Les Livres d’étrennes, 1895

(Redirigé depuis Les Livres d'étrennes, 1895)
Les Livres d’étrennes
J. B.

Revue des Deux Mondes tome 132, 1895


LES
LIVRES D'ETRENNES

uand on parcourt tous ces volumes éclos aux derniers jours de décembre, à cette heure fugitive et mystérieuse de la séparation entre les deux années, lorsque l’on examine toute cette production souvent inquiète et quelque peu déréglée, disparate, incohérente et tumultueuse, d’un dilettantisme compliqué et sceptique, qui trahit un effort un peu fatigué, comme notre époque même, mais où le talent s’éparpille encore malgré tout en nuances d’une variété infinie dans ses raffinemens, on se prend à songer aux causes qui ont contribué à la faire naître, on se trouve insensiblement ramené à l’évocation des événemens, des êtres et des choses disparues qui, par le témoignage du livre, prolongent encore leur écho, leur souvenir, ou font entendre leur voix, et dont les douceurs et les tristesses évanouies nous remontent à l’esprit avec leurs riantes ou douloureuses images. C’est un voyage dans le passé qui porte avec lui plus d’un enseignement. Et puisque, parmi ces publications nouvelles, plus d’une prouve une aspiration généreuse, répond à un idéal immuable ou flatte un goût du moment, puisque l’on peut y constater la préférence donnée à l’histoire de nos origines, à celle de l’art, de la religion, de la science, qu’exiger davantage, à quoi bon interroger les autres, leur demander plus qu’elles ne sauraient dire : leur sens et leur raison d’être, et prétendre enfin que toutes, au don de l’imagination, du savoir et de l’invention joignent encore le mérite d’être amusantes et gaies ? N’en est-ce pas un fort appréciable déjà que cette trêve qu’elles apportent à l’immoralité ?

Assurément les ouvrages de luxe sont moins nombreux depuis quelques années et la crise qui sévit sur la librairie en général ne pouvait manquer de faire sentir ses effets jusque sur la production des livres d’art. La passion de plus en plus développée chez la jeunesse pour tous les exercices physiques, — tandis que le temps de plus en plus grand consacré à tous les sports, à la bicyclette en particulier, est en partie pris sur la lecture, — n’est sans doute pas non plus étrangère à cette diminution. Mais si la qualité des ouvrages de vulgarisation à bon marché d’aujourd’hui a remplacé la qualité des publications rares d’autrefois, quelques-unes encore font honneur à leurs éditeurs qui ont conservé la tradition du beau. De ce nombre, quel plus magnifique spécimen pourrait-on citer que la Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont la confection dénote un soin infini, qui ne sera terminée que dans plusieurs mois, qui méritera alors une étude toute spéciale et que l’on ne saurait comprendre dans la masse des livres d’étrennes, mais dont on peut bien parler ici pour préciser et caractériser tous les progrès dans les procédés qui servent à l’illustration et à la composition du livre moderne ! Qui n’a pu voir exposés au Champ-de-Mars, — d’abord au Salon annuel, puis à l’Exposition récente de la lithographie, — l’original et la copie des trois cent soixante-cinq aquarelles que M. James Tissot a composées d’après les quatre Évangiles, ressuscitant avec les yeux de la foi, dans son pèlerinage de dix ans au pays sacré de Gàlil, jusqu’à la trace du Christ ! Ces scènes de l’Évangile, de l’enfance de Jésus, de la Passion et du Calvaire sont si merveilleusement reproduites que la fraîcheur de leurs tons ne paraît pas avoir varié sous la presse. La plupart des planches donnent en effet l’illusion de l’aquarelle ; par l’harmonie des couleurs, l’observation de leur valeur relative et de la dégradation des plans, les copies sont aussi près que possible de la perfection, et de l’original. Quand l’œuvre sera achevée par la maison Marne, elle restera comme une des merveilles de l’iconographie chrétienne et de la miniature industrielle — sans qu’on puisse toutefois établir de comparaison avec les précieux et uniques manuscrits, dont la dorure seule coûtait quelquefois plus d’un millier de francs, exécutés entièrement à la main par les peintres miniaturistes du moyen âge et de la Renaissance, tels que Fra Angelico ou Jehan Foucquet.

Que de livres profonds ou magnifiques n’ont-ils pas été déjà écrits sur la Terre-Sainte ; et ne semble-t-il point que le siècle finissant soit marqué par un retour au christianisme des premiers âges, que, dans l’angoisse sombre d’à présent, l’humanité aspire à se retremper aux sources pures de la foi primitive ? « Après la Vie du Christ, quelle plus belle histoire que celle de son enseignement, propagé par l’Église, qui a suffi à régir le monde pendant dix-neuf siècles avec ce seul précepte : Aimez-vous les uns les autres ? » La France Chrétienne[1], que la maison Didot nous présente sous les auspices du cardinal Langénieux, archevêque de Reims, est le pendant du bel ouvrage sur le Vatican[2] qu’elle a fait paraître l’an passé pour célébrer la papauté à travers les siècles et montrer dans sa splendeur le Vatican. On y voit revivre, sous la plume d’écrivains d’élite, le type historique de la nation apôtre, se dérouler les annales de la foi, et dans tout son éclat apparaître le rôle du peuple duquel on a pu dire qu’il avait fait par le monde les Gestes de Dieu ; rôle immuable depuis ses origines jusqu’à l’Encyclique Nobilissima Gallorum gens ; qui prouve que l’Église est restée fidèle à son principe ; que l’autorité suprême émanée de Dieu peut passer par le peuple, et l’Église tendre la main à la démocratie. Les illustrations d’après des documens historiques sont dignes du texte, dont elles forment le meilleur commentaire.

La Ville Éternelle n’aura plus de mystère pour nous quand nous aurons pénétré dans son intimité à la suite de l’abbé Chevalier. Fixé à Rome par les devoirs de sa charge de camérier du pape, il a demandé, comme autrefois Ampère sur ce sol mémorable, une intelligence plus nette et plus vive de la vie du peuple romain à la topographie, aux monumens, au spectacle du présent lui-même, qui contient des débris et comme des ruines du passé. L’histoire religieuse de Rome[3] a été pour lui l’objet d’une recherche assidue. Ses maîtres sont Baronius pour les annales ecclésiastiques, Muratori pour les événemens politiques, Ciaconius et Platina pour les vies des papes, et, à côté d’eux, les historiens spéciaux des basiliques et des églises. C’est ainsi muni qu’il est allé visiter et étudier en érudit le théâtre des faits qui se sont passés dans le lointain des âges. Le lecteur s’apercevra que ce livre a été vécu et senti jour par jour au mouvement qui l’anime et à l’intelligente curiosité dont il témoigne.

C’est le baptême de Reims qui a fait de la France, il y a quatorze cents ans, la fille aînée de l’Église, et ce n’est pas sortir de son histoire, retracée dans la France Chrétienne par un des successeurs de saint Rémi, que de raconter celle de Clovis[4] dont la gloire est de s’être fait l’agent de la politique épiscopale, et d’une peuplade barbare qu’il avait reçue, d’avoir fait une nation catholique. Elle semblait bien difficile à écrire cette vie, si l’on songe au petit nombre de témoignages qu’on peut consulter : un bout de lettre adressée aux évêques de son royaume, quelques notices empruntées aux annalistes du Ve et du Vie siècles et quelques légendes, qui sont tout ce que Grégoire de Tours, dans son Histoire des Francs, a pu mettre en œuvre, deux générations après la mort du fondateur de la monarchie chrétienne. Mais il n’est rien d’impossible aux érudits d’aujourd’hui et l’on verra avec quelle habileté M. Godefroid Kurth, après vingt ans d’études en partie consacrées à Clovis, à l’aide de documens rassemblés sur la vie des saints contemporains de Clovis, et après avoir compulsé les œuvres des historiens des derniers siècles, s’est tiré de cette difficile entreprise. Les belles héliogravures et gravures sur bois qui reproduisent les pièces les plus remarquables de la vie de Clovis d’après des manuscrits des XIVe et XVe siècles de la Bibliothèque Nationale, les peintures ou dessins modernes de MM. Cormon, Flameng, Luminais, Maignan, Rochegrosse, Sellier, Deroton Legrand, que l’auteur a eu la bonne fortune d’associer à son œuvre, en confiant le soin de la faire connaître à la maison Marne, contribuent à donner de la vie à ces pages un peu austères où plus d’une fois M. Kurth a dû suppléera l’insuffisance des témoignages par un intense effort de l’esprit pour arriver à l’intuition du passé.

Avec les Chroniqueurs de l’histoire de France[5] nous allons retrouver Clovis dans les Chroniques latines de Grégoire de Tours, nous allons remonter aux sources des origines de notre histoire nationale, dont les plus précieux et plus anciens monumens restent encore inconnus ou fermés à tant de lecteurs. Dans ce bel ouvrage Mme de Witt met tous ces trésors originaux à leur portée, s’efforçant de leur faciliter la tâche, comme à l’ordinaire, avec son talent incontesté, en choisissant dans les diverses chroniques les fragmens les plus intéressans, en les complétant l’un par l’autre, mais sans que jamais, dans cette traduction, ils perdent rien de leur vivacité d’impressions et d’expression, de l’animation et de la vérité qui font le prix et le charme naïf de ce genre de récits. Le premier volume de cette série, — qui en comprendra trois sur les chroniqueurs, — débute par les Mérovingiens et se termine à la fin de la première croisade. Ce n’est pas à tort que Mme de Witt, dont le nom est deux fois lié à l’histoire de France, espère qu’on prendra plaisir à lire ces chroniques ornées de superbes planches en chromolithographie, de grandes compositions tirées sur bois et de nombreuses gravures également d’après les monumens et les manuscrits de l’époque, d’une délicatesse d’exécution tout à fait rare : elles sont une des plus belles publications de l’année, l’une des plus instructives et l’une aussi des plus agréables à offrir.

Si de l’histoire sacrée et de celle de la nationalité française nous passons à l’histoire générale de l’Art, comment ne pas nommer Chantilly, qui a gardé à travers la Renaissance le caractère et l’empreinte de ses origines, et ne pas tirer hors de pair la belle collection de tableaux de maîtres que M. le duc d’Aumale a réunis dans cette demeure historique, cadre bien digne d’elle par sa splendeur ? Le premier volume de la Peinture au château de Chantilly est consacré aux écoles étrangères : italienne, flamande, hollandaise, allemande et anglaise ; le second sera exclusivement réservé à l’école française. Il fera ici même l’objet d’une étude spéciale, qui ne serait pas maintenant tout à fait à sa place, et pour laquelle le temps nous manquerait. Nous avons seulement tenu à dire qu’il serait digne de figurer au premier rang des publications d’art de l’année. Contentons-nous donc d’ajouter qu’il renferme quarante merveilleuses héliogravures, d’une parfaite exécution, d’après les plus remarquables tableaux de la galerie de Chantilly.

Versailles ! Chantilly ! à quels rapprochement ne prêteraient pas ces deux mots ? Chantilly clame la gloire des Condé comme Versailles celle de Louis XIV : depuis les peintures des plafonds jusqu’aux bronzes, aux bas-reliefs, aux marbres allégoriques des jardins ou des parterres d’eau, tout n’y parle-t-il pas du Grand Roi ? Ici il commande tout le reste du siècle comme il domine Versailles du haut de la cour du château ; il y apparaît non seulement vivant dans les Mémoires des contemporains, mais au milieu de toutes les manifestations des arts qui contribuent à sa gloire. La vie privée de Louis XIV et de sa cour, de son règne et de son temps tiennent la plus grande place dans le luxueux volume, aux magnifiques gravures faites d’après les originaux des musées ou des collections particulières, intitulé le Grand Siècle[6], et pouvait-il en être autrement puisque, comme l’a écrit Voltaire, « le roi y mit tant d’éclat et de magnificence que les moindres détails de sa vie semblent intéresser la postérité ainsi qu’ils étaient l’objet de la curiosité de toutes les cours d’Europe et de tous les contemporains ? »

C’est encore servir la cause des) arts du dessin, dont l’orfèvrerie relève directement, que d’éditer un ouvrage comme cette savante et si curieuse Histoire de l’Orfèvrerie française[7], par M. Henri Havard, qui n’est pas seulement une œuvre de luxe et d’un luxe élevé, mais surtout un livre de haut enseignement, puisque, depuis l’origine et à toutes les époques, l’orfèvrerie, cet art somptuaire qui n’est destiné qu’à satisfaire les caprices de l’opulence, s’est conformée à l’idéal des peuples, qu’il a su se plier à toutes les transformations du goût, à toutes les fluctuations de la mode, si bien que l’étude de ses ouvrages les plus caractéristiques offre comme un tableau abrégé de l’histoire générale de la civilisation dans tous les temps et dans tous les pays. Son apparition coïncide avec la mise en œuvre des métaux, et, on l’a dit avec raison, elle doit son origine à deux passions aussi vieilles que l’humanité elle-même : la coquetterie de la femme et la vanité masculine. Pour les satisfaire, embellir la personne ou la demeure, l’or et l’argent, assouplis et dociles, rehaussés d’émaux, de gemmes, d’incrustations, revêtiront les formes les plus nobles et les plus variées. En regardant tous ces beaux modèles de l’orfèvrerie des époques mérovingienne, carolingienne, du moyen âge, de la Renaissance, tous ces objets ingénieux trouvés sur tous les points de la France, on se pénètre mieux de toutes ces époques, et l’on souhaite qu’à leur tour les orfèvres d’aujourd’hui, qui ne produisent guère d’œuvres pures, qui manquent de la verve créatrice de leurs devanciers et se contentent trop facilement de l’habileté de l’exécution, — qui préfèrent en un mot l’apparence à la réalité, — s’inspirent des formes les plus élégantes de l’antiquité et de la Renaissance, où le caprice est resté soumis au goût le plus pur. Ils en trouveront ici de parfaits spécimens, reproduits dans une suite de planches hors texte et en couleurs et de vignettes qui sont exécutées avec un soin et un goût qui font de cette publication si intéressante une des plus somptueuses de l’année.

L’Histoire populaire de la Peinture, par M. Arsène Alexandre, si précieuse pour répandre le goût des choses d’art, s’est enrichie cette année, sur les Ecoles allemande, anglaise, espagnole[8], d’un nouveau volume qui ne le cède en rien aux précédens du même auteur pour l’importance et la diversité des questions traitées. L’étude des grands artistes qui dominent chacune de ces écoles est accompagnée de la reproduction gravée de leurs principales œuvres.

Pour bien connaître non seulement l’œuvre des maîtres, l’histoire de chaque école, mais en général jusqu’aux plus petits musées où leurs tableaux se trouvent aujourd’hui disséminés, aucune collection ne fournit des renseignemens plus précieux que celle de MM. Lafenestre et Lichtenberger : La Peinture en Europe[9], dont trois volumes : le Louvre, — Florence, — la Belgique, — ont déjà paru.

A cet ouvrage de vulgarisation d’art on peut joindre le Goût dans l’ameublement[10], de M. H. de Noussanne, auquel on ne saurait souhaiter mieux que de réunir les suffrages de toutes les femmes qui ont la passion de l’élégance et de l’ameublement intérieurs, et l’Art Moderne[11], choix de lectures sur l’histoire de l’art, l’esthétique et l’archéologie, aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.

Quant aux jeunes filles, si l’on veut un livre qui leur convienne de tous points, puisqu’il n’en est guère parmi elles qui n’aient quelque penchant pour les fleurs et ne sachent s’en servir pour la décoration ou la parure, on peut en toute tranquillité avoir recours à M. G. Fraipont qui a publié déjà plus d’un agréable, utile et élégant ouvrage, comme l’Art de peindre l’Éventail, l’Ecran et le Paravent, et qui, cette année, nous montre la Plante[12] sous toutes ses formes les plus variées dans la nature et dans la décoration. Cet ouvrage est orné de seize aquarelles et d’une centaine de dessins, M. Fraipont est l’illustrateur de son propre texte et, il décrit en poète les merveilles de la fleur sous tous ses aspects, fleurs de jardins, fleurs sauvages, des forêts, plantes d’eau, qui ne répandent pas seulement leur parfum, mais font naître autant de prétextes de crayonner et de peindre que de délicieuses sensations et se prêtent aux applications les plus variées. L’ouvrage est un modèle d’élégance : dans l’arrangement des dessins, l’encadrement des pages on retrouve la marque d’un véritable artiste : il est fait pour plaire aux jeunes filles ; elles ne peuvent manquer de le bien accueillir avec ces vers de Du Bellay, qui répondent à la fraîcheur des aquarelles qu’il contient :


J’offre ces violettes,
Ces lys et ces fleurettes
Et ces roses icy,
Ces vermeillettes roses,
Tout fraîchement écloses,
Et ces œillets aussi.


Que de Mémoires ne nous ont-ils pas retracé les plus brillans faits d’armes de ces temps mémorables de la Révolution et de l’Empire ! M. Frédéric Masson, qui s’est fait depuis quelques années l’historiographe de Napoléon, qui n’a laissé dans l’oubli aucun fait intéressant de cette longue et glorieuse épopée, si fertile en actions héroïques, dont les Livres si bien informés resteront comme l’un des commentaires les plus piquans, les plus subtils, et les plus attachans de période du premier Empire, s’il est l’un des premiers qui oui ouvert cette marche triomphale derrière le Grand Capitaine, semble aujourd’hui vouloir la fermer avec les Cavaliers de Napoléon[13]. Après tous ces Mémoires écrits par des généraux qui se livrent à des considérations stratégiques et qui racontent surtout leurs exploits, — la plupart les combinant pour leur plus grande apologie et ne perdant jamais une occasion de satisfaire une rancune ou de critiquer un rival, — M. Masson, sans entrer dans des détails techniques, s’est proposé de montrer de quels élémens s’est formée la cavalerie de l’Empereur, comment il l’a constituée, recrutée, le rôle qu’il a donné à chacun des corps de la garde impériale, soldats d’autant plus dignes d’admiration que durant vingt années, sans faiblir un instant, ils se maintiennent au même degré de dévouement, toujours prêts à toutes les besognes qui s’imposent à leur abnégation et à leur courage. Ici aucun des compagnons de l’Empereur ne porte sa propre gloire ; pour tous ensemble, il n’y a qu’un nom, un nom collectif ; celui du corps où ils ont servi et combattu. Cavalerie de réserve : carabiniers, grenadiers, cuirassiers ; — cavalerie de ligne : dragons, chevau-légers, chevau-légers-lanciers ; — cavalerie légère : hussards, chasseurs, chasseurs de la garde, guides et mamelucks, on les voit tous défiler, ace point héroïques et superbes que nuls soldats des temps passés ne peuvent leur être comparés. Ils ont été, comme le dit M. Frédéric Masson, les derniers chevaliers avant que la guerre ne se transformât de façon à rendre en théorie presque nul l’effort individuel, avant qu’elle ne prît un caractère de sauvagerie scientifique et que ce fût fini des grandes chevauchées à travers l’Europe, tout au moins avec l’allure qu’elles ont eue. On se doute combien un pareil sujet a pu inspirer M. Edouard Détaille. Jamais peut-être le peintre militaire de l’épopée impériale n’a déployé à un plus haut point ses qualités de précision, de science de la composition et du dessin non plus que les éditeurs mis plus de soin pour en faire une de leurs plus magnifiques publications.

Et maintenant que nous avons assisté à la formation de ces incomparables régimens, entendu le récit des batailles où ils se sont distingués, voici qu’un témoin du grand drame de la Campagne de Russie en 1812[14], le major de Faber du Faur, — qui servit dans le 3° corps d’armée en qualité d’officier dans la 25e division composée de Wurtembergeois, et qui ne quittait son sabre que pour saisir ses crayons, — nous fait assister à l’effondrement de ces belles troupes dans une suite d’esquisses prises sur les lieux mêmes et qui remettent sous nos yeux, avec une vérité qu’aucune description ne saurait rendre, le sinistre tableau de cette guerre où une armée supérieure à toutes celles qui existèrent jamais, glorieuse de vingt ans de victoires ininterrompues, succomba vaincue par les frimas du Nord. La 25e division, qui avait été incorporée au 3e corps d’armée commandé par le maréchal Ney, se trouvait au centre même de la Grande Armée, sous les ordres immédiats de Napoléon. C’est assez dire que le major Faber du Faur était en situation de noter au passage les scènes les plus caractéristiques de la marche sur Moscou et de la retraite ou plutôt de la course errante et sans ordre, — défilé lamentable de hordes en haillons, couvertes d’oripeaux bizarres provenant du pillage de Moscou et qui, sourdes à la voix des chefs, fuient avec des allures de troupeaux affolés devant la lance des cosaques de Platov.


On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la Grande Armée, et maintenant troupeau.


Le Journal du major Faber du Faur se compose d’une centaine de planches, représentations des faits principaux de la campagne de Russie tels que le Passage du Niémen, la Prise de Smolensk, la Bataille de la Moscova, l’Incendie de Moscou, le Passage de la Bérésina. On ne peut sans une sorte d’angoisse contempler ces compositions si variées qui par une sorte de miracle ont échappé à la destruction : au feu et à l’inondation. Ce dessin souvent maladroit, mais d’une sincérité absolue dans sa forme simple et souvent naïve comme le commentaire qui l’accompagne, — et dont l’auteur, le capitaine d’état-major de Kausler, a fait également la campagne de Russie de 1812 en qualité d’officier dans l’armée wurtembergeoise, — s’il n’a pas la puissance d’exécution des dessins des Raffet, des Charlet, ni la magistrale fantaisie de Goya, frappe par son accent de sincérité néanmoins, par l’image faite d’après nature, et constitue un ensemble de documens d’un prix inestimable et le plus sûr des renseignemens. La belle préface qui sert d’introduction à l’ouvrage est due à M. Armand Dayot, écrivain si documenté sur l’histoire du premier Empire. Elle est ornée elle-même d’illustrations très curieuses ayant trait à la campagne de 1812.

N’est-ce pas le moment de parler des souvenirs[15] qui forment un véritable musée de tout ce qui appartient à la grande figure de l’empereur et où sont groupés avec tous ses portraits les armes, bijoux, décorations, vêtemens et meubles lui ayant appartenu, toutes ces reliques, conservées par ses fidèles et qui racontent pas à pas l’histoire de Napoléon depuis son enfance jusqu’à sa longue agonie et à son apothéose ?

L’Empereur a aussi sa place dans cette collection des Mots historiques[16] où revit toute l’histoire de France, si brièvement mais on ne peut plus ingénieusement présentée par M. Trogan dans une suite d’illustrations de Job, qui sont elles-mêmes une merveille d’invention de goût et, si suggestives qu’on ne peut plus oublier ces personnages, ni ces scènes, une fois qu’on les a vus.

Dans les Cahiers du capitaine Coignet[17], que tout le monde a lus et dont le succès valait d’être consacré par l’illustration, rien n’est inventé non plus. Pauvre comparse du plus grand des drames militaires, il était trop incapable d’altérer les faits ; il s’est contenté de dire ce qui s’est passé devant ses yeux, il parle en illettré, sans doute, mais avec un entrain, une vivacité d’expression, une originalité, que lui dictent son héroïsme simple et son dévouement pour l’Empereur. Il personnifie le soldat qui a la religion du régiment, l’amour de la guerre, et c’est l’intérêt supérieur de ces cahiers du grenadier sublime, du petit épicier d’Auxerre, que d’être pleins de témoignages ainsi exprimés et de détails qu’on chercherait vainement ailleurs. M. Le Blant, qui les a illustrés, s’est identifié à son héros, et ses types sont d’une vérité qui émeut dans cette très belle édition. Le récit des Guerres de Napoléon[18] est emprunté à tous ces témoins oculaires dont les mémoires ont été publiés dans ces dernières années. M. Chalamet a fait un choix judicieux des pages les plus intéressantes.

Les Souvenirs militaires d’un officier du premier Empire[19] sont dus au colonel Noël, et vont de 1795 à 1832. C’est le journal des courses militaires de cet officier à travers l’Europe avec quelques brèves relations des combats auxquels il a assisté.

Soldats de France[20] est un volume de contes et de récits militaires inspirés par le patriotisme et où soldats de tous grades passent successivement sous les yeux du lecteur, à la caserne, à la chambrée, à l’hôpital, aux manœuvres, en Algérie, au Dahomey, au Tonkin, en faisant bonne et vaillante figure.

A côté de tous ces souvenirs de la patrie et qui marquent les heures de ses triomphes comme de ses revers, mais toujours si pleins de grandeur et de noblesse, comment ne pas évoquer l’Alsace, que nos malheurs nous ont rendue plus sacrée et plus chère, et qui reste si étroitement attachée à notre glorieux passé ; comment ne pas songera tous les événemens dont ce coin déterre a été le témoin, à ces nombreux sièges et blocus de Strasbourg, à tout le sang répandu ; comment ne pas entendre les clameurs qui tant de fois ont frappé les murailles de la cité, dont l’histoire n’est qu’une suite ininterrompue de guerres et de combats et qui, dans le cours de son existence et depuis la conquête romaine, n’a cessé de lutter pour son indépendance ? C’est cette histoire que M. Alfred Touchemolin a retracée dans ce bel ouvrage : Strasbourg militaire[21], inspiré par le plus pur patriotisme où il raconte tous les combats soutenus par son pays ; les origines de Strasbourg, ses démêlés avec les évêques ; sa défense contre les seigneurs féodaux, et pour l’obtention de ses libertés communales ; les batailles livrées contre les grandes compagnies, contre les invasions des Armagnacs, contre Charles le Téméraire, — tous les troubles enfin des guerres de religion et autres, continués jusqu’à ce que l’Alsace fut devenue française. Dans une suite de dessins, M. Alfred Touchemolin a reproduit, en même temps que des vues de l’Alsace d’autrefois, la collection complète des costumes et uniformes de ses concitoyens à toutes les époques, précieux documens qui ajoutent à l’intérêt de ce consciencieux ouvrage.

Bien différente de tant d’autres écoles que l’on se hâte d’oublier comme un cauchemar dès la sortie, l’École polytechnique laisse à tous ceux qui y ont passé comme une marque indélébile ; ils conservent d’elle un souvenir attendri ; ils ne peuvent se rappeler sans plaisir et sans émotion ces fortifiantes heures de travail et de bonne camaraderie où l’on a formé des amitiés qui vous resteront fidèles toute la vie et qui s’étendront jusqu’aux familles des amis disparus, conclu ce pacte de patriotisme et d’honneur, de devoirs et de traditions, qui ne sera plus rompu. C’est cette pensée d’affection et de reconnaissance pour l’École qui procure à la fois de si douces joies et des pensées si hautes, ce retour ému vers le passé qui donne un si grand prix à ce beau livre[22], où M. Gaston Claris, qui appartient à une famille de polytechniciens, qui lui-même est ancien élève de l’École, et peintre de sujets militaires, par son crayon et par sa plume a fait revivre la Polytechnique à ses différens âges, dans les anciens bâtimens du collège de Navarre, sur la Montagne-Sainte-Geneviève. Il a reconstitué tout ce passé, remontant jusqu’aux premières années de l’École, montrant ce qu’elle était à son époque, il y a trente ans, et la représentant telle qu’elle est aujourd’hui et, pour arriver à ce résultat, il n’a négligé aucun moyen, consultant bibliothèques, archives, publications, mémoires, dessinant, rétablissant la série des uniformes, de l’équipement et de l’armement, prenant tous ses croquis sur la nature même et communiquant enfin à tout cet ensemble une intensité de vie aussi attrayante dans le dessin que dans le récit. Ce n’est pas seulement tous ceux qui ont passé par l’école qui se retrouveront plus jeunes en voyant ces souvenirs défiler sous leurs yeux et qui garderont quelque reconnaissance pour le camarade qui est parvenu à ressusciter tout ce qui reparaît si souvent dans leurs rêveries : l’ouvrage constituera aussi un puissant encouragement pour ceux qui se destinent à l’École. A côté des pages qui prouvent que l’on sait s’y amuser, — moins souvent peut-être que ces croquis sembleraient l’indiquer, — ils y trouveront les plus beaux exemples qu’ont laissés ceux qui les ont précédés dans la carrière, et c’est pour cela que l’on peut considérer l’intéressant volume de M. Gaston Claris, édité avec un grand luxe dans le papier, l’impression et l’illustration, comme un des plus sérieux et utiles livres d’étrennes de 1896. Mais voici, dans un tout autre genre, un livre d’un chroniqueur alerte et très renseigné : la Vie des boulevards — Madeleine-Bastille[23], livre gai, plein d’humour, de l’entrain et de l’esprit le plus parisiens, pour ne pas dire gaulois, et du genre d’esprit qu’il fallait pour écrire sur ce monde si complexe et si mêlé du boulevard, où tous les types de la comédie humaine en action, lettrés et politiques, millionnaires et gueux, prolétaires et bourgeois, habitués et rastaquouères, filles et viveurs, — cohue brillante et pitoyable, — se coudoient, dans le décor superbe qui se déroule de la Madeleine à la Bastille et change suivant les heures du jour et de la nuit. Toutes les manifestations de cette course réelle, ordonnée et fantasque, agitée, monstrueuse et tumultueuse, à la poursuite des affaires, du luxe et de l’amour ; cette puissance de la joie, cette lièvre de la vie du corps, M. Pierre Vidal les a saisies sur le vif, au milieu de ce va-et-vient de la fête ininterrompue, dans ces deux cents dessins en couleur, semés à chaque page, exubérans de vie et de gaieté et qui complètent à souhait la fine étude, la piquante satire de nos mœurs contemporaines. Pour la variété des compositions qui s’harmonisent avec le ton du récit, pour la beauté du papier et de l’impression, le livre ne peut manquer d’être recherché des amateurs : — il n’est pas destiné à la jeunesse.

Il faut toujours revenir au Tour du Monde[24], quand on veut se tenir au courant des voyages de découverte ou d’exploration, de tout ce qui intéresse les progrès de la géographie, les conquêtes lointaines de la civilisation, et la connaissance de nos colonies d’outre-mer. On a pu y lire le Voyage à Madagascar[25], de M. le Dr Louis Catat, et la France au Dahomey[26], de M. d’Albéca, qui tous deux, après avoir longtemps habité ces pays aux coutumes barbares, ont pu tracer la route à notre corps expéditionnaire, le premier de Majunga à Tananarive, le second dans la région des Éoués et dans la ville de Ouidah, — ces deux colonies qui sont aujourd’hui possessions françaises. Ces deux volumes de voyages si bien illustrés sont d’actualité entre tous.

Avec M. Gaston Vuillier, nous rentrons en Europe. C’est aussi dans le Tour du Monde qu’a paru tout d’abord cette année la Sicile[27], qui, avec le livre de M. René Bazin, est peut-être celui qui a le mieux rendu dans ses tableaux, d’une impression saisissante, ce pays de lumière et de feu, l’éclat et la noirceur de son ciel, la splendeur et l’abandon de ses temples grecs, de ses palais sarrasins ou normands, la noblesse et la misère de son peuple. Les dessins, dus également à M. Vuillier, sont d’un véritable artiste.

La sincérité des impressions et des croquis, et ce qu’on y sent de personnellement éprouvé, font également du voyage de MM. H. Avelot et J. de la Nezière : Monténégro, Bosnie, Herzégovine[28], un livre exquis, à l’aide duquel nous pénétrons plus dans l’intimité de ces races si différentes, dont les types, si originaux dans leur variété même, ainsi que les villes, sites, scènes de mœurs, intérieurs et paysages, qu’ils animent restent à jamais fixés dans notre esprit par les délicieux et si habiles croquis des deux auteurs.

M. Marius Bernard, lui, demeure fidèle à la Méditerranée, et après les côtes barbaresques, c’est sur les Côtes latines, en Espagne[29], de Tanger à Séville, que le conduit sa fantaisie voyageuse. Quant à ceux qui voudraient faire une promenade de quelques kilomètres à la porte de Paris : A Versailles et dans ses environs[30], ils ne sauraient avoir de meilleur et de plus aimable cicérone que M. Alexis Martin.

Dans la littérature à l’usage de la jeunesse l’imagination a fait merveille cette année ; à tous les récits qu’ont publiés le Magasin pittoresque[31] et le Magasin illustré d’éducation et de récréation[32], toujours si au courant de ce qui peut amuser leurs jeunes lecteurs, en y mêlant quelques connaissances utiles, quelques notions scientifiques, sont encore venus s’ajouter ceux de la Revue pour les jeunes filles[33], nouveau recueil périodique qui, par l’heureuse composition de son programme, répond au désir des mères de famille. Tous les genres sont ici représentés. Voici d’abord M. Jules Verne avec l’Ile à hélice[34]. Standard-Island, — qu’on peut traduire par l’ile-type, — est une île en acier, de sept kilomètres de long sur cinq de large, sorte de Great-Eastern, monté sur un gabarit des milliers de fois plus considérable, île mouvante qui mouille sur ses ancres ou qui se déplace, avec restaurans, hôtels, cercles, théâtres, où les touristes peuvent trouver tous les agrémens des villes d’eaux et mille autres choses encore. Fondée par une compagnie américaine sous la raison sociale Standard-Island Company limited, au capital de 500 millions de dollars, divisés en cinq cents parts, elle offre aux nababs des États-Unis les divers avantages dont sont privées les régions sédentaires du globe terrestre. Sous la conduite du commodore Simoë, les milliardaires jouissent de la navigation la plus variée dans l’Atlantique et le Pacifique, aux Sandwich, aux îles Marquises, aux Pomotou, à Taïti, aux îles de Cook, aux Fidji, à Tonga-Tabou, etc., et, toujours charmés par la musique de Sébastien Zorn, Yvernès, Francolin et Pinchinat, gais compagnons, à qui arrivent toutes les aventures les plus singulières, peuvent s’imaginer être pour toujours à l’abri de tous les krachs… Avec Atlantis[35], c’est également dans le monde du merveilleux que M. André Laurie nous transporte, un monde englouti depuis des siècles, où il a découvert des survivans de ce continent disparu. C’est plus qu’un récit de voyage de fantaisie que celui de Robinson et Robinsonne[36] et celui des Derniers Hommes rouges[37], dont le premier a pour théâtre l’Equateur, et le second le pays des Indiens Sioux ; ce sont de véritables romans où l’on retrouve toutes les brillantes qualités de l’auteur, aux inventions incalculables, et qui n’a jamais eu plus de verve.

Parmi les récits d’aventures, nous n’avons pas besoin de faire ressortir ceux d’un écrivain dont les lecteurs de la Revue connaissent depuis longtemps les œuvres si originales et si remplies de beaux sentimens, M. Lucien Biart, qui, après la Conquête d’une patrie[38], nous donne la Vallée des Colibris[39] ; ceux de M. Edm. Neukomm, les Dompteurs de la mer[40], qui nous montre les rois de mer, les Normands abordant au Brésil avant le XVe siècle ; ceux de M. d’Hervilly, les Chasseurs d’édredons[41], qui nous font assister aux voyages et étranges aventures de M. Barnabé, de Versailles ; enfin de M. Gothi avec ses Scènes de la vie sibérienne[42].

Dans les récits dont la moralité n’exclut pas l’agrément et dont quelques-uns sont encore relevés par le charme du style, ne pouvant les analyser tous, contentons-nous de mentionner Mary-Bell, William et Lafaine[43], délicieux conte sur la vie des enfans en Amérique, adapté de l’anglais, avec la délicatesse que l’on sait, par Stahl et de Wailly ; Mabel Vaughan[44], histoire d’une jeune fille, fort goûtée des jeunes filles ; la Famille de la Marjolaine[45] ; les Petits Robinsons de Roc-Fermé[46] ; Contes et Légendes d’Egypte[47] ; Au Lys d’Argent[48] ; Un peu, Beaucoup, Passionnément[49] ; Mon Chevalier[50] ; la Destinée d’Isabelle[51] ; les Mémoires d’une Petite fille russe[52] ; les Trois Disparus du Sirius[53] ; le Sergent Simplet[54] ; A pied, à cheval, en voiture[55], joyeuses nouvelles sportives de M. Paul Geruzez. Joignons-y pour les petits enfans tous ces jolis volumes, la plupart tirés de la bibliothèque de Saint-Nicolas[56], de Mon Journal[57], du Petit Français[58] ; enfin dans les albums illustrés Jeanne d’Arc[59], par M. Th. Cahu ; Nos bêtes, — Animaux utiles[60] avec ses luxueuses planches en couleur ; Paris sportif, anciens et nouveaux sports[61], par Crafty, et comme le comique n’est pas loin de la fantaisie, l’Illustre Dompteur[62], par Guigou et Vimar, d’une verve aussi jeune et intarissable que leur Arche de Noé.

Tous ces volumes dont se sont enrichis ces collections ne prouvent-ils pas qu’il y a une manière d’écrire pour la jeunesse et la première enfance, en même temps qu’ils témoignent des efforts de tous ceux qui contribuent à l’amuser ! et quoi qu’on puisse dire contre ce genre de littérature qui, d’après quelques-uns, fausserait le goût et les idées, s’il est moins spirituel et plus naïf que les Contes de Perrault, la simplicité cependant n’en exclut pas toujours l’agrément ; et l’on ne regrettera pas trop de n’en être point resté à Peau-d’Âne en regardant les enfans feuilleter ces albums bariolés ! Il en est d’eux comme des foules ; ils sentent avant de penser. Ils éprouvent des impressions qu’ils ne savent pas définir ; mais il suffit de les examiner pour voir qu’ils s’amusent : et que pourraient demander de plus les écrivains les plus difficiles et les plus exigeans ? À cette littérature ils devraient beaucoup pardonner : n’est-elle pas destinée à mourir, et à renaître ?


J. B.

  1. La France chrétienne dans l’histoire, 1 vol. in-4o illustré ; Firmin Didot.
  2. Le Vatican, les Papes, la Civilisation, 1 vol. in-4o, avec gravures ; Firmin Didot.
  3. Rome et ses Pontifes, par Mgr C. Chevalier, 1 vol. in-4o illustré ; Alfred Mame.
  4. Clovis, par M. Godefroid Kurth, 1 vol. gr. in-18 illustré ; Alfred Mame.
  5. Les Chroniqueurs de l’histoire de France ; les Premiers rois de France d’après les Chroniqueurs, par Mme de Witt, née Guizot, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Hachette.
  6. Le Grand Siècle. — Louis XIV, les Arts, les Idées, par M. Emile Bourgeois, 1 vol. gr. in-8o, illustré de 500 gravures et 22 planches en taille-douce ; Hachette.
  7. Histoire de l’Orfèvrerie française, par M. Henry Havard, 1 vol. in-4o ; May et Motteroz.
  8. Histoire populaire de la Peinture. — Écoles allemande, anglaise, espagnole, par M. Arsène Alexandre, 1 vol. in-4o illustré ; Henri Laurens.
  9. La Peinture en Europe, par MM. George Lafenestre et Lichtenberger, 1 vol. petit in-8o ; May et Motteroz.
  10. Le Goût dans l’ameublement, par M. H. de Noussanne, 1 vol. in-8o illustré ; Firmin-Didot.
  11. L’Art moderne, par M. Gaston Cougny, 1 vol. in-8o illustré ; Firmin Didot.
  12. La Plante dans la nature et la décoration, texte et illustrations par M. G. Fraipont, 1 vol. in-4o ; H. Laurens.
  13. Les Cavaliers de Napoléon, par M. Frédéric Masson, 1 vol, in-4o avec illustrations d’Édouard Détaille ; Boussod, Valadon et Cie.
  14. La Campagne de Russie en 1812, par le major Faber du Faur, 1 vol. in-4o avec dessins de l’auteur ; Flammarion.
  15. Napoléon : la République ; le Consulat ; l’Empire ; Sainte-Hélène, 1 album in-8o oblong, avec illustrations ; Hachette.
  16. Mots historiques du pays de France, par Trogan, 1 album in-4o illustré par Job ; Mame.
  17. Les Cahiers du capitaine Coignet, par M. Lorédan Larchey, avec illustrations en couleurs et en noir, d’après M. Julien Le Blant, 1 vol, in-8o ; Hachette.
  18. Guerres de Napoléon (1800-1807), par M. A. Chalamet, 1 vol. in-8o illustré ; Firmin Didot.
  19. Souvenirs militaires d’un officier du premier Empire, par J.-N.-A. Noël, 1 vol. in-8o ; Berger-Levrault.
  20. Soldats de France, par M. le marquis de Ségur ; 1 vol. in-4o illustré ; Alfred Mame.
  21. Strasbourg militaire, par M. Alfred Touchemolin, 1 vol. in-4o illustré ; A. Hennuyer.
  22. Notre École polytechnique, texte et illustrations par M. Gaston Claris, 1 vol. in-4o ; May et Motteroz.
  23. La Vie des boulevards : — Madeleine-Bastille, par M. Georges Montorgueil, 1 vol. petit in-4o, illustré par M. Pierre Vidal ; May et Motteroz.
  24. Le Tour du Monde, 2 vol. in-4o illustrés ; Hachette.
  25. Voyage à Madagascar, par M. le Dr Louis Catat, 1 vol. in-4o ; Hachette.
  26. La France au Dahomey, par M. Alexandre L. d’Albéca, 1 vol. in-4o ; Hachette.
  27. La Sicile, par M. Gaston Vuillier, 1 vol. in-4o, illustré par l’auteur ; Hachette.
  28. Monténégro, Bosnie, Herzégovine, texte et illustrations de MM. H. Avelot et J. de la Nézière, 1 vol. in-8o ; H. Laurens.
  29. Les Côtes latines d’Espagne, par M. Marius Bernard, 1 vol. in-8o avec illustrations ; H. Laurens.
  30. Mes Promenades à Versailles et dans ses environs, par M. Alexis Martin, 1 vol. in-8o ; A. Hennuyer.
  31. Le Magasin pittoresque, 1 vol. gr. in-8o ; Jouvet.
  32. Le Magasin illustré d’éducation et de récréation, 1 vol. gr. in-8o ; Hetzel.
  33. La Revue pour les jeunes filles, 1 vol. in-8o illustré ; Armand Colin.
  34. L’Ile à hélice, par M. Jules Verne, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Hetzel.
  35. Atlantis, par M. André Laurie, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Hetzel.
  36. Robinson et Robinsonne, par M. Pierre Maël, 1 vol. in-8o illustré : Hachette,
  37. Les Derniers Hommes rouges, par M. Pierre Maël, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Firmin Didot.
  38. La Conquête d’une patrie, par M. Lucien Biart. 1 vol. gr. in-8o illustré : Hennuyer.
  39. La Vallée des Colibris, par M. Lucien Biart, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Mame.
  40. Les Dompteurs de la mer. par M. Edm. Noukomm, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Hetzel.
  41. Les Chasseurs d’édredons, par M. Ernest d’Hervilly, 1 vol. in-8o illustré ; Jouvet et Cie.
  42. Scènes de la vie sibérienne, par M. E. Gothi, 1 vol. in-8o illustré ; Delagrave.
  43. Mary-Bell, William et Lafaine, par Stahl et De Wailly, 1 vol. in-8o ; Hetzel.
  44. Mabel Vaughan, par miss Cummins, 1 vol. in-4o illustré ; Mame.
  45. La Famille de la Marjolaine, par M. Aimé Giron, 1 vol. in-8o illustré ; Hetzel.
  46. Les Petits Robinsons de Roc-Fermé, par A. Gennevraye, 1 vol. in-8o illustré ; Hetzel.
  47. Contes et Légendes d’Egypte, par G. Nicole, 1 vol. in-8o illustré ; Hetzel.
  48. Au Lys d’argent, par Mme Lescot, 1 vol. in-16 illustré ; Hachette.
  49. Un Peu, Beaucoup, Passionnément, par M. François Deschamps, 1 vol. in-16 illustré, Hachette.
  50. Mon Chevalier, par Gabriel Franay, 1 vol. gr. in-8* illustré, Armand Colin.
  51. La Destinée d’Isabelle, par Mlle M. Levray, 1 vol. gr. in-8* illustré ; Mame.
  52. Mémoires d’une petite fille russe, par Véra Zelikhovska, 1 vol. petit in-4o illustré ; Hennuyer.
  53. Les Trois Disparus du Sirius, par G. Price, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Mame.
  54. Le Sergent Simplet, par M. Paul d’Ivoi, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Jouvet.
  55. A pied, à cheval, en voiture, par M. Paul Geruzez, 1 vol. in-8o, avec illustrations de Crafty ; Calmann Lévy.
  56. Saint-Nicolas, 1 vol. petit in-4o illustré. Delagrave.
  57. Mon Journal, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Hachette.
  58. Le Petit Français, 1 vol. gr. in-8o illustré ; Colin.
  59. Jeanne d’Arc, par M. Th. Cahu, avec illustrations de M. Paul de Semant, 1 album in-4o ; Jouvet.
  60. Nos Bêtes. — Animaux utiles, par le Dr Henri de Beauregard, 1 album in-4o illustré ; Colin.
  61. Paris sportif ; anciens et nouveaux sports, par Crafty, 1 vol. illustré ; Plon.
  62. L’Illustre Dompteur, par Guigou et Vimar, 1 vol. in-4o illustré ; Plon.