mêmes lettres, tracées sur leurs feuilles en l’honneur du jeune homme et du guerrier, dans’l'une expriment un nom, el dans l’autre une plainte. APRÈSLAPRISEDETROIE, POLTXÈKE ESTIMMOLÉE AÏÏXMANES D’ACHILLE, POLÏDORE ÉGORGÉ PARPOLÏMESTOR, ETHÉCDEE CHANGÉE ENCHIENNE. H. Ulysse, après sa victoire, fait voile vers la patrie d’Hypsipyle et du célèbre Thoas, terre souillée par le massacre de ses anciens habitants. Il s’y rend pour enlever les flèches du héros de Tiryn_ the : et bientôt, suivi de Philoctète, il les rapporte aux Grecs.Alors, enfin, une guerre si longue arrive à son terme. Troie et Priam succombent en même temps, et l’épouse infortunée de ce roi, après avoir tout perdu, perd aussi la figure humaine. Revêtue d’une nouvelle forme, elle épouvante les airs de ses aboiements NequisquamAjacempossitsuperare, nisiAjax.* 590 Dixit, et in peetus, lum demumvulnerapassum, Quapatuitferro, lellialemcondiditensem. Necvalueremanusinfixumeducerelelum, Expulitipsecruor ; rubefactaquesanguinetellus Purpureumviridigenuitde cespilefîorem, 595 Quipriusoebaliofuer ;.lde vulnerenatus. Litleracommunismediispueroqueviroque Inseriplaest foliis : htecnominis, illa quereloe. CAPTA THOJA, POLÏXENA MANIEDS ACIULUS IlIMOLATUn.POLTDORUS APOLTMESTORE INTERFECTUS. nECTJBA FITCANIS. II. Victorad HypsipylespalriamclariqueThoanlis, Et velerumterrasinfâmescaidevirorum 400 Vêladat, ut referai, tirynlbiatela, sagittas. . Qucepostquamad Graios, dominocomitanle, revesit, Impositaest scro tandemmanusultimabello. TrojasimulPriamusquecadunt.Priameiaconjux Perdiditinfelixhominispostomniaformam, 405 Eîtcrnasquenovolatratuterruitauras, LIVRE XIII. 499 sur cette plage étrangère où l’Hellespont est resserré entre ses rivages. llion était en feu, et l’incendie allumé par les Grecs n’était pas encore éteint. Le sang du vieux Priam avait rougi l’autel de Jupiter. Tramée par les cheveux, la prêtresse d’Apollontendait en vain ses mains au ciel. Les Troyennes, embrassant les autels des dieux de la patrie, tandis qu’elles le pouvaient encore, s’étaient réfugiées dans les temples dévorés par la flamme. Elles en sont arrachées pour être le prix odieux de la victoire. Astyanaxest précipité du haut de ces mêmes tours d’où sa mère lui montra tant de fois Hector combattant pour lui el pour le Irône de ses aïeux. Enfin Borée invite les Grecs au départ. Agitée par un soufflepropice, la voile frémit, et le pilote veut qu’on profite du vent. « Troie, adieu ! On nous sépare ! « s’écrient les Troyennes ; et elles impriment leurs bouches sur la terre en quittant les débris fumants de leur patrie. La dernière qui monte sur le navire (ô spectacle douloureux ! ), c’est Hécube, trouvée errante au milieu des tombeaux de ses fils. Elle pressait de ses bras la pierre sépulcrale et baisait leurs ossements, lorsqu’elle fut entraînée par Ulysse, Toutefois, elle put ravir à la terre les cendres Longusin angustumquaclauditurïïellespontus. Ilionardebat, nequeadhucconsederatignis, Exiguumque senisPriamiJovisara cruorem t Combiberat.TractalacomisantistitaPhoebi 410 Nonprofecturaslendebatad oelherapalmas. Dardanidasmairespatriorumsignadeorum, Dumlicet, amplexas, succcnsaque templalenenles lnvidiosatrahunt-victorespraemiaGraii. MittiturAstyanaxillisde turribus, unde 415 Pngnanlcmprose, proavitaquerégnatuentera Scepeviderepalremmonslratuma matresolebat. JamqueviamsuadetBoreas ; flatuquesecundo Carbasamolasonant.Jubetuti navitaventis. « Troja, vale, rapimur ; » clamant, dantqueosculaterra 420 Troades, et patrioefumantialectarelinquunt. Ullimaconscenditelassem, miserabilevisu ! In mediisHecubenaloruminventasepulcris. Prensantemtumulos, alqueossibusosculadantem Dulicbiaitraxeremanus.Tamenuniushausit, 425 500 MÉTAMORPHOSES. d’Hector et les emporter cachées dans son sein. Sur la tombe de ce fils chéri elle déposa ses cheveux’blancs et ses larmes, seule offrande permise à son malheur. Sur la rive opposée aux lieux où fut Troie, est la contrée habitée par les Thraces. Là s’élevait le palais opulent de Polymestor, à qui Priam confia secrètement Polydore pour l’éloigner des périls de la guerre : sage précaution, s’il n’eût envoyé avec son fils de riches trésors qui devaient pousser ce roi au crime en irritant sa cupidité. A peine Troie fut-elle anéantie, que le cruel Polymestor plongeale fer dans le sein du jeune prince confié à ses soins ; el, comme s’il pouvait avec la victime faire disparaître les traces du forfait, du haut d’un rocher il le précipita dans la mer. Agamemnon avait arrêté sa flotte sur les côtes de Thrace pour attendre une mer tranquille et des vents favorables. Tout à coup, du sein de la terre enlr’ouverte s’élança l’ombre d’Achille, terrible comme pendant sa vie et respirant la menace. C’était l’image fidèle du héros au moment où, bouillant de colère, il tira injustement l’épée contre Agamemnon. « Grecs, dit-il, vous partez, et vous oubliez Achille ! Le souvenir de mes actions est-il donc enseveli Inquesinu cineressecumtulit Heclorishaustos. Hectorisin tumulocanumde verlieecrinem, Inferiasinopes, crinemlacrymasque relinquit. Est, ubi Trojafuit, Phrygiaecontrarialellus, Bistoniishabilatavîris.Polymestorisillic 450 Regiadiveserat, cuite commisitalendum

Clam, Polydore, pater, phrygiisqueremovitab armis : Consiliumsapiens, scelerisnisiproemiamagnas Adjecissetopes, animiirritamen-avàri. Ut ceciditFortunaPhrygum, capitimpiusensem 455 RexThracum, juguloquesui defigitalumni ; Et, lanquamtoilieumcorporecriminapossent, Exanimeme scopulosubjeclasmisitin undas. LitlorethreicioelassemreligaratAtrides, Dummarepacalum, dum ventusamicioresset. 440 Hicsubilo, quantus, quumviveret, essesolebat, Exithumolaïcrupta, similisqueminaci TemporisilliusvultumreferebatAcbilles, QuoférusinjustopetiitAgamemnona ferro. « lmmemoresque meidiseedilis, inquit, Acbivi ? 445 Obrulaqueest mecumvirtutisgratiannstroe ? LIVRE XIII. SOI avec moi ? Qu’il n’en soit pas ainsi ! Et, afin que mon tombeau ne reste pas sans honneur, je demande, pour apaiser mes mânes, le sacrifice de Polyxène ! » Il dit. Ses compagnons obéissent à l’ombre impitoyable. Arrachée du sein de sa mère, dont elle était la seule consolation, courageuse dans le malheur et d’une énergie au-dessus de son sexe, la princesse esl conduite sur la tombe où elle doit être immolée. Dignefille des rois, elle arrive à cet autel barbare et voit les apprêts du fata ! sacrifice ; elle voit Pyrrhus debout à ses côtés, le glaive à la main et les yeux fixés sur elle. « Hâte-toi, lui dit-elle, de verser un sang généreux ! Que rien ne l’arrête ! Plonge le fer dans ma gorge ou dans mon rein ! (Et en même temps elle lui découvrel’un et l’autre.) Polyxènene doit courber son front sous aucun maître, et ce "sacrificeinhumain n’apaisera aucune divinité. Je voudrais seulement que ma mère pût ignorer ma mort. Elle seule m’afflige et diminue pour moi la joie du trépas. Toutefois, ce n’est point ma mort, c’est sa vie qui doit l’affliger. Vous, Grecs, éloignez-vous, et laissez-moidescendre libre aux enfers. Si ma prière est juste, ne portez pas sur moi vos mains et respectez mie vierge. Celuidont vous voulez honorer les Nefacile ; utquemeumnonsit sinehonoresepulcrum, PlacetacbilleosmactataPolyxenamânes. » Dixit, et imniilisoeiisparentibusumbrae, Raplasinu malris, quamjampropesolafovebat, 450 Fortis, et infelix, et plusquamfemina, virgo Duciturad tumulum, diroquefit hostiabusto. Quajmemoripsasui, postquamcrudelibusaris Admolaest, sensitquesibifera sacraparari ; UtqueNeoplolemum slantem, ferrumquetenentem, 455 lnquesuoviditfigentemluminavullu : « Uterejamdudumgenerososanguine, dixit. Nullamoraest : at tu jugnlo, velpectorelelum Condemeo(jugulumquesimulpeclusqueretexit). Scibcethaudulli serviraPolyxenaferrem, 400 Haudper laiesacrumnumenplacabilurullum. Morstantumvellemmatremmeafallereposset. Materobest, minuilquenecismihigaudia, quamvis Nonmeamorsilli, verumsua vitagemendaest. Vosmodo, ne stygiosadeamnonlibéramânes, 4C5 Esteprocul, si justapeto, tactuqueviriles Virgineoremovetemanus.Acceptiorilli, 502 MÉTAMORPHOSES. mânes par ma mort attachera plus de prix au sang d’une victime volontaire. Si mes dernières paroles peuvent vous toucher, écoutez le vœu que vous adresse la fille de Priam, et non votre captive. Rendez sans rançon mon corps à ma mère. Qu’elle achète, non avec de l’or, mais par ses pleurs, le triste droit de me déposer dans un tombeau. Quand elle eut de l’or, elle s’en servit pour racheter ses enfants. » A ces mots, le peuple ne put retenir ses larmes, tandis qu’elle retenait les siennes. Le sacrificateur lui-même, est attendri, et frappe à regret la victime qui s’offre à ses coups. Polyxène chancelle et tombe ; mais son regard reste ferme à ses derniers instants, et, dans ce moment suprême, elle prend soin de ranger ses vêtements pour être fidèle encore aux lois de la pudeur. Les femmes troyennes recueillent sa dépouille ; elles se rappellent tout ce que leur ont déjà coûté de larmes les enfants de Priam, et tout le sang qu’une seule famille a répandu. Elles pleurent sur toi, Polyxène, sur toi aussi, naguère épouse d’un roi, mère de tant de princes, image de la féconde Asie, et maintenant mise à si bas prix dans le partage du butin, qu’Ulysse vainqueur ne voudrait pas de toi, si tu n’avais donné le jour à Hector. A peine Hector peut-il trouver un maître pour sa mère !


Quisquis is est, quem cæede mea placare paratis, Liber erit sanguis. Si quos tamen ultima nostri Verba movent oris, Priami vos filia regis, 470 Non captiva, rogat. Genitrici corpus inemptum Reddite ; neve auro redimat jus triste sepulcri, Sed lacrymis. Tunc, quum poterat, redimebat et auro. » Dixerat. At populus lacrymas, quas illa tenebat, Non tenet ; ipse etiam flens invitusque sacerdos 475 Præbita conjecto rupit præcordia ferro. Illa, super terram defecto poplite labens, Pertulit intrepidos ad fata novissima vultus. Tunc quoque cura fuit partes velare tegendas, Quum caderet, castique decus servare pudoris. 480 Troades excipiunt, deploratosque recensent Priamidas, et quid dederit domus una cruoris. Teque gemunt, virgo, teque, o modo regia conjux, Regia dicta parens, Asiæ florentis imago, Nunc etiam præcdæ mala sors, quam victor Ulysses 485 Esse suam nollet, nisi quod tamen Hectora partu Edideras. Dominum matri vix repperit Hector. LIVRE XIII. 505 Hécube presse dans ses bras ce corps qui renferma une âme si grande. Ses larmes, qui tant de fois coulèrent pour sa patrie, pour ses enfants, pour son époux, coulent pour sa fille et arrosent ses blessures. Elle couvre sa bouche de baisers ; elle frappe sa poitrine si souvent meurtrie, et traîne ses cheveux blancs dans le sang glacé de Polyxène. Elle éclate en longs regrets, et s’écrie en se déchirant le sein : « Ma fille, dernier objet de douleur pour la mère (car que me reste-l-il. encore ? ), ma fille, lu n’es plus ! Je vois ta blessure, qui est aussi la mienne ! Tous mes enfants devaient donc périr par le glaive ! et c’est par le glaiveque lu péris ! J’espérais pourtant que le fer respecterait Ion sexe ; et ton sexe n’a pu le défendre ! et c’est l’assassin de tes frères qui t’a frappée du coup mortel ; c’est Achille, le-fléau de Troie, le destructeur de ma famille ! Quand il expira sous les flèches de Paris et d’Apollon, je me dis : « Maintenant Achillen’est plus à « craindre. « Il l’est encore pour moi. Sa cendre même dévore ma race, et jusque dans sa tombe je retrouve un ennemi. Mon sein n’a donc été fécond que pour assouvir la fureur d’Achille ! La superbe Troie est renversée. Ungrand désastre a mis le.comble à ses malheurs ; mais du moins ils ont atteint leur terme, Qua ; corpuscompîexaanimsalamforlisinane, Quastoliespatriaedederat, natisque, viroque, Huicquoquedat lacrymas, lacrymasin vulnerafundit, 490 Osculaqueore tegit, consuelaquepectoraplangit ; Cauitiemque suamconcreloin sanguineverrcns, Pluraquidem, sedet lueclaniatopecloredixit : c Nata, luce(quidenimsuperesl ? )dolorultimematrj, Nalajaces, videoquetuum, meavulnera, vulnus. 405 En, ne perdiderimquemquamsinecoedemeorum, Tuquoquevulnushabes.Atte, quiafenuna, rebar Afcrrotutam ; cecidisliet feminaferro. Tolqueluosidemfralres, te perdiditidem ExitiumTrojoe, nostriqueorbator, Achille*. 5’jO AtpostquamParidiscecidit, Phoebiquesagitlis, Nunccerle, dixi, nonest meluendusAchilles. Nuncquoquemi metuenduserat ; cinisipsesepulti lu genushocsoevit ; lumuloquoquesensimushoslem. iiacideefecundafui.Jacetllioningens, 505 Evenluquegravifiuitaest publicaclades ; 504

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tandis que c’est pour moi seule que subsiste Pergame. Oui, d’éternels aliments s’offrent à ma douleur. Naguère reine du monde, puissante par mes gendres, par mes enfants, par mes brus et par mon époux, je suis aujourd’hui traînée en exil, pauvre, arrachée du tombeau de tous les miens, pour devenir l’esclave de Pénélope, qui m’ordonnera de filer la laine, et, me montrant aux femmes d’Ithaque : « Voilà, dira-t-elle, l’illustre mère d’Hector ! « Voilà l’épouse de Priam ! » Après tant de pertes, toi qui seule allégeais le deuil de ta mère, on t’immole, comme une victime expiatoire, sur le tombeau de notre ennemi ! « Je t’ai donc enfantée pour apaiser ses mânes ! Plus dure que le fer, que ne puis-je mourir, et qu’allends-je encore ? 0 vieillesse ! que me réscrves-lu ? Dieux cruels ! ne prolongez-vousma vie que pour me faire assister à de nouvelles funérailles ? Qui jamais eût pensé que Priam, après la destruction de Pergame, pouvait être appelé heureux ? Il le fui par sa mort. 0 ma fille ! il n’a point vu ton trépas, et il perdit en même temps le trône et la vie. Peut-être, fille des rois, recevras-tu des honneurs funèbres, et ta dépouille sera-t-elle déposée dans la tombe de (es aïeux. Maisnon, telle n’est pas la fortune de noire famille, Sedfinilatamen : solimihiPergamarestant, In cursuquemeusdolorest. îlodoinaximarcrum, Tôtgeuerisnalisquepolens, uuribusque, viroque, Nunctraborexsul, iuops, luniuiisavulsameorum, 510 Penclopxmunus, quieme datapensaIrabenlem Malribusostendensithacis : « llrecIleclorisillaest « Clarapareils ; lnccest, diccl, Priameiaconjux.* Postquclot amissostu nunc, quseso’.alevabas Maternosluclus, hosliliabustapiasti. 515 « lufcriashoslipeperi.Quoferreareste ? Quidvemoror ? Quomeservas, annosasenectus ? Quid, di crudeîes, nisi quo novafuneracernam, Vivacemdiffertisanum ? Quisposscpularcl FeliccmPriamuni, postdirutaPergama, dici ? 520 Félixmortesua, nec le, meanala, peremplam Aspicit, cl vitampariterreguumquereliquit. At, pulo, funeribusdotabere, regiavirgo, Condeturqucluummonumentiscorpusavilis. Nonhai-cest fortunadomusTibimuneraimilris 5211 LIVRE XIII. 505 Pour dernier hommage lu auras les larmes de la mère el un peu de. sable étranger. Nous avons tout perdu. Je n’ai plus, pour m’aider à supporter le peu de jours que j’ai encore à vivre, qu’un fils bien cher à sa mère, le seul qui me reste, Polydore, commis à l’amitié du roi de’Thraee. Maispourquoi tant larder à laver les cruelles blessures de Polyxène, el sa figure qu’un barbare a souillée de sang ? s Elle dit, el, arrachant ses cheveux blancs, elle s’avance vers la mer d’un pas ralenti par l’âge. : « Troyennes, dit-elle, donnez-moi une urne. » L’infortunée s’apprêtait à puiser une onde limpide, quand elle vit Polydore étendu sur le rivage et couvert des larges blessures que lui avait faites Polymestor. Les Troyennes poussent un cri ; Hécubereste muette. La douleur étouffe sa voix et arrête en même temps ses larmes. Immobile et telle qu’un rocher insensible, tantôt elle fixe ses yeux sur cette terre ennemie, tantôt elle lance des regards farouches vers le ciel. Elle contemple tour à tour le visage et les blessures de Polydore étendu sans vie, mais surtout ses blessures. Safureur s’irrite et s’enflamme. Quand elle esl arrivée à son comble, comme si elle était toujours reine, elle arrête sa Contingentfletus, peregrinoeque hauslusarena ;. Omiiiaperdidimus.Superest, cur viveretempus In brèvesuslineam, proiesgratissimamnlri, Nuncsolus, quondamminimusdeslirpevirili, liasdatusismariorégiPolydorusin oras. 550 Quidmororinlereacrudeliavulneralympbis Abluere, et sparsosimmitisanguinevullus ? » Dixit, et ad litluspassuproceditanili, Albenleslanialacomas : « Date, Troades, urnam, * Dixeratinfelix, liquidashauriretut undas. 535 Aspicit, ejectumPolydoriin liltorecorpus, Factaque’hreiciisingentiavulneratelis. Troadesexclamant.Obmuluitilla dolore, Et parilervocem.lacrymasqueintrorsusobortas Dévorâtipsedolor, duroquesimiilimasaxo 540 Torpel, et advcrsafigilmodoluminaterra ; lulerdumlorvossustollitad aîlheravullus ; Nuncpositispécialvullum, nuncvulneranati, Vulneraproecipue, sequearmâtet instruitira. Quasimulexarsit, lanquamreginamanerct, 545 Ulciscislatuit, poenteque in imaginelolaest. 29 50G

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vengeanceet ne respire que châtiments. Telle qu’une lionne à qui l’on a ravi le lionceau qu’elle allaitait encore s’abandonne à toute sa rage, et suit la trace de son ennemi sans l’apercevoir lui-même, Hécube, emportée par la douleur et par la colère, oublie ses années el non son courage, va trouver Polymestor, ie cruel auteur du meurtre de son fils, lui demande un entretien, et feint d’avoir à lui montrer le reste des trésors cachésqu’il doit remettre à Polydore. Trompé par l’espoir d’une nouvelle proie, le roi de Thrace la suit à l’écart, et, avecune fausse douceur : « Hécube, dit-il, hâtez-vous de me remettre ces trésors pour votre fils. L’or que j’ai déjà reçu el celui que vous allez me confier, tout lui sera fidèlement remis, j’en atteste les dieux ! » A ce lâche parjure, Hécube lui lance un regard farouche. La colère bouillonneau fond de son cœur. Aidée de ses compagnes, elle se jelle avec fureur sur Polymestor, enfonce ses doigts dans les yeux du perfide et les arrache. La rage lui donne des forces. Puis elle plonge ses mains dans leurs orbites, et creuse, non les yeux qui n’y sont plus, mais leur place toute sanglante. Indignés du malheur de leur maître, les Tbraces lancent à Hécube des pierres et des traits. Elle saisit un des cailloux, et le Utquefurit catulolactenteorbataleoena, Signaquenactapedumsequitur, quemnonvidet, hosleni ; SicHécube, postquamcumluctumiscuitiram, Nonoblilaanimorum, annorumoblitasuorum, 550 Vaditad arlificemdiraiPolymestora candis, Colloquiumque petit ; namse inoustrarereliclum Vellelatensilli, quodnatoredderet, aurum. CrediditOdrysius, pradaîqueassuelusamore, In sécrétavenit, cumblandocallidusore : 555 « Toilemoras, Hécube, dixit, da muneranato. Onmeforeiiliusquoddas, quodet antededisti, PerSuperosjuro. « SpécialIruculenlaloquenlem, Falsaquejurantem, tumidaqueexicslualira ; Alqucila correptumcaptivarumagminemalrum 500 Iuvolat, et digitosin perfidalu.minacondit, Exspoliatque gênasoculis(facitira valenlem) ; Immergilquemanus, fcedataquesanguinesonli Nonlumen, nequeenimsuperest, localuminisliaurit. Ciadesui Tbiacun, gensirritalatyranni ^65 Troadalelorumlapidumqueincésscrejactu LIVRE XIII. 507 mord avec un sourd murmure. Elle s’efforce de parler, mais elle aboie. On voit encore le lieu témoin de cette métamorphose ; il en a pris son nom. Hécube, sous sa nouvelle forme, conservele souvenir de ses anciens malheurs, et remplit de tristes hurlements les campagnes de la Thrace. Les Troyens ses sujets, les Grecs ses ennemis, et les dieux eux-mêmes, furent émus de ses infortunes. Tous, jusqu’à la sœur et l’épouse de Jupiter, avouèrent qu’Hécube ne méritait pas cette affreuse destinée. DESOISEADX NAISSENT DESCENDRES DEME1IN0N. III. Quoique l’Aurore eût favorisé les armes des Troyens, elle ne pleura ni la ruine d’Ilion ni les malheurs d’Hécube. Une perte cruelle l’affligeait ; elle déplorait ses propres infortunes, la mort de son fils Memnon, qu’elle avait vu périr dans les champs phrygiens sous la lance d’Achille. Àcet aspect, l’éclat vermeil dont elle brille le matin avait pâli, et le ciel s’était voilé de nuages. Elle ne put soutenir la vue du bûcher préparé pour son fils. Les cheveuxépars el les yeux inondés de larmes, elle ne rougit pas de se jeter aux Coepil.Athaeemissumraucocummurmuresaxum Morsibusinsequitur, rictuquein verbaparalo Latravit, conataloqui.Locusexstat, et ex re Komenhabet ; veterumquediu ruemorilla maiorum, 570 Tumquoquesithoniosululavitmoestaper agros. HliusTroasquesuos, hoslesquePelasgos, lllius fortunadeosquoquemoveratoranes ; Sicomnes, ut et ipsaJovisconjuxquesororque EvenlusHecubammentissenegaveritillos. 575 HEHNOXIS CIKERIBDS AVESPRODEUNT. III, NonvacatAurons, quanquamîsdemfaveratarmis, Cladibuset casuTrojoequeHecubaeque movcri. Curadeampropior^luelusquedomesticusangit Memnonis amissi, phrygiisquemluteacampis Viditachilleapereunlemcuspidemater. Sii’j Vidil, el ille color, quo malutinarubescunt Tempora, palluerat, laluitquein nubibusoetlier. Atnonimposilossupremisignibusartus Suslinuitspectarcparens ; sed crinesolulo, Siculerat, rnagnigenibusprocumberenonest SS3 508 MÉTAMORPHOSES. genoux du grand Jupiter, et de le supplier en ces termes : « Inférieure à toutes les divinités qui habitent l’Olympe (puisque les mortels m’ont élevé si peu de temples dans l’univers), je me présente néanmoins comme déesse ; non pour vous demander des sanctuaires, des jours de fête el des autels où l’encens brûle en mon honneur ; et cependant vous trouverez que j’ai droit d’y prétendre, si vous considérez combien ma lumière vous est utile, en empêchant la nuit de franchir ses bornes. Maisce n’est pas ce soin qui m’occupe. L’état présent de l’Aurore ne lui permet pas de revendiquer ses droits. La mort de mon cher Memnon m’amène seule devant vous. En vain il prit courageusement les armes pour un prince de sa famille. A la fleur de l’âge (dieux, vous l’avez voulu ! ) il esl tombé sous les coups.du redoutable Achille. Je vous en conjure, accordez à sa mémoire un honneur qui me console de sa mort. Souverain maître des cieux, daignez calmer les douleurs d’une mère. » Jupiter exauce ses vœux. Au moment où s’écioule le bûcher consumé par les flammes, d’épais tourbillons de fumée obscurcissent le jour. Ainsi du sein des fleuve ;  ; s’exhalent des vapeurs impénétrables aux rayons du soleil. La cendre vole ; elle se réanil DetligualaJovis, lacrymisquebasaddci’2voces : « Omnibusinferior, quassu=tinelaureusoelber (Nammibisuut lolumrarissimalempiaper orbem}, Divatamenveuio, nonut deiubra, dies}ue Desmihisaci\Gcos, caliturasqueiguibuà aras. ’5[’LI Si lamenaspiciasquanlumtibi feininaproeslcni, Tuniquumlucenova, noclisconfiniaserve, Pnsemiadandaputes.Sednon ea cura, nequehic est NuncstatusAurorai, meritosut poscathonores. Memnonisorbameivenio, qui fortiafrustra

: >’Jo 

Propatruotulitarmasuo, primisque : >ubannis Occidita forti(sicvosvoluistis), Achille. Da, precor, buicaliquem, solatiamortis, honorcin, Suimnedeumreclor, malernaquevulneraleni. » Jupiteraunuerat.QuumMemnonisarduusalto 000 Corruilignérogus, nigriquevoluminafumi lnfeccrcdiem, veluliquumHumiliauatas Exhalantuebulas, nec soladmittilurinfia Alrafavillavolât, glomeralaquecorpusin unum LIVRE XIH. 509 en un corps qui se condense, se façonne, el reçoit du feu la chaleur el la vie : sa légèreté lui donne des ailes. D’abord semblable à un oiseau, et bientôt oiseau véritable, du bruit de son vol Memnon fait retentir l’air agité en même temps par d’innombrables oiseau x qui ont la même origine. Trois fois ils s’élèvent autour du bûcher et frappent trois fois l’air des mêmes’cris. Mais, au quatrième vol, ils forment des camps opposés. Dès lors, séparés en deux peuples ennemis, ils se font une guerre implacable. Leurs becs et leurs ongles aigus servent d’instrument à leur fureur. Us se faliguent en s’enlre-heurtant, el tombent, comme des victimes funèbres, en l’honneur de celui qui leur donna la vie, et dont les , restes viennent de recevoir les honneurs funèbres. Ils se rappellent qu’ils doivent le jour à un héros. C’est de lui que ces oiseaux subitement créés tirent le nom de Memnonides.Lorsque le soleil a parcouru ses douze signes, ils combattent jusqu’à la mort, pour honorer la mémoire de leur père. Ainsi, quand on s’affligeait d’entendre Hécube aboyer, l’Aurore était livrée à ses propres douleurs. Aujourd’hui même, elle pleure encore son fils, et ses larmes tombent en rosée sur la terre. Densatur, faciemquecapit, sumîlquecalorem, 605 Atqueanimamex igni : levilassuaproebuilaîas. El primosimilisvolucri, moxveravolucris Insonuilpenuis.Parilersonueresorores Innumeraï, quibusest eademnatalisorigo ; Terquerogumlustrant, el consonusexilin auras 610 Terclangor ; quartoseducuntcastravolatu. Tumduodiversapopulide parteféroces Bcllagerunt, rostrisqueet aduncisunguibusiras Exercent, alasqueadversaquepecloralassant ; Inferiaîquecaduntcinericognatasepulto CI5 Corpora, sequeviroforlimeminerecreatas. Praepelibussubitisnomenfacitauctor.Abillo Memnonidesdicloe, quumsolduodenaperegit Signa, parental]perituraimarterebellant. ErgoaliislalrasseDymanlidaflebilevisum ; 620 Luelibusesl Aurorasuis intenta, piasque Nuncquoquedat lacrymas, et totororat in orbe. 510 MÉTAMORPHOSES. EîiEE, rUGITIF, ARRIVECHEZAK10S, DONTLESFILLESSONTTRANSFORMEES ENCOLOMBES. •IV.Cependant le Destin ne.permit pas que toutes, les espérances de.Troie périssent avec.ses remparts. -Le fils de.Vénusemporta sur ses épaules les dieux de sa patrie, et son père, aussi sacré pour lui que les dieux. Parmi tant de…riehessesjsa piété nechoisit que ce butin et son fils Ascagne. Il partit d’Antandre avec sa flotte fugitive, et, à travers les ondes, abandonna les coupablesTivages de la Thrace, encore baignés du sang —de Polydore. A l’aide des vents propices, il entra avec ses compagnons dans le port de Délos. Anius, prêtre d’Apollon et roi de celte île, le reçuV dans le, temple et dans son palais’. : I1lui montra la ville, ses, célèbres sanctuaires, et.les.deux arbres qu’embrassa Latone quand elle devint, mère. Ils jetèrent— de l’encens dans, les flammes, l’arrosèrent de vin, et brûlèrent, suivant l’usage, les entrailles des bœufs égorgés. Puis ils se rendirent dans le palais, et, sùr de superbes tapis, ils joignirent les dons de Bacchus aux présents de Cérès.. : Le pieux Anchise lui dit : « Auguste " pontife d’Apollon, me ffiXEAS PKOPDGDS VENITADAKIOH, CUJIJSFILI.EINCOI.ÛMBAS VEVSTUNTtlR. IV. NectameneversamTrojaecum moenibusesse SpemquoqueFalasinunt.Sacra, et sacraaltérapalrem, Fert humerisvenerabileomiseylhereiushéros. 025 Detantisopibus-praedampiuselïgitillam, Ascaniumquesuum, profugaqueper aequoraclasse Fèrtùrah Antandro, scelérâlâque éliminaTliracum, Et polydoreomanàntemsanguine-terram Linquit, et utilibusventisssstuquesecundo 050 Inlrat apollineam, sôciïs.eomitantibus, urbem. HuneAnius, quoregehomines, antistitePhoebus Ritecolebantur, temploque, domoquerecepit, Urbemqueoslendil*delubraquenota, duasque Latonaquondamstirpesparient’eretentas. 055 Thuredatoflammis, vinoquein thura profuso, Caesorumque boumiibrisde morecremalis, Regiateclapetunt, positisquetapelihusallîs MuneracumliquidocapiuntcerealiaBoccho. TumpiusAnchises : « 0 Phoebileelcsacerdos, 6i0 LIVRE XIII. 511 Irompé-je, ou bien, quand je vis ces murs pour la première fois, n’avtez-vous pas, autant qu’il m’en souvient, un fils el quatre filles ? » Anius, secouant sa tête, ceinte d’un bandeau blanc, lui répondit d’une voix triste : « Non, vous ne vous trompez pas, illustre Anchise. Vous m’avez vu père de cinq enfants, et aujourd’hui ( telle est l’inconstance des choses humaines ! ) vous me trouvez à peu près sans famille. En effet, quel appui attendre de ce fils retenu loin de moi dans l’île d’Andros, à laquelle il adonné son nom ? U m’a quitté pour y régner en maître. Apollon lui accorda la science de l’avenir, comme mes filles avaient reçu de Bacchus un pouvoir au-dessus de leurs vœux et de toute croyance, celui de transformer en épis, en raisin, en olives, tous les objets qu’elles toucheraient. C’était pour moi une source féconde de biens. A peine instruit de ce prodige, le destructeur de Troie (n’allez pas croire que l’orage dont vous avez été accablé n’a point rejailli sur moi), Agamemnon, à main armée,. vient arracher mes filles de mes bras et leur ordonne de nourrir la flotte des Grecspar le privilège qu’elles ont reçu des dieux. Elles fuient pour chercher un asile Deux se réfugient dans l’Eubée, et Fallor ? anetnatum, quumprimumhoecmeeniavidi, Bisqueduasnatas, quantumreminiscor, habebas ? » HuicAniusniveiscircumdatatemporaviltis Concutiens, et tristisait : « Nonfalleris, héros Maxime ; natorumvidisliquinqueparentem, 045 Quemnunc(lanlahommesreruminconstantiaversât ! ) Pênevidesorbum.Quidenimmihifilinsahsens Ausilii, quemdictasuodenominetellus Androshabet, pro pairelocumqueet régnatenenlem ? Deliusauguriumdédithuic ; déditaltéraLiber 650 Femineîesortivotomajorafideque Munera.Namtaclunatarumcunclamearum, In segetem, laticemquemeri, baccamque Minervoe Transformabantur

; divesqueerat ususin illis. 

Hocubi cognovit, Trojoepopulalor, Atrides 053 (Nenonexaliquavestramsensisseprocellam Nosquoqueparteputes), armorumviribususus, Abstrabitinvitasgremiogeniloris, alantque. Imperatargolieameoelestimunereclassem.’ Effugiuntquo qutequepolest.Euboeaduabus, C60 512

MÉTAMORPHOSES
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les deux autres dans Andros, auprès de leur : frère ; Des soldats se présentent, et mon fils est menacé de guerre s’il ne les remet entre leurs mains. Sa tendresse fraternelle cède à la crainte : il livre ses sœui’s. Maissa faiblesseest excusable. Il n’avait pour se.défendre niÉnée ni Hector, qui pendant dix ans ont relardé votre ruine. Déjà les Grecsallaient enchaîner leurs captives. Elles lèvent vers le ciel leurs mains libres encore, et s’écrient : « Bacchus, viens à notre « aide ! » Et leur bienfaiteur les secourut, si toutefois ce fut les secourir que de me les ravir par une jnélamorphose. Maiscomment s’opéra ce prodige ? Je ne pus le savoir et je ne saurais le dire aujourd’hui. Monmalheur seul m’est connu. Elles prirent des ailes et s’envolèrent sousja forme de blanches colombes consacrées à votre épouse. » Ces discours et d’autres semblables remplirent tout le temps du repas ; puis les Troyens quittèrent la table pour se livrer au sommeil. Au.point du jour, ils allèrent consulter l’oracle d’ApoHon.Le dieu leur ordonna de chercher leur antique mère et les rivages habités par leurs ancêtres. Anius les accompagna au moment du départ, et leur fit des présents. Il donna un sceptre à Anchise, une chlamyde et un carquois à son petit-fils ; à Énée, un cratère que El tolideninalisAndrosfraternapelitaest. Milesadest, et, ni dedantur, hellaminatur. Viciametupietasconsorliapeetorapoenoe Dédit, et ht limidopossisignoscerefratri : NonhicJEneas, non, quidefenderét.Andron, GOa Hectorerat, per quosdecimumdufastisin annum. Jamqueparabanturcaplivisviriclalacerlis. llte lollentesetiamnumlibéraeoelo. Bracbia : « Bacchepater, fer bpem, » dixeré, Tulitque Munerisauctoropem, si miroperdèremore G70 Ferrevocaturopem.Necquarationeftgùrara Perdideriut, poluiscire, aut nuncdicerepossim. Summamalinotaest : pennassumpsere, luseque Conjugisin volucrem, niveasabierecolumbas. » Talibusatquealiisposlquamconviviadictis G73 lmplerunt, mcnsasomnumpetiereremola. Cumquedie surgunt, adeuntqueoraculaPhoebi. Quipetereantiquammatrem, cognalaquejussit Litlora.Prosequiturrex, et dat munusiluris, Ancbisoesceptrum, chlamydenpharelramquenepoli, 0S0 CrattraMnex, quemquondammiseratilli LIVRE XIII. 515 Thersès lui envoya jadis des bords de l’Isménus, comme gage de l’hospitalité qu’il en avait reçue. C’était l’ouvrage d’Alcon de Myla. Le ciseau de cet artiste y avait gravé de grands événements. On y voyait une ville. Sept portes parfaitement distinctes lui tenaient lieu de nom et la faisaient reconnaître. Devant ses murs une pompe funèbre, des tombeaux, des feux, des bûchers, des femmes, les cheveux épars el le sein découvert, annonçaient le deuil. Des Nymphessemblaient pleurer et regretter leurs sources taries. Dépouillés de leur feuillage, les arbres n’offraient qu’un tronc aride. Des chèvres rongeaient un brin d’herbe sur des rochers. Au milieu de’Thèbes paraissaient les fillesd’Orion. L’une, avec un courage au-dessus de son sexe, présentait sa gorge au glaive ; l’autre de sa propre main s’immolait noblement pour le salut de tous. Leurs restes, portés à travers l’enceinte de’la ville avec une pompe solennelle, étaient brûlés sur la place publique. Du milieu des flammes naissaient, pour immortaliser leur race, deux jeunes héros. La renommée leur a conservé le nom de Couronnes. Ils conduisaient les obsèques de leur mère. Tous ces sujets étaient représentés en relief sur l’airain antique. L’acanthe ornait de festons dorés les bords du vase. Les Troyens, à leur tour, firent à Hospesab aoniisThersesismeniusoris. Miseraihune illi Therses, fabricaveratAicon Myleus, et longoeaelaveratargumenlo. Urbserat, et seplempossesostendercportas : 6S5 Hcepro nomineerant, et quaiforetilla, docebant. Anteurbemexsequioe, tumulique, ignesqup, rogique, Effusa ? que comas, et apertaepectoramaires Significanlluclum.Nymphaequoquefierevidenlur ; Siccatosquequerifontes.Sinefrondibusarbos " G90 Nudariget. Roduntarentiasaxacapellte. EccefacitmediisnalasOrioneThebis, lianenon femineumjugulodarepeclusaperto, lllam, demissoper fortiavulneratelo Pro populocecidissesuo ; pulchrisqueperurbem G95 Funeribusferri, celebriquein parlecremarj. Tumdevirgineageminosexirefavilla, Negenusintereat, juvenes, quosfamaCOTOUQS Nominal, et cinerimaternodueerepompam. Uaclenusantiquosignisexstantibusoere 700 Summusinauralocratererat asperacanlho. 29. 514

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Anius d’aussi magnifiquesprésents. Ils. offrirent au prêtre, avec une patère, une cassoletted’encens, et au roi une couronne d’or enrichie de pierres précieuses. DIVERSES MÉTAMORPHOSES. — ACISET GALATÉE. — GLAUCUS CHANGÉ, ES DIEUDELAMER. V. LesTroyens, se souvenant qu’ils sortent du sang de Teucer, se rendent dans File de Crète. Maisun fléau les empêche d’y séjourner. Ils quittent ses cent villes, impatients de toucher aux porls de l’Ausonie.La tempête se déchaîne et disperse leurs vaisseaux. Ils abordentaux dangereusesStrophades, où l’affreuse Aello les glace d’effroi. Ils passent devant Dtilichium, Ithaque, Samos et Nérite, royaumedu perfide Ulysse.Ils voient Ambracie, que se disputèrent jadis’les dieux, le rocher dont le juge de ce débat prit la forme, le temple élevé à Actium en l’honneur d’Apollon, Dodone avecses chênes parlants, et les golfesde Cliaonie, où, grâce à leurs ailes, lesfils du roi desMolosseséchappèrent à des flammes impies. I.’j côtoientles campagnesvoisinesdes Phéaciens, si riches en fruits NeclevioradatisTrojanidonaremittunt ; Dantquesacerdotî, cuslodemthuris, acerram ; Dantpateram, claramqueaurogemmisquecoronam. VARl.’K ïlUKSFORMATlOîiES. ’ ACISETGALATEA. — GUUC’JSIXDEC !  ! MAIXINUJT MUTATDR. V. InderecordaliTeucrosa sanguineTeucri 705 Ducereprincipium, Cretentenuere, locique. Ferrediu nequiereJovem, centumquerelictis Urbibus, ausoniosoptantcontingereportus. Srevilhiems, iactatqueviros, Slrophadumque recqdos PortubusinfidisexlerruitaiesAello, 710 Etjamdulic.hiosportus, lthaeainque, Samenque, NeriLiasque domos, regnumfallaeisUlyssei, Praîtercranlvecti ; çerlatamlite deorum Ambraciam, versiquevidentsubimaginesaxum .ludicis, actiacoqua : nuncab Apollinenotaesl, 715 Vocalemque suaterraindodonidaquercu, Chaoniosque sinus, ubinatiregemolosso Impiasubjectisfugereincendiapennis. ProximaPlnracumfelicibusobsitapomi* LIVRE XIII. 515 délicieux. Hsvisitent l’Épirè, Buthrote, où régna le devin de Phrygie, et où Ils retrouvent une image de Troie. Certains de l’avenir que leur avaient dévoilé les infaillibles prédictions d’Hélénus, ils entrent dans la Sicile, dont les trois promontoires s’avancent dans la mer, Pachyn vers le pluvieux Autan, Lilybée vers le doux Zéphyr, Pélore vers Borée et l’Ourse qui ne se baigne jamais dans les flots. C’est là que débarquent les Troyens. Leur flotte, conduite par la rame et par un vent propice, pénètre le soir dans le port de Zanele. Scylla infeste la rive droite, et l’orageuse Charybde la gauche. Celle-ci dévore et revomit les vaisseaux qu’elle vient d’engloutir ; l’autre, dont une meute menaçante forme la terrible ceinture, ala tête d’une vierge, et même, si tout n’est pas fiction chez les poêles, ce fut jadis une vierge.-De, nombreux prétendants briguèrent sa main. Mais, insensible à leurs vœux, et chérie des Nymphesde la mer, elle allait leur conter les amours qu’elle avait dédaignées. Un jour qu’elle tressait les cheveux de Galatée, cette Nymphelui dit en soupirant : « Du moins, Scylla, tu es recherchée par des êtres humains, et tu peux, à ton gré, rejeter impunément leurs homrriàRurapetunt.Epirosab his, regnataquevati 720 Butbrolosphrygio, simulataqueTrôjatenentur. Indefuturorumcerti, quascunctafideh* PriamidesHeienusmonilupraedixerat, inU’ant Sicaniam.Tribushaseexcurritin oequoralinguis, E quibusimbriferosobversaPachynosad Austros, 725 MollibusexposilumzephyrisLilybaîon, at Arcton iEquorisexpertemspectat, BoreanquePeloros. HacsubeuntTeueri, remisqueaestuquesecundo, Subnoctempoliturzancla ; aclassisarena. Scyllalalusdexlrum, lîevumirrequietaCharybdis 73’) Infestant.VToratlioeeraptas, revomitquecarinas ; Illaferis atramcanibussuccingituralvum, Virginisoragerens ; et, si nonomniavates Fictareliquerhnl, aliquoquoquetemporevirgo. Hanemultipetiereproci.Quibusilla repulsis 753 AdpelagiNymphas, pelagigratissimaNymphis, lbal, et elusosjuvenumnarrabatamores. Quam, dumpectendospraebetGalateacapillos, Talibusalloquilur, repelenssuspîria,’dictis : « Tetamen, o virgo, genushaudimmitevirorum 740 Expetit ; utquefacis, poteshisimpunenegare. 51G . MÉTAMORPHOSES, ges. Mais moi, fille de Nérée, moi que la belle Doris porta dans son sein, moi qui ai pour appui le nombreux cortège de mes sœurs, je n’ai pu échapper que par le deuil à l’amour du Cyclope. » Des larmes étouffent sa voix. Scylla les essuie de sa main d’albâtre, et, pour la consoler : « 0 toi que j’aime ! ditelle, raconte-moi la cause de ta douleur. Ne me cache rien : tu peux compter sur moi. » La Néréide satisfait ainsi la fille de Cratéis : « Acis était fils de Faune et de la Nymphe Symélhis. Il faisait le bonheur de son père, de sa mère, et le mien beaucoup plus encore. Le bel Acisn’aimait que moi. Il touchait à sa seizième année, et ses joues étaient à peine couvertes du léger duvet de l’adolescence. Je brûlais pour lui, tandis que Polyphème me poursuivait de sa flamme. Si tu me demandes ce qui l’emportait, de ma haine pour le Cyclopeou de mon amour pour Acis, je ne saurais le le dire : ces sentiments se partageaient également mon cœur.Que la puissance esl grande, irrésistible Vénus ! Ce monstre farouche, l’horreur des forêts, lui que personne ne vit jamais impunément, lui qui méprise et l’Olympe et ses dieux, ressent les atteintes de Atmibi, cuipalerest Nèreus, quamca>rulaDoris Enixaest, quaisumlurbaquoquetuta sororum, NonnisiperlucluslicuitCyclopisamorem Effugere. » Et lacrymce vocemimpediereloquentis. 745 Quasubimarmoreodetersitpollicevirgo, El solaladeamesl : « Refer, o carissima, dixit, Neve’lui causamlege, sumlibifida, doloris. » NereisbiscontraresecutaCratasidenatam : « AciseratFaunoNymphaque Symaetbidecretus, 750 Magnaquidempalrisquesui, malrisquevoluplas, Nostratamenmajor.Nammesibijunxeratuni Pulcher, el, oclonisiterumnataiibusactis, Signaraldubiateneraslanuginemalas. Huneego, meCyclopsnullocumfinepelebat. 755 Nec, si quaisieris, odiuinCyclopis, amorne Acidisin nobisfueritproescnlior, edam : Par utrumquefuit. Proh ! quantapotentiaregni Est, Venusaima, tuil Nempeilleimmitis, el ipsis llorrendussilvis, et visusab hospitenullo 7C0 hnpunc, et magnicumdis contemplorOlympi, Quidsit amorsentit, nostriquec-upidinecaptus LIVRE XIII. 517 l’amour. Épris de mes charmes, il brûle de tes feux, il oublie ses troupeaux el les antres qu’il habite. Déjà, fier Cyclope, tu prends soin de le parer ; déjà tu esjaloux de me plaire ; déjà tu peignes avec un râteau la rude chevelure ; déjà ta barbe hérissée tombe sous une faux. Tu te mires dans l’onde, et tu cherches à adoucir les traits de ton affreux visage. Tu perds ton ardeur pour le meurtre, ta cruauté et ton insatiable soif du sang. Les navires peuvent sans danger s’approcher et s’éloigner de ton rivage. « Cependant, débarqué sur les côtes de la Sicile et parvenu près de l’Etna, le fils d’Euryme, Télème, que le vol des oiseaux ne trompa jamais, aborde le terrible Cyclope. « Le seul œilqui brille « au milieu de ton front, lui dit-il, le sera enlevé par Ulysse. » Polyphème lui répond en riant : « 0 le plus ignorant des devins, tu « te trompes ; une autre me l’a déjà ravi. » C’est avec ce mépris qu’il accueille une prédiction trop véritable. Tantôt, sous ses pas gigantesques il fait gémir le rivage ; tantôt, fatigué, il gagne ses antres sombres. Il est une colline dont la cime, en forme de pyramide, domine la mer. Les flots la baignent des deux côtés. Le farouche Cyclopela gravit et.vient s’y asseoir. Ses troupeaux, dont il n’est plus le guide, l’accompagnentencore. Il pose à ses pieds le Uritur, obliluspecorumantrorumquesuorum. jamquetibi formas, jamqueesttibi curapiacendi ; Jamrigidospeclisrastris, Polypheme, capillos ; 7G5 Jamlibethirsutamtibi falcereciderebarbam, Et spectareferosin aquaet componerevullus. Ctedisamor, feritasque, silisqueimmensaeruoris Cessant, et tulaeveniunlqueabeuntquecarinoe. . « Telemusintereasiculamdelatusad iSlnen, 770 TelemusEurymides, quemnullafefellerataies, Terribilemrolyphemonadit : « Lunienque, quodunum « Frontegerïsmédia, rapiellibi, dixit, Ulysses. » Bisitet : « 0 valumstolidissime, falleris, jnquit. « Altérajam rapuil. » Sicfrustraveramoncnlem 773 Sncrnil, et aul gradiensingenlilitlorapassu Degravat, aul fessussubopacareverliturantra. Prominctin pontumcuneatusacuminelongo Collis ; ulrumquelatuscircumfluitasquorisunda. nue férusascendilCyclops, mediusqueresedii ; 730 Lanigeroe pecudes, nulloducente, secutoe. Cuiposlquampinus, baculiqux prabuitusum. 518

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pin qui lui sert de houlette, et dont on pouvait faire tm mât. Il prend sa flûte composéede cent roseaux, el les montagnes retentissent de ses rustiques accents ; les ondes mêmes entremissent. Cachéedans une grotte el penchée sur le sein de mon cher Acis, j’entendis de loin ces paroles, et je les ai retenues : « Galatée, lu es plus blanche que le troène, plus fleurie que « les prés, plus élancée que l’aune, plus resplendissante que le « cristal, plus folâtre que le chevreau, plus lisseque le coquillage « sans cesse poli par les flots, plus agréableque le soleilen hiver « et que l’ombre en été, plus vermeille que la pomme, plus majesr « tueuse que le platane, plus brillante que la glace, plus suave « que le raisin mûr, plus douce que le duvet, du cygne et le lait « caillé. Situ ne me fuyais pas, tu serais pour moi plus bellequ’un « jardin arrosé d eaux vives. Mais, en même temps, Galatée.esl « plus farouche que les taureaux indomptés, plus dure qu’un « vieux chêne, plus trompeuse que l’onde, plus souple que les « branches du saule et de la vigne, plus insensibleque ces roo chers, plus impétueuse qu’un torrent, plus frère que le paon u qu’on admire, plus violente que la flamme, plus piquante que Antepedesposilaest, antennisaptaferendis, Sumptaquearundinibuscompactaestfistulacentum. Senserunttotipastoriasibilamontés, 7R5 Senseruntundae.Latitansegorupe, meique Acidisin gremioresidens, proculauribushausi Taliadictameis, auditaquementenolavi : « Candidioruiveifolio, Galatea, ligustri, t-Floridiorpratis, longaprocerïoralno, 790 KSplendidiorvitro, tenerolasciviorhoedo, r Laeviorassiduodetrilisrequoreconclus, « Solibushibernis, ajstivagratiorumbra, « Nobiliorpomis, plalanoconspectioralta, « Lucidiorgiacie, maturadulcioruva, 795 <iMollioret cycniplumis, et lactécoaclo, « Et si nonfugias, riguoformosiorhorfo. « SoeviorindomiliseademGalateajuvcncis, < Duriorannosaquercu, fallaciorundis, . I.entioret salieisvirgis, et vitibusalbis, SIH1 « Hisimmobilior scopulis, violentioramne, a Laudatopavonesuperbior, acriorigni, LIVRE XIII. 619. « les ronces, plus cruelle que l’ourse qui a mis bas, plus sourde « que les vagues, plus cruelle que le serpent foulé aux pieds ; « et (ce que je voudrais bien pouvoir l’enlever)lu es plus agile « que le cerf pressé par une meute aboyante, et que les vents <tportés sur leurs ailes légères. <(Cependant, si lu me connaissaisbien, tu te repentirais de m’ait voir fui ; tu condamnerais tes refus, et tu Chercheraisà me rele « nir prés de toi. Je possède cette partie de ia montagne et ces « antres ouverts dans la roche vive. On n’y sent point les chaleurs o brûlantes de l’été, ni les rigueurs de l’hiver. J’ai des arbres qui « plient sous le poids de leurs fruits ; j’ai de superbes vignes « chargées de raisins vermeils ou dorés que je garde pour toi. Te « cueilleras toi-même les délicieuses fraises nées à l’ombre des « bois, les cornouilles qui mûrissent en automne, les prunes azu « rées et d’autres encore plus estimées qui ressemblent à la cire « nouvelle. Si je deviens ton époux, les châtaignes ne te man « queront pas ; tu auras des fruits en abondance, et mes arbres « s’empresseront de te les offrir. Tous ces troupeaux sont, à moi ; « j’en ai beaucoup d’autres qui errent dans les valléeset dans les « bois, ou qui reposent dans les antres de la montagne. Si tu m’en « Asperiortribulis, fêtatruculentiorursa, crSurdioracquoribus, calcatoimmiliorliydro, « Et, quodpraecipueyellemtibidemere, possenl. 805 ’ &Nontantumcervoclarislalratibusaclo, « Verumetiamyenlis, volucriquefugacioraura. a At, benesi norïs, pigeâtfugisse, morasque « Ipsatuasdamnes, et me retinerelabores. « Suntmihi, parsmontis, vivopendentiasaxo SiO « Antra, quibusnec solmediosentiturin oestu, « Necsentiturhiems ; sunt pomagravanliaramos ; e Suntaurosimileslongisin vitibusuvaj ; « Suntel purpurete : tibi et bas servamuset illas. « Ipsaluis manibus, silveslrinalasub umbra, 815 « Molliafragaleges, ipsaautumnaliacorna, « Prunaque, nonsolumnigroliventiasucco, « Verumetiamgenerosa, novasqueimitantiaceras. RNectibi castaneoe, me conjuge, nec tibideerunt « Arboreifelus : omnistibi servietarbos. 820 ’. ïïoepecusomnemeumest.Mu.ltEe quoquevallibuserrant, « Militassilvategit, multaeslahulanturin antris ; 520

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e demandais le nombre, je ne pourrais le dire : le berger pauvre « compte seul ses troupeaux. Ne t’en rapporte pas à moi pour la o beauté de mes brebis ; viens en juger toi-même : à peine peucivent-elles porter leurs mamelles gonfléesde lait. Je possède di « verses bergeries où règne une douce chaleur, les unes pour « mes agneaux, les autres pour mes chevreaux. J’ai toujours du « lait blanc comme la neige. J’en garde une partie pour boire, a et le reste sert à faire des fromages. « Tu ne le borneras pas à jouir de plaisirs faciles el de dons « vulgaires, tels que de jeunes daims, des lièvres, des chèvres, « des colombes, des nids d’oiseaux enlevés sur la cime des arbres. « J’ai trouvé sur une montagne deux petits ours qui pourront « jouer avec toi. Ils se ressemblent tellement, qu’on ne saurait « les distinguer. Je les ai trouvés, et je me suis dit : Je les garii derai pour ma maîtresse. Lève donc ta tête brillante au-dessus <• : des (lots d’azur. Viens enfin, Galatée, el ne dédaigne pas mes « présents. Je me connais. Naguèrej’ai vu mon image dans le ir cristal des eaux, et, en me voyant, j’ai été charmé de ma « beauté. Regarde combien je suis grand ! ma taille égale celle « Nec, si forteroges, possimtibidicere, quoi sint : « Pauperisesl numerarepecus.Delaudibusbarum a Nilmihicredideris.Pnesenspotesipsavidere, 825 « Utvixsustineantdistentumcruribusuber. « Sunt, feluraminor, tepidisin ovilihusagni ; « Suntquoque, parallas, aliisin ovilibusagni. « Lacmihisemperadestniveum : parsindebibonda « Servatur ; partentliquefactacoaguladurant. 850 « Nectibi deliciaefaciles, vulgataquetantum « Muneracontingent, damas, leporesque, caprteque, « Parvecolumbarum, dcmplusvecacuminenidus. « Invènigeminos, qui tecumluderepossinl, « Inler se similes, vixut dignoscerepossis, 835 « Villosoecalulosin summismontibusursae. « Inveni, et, dominai, dixi, servabimusistos. « Jammodoeairuleonitidumcapulexsereponto ; ’<Jam, Galatea, veni ; nec muneradespicenostra. « Cerleegomenovi, liquideequein imaginevidi 840 « Nuperaqua ?, placuitquemihi meaformavidenti. « Aspicesimquanlus.Nonest hoccorporemajor LIVRE XIII. 021 « de Jupiter qui règne dans les d’eux (car vous me parlez sans « cesse de je ne sais quel Jupiter qui gouverne le monde). Une « épaisse chevelure couvre mon front terrible, et ombrage mes « épaules comme une forêt. Si mon corps est tout hérissé de poils, « ne crois pas que ce soit une difformité. L’arbre est sans beauté u s’il est sans feuillage. Le coursier ne plaît qu’autant qu’une lon « gue crinière flotte sur son cou. Le plumage embellit les oiseaux, « et la toison pare les brebis. Ainsi la barbe et une forêl de poils « sont un ornement pour l’homme. Je n’ai qu’un œil au milieu « du front ; mais il ressemble à un immense bouclier. Que dis-je ? « le soleil, du haut des cieux, n’embrasse-t-il pas l’univers de son « regard ? Il n’a pourtant qu’un œil comme moi. « Monpère lient sous son sceptre l’empire que tu habites. Je « te donne Neptune pour beau-père. Prends pitié de mes maux : « exauce les vœux de celui qui t’implore. Toi seule as dompté « Polyphème. Moiqui brave Jupiter, le ciel et la foudre, ô fille de « Nérée ! je tremble en ta présence. Ton courroux est pour moi « plus terrible que la foudre. Je souffriraisplus patiemment tes « mépris, si lu’fuyais tes amants. Maispourquoi repousser le Cy « clope et aimer Acis ? Pourquoi préférer ses embrassements aux e Jupiterin coelo{namvosnarraresoletis etNescioquemregnareJovem) ; comaplurimalorvos « Prominetin vullus, humerosque, ut lucus, obumbrat ; 845 KNecmihiquodrigidishorrentdensissimasetis « Corpora, turpe pula.Turpissinefrondibusarlios ; « Turpisequus, nisicollajubse(laventiavêlent ; o Plumalegitvolucres ; ovibussua lanadecoriest ; « Barbaviros.hirtoequedécentin corporeseta :. S50 « Unumestin médialumenmibifronte, sedinstar « Ingentiselypei.Quid ? nonhoecomniamagnus c Solvidete coelo ? Solitamenunicusorbis. « Adde, quodin vestrogenitormeusrequorerégnât. « nunc tibido socerum.Tantummiserere, precesque 855 « Suppliciscxaudi.Tibienimsuccumbimus uni. « QuiqueJovem, et coelumsperno, et penetrabilefulmen, -t Ncrei, le vereor : tua fulminesaeviorira est. « Atqueegocontemplusessenipalienliorhujus, « .Sifugeresomnes.Sedcur, Cycloperepulso, 800. ’— Acinamas, praefersquemeisamp’exibusAcin ? 522 MÉTAMORPHOSES. « miens ? Qu’il soit donc épris de sa beauté, el qu’il le plaise (ce « que je serais bien loin de vouloir), ô Galatée ! mais qu’il tombe « entre mes mains : il sentira que mes forces répondent à la gran « deur de mon corps. J’arracherai ses entrailles palpitantes, je « déchirerai ses membres ; je les disperserai dans les champs et Hjusque dans les ondes où tu résides. Puisse-l-ilainsi s’unir à toi ! « Car enfin je brûle, et mes feux dédaignésme dévorent. Je crois « porter dans mon cœur tous ceux de l’Etna, et le tien, Galatée, « reste insensible à ma douleur ! » ii.Après ces inutiles plaintes (j’observais tout), il se lève, et, tel qu’un taureau furieux auquel on enlève sa génisse, il ne peut rester à la même place ; il erre dans la forêt, dont il connaît tous les détours. Soudain il m’aperçoitavecAcis. Nous étions loin de craindre une telle infortune. Emporté par la fureur, il s’écrie : « Je « vous vois, mais c’est pour la dernière fois que l’amour vous ras « semble. » Sa voix, aussi effroyable que pouvait l’être celle d’un Cyclope irrité, fit retentir l’Etna. Saisie d’épouvante, je disparus dans la mer voisine. Le fils de Syméthis avait pris la fuite en disant : « Viens à mon aide, Galatée, je t’en conjure. 0 mon père ! ô « llle tamenplaceatquesibi, placeatquelicebit « (Quodnollem, Galatea, tibi), modocopiadetur ; « Sentietessemihilantopro corporevires. « Visceravivatraham, divulsaquemembraperagros, 865 v Perquetuasspargam(sicse tibimisceat ! )undas. « Urorenîm, Iresusqueexoestuatacriusignis ; « CumquesuisvideortranslatantviribusiEtnam « Pectoreferremeo.Nectu, Galatea, moveris. » « Talianequicquam questus(namcunctavidebam), 87U Surgit, et, ut laurusvaccafuribundusadempla, Starenequit, silvaqueet nolissallibuserrât, Quumférusignaros, necquidquamtaietimentes, MevidetatqueAcin : « Videoquc, exclamai, et ista n Ullimasit faciamYenericoncordiaveslne. » S75 Tantaquevox, quanlamCyclopsiratushàberc Debuil, illafuit.ClamoreperhorruitiEtne. Astegovicinopaveiactasub oequoremergor. TergafugaedederotconversaSymaelhius héros, Et : « Feropem, Galatea, precor, mihi ; ferle, parentes,’880 LIVRE XIII. 525 « ma mère ! secourez-moi, et admettez dans vos demeures votre « fils qui va périr ! » Le Cyclope le poursuit. Des flancs de la montagne il détache un rocher ; il le lance, et, quoiqu’une de ses extrémités atteigne seule Acis, elle l’écrase tout entier. Je fis ce que me permettaient les Destins : je le ramenai à sa première origine. Sous le roc son sang coulaiten flots de pourpre. En un instant il perdit sa couleur, et devint semblableà l’eau d’un fleuve troublée par les orages. Mais, peu à peu, ce fut une source pure. La pierre s’entr’ouvrit, el soudainde ses fentes s’élançaun roseau. L’onde murmura en jaillissant des flancsdu rocher. 0 prodige ! audessus des eaux apparut, jusqu’à la ceinture un jeune homme paré de cornes naissantes el couronné de joncs. C’était Acis, mais plus grand, avecun visage couleur d’azur, Acischangé en fleuve ; et. le fleuvea conservé son nom. » Dès que Galatéea cessé de parler, les Néréides se dispersent el nagent dans les.eaux paisibles. Scylla revient, et n’ose se confier à la mer. Tantôt eUeerre sans vêtement sur le rivage ; tantôt, épuisée de fatigue, elle aime à se rafraîchir dans une grotte secrète « Dixerat, et vestrispcriturumadmittilcregnis. » InsequilurCyclops, parlemquee monterévulsant Millit, et extremusquamvispervenitadillum Angnluse saxo, tot.umtamenobruitAcin. Atnos, quodsolumfieriperFatalicebal, SS5 Fecimus, ut viresassumeretAcisavitas. Puniceusde molecruormanabal, et intra Temporisexiguumruborevanescerecoepit ; Fitqueeolorprimoturbatiûuminisimbre, Purgamrquemora.Tummolesfractadehiscit, 890 Yivaqueperrimas, properalaquesurgitarundo, Osquecavumsaxisonatexsultantibusundis. Miraqueres ! subitomédiatenusexstititalvo Ineinclusjuvenisflexisnovacornuacannis ; Qui, nisiquodrnajor, quodlotocajrulusoreesl, 895 Aciserat.Sedsicquoqueerat tamenAcisin amnem Versus, et aiitiquumtenuertinlflumiuanomen. » DesieratGalatealoqui, coeluquesoluto Discedunt, placidisquenalantNéréidesundis. Scyllaredit, nequeenimmediosecrcdereponto 900 Audet, et aut bibulasineveslibuserrâtarena, Aut, ubilassataest, seductosnaclarecessus 524

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environnée d’une onde paisible. Tout à coup, fendant les flots, apparaît un nouvel habitant de la mer,’Glaucus, dont la forme a été récemment changée près d’Anthédon, sur les côtes d’Eubée. Il voit Scylla, l’aime et l’admire. 11lui adresse les paroles les plus propres à la retenir dans sa fuite, et pourtant elle s’éloigne. La frayeur précipite ses pas, et elle parvient au sommet d’un énorme rocher qui domine le rivage. Son sommet unique et dépouillé d’ombrage s’incline sur les flots. C’est là que s’arrête la Nymphe. A l’abri de tout danger, ne sachant si elle voit un monstre ou un dieu, elle contemple avec élonnement sa couleur, sa chevelure flottant sur ses épaules el sur son dos, et le reste de son corps replié en queue de poisson. Glaucus s’en aperçoit, et, s’appuyant sur le rocher qui était près.de lui : « Jeune fille, dit-il, je ne suis ni un monstre ni une bête cruelle, mais une divinité de l’onde. Protée, Triton et Palémon, fils d’Alhamas, n’ont pas plus de droits que moi sur les flots. Autrefois cependant j’étais un simple mortel ; mais, accoutumé à vivre près de la mer, je m’exerçais depuis longtemps sur ses bords. Là, tantôt je tirais sur le sable mes filets chargés de poissons ; tantôt, assis sur un rocher, je dirigeais l’hameçon suspendu au roseau. Gurgilis, inclusasuamembraréfrigérâtunda. Ecce, fretumfmdens, alti novusineolaponti, Nuperin euboicaversisAnlhedone membris, C05 Glaucusadest, visaiquecupidinevirginishaeret, Et, quoecumque putatfugientempossemorari, Verbarefert.Fugitilla tamen, veloxquetimoré Pervenitin summumpositipropelittoramontis. Antefretumesl ingens, apicemcoilectusin unum, 010 Longasinearboribusconvexusad oequoravcrtex. Constitithic, et tulaloco, monstrumne, deusne, lîle sit, ignorans, admiralurquecolorem, Cajsariemque humerossubjeetaquetergategenlem, Ullimaqueexcipialquodlorlilisinguinapiscis. 915 Sentit, et innilens, quceslabatproxima, moli : « Nonegoprodigium, nonsum ferabcllua..virgo. Sumdeus, inquil, aquai ; necmajusin aiquoraProlcus Jus habet, autTriton, alliamanliadesve Paloemon. Antelainenmortaliscram ; sedscilicelaltis 920 Dedilusa ; quoribus, jam tum exercebarin illis. Nammododucebamdueentiarelia pisces ; Nunc, in molesedens, moderabararundinelinum. « Il est un rivage qui touche à une riante prairie, borné d’un côté par la mer, et de l’autre par un vert gazon que jamais ne broutèrent ni les génisses, ni les brebis, ni les chèvres. Jamais l’industrieuse abeille n’en butina les fleurs ; jamais les Nymphes ne les cueillirent pour en parer leurs fronts un jour de fête ; jamais elles ne tombèrent sous le tranchant, de la faux. Je fus le premier qui m’assis sur ce gazon pour faire sécher mes filets humides. Je comptais les poissons que j’avais pris ; je rangeais en ordre ceux que le hasard avait jetés dans mes filets, et ceux que leur crédulité avait attirés vers l’hameçon. Ô prodige qui a l’air d’une fiction ! mais que me servirait de feindre ? A peine les poissons que je venais de prendre ont-ils touché l’herbe, qu’ils commencent à se mouvoir ; ils se retournent et s’agitent sur la terre, comme s"ils fendaient les flots. Tandisque je m’arrête poulies contempler, ils abandonnent tous le rivage et leur nouveau maître, et s’élancent dans la mer. « Immobile de surprise, je cherche la cause d’un prodige qui lient mes esprits en suspens. Faul-il l’attribuer à un dieu ou au suc de l’herbe ? Mais quelle herbe, disais-je, a donc une lelle vertu ? J’en cueille quelques brins et je les goûte. A peine avais-je s Suntviridipraloconfinialiltora, quorum Altérapars undis, parsaltéracingiturherbis, 925 Quasnequecornigeriemorsuloesercjuvencaî, Necplacidoecarpsistisoves, hirloevecapellai ; Nou>apisindetulit colleclossedulaflores ; Nondatasunt capiligenialiaserta ; necunqualu Falcifcraisecuercmanus.Egoprimusin illo 930 Cespiteconsedi, dumlina madeuliasicco ; Utquerccenseremcaptivosordinepisces, lusuperexposui, quosaut in retiacasus, Autsua credulitasin aduncosegerathamos. Hebsimilisficloe ! (sedquidmibifingcreprodcsl ? ) 955 Graminecontactocoepitmeaprxdamoveri, Et mulare latus, lerraque, ut in oequore, nili. Dumquemoror, mirorquesimul, fugilomnisin uudus Turbasuas, dominumquenovum, litlusquerclinquuut. « Obstupui, dubiusquediu, quaicausa, rcquiro : 040 Numdcushocaliquis, numsuccusfeccrithcrbae ? Quactamenbas, inquam, viresliabetherba ? manuque Pabuladeeerpsi, decerplaquedentemomordi. âi&

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avalé leurs sucs inconnus, que déjà je sentais intérieurement une agitation soudaine. Entraîné par un instinct nouveau et incapable de résister plus longtemps, je m’écriai : « Terre que j’abandonne « pour toujours, adieu ! » et je me plongeai dans les flots. Lesdieux de la mer me reçurent et m’associèrent à leurs honneurs, ils’ supplièrent l’Océan et Télhys de faire disparaître ce que j’avais de mortel. Ces deux divinités me purifièrent. Neuf fois, pour effacer en moi toute souillure, elles prononcèrent des mots sacrés, et m’ordonnèrent de me baigner dans cent fleuves. Aussitôt cent fleuvesroulèrent de tous côtés leurs eaux Sur ma tête. Voilàce que je puis dire de cet événement, dont je me souviens encore : j’ai oublié tout le reste. Quandje repris mes sens, je reconnus que mon esprit el mon corps avaient subi une métamorphose. Alors, pour la première fois, je vis ma barbe prendre la couleur des flots el mes cheveux sillonner les ondes, mes épaules élargies, mes bras azurés, et mes jambes courbées en forme de nageoire. Maisà quoi bon ce changement ? que me sert d’avoir plu aux dieux de la mer ? que me sert d’être dieu moi-même, si tu restes insensible ? » Vixbenecombiberantignolosgutturasuccos, Quumsubilotrepidareintus praecordiasensi,

! M5 

Alteriusquerapi natura ; pectusamore. Necpotuirestarediu : « Repetendaquenunquam

» Terra, vale ! » dixi, corpusquesub oequoramersi. 

Dimarisexceplumsociodignanlurhonore ; Utquemihi, quoecumque feram, mortaliademaut, 050 Oceanum, Tethyuquerogant.Egoluslrorab illis, Et purgantenefasnoviesmibicarminédicto, Pecloraûuminibusjubeorsupponereceiilum. Necmora, diveTsislapside parlibusamnes, Totaqueverlunlursupracapulîequoranostrum. 955 Hactenusacta tibi possummemorandareferre ; Hactenuset memini, necmensmeacaUerasenst. Quoepostquamrediit, aliumme corporetoto, Acfueramnupcr ; nec eumdemmente, recepi. Hancego tumprimumviridemferruginebarbain, 900 Coesariemque meam, quamlongaper a.’quoraverro, Ingenlesquehumeros, et coerulabracbiavidi, Cnraquepinuigerocurvalanovissimapisce. Quidtamenh ; ecspecies, quiddisplacuissemarinis, Quidjuvatessedcum, si tu non tangerisislis ? » 965 LIVRE XIII. " 527 Ainsis’exhalait son amour. Glaucus allait continlier, mais Scylla s’enfuit. Dansle transport de fureur que lui cause ce refus, il se dirige vers le palais merveilleux de ; Circéffille du’Soleil. Taliadicehlehi, dictùrum-piûra ; -reliquit• ’ • Scylladeum.Furitille, irritalusqueTepulsa, Prddigiosapetitlitanidosalria-Circes. . LIVRE QUATORZIÈME SCYLLA CIIAXGEE EKROCHER TAUCIRCE. I. L’habitant des flots orageux d’Eubée, Glaucus, avait enfin quitté l’Etna qui pèse sur le corps des géants, les champs des Cyclopes, toujours respectés de la herse el de la charrue, el dont les irésors ne durent jamais rien au travail des bœufs. Il avait également franchi Zancle, Rbégium, située sur l’autre bord, el ce détroit fameux en naufrages, resserré entre les confins de i’Ausonie el ceux de la Sicile. De sa main puissante fendant la mer de Tyrrhène, il louche aux fertiles coteaux où réside Circé, fille du Soleil, dans un palais peuplé de bêtes féroces. Dès qu’il l’aperçoit, après des saluts mutuels, il lui dit : « Déesse, prends pitié d’un dieu qui l’implore. Seule tu peux, si je t’en parais LIBER QUARTUS DËG1MUS t SCÏ1LAIXRUl’KM A CIRCEYERTITUK. 1. Jamquegiganteisinjeclaznfaucibus.ïlueu, ArvaqucCyclopum, quidrastra, quidususaratri Kcëcia, necquïdquanijunclisdebentiabubus, LiquerateuboicusLumidarum culloraquarum ; Liqueratet Zanclen, adversaquemoeniaRhegi, 5 Kavifragumque fretum, géminoquodlitlorepressum Ausoniaj, siculccqueteaetconfinialeri’oe. Inde, mauumagnaIhyrrcnaper a^quoralapsus, Hcrbiferosadiilcolles, alqucatria Glaucus Solesala ; Cirées, variarumplcnaferamm. 10 Quamsimulaspexit, dictaacceptaquesalule : Diva, deimiserere, precor ; namsolalevare Tu potesLuuc dixit, videarmododignus, amorem. ’LIVRE XIV. 529 digne, alléger pour moi les peines de l’amour. Qui mieux que moi connaît le pouvoir des plantes, puisque c’est par elles, fille du Soleil, que j’ai changé dénature ? Voicila cause du trouble qui m’agite. Sur le rivage de l’Italie qui regarde Messine, j’ai vu Scylla ; et, je rougis de le dire, promesses, prières, caresses, serments d’amour, elle a tout méprisé. Si les paroles magiques ont quelque verlu, que la bouche sacrée les prononce ; ou, si les plantes ont plus de pouvoir, emploie celles que l’expérience t’a fait regarder comme les plus efficaces. Je ne demande pas un remède qui guérisse ma blessure. Il ne s’agil pas d’éteindre mon amour, mais de le faire partager à Scylla. » Jamais femme ne fut plus prompte que Circéà s’enflammer par de tels discours, soit que son cœur tienne ce penchant de la nature, soit qu’elle l’ait reçu de Vénus irritée par la révélation de son père. Elle répond : « Tu ferais mieux de soupirer pour une amante sensible, qui répondrait à tes désirs et brûlerait des mêmes feux. Tu en étais digne, et lu pouvais prétendre à te voir recherché. Tu le serais encore, crois-moi, si lu donnais à un cœur de l’espoir. N’en doule pas, la beauté doit t’inspirer de la confiance. Moi-même, déesse et fille du Soleil, si puissante à la fois Quantasit herharum, Tilani, potentianulli, Quammihi.cognitius, qui summutalusab ijlis. 13 Kevemeinon nota lihi sit causafuroris, Lïtlorein italico, messaniamoeniacontra, Scyllamihivisaest. Pudorestpromissa, precesque, Blanditiasqucmeas, contemptaqueverhareferre. Àtlu, sivealiquidregniest in carminé, carmen ’20 Oremovesacro ; siveexpugnaciorherbaest, Uteretenlalisoperosaïviribusherboe. Kecmedearemihi, sanesquehoecvulneramando, Finenihilopusest : parlemferatilla calpris. » AlCirce(nequeenimflammishabctaptiusulhi 2o Talihusingenium ; seu causaesthujus* ipsa, SeuVenusindiciofaeithocoffensapaterno) Taiiaverbareferl : « iieliussequercrevoientem, Optanlemque eadem, pariliquecupidinecaplani. Diguuseras, ultro polerascerlequerogari, 50 El, si spemdederis, mihicrede, rogàberisultro. i\’eudubilcs, adsitqueluoefiduciaforma ;. En ego, quumdea sim, nitidiquumfiliaSolis, 30 530 MÉTAMORPHOSES. par mes enchantements et par mes herbes magiques, je désire être à loi. Méprisequi te méprise ; mais paye d’un tendre retour celle qui t’aime. Punis en même temps une ingrate et venge-moi d’une rivale. » Tandis qu’elle interroge ainsi son cœur : « Les arbres, dit Glaucus, croîtront dans la mer et l’algue sur les monts, avant que mon amour change du vivant de Scylla. « Circé s’indigne ; mais, ne pouvant le perdre (l’Amour s’y oppose), sa haine s’allume contre celle qui lui est préférée. L’affront fait à sa flamme l’irrite. Soudain elle broie des plantes vénéneuses el en exprime les sucs horribles en prononçant d’infernales paroles. Elle revêt sa robe d’azur, et, à travers les bêtes féroces empressées à lui rendre hommage, elle sort de son palais, se dirige vers Rbégium vis-à-vis les rochers de Zancle, el s’élance sur les vagues bouillonnantes. Elle y marche comme sur la terre ferme : ses pieds, sans se mouiller, en effleurent la surface. Il y avait une grotte étroite, arrondie en voûte et chérie de Scylla. C’est là qu’elle allait chercher un abri contre la fureur des Ilots et les ardeurs du soleil, lorsque cet astre, au milieu de sa course, vomissaittous ses feux et raccourcissait les ombres du haut Carminéquumlanlum, tantumqnumgraminepossim. Uttua simvoveo.Spernentemsperne ; sequenti 55 . lleddevices, unoqueduasulciscerefacto. » Taliatentanti : KPrius, inquil, in lequorefrondes, Glaucus, et in summisnascenturmontibusalgie, SospitequamScyllanostrimutenturamores. » Indignatadeaest ; el liederequalenusipsum -Kl Nonpoterat, necvelletamans, irasciturilli, Quoesibiprcelataest.Venerisqueoffensarepuisa, Protinushorrendisinfamiapabulasuccis Conterit, et trilishecateiacarminamiscet ; Cierulaqueinduitur velamina ; perqueferarùih 4b’ Agmenadulantummédiaproceditah aula ; Oppositamque pete%contrazancleiasaxa Rhegion, ingrediturferventesceslibusundas, In quibus, ut solida, ponitvestigia, ripa, bummaquedecurritpedihussuper requorasiccis. .SU Parvuserat gurges, curvossinualusin arcus, GraïaquiesScyllae, quose referebatab oestu Et mariset cceli, medioquumplurimusorbe Solerat, el minimasa verticefeceratambras. LIVRE XIV. Ml des airs. Circéinfecte cet asile et le souille de formidablespoisons, en y répandant les sucs tirés de ses funestes plantes. Elle murmure à trois reprises des formules étranges et mystérieuses, el répète neuf fois ses enchantements. Scylla vient. A peine est-elle à moitié descendue, qu’elle voit ses flancs entourés d’une hideuse, ceinture de monstres aboyants. D’abord elle ne peut croire qu’ils font partie de son corps. Elle fuit, et, redoutant leurs morsures hardies, elle essaye de les repousser. Mais, en voulant les éviter, elle les entraîne avec elle. En vain cherche-t-elle ses cuisses, ses jambes et ses pieds : à leur place elle trouve des gueules de Cerbère. Elle voit une meute furieuse, sans parties inférieures, attachée par le dos autour de son corps. Glaucus, qui l’aimait, verse des larmes. Il fuit l’hymen de Circé, qui vient de faire un trop cruel usage de ses plantes. Scyllaresta dans ce lieu même. Dès qu’elle en eut le pouvoir, pour assouvir sa haiw ? contre Circé, elle fit périr les compagnons d’Ulysse. Elle allait aussi submerger les vaisseaux troyens, lorsqu’elle fut changée en un rocher qui forme encore un écueil qu’évitent les matelots. Hunedeapnevitiat, portentifleisque venenis SS Inquïnat ; huicpressoslalicesradicenocenli Spargit, et obseurumverhornmambagenovorum Ternoviescarmenmagicodemurmuratore. Scyllavenit, mediaquetenusdeseenderatalvo, Quumsuafoedarilatrantibusinguinamonstris 60 Aspic.it.Acprimonon evedenscorporisillas Essesuiparles, refugitque, abigitque, timetque Oraprotérvacanum.Sedquosfugit, allrahiluna ; Et corpusquoerensfemorum, crurumquepedumque, Cerbereosrictuspre partibusinvenitillis ; 65 Slatqnecanumrallies, subjectaquetergafer-arum InguinibusIruucis, nteroqueexstante, coercet. FlevitamansGlaucus, nimiumquehosliliterusie ViribusherharumfugitconnuhiaCirces. Scyllalocomansit ; quumqueestdatacopiaprimum, 70 In CircesodiumsociisspoliavitOlyssen. MoxeodemTeucras fueratmersuracannas, Nipriusin scopulum, qui nuncquoquesaxonsexstat, Transformalaforet.Scopulumquoquenavitavitat. 532 MÉTAMORPHOSES. iES CERCOP.ES MÉTAMORPHOSÉS EN.SINGES. — DESCENTE D’ÉKEE AUXENFERS. — FABLEDELASIBTLLE. II. La flotte, troyenne avait échappé à la. rage de Scylla et de Çharybde. Elle touchait.presque au rivage de l’Ausonie, lorsque les vents la repoussèrent vers l’Afrique. Didon accueillit Énée dans son palais ; elle l’aima, et, après être devenue son épouse, désespérée de son, départ, elle se perça le sein sur un bûcher allumé pour un sacrifice imaginaire. Trompée par son amant, elle trompa ainsi toute sa cour. Le héros phrygien s’enfuit des nouveaux murs élevés sur la terre d’Afrique, et retourna vers le fidèle Aceste, au pied du mont Eryx, où il célébra un sacrifice sur la tombe de son père.-Il détacha les câbles qui retenaient sa flotte, presque livrée aux flammes par la messagère de Junon, et laissa derrière lui le royaume d’Éole, les îles d’où le soufre s’élance en tourbillons de fumée, el les rochers des perfides sirènes. Privé de pilote, son navire côtoya Inarime, Prochyte, Pithécuse, située sur une colline stérile, et qui a. conservé le nom de ses habitants. Jadis le père des dieux, indigné de la mauvaise foi, des parjures et de la.perfidie des Cercopes, les CERCOr-ES m SIMUSMUTAT !. — EUESDESCEXSrjS AD1SFER0S. SIBYLLE FABULA. II. Bancubi Irojana ; remisavidamqueCharyhdin 75 Evicererates, quumjam propeliltus adessent. Ausonium, libycasventoreferunturad oras. Excipitiîneanillicanimoquedomoque, Monbene.discidiiim.phrygii.latura maritf,. , : Sidonis ; inquepyra, sacrisubimaginefacla, , SO lncubuilferro, deceptaquedecipitomnes. Rursusarenosiefugiensnovamoematerrse,. AdsedemqucErycis, fidumquerelatusAcestcri, Sacrificat, lumulumquesui genitorishonorai. QuasqueratesIrisjunonia.paniecremarat, 8 ! i Solvit, et Hippotadiêregnum, lerrasquecalehti-. Sulfurefumantes, aeheioiadumque relinquit Sirenumseopulos ; orhataquepnesidepinus lnarimen, Prochylenqitelegit ; steriliquelocatas CollePithecusas, habiianlumnominedictas. 90 Quippedeumgenitorfraudem, et perjuriaquondam Cerropumexosus, genlisqueadmissadolosaî, LIVRE XÎV. 533 changea en animaux difformes, qui diffèrent de l’homme et en même temps lui ressemblent. Il raccourcit leur corps, aplatit leur nez loin du front, sillonna leur face des rides de la vieillesse, les couvrit d’un poil fauve, et les relégua dans ce séjour. Déjà il leur avait retiré l’usage de la parole, dont ils ne se servaient que pour mentir effrontément ; il ne leur laissa pour pouvoir se plaindre çu’un rauque murmure. Après avoir dépassé ces îles, Enée franchit à droite les remparts de Parthènope, et à gauche le promontoire où gît le fils d’Éole aux accents mélodieux ; puis il arriva aux rivages de Cumes, bordés d’algues marécageuses, et visita l’antre de l’antique Sibylle. II la conjure de guider ses pas dans l’Averne et de l’aider à trouver l’ombre de son père. La Sibylle tint longtemps ses regards attachés à la terre ; et, les levant enfin, agitée par le dieu qui l’inspirait : « Tu demandes, dit-elle, une grande faveur, héros qu’illustrent les exploits, loi dont le courage fut éprouvé par le fer et la piété par la flamme. Mais rassure-toi, chef des Troyens : tes vœux seront accomplis : Je te conduirai dans les champs de l’Elysée ; je le ferai voir le ténébreux empire et l’ombre chérie de In déformevirosanimalmutavit, ut idem Dissimileshominipossent, similesquevideri ; Membraqueccntraxit, naresquea frcnteremissas 95 Contudit, et rugisperaravitanilihusora ; Totaqnevelatos.flaventicorporavillo Misitin lias sedes.Kecnonprius ahstulitusum Verborum, et nataadira in perjurialingual ; Possequeritantumraucoslridorerelinquit. 100 lias ubi proeleriit, et parlhenopeiadexlra Mceniadeseruil, teva de partecanori .fëolidselumulum, et locafefapaluslribusulvis LitloraCumarum, vivacisqueantraSibyllai Intrat, et, ut mânesadeatper Avernapalernos, 105 Oral.Atilla diu vullustelluremoratos " Erexit, tandemquedeofuribundarecêpto : « Magnapelis, dixit, vir faclismaxime, cujus Dexteraper ferrum, pielasspectataper ignés. Ponetamen, Trojane, metum.Potièrepelitis ; 110 Elysiasquedomos, et régnanovissimainundi, Meduce, cognosces, simulacraquecaraparentis. 30. 534 MÉTAMORPHOSES. ton père. Il n’est point de route inaccessible pour la vertu. » A ces mots, elle lui montra le rameau d’or qui brillait dans la forêt de Proserpine, et lui ordonna de le détacher. Énée obéit, et à l’instant il vit les richesses du terrible dieu des enfers, les mânes de ses ancêtres et la vieilleombre du magnanime Anchise. Il connut aussi les lois établies en ces lieux, et les périls qu’il aurait à braver dans de nouvelles guerres. La fatigue le fil revenir sur ses pas, et il s’entretint avec son guide pour oublier les ennuis de la route. Tandis qu’ils poursuivaient leur marche pénible à la lueur d’un jour incertain, Énée dit à la Sibv’ie : « Déessefavorableaux humains, ou mortelle chérie des dieux, tu seras toujours une divinité pour moi. Je reconnaîtrai toujours combienje suis redevable à celle qui m’a conduit au séjour de la mort-etH’àmené vivant de son horrible empire. Pour un tel bienfait, à peine rendu à la clarté des cieux, je le consacrerai un temple et je ferai brûler l’encens sur tes autels. » La Sibyllele regarda, et lui répondit d’une voixentrecoupée de soupirs : « Je ne suis point une déesse. Nejuge point une morteiie digne de l’encens. Apprends que je fus aimée d’Apollon, ei qu’il Inviavirtutinullaestvia. » Dixit, et auro FulgenlemramumsilvaJunonisavernae Monstravit, jussilquesuodivelleretrunco. 115 ParuitjEueas, et formidabilisOrei Yiditopes, atavosquesuos, umbramquesenilem UagnanimiAneliisoe ; didicitquoquejura iocorum, Quoiquenovisesscntadeundapericulabellis. Indeferenslassosaversotramitepassus, 120 Cumducecumoeafallitsermoneiaborem. Dumqueiter.horrendumperopacacrepusculacarpit : « Seudealu priesens, seudisgratissima, dixit, Numinisinstareris sempermihi, mequefalebor Munerisesselui, qiicemeîocrtmortisadiré, 15,’i Quailocamevisievoluistievaderomortis. Proquibusaeriasmeritisevectusad auras Tcmplatibistatuant, tribuamtibi thurishonorent. » . Respicithunevates, et suspiratibushauslis : « Necdeasum, dixit, necsacrithurishonore inu Ilumanumdignarecaput.fteunesciuserres,. I.uxxlcrna mihi, cariluraquefinedabalur, Si meavirginilasPlioebopatuissetamanli. LIVRE XIV. 535 m’offritune vie immortelle pour prix de ma virginité. Tandisqu’il espérait et qu’il cherchait à me séduire par ses présents : « Vierge « de Cumes, me dit-il, forme des vœux, ils seront exaucés. » Alors, lui montrant une poignée de sable, je souhaitai follement autant d’années que j’avais de grains de poussière dans la main. J’oubliai de demander en même temps une éternelle jeunesse. Il me l’offrit pourtant, cette faveur, si je répondais à sa flamme. Je dédaignai ses dons et je restai vierge. Je suis déjà loin de mes belles années, et la triste vieillesse s’avance d’un pas chancelant. Je dois , 1asupporter encore longtemps ; car j’ai déjàvécu sept siècles ; et, pour que mes jours égalent les grains de poussière, il me reste à voir trois cenls moissons et trois cents vendanges. Un temps viendra où l’âge raccourcira mon corps, où mes membres, exténués par la vieillesse, n’auront plus qu’un faible poids. On ne pourra croire alors que je fus aimée d’un dieu ou digne de lui plaire. Peut-être aussi Apollon ne me reconnaîtra-l-il pas, ou dira-t-il qu’il ne m’a jamais aimée, tant je différerai de moi-même ! Invisible à tous les yeux, je serai pourtant reconnue à ma voix : car les Destinsme laisseront la voix. » Punitamenhancsperat, dumpraacorrumpere donis Mecupit : e Elige, ait, virgocumsea, quidoptes ; 15’i ’.Optalispotièretuis. » Egopulverishausti Ostendenscumulum, quoihaberetcorporapulvis, Tôtmihi-natalescontingerevanarogavi. Exeidiloplaremjuvenesquoqueprotinusannos. lias tamenille mihidabal, oeternamque juventam, ’U'J Sivcnerempalerer.ConlemplominièrePhoebi, iîinohapermaneo.Sedjamfeliciorallas ïerca dédit, Iremuloquegraduvenitoegrasenectus, Out-.ipaciendadiu est. Kamjam mihisaiculasepteni Aclavides : superest, numérosut pulverisoequem, 145 Tercentummesses, lercentummuslavidere. Tempusorit, quummede tanlocorporeparvam Longadiesfaciat, consumptaque membrasenecta Adminimumrcdiganluromis.Necarnatavidehor, Necplacuissedeo ; Phoebusquoqueforsitanipse 150 Yelnonagnoscct, veldilesissenegabit : l’squeadeomutataferai’! nulliquevidenda, Vocetamennosear ; vocemmihiFatarelinquent. » 536 MÉTAMORPHOSES. ACUENENIBE. — MAOAREE. — ENCHANTEMENTS DECIRCE. P1CUSET.CANENTE. LU.Tandis que la Sibylle parlait ainsi en montant une route escarpée, Énée quille les demeures infernales et rentre dans la ville de Cumes. Il offre aux dieux les sacrifices ordinaires, et aborde aux rivages qui ne portaient pas encore le nom de sa nourrice. : Là, dégoûté de ses longs voyages, s’était arrêté Macarée, né à Ithaque et compagnon du sage Ulysse. Il reconnut Achéménide, délaissé jadis suivies rochers de l’Etna. Étonné de le revoir vivant : « Quel hasard, lui dit-il, ou quel dieu t’a sauvé ? Comment un Grec se trouve-t-il sur un vaisseau barbare ? Vers quels bords faites-vous voile ? » A ces questions, Achéménide, que ne couvraient plus de vils lambeaux attachés avec des épines, Achéménide, redevenu enfin lui-même, lui répond : « Puissé-je .voir de nouveau Polyphèine et le sang humain découlant de ses lèvres, si les vaisseaux d’Ithaque me sont désormais plus chers que les Troyens, et si je respecte moins Énée que mon père ! Jamais, quoi que je fasse, je ne pourrai lui témoigner assez de reconnaisACHEMEXIDES. MACAKEUS.CIRCES IXCANTAMEXTA. T1CUSETCAKESS. III. Taliaconvexumperiter memoranteSibylla ; Sedibusëboicamstygiisemergitin urbem, 135 Troius^5neas, sac-risqueex morelitatis, Liltoraaditnondumnutricishàbenlianomen. HicquoquesubstiteratpostIsedialongalaborum KeriliusMaçareus, cornesexperientisClyssèi. Deserlumquondammediisqui rupibusMlnoe 1G0 SoscitAchiemenidem, improvisoque repértum Viveremiratus : « Qaite casusve, deusve Servat, Achaunenide ? Cur, inquit, barbaraGraîum Proravehit ? Peliturveslroequaiterra carinoe ? » TaliaquoerenUjamnonhirsutusamiclu, 1G5 Jamsuus, et spinisconserlolegminenullis, FaturAchîfimenides

: « IterumPolyphemori, et illos 

Aspiciamfluidoshumanosanguinerictus, Ilacmihisi poliordomusest lthacequecarina, SiminusjEneanvenerorgenitore, necunquam 170 Essesatispotero, proestemlicetomnia, gralus. LIVRE XIV. 537 sance. Si je te parle, si je respire, si je vois le ciel et la lumière du jour, puis-je être ingrat et oublier que c’est à lui que je le dois ? C’est grâce à lui que je n’ai pas été dévoré par le Cyclope, et qu’au moment où je rendrai le dernier soupir mes restes seront déposésdans un tombeau, el non dans les entrailles de ce monstre. Quel fut mon désespoir (à moins que.la terreur ne m’eût ôté tout sentiment), lorsque, abandonné sur le rivage, je vous vis gagner la haute mer ! Je voulus crier, mais je craignis de me livrer à l’ennemi. La voix d’Ulysse fut presque fatale à votre navire. Je vis Polyphème jeter au milieu des ondes un immense éclat de rocher qu’il avait détaché de la montagne ; je vis son bras gigantesque lancer, comme une machine de guerre, des pierres énormes, et je craignis que’le vaisseau ne disparût dans les flots ou ne fût brisé sous celle masse : j’oubliais qu’il ne me portait plus. « A peine la fuite vous eut-elle dérobés à un affreux trépas, que le Cyclopeerrant fit retentir l’Etna de ses gémissements. Privé de son œil, il écarta de sa main les arbres pour s’ouvrir un passage, heurta les rochers, et, tendant sur les eaux ses bras ensanglantés, il exhalaainsi sa haine contre les Grecs : « Oh ! si jamais le hasard Quodloquor, et spiro, coelumque, et luminasolis Aspicio(possimneingratuset immemoresse ? ) iile dédit ; quodnonanimahEecCyciopisin ora Yenil, et ut lumenjamnuncvitalerelinquam, 175 Auttumulo, aut cerlenon illaeondarin alvo. Quidmihitune animi(nisisi timorabslulitomnem Sensumanimumque)fuit, quumvospetereallarelictus jEquoraprospexi ? Yoluiinclamare ; sed hosti Proderemetimui.YestraiquoqueclamorDlyssei 180 Poenerati nocuit.Yidi, quummonterevulso Immanentscopulummédiaspermisitin undas ; Vidiiterum, velulilormeutivirihusacla, Yastagiganteo’jaculantem saxalacerto. Et, ne deprimeretfluctusvelapisvecarinam, 1S5 Perlimui, jam me nonesseohlitusin iila. « Ulverofugavosah acerbamorteremovit, 111equidemtolamgemebundusobambulat.Etnam, Praitentatquemanusilvas, et luminisorbus Rupibusincursat, foedataquebrachia[abo 190 In mareprolendensgenlemexsecraturaehivam, Atqueait : « 0 si quisréférâtmihicasusUlyssen, 538

MÉTAMORPHOSES
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« amenait près ! de’moi-Ulysse ou quelqu’un de ses compagnons « sur qui je pusse assouvir ma fureur’! Si je pouvais dévorer

; « leurs entrailles, déchirer de mes mains leurs métebres vivants, 

u^boire leur sang à longs traits et, broyer leurs os sous mes dents, ii combien peu je regretterais d’être privé de la clarté du jour, ou « combien cette perte me paraîtrait légère ! » A ces imprécations ïe farouche Cyclope en ajouta beaucoup d’autres. L’épouvante s’empara de moi quand je ris. sa bouche dégouttante de carnage, ses mains cruelles, son orbite affreuse, ses membres effroyables -et sa barbe inondée de sang humain. J’avais la mort devant mes yeux ; mais de tous mes maux c’était le moindre. Je me figurais que le monstre allait me saisir et m’engloutir dans ses entrailles, ïe me représentais à chaque instant ce jour où je vis deux de mes compagnons trois et quatre fois lancés contre terre, Polyphème, acharné sur eux commeun-lion’terrible, ensevelir, dans le gouffre de son ventre leurs. entrailles, leurs chairs, leurs os, leur moelle et leurs membres palpitants. Glacéde terreur, j’étais morne, immobile. Un voyant le Cyclope dévorer ces mets ensanglantés el les vomissant avec des flots de vin/ j’attendais, hélas ! le même « Autaliqueme sociis, in quemmea sasviatira !, « Yisceracujusedam,.cujusviventiadexlra « Membramealauiem, cujusmihisanguisinundet 195 « Gultur, et elisitrépidentsub.denlibusartus, « Quamnullum, autlevésit damnummihilucisademptiel » Haieet pluraferos.Meluridusoccupâthorror, Spectantemvullusetiamnumcsedernadenles, Crudelesque manus, et inanem.luminisprhem ; _.. 200 Membraque, et humanbconcrelamsanguinebarbant. Morserat anteoculos ; minimumtamenilla malorum. Et jamprensurum ; jamjammeaviscerarehar In sua mersurum ;.mentiqueluerebalimago Temporisillius, quovidibinameorum 205 Ter qualeraffligisociorumcorporaterrse ; Quoesuperipsejacens, hirsulimoreleonis, Viseeraque, et carnes, cumqueipsisossamedullis, Semianimesque artusavidamcondcbatin alvum. Metremorinvasit.StaliamSinesanguinemcestus ; 210 Mandentemque videns, ejeclanlemquecruenlas Oredapes, et frustameroglomeratavomentem, Taliatingebammiseromihifata parari. LIVRE XIV. 55<J sort. Caché durant plusieurs jours, frissonnantau moindre bruit, redoutant la mort et l’appelant de tous mes vœux, apaisant ma faim avec des glands, de l’herbe el du feuillage ; seul, sans ressource, sans espérance, voué aux souffrances et au trépas, après une longue attente, je découvris un navire non loin du bord. Je demandai à fuir par un geste suppliant, et je courus vers le rivage. J’excitai la pitié, et un Grecfut sauvé sur un vaisseauIroyen. Mais loi, le plus cher de mes amis, apprends-moites aventures, celles d’Ulysse et de ses compagnons qui partagent la fortune sur les flots. » Macaréelui fait ce récit : « Sur les mers de Toscanerègne le fils d’Hippotas, Éole, qui lient les vents enchaînés.-Aprèsles avoir enfermés dans des outres, par une rare faveur, il les avait donnés au roi de Dulichium. Grâce à leur souffle propice, Ulysse et ses compagnons voguèrent heureusement pendant neuf jours, el aperçurent même la terre, objet de leurs vœux. Mais, lorsque l’Aurore ouvrit pour la dixième fois les portes de l’orient, , ses compagnons, aveuglés par l’envie et la cupidité, s’imaginèrent que les outres étaient remplies d’or, et rompirent les liens qui retenaient les vents. Entraîné par eux sur les ondes qu’il avail déjà sillonnées, le vaisseau rentra dans les ports d’Éolie. De là nous Perquediesmultoslalilans, omnemqueIremisrens Adslrepitum, morlemquelimens, cupidusquemoriri, 215 Glandefamempellens, el mixtafrondibusherba, Solus, inops, exFpes, lethopoenoeque relictus, Haudproculaspexilongoposttemporenavini, Oraviquefugamgestu, ad littusquecucurri ; Et movi, Graiumqueralis trojanareeepil. 220 Tu quoquepandetuos, eomitumgralissime, casus, Et ducis, et turbéequaîtecumcréditaponloest. » jEolenille refertTuscoregnareprofundo, jEolonUippotaden, cohibentemcarcereventos ; *~ ’ Quoshovisinclusostergo, memorabilcmunus, 225 Dulichiumsumpisseducem ; flatuquesecundo Lucibusisse novem, et terrainaspexissepetitam ; ProximapostnonamquumseseAuroramoverel, Invidiasociospraidaïquecupidineduclos, Esseralosaurum, dempsisscligaminaventis, 2’ÙO1 Cumquibusisserctro, perquasmodoveneralunda ;, iEoliiqueratemportusrepelisselyranni. 540

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nous dirigeâmes vers l’antique cité du Lestrygon Lamus, gouvernée par Anliphate. Je fus député vers lui avec deux de mes amis. Nous pûmes à peine, l’un d’eux el moi, trouver notre salut dans la fuite. L’autre teignit de son sang la bouche impie du Lestrygon. Antiphate nous poursuivit el appela les siens. Us accoururent en foule et nous accablèrent d’une grêle de pierres el d’arbres, qui submergèrent les hommes et les vaisseaux. Un seul navire, celui qui nous portait, Ulysseet moi, échappa au naufrage. Affligés de la perle de nos compagnons, nous les pleurâmes longtemps, et nous abordâmes enfin à ces rivages que tu aperçois dans le lointain. Ah ! puisses-tu ne voir jamais que de loin l’île funeste où je suis descendu ! Ole plus juste des Troyens, fils d’une déesse (car du jour où la guerre a cessé, lu ne dois plus être appelé notre ennemi), Énée, je le le conseille, fuis le séjour de Circé ! « Nous aussi, après avoir jeté l’ancre, pleins du souvenir d’Antiphate et du cruel Cyclope, nous refusions d’avancer sur ces côtes et d’entrer sous des toits inconnus. Le Sort fut consulté. Il me désigna pour être envoyé auprès de Circé avec le fidèle Polite, Ettryloque, Elpénor qui aimait trop le vin, et dix-huit de nos com(iIndeLamiveteremLtcstrygonis, inquil, in urbem Yenimus.Antiphatesterra regnabatin illa. Missusad huneegosum, numérocomitantcduurum. 2i0 Yixquefugaquaisilasaluscomitique, mihique. Tertiusc nobisLaislrygonisimpiatinxit Oracruoresuo.Fugientibusinslat, et agineu GoucilatAntiphates.Cœunt, et saxa trabesque Continuant, merguntqueviros, merguntquecariuas. 235 Unatamen, qmcnos ipsumquevehebatUlysscn, Effugit.Arnissasociorumparte, dolentes, Multaqueconquestiterris allabimurillis, Quasp/ociilhinccernis.Proculbinetibi, cerne, videndaest Insula, <visamibi.Tuque, o justissimeTrouni, 245 Katedea(nequeenimlinitomartevocandus lloslises,.linea), moneo, fugelittoraCirces. « Nosquoquecircaioreligalain litlorepinu, Anliplialaimemores, immansuetiqueCyclopis, Ire negabamus, et lectaignotasubire. 250 Sorlesumuslecti.Sorsme fidumquePolilen Eurylochumque simul, nimiiqueElpenora.viui, Disquenovemsocioscircoeaad moeniamisit, LIVRE XIV. 541 pagnons. Arrivés à son palais, nous en louchions à peine les portes, que des loups, des ours et des lions, accourus sur nos pas, nous remplirent d’effroi. Mais aucun n’était à craindre ; aucun ne devait nous faire le moindre mal. Je dirai plus : ils caressaient l’air de leurs queues et suivaient nos pas en nous flattant. Les femmes de service nous reçurent et nous conduisirent, à travers des portiques de marbre, jusqu’à leur souveraine. Elle était assise, au fond d’une salle magnifique, sur un trône élevé, revêtue d’une robe éblouissante et couverte d’un mantelet d’or. Les Néréides et les Nymphes, rangées autour d’elles, n’étaient point occupées à faire de la tapisserie ou à filer la laine, mais elles disposaient dans des corbeilles et mettaient en ordre des plantes, des fleurs et des herbes de diverses couleurs. La déesse présidait à leurs travaux. Elle connaissait l’usage de chaque plante et l’art de les mélanger ; elle les pesait et les examinait avec soin. Dès qu’elle nous aperçut, après les politesses d’usage, elle nous accueillit par un sourire et répondit gracieusement à nos vœux. Elle nous fit servir à l’instant de l’orge brûlée, du miel, du vin pur et du lait caillé, mêlés ensemble, et y ajouta furtivement dés sucs déguisés Quaisiinulaltigimus, stelimusquein liniinetecti, Millelupi, rnixtxquelupisursoeque, leaique, 255 Occursufeceremetum.Sednullalimenda, Kullaqueeral nostrofacturain corporevulnus. Quinetiamhlandasruovereper aéracaudas, Nostraqueadulantescomitanlvesligia, douée Excipiuntfamulse, perquealria marmoretecta 200 Addominumducunt.Pulchrosedetilla recessu, Sublimissolio, pallamqueindutanilenlem, insuperauratocircumvelaturamictu. NéréidesSymphiequesimul, qusevelleramotis Nuliatrahuntdigilis, nec filasequenliaducunt, 265 Graminadisponunt, sparsosquesineordineflores Secernunlcalathis, variasquecoloribusherbas. Ipsa, quodlioefaciunt, opusexigit ; ipsaquis usus Quoquesit in folio, quai sit concordiamixtis, Novit, et adverlenspensasexaminâtherbas. 27Ô Haieubi nosvidit, dictaacceplaquesalute, Diffudilvullus, et reddiditomniavotis. Necmora, misceriloslisjubethordeagrani, Mellaque, vimquemcri, et cumlactécoagulapasso ; Ûuiquesub haclateantfurlimdulcedine, succos 275 51 542

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par la douceur de ce breuvage. Nousreçûmes avec empressement la coupe de sa main sacrée. « A peine l’eûmes-nous approchéede nos lèvres ardentes, queia perfide déesse toucha nos cheveux de sa baguelte. Aussilôl(je rougis de le dire) des poils hérissèrent mon corps,. et je cessai de parler. Ma voix fit place à un rauque murmure ; mon front se courba vers la terre : je sentis ma bouche s’allonger sous la forme d’un museau ; de larges muscles enflèrent mon cou ; ma main, qui venait de saisir la coupé, traça des pas sur la terre, et l’on m’enferma dans une étable avec mes compagnons, transformés comme moi : tant ce breuvage eut de puissance ! Euryloque échappa Seulà celte métarmorphose, parce que seul il avait repoussé la coupe fatale. S’il ne l’eût rejetée, il aurait revêtu, comme nous, les traits d’un animal immonde ; Ulysse, n’eût point appris par lui un si grand malheur, et ne serait pas venu trouver la déesse pour nous venger. Mercure, qui le protégeait, lui avait donné une fleur dont Tafeuille est blanche, la racine noire, el que les Immortels appellent moly. Munidé ce préservatif et des conseils de ce dieu, il entra dans le palais de Circé. Conviéau perfidebreuvage, il écarta la main de la déesse, qui voulut en vain approcher sa Adjicit.Accipimussacradatapoculadextra. « Quassimularentisitienteshausimusore, Et leligitsummosvirgadeadira’capillos (Etpudetet referom), setishorreseerecoepi, liéejamposseloqui ; proverbisedereraueum 280 Murmur, et in terramtoloprocumberevullu ; Osquemeumsensipandooceallëscererostrô ; Collalumereloris ; et quomodopoculaparte Sumptaminifuerant, illavesligiafeci, Cumqueeadempassis(tantummedicaminapossunt ! ) ; 285 Claudorhara ; solumquesuiscaruissefigura VidimusEuryloehum ; soinsdatapoculafugit.’ Quainisi vitassel, pecorisparsuna raaneret Nuncquoquesetigeri ; nectantaicladisab illo Cerliorad Circenultor venissetUlysses. 2110 PaciferhuicdederatfloremCylleniusalbum : MolyvocantSuperi ; nïgraradiéetenetur. Tutuseo, monitisquesimulcoelestibusintrat IiledomumCirces, et ad insidiosavocatus Pocula, conantemvirgamulcerecapillos 205 LIVRE XIV. 543 baguette de ses cheveux, et il tira son épée. La déesse, effrayée, lui donna sa main el sa foi. Ulysse, admis dans sa couche, exigea pour dot qu’elle lui rendît ses malheureux compagnons.Elle répandit sur nous les sucs puissants d’une herbe bénigne, frappa nos têtes de l’autre bout de sa baguette, et proféra des mots qui contrariaient l’effet des premiers. A mesure qu’elle les prononçait, nos corps s’élevèrent au-dessus du sol, nos soies tombèrent, nos pieds cessèrent d’être fourchus, el nos épaules reparurent avec nos coudes et nos bras. Nousmêlâmes nos larmes à celles d’Ulysse en l’embrassant, et nous restâmes suspendus à son cou. Nospre mières paroles furent l’expression de notre reconnaissance. o Nouspassâmesune année entière auprès de Circé. Pendant ce long séjour, je vis un grand nombre de faits merveilleux, et beaucoup d’autres me furent racontés. En voici un que je tiens de l’une des quatre femmes associéespar elle à ses affreux mystères. Tandis que la déesse était retenue seule auprès d’Ulysse, celte suivante me montra, dans un lieu saint, la statue d’un jeune homme en marbre blanc, portant un pivert sur la tête, et parée de mille couronnes. Je lui demandai avec curiosité quel était ce Heppulit, et strictopavidamdéterraitense. Indefides, dextncquedatai ; llialamoquercccplus Ccnjugiidotern, sociorumcorpcra, poscit. Spargimurinnocuaisuceismelioribusherbai, Percutimurquecaputconversaiverbercvirga :, oOO Verbaquedicunturdictiscontrariaverbis. Quomagisillacanit, magishoctellurelevati Erigimur, setoquccadunt, hifidosquerelinquit lïimapedes.redeunthumeri, subjectalacertis Brachiasunt. Flenlemfientesamplcctimurillum. 31.15 llrcrcmusqueduciscollo, necverbalocuti l ; llapriorasumus, quamnostestanliagralos.

  • Animanosillictenuit mora ; mullaquepraiscns

Tcmporelamlongovidi, mullaauribushausï. ÎIocquoquecumnrjllis, quodclammihirettulit uni T, U\ Quattuore famulis, ad talia sacraparalis. CumducenamquemcoCircedumsolamoratur, illamihiniveofactumde marmoresignum Ostenditjuvénile ; gerensin verticëpicum ; iEdcsacraposilum, mullùqueinsignecoronis. 315 544

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jeune homme, pourquoi on l’honorait dans un asile sacré, e pourquoi sa tête était surmontée d’un oiseau. « Écoule, Macarée, « me dit—elle : tu vas connaître par ce récit la puissance de ma « maîtresse. Prête-moi une oreille attentive. « Dans l’Ausonie régna Picus, fils de Saturne, passionné poui <<les coursiers belliqueux. Sa beaulô était celle de son image. Tu « peux t’en faire une idée par cette statue qui la reproduit fidèle— « ment. Son esprit égalait sa beauté. Quoiqueson âge ne lui eût « pas encore permis de voir quatre fois les jeux que la Grècececi ièbre tous les cinq ans dans l’Élide, déjà il avait attiré les regards « des Dryades nées sur les montagnes du Lalium. Déjà pour lu « brûlaient les Nymphesdes fontaines, les Naïadesde l’Albula, du « Numicus, de l’Anio, del’Almo qui se perd à une faible distance « de sa source, du Nar aux ondes rapides, du Farfarus aux déli « deux ombrages, ainsi que celles qui habitent le bois consacréà « Dianeel les lacs d’alentour. Picus dédaigna leurs vœux. II n’é « lait sensible qu’à ceux de la Nymphejadis enfantée, dit-on, par « Vénilie sur le mont Palatin, et dont Janus au double front fut « le père. Dèsqu’elle fut nubile, elle donna sa main à Picus, préÙuisforet, et quaresacracolerelurin tede, Curbancferrelavcmquairentiet scirevoleuli :

  • Accipe, ail, Macarcu ; dominaïque

poteutiaqui* ! sit

  • llincquoquedisceincie.Tu dictisadjicemeulem.

« Picusin ausoniis, proiessaturnia, terris 320 « llexfuit, utiliumbellostudiosusequorum. c Formaviroquamcerniserat, licetipsedecorein « Aspicias, ficlaqueprobesab imaginevcram. « <Paranimusformai, necadhucspectasseperannos « QuinquenneuipoteratgraiaqualerElidepugnam. 525 (i111esuosDryadaslatiisin monlibusortas « Yerlcratin vultus.Illumfontanapetebanl « Numina, Naiades, quasAlbula, quasqueNumici, « QuasqueAnienisaquie, cursuquebrevissimusAlmo, « Narquetulitpricceps, el amoenaîFarfarusumbra1, 550 « Quoeque colunlscythica ; regnumnemoraleDiaiue, « Finilimosque lacus.Sprctistamenomnibusunam « Illefovet.\ymphen, quamquondamiii collel’alati « DicilurancipitipeperisseYeniiiaJano. « Haie, ubinubilibuspriniummaturuilannis, r>o.’) « l’raqiosilocunclisLaurentitradilaPicoest. LIVRE XIV. Si") « féré à tous ses rivaux. Elle était d’une rare beauté. Maisson « talent pour le chant, plus rare encore, lui fit donner le nom de « Canente. Les forêts el les rochers étaient ravis de ses accents « Ils charmaient les bêtes sauvages, arrêtaient le cours des fleuves c et suspendaient le vol des habitants de l’air. « Sa voix modulait de suaves accords au moment où Picus, sorti « de son palais, se disposait à percer de ses traits les sangliersqui « peuplent les champs de Laurente. Il pressait les flancs d’un « coursier fougueux, et portait dans sa main gauche deux javelots. « Uneagrafe d’or attachait à son épaule une chlamydede pourpre. « Le hasard avait conduit la fille du Soleil dans la même forêt. « Elle avait quitté les campagnes qui ont pris son nom pour « cueillir de nouvelles herbes sur ces collines fécondes. Cachée « dans les broussailles, elle vit le jeune chasseur et demeura inter « dite. De ses mains tombèrent les plantes qu’elle avait cueillies, « el un feu rapide circula dans ses veines. Dèsqu’elle fut revenue « de son trouble soudain, elle voulut faire l’aveu de sa flamme ; « mais la vitesse du coursier de Picus et ses gardes l’empêchèrent « d’arriver jusqu’à lui. — Quand même tu serais emporté par les « vents, s’écria-t-elle, tu ne m’échapperas pas, si je me connais « fiaraquidemfacie, sed rarior artecanendi. « UndeCanensdictaest. Silvaset saxamovere, <cEl mulcereferas, et fluminalongamorari « Oresilo, volucresquevagasretincresolebat. 5-10 « Qua3dumfemineamodulaturearminavoce, c ExieratteclolaurentesPicusin agros, « Indigenaslixurusapros, lergumquepremebat « Acriscqui, lievaquehasliliabinaferëhat, c Puniceamfulvochlamydemcontraclusab auro. 343

« Veneralin silvaset filiaSoliseasdem, « Utquenovaslegeretfecundiscollibusherbas, « Nominedictasuo, circaiareliqueratarva. o Qua ; simulac juvenem, virgultisabdita, vidit, « Obstupuit.Cecideremanu, quaslegerat, herbai, 550 a Flammaqueper totasvisaest erraremedulias. « Ut primumvalidomenlemcollegitab oestu,

  • -Quidcuperet, fassurafuit. Nepossetadiré,

n Cursusequïfecit, eircumfususque satelles. « —Nontameneffugies, ventorapiarelieehit, 555 « Si modomenovi, si non evanuilomnjs 046 MÉTAMORPHOSES. « bien, si la vertu des plantes n’est pas évanouie, et si mes eu « chantemenls ne m’abusent point. — A ces mots, la déesse fait brique un fantôme de sanglier qu’elle pousse rapidement sous « les yeux du.roi, et qui semble s’enfoncer dans l’épaisse forêt, à « l’endroit où les arbres, plus.serrés, ne laissent aucun passage au « coursier. Dupe de cette illusion,. Picus poursuit l’ombre d’une « proie. Il quitte soudain son coursier fumant. Entraîné par une « espérance vaine, il erre à pied au fond de la forêt.. « Circé commence ses formules et’profère des paroles magiques, it Elle invoque de mystérieuses divinités par ces chants étranges « qui souvent obscurcirent l’éclat de la Lune et couvrirent de « nuages le front du Soleil. Alors aussi, aux accents qu’elle fait « entendre, un voile s’étend sur le ciel et des vapeurs s’exhalent « de la terre. L’escorte du roi s’égare dans dé sombres chemins, « el sa garde est déjà loin de lui. La déesse profite du lieu et du « moment. — Par tes yeux qui m’ont séduite, dit-elle, par ces « charmes qui forcent une déesse à tomber à tes pieds, ô toi le plus « beau des mortels ! sois touché de-ma flamme. Acceptepour beau « père le Soleil dont les regards embrassent l’univers. Ne dé « Herbarumvirtus ; nec memeacarminafallunt. it — Dixit, el éfiigiem, nullocum corpore, falsi « Finxilapri, praiterqueoculostranscurrererégis e Jussil, et in densumtrabihusnemusire videri, 560 « Plurimaqua silvaest, et equolocapervianonsunt. « ïïaudmora, continuoproedaipetitinsciusumhram « Picus, equiquecelerfumantiatergàrèlinquit, « Spemquesequ’erisvànam/silvapedeserrât in alla. a Coneipitilla preces, et verbaveneGcadicit. 505 « Iguotosquedeosignolocarminéadorât, « Quosoletet nivesevultumconfunderelunoe, « Et patriocapitibibulassubtexerenubes. « Tunequoquecantatodensaturcarminécoeium, « Et nehulasexhalâthumus, cxcïsqucvaganlur 570 « Limitibuscomités, et abestcustodiarégi. « Naclalocumtempusque : — Per o tua-rumina, , dixit, « Quaimeaceperunt, perquehanc, pulchërrime, formant, « Quiofacitul supplextibi sim, dea, consulenostris ii Ignibus, et socerum, qui pervidetoinniaSolem 575 « Aceipe, necdurustitanidadespiceCircen. LIVRE XIV. 547 « daigne pas sa fille. — Elle dit. MaisPicus repousse fièrement « Circé et ses prières. — Qui que tu sois, répond-il, je ne puis « l’appartenir. Une autre me possède ; et puisse-l-elle longtemps « me posséder ! Je ne profanerai jamais mon amour par des feux « illégitimes, tant que les Destins me conserveront la fille de « Janus. — Circé insiste encore. —Ton dédain ne restera pas « impuni, s’écrie-t-elle ; tu es perdu pour Canente. Tu sauras ce « que peut une amante, une femme outragée, quand celte amante, « quand cette femme outragée esl Circé. — En achevant ces mots, « elle se tourne deux fois vers l’occident et deux foisvers l’orient. « De sa baguette elle touche trois fois le jeune prince, et proféré « trois fois des paroles magiques. 11fuit. Étonné de sa vitesse « extraordinaire, il s’aperçoit qu’il a des ailes. Nouvel oiseau, il « vole aussitôt vers les forêts du Lalium. Dansson indignation, il « perce les chênes de son bec, et sa colère s’exerce contre leurs « rameaux. Lapourpre de sa chlamyde se reproduit sur ses ailes ; « •l’or de son ancienne agrafe rehausse d’un vif éclat son plumage « et son cou. De l’antique Picus il ne reste plus que son nom. « Cependantses amis le redemandent aux campagnespar mille « Dixerat.111eferoxipsamqueprecesquerepellit, « Et : —Quiecumque es, ait, non.sumtuus.Altéracaptum « Metenet, et teneatper longum, comprecor, sivum. « Necvenereextenvasocialiafoederalaidam, 5S0 o DummihijanigenamservabuntfataCanentem. — « SaîperetentalisprecibusTilaniafrustra : « —Nonimpuneferes ; nequeenimreddereCanenti ; « Liesaquequidfacial, quidamans, quidfemina, disces « llebus, ait ; sed amans, et licsa, et feminaCirée. — 5S5 « Tumbisadoccasum, bisse convertitad ortum ; « Terjuvenemhaculoletigit ; tria carminadixit. « 111efugit, sesesolilovelociusipse f Curreremiratus, pennasin corporevidit ; « Sequenovamsubitolatiisaecederesilvis 590 ti Indignatusavem, duroferaroborarostro itFigit, et iratuslongisdat vuineraramis. « Purpureumchlamydispennaîtraxerecolorem ; « Fibulaquodfueral, vestemquemomorderat : -.uruni, iiPlumafit, et fulvocervixproecingiturauro, 595 r NecquidquamantiquiPico, nisi nomina, restât. « Intereacomitésclam-rossepeper agros 548 MÉTAMORPHOSES. « cris. Us ne le trouvent nulle part ; mais ils rencontrent Circé. « Car elle avait enfin éclairci les airs et permis aux vents et au « soleil de dissiper l’es nuages. Ils l’accablent de justes reproches « et réclament leur roi ; ils recourent à la violence, et, dans leur « fureur, s’apprêtent à la frapper de leurs armes. Circé répand ses « sucs funestes et ses poisons mortels. Du fond de l’Érèbe et du « Chaoselle appelle la Nuit avec tous les dieux de la Nuit, et in « voque Hécate par de longs hurlements. O prodige ! la forêt « change de place ; la terre gémit, Tes arbres voisins pâlissent, le « gazon distille des gouttes de sang ; les rochers semblent mugir, « les chiens aboyer, , d’affreux repviîc ? souiller le sol, et les ombres « des morts voltiger dans les airs. Les sold ? ls épouvantés fré « missent. La déesse frappe de sa baguette magique leurs têtes « étonnées. Son contact métamorphose les compagnons de Picus « en diverses bêtes sauvages, sans laisser le moindre vestige de e leur première forme. <iLe soleil, à l’occident, touchait au rivage de Tarlesse. Canenfe « appelait son époux en vain. Son cœur et ses yeux le’cherchaient « partout. Ses esclaves et le peuple parcourent avec des torches « Nequiequam Pico, nullaquein parterepcrto,

?

« lnveniuntCircen.Namjamtenuaveratauras, a Passaqueerat nebulasvenlisac soleresolvi. 400 « Criminibusque prémuniveris, regemqueroposcunt, « Vimqueferunt, sievisqueparantincesseretelis. « Illanoeensspargitvirus, succosqueveneni ; u Et noctem, KoctisquedeosEreboqueChaoque « Convocat, et-longisHecatenululatibusoral. 405

  • tExsiluereloco(diclumirahile)silvai ;

« Ingemuitquesolum, vieinaquepalluit arbos ; . « Sparsaquesanguineismadueruntpabulagultis : HEt lapidesvisimugitusedereraucos, « Et latrarecanes, et humusserpentïbusatris 410 « Squalere, et tenuesanimievolitaresilentum. « Attonitummonslrivulguspavet.Illapavenlum « Oravenenatateligilmirantiavirga. n Cujusab attactuvariarummonstraferarum « In juvenesveuiunt : nulli sua mansitimago. 415 ii PresseratocciduustarlessialitloraPhoebus, « Et frustraconjux.oculisanimoqueCanenlis « l’xspectatuserat. Famulipopulusqueper omnes LIVRE XIV. 540 « tous les recoins de la forêt. C’était, peu pour la Nymphe de ré « pandre des larmes, d’arracher ses cheveux, de pousser des gé « missements. Outre ces témoignages de sa douleur, elle sortit de « son palais éperdue, et erra dans les champs du Lalium. Durant « six jours et six nuits elle s’abstint de sommeil et de nourri « ture, égarant ses pas sur les collines et dans les vallons. Le Tibre « la vil enfin tomber de douleur et de fatigue sur ses verdoyantes « rives. Là, baignée de larmes, d’une voix affaiblie elle modulait « des chants lugubres, comme le cygne prélude à sa mort par de o funèbres accents. Le chagrin tarit en elle les sources de la vie ; « elle se dessécha insensiblement el s’évanouit dans les airs. Mais « la renommée a consacré le théâtre de son malheur. Les anciens « habitants de ce lieu, pour immortaliser le nom de la Nymphe, « l’ont appelé Canente. » Pendant une année entière j’ai appris ou vu beaucoup de semblables merveilles. Engourdis par l’inaction, nous avions oublié la mer, lorsque nous reçûmes l’ordre de l’affronter de nouveau et de mettre à la voile. La fille du Soleil nous avait annoncé qu’il nous restait encore des traversées incertaines, de longues courses et des dangers à subir sur les flots en courroux. « Discurruntsilvas, alqueobvialuminaportant. « Necsatisest Nymphaiilere, et lacerarecapillos, 420 « Et dareplangorem(facitbaielamenomnia) ; sese « Proripit, aclatioserrât vesanaper agros. « Sexillamnoctes, tolidemredeunliasolis « Luminavideruntinopemsomniquecibique, « Perjuga, per valles, qua forsducebat, euntem. 425 a Ultimusaspexitfessamluctuqueviaque « Tibris, el in gelidaponentemcorporaripa. « Illiccum lacrymisipsomodulatadolore « Verba, sonotennimoerens, fundehat, ut olim « Carminajam morienscanitexseqùialiacycnus. 450 tt Luclibusextremumtenuesliquefactamedullas « Tabuit, inquelevéspaulatimevanuitauras. « Famatamensignalalocoest, quemrite Canenlem

  • Nominede Nymphievsteresdiserecoloni. »

Taliamultamihilongumnarrataper annum, 455 Visaquesunt.Résideset desuetudinetardi Rursusinire fretum, rursus dare vêlajubemur ; Ancipilesque vias, et iler Tilaniavastum Dixerat, et sievirestarepericulaponti.

31. 550
MÉTAMORPHOSES
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La crainte me saisit, je l’avoue, et, descendu sur celle terre, je m’y suis attaché. » COMPAGNONS DEDIOMEDE CHANGES ENOISEAUX. IV. Lorsque Macaréeeut cessé de parier, on enferma la dépouille de la nourrice d’Énée dans une urne de marbre avec cette courte épitaphe sur son tombeau : D’Énéeenverssa nourriceCaiète Admireicile pieuxdévouement : Il mesauvadesGrecs, et par ce monument Desa reconnaissance il acquittala dette. Les Troyens détachèrent le câble qui retenait leur navire, et, laissant loin d’eux les artifices et le palais de l’infâme déesse, ils se dirigèrent vers le bois qui ombrage le Tibre avant qu’il porte à la mer ses ondes limoneuses. Reçu sous le toit de Lalinus, fils de Faune, Énée obtint la main de sa fille par une lutte terrible. Un peuple belliqueux lui fit la guerre, et Turnus, furieux, réclama l’épouse qu’on lui avait promise. La Toscane inonda le Latium, et l’on se disputa longtemps la victoire. Chaque armée s’accrut de forces éU’angères. La cause des Rutules et celle des Troyens eut de nombreux défenseurs. Énée ne se Perlimui, fateor, nactusquehoclitlus adhaisi. » 440 EIOJ1EDIS socn m AVESHUTAXTUR. IV. FinieratMacareus, urnaqueoeneianulrix Conditaraarmorea, tumulobrèveCarmenhabehat : Hic meCaieteunoloepielatisalumnns Argolicoereptamquodebiiilignécremavit. Solviturherhosoreligatusab aggcrefunis, 5’di Et proculinsidias, infamatsequerelinquunt Tectadeoe, lucosquepetunt, ubi nubilusumbra In marecumÛavaprorunipitTibrisarena, Faunigenoeque domopoliturnataqueLatini, Nonsinemarietamen.Bellumcumgénieferoci i.’it ! Suscipitur, pactaquefurit pro conjugeTurnus. ConcurrilLatioTyrrheniaiota, diuque ArduasollicitisVictoriaquaîriturarmis. Augetulerquesuasexlernoroborevires, Et multiRululos, multitrojanatuenlur iii.’i LIVRE XIV. 551 rendit pas vainement au palais d’Évandre. Mais Vénuluséchoua auprès du redoutable Diomède, qui, depuis son alliance avec le roi de l’Iapygie, avait élevé de superbes remparts dans les terres que.son épouse eut pour dot. Lorsque Vénulus, chargé de ce message, demanda des secours au héros de l’Étolie, celui-ci s’excusa, en alléguant qu’il ne voulait point exposer aux hasards des combats les sujets de son beau-père, et que ses compagnons étaient en trop petit nombre pour leur faire prendre les armes. « Ne croyez pas, dit-il, que ce soit un vain prétexte. Quoique de tristes souvenirs me pénètrent d’une douleur amère, j’aurai la force de les rappeler. La fière Pergame avait péri et Troie s’était abîmée dans l’incendie allumé par les Grecs. Ajax, coupabled’avoir arraché une vierge du temple de Minerve, attira sur les Grecs la peine que seul il avait méritée. Dispersés, emportés par les vents sur des mers ennemies, nous eûmes à lutter contre la foudre, les ténèbres, la pluie, et tout le courroux du ciel et de la mer. Capharée mit le comble à notre désastre. Je ne m’arrêterai pas à décrire la longue suite de mes déplorables aventures. La Grèce alors put paraître digne de pitié, même à Priam. Cependant l’appui de Pallas me sauva des flots. Castra.Neque_ ! 3neas Evandriadliminafrustra, AtVénulusfruslramagniDiomedisad urbem Yenerat.111equidemsubIapygemaximaDauuo Moeniaeondiderat, dotaliaquearvalenebat. SedYenulusTurnipostquammandataperegil, 400 Auxiliumque petit, viresailoliushéros Excusât, nec se socericommitterepugnoe Yellesuipopulos, nec, quose gentesuorum Armel, hahereviros : « Nevehoeccommentaputetis. Admonituquanquamluclusrenovanturamaro, 465 Perpeliarmemoraretamen.Postquamalla eremalaest Ilion, et danaaspaveruntPergamaflammas, Naryciusque héros, a virginevirgiuerapta, Quammeruitsoluspoenamdigessilin omnes, Spargimur, et venlisinimicaper oequorarapti, 470 Fulmina, noctem, imbres, iramcoeliquecarisque PerpetimurDanai, cumulumqueCaphareacladis. Nevemorerreferenstristeses ordinecasus, GraciatumpotuitPriamoquoqueflendavideri. Metameuarniiferieservatumcura Minervoe 475 552’ MÉTAMORPHOSES. Maisun nouvel exil m’éloigna d’Argos, ma patrie. Irritée d’une ancienne blessure, Vénus s’en vengea cruellement. J’essuyai tant de maux sur mer el sur terre, que j’enviai souvent le bonheur de mes amis entraînés au fond des abîmes par la tempête ou par le redoutable Capharée, et que je regrettai de n’avoir point péri avec eux. Mescompagnons, épuisés par les fatigues de la guerre et des flots, perdirent courage et demandèrent le terme de leur traversée. Le bouillant Acmon, aigri par nos revers, s’écria : « Compagnons, « que resle-t-il maintenant qui puisse étonner votre courage ? Queîs « coups Vénus peul-elle tenir en réserve, si toulefoiselle songe à « nous frapper ? La crainte d’un surcroît de maux n’exclut pas « l’espérance. Mais, au comble de l’adversité, on foule aux pieds « la crainte, el la sécurité naît de l’excès du malheur. Qu’importe « que Vénus m’entende et qu’elle poursuive de son ressentiment « tous les amis de Diomède ? Nousle méprisons, et nous pouvons, « sans beaucoup d’efforts, parvenir à une grande puissance ! » « Cesparoles d’Acmon raniment le courroux de Vénus et ressuscitent sa vieille haine. Elles sont à peine applaudies par quelques Grecs. Le plus grand nombre les condamne. 11allait parlet Fluctibuseripuit.Patriissedrursusab Argis Pellor, et anliquomemoresde vulucrepoenas ExigitaimaVenus.Tantosqueper allalabores .^Equora sustinui, tantoslerrestribusarmis, l’t mihifelicessintilli sccpevocati, 480 Quoseommunishiems, importunusqueCapharcus Mersitaquis, vellemquehorumpars unafuissem. Ultimajam passîcomitésbelloquefretoque, Deficiunt, fincmqueroganterrons.AtAcmon Fervidusingcnio, tumveroet cladibusasper : 485 ii Quidsuperest, quodjam patienliavcslrarecuset « Ferre, viri ? dixil.QuidhahetCytherea, quodultra « (Yellcputa)faciat ? Namdumpejoralimenlur, it Estin votalocus.Sorsautemubi pessimarerum, « Subpedibuslimorest, securaquesummamalorum. 490 « Audialipsa, licet : licet, ut facit, oderitomnes « SubDiomèdeviros.Odiumtamenilliusomnes « Spernimus, et parvoslalmagnapolenlianobis. » « TalibusinvitamYeneremPleuroniusAcmon Instimuîalverbis, veteremqueresuscitatiram. 405 Dictaplacentpaucis ; numerimajorisamici LIVRE XIV. 555 encore : mais sa voix diminue et son gosier se resserre. Sa chevelure se change en un plumage qui couvre son cou, son sein et son dos ; sur ses bras repliés naissent des ailes ; des doigts remplacent ses pieds, et sa bouche s’allonge en un bec dur et pointu. A la vue de cette métamorphose, Lycus, Idas, Nyctée, Réthénor et Àbas restent immobiles d’étonnement. Mais, au milieu de leur surprise, ils subissent le même changement. La plupart de mes compagnons, également transformés en oiseaux, voltigent et frappent les rames de leurs ailes. Si vous me demandez quels étaient ces oiseauxcréés soudain, ce n’étaient pas des cygnes, mais ils en avaient la blancheur. A peine arrivé dans ces contrées et devenu le gendre de Daunus, j’ai reçu de lui les arides campagnes de Tlapygie ; mais je ne les habite qu’avec un faible reste de mes compagnons, n PATEEDEPOLIETRANSFORME EXOLIVIERSAUVAGE. V. Là finit le récit de Diomède. Vénulus quitta le royaume de Calydon, le pays des Peucétiens et les champs de la Messapie. 11y vit des grottes couvertes d’épais ombrages et d’où l’eau Àcmonacorripimus.Cuirespondereparanti Voxpariter, vocisqueviaest tenuata, comaque ]n plumasabstînt, plumisnovacollalegunlur, Pectoraque, et tergum ; majoresbrachiapennas 500 Àccipiunt, eubitiquelèvessinuanturin alas ; Magnapedumdigitosparsoccupât ; oraquecornu Induratarigent, finemquein acumineponunl. HuneLycus, huneIdas, et cumRethenoreNyclous, HunemiraturAbas, et, dummiranlur, eamdem

  • iO.*ï

Accipiuntfaciem, numerusqueex agminemajor Subvolat, el remosplausiscircumsonatalis. Sivolucrumquaisit subitarumformarequiris, Utnoneyenorum, sic albïsproximaeyenis. Vixequidemliassedes, et lapygisaridaDauni r>10 Arv.igênerleneominimacumpartemeorum. » PASTOR APULIJE INOLEASTBDM VERTITOR. V. HactenusŒnides. Vénuluscalydoniarégna, Peueetiosque sinus, messapiaquearvarelinquit. In quibusanira videt, quajmuîlanubilasilva, 554

MÉTAMORPHOSES
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distillait goutte à goutte. Elles étaient la demeure de Pan, après avoir été jadis celle des Nymphes. Un berger d’Apulie les ayant épouvantées, elles prirent la fuite. Quand elles furent revenues de leur frayeur soudaine, elles méprisèrent les poursuites du pâtre et se mirent à danser. 11se moqua de leurs pas, et, les contrefaisant par des sauts rustiques, il joignit de grossiers outrages à des paroles obscènes, et ne se lut qu’au moment où Fécorce d’un arbre enveloppasa gorge. Métamorphoséen olivier sauvage, il atteste par ses fruits la nature de son caractère : leur amertume exprime celle de ses discours et en reproduit l’âprelé. VAISSEAUX D’ÉNÉECIIAXCÉS ES SIHPHES. VI. Les députés, à leur retour, annoncèrent le refus de Diomède. Les Hulules, quoique privés de son appui, affrontent les hasards de la guerre, el des ilôts de sang coulent de toutes parts. Turnus embrase les vaisseaux troyens : ceux que Fonde a épargnés craignent l’incendie. Il dévore la poix, la cire et toutes les matières capables de l’alimenter. Du mât il monte jusqu’aux voiles, el les El levibusguttisroanantia, seraicaperPan Mo Nunclenel ; al quodamtenuerunttcmporeNymphoe. Appulusbas illa paslorregionefugatas Terruit, et primosubitaformidinemovit. Mox, ubi mensrediit, et contempseresequentem, Adnumerummotispedibusduxerecboreas. 520 Improballiaspastor, saltuqueimitalusagresli Addiditobseeniseonviciaruslieadiclis, Necpriusoblicuit, quamgulturacondiditarbor. Arborenimest, suceoquelicetcogneseeremores ; Quippenotamlingua ; baccisoleasleramaris 185 Exhibet : asperilasverborumcessitin illas. 1ESEMKAVES NÏSIPH.E FIDNT. VI. Hincubi legaliredierc, negalaferentes Armacelolasibi, Rululisineviribusillis Bellainstructagerunl ; multumqueab ulraquecruoris Partedalur.Fortecceavidasin pinçaTurnus 550 Testa faces, ignesquetiment, quibusunda uepercil. Jamquepicemet eeras, alimenlaquecaiteraflammoe Mulciberurebat, perquealtumad carbasamalum LÏYRE XIV. 555 bancs des rameurs vomissent des tourbillons de fumée. L’auguste mère des dieux se souvient alors qu’ils ont été construits avec des pins de rida. L’air retentit du bruit aigu des cymbalesd’airain et des sons de la trompette. La déesse s’élance sur son char traîné par des lions docilesau frein, et s’écrie : « Tonbras sacrilège, Turnus, propage en vain l’incendie. Je déroberai cette flotte à ta fureur, et je ne souffriraipas que le feu consume ces vaisseauxsortis des bois qui me sont consacrés. » A ces mots, la foudre gronde et la grêle bondit avec des torrents de pluie. Les vents troublent les airs et bouleversent les flots dans leurs luttes terribles. La bienfaisante Cybèlen’a recours qu’à un seul de ces agents pour briser les câbles qui retiennent les vaisseaux troyens. Elle les entraîne et les engloutit au fond des abîmes. Soudain leur bois s’amollit et revêt la forme humaine ; les poupes se changent en têtes, les rames en doigts et en jambes qui sillonnent les ondes ; les flancs restent ce qu’ils étaient ; la carène, plongée dans la mer, devient l’épine du dos ; les cordages se transforment en cheveuxflexibles, et les antennes en bras : leur couleur’d'azur ne subit point de mélamorIbat, et incurva ; fumabanttranstracanna », Quummemorbas pinusidceoverticeeoesas U5D Sancladeumgenitrix, tinnitibusaérapulsî .-Cris, et inûaticomplevitmurmurebuxi, Perquelevésdomitisinvectaleonibusauras : « Irritasaerilegajactasincendiadextra, Turue, ait. Eripiam, necme patientecremabit o4’.l ïgnisedaxnemorumparteset membrameorum. » Intonuil, dicenledea, lonitrumquesecuti, Cumsalientegravescecideruntgrandinenimbi, Aeraque, et subitistumidumconcursibusoequor Àstroeiturbantet euntin prailiafratres. ,’J4j E quibusaimaparensuniusvinbususa, Sluppeapraîrumpitphrygiieretimiculaclassis, Fertqueratesprônas, medioquesuba ; quoremergit. ïloboremollito, lignoqueincorporaverso, In eapitumfaciempupposmutanturaduncoe ; ouU In digilosabeuntet cruranatantiarenii ; Quodqucprius fuerat, lalusest ; mirdiisque carina Subditanavi^ib, spinoemutaturin usuni ; Linacomaïmolie^, antcniucbrachiafiuni ; CXTUIUS, ul Puerai, eolorest ; quasqueanteinnebant, oiiE> 556 MÉTAMORPHOSES, phose. De jeunes Néréides se jouent au sein des mêmes eaux qu’elles redoutaient naguère. Nées sur d’âpres montagnes, elles habitent les flots mouvants : leur origine ne leur arrache aucun regret. Cependant les nombreux dangers qu’elles ont couru sur la mer. ne s’effacent point de leur mémoire. Souvent elles secourent les navires battus par la tempête, excepté ceux des Grecs : le souvenir des malheurs de Troie les leur rend odieux à jamais. Elles virent d’un œil satisfait les débris du vaisseau d’Ulysse ; elles virent avec une égale joie celui qu’il reçut d’Alcinpûs devenir immobile el prendre la forme d’un rocher.. OISEAUKÉDESCENDRES DELAVIIXED’ARDÉE. VIL Les vaisseaux étaient devenus des Nymphes. On pouvait espérer qu’effrayé de ce prodige, le roi des Rulules renoncerait à la guerre. Mais il persista. Chaque parti avait des dieux propices, et, ce qui équivaut aux dieux, un courage intrépide. Ce n’était plus un royaume pour dot, ni lé sceptre d’un beaupère, ni toi-même, Lavinie, qu’ils convoitaient ; c’était la victoire. La honte de poser les armes prolongeait les combats. Vénus vit enfin triompher celles de son fils. Turnus succomba, et avec lui lilasvirgïneisexercentlusibusundas A’iiidesaiquoreie ; durisquein moulibusorlai Moïlefretumcélébrant ; neceas sua tangitorigo, NontamenoblifEe, quammuilapericulasaivo Perlulerintpelago, jaclalissoepecarinis MGO Supposueremanus, nisi si qua vebebalÀcliivos. Cladisadbucpbrygiaimemores, oderePelasgos ; Neriliîeqneratïsviderunlfràgminalaclis Vultibus, et laitiEvidererigeseerepuppim CaulibusAlcinoi, saxumqueinerescereligno. iiGii EXCISERIBUS MIDISAUDE*OFITURAVIS. VII. Speserat, in Nympbasanimataclassemarinas, PossemetumonslriRululumdesisterebello. Perslat ; habclquedeosparsulraque, quodquedeorum Instar, habentanimos.Necjam dotaliarégna, Necsoceriseeptrum, nec te, Laviniavirgo,

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Sedvicissepelunt, deponendiquepudore Bellagerunt.TandemqueVenusviclrieianali Armavidet, Turnusquecadit.CaditArdea, Turno UYRE XIY. 557 Ardée, célèbre par sa puissance, tant que vécut Turnus. A.peine eut-elle été renversée par le fer, à peine ses toits eurent-ils disparu dans les flammes, que du milieu de ses décombres s’élança un oiseau qui parul alors pour la première fois, et qui soulevales cendres du battement de ses ailes. Sa voix, sa maigreur, son manteau gns, tout est l’emblème d’une ville prise. Il garde encore le nom d’Ardée, et semble, par ses tressaillements, en déplorer le destin. ÉNÉEMÉTAMORPHOSÉ ENDIEU. Mil. Enfin les dieux et Junon elle-même, désarmés par la vertu d’Énée, avaient étouffé leurs anciens ressentiments. Le fils de Vénus avait jeté les fondements de l’empire du jeune Iule. Le temps était venu pour lui de prendre place au céleste séjour. Aprèsavoir brigué le suffrage des Immortels, Vénus, suspendue au cou de son père, lui dit : « Vous qui jamais ne fûtes inexorable pour moi, exaucez aujourd’hui mes vœux, je vous en conjure. Qu’Énée, issu de notre sang, et fier de vous avoir pour aïeul, obtienne un rang parmi les dieux, fût-ce le plus modeste. C’est assez pour lui d’avoir une fois vu le hideux empire des Mânes et franchi les eaux du Sospite, dictapotens.Quamposlquambarbarusensis Abslulii, et lepidalatucrunttcclafavilln, 57."î Congeriee médialuni primumcognilaproepes Subvolat, et cineresplausiseverberatalis. Et sonus, et macies, et pallor, et omniaeaplam Quoedeeeanturbem.riomenquoquemansitin illa tirbis, et ipsasuisdeplangiturArdeapenni>. iiSO .EXEAS IN.DEU5ICONVERSUS. VMi.Jamquedeosomnes, ipsamqueaineiavirtus Junonemveteresfinireeoegeratiras, Quum, benefundstisopibuscrescenlisIuli, Tempeslivuserat coelocylbereiusberos ; Ambieralque VenusSuperos, colloquepnrentis 5So Circumfusasui : •(Munquammihi, dixerat, ullo Temporedure pater, nuncsismitissinmsoro, .^neaiquemeo, qui te de sanguinenostro Feeitavum, quamvisparvum, des, optime, numen, Dummododesaliquod.Salisest inamabileregnum 5S0 Aspexisse ? emel, stygiossr-mclisse per amnes. » SS8

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Slyx. » La cour céleste applaudit ; la reine des dieux cessa de montrer un visage impassible et consentit en souriant. Jupiter s’exprima ainsi : « Vous méritez tous deux celte faveur, toi qui la sollicites et le héros pour qui lu l’implores. Reçois, ma fille, l’honneur que lu demandes. » Transportée de joie, Vénus rend grâces à son père. Son char, attelé de colombes, la transporte dans les champs de Laurenle, à l’endroit même où le Numicius, couronné de roseaux, se rend à la mer voisine. Elle commande au fleuve d’enlever à Enée cequ’il a de mortel, et d’emporter silencieusement sa dépouille au sein des flots. Le fleuve obéit. Par le contact de ses eaux il détache d’Énée toutes les souillures terresIres, el ne lui laisse que l’essence divine. Dès que le héros est purifié, sa mère le parfume, répand sur ses lèvres le nectar mêlé à l’ambroisie, et le change en un dieu que le peuple de Quirinus honore sous le nom d’Indigèle. Un temple el des autels lui sont consacrés. VERTUMXE ETPOMO.NE. — IPilISETAXAXARÈTE. IX. Dès lors Ascagne, connu aussi sous un autre nom, règne Assenseredii, necconjuxregia-vullus Immotoslenuit, plaealoqueannuilore. Tumpaler : « Estis, ait, coelestimuneredigni ; Quiequepetis, proquoquepetis : cape, uata, quodoptas. » oii5 Fatuserat.Gaudet, gralesqueagitillaparenti ; Perquelevésaurasjunctisinvectacolumbis, Liltusaditlaurens, ubi tectusarundineserpit lu frétailumiueisvicinaNumiciusundis. IluncjubetiEneai, quoecumque obnoxiamorti, 600 Abluere, et taeitodéferresuboequoracursu. CornigerexsequiturVenerismandata, suisque, Quidquidin Aïneafueratmortale, repurgal Et respergitaquis : parsoptimarestititilli. Lustratumgenitrixdivinocorpusodore oOîi Unxit, et ambrosiacumdulcineelaremixla Coutigitos, fecitquedeum, quemlurbaQuirini KuncupalIndigetem, temploquearisquerecepit. VERTUaXUS ETPOMONA.IPHISETAXAXARETES. IX. IndesubAscaniidilionebinominisAlba, LIVRE XIV. 559 dans Albe et sur les Latins. II a pour successeur Silvius. Son fils Latinus hérite d’un nom célèbre, et d’un trône antique. Après cet illustre monarque, on voit tour à tour sur le trône Alba, Epitus son fils, Capétuset Capys ; mais Capysavant lui. Tibérinus leur succède. Englouti dans le fleuve de Toscane, il lui lègue son nom, et laisse deux fils, Rémulus et le fier Acrotas. Rémulus, le plus âgé, périt frappé de la foudre pour l’avoir imitée. Plus sage que son frère, Acrotas transmit le sceptre au courageux Aventin, qui, enseveli sur la montagne où fut établi son empire, lui donna son nom. Enfin l’empire appartenait à Procas, né sur le mont Palatin. Sous son règne vécut Pomone. Parmi les Hamadryadesdu Latium, aucune ne fut plus habile dans la culture des jardins, aucune ne connut mieux celle des vergers : c’est même de là qu’elle lire son nom. Elle n’aimait ni les bois ni les fleuves ; les champs et les arbres fruitiers avaient seuls des charmes pour elle. Sa main, au lieu du javelot, portait mie serpe. Tanlôt elle retranchait le luxe des rameaux qui s’étendaient trop loin, tantôt elle greffait une branche sous l’écorce entr’ouverte, et fournissait d’heureux sucs à Resquelatinafuit.SucceditSilviusilli. CIO Quosatus, antiquotenuitrepetitaLatinus Nominacumsceptro.ClarumsubitAlbaLatinum. Epilosen.illo. rosi huneGapetusque, Capysque, SedCapysantefuit.RegnumTibérinusabillis Cepil, et in tuscidemersusfluminisundis, Glu Nomiuafeeitaqua ;.DoquoRemulusqueferosque Acrotasuntgeniti.Rémulus, mafurioraunis, Fulmineoperiit, imitalorfulmiois, ictu. FratresuoscepUummoderaliorAcrotaforti TraditAventino, qui, quoregnarat, codera 020 Montejacet positus, Iribuitquevocabulamonti. JamquepalatinussummamProcagentisbabebat. Regcsub iioePomonafuit. Quanullalatinas InlerIlamadryadas coluilsolertiusliorlos, Necfuit arboreistudiosioraltérafoetus, i>2 ; > ïjndetenetnomen.Nonsilvasilla, necamnes ; Rusamat, et ramosfeliciapomaferenles. Necjaculogravisest, sedaduncadexterafalce, Quamodoluxuriempremit, et spatiantiapassim Ilrachiaeompescit ; fissamodocorlicevirgam 030 Inserit, et succosalieuopnebetalumno. 5G0

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ce rejeton étranger. Attentive aux besoins des plantes, elle les arrosait en conduisant des rigoles à leurs racines altérées. Cessoins l’absorbaient tout entière et la rendaient insensible alix douceurs de l’Amour. Pour se soustraire à la violence des habitants’de ces campagnes, elle fermait l’entrée de son jardin et fuyait la présence des hommes."Que de vaines tentatives ne firent pas pour obtenir ses faveurs les Satyres, amis de la danse, lesTans, couronnés de pin, Silvain, toujours plus jeune que son âge, et le dieu dont la faux ou la nudité épouvanté les voleurs 1 Vertumne, qui brûlait d’un amour plus grand encore, n’eut pas plus de succès. Combien de fois, sous un costume rustique, ne porta-t-il pas une corbeille d’épis, comme un-véritable moissonneur ! Souvent sa tête était couronnée d’un vert gazon qui semblait fraîchement coupé ; souvent, en le voyant armé de l’aiguillon, on eût juré qu’il venait de dételer ses bœufs. Tenait-il la serpe, on le prenait pour un émondeur. Une échelle sur l’épaule, on aurait cru qu’il allait cueillir des fruits. Avec l’épée, c’était un soldat ; avec la ligne, c’était un pêcheur. A la faveur de mille déguisements, il s’ouvrit Necpatitursentiresitim, bibulaxmerecuvvas Radicisfibraslabentibusirrigatundis. Hicamor, hocstudium.Venerisquoquenullaeupido. Vimtamenagrestummetuens, pomariaclaudit Côo Intus, et accessusprobibetrefugilqueviriles. Quidnon et Salyri, saltatibusaplajuvenlus, Fecere, et pinu proecinetieornuaPanes, Siîvanusque, suis semperjuveniliorannis, Quiqucdeusfuresve ! falee, vel inguinelerrel, G40 Utpoterenlurea ? Sedenimsuperabatamando FJosquoqueVeriumnus, nequeerat feliciorillis. Oquoliesliabiluduri messorisaristas LCorbelulit. veriquefuit messorisimago ! Temporasaipegerensfoenoreligatarecenli, 645 Deseclumpoteratgramenversassevideri. Ssepemanustimulosrigidaportabal, ut illum Juraresfessosmododisjunxissejuvencos. Falcedata, frondatorerat, vitisquepulalor ; Induerotscalas, lecturumpomapularcs ; CaO Mileserat gladio, piscatorarundiiiesumpla. Peiiiqncper mullasa.ditumsitiîsaipefiguras LIVRE XIV. 561 enfin un accès auprès de Pomone, el put jouir du bonheur de contempler sa beauté. Unjour, le front ceint d’un bonnet bariolé, un bâton à la main, les tempes garnies de cheveux blancs, il se travestit en vieille et entra dans les riants vergers de Pomone. En admirant ses fruits, il s’écria : « Quel art merveilleux ! » Aux éloges succédèrent quelques baisers, mais bien différents de ceux qu’eût donnés une vieille. 11s’assit sur un tertre et regarda avec surprise les branches pliant sous les trésors de l’automne. Vis-à-vis, un ormeau étalait au loin ses rameaux chargés de raisins déjà mûrs. 11loua son union avec la vigne. « Si cet arbre, dit-il, toujours privé de compagne, fût resté séparé du sarmenl, on ne le rechercherait que pour son feuillage. Si celle vigne, qui embrasse l’ormeau, ne lui était pas unie, elle ramperait à terre. Cependant son exemple ne te louche pas : tu crains de contracter un doux lien. Ah ! plût aux dieux que lu le voulusses ! Tu verrais autour de loi autant de soupirants qu’Hélène, autant que la princesse qui suscita les combats des Lapithes, et que l’épouse d’Ulysse, dont le courage confondit de lâches prétendants. Tu dédaignes ceux qui briguent la Repperit, ut caperetspeclala ; gaudiaforma ;. Dieetiampiclaredimituslemporamitra, liinitensbaculo, positisad temporacanis, 655 Assimulavitanum, cultosqueintravitin korlos, Pomaquemiralaest : « Tanloqueperilior ! » inquil ; PaucaquelaudaUedédit oscula, qualianunquam Veradedissetanus, glebaqueincurvaresedil, Suspicienspandosaulumnipondèreramos. GOÛ Ulmuseral contraspatiosalunientibusuvis ; Quamsociapostquamparitercumvitepiobavit : « Atsi slaret, ait, caîlebssine palmitetruncus, Nilprater frondes, quarepeteretur, haberet. Hoecquoque, qua ; junctavitisrequiescitin ulmo, 605 Siuon nuplaforet, terraiacclinatajaceret. Tu tamenexemplenontangerisarborisbujus, Concubitusque fugis, nec le conjungerecuras ; Alqueulinamvelles ! Hélènenon pluribusesset Sollicitalaprocis, necquoelapitheiamovit u’W Praslia, nec conjuxlimidisaudacisUlyssei. Nuncquojue, quumfugiasaverserisquepclcntes, 562

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main ; el pourtant mille rivaux la convoitent, des deini-dieux, des Immortels et toutes les divinités des montagnes d’-AlheiMais, si tu es sage, si, pour former un heureux hymen, tu veux prêter l’oreille aux conseils d’une vieille qui te chérit plus que les amants, plus que lu.ne le crois, repousse des flammes vulgaires. Choisis Verlumne ; prends-le pour époux : je réponds de son amour. Il ne se connaît pas.mieux que je ne le connais moi-même. Ce n’est pis un.inconstant toujours errant dans l’univers : ces lieux seuls lui plaisent. Bien différent de la plupart des poursuivants, la dernière femme qu’il voit n’est pas celle qu’il préfère. Tu seras son premier et son dernier amour ; c’est à toi seule qu’il consacrera sa vie. 11est jeune. Il a reçu la beauté en partage, el prend à son gré mille formes diverses. Jl revêtira toutes celles qu’il le plaira. Que dis-je ? n’avez-vous pas les mêmes goûts ? N’est-ce pas à lui qu’appartiennent les prémices des fruits que tu cultives ? Ne reçoit-il pas tes dons avecjoie ? Aujourd’hui ce ne sont ni les fruits cueillis sur les arbres qu’il désire, ni les délicieuses plantés de ton jardin : il ne recherche que loi. Prends pitié de.ses feux. Crois que, présent en ces lieux, c’est lui qui t’implore par-ma bouche. Redoute les Milleprocicupiunt, et semideique, deique, Et quiecumqueleneulalbanosnuminamontes. Sedtu, si sapies, si le benejungere, anumque 675 Uancaudirèvoles, quaile plus.omnibusîllis, Plus, quamcredis, amo ; vulgaresrejicetiedas, Yertumnumque toiï sociumtibi delige.pro quo Mequoquepignusbabe ; nequeenimsibi noliorilleest, Quammibi ; nectotopassimvagûserrai in orbe. 6S0 Hoeclocasolacolit ; nec, uti ; parsmagnaprocoruni, Quammodovidit,’amat.Tu pr’îmus, et ultimusilli Ardoreris, soliquesuos tibi devovetannos. Adde, quodest juvenis, quod naturaîedecoris Munuskabel ; formasqueaptefingeturin omnes ; GSîi Et, quoderit jussus, jubeaslicet omnia, fiet. Quid, quodamatisidem ? quod, qusetibipomacolunlur, Primusbabet, ketaquetenet tua muneradexlra ? Sednequejam foetusdesideratarboredemptos, Née, quashortusalit, curasuccismitiliusIierbas, GUI) Necquidquam, nisi te. ïliserereardentis, et ipsuiu> Quipetit, oremeopriesentemcredeprecari. tlltoresquedeos, et pectcradura perosam LIVRE XIV. 565 dieux vengeurs ; redoute le ressentiment de Vénus qui hait les cœursinsensibles, et l’implacable colère de Némésis. Pour t’inspirer plus de crainte, je vais (car un long âge m’a beaucoup appris) te raconter une aventure très-connue dans l’île de Chypre : elle pourra te fléchir et désarmer tes rigueurs. « Issu d’une famille obscure, Iphis avait vu Anaxarète, illustre rejeton de l’antique Teucer. A son aspect, il s’élait senti consumé de tous les feux de l’amour. Longtemps il lutta contre son délire ; mais, ne pouvant le vaincre par la raison, il se rendit en suppliant au palais.d’Anaxarèle. Là, tantôt il fit à sa nourrice l’aveu d’un amour malheureux, et la conjura, par les premiers soins donnés à sa maîtresse, de ne point fermer l’oreille à ses prières ; tantôt, adressant des paroles caressantes à chacune des nombreuses suivantes de la princesse, d’une voix pressante il invoqua leur appui. Souvent il confia à des tablettes la tendre expression de son amour ; quelquefois il attacha aux portes des couronnes baignées de ses larmes, ou s’assit sûr le seuil, et accablad’imprécations les cruels verrous. Plus sourde que la mer qui s’enfle au coucher des Chevreaux, plus dure que le fer sorti des forges de la Norique et que le roc enraciné dans la terre, Anaxarète le méprisa. Elle rit de sa Idalien, memoremquelimeRliamnusidisiram. Quoquemagislimeas(etenimmibimultavetustas 69§ Sciredédit), toia referamnotissimaCypro Facla, quibusflectifacileet miteseerepossis. « Videraia veterisgenerosamsanguineTcueiï IphisAnaxareten, humiiide slirpecreatus ; Viderat, et lotis perceperatossibusaistum. 700 Luctatusquediu, postquami’alionefurorem Vincerenon poluit ; suppïexad liminavenit. Et modonutrici miserumconfessusamorenij Nesibidura foret, per spesoravitalùmnai ; Et modode multisblandituscuiqueminislris, 705 Sollicitapetiil propensumvocefavorem. Soepeferendadéditblandissua verbatabeilis ; Interdummadidasïacrymarumrore coronas Poslibusintendil, posuitquein limineduro Mollelatus, Iristiquesera ?, conviciafecit. 710 Surdiorilla fretosurgente, cadentibusHiodis ; Durioret ferro, quodnoriçusexcoquilignis, Et saxo, quodadbucvivaradiéetenetur, .564

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flamme, et, joignant l’outrage à ses dédainssuperbes, elle interdit même l’espoir à son amant.’Iphis ne put supporter de plus longs tourments, et, à la porte de celle qu’il aimait, il prononça ces dernières paroles : « Tu l’emportes, Anaxarète. Tu n’auras plus à « souffrir mes importunités. Prépare de joyeux triomphes, , fais « entendre des chants de victoire, couronne-toi de laurier. Tu « l’emportes, et je meurs ! Réjouis-loi, barbare ! Cependant tu « seras forcée de me louer. Il y a du moins une chose qui te « plaira en moi et qui te fera reconnaître que je méritais d’être « aimé. Souviens-toique mon amour ne finira qu’avec ma vie, et « que le même instant me ravira cette double existence ! La Re « nommée ne viendra pas l’apprendre ma mort. Ce sera moi « même, n’en doute pas, qui me montrerai devant toi pour re « paître les yeux cruels de mes restes inanimés. Et vous, ô dieux ! « si le.sort des mortels vous louche, souvenez-vous de moi. Ma « langue ne saurait exprimer d’autres vœux. Faites vivre mon « nom dans un long avenir, et ajoutez à ma mémoire ce que vous « avez retranché de mes jours. » « A ces mots, les yeux levés et les bras, tendus vers les portes Spernil, el irridet, faclisqueimmitïbusaddit Yerbasuperbaferox, et spe quoquefraudâtamaulem, 715 Nontulil impatienslongitormentadoloris Iphis, et anteforeshaieverbanovissimadixit : « Vincis, Anaxarète ; nequeerunt libi toediatandem « Ullaferendamei.Lrelosmoliretriumphos, « Et Poeanavoca, nilidaqueincingerelauro. 720 « Vincisenim, moriorquelibens.Age, ferrea, gaude. « Certealiquidlaudaremeicogeris, erilque « Quotibisim.gratus, meritumquefalebereûostrum. « Nontamenante lui curamfinissemémento, « Quamvitam, geminaquesimulmibilucecarendum. 725 KNeclibifamameivenluraest ; nuntia letbi, « Ipseego, ne dubites, adero, praîsensquevidebor, « Corporeut exanimicrudeliolumiuapascas.

» <Si tamen, o Supcri, morialiafata videtis, 

« Estemeimemores(nibilultralinguaprecari 730 « Sustinet) ; el longofacileut memoreraurin oevo, « El, qutedempsislisvital, datelempprafamoe. » « Dixit, et ad postesornatossaipecoronis, Humenlesœulos, cl pallidabracbialendens, LIVRE XIV. 565 qu’il para souvent de couronnes, il altache à leur soininel un cordeau, et s’écrie : « Sonl-ce là les guirlandes qui te plaisent, tille « barbare et cruelle ? » En même temps il passe sa tête dans le nœud, en se tournant encore vers Anaxarète. Le poids de son corps serre le lacel fatal, el il reste suspendu. Ses pieds, en s’agitanl au milieu des convulsionsde la mort, frappent la porle qui semble gémir. Elle s’ouvre et laisse voir un spectacleaffreux. Les esclaves poussent des cris et se hâtent en vain de le secourir. Son père n’était plus. Ils le portent chez sa mère, qui le reçoit sur son sein el presse dans ses bras son corps glacé. Après avoir exhalé ses plaintes el s’être livrée à tout le désespoir d’une mère dans une si grande infortune, elle conduit à travers l’enceinte de la ville les tristes funérailles de son fils, el porle sur le bûcher sa malheureuse dépouille. La demeure de l’insensible Anaxarète se trouvait par hasard sur la voie de la pompe funèbre. Le bruit des sanglots parvient à ses oreilles. Déjàun dieu vengeur l’agile. Dans son trouble : « Voyons, dit-elle, ces tristes obsèques. » Aussitôt, elle monte au haut de son palais el se place à une fenêtre ouverte. A peine a-t-elle aperçu Iphis sur le lil funèbre, que ses yeux deviennent fixes ; elle pâlit, et le sang se glace dans ses veines. Elle Quumforibuslaqueireiigaretvinculasunimis : 755 « Hasetibiserta placent, crudeliset iiupia ? » dixit ; lu ; oruiLquccapiu, sedtumquoqueversusad iiïaiu, Alqueonusinfelixelisafaucepependit. IctapedummotuIrepidantummortegementem Visadédissesouuuiest, adaperlaquejanuafactum 710 Prodidit.Exclamantfamuli ; frustraquelevalum (Nampaleroccideral)referuntad liminamalris. Accipitillasinu, complexaque frigidanati Membrasui, postquammitcrorumverbapaiviilum Edidit, et matrummiserarumfartaperegit, 7K> Funeraducehutmediamlacrymosaper urbem, Luridaquearsuroporlabatmembrafcrelro. Forteviteviciuadomus, quaflebilisibat Pompa, fuit ; durxquesonusplangorisad aures VeuitAnaxaretes, quamjamdeusultoragebal. 7oU Molatamen : « Vidcanius, ait, niiserabilcfunus, «  Eljiatulisiniit tectuinsublimefencslri : -. \’ixquebeneinipositun : lecloprospixerati[ihin, Dcrigueivoculi, calidusquee corporelanguis, 566 MÉTAMORPHOSES. veut reculer, mais elle reste immobile ; elle essayé de détourner la tête, mais elle ne peut la mouvoir Peu à peu la dureté du marbre, qui fut toujours dans son cœur, envahit ses membres. Ce n’est pas une fiction. Salamine possède encore la statue d’Anaxarète. Ony voit aussi un temple de Vénus Spéculatrice. « Nympheadorée, que Je souvenir de cette aventure, je l’en supplie, fasse tomber tes dédains et t’unisse à ton amant ! Pour une telle faveur, que les gelées du printemps ne flétrissent jamais les bourgeons de tes vergers, et que les vents orageux n’en détruisent jamais les fleurs ! » Dès que le dieu habile à revêtir toutes les formes voit l’impuissance de ses paroles, il reprend les grâces du jeune âge, et, dépouillant le masque de la vieillesse, il apparaît à la Nymphe dans tout l’éclat du soleil quand il sort vainqueur du sein des nuages et resplendit sans obstacle. Il se prépare à la violence ; mais la violence n’est plus nécessaire. Sa beauté a charmé Pomone, qui ressent à son tour les blessures qu’elle a faites. EAUXFROIDESr.HANGEES EN EAUXBOUILLANTES.APOTHÉOSE DEROMULUS ET DESOSÉPOUSEHERSILIE. X. Apres la mort de Procas, l’Ausonie passe sous le sceptre du lnductopallore, fugit : eonataqu’erétro 755 Ferrepedes, Inesit ; conataaverterevullus, Hocquoquenon poluit ; paulatimqueoccupâtartus, Quodfuitin durojampridempectore, saxum. Neveeafictaputes, domina ; subimaginesignum ServaladhucSalamis.Ve.nerisquoquenominelempluin 700 Prospicientishabet.Quorummemor, o mea, lentos Pone, precor, fastus, et.amanlijungere, Nymphe. Sictibi nec vernumnascenliafrigusadurat Poma, nec excutiantrapidifiorenliavenlï. » lïieeubinequidquamformasdeusaplusin omnes 765 tëdidit, in juvenemrediit, et anilia démit Instrumentasibi ; talisqueapparuitilli, Qualisubioppositasnilidissimasolisimago Evicitnubes, nullaqueobstantereîuxit. Vimqueparai ; sed vi nonest opus, inquefigura 770 CaptadeiNympheest, et mntuavulnerasentit. AQ.M3FRIGIDiE REDBDNTUR CALIBE. ’— ROMULUS HTBECS EJUS8DEUXORDIVA. X. Proximusausoniasinjusli milesAmuli LIVRE XIV. 567 cruel Amulius, et le vieux Numitor est rétabli sur son trône par ses petits-fils. On jette les fondements de Rome pendant les fêtes de Paies. Tatius et les Sabins lui font la guerre. Tarpéia leur ouvre le chemin du Capilole, et expie son crime sous un monceau de boucliers. Les enfants de Cures, tels que des loups ravisseurs, s’approchent en silence, fondent sur les Romains ensevelis dans le sommeil, et assiègent les portes que le fils dTlia avait munies d’une forte barrière. Mais une de ces portes, ouverte par Junon, tourne sans bruit sur ses gonds. Vénus seule entend tomber les verrous, et elle l’eût refermée, s’il n’était pas défendu à mie divinité de détruire l’ouvrage d’une autre. Les Naïadesd’Ausonie habitaient une fontaine dont les ondes fraîches baignaient le temple de Janus. Vénus invoque leur appui. Elles accueillent sa légitime demande, et font jaillir les eaux de toutes leurs sources. Cependant elles ne rendaient pas encore inaccessiblele temple de Janus en interceptant tous les chemins. Elles y mêlent le soufre et le bitume, qui font circuler la flamme dans les canaux souterrains et jusqu’à ses plus profondes retraites. Dès lors celte source, qui le disputait naRexitopes, Numitorquesenexamissanepotum Munererégnacapit, feslisqnePalilibusurbis Moeniaconduntur.Tatiusquepatresquesahini 775 Beiiagérant ; arcisqueviaTarpeiareclusa, Dignaanimampeenacongeslisexuit armis. Indesali Curibus, taeitorummoreluporum, Orepremuntvoces, et corporaviciasopore Invadunl, portasquepetunt, quasobjicefirma 780 Clauseratlliades.Unamtamenipsarecludit, NecslrepitumversoSaturniacardinefeeit. SolaVenusporta ; cecidisserepaguïasensit, Et clausurafuit, nisi quodrescinderenunquam Dislicetacta"deum.Janolocajuncta tenebant 7S5 N’aidesausonioe, gelidororantiafonle. Hasrogatauxilïum, necNympha ; justa petentem Sustinueredeam ; venasqueet ilumïnafontis Elicueresui. NondumtameninviaJani Oraparentiserant, nequeiter priecluserali.nda. 790 Luridasupponuntfecundosulfurafonti, Incenduntquecavasfumantebituminevenas. Viribushis aliisquevaporpenetravitad ima Fontis, et alpinomodoqusecertare.rigori 508

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guère en fraîcheur aux frimas des Alpes, ne le cède plus au feu. Des doubles portes du temple, atteintes par ces flols brûlants, s’élève la fumée. En vain un passage a-t-il été ouvert aux belliqueux Sabins ; ce fleuve nouveau leur oppose une barrière el donne aux enfants de Mars le temps de prendre les armes. Romulus s’avance le premier an combat. Le sol de Rome est jonché de Sabins et de Romains. Le fer impie confond le sang du beaupère et celui du gendre. Par un commun accord, la paix met fin aux horreurs de la guerre, el Talius esl associé à l’empire. A sa mort, Romulus assujettit les deux peuples aux mêmes lois. C’est alors que Mars, déposant son casque, adresse ces paroles au roi des dieux et des hommes : « Monpère, la puissance de Rome, établie sur de larges bases, ne dépend plus d’un seul chef. Il esl. temps d’acquitter les promesses envers moi el ton digne petitfils ; il est.temps de l’enlever à la terre pour le placer au ciel. Un jour, dans l’assemblée des dieux (je m’en souviens et ton bienveillant langage est gravé dans mon cœur), tu me dis que tu ne réservais qu’à Romulus la gloire de s’asseoir parmi les Immortels. Daigne accomplircette promesse. » Le maître du monde consent Audebalis, aquoe, nonceditisignibusipsis. 705 Flammiferagemiuifumantasperginepostes ; PortaquenequidquamrigidispermissaSabinis Fontefuitpraistructanovo, dummarliusarma lnduoretmiles.Qua ; postquamRomulus-ultro Oblulit, et strataest tellusromanasabinis NI11 Corporibus, strata estquesuis ; génériquecrunrem Sanguineeumsoceripermiscuitimpiusensis. Pacetamensistibellum, necin uitimaferro Decerlareplacet, Tatiumqueaccedereregno. OccideratTalius, populisqueaaquataduobus, S1I5 Romule, jura dabas, positaquumcassideMavors Talibusaffaturdivumquehominnmquc parenlem : < ; Tempusadest, genitor, quoniamfundaminemagno Resromanavalet, necproesidependelab uno, Pnemia, qua ; promissamihidignoquenepoti, S10 Solvere, et ablatumterrisimponerecoelo. Tu mihiconcilioquondamproesentedeorum (Nammemoror, memorique animopia verbanotavi), Unuserit, quemlu toilesin cserulacoeli, Dixîsli.Ratasit verborumsummatuorum, » $15 LIVRE XIV. 569 d’un signe de tête. Soudain les cieux se couvrent de sombres nuages ; les éclairs et la foudre font trembler l’univers. Le dieu des combats reconnaît que ses vœux sont exaucés. Appuyé sur son javelot, il s’élance avec calme sur son char sanglant qu’emportent ses coursiers. Il les presse du fouet, précipite leurs pas vers la terre, et s’arrête sur le mont Palatin qu’ombrage un bois épais. Là, le fils d’Ilia dictait ses lois à son peuple. Il l’enlève. Au même instant s’évanouit dans les airs tout ce que le héros eut de mortel, comme la balle de plomb, lancéepar la fronde, se fond et disparait dans la nue. Sous une forme majestueuse il repose sur les coussinsdes dieux, semblable à Quirinus revêtu de la trabée. Jîersilie pleurait la mort de son époux. Junon envoie Iris consoler en ces termes la reine affligée de son veuvage : « 0 toi, la gloire du Latium et des Sabins, lu fus la digne compagne d’un grand homme ; tu mérites maintenant d’être celle du nouveau dieu. Sèche les pleurs. Si tu veux voir ton époux, suis-moi dans le bois sacré qui s’élève sur le mont Quirinus et ombrage le temple du roi des Romains. » Iris obéit. A travers l’arc nuancé de ses AnnuitOmnipotens, et nubibusaéracsecis Occuluit, tonitruqueet fulgureterruitorbem. Quiesibipromissesensitdatasignarapina ;, Innixusquehasta ;, pressostemonecruento ImpavidusconscenditequosGradivus, el iclu 820 Verberisincrepuit, pronumqueper aéra lapsus, Constititin summonemorosicollePalati, Reddentemque suojam regiajura Quiriti Abslulitlliadem.Corpusmorlaleper auras Dilapsumtenues ; ceu lata.plumbeafunda S2îi Missasoletmedioglansincandescerecoelo, Pulchrasubitfaciès, et pulvinaribusaîtis Dignior, et qualistrabeatiformaQuîrini. Flebatut amissumconjux, quumregiaJur.o Irin ad Flersiliamdescenderelimitecurvo

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lmperat, et vacuassua sicmandatareferre : « Œt de Ialia, o et de gentesabina Praicipuum, malrona, decus, dignissimatanti Antefuisseviri, conjuxnuncesseQuîrini, Sisteluosflelus ; et, si libicuravidendi 853 Conjugisest, duce me, lucumpelé, collequirino Quiviret, et templumromanirégisobumbrat. » Paret, et in lerrampictosdelapsaper arcus, 32. 853 570 MÉTAMORPHOSES. mille couleurs, elle descend vers la terre et transmet à Hersilie les ordres de Junon. La reine ose à peine lever un œil modeste : « O déesse ! dit-elle(car s’il m’est difficile dédire qui vous êtes, je ne saurais douter que vous ne soyez une divinité), guidez-moi, oh ! guidez-moi, et montrez-moi mon époux ! Si les Destins me permettent de le voir encore une fois, je me croirai transportée dans le palais des dieux. » Aussitôt elle se dirige avec Iris vers la colline consacréeà Romulus. Une étoile paraît, l’entoure de lumière, dévore ses cheveux, et remonte avec elle au céleste parvis. Le fondateur de Rome la reçoit avec amour dans ses bras, et, changeant à la fois sa forme et son nom, il l’appelle Hora. Les Romains unissent aujourd’hui son culte à celui de Quirinus. IlersiliamjussiscompellalvocibusIris. Illa, verecundovixtollensluminavultu : S40 e Odea(namquemihi, necquresis dicerepromptumest ; Et liquetessedeara), duc, o duc, inquit, et offer Conjugisoramibi.Qiuesi modopossevidere Fatasemeldederint, coelumaccepissefatebor. » Necmora, romuleoscumvirginethaumanlea 845 lngrediturcolles, lbi sidusab ailherelapsum Deciditin terras, a cujuslumiueilagrans Elersilia ; criniscumsidèrecessilin auras. lianemanibusnolisromanteconditorurbis Excipit, et priscumparitercumcorporenomen 850 Mutai ; Horamquevocal, qusenuncdeajunctaQuirinoest. LIVRE QUINZIÈME MÏSCELE, FILSD’ALEMON. — CAILLOUX NOIRSCHANGES ENBLANCS. 1. Cependant on cherchait un homme capable de soutenir un tel fardeau et digne de succéder à un si grand monarque, lorsque la Renommée, messagère de la vérité, appela au trône l’illustre Numa. Non content d’avoir étudié les institutions des Sabins, son vaste génie embrassait des objets plus élevés et aspirait à pénétrer les secrets de la nature. Celte soif de la science lui fit abandonner Cures, sa pairie, et l’entraîna jusqu’à la ville où Herculeavait reçu l’hospitalité. Il demanda qui avait construit une ville grecque sur les côtes d’Italie. Un vieillardné dans celle contrée, el qui en connaissait les vieilles traditions, lui répondit en ces termes : « Parti des bords de l’Océanet emmenant avec lui les riches troupeaux qu’il avait enlevés dans l’Ibérie, le fils de Jupiter, après LIBER QUINDECIMUS HYSCELUS, ALEMONIS FILIUS. — KIGIUCALCUL ! IXALBOS MUTATI. I. Qussriturintereaquitantcepondérainolis Suslineat, lantoquequeat, succedererégi. DestinâtimperioclarumproenunLia veri FamaKumam.Nonille saliscognossesabinrc Gentishabetritus’, aoimomajoracapaci îî Concipit, et qucesit î-erumnalurarequirit. Hujusarnorcuroe, palriaCuribusquerelîctis, Fecil, ut herculeipeneïraretad hospïtisutbein. Graiaquisilalicisauctorposuissetin ovk Èloeniaquoerenti, sic c senioribusunus 10 Hcttulitindigenîs, veierisnoninsciusoevi : « Divesab oceanobubusJovenalusiberis Littorafelicitenuitlacîniacursu 572 MÉTAMORPHOSES. une heureuse traversée, aborda, dit-on, au promontoire de Lacinium. Tandis que ses bœufs erraient dans de gras pâturages, il entra dans la demeure hospitalière du puissant Croton el s’y reposa de ses longs travaux. A soii départ, il annonça que dans ces mêmes lieux ses descendants verraient s’élever une ville. Sa prédiction fut accomplie. Fils d’Alémon et originaire d’Argos, Myseèle fut chéri des dieux plus que tout autre mortel de ce temps. Il était plongé dans un profond sommeil, quand Hercule lui apparut. « Hâte-toi de fuir ta patrie, lui dit-il, et gagne les bords de « l’Ésare qui roule sur un lit rocailleux. » Et il le menaça des plus, terribles vengeances, s’il refusait d’obéir. À son réveil,’la vision disparut. Le fils d’Alémon se lève et repasse en silence ce qu’il vient de voir. Son esprit flotte longtemps incertain. Un dieu lui ordonne de s’éloigner : mais les lois s’opposent à son dépari el punissent de mort celui qui veut changer de patrie. « Le Soleil avait enseveli dans l’Océan sa tête radieuse, et la Nuit obscure levait son front couronné d’étoiles. Le même dieu se montre à Myseèle.Il lui renouvelle ses ordres, et, en cas de refus, lui adresse des menaces plus terribles encore. Saisi d’effroi, Fertur ; et armentoteneraserranteper herbas, Ipsedomummagni, nec inhospitateetaCrotonis 15 InLrasse, et requielongumrelevasselaborem, Alqueita discedens, a ; vodixissenepotum : « Hiclocusurbiserit ; » promissaqueverafuerunl. Kamfuit-argolicogeneratusAlemonequidam Myscelus, illiusdisacceptissimussévi : £0 Hunesuperittcumbéns.pressum gravitatesopdris Clavigeralloquitur : « Patrias, âge, deseresedes. « I, pete, diversilapidosasiEsarisundas. » Et, nisiparuerit, multaac metuendaminatur. Post ea disceduntparilersomnusquedeusque. 23 SurgitAlemonides, tacitaquerecentiamente Yisarefert ; pugnatquediu sententiasecum. Kumenabircjubet ; prohibentdiscedereleges ; Poenaquemorspositaestpatriammutarevolenti. « CandidusOceanonitidumcaputabdideratsol, 50 lit caputextuleratdensissimasidereumnox. Visus-adesseidemdeusest, eademquemonere ; Et, nisi paruerit, plura et gravioraminari. LIVRE XV. 573 iiyscèle se prépare à transporter ses pénales dans d’autres demeures. Un murmure éclate dans la ville : on l’accuse de mépriser les lois. Aux yeux des juges son crime paraît évident ; les lémoins sonl inutiles. Dans sa détresse, il lève les yeux et les mains vers le ciel : « O toi, dit-il, que douze travaux ont placé dans le o palais des dieux, viens à mon secours, je t’en conjure ; car c’est « toi qui m’as rendu coupable. » D’après une coutume antique, des cailloux blancs et des caillouxnoirs servaient à condamner ou à absoudre. Une sentence fatale fut portée contre Myseèle : Fume impitoyable n’avait reçu que des cailloux noirs. Mais, à peine l’eut-on renversée pour compter les suffrages, que tous les cailloux devinrent blancs. Par celle métamorphose, ouvrage d’Hercule, Alémon fut proclamé innocent. Il rendit grâce à l’auteur de sa délivrance ; et, poussé par des vents propices, il vogua sur la mer d’Ionie, laissant derrière lui Tarente, fondéepar un Lacédémonien, Sybaris, le Nérèthe qui arrose le pays des Sallenlins, le golfe de Thurium, Témèse et les campagnesd’Iapyx. Après avoir parcouru les côtes, il découvrit les bouches de l’Esare où le Destin l’appelait. Près de là était le tombeau où reposaient les augustes restes Pertimuit, patriumquesimultransferreparabat In sedespenetralenovas.Fit murmurin urbe, 55 Spretarumqueagilurlegumreus. Utqueperacta’est Causaprior, crimenquepatet sinetesteprobatum, Squalidusad Superoslollensreusora manusque : <Ocui jus coelibissexfeeerelabores, « Fer, precor, inquii, opem ; namtu mibieriminisauctor. » 40 Moserat antiquus, niveisatrisquelapillis, Hisdamnarereos, illisabsolvereculpoe. Nuncquoquesic lata est sentenliatristis : el omnis Galculusimmilemdemiltiturater in urnam. Qua ; simuleffuditnumerandosversalapillos, 45 Omnibuse nigrocolorest mulatusin album ; Candidaqueberculeosentenliamunerefacta SolvilAlemoniden. Gralesagitille parenti Amphilryoniada ;  ; ventisquefavenlibusaiquor ftavigatiomum, lacedoemoniumque Tarenlum 50 Proeterit, et Sybarin, sallentinumque Nerclhum, Thurinosquesinus, Temesenque, et lapygisarva. Vixquepererratis, qutespectantlitlora, terris, Invenitlesareifataliafluminisora ; Necproculhinc lumulum, subquo sacralaCrotonis 55 574 MÉTAMORPHOSES. de Croton. C’est là qu’il bâtit la ville qu’un dieu lui ordonna de construire, et qui a pris son nom. » Telle est, suivant une tradition certaine, l’origine de Crotone fondéepar les Grecssur les confins de l’Italie. HTIIAGORE. — SADOCTRINE. — IL EXPOSELESCHARGEMENTS ET LES

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QUIARRIVENT DANSI.ANATURE. ïï. Là vivait un sage de Samos qui avait fui sa patrie et ses maîtres. La haine de la tyrannie en fit un exilé volontaire. Éloigné des régions célestes, il s’élevait par la pensée jusqu’au trône des dieux, et son génie pénétrait les mystères que la nature dérobe aux regards des humains. Parvenu à la connaissance universelle par la méditation et par de longues veilles, il expliquait à des disciples silencieux et enthousiastes de son éloquence l’origine du monde, les principes des êtres, la puissance de la nature, les attributs de Dieu ; comment se forment la neige et la foudre ; si c’est Jupiter ou les nuages entr’ouverts par les vents qui produisent le tonnerre ; d’où viennent les tremblements de terre ; quelles lois régissent les astres : en un mot, tous les secrets de l’univers. Le Ossategebathumus : jussaqueibi moeniaterra Gondidit, et nomentumuiatitrasit in urbem. » Taliaconslabatcertaprimordiafama Esseloei, posiloequeitalisin linibusurbis. PÏTIUGOIU ; OPIKIOKES DEUUTATIOMBUS ETCOXS’ERSIOXIBCS QUASNATURA r.FFIClT II. Yirfuit hicortuSamius ; sedfugeratuna fiO Et Samon, et dominos, odioquelyrannidisexsul Sponteerat. Isque, licetcoeliregioneremotus, Sîentedeosadiit, et, quoenaturanegabat Visibusbumanis, oculisea pectorishausit. Quumqueanimo, et vigiliperspexeratomniac-urn, G’: > In médiumdiscendadabat, coetusquesilentum Diclaquemirantum, magniprimordiamundi, Et rerumcausas, et quidnatura, docebat ; QuidDeus ; undenives ; qua ; fulminisessctorigo ; Jupiter, an venti, discussanubc, tonarcnt ; 7(J Quidquateretterras ; quasidéralegemearent^ Et quodcumquelatet ; primusqueanimaliamensis LIVRE XV. 57J) premier il fit un crime-,..ix hommes de manger la chair des animaux, et le premier il fit entendre ces doctesparoles à un siècle sourd à sa vois : « Cessez, mortels, dé souiller vos corps par des aliments sacrilèges. N’avez-vous pas les moissons ? n’avez-vous pas des arbres qui ploient sous leurs fruits et des vignes chargées de raisins ? Ne possédez-vouspas des plantes exquisesque le feu peut adoucir ou amollir ? Le lait et le miel parfumé de thym vous sont-ils interdits ? La terre, prodigue de ses trésors et de délicieux aliments, ne vous fournit-elle pas une nourriture qui ne coûte ni meurtre ni sang ? Il n’appartient qu’aux animaux de se nourrir de chair : encore n’en font-ils point tous usage. Le cheval, la brebis et le bœuf broutent l’herbe des prairies. Ceux qui sont d’un naturel farouche el sauvage, les tigres, les lions furieux, les loups et les ours, aiment les mets sanglants. Grands dieux ! quel crime d’engloutir des entrailles dans ses entrailles, d’engraisseravidement son corps d’un autre corps, et de vivre de la mort d’un être vivant comme nous ! Eh quoi ! parmi tant de biens que produit la terre, la meilleure des mères, vous n’aimez qu’à imiter les barbares CyArguitiraponi ; primusquoquetalibusora Doetaquidemsolvit, sednonet crédita, verbis : « Parcile, mortales, dapibustemerarenefandis 75 Corpora.Suntfruges, sunt dedueenliaramos Pondèrepomasuo, tumidcequein vitibusuvoe ; Sunt herbsedulces, sunt, qua ; mitescereflamma, îlolliriquequeant ; necvobislacleushumor Eripitur, nec mellaIhymiredolenliaflorem, Î10 Prodigadivitias, alimentaquemilialellus Suggerit, alqueepulassine coedeet sanguineprabcl. Carnefera sedantjejunia, nec tamenomnes ; Quippeequus, et pecudes, armentaquegraminevïvunt, Atquibusingeniumestimmansuetumque ferumque, Sri Anneniaiqueiigres, iracundiqueleones, Cumquelupisursi, dapibuscumsanguinegaudenl. Heuiquantumscelusest in visceravisceracondi, Congestoque avidumpinguescerecorporecorpus, Àlteriusqueanimantemanimanlisvivereletho ! UO Scilicetin lantisopibus, quasoptimamalrum Terraparit, nil te nisitristiamanderesievo Vulneradentejuvat,’ritusquereferreCyclopum/ 57G METAMORPHOSER. clopes, eu broyant sous vos dents cruelles des membres déchirés ! Ne pouvez-vous donc rassasier que par le meurtre votre monstrueuse gloutonnerie ? « Dans cet âge antique que nous avons appelé l’âge d’or, les mortels se contentaient du fruit des arbres et des plantes nées du sein de la terre. Le sang ne souiliail pas leur bouche. Alors Foiseau pouvait, sans danger, fendre les airs, el le lièvre errer sans crainte dans les campagnes. Alors le poisson crédule n’allait pas se prendre à l’hameçon perfide. Nulle embûche, nulle fraude à redouter : partout une paix profonde.Maiscelui-là ouvrit une voie aux forfaits qui, cédant à un désir funeste, convoita le sang des victimes offertes aux dieux, el engloutit des chairs dans le gouffre de son ventre. C’est sans doute du sangdes bêles sauvagesque le fer fut rougi pour la première fois. C’était assez. Dès lors on put sans crime donner la mort aux animaux qui menacent noire vie. 11fut permis de les tuer, mais non de s’en nourrir. Bientôt on franchit ces limites. Le pourceau fut la première victime que l’on crut pouvoir immoler, parce qu’en bouleversant la terre il détruisait les semences et ruinait l’espoir de l’année. Le bouc, Kec, nisi perdiderisalium, placarevoraci^ Et maiemoratipolerisjejuniavcnlris ? Do « ALvelusillaallas, cui fecimusaureanouieii, Foelibusarborcis, et quashumuseducat, berbis Fortunalafuit, necpolluitoracruore. Tuneet avestulasmovereperaérapennas, Et lepusimpavidusmediiserravitin agris ; 100 Necsua creduiilaspiscemsuspenderathamo. Cunctasineinsidiis, nullamquelimenliafraudem, Plenaquepacitiranl. Postquamnonutilisauctor Vietibusinvidit(quisquisfuitille)deorum, Corporeasquc dapesavidamdénieraitin alvuin, 105 Fecitiler sceleri ; priniaquce ciedeferarum lucaluisseputemmaculatumsanguineferruni. Idquesalisfucral, noslruiiiquepelentialellium l’.orporainitianeci, salvapielate, fatemur ; Sedquamdaudaneci, tainnoncpulandafueruiil. II’i l.oiigiusindenefasabiit, et primapulatur llosliasus ineruiiscmpri, quiaseiiiinapando Erucritrostro, s|icmqucintercc-peiitanni. LIVRE XV. 577 qui avait attaqué la vigne, dut aussi être immolé sur l’autel de Bacchus. Ces deux animaux subirent ainsi le châtiment de leur faute. Maisvous, paisibles brebis, nées pour satisfaire à tous nos besoins, quel fut votre crime, vous qui nous offrez un délicieux nectar dans vos mamellesfécondes, vous dont la moelleuse toison nous fournit des vêtements, et dont la vie nous est plus utile que la mort ? Quel fut îc crime du bœuf, exempt de fraude et d’artifice, animal doux et simple qui allège nos fatigues ? Ah ! ce fut un ingrat, indigne des bienfaitsde Gérés, celui qui eut le courage d’égorger le compagnon de ses travaux rustiques à peine soulagédu poids de la charrue, celui qui plongea le fer dans le cou déjà usé de fanimal qui avait tant de fois sillonné ses durs guéiels et lui avait donné tant de riches moissons. « Maisce n’était pas assez de commettre un si grand crime i l’homme y associales dieux, et s’imaginaque le sang des taureaux était agréable à Jupiter lui-même. Unevictime sans tache, et, pour son malheur, d’une beauté remarquable, est conduite à l’autel, couverte de bandelettes d’or. Elle entend des prières qu’elle ne saurait comprendre, et voit placer entre ses cornes les fruits VilecapermorsuUa^cliimaclandusad aras l)uciluruiLorii : uocuilsua culpaduobus. il5 Onidmeruislis, oves, placidumpecus, inquetu-cndos Xalumhomiues, plcnoquaiforlisin uberenectar, ’ Molliaqueenobisveslrasvelamînalanas Prsebetis, vitaquemagisquammortejuvatis ? Quidmeruereboves, animalsinefraudedplisque, 120 Innocuum, simplex, nalumlolerarclabores ? Immcmorest demum, necfrugummuuci’edignus, Quipotuit, curvidemplomodopondèrearatri, Uuricolammactaresuum ; qui Iritalabore Illa, quibuslotiesdurumrenovaveratarvum, 12’i Tôtdederatmesses, percussitco’dasecuri. « Necsatisest, quodtaienefascommittitur ; ip>os K luscripseredeosscclcri, uumenquesupernum Casdeiaborifericreduutgauderejuvenci. Yiclimalabecurens, et proestanlissima forma, ir.O \am placuissenocet, vîltisinsigniset auro, Sistilurantearas, auditqueiunaraprecantrm, lmponfquosua1 videtiulercornuafronti, 578 MÉTAMORPHOSES. qu’elle a fait naître. Frappée du coup mortel, elle baigne de son sang le couteau qu’elle a peut-être vu dans Tonde limpide. Aussitôt de son sein encore palpitant on arrache les entrailles et l’on" y cherche la volonté des dieux. D’où vient cette fureur pour des aliments défendus ? Vous osez vous en repaître, ô mortels ! Ah ! je vous en conjure, renoncezà ces cruels festins, et gravezmes conseils dans vos cœurs. Lorsque vous mangez la chair de vos bœufségorgés, sachez-lebien, vous mangez les compagnons de vos travaux. o Puisqu’un dieu parle par ma bouche, je vais suivre son inspiration, découvrir les secrets que je liens de Delphes, dévoiler le ciel même et ses oracles sacrés. Je vais expliquer les grands mystères qui ont échappé à la pénétration de nos ancêtres. le veux quitter la terre, ce séjour périssable, m’élancer jusqu’aux astres, voler sur les nuages, et m’asseoir sur les épaules du puissant Atlas. Je veux du haut de cette sphère contempler les humains emportés par Terreur, sourds à la voix de la raison, livrés à des craintes frivoleset redoutant le trépas ; je veuxles encouragerpar mes paroles et dérouler à leurs yeux le livre des Deslins. ii Mortelsque glace l’effroi de la mort, pourquoi craindre le Styx Quascoluit, fruge^ ; pereussaquesanguinecultros Inficitiu liquidaproevisosforsilanund « . 155 Prolinusereptasviventipectorefibras Inspiciunt, menlesquedeumscrulanturin Mis. Budefaméskominivetitorumtautaciborum ? Audelisvesei, genuso ruortale ? Quod, oro, rîe facite, et monilisaniiuosadvertitenoslris ; iiO Qnumqueboumdabilisctesorummembrapalato, Mauderevosvestrosseiteet sentitecolonos. a Et qunuiam-deusora movet, sequaroramovenleiu Ritedeum ; Deiphosque meos, ipsumquereeludam -£thera, et augustrereserabopraculamentis. lia Magna, nec ingeniisiuvesligalapriorum, Quoeque diu laluere, canam.Juvatire peralto Aslra ; juvat terris, et inertisederelicta, , Kubevebi, validiquehumerisinsislereAllaulis, Talantesquc animospassimac rationisegentes ISO Dcspectare procul, trepidosque, obilumqueUmeules Sicexliorlari, senemqueevolverefati : « Ogenusattonitumgelidoeformidinemortis ! QuidStyga, quidténèbres, quidnominavanatimelis. LIVRE--XV. 379 et le sombre royaume, fables inventées par les poètes, et ces supplices d’un monde imaginaire ? Nos corps, soit que la flamme du ’bûcher les dévore, soit que le temps les consume, ne peuvent souffrir aucun mal. Les âmes sont hors des atteintes de la mort. cAu sortir de leur première demeure, reçues dans un nouveau séjour, elles s’y fixentpour y jouir d’une éternelle vie. Moi-même, il m’en souvient, pendant la guerre de Troie, j’étais Euphorbe, fils de Panthus. Le plus jeune des Atrides me perça le cœur de sa lance redoutable. Naguère, dans le temple de Junon, à Argos, j’ai reconnu le bouclier que je portais à la main gauche. Tout change, rien ne périt. L’âme erre d’un corps dans un autre, quel qu’il soit ; elle passe de la bête dans l’homme, de l’homme dans la bête, et ne meurt jamais. Comme la cire reçoit mille empreintes diverses, qu’elle changeet renouvellesans altérer sa substance, l’âme reste toujours la même ; mais, d’après ma doctrine, elle subit plusieurs transmigrations. Craignezdonc de devenir impies par des appétits déréglés ; gardez-vous (ici je parle au nom des dieux) de chasser de leur asile, par un meurtre abominable, les âmes de vos parents. Que votre sang ne se nourrisse pas de votre propre sangi Maleriemvalum, falsiquepiaculamundi ? lSo CofporasiverogusDamma, seu labevelustas Abstulerit, malapossepatinon ullaputetis. Mortecarentanima :, semperque, pi-iorerelicta Sede, novisdomibusvïvuutbabitanlquereceptoe. Ipseego, nammemini, Irojanitemporebelli, ICO PautboidesEupborbusex’am, cui pectorequondanl Sedilin adversogravisbastaminorisAlridïe. Cognoviclypeum, loevoe gestaminanoslne, NuperabanteislemploJunonisin Ai’gis. Omuiamutaulur : uihilinterit ; errât, et illinc 1G5 Huevenit, bineilluc, et quoslibetoccupaiartus Spirilus, equeferishumanain corporatransit, Inqueferasnosler, ueclemporedépéritullo. L’tqucnovisfacilissignaturcerafiguris, Necinanet, ut fuerat, necformasservateasdem, 170 Sedlameuipsaeademest ; animamsicsempereamdem Esse, sedin variasdoceomigrarefiguras. Ergo, ne pielassit viciacupidineventris, Parcile, vaticinor, cognatascajdenefanda Eituiijareanimas, necsanguinesanguisalalur. 175 580 MÉTAMORPHOSES. « Puisque je vogue à pleines voiles sur un océan immense, je vous dirai que dans l’univers rien n’est stable ; tout nous échappe, tout n’offre qu’une image passagère. Letempslui-même, dans sa course éternelle, roule comme un torrent. Carle fleuverapide et l’heure légère ne peuvent s’arrêter. Le flot presse le flot ; celui qu[, précède est chassé par celui qui le suit, commeil presse celui qui l’avait précédé. Demême les heures fuient, se succèdentetsont toujours nouvelles. L’instant qui fut naguère n’est plus, celui qui n’était pas commence, et tous les moments se.renouvellent sans cesse. Voyez-vousla nuit s’avancer vers le jour, el la lumière prendre la place des ténèbres ? La couleur des cieux n’est pas la même quand la nature est ensevelie dans le repos, el lorsque l’astre du matin se montre sur son pâle coursier. Elle change aussi lorsque Tavanl-courrière du jour empourpre l’univers avant de le livrer au soleil. Son disque est vermeil, le matin, lorsqu’il se lève, et, le soir, quand il disparaît au couchant. Auplus haut, point de sa course, il a une blancheur éblouissante, parce que, dans cette région, l’air esl dégagé des vapeurs de la terre. La reine des nuits n’offre jamais non plus le même aspect. Laveille, quand elle « Etquoniammagnoferoroequore, pleuaquevenlis Vêladedi, nihilest, lotoquodperstetin orbe ; CuuctaQuunl, onmisquevagansforinalurimago. Ipsaquoqueassiduovolvunturlemporamolu, Nonsecusac flumeu.Kequeenimconsislerefluuicn, ’W Neclevishorapolest ; sedut undaimpeiliturunda, Urgeturqueprior veniente, urgetquepriorem ; Ternporasicfugiuntpanier, pariterquesequuntur, Et novasuut semper ; namquodfuit ante, relictumest ; Fitque, quodliaudfuerat, momenlaquecunelanovantur.Jfi.’i Cernis, et eraersasin lucemtenderenocles, Etjubar bocnitidumnigrajsuccederenocti. Neccoiorest idemcoeîo, quumlassaquiele Cunctajacentmédia, quumquealboLuciferexit Clarusequo ; rursusquealius quumproevialucis 100 TradendumPboeboPallantiasinficitorbem. Ipsedeiclypeus, terra quumtolliturims, Hanerubel, terraque, rubet, quumconditurima. Candidusin summoest, meliornaturaquodillic ditlierisest, terroequeproculcontagiavital. 10-> Necpar, aul eademnocturaa ; formaDianaî Essepofeslunquam : semperquehodiernasequente LIVRE XV. 581 croît, elle est moindre que le lendemain, et, dans son décours, elle est plus grande. « Quedis-je ? Ne voyez-vouspas l’année se partager en quatre saisons et présenter ainsi une image de la vie ? Délicate dans les premiers jours du printemps, elle ressemble à un enfant à la mamelle. Alors le blé verdoyant, mais frêle et sans forcé, se gonfle de sucs abondants et charme l’espoir du laboureur. Tout fleurit ; la campagne se pare de ses plus riches couleurs ; mais ies plantes n’ont aucune énergie. Après le printemps, Tannée plus robuste arrive à l’été et prend la vigueur de la jeûnasse. Aucune époque n’est plus forte, plus féconde ni plus ardente. L’automne, qui lui succède, n’a plus les feux du jeune âge. Dans sa paisible maturité, il tient le milieu entre la jeunesse et la vieillesse : sa tête commenceà blanchir. Enfin le vieil hiver s’avance d’un pas triste et tremblant : il est dépouillé de cheveux, ou n’en a plus que de blancs. a Noscorps aussi sont sujets à de perpétuels changements.Ceque nous avonsété, ce que nous sommes, nous ne le serons plus demain. Il fut un temps où, simple germe de l’homme encore à naître, nous habitâmes le sein maternel. La nature facilita noire Sierescit, minorest ; major, si conlrahitorbem. e Quid ? nonin speciessecederequatiuurauuum Aspicis, îelatisperagenlemimitaminanostroe ? 200 Namtener, et laclens, pueriquesimillimuscevo Verenovoest. Tuneherbanitens, et roborisexpers, Turget, et insolidaest, et spedelectatagrestem. Omniatum dorent, florumquecoloribusalmus Uidetager, nequeadliucvirtusin frondibusulla est. iM.% Transitin oeslatempostver, robustiorannus, Filquevalensjuvenis ; nequeenimrobustiorectas Ulla, necuberior, necqutcmagisassluet, ullaest. Excipitautumnus, positofervorejuvenloe Maturus, mitisque, inlerjuvenemquesenemque 210 Temperiemédius, sparsisper temporacanis. IndesenilishiemstremulovenitIiorridapassu, Aulspolialasuos, aut, quoshabet, albacapillos. « Noslraquoqueipsorumsemper, requiequesineulla Corporavertuntur ; nec, quodfuimusve, sumusve, 215 Craserimus.Fuitilladies, qua seminatantum, Spesquehominumprima*maternaliabitavimus alvo, 582

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développement. Elle ne voulut pas que notre corps restât dans les flancs où il était renfermé, et son habile main nous ouvrit les portes de la vie. Dèsque l’enfant voit le jour, il est sans force et ne peut se mouvoir. Bientôt, comme un quadrupède, il marche sur ses pieds et sur ses mains. Peu à peu, tremblant et mal affermi sur ses jarrets, il cherche un appui qui le soutienne. Puis il devient robuste et agile. Sa jeunesse s’envole. 11 traverse l’âge moyen de la vie, et, par une pente rapide, est emporté au couchant de ses jours. La vieillessemine et détruit par degrés la force de l’âge mûr. Milon, sous le poids des ans, pleure en voyant ses bras, naguère aussi vigoureux que ceux d’Hercule, maintenant faibles et languissants. La fille de Tyndare pleure aussi, quand un miroir lui montre les rides de l’âge, et elle se demande comment elle put être enlevée deux fois. O temps qui dévores tout, et toi, jalouse vieillesse, rien n’échappe à vos coups ! Yos atteintes consument peu à peu tous les êtres et les conduisent insensiblement à la mort. « Ce que nous appelons éléments n’a pas plus de stabilité. Je vais vous apprendre les changements quïls subissent. Prêtez-moi ÀrtiCcesnaturamanusadmovit, et angi Corporavisceribusdîslentseconditamatris Noluit, equedomovacuasemisitin auras. 220 Editusin lucemjacuilsineviribusinfans ; Moxquadrupes, riluquelulil sua membrafcrarum ; Paulatimquetremens, et nondumpoplilefirmo Constitit, adjutïsaliquoconamïnenervis. Indevalensvelosquefuit ; spaliumquejuvents 22S Transit, et, emensismediîquoquelemporisannis, Labituroeciduoeper iter déclivesenectro. Subruilhcecsévidemoliturqueprioris Robora ; flelqueMilonsenior, quumspûcLatinanns Illosquifuerantsolidorummoletororum, 23U Herculeissirailes, fluidospendérelacertos ; Flet quoque, ut in speculorugasconspexïlaniles, Tyndaris, et secum, cur sit bis rapta, requiril. Tempusedaxrerum, tuqueinvidiosavetustas, Omniadestruitis, vitialaquedentibusarvi 255 Paulatîmlentaconsumïtisomniamorte. « Haiequoquenonperslant, quaïnoselementavocamus : Quasquevicesperagant, animosadhibete, t^ocebo. LIVRE XV. ttS une oreille attentive. Le monde éternel contient quatre principes. Deux, la terre et Peau, sont petsants et gravitent vers la terre. Les deux autres, l’air et le feu, plus pur que Fair, privés de pesanteur, s’élèvent sans que rien comprime leur essor. Quoique un espace les sépare, ils font tout naître, et tout se résoul en eux. La terre, dissoute, tombe en rosée. L’eau, réduite en vapeur, se confond dans l’air, qui, dépouillé de sa pesanteur, devient plus subtil et s’envole dans la région du feu. Ensuite, par une révolution contraire, ils reprennent leur premier état. Le feu, épaissi, devient pesant et se change en air ; l’air se convertit en eau ; l’eau se condense en argile. Rien ne garde sa forme primitive. La nature renouvelle tout et substitue incessamment une figure à une autre. Dans l’univers, croyez-moi, rien ne périt ; seulement tout varie, tout prend une autre forme. Naître, c’est commencer à être autre qu’on n’était d’abord ; mourir, c’est cesser d’être ce qu’on était. Mais, à travers ces perpétuels changements de forme et de lieu, la substance de l’être reste la même. « Non, rien ne peut durer sous la même apparence ; je n’en Qualtuorceteruusgenitaliacorporamundus Continet.Esillisduosunt onerosa, suoque 240 Pondèrein inferius, tellusatqueunda, ferunlur ; Et tolidemgravitatecarent, nulloquepremente Allapetunt, aer, atqueaèrepuriorignis. Quaiquanquamspatiodistant, tamenomniaIlunt Es ipsis.et in ipsacadunt ; resolulaquetellus, 245 In liquidasrorescitaquas ; tenuatusin auras Aeraquehumorabit ; demploquoquepondère, rursus In superosaer tenuissimusemicatignés. Inderétroredeunt, ideraqueretesiturordo. Ignisenimdensumspissatusin aératransit ; 2o0 Hicin aquas ; tellusglomeralacogiturunda ; IXeespeciessua cuiquemanet, rerumquenovalrix Exaliisaliasréparâtnaturafiguras. Necpéritin lotoquicquam, mibicrédite, mundo ; Sedvariât, faciemquenovat, nasciquevocatur 255 Incipereessealiud, quamquodfuit ante, morique Desinereilludidem.Quumsint bueforsitanilla, Haectranslatailluc, summatamenomniaconstant. « Nilequidemdurarediu subimagineeadem 584

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saurais douter. Ainsi, après le siècle d’or, vint le siècle de fer ; ainsi divers pays ont souvent changé’de face. J’ai vu ce qui était autrefois un terrain solide être maintenant une mer ; j’ai vu des terres sortir du sein desflots.Loin de l’Océanon a trouvé ça et là des conques marines ; une ancre antique a été déterrée sur de hautes montagnes. Les plaines ont été converties en vallées par les torrents, et des inondations ont changé les montagnes en plaines. Des sables arides ont pris la place d’anciens marais, et des champs brûlés jadis par le soleilsont devenus des marécages. Ici la nature ouvre des sources inconnues, ailleurs elle en ferme d’anciennes. Des tremblements de terre ont jadis faitjaillir ou tari beaucoup de fleuves. C’est ainsi que le Lycus, absorbé dans les entrailles de la terre, renaît plus loin d’une autre source ; c’est ainsi que le grand Ërasin, englouti dans un gouffre où il promène ses ondes souterraines, reparaît à la clarté des ciéux dans les plaines d’Argos, et que le Calque dont les eaux traversent la Mysïe, dégoûté, dit-on, de sa source et de ses premiers bords, va baigner d’autres contrées. L’Aménane tantôt arrose les sables de la Sicile, et tantôt voit ses sources desséchées.On buvait autrefois les —eaux de l’AniCrediderim : sic adferrumvenistisab auro 260 Srecula ; siclotiesversaest fortunalocorum. Vidiego, quodfueratquondamsolidissimatellus, Essefretum ; vidifaclases oequoreterras ; Et procula pelagoconchrcjacueremarinsc, Et vêtusinventaest in montibusanchorasummis ; 2GJ Quodquefuit campus, vallemdecursusaquarum Fecit, ut eluviemonsest deduclusin oequor ; Equepaludosasiecishumusaret arenis ; Quoequesitimtulerant, slagnalapaïudibushument. Hicfontesnaturanovosemisit, at illic 270 Clausit, el antiquistam mullatremoribusorbis Fiuminaprosiliunt, autexcoecata residunt. Sicubi terrenoLycusest epotushiatu, Existitproculhine, alioquerenascilurore. Sicmodocombibitur, lectomodogurgîtelapsus 275 RedditurargolicîsingensErasinusin arvis ; El Mysumcapilisquesui, ripaïqueprions Poenituisseferunt, alia nuncire, Caicum.. NecnonsicaniasvolvensAmenanusarenas NuncHuit, interdumsuppressisfontibusaret. SSO Antebibebalur, nunc, quascontingerenolis, LIVRE XV. 585 gre, qu’on n’ose plus toucher, depuis le jour où, s’il en faut croire les poètes, les Centaures lavèrent dans ce fleuve les blessures que leur avaient faites les flèches d’Hercule. Quedis-je ? les eaux de l’Ilypanis qui descend des montagnes de la Scythie, douces d’abord, ne se chargent-elles pas d’un sel amer ? Les flots entouraient Antissa, Pharos et Tyr, fondée par les Phéniciens ; aujourd’hui, cène sont plus des îles. Les anciens habitants de Leucade virent leur territoire uni au continent ; maintenant la mer l’environne. Zancle aussi était, dit-on, jointe à l’Italie, avant que l’Océan, séparant ces deux terres, eût entraîné la Sicile au milieu de ses ondes. Si vous cherchezdans l’Achaïe HéliceetBuris, vous les trouverez sous les eaux. Le naulonier montre encore leurs murs inclinés. Non loin deTrézène, où régna Pitlhée, s’élève une colline sans ombrage. C’était jadis une plaine immense. Par un prodige dont le récit même esl horrible, les vents, furieux d’être enfermés dans leurs cavernes, voulurent respirer librement. Ils luttèrent en vain pour reparaître à la clarté des cieux. Comme leur prison n’offrait aucun passage à leur haleine, ils gonflèrenl les flancs de celte terre, qui se développatout à coup, ainsi que FumlitAnigrosaquas, postquam, nisivatibusomnis Eripiendafides, illiclavereBimembres Vulneracîavigeriqutefeceratïïerculisarcus. Quid ? noùet scvthicisKypanisde montibusortus, 2S5 Quifueratdulcis, salibusvitialuramaris ? FluclibusambitfefuerantAntissa, Pbarosquo, Et phcenissaTyros ; quarumnuncinsulanullaesl. I.eucadacoutinuamveteresbabuerecoloni ; Nuncfrétacircueunl.Zanclequoquejunclafuisse. 290 DiciturItalie, donecconfiniapoutus Abslulit, et médiatelluremreppulitunda. Si qurerasIlelicenet EuiTn, acbaidasurbes, Inveniessub aquis, et adbucostenderenauloe Inclinatasoientcummoenibusoppidamersis. 295 EstpropepittbeamtumulusTroezena, sineullis Arduusarboribus, quondamplanissimacampi Area, nunc tumulus.Nam, res horrendarelatu, Visferaventorum, coeeisinclusa.cavernis, Exspirarealiquacupiens, luclataquefrustra 200 Liberiorefrui coelo, quumcarcererima Nullaforetlolo, néeperviaflalibusesset, Extenlamtumefecitbumumiceuspiritusoris 5SC

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le souffle de notre bouche enfle une vessieou une outre. Depuisce temps, cette terre a conservé le même volume. Elle a pris la forme d’une haute colline et s’est durcie avec le temps. « 11se présente à mon esprit une foulede merveilles que vous connaissez par vous-mêmes ou par la renommée. Je me bornerai à un petit nombre. L’eau ne donne-t-elle pas et ne reçoit-elle pas mille formes ? Ammon, ton onde, glacée à midi, n’est-elle pas brûlante au lever et au coucher du soleil ? Le bois s’allume, dit-on, s’il esl plongé dans une source d’Athamanie, lorsque la lune achève son déclin. Chez les Ciconiens, l’eau d’un certain fleuve pétrifie les entrailles de ceux qui en boivent, et durcit les objets qu’elle louche. Le Cralhis el le Sybaris, qui baignent nos campagnes, donnent aux cheveux la couleur de l’ambre et de l’or. O prodige plus étonnant encore ! Certaines eaux changent nonseulement les corps, mais les esprits. Qui ne connaît l’impure Sahnacis et ces lacs d’Ethiopie qui rendent furieux celui qui s’y désaltère, ou l’ensevelissentdans un profondsommeil ? Un homme a-t-il apaisé sa soif dans la fontaine de Clitore, il déteste le vin et.n’aime que l’onde pure, soit qu’il y ait dans cette fontaine une Tenderevesicamsolet, aut direptabieorni Tergacapro.Tumorillelocipermansit, et alti 505 Collisbabetspeciera, longoqueinduruitcevo. « Plurimaquumsubeant, audilaaut cognilavobis, Paucasuperreferam.Quid ? nonet lympbafiguras Dalquecapitquenovas ? Mediolua, cornigerAmmon, Undadi.egelidaest, ortuqueobiluquecalescit. 510 AdmolisAthamantisaquisaccenderelignum Narratur, minimosquumlunarecessilin orbes. FlumenhabenlCicones, quodpotnmsaxeareddit Viscera, quodtactisinducitmarmorarébus. Cralhis, et huicSybarisnoslriseonterminusarvis, 515 Electrosimilesfaciuntauroquecapillos. Quodquemagismirum, suntqui noncorporatantum, Verumanimosetiamvaleantmutare, liquores. Cuinonaudilaest obscenoeSalmaeisundee ? JSthiopesque lacus ? Quossi quisfaucibushausit, 520 Autfurit, aul mirumpatiturgravilalesoporem. Clitorioquicumquesitimde fontelevarit, Yinafugit, gaudetquemerisabslemiusundis ; LIVRE XV. 587 vertu contraire à la chaleur du vin, soit, comme le racontent les indigènes, que le fils d’Amithaon, après avoir, par ses enchantements et par ses herbes magiques, rendu la raison aux filles de Prétus surprises de ce prodige, ait jeté les philtres qui les avaient guéries dans cette source, et que l’horreur du vin se soil communiquée à l’onde. Les eaux du Lynceste produisent un effet contraire. Celui qui en boit, avec excès chancelle comme s’il avait bu du vin pur. « Il y a en Areadie un lac appelé Phénéon chez les anciens, et suspect pour la perfidie de ses eaux. Craignezd’en faire usage ; elles incommodent pendant la nuit, et sont sans danger pendant le jour. Ainsiles lacs et les fleuves ont des propriétés diverses. 11 fut un temps où Orlygie, maintenant immobile, voguait sur les ondes. Argo redouta les Symplégadeserrantes et les. flots qu’elles soulevaient en s’enlre-heurtant. Aujourd’hui elles sont fixes et résistent aux vents. L’Etna, dont le soufre embrase les fournaises, ne vomira pas toujours des flammes, et il n’en a pas toujours vomi. Si la terre esl un être animée elle vit, et elle a des soupiraux d’où s’exalent des feux. Toutes les fois qu’une secousse l’ébranlé, elle Seuvisestin aquacalidocontrariavino, Sive, quodindigenaîmemorant, Amilhaonenalus, 325 Proelidasallonitaspostquamper carmenet herbas EripuitFuriis, purgaminamentisin illas Misitaquas, odiumquemeri permansitin undis. HuicHuiteffectudisparlyncestiusamnis, Quemquicumqueparummoderatogutluretraxil, 550 Haudalitertitubât, quamsi meravinabibisset. « EstlacusArcadice(Pbeneondixerepriores) Ambiguissuspeclusaquis, quas noetelimeio : Noctenoeentpotse ; sinenoxalucebibunlur. Sicalias, aliasquelacuset fluminavires 555 Concipiunt.Tempusquefuit, quonavilin undis, îiunc sedetOrlygie.TimuitconcursibusArgo UndarumsparsasSymplegadas elisarum, Qucenuncimmoloeperstant, ventisqueresistunt. Née, quoesulfureisardetl’ornacibus, Mine 540 Igneasempererit ; nequeeuimfuit igneasemper. Namsive esl animaltellus, et vivit, habelque Spiramenla, locisHammamexhalantiamultis ; •Spirandirautarevias, quotiesquemovelur, ; 588

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peut changer ces nombreuses issues, en fermer quelques-unes sur un-point et eii ouvrir de nouvelles sur un autre ; soit que les vents, emprisonnés dans des cavernes profondes,’lancent des rochers qui se heurtent et des matières ignées qui s’enflamment en s’entrechoquant ; car ces vents abandonneront leurs antres qui se refroidiront ; soit que les feux souterrains s’alimentent par le bitume, et que le soufre s’enflamme en répandant une légère fumée. En effet, la terre, dont le temps dans sa marche lente épuise les forces, ne leur fournira plus de nourriture, et le gouffre, privé des aliments que réclame sa voracité, verra un jour s’éteindre ses feux. « Non loin de Pallène, dans les régions hyperborées, il esl, dit-on, des hommes dont les corps, plongés neuf fois dans le marais de Triton, se couvrent de plumes légères. Je n’y ajoute pas plus de foi qu’à ce qu’on raconte de ces femmes de Seythie, qui, par un artifice analogue, s’arrosent de certains sucs et se changent en oiseaux. « Cependant, si l’on doit croire à des prodiges, c’est à ceux qu sont prouvés. Ne voyez-vouspas les coVps, tombés en dissolution par le temps ou par la chaleur, se métamorphoser en insectes ? Immolez les plus superbes taureaux, renfermez — les dans une Hasfinirepolest, illasaperirecavernas ; 545 Sivelevésimisventicobibenlurin aulris, Saxaquecumsaxis, et habenlemseminaflamniaï Materiamjaclant ; ea concipil-ictibusignem ; Antrarelinquentursedatisfrigidavends ; Sivebitumineaerapîuntincendiavires, 550 Luteaveexiguisardescuntsulfurafumis. Nempeubi terra cibos, alimentaquepinguiaflammce Nondabit, absumptisper longumviribusa ; vum. Nalunequesuumnutrimendeeritedaci, Nonferetillalamem, deserlaquedeseretignés. 555 « Essevirosfamaesl in hyperboreaPallene, v. Quisoleantlevibusvelarieorporaplumis, Quumtriloniacamnovïessubierepàludem. Ilaudequidemcredo.Sparsaîquoquemembraveneno, KxercereartesScylbidesmemorantureasdem. 5G0 « Si quafidesrébustamenest addendaprobatis, Nonnevides, qusecumque morafluîdoveealore Corporatabuerint, in parvaanimaliavertiï I, capedelectos/mactalosque obruelauros. LIVRE XV. 589 fosse, et de leurs entrailles décomposées naîtront des abeilles ; l’expérience l’atteste. Amiesdes fleurs, comme leurs pères elles se plaisent dans les champs et travaillent avec ardeur à l’ouvrage qui assure leur avenir. Enfoui dans la terre, le coursier belliqueux produit le frelon. Otez au crabe ses pinces recourbées el enterrez-le, il en sortira un scorpion à la queue menaçante. Les chenilles, qui enlacent les feuilles de leurs fils blancs, se métamorphosent, comme l’ont remarqué les laboureurs, en légers papillons. Le limon recèle des germes d’où naît la grenouille verte. Il l’engendre sans pieds. Bientôt elle a des jambes pour fendre l’eau ; et, afin qu’elle puisse faire de grands sauls, ses pattes de derrière sont plus longues que celles de devant. L’ours, à sa naissance, est une masse de chair à peine vivante. En le léchant, sa mère façonne ses membres et lui donne la forme qu’elle-même a ainsi reçue. Ne voyez-vouspas l’industrieuse abeille, d’abord foetus caché sous ses rayons, recevoir plus tard des pieds et des ailes ? L’oiseau de Junon, dont la queue est parsemée d’étoiles, l’aigle qui porte la foudre de Jupiter, les colombes de Vénus et lout le Cognilares usu, de putri viscèrepassim 505 Florilegrenascunturapes, quaimoreparentum Buracolunt, operiquefavent, in spemquelaboranl. Pressusbumobellalorequuscrabronisorigoest. Coneavaiittoreosi demasbracbiacancro, Coeterasuppouasterra ?, de parte sepulla 570 Scorpiusexibit, caudaqueminabiturunca. Quoeqùesoientcanisfrondesintexerefilis, Agrestestinea3, res observalacolonis, Feralimutantcumpapilioneflguram. Semînalimushabetviridesgenerantiaranas, 575 Etgêneraitruncaspedibus ; moxaptanatando Cruradal ; utqueeademsint longissaltibusapta, Posleriorpartessuperatmensurapriores. Neccaluluspartu quemreddiditursa recenti, Sedmaievivacaroest. Lambendomaterin artus 580 Fingit, el in formant, quanlamcapitipsa, reducil. Nonnevides, quoscerategitsexangula, foetus Melliferarum apiumsinemembriscorporanasci, Et serosquepede-, scrasqueassumerepennas ? Junonisvolucrem, quaicaudasidéraportât, 585 Armigerumque Jovis, cylhereiadasque columbas, 590

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peuple ailé, sortent d’un œuf. Ce phénomène nous paraîtrait—il possible, si nous n’en étions pas les témoins ? Il est des hommes qui croient que de notre moelle épinière naissent des serpents, quand elle a pourri dans la tombe. « Toutes ces merveillesont cependant un principe qui les produit. Maisil est un oiseau qui s’engendre et se renouvelle luimême. LesAssyriensrappellent phénix. II ne se nourrit ni d’herbes ni de fruits, mais des larmes de l’encens et des sucs del’amome. Quand il a vécu cinq siècles, il construit de ses ongles et de son bec un nid sur les brandies d’un chêne ou sur la cime d’un palmier. Là il étend de légères tiges de cannelle, de nard, de cinnamome et de myrrhe, se couche sur ce bûcher et meurt au milieu des parfums. Alors, dit-on, de ses cendres sort un jeune phénix destiné à vivre le même nombre d’années. Dèsque l’âge lui a donné la force de soutenir un fardeau, il soulage l’arbre du poids du nid placé à son faîte, el emporte la pieuse couche qui fut à la fois son berceau et la tombe de son père. Arrivé, à travers les plaines de fair, dans la ville du Soleil, il va le déposer à la porte sacrée du temple. Si El genusomneaviummediise partibusovi, Niseiretfieri, fîeriquisposseputaret ? Suntqui, quumclausoputrefaclaest spinasepulcro, Mutari credanlhumanasanguemedullas. / » VU « Roectamenes aliisducuntpriniordîarébus. Unaest, quaireparet, sequeipsareseminet, aies. AssyriiPhoenicavocant.Nonfruge, nec herbis. Sedthurisîacrymis, et succovivitamomî. ïïaîcubiquinquesua ; complevilsoeculavitaï. Ô’JÎ* Ilicisin ramis, tremulaïvecacuminepalinse, Unguibus, et puronidumsibiconstruitore. Quosimulac casias, et nardilenisarislas, Quassaquecumfuivasubstravitcinnamamyrrha, Se superimponit, finitquein odoribusoenim. 400 Indeferunt, totidemqui viveredebeatannos, Corporede palrioparvum Phoenicarenasci. Quumdédithuicoetasvires, oneriqueferendoest, Ponderibusnidiramoslevâtarborisalla ;, Fertquepiuscunasquesuas, patriumquesepulcrum, 405 PerquelevésaurasHyperionisurbepotitus, AnteforessacrasHyperionisaïdereponit. ’ LIVRE XV. 591 de tels prodiges nous surprennent par leur nouveauté, il est encore plus étonnant de voir l’hyène changer de sexe tous les ans, et l’animal dont les vents et l’air sont la principale nourriture prendre la couleur de tous*les objets qu’il louche. L’Inde vaincue donna le lynx au dieu couronné de pampres. Tout ce que rejette sa vessie se durcit, dit-on. et se pétrifie par le contact de l’air, ainsique ïe corail, qui, sous les ondes, était une plante flexible. « Le jour finirait et le soleil plongerait dans les flots ses coursiers haletants, avant que j’aie raconté toutes les métamorphoses. Tout est soumis à mille vicissitudes. Nousvoyonsdes nations s’élever et d’autres tomber. Jadis assez opulente et assez guerrière pour prodiguer son sang durant dix années, Troie, terrassée aujourd’hui, n’étale que d’antiques décombres. A la place de ses richesses, ellemontre les tombeaux de ses aïeux. Sparte, Mycènes, Athènes et Thèbes, furent célèbres et. florissantes. Que reste-t-it de Sparte ? un sol misérable ; de Mycènes ? une ruine ; de Thèbes ? une ombre ; d’Athènes ? un nom. Maintenantles enfants de DarSi tamenest aliquidminenovïtatisin isfis, Alternarevices, et qutemodofeminalergo Passamaremest, nuncessemaremmiremurhysenam. -HO ]d quoque, quodventisanimalnutrituret aura, Protinusassimulattactuquoscumquecolores. VictaracemiferolyncasdéditIndiaBaccho. E quibus, ut memorant, quidquidvesïcamnisit, Vertiturin lapides, et congelâtaèretaeto. ’ Wci Sicet curalfum, quo.primumcontigitauras Tempore, duresciL : mollisfuitherbasubnndi ?. « Deseretantedies, et in altoPhcebusanhelos £quoretingetequos, quamconsequaromniadielis, In speciestranslatanovas.Sictemporaverti i^U Cernimus, atqueillasassumereroboragénies, Concîperebas.Sicmagnafuit censuquevirisque, Perquedecenipotuittantumdaresanguinisannos, NunchumilisvetereslanlummodoTrojaruinas, El prodivitiistumulososlenditavorum, i-u ClarafuitSparte ; magnaeviguereMycence ; Necnoncecropioe, necnon Amphionisarecs. VilesolumSparteest ; alisececidereMycenaj. (Edipodioniaî quidsunt, nisifabula, Thebce ? Quidpandioniae restant, nisi nomen, Athena ;  ? ^" 592 MÉTAMORPHOSES. danus élèvent, dit-on, la ville de Rome, et jettent sur les bords du Tibre, qui descend de l’Apennin, l’es vastes fondements d"un grand empire. Des révolutions en reculeront les limites ; elle deviendra un jour la capitale de l’univers. Telles sont les prédictions dés devins et les arrêts du Sort. le m’en souviens, lorsque, en voyant Troie chanceler, Énée versait des larmes et doutait de son salut, Hèlénus lui parla en ces termes : « Fils d’une déesse, « écoute, si tu as foi en mes prédictions ; tu vivras, et Troie ne « périra pas tout entière. La flamme et le fer t’ouvriront un pas « sage. Tu emporteras les restes de Pergame sur une plage élran « gère, plus amie des Troyenset de toi que ta propre patrie. Je vois « déjà les Phrygiens fonder une ville plus grande que toutes celles « qui existent, ou qui furent jadis, ou qui seront un jour. Durant

» une longue suite de siècles, ses plus illustres enfants élèveront 

« l’édifice de sa puissance, et un rejeton d’Iule en fera la reine du « monde. Quand la terre aura joui de ses bienfaits, il entrera dans « le séjour des dieux, et lé ciel sera sa demeure suprême. » J’ai retenu ces paroles qu’adressa le fils de Priam à Énée lorsqu’il s’éloignait de Troie avec ses pénates. Je me réjouis de voir surgir ces iNunéquoquedardaniamlamaesl consurgereRomam ; AppenninigenaïquoeproximaTibridisundis Molesubingentirerumfundaminaponit. Hoecigitur formamcrescendomulat, et olim ïmmensicaputorbiserit. Sicdicerevates, 455 Fatieinasqueferuntsortes.Quantuinque recordor, Priamidesïïelenusflenti, dubioquesalulis, Dixeral^Eneoe, quumres trojanalabaret : « Katedea, si notasalisproesagianostroe « Mentishabes ; nontola cadet, te sospite, Troja. 440 « Flammalibi ferrumquedabuntiter. Ibis, et una « Pergamaraptaferes, donecTrojoeque tibique « Exlernumpalriocontingatamiciusarvum. « Urbemel jamcernophrygïosdeberenepoles, « Quantanecest, nec erit, necvisaprioribusannis. 445 a Hancaliiproceresper Sîeculaîongapolcntem, « Seddominamrerumde sanguinenatusluit « Efficiet.Quo, quumtelluserit usa, fruenlur « Mûieristsedes, coelumqueerit exilusilli. » HECCHelenumcecinissepenatigeroMneoe, 450 Mentememorrefero, cognataquemoeniah-etor LIYRE XV. 593 murs que les liens du sang me rendent si chers, et la victoire des Grecs contribuer à la gloire des Troyens. « Maisje ne dois point m’écarler plus longtemps de mon but. Le ciel et ce qu’il embrasse, la terre et ce qu’elle renferme, — tout subit des changements. Il en esl ainsi de nous, faible portion du monde. Composés d’un corps et d’une âme subtile, nous pouvons avoir pour demeure le sein des bêtes sauvages ou de nos animaux domestiques. Laissons donc en paix ces corps où réside peut-êlre un père, un frère, un parent, un homme du moins, et gardonsnous de renouveler le festin de Thyeste. Avecquelleshorreurs on se familiarise ! Comme on se prépare à verser cruellement le sang humain, lorsqu’on enfonce le couteau dans la gorge d’une génisse et qu’on est sourd à ses mugissements ! Ah ! quand un homme peut immoler un chevreau, malgré ses cris semblablesaux vagissements de l’enfant, ou se repaître de l’oiseau nourri par ses mains, que lui manque-t-il pour arriver jusqu’au forfait ? Vers quels abîmes ne se fraye-t-il pas un chemin ? Que le bœuf laboure et n’impute sa mort qu’à la vieillesse ; que la brebis nous fournisse un rempart contre l’affreux. Borée ; que la chèvre abandonne à nos mains Œsccre, et ulililei-PbrygibusvicissePelasgos. a NeLamenoblilisad melamlenderelonse Exspaliemurequis, coeluni, et quodcumquesubilloest, Immutatformas, tellusque, el quidquidin illaest. 455 Nosquoquepars mundi(quoniamnoncorporasolum, Verumetiamvolucresanima ; sumus, inqueferinas Possumusire domos, pecudumquein pecloracondi), Corpora, quaipossintanimasbabuisseparenlum, AutiYatrum, aut aliquojuncLorumfoederenobis, 4G0 Autbominumcerle, tuta esseet honeslasinamus, Nevethyesleiscumulemurvisceramensis. Quammaieconsueseit, quamse parâtille cruori Impiushumauo, vituliqui gutturacullro Rumpit, et immolaspraîbetmugilibusaures ! 4C" Aulqui vagilussimilespuerilibusliaîdiim F.dentemjugularepolest, aul alitevesci, Cuidéditipsecibos ! Quantumest, quoddesitin istis Adplénumfaeiuus ! Quotransitusindeparalur ! liosaret, aut mortemsenioribusimpuletannis ! 47o HorriferumcontraRoreanovisarmaministret ; 594

MÉTAMORPHOSES
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ses mamelles gonflées de lait. Maisfaites disparaître les pièges, les engins, les filets et les lacets perfides. Renoncezà tromper avec des gluaux les habitants de l’air. Nepoussez plus dans*vos toiles le cerf effrayé par des plumes éclatantes. Ne cachez plus l’hameçon sous une insidieuseamorce. Détruisezles animaux nuisibles, mais n’allez pas au delà. Neles servezpoint sur votre table ; contentez-vousdes aliments que vous offre la nature. » HIPPOLYTE RACONTE A ÉGÉRIEL’HISTOIRE DESESNALHEURS. — ÉGÉRIE ESTCHANGÉE ENFONTAINE. III. Le cœur plein de ces préceptes et d’autres semblables, Numa rentra, dit-on, dans sa patrie, et, cédant aux instances des peuples • du Lalium, il prit en main les rênes de l’empire. Heureux époux d’une Nymphe el guidé par les Muses, il apprit leurs rites sacrés et fit goûter les arts de la paix à des hommes accoutumés aux horreurs de la guerre. Le jour où, chargé d’ans, il quitta le trône et la vie, son trépas fut pleuré des femmes, du peuple et du sénat. Son épouse sortit de Rome pour se cacher sous les ombrages de la vallée d’Aricie. Ses gémissements et ses sanglots troublèrent le culte institué par Oreste en l’honneur de Diane. Combien de fois Uberadentsaluroemanibuspressandacapeline. Reliacumpedicis, laqueosqueartesquedolosas Tollite, necvolucremviscatafaillievirga, Necformidatiscervosincludilepinnis, 475 Neceelatecibisuncosfallacibushamos. Perdite, si qua noeent ; verumha>.equoqueperditetantum, Oravacentepulis, alimentaquemitiacarpant. » HIPPOLÏTUS MISERIAS SUASEGERIjE NARRAT. — EGF.RrA MCTATUR IXFOXTEU. III. Tàlibusatquealiisinstruclopectoredictis In patriamremeasseferunt, ultroquepetitum 4SU AccepisseNumampopulilatialishabenas, Conjugequi felixNympha, ducibusqueCamenis, Sacrilicosdocuitritus, gentemque, feroci Assuetambello, pacistraduxitad artes. Quem, postquamseniorregnumqueajvumqueperegit, 485 Exstinclumlatiaîquenurus, populusque, patresque, DellevereNumam.Namconjux, urberelicla, Vallisaricinoedensislatet abdilasilvis, SacraqueoresteoegemituquestuqueDiana : Impedit.Ab ! quotiesNymphaï nemorisquelacusque, 490 LIVRE XV. 595 les Nymphesde la forêt et celles du lac la pressèrent de modérer sa douleur en lui prodiguant les plus douces consolations ! Combien de fois le fils de Théséelui dit en la voyant éplorée : « Mettez un terme à vos larmes. Votre destinée n’est pas la seule à plaindre. Jetez les yeux sur des malheurs pareils, le vôtre vous paraîtra plus supportable. Que ne puis-je alléger vos peines par un autre exemple que le mien ! Mais le mien peut suffire. Vous avez sans doute entendu parler d’Hippolyle, victime de la crédulité d’un père et des artifices d’une coupablemarâtre. Vous allez être surprise, et j’aurai beaucoup de peine à vous le persuader : Hippolyte, c’est moi. La fille de Pasiphaé, après m’avoir vainement engagé à souiller la couche de mon père, feignit que j’avais projeté le crime conçu dans son cœur. Elle le fit peser sur ma tête, par la crainte d’une révélation ou par le dépit de mon refus, et m’accusa elle-même. Malgré mon innocence, mon père me bannit d’Athènes et me chargea d’imprécations. « Proscrit, je dirigeais mon char vers Trézène, soumise au sceptre de Pitthée. Je côtoyaisle rivage de Corinthe, quand tout à coup la mer se soulève. Une immense lame, pareille à une montagne, s’élance, mugit, s’entr’ouvre à son sommet, et de ses flancs Nefaceret, monuere, et eonsolantiaverba Dixere ! Ah ! quotiesflentitbeseiushéros, « Sistemodum, dixit ! necenimforlunaquerenda Solatuaest. Similesaliorumrespicecasus, Mitiusista feres ; utinamqueexempladolentem, 405 Nonmeate possenlrelevare ! Sedet meapossunf. FandoaliquemUippolylum vestras, puto, conligitaures, Credulilalepatris, sceleraloefraudenovercoe Occubuisse neci.Mirabere, vixqueprobabo ; Sedtamenilleegosum.MePasiphaeiaquondam 500 Tenlalumfrustrapatriumtemerassecubile, Quodvoluil, finxitvoluisse, et crimineverso, Indieiinemelumagis, offensanerepulsse, Arguit ; immeritumquepaterprojecitab urbe, Hostiliquecaputprecedetestatureunlis. 5Û5 « Pittheamprofugocurru Troezenapelebam ; Jamquecorinthiacicarpebamlittoraponti, Quummaresurrexit, cumulusqueimmanisaquarum In monlisspeciemcurvari, et crescerevisus, Et daremugitus, summoquecacuminelindi. 510 590 MÉTAMORPHOSES. ’déchirés vomit un monstre armé de cornes. Sa large poitrine domine les vagues ; l’onde jaillit de sa gueule et de ses naseaux. Malgrél’effroi de mes compagnons, je reste ferme : la pensée de l’exil m’absorbe tout entier. Mes coursiers ardents tournent la tête vers la mer ; leurs oreilles se dressent, leurs crins se hérissent. L’aspect du monstre les trouble et les effraye ; ils précipitent le char à travers les rochers. Je veux les retenir, mais en vain : ils blanchissent le frein d’écume. Penché en arrière, je tire avec force les rênes, et j’allais par cet effort suprême contenir leur fureur, si une roue, heurtée à son essieu contre "un arbre, n’eût volé en éclats. Je tombe renversé de mon char. Vous eussiez vu mes pieds embarrassés dans les rênes, mes entrailles éparses, mes lambeaux suspendus aux ronces, mes membres emportés ou laissés sur la plage, mes os brisés avecun bruit terrible, et mon dernier soupir s’exhaler dans les tourments. Je n’offrais plus rien de reconnaissable :’tout mon corps n’était qu’une plaie. « O Nymphe ! pouvez-vousou oserez-vouscomparer vos inforlunes aux miennes ? J’ai vu les sombres royaumes ; j’ai lavé mes Cornigerbinetaurusruptisexpellilurundis, Peeloribusquetenusmolleserectusin auras, Naribus, et patulopartentmarisevomilore. Cordapaventcomilum, mihimensinterrilamansit, Exsiliiscontentasuis,’quumcollaféroces 515 Adfrétaconvertunt, arrectisqueauribusborrenL Quadrupèdes, monstriquercetuturbanlur, el allis Proecipitanteurrusscopulis.Egoducercvana Frenamanu, spumis.albentibus oblila, luctor, Et rétrolenlaslendoresupinushabenas ; 520 Necvirestamenbas rabiessuperassetequorum, Nirota, perneluumquacircumverlituraxem, Stïpilisoccursufractaac disjectafuissel. Exculiorcurru ; lorisquetenenlibusarlus Visceravivatrahi, nervosin stirpeteneri, 5-5 Membrarapiparlim, partimreprensarelinqui, Ossagravemdarefractasonum, fess’amquevideres Exbalananimam, nullasquein corporepartes, Noscerequasposses : unumqueerat omniavulnus. « Numpôles, aut audescladicomponerenostroe, 550 Nympba, tuam ? vidiquoqueluceearentiarégna, LIVRE XV. 597 membres déchirés dans les eaux du Phlégéthou. Mais la vie ne m’eût pas été rendue sans les remèdes puissants du fils d’Apollon. Grâce à son secours et à la vertu de ses plantes, je la recouvrai, en dépit de Pluton. Alors, craignant que ma présence parmi les humains n’excitât l’envie pour un si grand bienfait, Dianem’enveloppa d’un épais nuage. Afin que je pusse me montrer impunément et sans danger, elle me vieillit et rendit mes traits méconnaissables. Après avoir longtemps hésité si elle fixerait mon séjour dans la Crète ou à Délos, elle renonça à ces deux îles pour me transporter ici. Elle m’ordonna de quitter le nom qui pouvait me rappeler mes coursiers : « Tu fus Uippolyle, dit-elle ; sois « encore Uippolylesous le nom de Virbius. » Depuis ce jour, j’habile celte forêt. Placé au rang des dieux inférieurs, je vis caché sous la protection de la déesse, et je sers ses autels. » Cependant les maux d’aulrui ne purent calmer Égérie. Couchée au pied d’une montagne, elle fondit en larmes, jusqu’à ce que, touchée de sa pieuse douleur, la sœurd’Apollonfit de son corps une fraîche fontaine, el changeases membres en ondesintarissables. Et lacerumfoviphlegelbontidecorpusin unda. Nec, nisiapollineasvalidomedicamineprolis, Reddilavitaforet, quampostquamfortibusberbis, Atqueopepoeonia, Diteindignante, recepi. 535 Tummibi, ne praîseusaugereminuuerishuju=Invidiani, densasobjecitCynlbianubes. Utqueforemtulus, posscmqueimpunevidcri, Addidjloelaleiu, neccognosccnda reiiquit Oramibi, Creleuquediudubilavithabend.mi 510 Traderet, au Delon.DeloCretaquerelictis, Hicposuit, uomenqucsimul, quodpossilequorum Admouuisse, jubetdepnnere : « Quiquefuisti « ïlippûlylus, dixit, iiuncidemVirbiuseslo.i> Hocncmusindecolo, de disqueminoribusuuus 545 KuniiiiBsub dominailoleo, alqueaccenseorilli. » NonionienEgcria ; luclusaliénalevare Damnavalent, monlisquejacensradicibusimis. Liquiturin lacrymas, donec, pielaledolenlis Mota, sororPlioebigelidumde corporefontem 550 Fecit, el letmuisartuslenuavilin undas. 598 MÉTAMORPHOSES. MOTTEDETERRECHANGÉE ENENFANT. IV. Ceprodige émut les Nymphes. Le fils de l’Amazone n’en fut pas moins surpris que le laboureur tyrrhénien, quand il vit au milieu des champs une glèbe miraculeuse se nîouvoir d’ellemême, sans nulle cause extérieure, dépouiller sa première forme pour revêtir celle de l’homme, et ouvrir la bouche pour révéler l’avenir. Les indigènes l’appelèrent Tagès. Ce fut lui qui apprit aux Étrusques l’art de la divination. LANCEDEROHULDS TRANSFORMÉE ENARBRE. Y. Romulus fut frappé jadis dû même êtonnement, quand il vil sa"lance s’attacher à là terre sur le moiit Palatin, se parer loul à coup de feuillage, s’appuyer sur une racine nouvelle, et non sur le fer dont elle était armée, et n’être plus un dard, mais un arbre aux rameaux flexibles, donnant une ombre inattendue au peuple qui admirait ce prodige. CIPUSPRÉFÈREL’EXILA LAROYAUTÉ. VI. Telle fut encore la surprise de Cipus, quand il aperçut ses ..cornes dans les eaux du Tibre. Al’aspect d’un tel prodige, se croyant TAGESE GLEBA ORTOS. IV. AlNyinphastetigitnovares ; et Amazonenatus Haudaliterstupuit, quamquumlyrrbenusarator Fatalemglebammediisaspexitin arvis,’ Sponlesua primum, nul.loqueagitante, mdverj, 553 Sumeremothominis, le’rroequeamittereformam, Ofaqueventurisaperirerecêntiafalis. IndigenaîdixereTâgen, quiprimuselruscâm Edœuitgentemcasusaperirefuturos. ROJIDLl’EASTA ÎKARBORES ! VtKESCIT. V. Utquepalatinisboerentemcollibusolim, 560 QuumsuliiloviditfrondescereRomulushaslam ; Qùoeradicenova, nonferroslabatadacto, El jamnonlèlum, sedleuliviminisarbor, Nonexspeelâlasdàbatadmirantibusumbras. CIPUSEX1LIUM SOLIOAKTEPONIT. VI. Autsua QumineaquumviditÇipusin unda 565 Cornua, viditenim, falsainquein imaginecredens LIVRE XV. 599 lejouetd’une illusion, il refusad’y ajouter foi. Souventil porta ses doigts à son front ; mais, quand il eut touchéce qui avaitfrappé ses regards, il cessa d’accuser sa vue. Il revenait à Rome, vainqueur de sesennemis. Il s’arrêta, el, les yeux elles bras levésau ciel : « Dieux, s’écria-t-il, quel que soit l’événement annoncépar ce phénomène, s’il est heureux, qu’il soit pour ma patrie et pour les enfanls de Quirinus ; s’il est funeste, qu’il soit pour moi seul ! » A’ces mots, il brûle de l’encens sur un autel de gazon, verse du vin dans une coupe, immole des brebis et cherche une explication dans leurs entrailles palpitantes. L’aruspice tyrrhénien les examine avec lui, et découvre dans l’avenir de grands événements encore obscurs. Puis, des fibres de la victime porlant un regard perçant sur Cipus : « Roi, salut ! dit-il. Oui, ce lieu et les villes du Latium seront soumisesaux cornes de ton front. Hâte-loide franchir les portes ouvertes devant loi : tel est l’ordre du Destin. Reçu dans Rome, tu seras proclamé roi, el tu porteras un sceptre éternel. » Cipusrecule, et, détournant de Rome ses farouches regards : « Ah ! répond-il, que les dieux éloignent de moi ces présages ! Que ma vie s’écoule Esselidem, digitisad frontemSEeperelatis, Quemvidit, letigit ; necjam sualuminadamnans lleslilil, ut viclordomitoremeabalabboste. Adcoelumqueoculos, et eodembracbiatollens : 5^0 <tQuidquid, ait, Supefi.monstroporlenditurislo, Seuloetumest, palriajketum, populoqueQuîrini ; Siveminax, mibisit- ! » Viridiquee cespitefactas Plaçaiodoralisherbosasignibusaras, Vinaquedat paleris, mactalarumquebidentum, 575 Quidsibi signiûcent, trepidantiaeonsulitesta. Quaisimulinspexittyrrhemegenlisbaruspex, Magnaquidemrerummoliminaviditin illis, Nonmanifestatamen.Quumverosuslulitacre ApecudumAbrisad Cipicornualumen : oSO « Rex, ail, o salve ! libi enim, tibi, Cipe, tuisquc Iiiciocu5cl laliceparebuntcornibusarces. Tu modorumpemorain, portasqueinlrarepatentes Appropera.Siclatajubent ; namqueUrbereceplus Hexeris, ci sceptrotuluspotièreperenni.s 585 Retlulitillepedem, lorvamquea moenibusurbis Averlensfaciem : « Procul, ah ! proculomina, dixil, Taliadi pellant, multoqueogojuslius oevum 000 MÉTAMORPHOSES. dans l’exil, avant que le Capitoleme voie ceindre le diadème des TÔis ! » . Soudain il convoquele peuple et l’auguste sénat. Cachant ses cornes sous des lauriers, il monte sur un tertre élevé par ses soldats, et, après avoir invoqué les dieux, suivant l’antique usage : « Citoyens, dit—il, il y a parmi vous un homme qui deviendra votre roi,’si vous ne le bannissez de Rome. Je vous le ferai connaître, plutôt par un signe que par son nom : il a des cornes au front. L’augure vous avertit que, s’il entre dans Rome, il vous dictera des lois comme à des esclaves.Vosportes étaient ouvertes ; il pouvait les franchir : je m’y suis opposé. Cependantpersonne ne lui est attaché de plus près que moi. Enfants de Quirinus, éloignez-le de Rome. Si vous le trouvez coupable, chargez-le de chaînes, ou mettez fin à vos craintes par la mort du tyran dont le Destin vous menace. » Pareilles au bruit qui s’élève d’une forêt de pins agitée par le souffle impétueux de l’Eurus, ou au murmure des flols qu’on entend de loin, mille voix confuses partent de l’assemblée. Au milieu des clameurs, une voix les domine et demande : « Quel est cet homme ? » On examine les fronts et l’on Ëxsulagam, quammevideaulCapitoliarégent. » Dixit, et exlemplopopulumquegravemqueseualum 890 Couvocal.Antelumen-paculicornualauro Velat, et aggeribusfaclisa militeforti lnsislit, priscoquedeose moreprecalus : « Est, ait, hic unus, quemvosnisipellilisurbe, ïîe.ïerit, is qui sit, sïgno, nonnomine, dicam. 595 Cornuaironiegerit, quemvobis.indicataugur, Si Romaniinlraril, famulariajura dalurum. 111equidempotuilportasirrumpereapertas ; Sednosobstilimus, quamvisconjuncliorillo Nemomibiest.Vosurbevirumprohibete, Quiriles, C00 Vel, si dignuserit, gravibusvineilecalenis,

» 

Autfinitemetumfataïismortelyranni. » Qualiasuccinclis, ubi truxinsibilatEurus, Murmurapinetisliunl ; aut qualiafiuctus Mquorcïfaciunt, si quisproculaudiatillos ; COo Taiesouatpopulus.Sedper confusafremenlis Verhatamenvulgivoxeminetuna : « Quisille ? » Et speclanlfronlcs, prajdiclaquecornuaquajrunt. LIVREXV. 601 cherche lé signe indiqué par l’oracle. Cipus reprend : o Voici celui que vous cherchez. » A ces mots, malgré le peuple, il détache sa couronne et montre le symbole fatal. Tous baissent les yeux et poussent des gémissements. Qui pourrait le croire ? ils regardent à regret ce front couvert de tant de gloire, et, ne pouvant supporter plus longtemps qu’il reste sans honneur, ils y replacent la noble couronne. Les sénateurs, ô Cipus ! pour te consoler de l’arrêt • qui t’interdisait Rome, te firent hommage de tout le terrain que peut embrasser un attelage de bœufs depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, et gravèrent sur des portes d’airain l’image de ton front, célèbre par un prodige qui vivra dans tous lessiêcles. ESCDLAPE MÉTAMORPHOSÉ ENSERPENT. MI. Maintenant, Muses, divinités prolectrices des poêles, ditesmoi (car vous savez tout el les siècles les plus reculés n’ont point de voilespour vous), dites-moi comment l’île que le Tibre entoure de « es eaux admit Esculape au nombre des dieux de Rome. Jadis une affreuse contagion infesta le Latium.’Ses habitants, consumés par le fléau, n’étaient plus que des fantômes. Fatigués Rursusad hos Cipus. : « Quemposcitis, inquit, babetis, y El, demplacapili, populo.prohiheute, cor-ona, Ufu Exhibuitgeminoprsesigniatempbracornu. Deinisereoculosomnes, gemitumquededere {Atqueillud merilisclarumquiscredcrepossil ? ), luvilividerecaput ; nechonorecarere Ulteriuspassi, festamimposuerecoronanj. l>-^ Atproceres, quoniammurosinlrarcvercris, Rurishonoraittantumtibi, Cipe, dedere, Quantumdepressosubjectisbubusaratro Complectipossesad fînemsolisab orlu ; Cornuaqueoeratis, miramreferenliaformam, OS Poslibusinsculpunt, longummansuraper acvum. ESCULAPIUS IXANGUE3I S1UTATDS. Vil.. Pauditenunc, MUSE, prccsentianuminavatum (Scilisenim.necvosfallilspatiosavelustas),. UndeCoronidencircumfluaTibridisalveo lnsularoinuleoesacrisadsciverilurbis. ’ •’-"" Diraluesquondamlatias viliaveratauras, Pallidaqueextanguisqualebantcorporalabo. 602

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de funérailles, quand ils virent l’impuissance des efforts humains et des ressources de l’art, ils implorèrent le ciel et envoyèrent consulter l’oracle de Delphes, placé au centre du monde. Es conjurèrent Apollon de sauver un peuple, malheureux el de mettre un terme aux désastres d’une si grande cité. Le temple, le laurier du dieu et le carquois qu’il porle sur ses épaules, s’agitèrent à la fois, et, du fond du sanctuaire, le trépied prophétique jeta par ces paroles l’épouvante dans les cœurs : « Ce que vous cherchez ici, Romains, vous l’eussiez"obtenu sans aller si loin. Maintenant même vous pouvez le découvrir près de vos foyers. Pour mettre tin à vos souffrances, vous n’avez pas besoin d’Apollon, mais.de son fils. Partez sous d’heureux auspices, et emmenez-le à Rome. » À peine le sage sénat a-t-il connu cette réponse, qu’il s’informe du lieu qu’habile le jeune fils d’Apollon.Desambassadeurs font voile VersÉpidaure. Dès que leur vaisseau touche au rivage, ils se présentent devant le conseildes Grecs.Ils lé prient de leur accorder ce dieu dont la présence dans l’Ausonie doit mettre un terme à tant de funérailles, et déclarent que tel est l’ordre de l’oracle. L’assemblée se partage en sentiments contraires. Les mis pensent EUnefibusfessi, postquammortaliacernunt Tentamentanihil, nihilartespossemedenlum, Auxiliumcoelestepetunl ; riiediamquelenenles 650 QrhisbumumDeîpbosadeunt, oraculaPhoebi ; Utquesaluliferamiserissuccurrererébus Sortevelit, tantoequeurbismalaliniat, orant. Et locus, et laurus, et, quasbabetipse, pharetra ;, Intremueresimul ; corlinaquereddiditimo bo5 Hancadylovocem, pavefaclaquepectofamovil : « Quodpetishinc, propioreloco, Romane, petisses ; Et pelénuncpropioreloco.Nec’Apollinevobis, Qui’minuatluctus, opusest, sedApollinenato. Ite bonisavibus, -prolemque arcessitenoslram. » 640 Jussadei prudensposlquamaccepereseualus, Quamcolat, explorant, juvenisphoebeiusurbem, Quique-pétantventisepidauriaîittoramitlunt. Quoesimul"incurvamissileligerecarina, Conciliumgraiosquepatresadiere ; dareulque G4j Oraveredeum, quiprasensfuneragentis Finiatausonioe : certantita diceresortes. Dissidetet variâtsentenlia, parsquenegaudum LIVRE XV. 605 qu’ils doivent venir en aide aux Romains ; le plus grand nombre conseillede ne point renoncer à un puissant appui en livrant leur divinité. Au milieu de ces incertitudes, le crépuscule succède aux derniers rayons du jour, et la nuit enveloppela terre de ses ombres. Dans cet instant, Romains, le dieu secourable vous apparaît en songe devant votre couche, comme on le voit dans son temple, un bâton rustique à la main gauche et caressant sa longue barbe de la main droite. D’une voix paisible il vous adresse ces paroles : « Rannissezvos craintes. J’irai, je me dépouilleraide mes traits. Regardez seulement ce serpent dont les anneaux entourent ce bâton, et considérez-le avec attention, afin de pouvoir le reconnaître. Je prendrai sa forme, maisje serai plus grand et tel qu’il convient aux corps célestes de se montrer. » Soudain le dieu disparaît avec la voix. Le sommeil s’éloigne et le jour renaît. L’Auroreavait chassé les astres de la nuit. Les magistrats, incertains sur le parti à prendre, s’assemblent dans le superbe temple d’Esculape, et prient le dieu de faire connaître par des signes célestes le séjour où il veut résider. A peine leur prière était-elle Nonputalauxilium ; multirenuere, suamque Nonemitlereopem, necnuminatraderesuadent. 650 Dumdubitant, serampepulerecrepusculalucem, Umbraquetelluristenebrasinduxeralorbi, Quumdeusin soumisopiferconsisterevisus Antetuum, Romane, lorum ; sedqualisin îede Essesolet, baculumquetenensagrestesinistra, G55 Coesariem longcedextradeducerebarbre, Et placidotaiesemitterepectorevoces : « Ponemelus ; veniam, simulaçraquenostrarelinquam. Runcmodoserpenlem, baculumcuinexibusambit, Perspiee, et usquenotavisu, ut cognoscerepossis. 600 Verlarin hune ; sedmajorero, tanlusquevidebor, In quantumverti coelestiacorporadebenl. » Extemplûcumvocedeus, cumvocedeoque Somnusabit, somniquefugamluxaimasecutaesl. PosterasidereosAurorafugaveralignés ; 6G5 Incertiquidagantproceresad templapetiti Conveniunt operosadei ; quaqueipsemorari Sedevelit, signiscoelestibus indicet, orant. •604

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achevée, que le dieu, sous la forme d’un serpent à la crête d’or, révèle sa présence par des sifflements. A son approche, la statue, l’autel, les portes, le marbre du parvis et le faîle du temple, tout s’ébranle. Dressé jusqu’à la moitié de son corps, il s’arrête dans l’auguste enceinte, el promène autour de lui des yeux étincelanls. Le peuple est glacé d’effroi. Le pontife, dont la tête sacrée est ceinte de bandeaux blancs, reconnaît la divinité el s’écrie : « Voici, voicile dieu ! Soutenezmes prières parles vôtres, vous tous qui êtes ici présents. Dieu puissant, sois-nouspropice ! Viens au secours d’un peuple qui honore les autels ! s>L’assemblée, docile à ses ordres, adore le dieu. Les Romains répèlent les paroles du pontife : leurs cœurs et leurs voix accompagnentses prières. Esculapeles exauce. Pour annoncer que leurs vœuxsont accueillis, il secoue.sacrête, et sa langue fait entendre trois sifflements. Puis il glisse sur les degrés polis du temple, la tète tournée en arrière. Avantde quitter ses anciens autels, il les regarde et salue son ancienne demeure, le temple qu’il a jusqu’alors habité. Il rampe sur la terre jonchée de fleurs, déploie ses vastes anneaux,’traverse la ville et s’avancejusqu’au môle circulaire qui Vixbenedesierant, quumcrislisaureusaltis lu serpentedeuspramunliasibilamisit. 070 Adventuque suosignumque, arasque, foresque, ilarmoreumque solum, fastigiaqueaureamovil ; Pecloribusque-lenus médiasublimisin înde Constilil, atqueoculoscircumlulilignémicantes. Terrilalurbapavet.Cognovitnuminacastos G75 Evinctusviltacrinesalbentesacerdos, Et : < ; Deusen, deusen ; linguisqueanimisquefavete, Quisquisades, dixit.Sis, o pulcherrime, visus Utiiiter, populosque Juvestua sacracolentes. » Quisquisadest, jussumveneranturnumen, et omner fiSû Verbasaccrdotisreferuntgeminata, piumque .-Eneadaîproestantet menicet vocefavorem. Annuitbis, molisquedeusratapignoracristis, Terrepelitadéditvibratasibilalingua. Tumgradibusnilidisdelabilur, oraquerétro 1)83 Fleclit, et antiquasabiturusrespicilaras, Assuelasque domos, habilataque’templasalulat. Indeperinjectisadoperlamfloribusingens Serpithunium, fleclilquesinus, mediamqueper urbem Tenditabincurvomunilosaggereportus. tift) LIVRE. XV. C05 protège le port. Là il s’arrête. Ses yeux semblent se fixer avec plaisir sur son cortège, et jouir des hommages de la foule qui se presse sur ses pas. 11monte sur le navire latin. Le navire sent le poids de la divinité, el s’affaisse sous l’auguste fardeau. Les Romains, transportés d’allégresse, immolent un taureau sur le rivage, et lèvent l’ancré qui.retient la nef couronnée de fleurs. Une brise légère enfle la voile. Le dieu se redresse ; il pose sa têle sur la poupe el contemple les ondes. Secondé par la douce haleine des vents, le navire sillonne la mer d’Ionie. A la sixième aurore, il vogue vers l’Italie. Il franchit Lacinium, célèbre par le temple de Junon, Scylacéeel ITapygie.A-forcede rames il évite, à gauche, les rochers d’Amphisse ; à droite, les redoutables monts Cérauniens, Roméchium, Caulon et Naryc : e. Il traverse l’étroit passage du Pélore el double le royaume d’Eole, les mines de Témèse, Leûcosie et les champs de Poeslumcouverts de rosiers. Il passe devant Caprée, le promontoire de Minerve, les collines de Sorrente, fécondes en vins généreux, la ville d’Hercule, Stables, parthénope aux doux loisirs, le temple de la Sibylle de Cumes, Restitithic, agmenquesuum, turba ? quesequenlis Officiumplacidovisusdimillerevultu, Corpusin ausoniaposuitraie. Numinisilla Sensitonus, pressaquedeigravitalecarinaesl. .43nead ? e gaudent, coesoquein’itforetaure, 605 Tortacoronatoesolvuntretinaculanavis. Impuleratlevisaura ralem.Deuseminetalte’, lmpositaquepremenspuppimeervicereeurvam Cîeruleasdespeclataquas ; modicisqueper a-quor IoniumZephyris, sextoTallantidosprtu 700 Italiamtenuit ; prseterqueLaciniatemplo Nobilitatadeoe, scylaceaqueiillora ferlur. LinquitIapygiam, loevaqueampbissiaremis Saxafugit ; dexlraproeriiplaCerauniaparte, Romeehiumque legit, Caulonaque, Naryciamque, 705 Evincitquefretum, ssculiqueangustaPelori, Hippotnda ; que domosrégis, Ternesesque melalla, Eeucosiamque pelit, lepidiquerosariaPa3sti. IndelegitCapreas, promontoriumque Minervoe, ; Et surrentinogenerosospalmilecolles, 710 Herculeamque urbem, Stabiasque, et in olianalam Parlhenopen, et ob baccumoeaîlemplaSibyllce. U. 606 MÉTAMORPHOSES. les eaux thermales de Baïes, Linlerne fertile en lentisques, le Vulturne qui roule tant de sable dans ses eaux, Sinuesse peuplée de blanches colombes, Minturnesdont l’air est si pesant, Caièteoù Énée ensevelit sa nourrice, Formies où régna Antiphatè, Thraque entourée d’un marais, la terre de Circé, et Antium qu’obscurcit une brume épaisse. C’est vers ce point que les nautoniers tournent leurs voiles ; car la mer devenait orageuse. Le dieu déroule ses vastes anneaux, et par de nombreux replis se glisse dans le temple d’Apollon, bâti sur ce rivage. Les flols s’apaisent. Le dieu d’Epidaure s’éloigne de l’autel hospitalier de son père. Il sillonne le sable de ses bruyantes écailles, s’appuie sur le gouvernail et repose sa lêle sur la poupe, jusqu’à ce qu’il aborde à Castrum, aux champs sacrés de Lavinie et à l’embouchure du Tibre. Là il voit accourir en foule les hommes, les femmes et les vierges chargées de veiller au feu de Vesta, divinitéprolectrice de Troie, et lous le saluent par des cris de joie. Sur les deux rives du fleuve que le navire remonte sont dressés des autels où pétille la flamme ; partout s’élèvent des flots d’encens qui parfument les airs, et la victime tombe sous le Hinccalidifontes, lentisciferumque lenentur Einlernum, mullaraquetrabenssubgurgitearenam Vulturnus, niveisquefrequensSinuessacolumbis, 715 WinlurnaBque graves, el quamtumulavitalumnus ; Anliphatoeque domus, Trachasqueobsessapalude, Et telluscircoea, et spissilittorisAntium. Hueubi veliferamnauf.’eadverterecarinam. Asperenimjam ponluserat, deusexplicatorbes, 7 : 20 Perquesinuscrebros, et magnavoluminalubens, Templaparenlisinit flavumtangentialillus. ,’Equorepacato, patriasEpidauriusaras. Linquit, et hospiliojunctisibinuminisusus, Liltoreamtractusquamoecrepitantisarenam 725 Sulcat, el, innixusmoderamine navis, in alla Puppecaputposuit ; donecCastrnmque, saerasque Layinisedes, tiberinaquead ostiavenit. Hueomnespopulipassim, matrumque, patrumque Obviaturbaruit, quaîqueignéstroicaserval 750 Vesta, tuo^ laHoquedeumclamoresalulaut. Quaqueperadversasnaviscila duciturundas, Thurasuperripas, arisex onlinefactis, Parteah utraquesonant, et odorantaérafumis, LIVRE XV. 607 couteau sacré qu’elle rougit de sang. Enfin le navire entre dans Rome, la reine du monde. Le serpent s’élance jusqu’au haut du mât ; il agite sa tête et cherche la demeure qu’il doit choisir. Le fleuve se divise en deux parties et donne son nom à File qu’il entoure également de ses bras. C’est là que le serpent sacré se relire en sortant du vaisseau. Il reprend ses traits célestes, et met fin au deuil de Rome dont i] fut le sauveur. JULESCÉSARCHANGÉ EXASTRE. — LOUANGES D’AUGUSTE. — ÉPILOGUE, VÏÏL Cependant Esculape n’est dans nos temples qu’un dieu étranger ; mais César reçoit les honneurs divins dans la ville qui l’a vu naître. Illustre dans la paix comme dans la guerre, ce n’est point à des combats couronnéspar des îriomphes, ni à la sagesse de son gouvernement, ni à ses rapides conquêtes, qu’il doit la gloire de briller parmi les astres et de former une comète nouvelle : il en est redevable ! son fils. Parmi tous ses titres, le plus beau est celui de père d’Auguste. Les Bretons domptés, malgré les mers qui les protègent ; les flottes victorieusesconduitesjusqu’aux Ictaqueconjectosincalfacithostiacultros. 7 ! îo Jamquecaputrerum, romanamiatraveraturbem. Erigiturserpens, summoqueacclinïamab Collamovet, sedesquesibicîreumspicitaplns. Scindilurin geminaspartescircumfluusamnis. Insulanomenliabet, laterumquea parteriuorum 740 Porrigitsqualesmédiatellurelacerlos. Huese de laliapinuphoebeiusanguis Contulit, et finem, speciecoelesleresumpta, Luclibusimposuit, venitquesalutiferurbi. JDMOS C£SARFITSIDVS. — AUGUSTI PBJECOXIOÏ. — EPII.OGUS. Vili. llic lamenaccessitdelubrisadvenanostri^ ; Ti.’i Coesarin urbesua deusest.Quemmartetogaque Proecipuum, nonbellamagisfinita triumpbis, Resquedomigestïê, properalaquegloriarerum In sidusver1èrenovumstellamquecomanlem, Quamsua progenies ; nequeenimdeCsesarisactis 7.[J0 Ullummajus opus, quamquodpalerexstititbujus. Scilicetoequoreos plusest domuisseBritannos, PerquepapyriferiseptemfluafluminaNili VictricesegisÛraies, Kumidasque rebelles, 008

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sept bouches du Nil ; les Numidesrebelles, l’Africain Juba, et le Pont fier du IIGIIIde Mithridate, ajoutés à la puissance romaine ; des triomphes souvent mérités, obtenus quelquefois, ne sont pas des avantages plus glorieux que d’avoir donné le jour au grand homme que vous avezmis, dieux puissants, à la tête de l’empire pour assurer le bonheur de l’univers. Augustene pouvait sortir du sang d’un mortel : il fallait que César fût un dieu. La belle Vénus vit son apothéose ; mais elle vît aussi préparer la mort du pontife et les armes des conjurés. Elle courut toule pâle au-devant de chaque dieu qu’elle rencontrait * « Voyez, leur disait-elle, quels pièges horribles me sont tendus, et quel affreux complot se trame contre l’unique rejeton d’Iule. Seule parmi les déesses, aurai-je donc toujours dejustes sujets de plaintes ? Tantôt je suis blessée par la lance de Diomède, tantôt je rougis de voir les remparts de Troie mal défendus. J’ai vu mon fils errer longtemps sur les mers, être le jouet des flots, descendre dans le séjour des ombres, combattre contreTurnus, ou plutôt contre Junon. Maispourquoi rappeler les maux soufferts jadis par les miens ? La crainte qui m’obsède étouffe en ce moment ces souvenirs. Vous voyez Cinyphiumque Jubam, milhridaleisque tumenlem "ÏJJ rvominibus Ponlum, populoadjecisseQuirini, là multosmeruisse, aliquosegissetriumphos, Quamtantumgenuissevîrum, quoprresidermim liumanogeneri.Superi, cavistisabunde. Neforethicigilurmortaliseminecretus, 7C0 lïledeusfaeienduserat.Qu.odut aureavidit rEneoegenilrix, viditquoqueIristepararî Pontifiçilelhum, et conjuralaarmamoveri. Palluit, et cunetis, ul cuiqueerat obvia, divîs : « Aspicp, dicebat, quanlamibimoleparentur "u’.'i lnsidioe, quantaquecaputeumfraudepetatur, Quodde dardaniosolummibirestâtIulo. Solanesempererojustisesercitaeuris ? QuammodoTydidoecalydoniavulnerethâsta ; NuncmaiedefensseconfundantmoeniaTroj : r> ; "u Qua ; videamnatumlongiserroribusaclum Jaclariquefreto, sedesqueintraresilentum, BellaquecumTurnogerere, aut, si verafatemur, CumJunonemagis.Quidnuncantiquarecordor Damnameigencris ? Timorhic meminissepriorom LIVRE XV. GCO qu’on aiguise contre moi des glaives impies. Détournez-les, je vous en conjure ; prévenez un tel crime, et ne souffrez pas que le feu de Vesta s’éteigne dans le sang de son pontife. » Telles sont les inutiles plaintes dont la déesse inquiète remplit le ciel. Lesdieux en sont émus. S’ils ne peuvent briser les inexorables décrets des trois vieillesSœurs, ils donnent au moins-des signes certains de leur douleur, future. On bruit d’armes retentit au milieu de sombres nuages. Le son terrible des trompettes et des clairons prédit un grand attentat. Le soleil en deuil envoya une pâle lumière à la terre alarmée. Souvent, dans les airs, on aperçut des torches ardentes ; souvent du sein des nues tombèrent des gouttes de sang. L’étoile brillante du malin se couvrit d’obscurité, et le char de la lune parut tout sanglant. Dans mille endroits le funèbre hibou donna de sinistres présages ; dans mille endroits on vit pleurer l’ivoire. Des bois sacrés firent entendre des chants lugubres et des voix menaçantes. Les victimes n’apaisaient point les dieux. Leurs fibres annonçaient de grandes séditions prêtes à éclater, et dans leurs entrailles on trouva la partie supérieure d’un foie coupée. Aumilieu du Forum, autour de nos maiNonsinit.In me aeuisceleratoscernitisenses. Quosprohibele, precor, facinusquerepellite, neve CoodesacerdotisflammasexstinguiteVestaj. » TalianequicquamtotoVenusanxiacoelo Verbajacit, Superosquemovet.Quirumperequanquara 7S0 FerreanonpossuntvelerumdécrétaSororum, Signatamenluclusdanthaud incertafuturi. Armaferuntnïgrasinter crepilanlianubes, Terribilesquetubas, audilaquecornuacoelo Proemonuisse nefas.Pboebiquoquetristisimago ’<tâ Luridasollicitisproebebatluminaterris. Srepefacesvissemediisarderesubaslris ; Sa ; peinter nimbosguttaïceciderecruenta :. Goerulus eLvultumferrugineLuciferalra Sparsuserat ; sparsiïunaressanguinecurrus. 7y(j Tristiamillelocisslygiusdédit ominabubo ; Millelocislacrymavitebur ; canlusquefcr’untur Auditi, sancliset verbaminacialucis. Viclimanullalilat, magnosqueinslaretumultus Fibramone^coesumque caputreperiturin extis, "9u CIO MÉTAMORPnOSEfe. sons et des temples, des chiens hurlèrent pendant la nuit, -et l’on vit errer les ombres des morts. Rome elle-même trembla sur ses fondements. Maisles avis des dieux ne peuvent’triompher ni de la trahison ni du Destin. Des glaives nus sont portés dans le sénat. Oui, le sénat est choisi de préférence à tout autre lieu pour servir de théâtre au crime affreux qui se prépare. Alors la déesse de Cylhère se frappe le sein. Elle cherche à envelopper César du nuage qui déroba Paris à la fureur d’Alride etEnéeau glaive deDiomède. Jupiter lui dit : - « 0 ma fille ! croistu pouvoir seule fléchir l’immuable Destin ? Entre dans le séjour des trois Sœurs, je te le permels. Là tu verras un ouvrage immense, des tables d’airain et de fer où est écrit le sort des humains. Elles sont éternelles, et ne craignent ni le choc des cieux, ni les éclats de la foudre, ni les changements, ni la destruction. Là, sur le plus dur métal, sont fixées les destinées de ton peuple. Je les ai lues moi-même et gravées dans ma mémoire. Je vais te les dévoiler, afin que l’avenir n’ait plus désormais de mystère pour toi. « Déessede Cythère, le héros dont le sort tïnquiète a rempli Inqueforo, circumquedomos, et templadeorum Nocturnosululassecanes, umbrasquesilentum Erravisseferunt, motamquetremoribusurbem. I\Tonlameninsidias.venluraquevineerefata Pramiouituspotueredeum.Strictiqueferuntur SQO In templumgladii ; nequeenimlocusullusin urbe Adfacinus, diramqueplacet, nisiCuria, credem. ïum veroCythereamanupercussitutraque PecLus, et aitheriamoliturconderenube, ÔuapriusinfesloParisest ereptusAtridie, 805 Et diomedeos4i ! neasfugeratenses. Talibuslianegenitor : « Solainsuperabilefatum,. Nala, movereputas ? Intreslicet ipsa"Sororum Teetatrium : cernesillicmoliminevasto Exaire, et solidorerumtabulariaferro, 810 Quajnequeconcursurncoeli, nequefulminisiram, Necmetuuntullas, tuta alqueaîlerna, ruinas. Invoniesillicinclusandamanteperenni Fata tui generis.Legiipse, animoquenotavi, Etreferam, ne sis etiamnumignarafuturi. SIS « Hicsua complevit, pro quo, Cytherea, laboras, LIVRE XV. 611 les temps qui lui furent donnés : les années qu’il dut à’la terre sont finies. 11sera mis au rang des dieux et honoré dans des temples. C’est à toi, c’est au fils héritier de son nom et destiné à porter le poids de l’empire, que ce soin appartient. Intrépide vengeur du meurtre de’son père, il sera soutenu par les dieux dans les combats. Sous ses auspices, Mutine, assiégée et vaincue, demandera la paix ; Pharsale éprouvera la force de son bras, et les plaines de Philippes seront de nouveau inondées de sang. Les mers de Sicile verront la défaite d’un grand nom. Une reine d’Egypte, femme d’un général romain, succombera, malgré le fol espoir qu’elle avait mis en son hyménée, et après nous avoir en vain menacés d’asservir notre Capituleà Canope. A quoi bon l’énumérer les nations barbares répandues sur les bords des deux océans ? Tous les peuples de l’univers recevront ses lois ; la mer même lui sera soumise. Après avoir pacifiéla terre, il s’occupera des institutions politiques ; il donnera de sages lois et réglera les mœurs par son exemple. Sa prévoyanceembrassera l’avenir et toute sa postérité : il ordonnera au fils de sa chaste épouse de porter son nom et le ferdeau de l’empire, et ne montera au ceTempora, perfectis, quosterraidebuit, annis. Utdeusaccédaicoelo, lemplisquecolatur, Tufaciès, natusquesuus ; qui, nominishîeres, Impositumfereturbisonus, eaisiqueparentis S20 Nosin bellasuosfortissimusultorhabebit. llliusauspieiisobsessaimceniapacem VictapètentMutinai.Pharsaliasentietillum, $malhiaqueiterummadefactieaidePbilippi ; Et magnumsiculisnomensuperabiturundis ; S’2b Komanique ducisconjuxoegyptia, taidîe Nonbeneusa, cadet ; frustraqueeril illaminala, ServiturasuoCapilolianostraCanopo. Quidtibi Barbariem, gentesqueabutroquejacente= Oceano, numcrem ? Quodcumque babilabiletellus 850 Sustinet, bujus erit ; ponlusquoqueservietilli. Pacedataterris, animuroad civiliavertet Jurasuum, legesqueferetjuslissimusauctor, Exemploque suo moresreget.Inquefuturi Temporisoetatem, venturorumque nepolum 855 Prospiciens, prolemsanctade conjugenatàiu Ferresimul, nomenquesuum, curasquajubebit ; 612 MÉTAMORPHOSES.. leste séjour, à coté de ses aïeux, qu’après avoir atteint l’âge du roi de’Pylos.MéLamorphoseen astre l’âme de César au moment où mi meurtre, la bannira de sa demeure mortelle, afin que du haut du ciel le dieu Jules protège à jamais le Capiloleet le Forum. » Il dit. Vénus descend des voûtes élhérées, invisible à tous les regards, et s’arrête au milieu du sénat. Du corps de César elle détache son âme,.l’empêche de s’évaporer, et l’emporte dans la région des astres. En s’élevant, la déesse la sent se transformer en une substance divine et s’embraser. Elle la laisse échapper de son sein. L’âme s’envole au-dessus de la lune et devient une étoile brillante qui traîne dans un long espace sa chevelure enflammée. Du céleste parvis César voit les exploits de son fils, bien supérieurs aux siens, et se réjouit d’être vaincu par lui. Auguste défend qu’on préfère ses actions à celles de son père. Mais la Renommée, libre et indépendante, le place, malgré lui, au-dessus de César : elle ne lui est contraire que sur ce point. Ainsi le grand Atrée est moins illustre qu’Agamemnon, ainsi Théséel’emporte sur Egée, Achille sur Pelée ; et, pour citer des exemples dignes de mon suj-, c’est ainsi que Saturne est inférieur à JupiNec, uisi quumPyliosimilesajquaveritauno=, ^Elheriassedes, cognalaquesidératanget. lianeanimamiulcreacoesode corporeraplani ^ÏO Faejubar, ut semperCapitoliauostraforumque Divusab exeelsaprospecletJuliusarce.r Visea fatuserat, médiaquumsedesenalus ConstititaimaVenus, nulliceruenda, suique Caisariseripuitmembris, necm aérasolvi ^> Passareceulemanimam, coelestibus intulitaslris. bumquetulit, nunieucaperc, alqueignesceresensit. Emisitquesinu.Lunavolaialliusiila, Flammiferumque trahensspaliosolimitecrinem Stellamicat ; naliquevidensbenelacta, fatelur « ^0 Essesuismajora, CLvincigaudelab iilo. ïlicsuaprajferriquanquamvelatactapaternis, Libérafamalamen, nullisqucobnoxiajussis, Invitumpraifert, unaquein parterépugnât. SicmagnusceditlitulisAgamemnonis Alreusj NHII MgemsicTbeseus, sicPeleavincitAchilles ; Deniqueut exemplisipsosaiquanlibusular. Sicet Saturnusmiuorest Jovc.Juj>itcrarecs LIVRE X.V. 015 ter. Jupiter gouverne les deux et règne sur les trois mondes. La terre est soumise à Auguste : tous deux sont pères et rois de l’univers. Je vous en supplie, dieux, compagnonsd’Énée, qui lui avez ouvert un chemin à travers le fer et la flamme, dieux indigètes, Quirinus, fondateur de l’empire romain, Mars, père de l’invincible Romulus, Vesta, consacrée parmi les pénates de César, Apollon, placé près de Vestaparmi ses dieux domestiques, et toi, Jupiter, qui domines la roche Tarpéienne, et vous tous, dieux que le poète peut et doit invoquer ! Ah ! qu’il soit différé, qu’il soit éloigné de notre âge, le jour où, abandonnant la terre qu’il gouverne, Auguste entrera dans les célestes parvis, du haut desquels il exaucera les vœuxdes mortels ! Je l’ai enfin achevé, cet ouvrage que ne pourront détruire ni le courroux de Jupiter, ni le feu, ni le fer, ni les ravages du temps ! Maintenant qu’il vienne quand il voudra mettre fin à la durée incertaine de ma vie, le jour qui n’a de prise que sur mon corps. Immortel dans la plus noble partie de mon être, je m’élèverai audessus des astres, et mon nom ne périra point. Mes vers seront lus partout où Rome étendra son empire, et ma gloire traversera Tempérâtaîllieriaset mundirégnatriformis. Terrasub Augusto : paterest et reclorulerque. 8G0 Di, precor, Maes : comités, quibusensiset ignis Cesserunt, diqueindigeles, gemtorque, Quirine, Urbis, et invicligenitor, Gradive, Quirim, Veslaquecaisareosintcr sacratapénales, Et cumctesarealu, Pboebedomcslice, Vesta, SGD Quiquetenesaltus tarpeiasJupiterarces, Quosqucaliosvati fas appellarepiumque : Tardasit illa dies, et noslroserioraivo, Quacaputauguslum, quemtempérât, orberelicto, Accédâtcoelo, faveatqueprecanlibusabsens. S70 Jamqueopusexegi, quodnecJovisira, necignés, Kccpoteritferrum, nec cdaxabolerevetuslas. Quumvoletilladies, quoenil, nisicorporishujus Jus babet, incertispatiummihifiniatoevi. Partelamenmelioremeisuperalla pcrennis 87S Aslraferar, nomenqueerit indélébilenostrum ; Qnaquepatetdomitisromanapotenliaterris, 55 014

MÉTAMORPHOSES
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tous les siècles, s’il y a quelque chose de vrai dans les prédictions des poètes. Orclegarpopuli, perqueoniniasoeculafain ; 1., Si quidhabenlverivatumpraïsagis, vivam./’

MA

TABLE DES MATIÈRES

LIVRE PREMIER.
I
Le Chaos changé en quatre éléments distincts. 
 1
II
Succession des quatre âges. 
 5
III
Crime et punition des Géants. 
 9
IV
Lycaon est changé en loup. 
 9
V
L’univers est submergé par le déluge. 
 14
VI
Deucalion et Pyrrha repeuplent la terre. 
 19
VII
Apollon tue le serpent Python. 
 22
VIII
Daphné changée en laurier. 
 24
IX
Métamorphose d’Io en génisse et de Syrinx en roseau. - Mort d’Argus. - Naissance d’Epaphus. 
 30
LIVRE DEUXIÈME.

- I. Phaéthon demande à conduire le char du Soleil. - Frappé de la foudre, il est précipité du ciel. - Ses soeurs sont changées en peupliers. 42 - II. Cycnus est métamorphosé en cygne 60 - III. Calisto est changée en ourse 62 - IV. Le corbeau perd la blancheur de socaractères non reproduits plumage et devient noir 69 - V. Ocyrhoé métamorphosée en cavale 74 - VI. Battus changé en pierre 76 - VII. Aglaure changée en rocher 78 - VIII. Jupiter, sous la forme d’un taureau, enlève Europe. 84 LIVRE TROISIEME. - I. Agénor ordonne à Cadmus de chercher sa fille. - Combat de Cadmus avec un dragon 87 - II. Des soldats naissent des dents du dragon tué par Cadmus 92 - III. Actéon métamorphosé en cerf 93 - IV. Amour de Jupiter pour Sémélé. - Junon se venge de sa rivale 99 - V. Tirésias, aveugle et devin 103 - VI. Narcisse est changé en fleur; Echo en son. 104 - VII. Penthée, après la métamorphose des matelots en dauphins, charge Bacchus de chaînes. - A cause de ce crime, il est mis en lambeaux par les Bacchantes 113 LIVRE QUATRIEME. - I. Alcithoé et ses soeurs rejettent le culte de Bacchus. - Aventure de Pyrame et de Thisbé. - Amour de Mars et de Vénus. - Amour d’Apollon et de Leucothoé. - Amour de Salmacis et d’Hermaphrodite. - Les filles de Minyas métamorphosées en chauves-souris, et leurs toiles changées en pampres 124 - II. Ino et Mélicerte changées en dieux marins, et leurs compagnes en rochers et en oiseaux 145 - III. Métamorphose d’Hermione et de Cadmus en serpents. 153 - IV. Atlas changé en montagne. 155 - V. Persée délivre Andromède 158 - VI. Persée épouse Andromède 162 LIVRE CINQUIEME. - I. Persée change Phinée et ses compagnons en rochers 166 - II. Prétus et Polydecte changés en rochers. - Métamorphose des filles de Piérus en pies; - d’un enfant en lézard; - d’Ascalaphe en hibou; - de Cyane et d’Aréthuse en fontaines; - de Lyncus en lynx. - Enlèvement de Proserpine. - Voyage de Cérès et de Triptolème 178 LIVRE SIXIEME. - I. Arachné métamorphosée en araignée. 201 - II. Niobé, pour s’être préférée à Latone, est changée en rocher. 208 - III. Métamorphose des paysans lyciens en grenouilles 216 - IV. Marsyas changé en fleuve 220 - V. Pélops pleure Niobé. - Les dieux lui donnent une épaule d’ivoire 221 - VI. Changement de Térée en huppe; - de Philomèle en rossignol; - de Procné en hirondelle 222 - VII. Borée enlève Orythie. Il en a deux fils, Calaïs et Zétès, qui furent au nombre des Argonautes 235 LIVRE SEPTIEME. - I. Jason, par le secours de Médée, s’empare de la toison d’or 238 - II. Médée rajeunit le vieil Eson 246 - III. La jeunesse est rendue aux nourrices de Bacchus 253 - IV. Médée fait tuer Pélias par ses filles 253 - V. Médée égorge ses enfants 256 - VI. Médée s’enfuit à Athènes, où elle est accueillie par Egée 258 - VII. Arné est changée en chouette. - Peste d’Egine. - Métamorphose des fourmis en myrmidons. - Enque les envoie au secours d’Egée 261 - III. Céphale et Procris 272 LIVRE HUITIEME. - I. Nisus est changé en aigle de mer et Scylla, sa fille, en alouette 283 - II. La couronne d’Ariane placée parmi les astres 290 - III. Dédale s’envole sur des ailes. - Icare, volant près de son père, est submergé. - Métamorphose de Perdix 292 - IV. Méléagre tue le sanglier de Calydon. - Althée, mère du héros, en accélère la mort 296 - V. Naïades changées en îles appelées Echinades 310 - VI. Philémon et Baucis 314 - VII. Protée et Mestra. - Impiété d’Erisichthon et son châtiment 319 LIVRE NEUVIEME. - I. Achéloüs vaincu par Hercule. - Corne d’abondance 328 - II. Mort de Nessus 333 - III. Tourments d’Hercule sur le mont Oeta 335 - IV. Apothéose d’Hercule 340 - V. Alcmène raconte à Iole son accouchement laborieux. - Galanthis métamorphosée en belette 342 - VI. Dryope est transformée en lotos 345 - VII. Métamorphose d’Iole en jeune homme 348 - VIII. Métamorphose de Byblis en fontaine 350 - IX. Changement de sexe dans Iphis 362 LIVRE DIXIEME. - I. Eurydice est rendue à Orphée. - Il la perd une seconde fois 369 - II. Athys est changé en pin, Cyparisse en cyprès 373 - III. Enlèvement de Ganymède 376 - IV. Hyacinthe métamorphosé en fleur 377 - V. Métamorphose des Cérastes en boeufs et des Propétides en rochers 380 - VI. Statue de Pygmalion 381 - VII. Myrrha changée en arbre 384 - VIII. Métamorphose d’Adonis en anémone, d’Atalante et d’Hippomène en lions, de Mentha en menthe 395 LIVRE ONZIEME. - I. Orphée est déchiré par les Bacchantes. - Un serpent est changé en pierre 407 - II. Les Ménades sont métamorphosées en arbres 410 - III. Midas convertit tout en or 411 - IV. Apollon donne à Midas des oreilles d’âne 414 - V. Les murailles de Troie bâties par Apollon et par Neptune 417 - VI. Mariage de Pélée et de Thétis 418 - VII. Dédalion changé en épervier. - Un loup métamorphosé en pierre 421 - VIII. Céyx et Alcyone. - Naufrage de Céyx. - Le palais du Sommeil. - Céyx et Alcyone transformés en alcyons 428 - IX. Métamorphose d’Esaque en plongeon 444 LIVRE DOUZIEME. - I. Le serpent qui avait annoncé la durée de la guerre de Troie est pétrifié. - Une biche est immolée à la place d’Iphigénie 447 - II. Cyenus, tué par Achille, est changé en cygne 449 - III. Nestor raconte le combat des Lapithes et des Centaures. - Cénée métamorphosé en oiseau 454 - IV. Métamorphose de Périclymène en aigle 473 - V. Mort d’Achille 475 LIVRE TREIZIEME. - I. Ajax et Ulysse se disputent les armes d’Achille. - Le sang d’Ajax est changé en fleur 478 - II. Après la prise de Troie, Polyxène est immolée aux mânes d’Achille, Polydore est égorgé par Polymestor, et Hécube changée en chienne 498 - III. Des oiseaux naissent des cendres de Memnon 507 - IV. Enée, fugitif, arrive chez Anius, dont les filles sont transformées en colombes 510 - V. Diverses métamorphoses. - Acis et Galatée. - Glaucus changé en dieu de mer 514 LIVRE QUATORZIEME. - I. Scylla changée en rocher par Circé 528 - II. Les Cercopes métamorphosés en singes. - Descente d’Enée aux enfers. - Fable de la Sibylle 532 - III. Achéménide. - Macarée. - Enchantements de Circé. - Picus et Canente 536 - IV. Compagnons de Diomède changés en oiseaux 550 - V. Pâtre d’Apulie transformé en olivier sauvage 552 - VI. Vaisseaux d’Enée changés en Nymphes 554 - VII. Oiseau né des cendres de la ville d’Ardée 556 - VIII. Enée métamorphosé en dieu 557 - IX. Vertumne et Pomone. - Iphis et Anaxarète 558 LIVRE QUINZIEME. - I. Myscèle, fils d’Alémon. - Cailloux noirs changés en blancs 571 - II. Pythagore. - Sa doctrine. - Il expose les changements et les métamorphoses qui arrivent dans la nature 574 - III. Hippolyte raconte à Egérie l’histoire de ses malheurs. - Egérie est changée en fontaine 594 - IV. Motte de terre changée en enfant 598 - V. Lance de Romulus transformée en arbre 598 - VI. Cipus préfère l’exil à la royauté 598 - VII. Esculape métamorphosé en serpent 601 - VIII. Jules César changé en astre. - Louanges d’Auguste. - Epilogue 607 - FIN DE LA TABLE DES MATIERES. </poem> 610 TABLE DES MATIÈRES. VI.Battuschangéen pierre 7G VII.Aglaurechangéeen rocher 7S VIII.Jupiter, sousla formed’un taureau, enlèveEurope 84 LIVRE TROISIÈME. 1.Agénorordonneà Cadmusde cherchersa fdle.—Combatde Cadmus avecun dragon S7 H. Dessoldatsnaissentdesdentsdu dragontué parCadmus 92 III. Acléonmétamorphosé en cerf. 95 IV.Amourde Jupiterpour Sémélé. — Junonse vengede sa rivale.. 99 V. Tirésias, aveugleet devin 103 VI. Narcisseest changéen fleurj Échoen son 104 VII.Penlhée, après la métamorphosedes malelolsen dauphins, charge Bacchusde chaînes. — Acausede ce crime, il est misen lambeaux par lesBacchantes 115 LIVRE QUATRIÈME. I. Alcilhoéet ses sœursrejettentle culte de Bacchus. — Aventurede Pyrameet de Thisbé. — Amourde Marset de Venus. — Amourd’Apollonet de Leucolhoô. — Amourde Salmaciset d’Hermaphrodite. — Les iillesde Minyasmétamorphosées en chauves-souris, et leurstoiles changéesen pampres… : 124 II. Ino et Mélicertechangéeseu dieuxmarins, et leurscompagnesen rocherset en oiseaux 14o III. Métamorphose d’Hermioneet deCadmusen serpents loô IV.Allaschangéen montagne 155 V. PersécdélivreAndromède ïoS VI.PerséeépouseAndromède , 1G2 LIVRE CINQUIÈME. I. PerséechangePhinéeet sescompagnons en rochers…….. 1GG II. Prétuset Polydeclechangésen rochers. — Métamorphose des fillesde Piérusen pies ; —d’un enfanten lézard ; —d’Ascalapheen hibou ; — deCyaneet d’Aréthuseen fontaines ; — de Lyncusen lynx. — Enlèvementde Proserpine. — Voyagede Cérèset de Triplolème…. 178 LIVRE SIXIÈME. I. Arachnémétamorphosée en araignée 201 H. Niobé, pours’être préféréeà Latone, est changéeen rocher,.., -OS TABLE DES MATIÈRES. en III. Métamorphosedes paysanslyciensen grenouilles 21G IV.Marsyaschangéen fleuve 220 V. PélopspleureNiobé.— Lesdieuxlui donnentune épauled’ivoire.221 VI.Changementde Térée en huppe ; —de Philomèleen rossignol ; — de Procnéen hirondelle 222 VII.BoréeenlèveOrylhie.11en a deux fils, Calaïset Zélés, qui furentau nombredes Argonautes 235 LIVRE SEPTIÈME. I. Jason, par le secoursde Médée, s’emparede la toisond’or 23S II. Médéerajeunitle vieilÉson 216 III. Lajeunesseest rendueaux nourricesde Bacchus 255 IV.Médéefaittuer Péliaspar sesfilles 2o5 V.Médéeégorgesesenfants 2oG VI.Médées’enfuità Athènes, où elle est accueilliepar Égcc 258 Vil.Arnéest changéeen chouette. — Peste d’Égine. — Métamorphosedes fourmisen myrmidons. — Éaquelesenvoieau secoursd’Egée.2GI III. Céphaleet Procris 272 LIVRE HUITIÈME. I. Nisusest changéen aiglede mer et Scylla, sa fille, en alouette… 283 II. Lacouronned’Arianeplacéeparmilesastres 290 H !.Dédales’envolesur des ailes. — Icare, volantprès de son père, est submergé. — Métamorphosede Perdix 292 IV.Méléagretue le sanglierde Calydon. — Allhce, mèredu héros, en accélèrela mort 296 V.Naïadeschangéesen îlesappeléesÉchinades 310 VI.Thilémonet Baucis 314 VII.Protéeet Meslra. — Impiétéd’Érisichlhonet sonchâtiment…. 519 LIVRE NEUVIÈME. I. AchéloDs vaincupar Hercule. —.Corned’abondance 528 II. Mortde Nessus 353 III. Tourmentsd’Herculesur le montŒla 355 IV.Apothéosed’Hercule… 340 V. Alcmèneraconteà [oie son accouchementlaborieux. — Galanlhismétamorphoséeen belette 542 VI.Dryopeest transforméeen lotos 545 VII.Métamorphosed’Ioleen jeunehomme ,., , … 518 {{table|section= VIII.Métamorphosede Byblisen fontaine… c,., {{table|section= Changementde sexedansIphis 562

LIVRE DIXIÈME.

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LIVRE ONZIÈME.

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LIYRE TREIZIÈME.
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II. 
Après la prise de Troie, Polyxène est immolée aux mânes d’Achille, Polydore est égorgé par Polymestor, et Hécube changée en chienne 
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III. 
Des oiseaux naissent des cendres de Memnon 
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IV. 
Énée, fugitif, arrive chez Anius, dont les filles sont transformées en colombes 
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V. 
Diverses métamorphoses. — Acis et Galatée. — Glaucus changé en dieu de mer 
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LIVRE QUATORZIÈME.
I. 
Scylla changée en rocher par Circé 
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II. 
Les Cercopes métamorphosés en singes. — Descente d’Énée aux enfers. — Fable de la Sibylle 
 532
III. 
Achéménide. — Macarée. — Enchantements de Circé. — Picus et Canente 
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IV. 
Compagnons de Diomède changés en oiseaux 
 550
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Pâtre d’Apulie transformé en olivier sauvage 
 552
VI. 
Vaisseaux d’Énée changés en Nymphes 
 554
VII. 
Oiseau né des cendres de la ville d’Ardée 
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VIII. 
Énée métamorphosé en dieu 
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IX. 
Vertumne et Pomonc. — Iphis et Anaxarète 
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LIVRE QUINZIÈME.
I. 
Myscèle, fils d’Alémon. — Cailloux noirs changés en blancs 
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II. 
Pythagore. — Sa doctrine. — Il expose les changements et des métamorphoses qui arrivent dans la nature 
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III. 
Hippolyte raconte à Égérie l’histoire de ses malheurs. — Égérie est changée en fontaine 
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IV. 
Motte de terre changée en enfant 
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V. 
Lance de Romulus transformée en arbre 
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VI. 
Cipus préfère l’exil à la royauté 
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Esculape métamorphosé en serpent 
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VIII. 
Jules César changé en astre. — Louanges d’Auguste. — Épilogue 
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FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

Paris. — impo. simon raçon