Les Mémoires d’un veuf/Formes

Œuvres complètes - Tome IVVanier (Messein) (p. 217-218).

FORMES


L’avoué roux, en veston du lundi, tient audience comme un simple président.

Un clerc, non le principal, est resté dans l’étude aux grandes fenêtres anciennes donnant sur la cour immense qui trouve le moyen d’être étroite, tant ce Paris, aussi bien le vieux que le nouveau, reste immuablement illogique.

Il est bien, ce clerc tout jeune avec sa moustache en accroche-cœurs et ses cheveux ras en pointe comme ses bottines de drap vert.

La Victime entre : rendez-vous avait été pris à cette heure précise en ce jour où les patrons de la Chicane chôment au Palais tout comme les travailleurs pour de bon le font à l’atelier, et se tiennent chez eux à la disposition du public, adverse ou non.

Elle s’assied, la Victime, un monsieur quelconque qui a des griefs. Il retourne d’une femme bien entendu, d’une famille qui n’est pas la sienne à lui mais que l’usage en l’espèce appelle belle.

Une heure s’écoule, deux heures. La Victime, en désespoir de cause, bien qu’elle ait vu l’avoué roux promener plusieurs fois son veston de son cabinet particulier au clerc et retro, comprend que ça pourra durer longtemps ainsi. Elle dicte au clerc un mot de conciliation (il s’agit d’enfant cette fois) — et s’éloigne par un superbe escalier d’antique hôtel patrimonial.

Le lendemain une lettre fort polie, et si bellement écrite ! — le prie de vouloir bien ne pas « troubler la paix ».