Les Livres d’étrennes, 1902

Revue des Deux Mondes5e période, tome 12 (p. 933-946).
LES
LIVRES D'ÉTRENNES

Dans cette abondante production annuelle, si fantaisiste et si mélangée, qui naît au temps de la chute des feuilles et où l’imagination et la science, l’histoire et l’art se donnent libre carrière, ce sont les ouvrages qui associent ce double caractère d’élégance et de solidité qui resteront toujours les plus appréciés. C’est ainsi que, parmi les livres d’étrennes, la superbe édition de Madame de Pompadour[1] ne peut manquer d’être distinguée. Après avoir retracé la vie de Marie-Antoinette Dauphine et Reine, celle de Louis XV et de Marie Leczinska, dont il a donné des portraits d’une ressemblance si parfaite, l’historien consacré du château de Versailles achève aujourd’hui le magistral tableau de la Cour de Louis XV et complète en quelque sorte le récit de son règne par celui du règne de la favorite. Restitués à la lumière de documens nouveaux et inédits, la figure de Madame de Pompadour, son rôle et son influence y apparaissent comme on ne les avait pas encore vus, conformes à la réalité même, et l’on peut dire que M. de Nolhac aura contribué plus qu’aucun de ses devanciers à les faire sortir de la légende pour leur rendre leur véritable caractère. Avec une information étendue et sûre, il a repris page à page la chronique de ces quatorze années cl, grâce à de véritables découvertes, il a pu montrer que la femme de Cour fut très différente de celle qu’on est accoutumé de montrer et que, sans vouloir réhabiliter des temps sans vertu, on doit réviser quelques-uns des jugemens portés sur elle, depuis Richelieu et d’Argenson jusqu’à ses plus récens historiographes, les Goncourt et Campardon, qui sont démentis par des témoignages indiscutables, entres autres par la partie des Mémoires nouvellement publiée du cardinal de Bernis, de Choiseul, par ceux du duc de Croy, qui est le seul à avoir vu ce dont tant d’autres ont parlé, et surtout par les lettres de François Poisson à M. de Vandières, et celles inédites de Mme de Pompadour. Mais ce qui distingue encore ce livre, composé et imprimé avec le luxe, le goût et la perfection qui caractérisent la maison d’édition d’où sont sortis tant de livres rares, c’est une illustration incomparable, pour laquelle M. de Nolhac n’a eu qu’à faire un choix éclairé parmi les merveilles d’une époque qui fut si riche en œuvres d’art. Le Musée et la Bibliothèque de Versailles lui ont fourni les plus beaux spécimens de ses reproductions, et les amateurs étrangers ont complété cette précieuse collection, où l’on peut admirer, à côté des superbes fac-similés en couleurs du portrait de Mme de Pompadour, par Boucher, conservé à la National Gallery of Scotland, et celui de Louis XV, par Van Loo, qui orne la Bibliothèque de l’Arsenal, plusieurs autres portraits de la marquise, le Lever et le Coucher du Soleil, la Chasse au filet, du même Boucher ; la Naissance de la Vierge, l’Assomption, dessinées par lui pour le Livre d’heures de la favorite, d’autres portraits d’elle par Maurice-Quentin de La Tour, par François Guérin, par Drouais : ceux de Madame Henriette de France, de Marie-Sophie de France, de l’infante Isabelle, petite-fille de Louis XV, du Duc de Bourgogne, par Nattier ; les dessins et aquarelles des Cochin, Tocqué, Van Blarenberghe, qui a peint les batailles de Fontenoy et de Laufeld ; les marbres de Pigalle, représentant l’Amour et l’Amitié, la marquise de Pompadour en déesse de l’Amitié.

A l’art et à l’histoire se rattachent les savans travaux que publie sur les Artistes de tous les temps dans la Revue dirigée avec tant d’habileté et de compétence par M. Comte, la Librairie de l’Art ancien et moderne, et dont le dernier, les Arts dans la maison de Condé[2], est d’un intérêt si attachant et d’une exécution si parfaite. M. Gustave Maçon était tout désigné pour présenter ce nouvel ouvrage extrait des trésors de cette incomparable demeure, et, avec son talent et son goût si appréciés, il a fait revivre Chantilly, le Palais-Bourbon, et leurs merveilles d’art aux grandes époques et dans tout leur éclat, sous le grand Condé (1643-1686), sous le prince de Condé (1687-1709), le duc de Bourbon (1710-1740), sous Louis-Joseph, prince de Condé (1740-1790), et enfin sous le Duc d’Aumale. L’ouvrage est de tous points digne de cette collection, qui contient déjà tant de volumes recherchés, entre autres Goya, par M. Paul Lafond, Fantin-Latour et Cazin, par M. L. Bénédite, Falguière, par M. Larroumet, Gustave Ricard, par M. Camille Mauclair, Alexandre Linois, par M. Emile Dacier.

De la bibliothèque de Chantilly, si riche en manuscrits, sortent les lettres autographes de Louis XIII au cardinal de Richelieu, que le comte de Beauchamp a découvertes au Musée Condé, et qui donnent de Louis XIII[3] une opinion assez différente de celle généralement admise. L’ouvrage est enrichi de gravures, des tableaux, plans et médailles du temps, qui font de cette publication, éditée avec luxe, un véritable monument du règne de Louis XIII.

C’est également à l’histoire sacrée enseignée par les chefs-d’œuvre de la peinture qu’appartient le savant ouvrage de M. Venturi sur la Madone[4] où, dans une suite de tableaux célèbres, il nous montre les principales interprétations de la Vierge dans l’art italien par les artistes, qui ont tâché de rendre la beauté de ses traits et la pureté de sa vie, depuis le peintre chrétien de la Madone des catacombes de Priscille jusqu’à celles de Raphaël qui, treize siècles plus tard, en peignant les Vierges à la Chaise et de Saint-Sixte, retrouva le type et la forme première que tout le moyen âge avait perdu, et que l’on vit dès lors se dégager de tout ce qui en avait altéré l’auguste simplicité. Les plus beaux exemplaires des statues, mosaïques et miniatures, tableaux et bas-reliefs représentant la Vierge sont rassemblés dans cet ouvrage, à l’aide des meilleurs procédés de nos jours.

Nous retrouvons quelques-uns de ces grands peintres dans la belle Collection des grands artistes[5], publiée par la maison d’édition Laurens, qui a tant fait pour répandre le goût de l’art. Par le Raphaël, de M. Eugène Muntz, l’Albert Dürer, de M. Auguste Marguillier, le Watteau, de M. Gabriel Séailles, le Rubens, de M. Gustave Geffroy, le Delacroix, de M. Maurice Tourneux, le Titien, de M. Maurice Hamel, on peut juger de l’importance de cette collection, qui comprend une suite de monographies dues à la plume des écrivains les plus compétens. Chacune d’elles résume admirablement et avec beaucoup de talent et d’érudition ce qu’on doit savoir d’indispensable sur ces peintres de génie, et à la nouveauté et à l’originalité des jugemens et des vues elles joignent la précision, l’élégance et l’intérêt des choses bien présentées et des reproductions bien choisies de tous leurs chefs-d’œuvre ; ce qui constitue également les qualités des Villes d’art célèbres du même éditeur, qui comprennent déjà Cordoue et Grenade, Gand et Tournai, Nîmes, Orange et Arles[6].

Et c’est presque traiter d’une œuvre d’iconographie chrétienne et ne pas s’éloigner beaucoup des grands peintres de la Vierge que de parler d’un artiste d’un noble et pur talent, qui se rapproche des maîtres les plus célèbres de la peinture religieuse par l’élégance de ses compositions, son goût sûr, et à qui la grâce de son dessin et la moralité de son œuvre ont assuré un juste renom : Hippolyte Flandrin[7], dont les fresques à l’église Saint-Vincent-de-Paul et à Saint-Germain-des-Prés peuvent être considérées comme le chef-d’œuvre de la peinture religieuse au XIXe siècle, et qu’on a pu saluer du nom de Panathénées chrétiennes. Quand on lit ces lettres si naïves et si simples, mais empreintes et comme parfumées de sentimens si purs et si profonds, qui retracent la vie de Flandrin, ses débuts si pénibles, cette conquête patiente des premiers succès, puis cette marche rapide vers des travaux toujours plus vastes que devait interrompre une fin prématurée, on reste charmé de trouver réunis dans cette âme d’artiste et de chrétien les dons du talent et les qualités du caractère, et, comme on l’a si justement dit l’auteur de la préface, il n’est guère de lecture plus édifiante : c’est un recueil de nobles exemples.

En fixant les Modes féminines au XIXe siècle[8], le dessinateur par excellence de la Parisienne, M. Henri Boulet, s’est complu, pour une fois, à l’habiller de costumes d’une variété infinie et à faire défiler sous nos yeux, en une suite de croquis pris sur le vif, de silhouettes pleines d’aisance et de désinvolture, les principaux types des modes que les femmes ont suivies pendant le siècle dernier. A quelles extravagances ne se laissent-elles pas aller pour plaire ? on le verra dans ces cent pointes sèches, rehaussées d’aquarelle, aussi élégantes que caractéristiques. C’est l’esquisse d’une piquante histoire des mœurs par la mode, et du progrès circulaire, en quelque sorte, puisque nos élégantes reviennent, on s’en convaincra, aux modes de leurs grand’mères. Que d’observations intéressantes ne peut-on pas faire en parcourant cet amusant album, édité avec luxe, merveilleusement imprimé et illustré, qui se recommande encore du nom de ses éditeurs et qui sera aussi apprécié par les amateurs et les artistes que recherché par les femmes !

Dans l’Album les Maîtres de la caricature[9], M. Lucien Puech a voulu dégager de la foule des dessinateurs d’aujourd’hui ceux que leur manière, leur verve, leur « écriture » désignaient comme des maîtres de la caricature, et dont les feuillets épars constitueront pour l’avenir des documens certains, où les historiens puiseront plus tard, apprendront à connaître ceux qui furent nos contemporains et l’époque qui fut la nôtre. Ils revivent et elle renaît pour ainsi dire, fixée et synthétisée dans ces dessins, qui semblent de plus en plus rudimentaires à force d’être simplifiés, comme si la caricature d’aujourd’hui revenait à l’hiéroglyphe d’où elle est sortie, avec, cette différence toutefois qu’elle ne se borne plus à évoquer une idée par l’image, par une charge, mais que, devenue sobre et psychologique, ainsi qu’on dit si bien ici, elle traduit clairement une pensée restée à l’état embryonnaire dans la multitude et que l’artiste seul a su formuler. Tels Caran d’Ache, Forain, Sem, Cappiello, qui le plus souvent caractérisent sans déformer, qui qualifient et généralisent, par un trait, par une ligne d’une adresse infinie : Caran d’Ache, qui a d’extraordinaires raffinemens expressifs, et a donné dans l’Epopée la mesure de son talent ; Forain, au trait audacieux, d’une précision rigoureuse, d’un sens éloquent, spirituel, enjoué, amer, mais toujours si bien défini ; Willette, un féministe et un satirique ; Robida, magicien du crayon et de la plume, qui a ressuscité le passé avec une verve endiablée ; Steinlen, un « intimiste ; » Job, qui s’est révélé peintre d’histoire ; Gerbaull, Albert Guillaume, Bac, Léandre, B. Rallier, Hermann-Paul, Abel Faivre, Balluriau, Lucien Métivet, et d’autres encore. C’est cette variété dans l’interprétation et dans la manière des maîtres de la caricature qui fait l’intérêt et le prix de cet album, publié avec tant de soin, divertissant d’un bout à l’autre, et qui ne peut manquer d’être apprécié des amateurs.

Les Jouets[10] disent eux aussi, à leur manière, les mœurs d’un temps, racontent un peuple, et l’on ne prétendra pas que l’idée que M. Henri-René d’Allemagne a eue d’en faire l’histoire, en remontant aux temps anciens, manque d’originalité ou le sujet d’actualité. Avec ces vieux jouets, on arrive à reconstituer l’histoire de plusieurs générations disparues, à marquer les progrès de l’humanité ; et, de toutes ces reliques, que l’auteur exhume pour nous de leurs mystérieuses cachettes, ne se dégage-t-il un souvenir doux et agréable qui emprunte tout le charme du passé et des choses qui ne sont plus ? En parcourant la collection inappréciable qui nous est ici présentée dans ce bel et savant ouvrage, aussi attachant par l’agrément des descriptions que par la sûreté de l’information, on appréciera combien la tâche était délicate de reconstituer en quelque sorte l’histoire des jouets depuis l’origine jusqu’à nos jours. Les illustrations, gravures hors texte, et les 50 planches coloriées à l’aquarelle qui presque toutes ont été relevées pour cette publication d’après des pièces anciennes, et dont quelques-unes sont des merveilles de reproduction, ajoutent encore à l’intérêt du texte.

M. Gaston Vuillier traite un sujet analogue et charmant entre tous : Plaisirs et Jeux de chaque âge[11] depuis les origines ; et, depuis le hochet qui sort de premier jouet à l’enfant jusqu’aux distractions de l’âge mur, il nous les décrit tous, dans son style élégant et coloré. Nous remontons avec l’auteur aux spectacles antiques, aux jeux olympiques, pour parcourir le cycle de tous les plaisirs jusqu’aux sports récens, à la bicyclette et à l’automobile, puisque le polo, la paume, etc., ont été de tous les temps, et qu’un grand nombre de jeux, communs à des peuples d’origine différente, furent pratiqués dans l’antiquité.

Les modes et les jouets passent comme les siècles, les destinées de la patrie changent, avec eux. Ce qui demeure, c’est un fonds permanent et indestructible, de dévouemens admirables. Le Sang gaulois[12] rappelle les titres de gloire, la longue série des héros français, il remet en mémoire des actes héroïques et légendaires qui honorent notre pays depuis le temps de la Gaule jusqu’à nos jours. Qu’ils portent l’armure et qu’ils chaussent les éperons de chevalier comme Roland, comme Godefroy de Bouillon, comme Duguesclin, comme Bayard ; que ce soit un simple paysan comme le Grand Ferré de Compiègne, un bourgeois comme Ringois d’Abbeville ou Alain Blanchard de Rouen ; une pastoure comme Jeanne d’Arc ; que ce soit le chevalier d’Assas aux avant-postes, le représentant du peuple Boissy d’Anglas en face des assassins, le chirurgien Desgenettes au milieu des pestiférés de Jaffa, le jeune Bara, la Mère Saint-Henry, le curé Thirion, le Père Dorgère, l’esprit d’abnégation est le même. Ils revivent tous ici, ces héros connus, dont on retrouve l’histoire dans les compositions si variées de Zier, d’une vigueur, d’une noblesse et d’une exécution irréprochables, qui feront de cet album un des plus recherchés de l’année.

Pour ceux qui ont le goût des choses militaires, que de souvenirs déjà lointains évoquera cette collection incomparable de toutes les Tenues des troupes de France[13] des armées de terre et de mer, à toutes les époques, que commentent plusieurs membres de « la Sabre tache » et uni semblent revivre avec tous les détails d’habillement, d’équipement dans ces belles planches en couleurs d’après les aquarelles et les dessins de Job, représentant des groupes d’ensemble, des scènes épisodiques à côté des faits d’armes.

Une leçon non moins haute nous est fournie dans la Guerre racontée par l’image[14]. Ce vivant musée des batailles, plein de souvenirs à la fois cruels et réconfortans, évoque à nos yeux, dans des gravures d’après les peintres les plus célèbres, les scènes les plus sauvages et les plus héroïques de la victoire et de la défaite, dont toutes devaient si bien inspirer les écrivains et les artistes et nous valoir une œuvre qui laisse une impression d’incomparable grandeur.

Les Batailles françaises[15], que le général Hardy de Perini a si savamment étudiées et su conter avec tant de naturel et de chaleur patriotique, trouvent ici leur place, ainsi que les Cent récits d’Histoire de France[16] de M. Ducoudray et l’Invasion[17], de M. Léon Barracand.

Les Etapes héroïques[18], par M. Jules Mazé, forment aussi un mémento qui contribuera à fortifier les plus nobles espérances. Quelle plus haute leçon pourrait-on imaginer que celle qui naît du rapprochement de ces exemples pris dans le triomphe et le deuil durant l’année terrible, que MM. Paul et Victor Margueritte rappellent dans leur Histoire de la guerre de 1870-1871[19].

Nos Origines nationales[20] sont une véritable leçon d’histoire de France, où l’auteur de l’Épopée de César[21] montre de quels élémens constitutifs s’est formée la patrie française, et fait ressortir, dans un récit toujours intéressant, l’unité et l’a mission de notre race.

M. Dayot, continuant l’œuvre de reconstitution historique qu’il avait commencée avec la Révolution française, le Second Empire, l’Invasion, le Siège, la Commune, a su réunir dans la Restauration[22] des documens historiques de toute nature et d’un prix inestimable pour nous et ceux qui suivront et verront revivre, d’après l’image du temps même, les époques de Louis XVIII et de Charles X, et les personnages de ces règnes, que 534 gravures remettent sous leurs yeux.

Dans la magnifique et glorieuse épopée de la Révolution et de l’Empire, s’il est une figure qui se détache entre toutes par sa beauté morale et sa noble simplicité, c’est assurément celle de Dominique Larrey[23]. .. Il ne se montra pas seulement un habile chirurgien, d’un dévouement sans limite à ses blessés, mais aussi un soldat d’une bravoure à toute épreuve. Toute une série de documens inédits, et le Journal même de Larrey, ont permis à M. Paul Triaire de reconstituer dans son intégrité la grande figure de Dominique Larrey, dont les brillantes aquarelles de M. Marcel Pille nous retracent la carrière militaire et scientifique.

Si courte qu’elle ait été, elle n’est pas moins exemplaire, la vie du jeune enseigne de vaisseau Paul Henry, qui, avec l’aide de quelques matelots seulement, soutint pendant deux mois le siège du Pé-Tang et de l’évêché de Pékin contre les Boxeurs, et qui mourut victorieux en sauvant la mission confiée à sa garde et plus de trois mille personnes qui s’étaient mises sous la protection de la cathédrale et du drapeau français. En lisant ce Journal d’une beauté sereine, on suivra heure par heure les péripéties du siège, on saura par les lettres de Paul Henry lui-même à quelles sources chrétiennes il avait puisé la force calme, le mépris du danger… Jamais l’héroïsme ne parla une langue plus simple et plus française que dans ces lettres de Paul Henry et dans ces notes où M. René Bazin a retracé sa trop courte vie, sa fin sublime de marin loyal et brave comme un Breton de pure race[24].

Tous ces grands faits de l’histoire, ces souvenirs de la Défense nationale ramènent naturellement la pensée vers les Mémoires de Krüger[25], et quelles plus belles pages pourrait-on soumettre aux méditations des peuples que celles qui retracent dans sa noble simplicité la vie d’un homme de bien, d’un caractère élevé et digne, dont la conduite fut toujours droite, le courage surhumain, l’action bienfaisante et sainte ? Il se raconte lui-même depuis le jour où, vers l’âge de neuf ans, il quitta, à la suite de ses parens, modestes paysans, le territoire du Cap pour le grand trek, émigrant vers les contrées sauvages et inexplorées du Nord, jusqu’à l’heure, où, délégué en Europe, pour y tenter un dernier effort en faveur des républiques sud-africaines, il apprend, impuissant et désarmé, l’effondrement de sa patrie, la ruine et la mort de son peuple et des siens. L’histoire même de la dernière guerre et de ses phases n’a pu figurer dans les Mémoires de Krüger, puisqu’il n’y prit pas part personnellement, mais il nous fait le récit fidèle et détaillé de sa jeunesse, de ses débuts, de ses campagnes diverses, de la guerre civile de 1861-1864, de ses luttes contre les indigènes (1865-1868), de sa mission en Angleterre, suivie de la guerre de l’Indépendance (1880-1881) ; de sa présidence quatre fois renouvelée depuis 1883, et enfin des négociations qui ont précédé, mais n’ont pu empêcher la guerre. Avec quelle puissance d’évocation, quelle observation profonde, quelle émotion, quelle indignation, quand il dévoile toute la vérité, c’est ce que ne manqueront pas d’éprouver à leur tour tous ceux, et ils sont légion, qui liront ce livre.

L’histoire de cette Guerre de trois ans[26], qui a fait l’admiration du monde entier, on la retrouvera sous la plume du général Christian de Wet, l’un des héros de cette lutte par trop inégale et plus dramatique qu’aucune au monde, qui laisse parler les faits, qu’est-il besoin de plus ? et s’est seulement préoccupé de dire toute la vérité sur des événemens qui doivent rester dans la mémoire des hommes et qui valent que, non seulement le peuple afrikander, mais le monde entier, les connaisse. Le journal du combattant, désarmé mais invaincu, reste à la hauteur des actions du chef ; mais, dans cette incomparable épopée, où il rallie les fuyards, relève le moral abattu, bat maintes fois les Anglais, a contre lui la trahison, l’indiscipline des commandos, et, malgré tout, reste imprenable, il ajoute encore, s’il se peut, au caractère de grandeur dont reste revêtue cette figure de l’homme de guerre, qui a plus fait qu’aucun autre pour affirmer la vitalité de sa race, sa valeur, son énergie, et son droit d’être traitée comme une nation dont les hauts faits ne s’effaceront jamais de l’histoire.

Le succès que le plus fameux des romanciers polonais d’aujourd’hui, Henri Sienkiewicz, a obtenu dans le monde entier, avec Quo vadis ?[27], explique suffisamment la magnifique édition en trois volumes qu’achève aujourd’hui la librairie Flammarion, de ce roman animé d’un souffle religieux, où l’auteur a habilement utilisé les témoignages nouveaux des historiens pour mettre en scène sous nos yeux Néron et l’apôtre saint Pierre, et nous dépeindre, avec les premières luttes de la civilisation romaine et de l’esprit chrétien, l’état d’âme de Pétrone et Néron, Vinicius et la pure et noble Lygie. M. Jean Styka a très bien rendu ce contraste dans ses compositions à la fois vigoureuses et gracieuses, sobres et sévères, qui doivent encore renouveler et grandir, s’il se peut, le succès de cet ouvrage, édité avec luxe, et qui réunit désormais tout ce qui peut captiver les yeux et charmer l’esprit.

Ben-Hur[28], prince de Jérusalem, autre roman chrétien du temps de Jésus-Christ, par M. Lewis Wallace, est encore un essai de reconstitution historique, où M. Auguste Leroux a su conserver aux scènes qu’il a peintes ce caractère de simplicité et de grandeur.

Il suffira de signaler aux lecteurs de la Revue cette nouvelle édition illustrée d’un livre exquis et plein de patriotisme qui peut être mis entre toutes les mains, les Oberlé[29], par l’auteur de Donatienne, Humble amour, — De toute son âme, — la Terre qui meurt, tous ces romans d’une haute moralité qui en font un de leurs auteurs préférés. Les illustrations sont dues à la plume d’un artiste alsacien, qui a ainsi rendu, dans les sites mêmes qui lui sont familiers, les scènes du roman et les personnages pris sur le vif.

Parmi les œuvres d’imagination qui sont le plus habilement illustrées, le plus luxueusement imprimées, mettons au premier rang la Dame de Monsoreau[30], ce roman de cape et d’épée, plein de mouvement et de couleur, qui rentre plus dans le domaine de la fantaisie que dans celui de l’histoire où, avec une verve intarissable, une habileté incomparable, Dumas a voulu mettre en scène Henri III, et ses mignons, ses favoris et leurs maîtresses, et peindre les mœurs de la cour corrompue des derniers des Valois. M. Leloir a pour jamais fixé les types créés par le puissant romancier et, sous le crayon de l’artiste, on voit s’animer ces personnages légendaires, ces tableaux épisodiques d’une grâce naïve ou d’une violence voulue. Il n’a jamais été mieux inspiré pour la variété de ses compositions, tantôt familières ou nobles, comiques ou dramatiques, et qui font encore ressortir le jeu des combinaisons, la continuité de mouvement, le don d’invention, tout ce qui constitue l’originalité et la fécondité. Assurément l’auteur des Trois Mousquetaires ne se pique pas d’écrire l’histoire à la façon de Tacite : sa Clio est une Muse par trop déshabillée, qui se permet de singulières incartades, comme ses personnages, dans leur conduite et leur conversation. Mais il n’est pas moins amusant dans cette succession d’événemens prodigieux, qui naissent sans effort les uns des autres, et où l’on se laisse si aisément entraîner à sa suite. Cette magnifique édition a toutes les qualités d’une publication de choix et fait grand honneur à l’imprimerie Renouard.

Ce sont les aventures merveilleuses, les voyages extraordinaires, les péripéties émouvantes qui plairont toujours à la jeunesse. Elle trouvera comme toujours à se satisfaire aux récits des explorateurs du Tour du Monde[31] ou du voyage dans l’Océanie[32], par M. G. Saint-Yves, — et de M. Gaston Donnet En Indo-Chine[33], dans ces collections célèbres, qui se recommandent assez d’elles-mêmes sur le nom de leurs éditeurs, de leurs auteurs et sur la seule promesse de leur titre. Avec sa régularité accoutumée, M. Jules Verne donne cette année les Frères Kip[34], roman d’aventures qui se déroule en pays exotique, qui relate les terribles événemens qui se sont produits à bord du brick James Cook, de Hobart-Town en Tasmanie, l’assassinat de son capitaine Harry Gibson dans des circonstances mystérieuses, l’abomination du maître d’équipage, Vin Mod, et la réhabilitation des deux frères, Karl et Pieter Kip, les malheureux Hollandais naufragés de la goélette Wilhelmina, — on verra à la suite de quels événemens dont M. Jules Verne a tiré les effets les plus saisissans.

Dans l’Escholier de Sorbonne[35], M. André Laurie, avec son talent accoutumé, a fait une véritable reconstitution historique pour nous conter l’existence précaire d’un jeune étudiant français, né à Florence, venu à Paris au temps de François Ier pour faire ses études au collège de Montaigu, et qui, après avoir subi en même temps qu’Amyot et Ramusson examen de « bachelerie, » embrasse la carrière artistique.

Les Contes de tous pays[36], fort bien choisis parmi les œuvres les plus originales de tous les pays, adaptés par des écrivains comme Stahl, Th. Bentzon, etc., et Boris et François[37], par M. J. de Coulomb, complètent cette année la collection du Magasin d’éducation et de récréation[38], à côté duquel se place tout naturellement le Journal de la Jeunesse[39], qui non seulement tient ses lecteurs au courant des actualités de tout ordre, mais qui publie cette année ces romans pleins de naturel et de délicatesse : Nini la Fauvette[40], de M. Ernest Daudet, — Malheur est bon[41], de Mlle Danielle d’Arthez ou Dette de cœur, de Mlle Julie Borius, — les Etapes de Nicolas Rameau[42], de G. Ferry, — les Lettres du Régiment[43], de Louis d’Or, — Un héros de treize ans[44], par Léo Dex, le Roman d’un sot, de J. Deschamps[45], — les Sept Merveilles du monde[46], de M. Auge de Lassus. Dans la Bibliothèque des Écoles et des Familles[47], signalons encore tout particulièrement le Savant du foyer[48], d’un écrivain qui a beaucoup fait pour vulgariser la science, Louis Figuier, et qui a contribué à faire entrer dans l’éducation publique des notions exactes sur les choses de la vie.

Les amateurs de livres où l’élément scientifique se mêle à l’étude de la nature seront satisfaits en lisant : La Navigation aérienne[49] de M. Lecornu, qui a entrepris une véritable histoire de l’aviation, — les Animaux excentriques[50], présentés d’après leurs formes singulières ou leurs habitudes étranges par M. Henri Coupin, — les Animaux vivans du monde[51], par Charles J. Cornish. — le Cheval dans la nature et dans l’art, par M. E. Duhousset[52], — la Fille du Soleil[53], par Armand Dubarry, qui a fait d’une manière à la fois spirituelle, instructive et amusante l’histoire de notre sphère, comme M. Aug. Robin, dans la Terre[54], en a fait la géologie pittoresque.

Dans ses émouvans récits maritimes, les Naufragés de la Djumna[55], — les Pirates de la Malaisie[56], — la Capitaine du Yucatan[57], le Corsaire noir[58], M. Émilio Salgari a fait preuve d’une féconde imagination, d’une habileté grande à obtenir l’effet dramatique. En ce genre, Rudyard Kipling est passé maître, et son récit d’une conception puissante, Capitaines courageux[59], égale les meilleurs et reste un des plus saisissans qu’on puisse lire, comme la Guerre fatale[60], du capitaine Danrit, et les Grands naufrages[61], contenant le récit des drames les plus tragiques de la mer, représentés par les aquarelles d’Alfred Petit.

Dans les romans, contes moraux et honnêtes, où la moralité n’exclut pas l’agrément et dont quelques-uns sont relevés par le charme du style, après avoir rappelé les Contes d’Andersen, traduits par M. E. Avenard[62], et mentionné la jolie édition, les Mille et une Nuits[63], illustrée par A. Robaudi, voici un livre d’une individualité bien tranchée d’un caractère intime, l’Ennemie[64], par Jean Fid, qui nous traduit dans un style élégant et toujours attachant les émotions d’une âme jeune, énergique, passionnée mais droite, que guide le souvenir d’une vraie adorée dans ses déceptions et ses souffrances jusqu’au jour où la haine pour l’ennemie qui a remplacé sa mère, a disparu et où elle trouve dans le capitaine Franck quelqu’un pour l’aimer, les Etapes de Madame Tambour[65] durant la guerre d’Espagne, avec les dessins très originaux et pittoresques de Tiret-Bognet, a tout ce qu’il faut pour convenir à la jeunesse. Voici dans le même genre, les Aventures de Firmin Brisset[66], d’abord marin sur un corsaire, espion puis soldat devenu officier à la suite de ses actions d’éclat. Le Trois Mâts la « Tirelire » [67], par M. Henry Leturque, qui met aux prises son héros avec les pirates des mers de Chine et chez les Boxers. Voici enfin le dernier héros de M. Paul d’Ivoï, Massiliague de Marseille[68], qui, dans la lutte gigantesque des républiques de l’Amérique du Sud contre les nations saxonnes du Nord, aide celles-ci à triompher avec la complicité de la Mestija ou Dolorès de Mexico, une exquise figure de jeune fille.

Voici encore le Rachat[69], de Jean Bertheroy, qui se recommande de lui-même. Citons enfin Aventures d’un Notaire[70], par M. André Nevil, le Wagon de troisième classe[71], de Jean Drault.

Dans les livres qui conviennent aux plus jeunes enfans, nous en aurions beaucoup à nommer. Mais ne suffit-il pas de faire son choix dans les collections du Petit Français[72], du Saint Nicolas[73], de Mon Journal[74], de la Petite Bibliothèque blanche[75], de la Bibliothèque rose[76], et de prendre, au hasard, dans cette charmante Bibliothèque de mes petits enfans[77], la Princesse Wanda, — la Cassette d’ivoire, — Un jeune marin, — Lia l intrépide, — Douce Edith, — Pas de chance, — Contes rapides, — les Tribulations d’un fils du Ciel, — la Fille du Boer, parmi ces volumes aussi bien illustrés par Zier, Clérice, Merlet, E. Marie, qu’élégamment habillés sous leur couverture rose ou bleue ?

Joignons-y encore quelques-uns des plus jolis albums : Noé dans son arche[78], avec des illustrations de M. Lucien Métivet, les Animaux en train de plaisir[79], avec les dessins de Thompson, la Journée d’un chien[80], illustrée par Cecil Aldin, la Légende des bêtes[81], par A. Vimar et H. Signoret. Et, enfin, la Plus belle des histoires[82], par Mlle M.-A. Nettement, dont le plus bel éloge qu’on en puisse faire, c’est qu’elle a été écrite dans l’esprit de l’Évangile.

En tête des ouvrages, à la fois le mieux exécutés, les plus intéressans et les plus utiles, — puisqu’ils ont pour objet de nous faire pénétrer dans l’intimité de notre beau pays de France, — il faut mettre la France du Sud-Ouest[83], de M. Charles Brossard.

Un peintre de talent, M. G. Fraipont, qui est aussi un écrivain de beaucoup de goût, sait rendre ses impressions en interprète délicat de la nature, en artiste consciencieux, qui ajoute à la vérité du sentiment la beauté de l’expression. Tous ceux qui ont eu tant de plaisir à voir avec lui les Vosges, le Jura, etc., voudront encore accompagner en Auvergne[84] le gai et spirituel cicérone qui, par la plume comme par le crayon, vous fait si bien voir les pays qu’il parcourt.

Ils n’auront pas moins de plaisir à suivre M. Constant de Tours dans ses promenades sans prétention sur les Côtes de France[85], dont il nous montre, dans des croquis d’une rare habileté, les paysages si pittoresques, les « marines » si variées d’aspect, quand on passe des côtes de la mer du Nord et de la Manche à celles de l’Océan et de la Méditerranée.

Quant à ceux qui voudront faire un pieux voyage dans les cinq parties du monde, qu’ils parcourent le livre des Missions, qui peut être compris dans les meilleurs livres d’étrennes par le format, les gravures et les exemples salutaires.

Dans le désarroi des consciences, tandis que la persécution a pris la place de la liberté et que la haine est déchaînée contre tous les apostolats, s’il est un spectacle qui réconforte, qui soit fait pour enthousiasmer les jeunes gens qui entrent dans la vie, c’est celui que nous donnent les Missions catholiques françaises au XIXe siècle[86], en montrant jusqu’où peut aller la pitié pour la misère humaine, le devoir chrétien, ’le sacrifice de soi-même. Dans l’admirable publication, qui s’achève aujourd’hui sous la direction du P. J.-B. Piolet, et dont les six volumes : I. Missions d’Orient ; — II. Abyssinie, Inde, Indo-Chine ; — III. Chine et Japon ; — IV. Océanie et Madagascar ; — V. Afrique ; — VI. Amérique, — retracent l’histoire des missions établies dans l’univers entier, on trouvera exposé l’ensemble des efforts faits, des progrès accomplis, des résultats acquis en cent ans, et l’on admirera une fois de plus qu’à travers les destinées les plus diverses, l’Église se perpétue, que, « par les destructions, elle se rajeunisse, et que, pour elle, du mal même, sorte le bien. » Et le lecteur se sentira pénétré de reconnaissance et de respect, aux grands spectacles qui se déroulent devant lui. Et ils se déroulent, en réalité, sous ses yeux en ces relations si nobles, et si édifiantes dans leur simplicité, dues à tant d’apôtres éminens, et en une série de gravures, qui montrent les écoles, hospices, établissemens et fondations charitables, et nous font faire un véritable tour du monde chrétien. Il y aura toujours plus de soldats du Christ que de persécuteurs. Un seul drapeau ne flotte-t-il pas sur eux : celui de l’éternelle pitié, de la charité, de l’amour ? Puisqu’ils sont à la hauteur des suprêmes destinées qui les attendent, qu’importe qu’ils ne soient pas tous officiellement reconnus, pourvu que leur œuvre soit connue ! Quelques énergumènes peuvent leur fermer la patrie : ils n’ont pas fermé le ciel. Puissent ces pages si remplies d’exemples de dévouement et de patriotisme, qui seront lues avec passion par les jeunes gens, inspirer à quelques-uns des sentimens aussi généreux ! C’est le meilleur souhait à leur faire, et que justifie la fin d’une année où ce livre d’édification s’est épanoui comme une fleur sur un sol jonché de débris.


J. BERTRAND.

  1. Manzi, Joyant et Cie.
  2. Librairie de l’Art ancien et moderne.
  3. H. Laurens.
  4. Gaultier Magnier.
  5. H. Laurens.
  6. H. Laurens.
  7. H. Laurens.
  8. Société d’éditions d’art.
  9. Librairie illustrée J. Tallandier.
  10. Hachette.
  11. Rothschild.
  12. Combet et Cie.
  13. Combet et Cie.
  14. Hachette et Cie.
  15. Flammarion.
  16. Hachette.
  17. Lemerre.
  18. Mame.
  19. G. Chamerot.
  20. Mame.
  21. Mame.
  22. Flammarion.
  23. Mame.
  24. Alfred Mame.
  25. Juven.
  26. Juven.
  27. Ernest Flammarion.
  28. Ch. Delagrave.
  29. Calmann Lévy.
  30. Calmann Lévy.
  31. Hachette.
  32. A. Mame.
  33. Librairie des Éditions d’art.
  34. Hetzel.
  35. Hetzel.
  36. Hetzel.
  37. Hetzel.
  38. Hetzel.
  39. Hachette.
  40. Hachette.
  41. Hachette.
  42. Hachette.
  43. Hachette.
  44. Hachette.
  45. Hachette.
  46. Hachette.
  47. Hachette.
  48. Hachette.
  49. Nony et Cie.
  50. Nony et Cie.
  51. E. Flammarion.
  52. H. Laurens.
  53. Librairie d’éducation de la jeunesse.
  54. Larousse.
  55. Delagrave.
  56. Delagrave.
  57. Delagrave.
  58. Delagrave
  59. Hachette.
  60. Flammarion.
  61. Hachette.
  62. Juven.
  63. Laurens.
  64. Société des éditions d’Art.
  65. Société des éditions d’Art.
  66. Combet.
  67. Combet.
  68. Combet.
  69. Mame.
  70. Société française d’éditions d’Art.
  71. Mame.
  72. Colin.
  73. Delagrave.
  74. Hachette.
  75. Hetzel.
  76. Hachette.
  77. Société française d’éditions d’Art.
  78. Combet.
  79. Hachette.
  80. Hachette.
  81. Plon.
  82. J. Garnier.
  83. Flammarion.
  84. H. Laurens.
  85. Société d’éditions d’Art.
  86. H. Laurens.