Les Légendes russes

L’Humanité nouvelleannée 2, tome 1 (p. 604-612).

LES LÉGENDES RUSSES


Tout peuple possède ses légendes dans lesquelles on peut voir, en quelque sorte, un reflet de son passé et de son état de culture intellectuelle.

Les légendes russes doivent être divisées en trois catégories : païennes, religieuses et expérimentales, c’est-à-dire basées sur l’observation de certains phénomènes de la nature.

Pour les légendes épiques le peuple puise naturellement ses sujets dans ses traditions et dans son passé et il les développe suivant ses croyances et son état de culture morale. Dans les légendes la vérité historique est le plus souvent altérée par la fantaisie avec laquelle l’imagination du peuple ne manque pas de l’amplifier dans un sens ou dans un autre. Tout en se transmettant, l’Histoire suit son cours, et, dans les masses peu éclairées les premières notions, après s’être maintenues pendant un certain temps concurremment avec les nouvelles, finissent peu à peu par se confondre avec celles-ci.

Le peuple considère les légendes comme des traditions sacrées et un grand nombre d’entre elles sont basées sur la réciprocité qu’il a cru remarquer entre lui, la nature et notamment les animaux. Il a cherché une explication à tout ce qu’il voyait autour de lui et c’est ainsi qu’il a cru devoir créer une histoire à tous les animaux.

Dans sa foi religieuse le peuple russe croit à Dieu ainsi qu’à Satan. À son idée, ces deux principes éternellement ennemis ont toujours agi concurremment. Souvent Satan se montre plus rusé que Dieu, et, en dehors des quelques livres qu’il a pu consulter sur le sujet et de la genèse telle qu’elle lui est expliquée par ses prêtres, il possède au sujet de la création du monde son histoire tout à fait originale.

D’après lui, au commencement, seules la lumière et l’eau existaient. Pour créer la terre, Dieu appela Satan. Il lui ordonna de plonger au fond de l’eau et de rapporter ce qu’il y trouverait. Satan obéit et revint en tenant dans sa main une poignée de limon. Dieu l’ayant également semée partout, la terre ainsi créée présentait une surface unie. Pourtant Dieu, ayant remarqué que Satan semblait cacher quelque chose dans la bouche, lui demanda ce que c’était. Ce dernier, ne voulant pas avouer qu’il avait dérobé un peu du limon trouvé au fond de l’eau, s’enfuit sans répondre. Aussitôt, sur l’ordre de Dieu, l’Éclair et le Tonnerre se mirent à sa poursuite, et, en se sauvant, le « pauvre diable » tombait souvent. À chaque chute il perdait plus ou moins de son limon. C’est ce qui a créé les montagnes.

Tous les indo-européens ont conservé la tradition que Dieu apprit la construction au premier homme et dans la petite Russie subsiste la croyance que Dieu a donné au premier homme une charrue et à la première femme une quenouille. Comme Satan est synonyme d’ombre, dans différents endroits de la Russie les paysans croient qu’il fut l’architecte désigné pour construire la première maison, mais qu’ayant négligé, par malice, d’y ménager des fenêtres, Dieu dut envoyer un ange pour en percer.

Comme en Russie non seulement les moujicks mais la plupart des gens des autres classes n’ont aucunes notions de l’électricité, ils ne peuvent s’expliquer la force qui produit l’éclair et le tonnerre. Le peuple russe attribue à chacun de ses nombreux saints une fonction spéciale. C’est ainsi que pour lui l’éclair et le tonnerre sont personnifiés par Saint Ilia. De grossières images très répandues dans les villages, le représentent traversant les nues sur un char aux roues de feu attelé de quatre chevaux ailés. Le char est conduit par un ange et le Prophète Ilia, tenant à la main un glaive flamboyant occupe la place d’honneur. De son siège il lance des flèches sur les humains possédés du Démon pour les punir. Le jour de la fête de Saint Ilia, que le calendrier orthodoxe a fixé au 20 juillet, le peuple s’attend nécessairement à la pluie.

La tradition du combat de Saint-Georges avec le Dragon a existé dans tous les pays européens. Le peuple russe regarde ce Saint comme le patron des loups, ces ennemis acharnés des paysans puisque le plus souvent ils ne vivent qu’en dévorant leur volaille et leurs bestiaux. Depuis longtemps le Gouvernement a pris des mesures pour la destruction de ces animaux nuisibles, en accordant par un ukase une prime de 10 roubles (30 francs) à quiconque apporterait au magistrat local la queue d’un loup. Cette plaie de loups en Russie est considérée comme une punition de Saint-Georges. La légende la plus répandue en Russie sur les exploits de ce saint est la suivante :

« Un jour, deux bergers étaient en train de faire paître leurs troupeaux, et l’un d’eux ayant très soif quitta son camarade pour se mettre à la recherche d’un ruisseau. Chemin faisant, il remarqua un arbre autour duquel l’herbe semblait avoir été récemment foulée. Il s’approcha, et, poussé par la curiosité, il grimpa sur l’arbre pour observer ce qui se passerait autour de lui. Tout à coup il aperçut Saint-Georges dans une calèche escortée par une meute de loups. Georges semblait donner des ordres à chacun d’eux et tous partirent dans différentes directions. Seul un vieux loup boiteux resta près de lui. Au bout de quelques instants Saint-Georges lui commanda de s’approcher de l’arbre et de dévorer l’infortuné berger qui périt ainsi victime du caprice cruel de ce Saint redouté ».

À son tour Saint-Pierre devient le patron des pêcheurs et c’est à lui seul qu’ils attribuent le succès ou l’insuccès de leurs entreprises. Bref, l’imagination du peuple russe s’est ingéniée à trouver un protecteur contre chacun de ses maux.

Il est curieux de noter que la Russie est le seul pays au monde où dans la campagne on ne ferme jamais les portes des habitations. Chez ces pauvres paysans le vol est chose à peu près inconnue, et quand par exception il s’en commet un, il a toujours pour auteur un individu étranger à la commune, appartenant la plupart du temps à la tribu des Tziganes, espèces de bohémiens qui rôdent à travers la campagne en faisant de la musique et en mendiant. Comme en pareils cas la police est toujours impuissante, — quand elle n’est pas complice, — les moujicks ont inventé un saint courageux, Ivan le Militaire, dont la fonction consiste à châtier les voleurs.

Dès les temps les plus reculés les peuples ont attribué à leurs Divinités de bonnes et de mauvaises qualités. Au ciel comme sur la terre, des fêtes leur étaient consacrées et souvent elles dégénéraient en orgies. La mythologie nous apprend qu’Appollon amusait les Dieux par ses chants en s’accompagnant sur la lyre et la Muse Terpsychore étalait toute sa beauté en dansant. Les Grecs dans leur génie artistique ont créé des demi-dieux, des nymphes, etc. Le peuple slave avait un culte de prédilection pour l’eau. Il adorait les fleuves Bougue, Dnieper, Dounaï, Divina, etc., et il était convaincu que l’eau était souveraine pour la guérison des maladies des yeux, à la condition qu’avant de se laver le patient eût jeté un objet en argent dans l’eau. Les Slaves croyaient aussi à l’existence de nymphes qui vivaient dans l’eau où habitaient les forêts. D’après les anciens chroniqueurs, ils adressaient des prières aux arbres dont le plus vénéré était le chêne[1]. L’esprit grossier des Slaves primitifs avait imaginé des Dieux à plusieurs têtes dont quelques-unes étaient tellement énormes que pour les déplacer il fallait employer un attelage de deux bœufs[2].

Le peuple avait aussi la croyance que les fleurs et les arbres parfumés avaient la propriété d’expulser les petits diables et qu’en présence de ces plantes les nymphes perdaient leur pouvoir de martyriser les hommes. L’imagination des Slaves représentait ces nymphes comme les plus belles filles du monde ayant une superbe chevelure blonde qui retombait en désordre sur leurs épaules blanches comme la neige et sur leurs seins rebondis. La plupart des peuples ont cru à ces nymphes en leur donnant des noms différents ; les Grecs et les Latins les nommaient Naïades et Amadrïades, les Gaulois, les femmes du Fleuve Salla, les Germains, les filles du Dounaï, les Anglais, les filles du Lac, les Français, les Ondines et enfin, les Slaves, les Roussalki.

L’imagination du peuple Serbe a créé les nymphes des montagnes et des forêts, belles filles innocentes que l’on appelait Vilas. Ces nymphes qui descendent des nuages ne consentent — d’après la tradition, — à danser le kolo qu’avec les chevaliers dont elles admettent la visite. Si par malheur d’autres mortels commettaient l’imprudence de s’approcher d’elles, ils tombaient aussitôt en proie à d’affreux chatouillements qui amenaient la mort. S’il faut en croire certains documents, cette croyance aux nymphes se serait maintenue en Europe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi le baron Volvasor assure avoir vu une nymphe voler un enfant pour le faire disparaître dans l’eau avec elle.[3] D’autre part, le docteur Tourell et le professeur Monro affirment avoir vu à deux reprises dans le nord de l’Écosse une nymphe nue occupée à tresser ses cheveux[4].

Le peuple russe croit à la vie future. Selon lui, après la mort les gens vicieux et les riches doivent aller en enfer, tandis qu’à l’Eden, on attend les pauvres et les honnêtes gens. La croyance populaire fait représenter la mort par un squelette toujours affamé qui dévore les gens vivants.

Il n’est pas sans intérêt d’observer que les peintures que l’on a faites au peuple de l’enfer sont beaucoup plus détaillées que celles relatives à l’Eden. Cela tient à ce que pour des esprits peu cultivés les souffrances physiques sont beaucoup plus sensibles que les souffrances morales. D’après la croyance des paysans, ceux qui ont commis de gros péchés sont jetés dans une chaudière remplie de goudron en ébullition. Quant aux menteurs, ils sont condamnés à lécher une poêle rougie au feu. Ils croient aussi à l’existence d’une âme résidant dans chaque individu. Pendant le sommeil léthargique cette âme voyage avec saint Nicolas, soit dans l’Eden, soit dans l’enfer, d’où l’on peut voir les amis et les parents et contempler les joies et les douleurs des humains sur la terre. Les Serbes ont également une légende sur l’existence après la mort et sur ce voyage des hommes… « — Raconte donc ce que tu as vu là-bas, » demande-t-on à un ancien léthargique. « — J’ai vu, » répond-il, un pont d’argent, au-dessous duquel se trouvaient une immense chaudière remplie de têtes bouillies et des aigles qui volaient au-dessus de ces têtes. »

En dehors des enseignements du clergé orthodoxe et des nombreuses légendes sur l’immortalité de l’âme, le peuple slave a cherché à trouver l’explication de certains phénomènes physiques par l’âme. Aussi disent-ils que les feux-follets qu’ils croient apercevoir quelquefois la nuit sur les tombes sont les âmes immortelles des pécheurs morts impénitents.

Par les chansons répandues dans le peuple et par ses légendes, on voit que l’ivrognerie est sévèrement condamnée. Leurs auteurs ont compris que ce vice peut parfois mener jusqu’au crime et que toujours il atrophie le cerveau. On voit fréquemment dans les chaumières des enluminures représentant un homme ivre vendant son âme à Satan qui ensuite le précipite dans un abîme. En dépit des terribles châtiments dont il est menacé pour la vie future, le peuple russe, — le plus souvent pour oublier un moment sa misère, — n’en boit pas moins affreusement et porte régulièrement dans le kabak, (cabaret) tout ce qui peut lui procurer le moyen de satisfaire sa passion, bottes, grains, outils, etc.

Il existe chez les peuples slaves de nombreuses légendes sur la vie d’outre-tombe et elles varient avec les localités. L’une d’elles raconte qu’après la mort d’un soldat, Dieu charge un ange d’aller recueillir son âme. Sa commission faite, l’ange vient demander à Dieu s’il doit porter cette âme militaire à l’Eden ou en Enfer. Si le soldat est condamné à l’enfer, des diablotins qui l’attendent le précipitent dans une chaudière d’eau bouillante. Pourtant le soldat « ficeleur », trouve pour se sauver un moyen ingénieux : il propose aux diablotins une partie de cartes qu’il gagne le plus souvent et d’après les conventions de la partie, les diablotins le retirent de la chaudière et trouvent le moyen de le faire entrer en fraude dans l’Eden. D’après une variante c’est à saint Pierre que le soldat propose la partie de cartes dont l’enjeu est cette fois une clef du paradis. Dans toutes les légendes où le soldat joue un rôle on le représente toujours aussi intrépide que roublard.

Ailleurs on cite l’anecdote d’un soldat qui, après être resté sous les drapeaux pendant vingt-cinq ans (c’était la durée du service militaire avant la guerre de Crimée) retournait dans ses foyers avec, pour toutes ressources en récompense de ses longues années de services, la plus petite pièce de monnaie existant en Russie et trois morceaux de biscuit. En route il rencontra Jésus-Christ, qui d’après la tradition, parcourt de temps à autre la terre accompagné de ses disciples. Un des apôtres lui ayant conseillé de profiter de l’occasion pour demander à Jésus une place dans le Royaume Céleste, le soldat qui, sans doute, ne se souciait que médiocrement du bonheur éternel qu’on lui offrait en perspective, répondit philosophiquement qu’il préférerait un paquet de tabac.

La conduite de ce trimardeur Jésus dans ses pérégrinations terrestres semble parfois assez bizarre. Ainsi dans une légende en honneur dans la petite Russie, intitulée Quarante ans et citée par l’historien bien connue Kostomaroff, on nous dit qu’un homme qui avait fait pendant quarante années profession de foi d’athéisme ne fut point puni. Dans une autre légende nous voyons Jésus envoyer un tonneau d’or à un riche qui lui avait sèchement refusé sa porte, alors qu’il laisse sans la moindre récompense une pauvre veuve, qui lui avait donné l’hospitalité.

Le peuple devait conclure de ces récits que les méchants doivent être punis après leur mort, tandis que ceux qui ont souffert sur cette terre seront récompensés dans l’autre monde. La théorie de la souffrance volontaire ici-bas dans l’espoir de trouver le bonheur après la mort est inadmissible. C’est elle qui, prêchée partout par les prêtres de la religion orthodoxe, maintient le peuple russe dans un état si arriéré et qui a engendré cette secte de vagabonds, les « asketes », lesquels s’en vont à travers le pays, à peine vêtus, couverts de branchages de chêne et marchant pieds nus. Ne travaillant jamais, ils vivent aux dépens des pauvres paysans qui leur donnent asile et les nourrissent parce qu’ils les considèrent comme des Saints-Idiots ou des Sorciers.

Dans toutes les légendes où Satan joue le principal rôle, cet être imaginaire, dont la mission est de faire autant de mal que possible aux hommes, est battu par sa femme ; le soldat le rembarre à coups de crosse de fusil et souvent il est écrasé sous le marteau du forgeron, car après Jésus-Christ, Satan et le soldat, les grands rôles dans les légendes sont tenus par le forgeron et le meunier.

De tout temps les peuples ont adoré l’eau et le feu et de nos jours encore le paysan russe regarde ces deux éléments comme mystérieux et au-dessus de sa compréhension. Aussi les gens qui sont en contact direct avec eux passent-ils chez les peuples slaves pour des sorciers.

Suivant les traditions religieuses la divinité a souvent opéré des métamorphoses. Certaines nous content l’histoire d’un homme changé en ours ou d’une femme changée en oiseau. Chez un peuple voisin de la Russie, en Norvège, une légende veut qu’une femme coupable ait été, comme punition, métamorphosée en pie, « oiseau qui a toujours soif. »

Ces légendes sans nombre, qui guident le paysan russe dans presque tous ses actes de la vie quotidienne, contribuent pour beaucoup à le maintenir dans un état d’ignorance absolue. Quelques-uns de leurs préjugés les plus enracinés, et dont le plus grand nombre indiquent des signes précurseurs de malheur, sont pourtant explicables dans une certaine mesure. Dans sa chaumière, sur les routes ou aux champs le moujick reste esclave de ses préjugés. La place nous manque ici pour les consigner tous et nous renverrons le lecteur à un intéressant volume de 300 pages qu’a publié sur ce sujet le savant encyclopédiste Dall, nous bornant à citer quelques-uns de ceux auxquels le peuple est plus particulièrement attaché : Une rencontre avec un serviteur de Dieu (pope) est considérée comme de très mauvais augure, et cette terreur des prêtres est basée sur le rôle des juges attribuée autrefois aux membres du clergé russe. Le paysan doit encore s’attendre à un malheur si sur sa route il fait la rencontre d’un lapin ! Chose curieuse, bien des paysans en Russie se refusent à manger les oiseaux sauvages et ils expliquent cette répugnance avec une honnête simplicité : « Cet oiseau est libre, » disent-ils, « tu ne l’as pas nourri, tu ne l’as pas élevé, donc tu n’as pas le droit de le manger. » Une comète, une aurore boréale, etc., sont encore pour le moujick des pronostics de malheur…

Toute anomalie de la nature a fourni à l’esprit observateur du paysan russe le prétexte d’une légende. Ainsi ayant remarqué que, seul parmi les oiseaux, le moineau ne marche pas, mais saute, les moujicks le considèrent comme un oiseau maudit par Dieu, parce que, dans leur croyance, il guidait par son cri les Juifs à la recherche du Christ nouveau-né. L’hirondelle est au contraire regardée comme un oiseau sacré pour avoir dépisté ces mêmes Juifs par son vol. Pour rien au monde un moujick ne voudrait manger de la chair de moineau[5]. Une autre légende nous dit que le rénovateur du monde, Jésus, est né dans une étable entre un cheval et un bœuf. En mangeant, le cheval éparpillait un peu de son foin de tous côtés tandis que le bœuf le ramassait pour le mettre dans le berceau de l’enfant afin de le cacher. Dieu punit le cheval en lui infligeant une faim insatiable. Le paysan russe a pour la chair du cheval la même aversion que pour celle du moineau[6].

Un grand nombre de légendes païennes se sont modifiées sous l’influence du Christianisme. On sait que la sole a un côté fermé et ne possède qu’un œil. Une légende païenne expliquait ainsi la bizarre apparence de ce poisson en racontant qu’un jour Urta Izarevna de la mer Baltique, après en avoir mangé une moitié avait rejeté l’autre dans la mer. Nous retrouvons cette même légende en Russie avec de légères variantes. On raconte par exemple que lorsque l’ange Gabriel vint annoncer à Marie qu’elle devait donner naissance à un enfant qui serait le rédempteur du monde, il dut pour convaincre Marie qui paraissait douter de la véracité de sa prédiction, accomplir un miracle en rendant la vie a une sole dont on avait mangé la moitié[7].

Les marins russes expliquent d’une façon fort drôle les taches noires qui se trouvent sur les bronchées de la morue. Cela tient, suivant une tradition, à ce qu’un jour Saint-Pierre aurait pris ce poisson avec deux doigts seulement et en aurait retiré une pièce de monnaie pour payer les impôts ![8]

Si je me suis aussi étendu sur les légendes russes c’est que malheureusement, — si grossières qu’elles soient, — dans beaucoup de nos campagnes les paysans y ajoutent encore foi de nos jours.

C’est le résultat inéluctable d’un système de gouvernement absolu qui a besoin pour exister de maintenir la plus grande partie du peuple dans l’ignorance et conséquemment dans la misère.


N. Nikitine.
  1. Adentinus. Annal Boior Liv. III. Dœder bein, Hey deuthum dur Alton Nordganer, p. 18.
  2. III. Ueber die Altest der Obotriten, pp. 298, 299, gebhardt.
  3. Mytholog der Alt Deuts chen and Slaven, p. 2.
  4. Messager d’Europe, 1809, p. 21, (revue russe).
  5. Cette légende est notée par Makssimoff.
  6. Notée dans le gouvernement de Kharkove.
  7. Le Fils de Patrie, 1839, no 10 pp. 144-145.
  8. Le Messager de Moscou, 1888, no 87.